Rencontre forcée

La première fois qu’Alexandra rencontra Gabriel, elle était en convalescence et elle venait de se faite kidnapper sans le savoir.
Méfiante, elle ne fit pas confiance en cet inconnu qui avait l’âge de son père, voire plus.

Gabriel voulait l’épouser pour des raisons d’ordre matérielles et administratives. Cela ferait bien sur le papier et de plus, ses gènes étaient intéressants pour sa descendance. Il ne se souciait pas de son bonheur. Il ne pensait qu’à lui et son propre intérêt.
Il avait été abusé par ses précédentes relations et il avait perdu confiance dans les personnes.
Il allait l’utiliser sans scrupule, parce que c’était ainsi que la vie était, il s’en était convaincu.
Lorsqu’il la rencontra pour la première fois, il fut frappé par son âge. Il savait qu’elle était jeune mais la voir en vrai, devant lui, lui fit prendre conscience de cela encore plus.
Il hésita. elle était en âge de procréer mais il savait qu’il allait blesser une enfant innocente. Il eut un instant de la considération pour cette jeune fille. N’était-il pas en train de faire une erreur ?
C’était trop tard, il l’avait enlevée. Le prétexte officiel était pour la protéger mais c’était pour créer l’occasion de rencontrer son père, qu’ils se sentent redevables et qu’il le force à lui accorder la main de sa fille.
C’était une alliance intéressante pour les deux partis, mais surtout pour lui.

Elle était encore endormie. Ses hommes de main l’avaient couchée dans la chambre qui lui avait été préparée, et il était allé voir par lui-même comment elle se portait. Ses espions lui avaient rapporté les évènements qu’elle avait traversé.
Elle avait été blessée gravement et elle était encore en convalescence. Elle était dans un état tellement faible que le trajet de chez elle jusqu’ici, ne l’avait même pas réveillée.

Il était resté à l’observer un peu trop longtemps qu’il ne l’aurait cru. Perdu dans ses pensées.
C’était donc elle, la fille du seigneur d’à côté.
Elle était effectivement jeune, mais il ne devait pas hésiter pour consolider son domaine. C’était le plus important et peu importe si elle devait en pâtir.
Même s’il devait l’utiliser, il se fit le serment de faire en sorte qu’elle ne manque de rien.
Il s’en alla et la laisser se reposer.
Lui qui avait eu l’expérience de femmes vénales, il crut à tort qu’elle avait les mêmes intérêts, et il la combla de cadeaux somptueux, de robes et de bijoux, pour qu’elle s’intéresse à lui et pour la garder sous son emprise.
Il fut surpris et désorienté lorsqu’elle refusa ses présents en bloc et ne sembla pas plus intéressée par sa richesse.
Il était vrai q’elle était du même rang que lui, mais ce n’était pas cela qui la préoccupait.
Il avait vu qu’elle n’était pas du genre à se laisser faire ni se laisser battre.
Cela l’amusa de la voir tenter de s’enfuir lorsqu’elle se réveilla. Elle s’était déjouée de la surveillance d’une servante pour se retrouver ensuite sur le terrain d’entraînement de ses hommes de main.

*

Elle avait assommé la servante qui était venue prendre soin d’elle, elle s’était excusée mais cet endroit lui semblait trop louche. Quelque chose clochait et cela ne lui plaisait pas. Elle avait déshabillé la pauvre inconsciente pour se vêtir elle-même de son uniforme de servante et passer inaperçue.
La servante avait été couchée à sa place, dans le lit.
En déambulant dans les couloirs, dans cet uniforme d’employée de maison, elle en profita pour visiter et trouver des indices sur où elle était.

— Ce n’est pas possible… je dois être en train de rêver… ? J’étais chez moi… et je me retrouve ici… où est mon père… ? Et Chris… ? Est-ce que c’est une mauvaise blague… ?
Se demandait-elle, en essayant de garder son sang froid et de se comporter comme une employée.

Elle cherchait la sortie.
Manque de chance ou tout à fait normal, une autre servante l’interpela.

— Hé, tu es nouvelle ? Je ne t’ai jamais vue par ici… ?
Demanda une servante qui avait l’air suspicieuse.

— Euh… oui… je-je me suis un peu perdue… le manoir est tellement grand que…
Bafouilla t-elle, en baissant la tête, et tentant de cacher son visage avec ses cheveux.

— Hm… c’est vrai qu’on peut vite être impressionné par la taille de la bâtisse… on ne m’avait pas prévenue qu’on aurait une nouvelle tête par ici, suis moi, je vais te guider vers la bonne aile. Ici, c’est plutôt les quartiers importants et si jamais le maître te trouve à fouiner par là, cela risque de se gâter pour toi. Ca serait dommage de te faire congédier dès le premier jour, hein ?

— O-oui…
Répondit-elle en tachant de suivre la servante.

Elle se demandait comment faire pour s’éclipser sans éveiller ses soupcons, parce que son déguisement n’allait pas faire long feu.
Arrivées à destination.

— Hm… attends moi, je vais demander si on a des consignes pour toi.

— D’accord…
Répondit-elle en essayant de paraître obéissante.

Aussitôt la servante partie, elle essaya de trouver une échappatoire.
La seule porte de sortie était la fenêtre et elle n’eut pas d’autre choix que de passer par là.
La fenêtre refermée derrière elle, elle essaya de faire le moins de bruit possible.
Elle devait partir au plus vite.
Elle se retrouva dehors et les arbres entouraient le château mais il y avait une cour fermée et des remparts.
Des buissons étaient près des murs et elle essaya de les utiliser comme cachette tout en longeant les murs pour trouver une véritable sortie
Elle n’était pas enétat de grimper par dessus les remparts. Surtout pas avec une robe.
Elle vit des combattants s’entraîner au loin et elle pensa qu’elle pourrait les ignorer et passer inaperçue si elle passait près d’eux dans cet accoutrement.
Elle se redressa et essaya de marcher normalment jusqu’à atteindre l’autre bout et tenter de continuer à chercher la sortie.
Malheureusement pour elle, un des hommes qui l’avait enlevée était là et il crut la reconnaître.
Lorsqu’il la vit, il eut un doute et l’interpela.
Elle avait baissé la tête et s’était arrêtée en espérant qu’il lui dise qu’elle pouvait continuer son chemin, mais il commença à s’approcher d’elle.

— Qu’est-ce qu’il y a ? Tu t’intéresses aux servantes maintenant ?
S’était moqué un de ses camarades.

Il était trop intrigué pour se laisser provoquer.

— Je n’ai pas souvenir de l’avoir déjà vue au château…
— Parce que tu te souviens de toutes les servantes qui travaillent ici… ?!
— Evidemment.

Elle avait entendu ces mots et elle commençait à paniquer, elle allait être démasquée si elle continuait à ne rien faire. L’autre servante n’était pas loin et risquait d’apparaître à tout moment.
Elle hésitait à bouger et se mettre à courir dans l’espoir que la sortie soit juste à côté.
Pendant tout ce temps Gabriel, il avait regardé le déroulement d’un air curieux et amusé. Il savait que la sortie et l’entrée était bien gardée et q’il ne risquait rien. Mais la voir essayer de s’enfuir était divertissant.
Une voix s’éleva.

— Hé, toi là !

La servante juste avant venait de la retrouver, elle la pointa du doigt. Après avoir vu les autres combattants, elle s’adressa à eux.

—Ne la laissez pas partir !

Alexandra paniqua et au son du premier appel, elle avait déjà décié de s’enfuir et elle s’était mise à courir.
Lorsque la servante prononça la seconde phrase, elle avait déjà parcouru une grande distance.
Elle profita de l’effet de surprise qui attira l’attention des autres combattants, pour s’en aller.
Ce fut quelques secondes précieuses, mais pas assez suffisantes.
Celui qui la reconnut s’interposa pour la voir de plus près.
Lorsqu’il comprit qui elle était, il fut trop surpris pour réagir et elle en tira profit pour se dégager et le contourner.
Les autres tentèrent de l’arrêter mais elle réussit à se défendre, en évitant et esquivant certaines prises, puis malgré sa robe, elle réussit à faire tomber quelques personnes.
Ils l’avaient sous-estimée.
Puis une d’entre eux qui l’avait bien observée, remarqua qu’elle se tenait avec des positions de combat, même à mains nues. Alors elle ne chercha pas à juste l’attraper, mais à lui porter un coup, même plusieurs, pour la maîtriser.

— Qui es-tu… ?
Demanda la combattante.

Elle ne répondit pas.
Elles s’échangèrent des coups mais Alexandra se sentit faiblir, elle n’avait rien mangé, et son corps était encore en convalescence, elle allait perdre et elle le savait, il fallait qu’elle écourte ce combat et qu’elle s’en aille vite.
Le souffle un peu plus court.
L’homme continuait à l’observer et était toujours choqué de la voir debout et s’animer.
Ses coups étaient de plus en plus faibles et la combattante prenait progressivement le dessus.

— Attrapez la mais ne la blessez pas !
Cria t-il, après être sorti de sa torpeur.

Ce fut suffisant pour attirer l’attention de la combattante et dévier sa concentration juste une seconde.
Alexandra en profita pour saisir sa chance et s’enfuir, elle courut dans la direction opposée, longer le mur et peut-être pouvoir s’échapper.
Sa vue se troublait, elle ne savait plus si c’était l’émotion, la fatigue, l’effort, un mélange de tout cela.
Elle essayait de reprendre sa respiration.
Le battement de son coeur résonnait dans ses oreilles et elle ne pouvait pas savoir si on la poursuivait, elle ne pouvait pas entendre le bruit des pas de ses poursuivants, si elle en avait.
Elle courut de toutes ses forces sans se retourner.
Priant son corps de ne pas lui faire faux-bond, mais c’était être trop positive, sa respiration était trop saccadée, forte, elle n’arrivait plus à avoir sssez d’air dans ses poumons.
Elle ralentit et quelqu’un l’attrapa avant qu’elle ne perde connaissance.
Elle aurait espéré que cela soit un cauchemar.

Ce fut le combattant qui l’avait reconnue, qui fut celui qui put l’attraper, il l’avait suivie et attendait qu’elle s’épuise pour la calmer et espérer l’attraper sans qu’elle ne se débatte.
Il ne s’était pas douté qu’elle puisse se défendre. Lorsqu’il l’avait enlevée, elle était endormie et profondément.
Il ne s’attendait pas non plus à ce qu’elle s’écroule de tout son poids.

— Hé, calme toi ! Nous ne te voulons aucun mal !
Avait-il essayé de lui dire, mais elle n’était plus en mesure de l’écouter.

— Merde !
S’était-il écrié, lorsqu’il vit que l’uniforme qu’elle était en train de porter, se teintait légèrement de rouge.

La combattante qui les avait suivi vit la scène et leva ses mains en guise de défense.

— Ce n’est pas moi, je n’ai pas utilisé d’arme.
Dit-elle, en montrant ses paumes vides.

— Je te crois. Je pense que c’est sa plaie qui s’est réouverte… je vais l’emmener tout de suite à l’infirmerie.
— Comment ça… ? Qui c’est ? Elle est blessée ?

— … Longue histoire, si t’es curieuse, accompagne moi.
Soupira t-il en soulevant le corps de la jeune fille.

Il fut à peine surpris lorsqu’il vit le maître s’avancer vers lui.
Il avait observé la scène de plus loin et venait s’enquérir de la situation. Cela l’avait inquièté qu’elle soit dans cet état, même si cela était divertissant de voir ses employés paniqués pendant un court instant.
Il ne s’interposa pas tout de suite et laissa son homme de main l’amener d’abord à l’infirmerie, avant de l’interroger.

— Monsieur… je suis confus, j’ignore comment mais elle a réussit à…
— Je suis au courant. Comment va t-elle ?

Il coupa le jeune homme pour lui dire qu’il savait et qu’il s’inquiétait plus de son état à elle.

— Je crains que sa blessure ne se soit réouverte…

Elle rouvrit les yeux dans un autre endroit, ignorant toujours où elle se trouvait, ne connaissant personne autour d’elle, elle commença à se demander si elle n’était pas en train de perdre la tête.
Cette fois-ci, on l’avait attachée au lit.
Une personne en blouse blanche vint la voir.

— Vous êtes réveillée ? Comment vous sentez-vous ? Votre blessure n’était vraiment pas belle à voir…

Une femme blonde à la peau blanche lui tint ces mots et continua à l’observer pour jauger sa réaction.
Alexandra préféra garder le silence pour l’instant, elle se réveillait tout doucement et la tête tournait encore un peu, et remarqua les liens et qu’elle ne pouvait pas se mouvoir. Elle tenta de se lever mais sans succès. Les sangles qui l’attachaient au lit étaient solides.

— Simple mesure de précaution. C’est pour votre bien, reposez vous. Laissez vous le temps de cicatriser. On m’a prévenue que vous n’étiez pas spécialement coopérative, non plus…
— Où suis-je… ? Qui êtes-vous… ? Que me voulez-vous… ?!
— Cela fait beaucoup de questions. Je laisserai le maître des lieux répondre à ma place. D’ici là, guérissez pour être sur pieds, et le rencontrer de manière officielle.

Après avoir vérifié d’autres détails, la blonde s’en alla, laissant Alexandra seule avec son incapacité à se libérer.
Elle poussa un râle et s’avoua vaincue. Elle devait effectivement prendre du temps pour cicatriser et on l’y forçait.
Elle sentait la douleur vive au niveau de son abdomen, elle avait déconné.

L’infirmière en discuta avec Gabriel qui était dans la pièce à côté.

— Son état est stable, elle va bien mais elle a beaucoup de questions. Moi aussi, d’ailleurs. Comment elle s’est faite cette blessure ? La cicatrisation est beaucoup plus lente que la normale.
— Aucune idée, certainement au cours de l’attaque chez son père.

*

Lorsqu’elle put être libérée de son lit et qu’on la fit promettre de ne pas s’échapper à nouveau.
L’homme de main était présent et se tenait prêt à intervenir si jamais elle tentait quelque chose.
Il lui attacha les mains dans le dos, par sécurité et l’amena dans le bureau du maître.
On lui avait fourni une tenue présentable mais qui n’était pas à son goût.
Elle avait fait la moue lorsqu’elle l’avait enfilée.
C’était une robe.
Elle faisait prisonnière ainsi traînée dans les couloirs.
Ses cheveux étaient lâchés et ébouriffés, qui juraient avec sa tenue sobre mais noble.
L’homme la détacha après l’avoir fait entrer dans la pièce où le maître l’attendait, et s’en alla.
Les laissant en tête à tête.
Elle se massa les poignets et observa le bureau dans lequel elle était et ne remarqua qu’après qu’il y avait quelqu’un assis derrière le bureau, qui l’observait d’un air amusé, depuis le début.
C’était un vieil homme débraillé et presque aussi mal coiffé qu’elle, la barbe mal entretenue.
S’il ne portait pas des vêtements propres et qu’il ne se comportait pas comme quelqu’un d’important, elle aurait pu le prendre pour un mendiant.
Elle n’avait pas confiance et resta sur ses gardes, le dévisageant. Elle garda ses distances.
Il se leva et sembla se moquer d’elle, un large sourire sur ses lèvres.

— Je suis content de voir que cette robe te va à ravir. Qu’en penses-tu ?
Lui dit-il, très familier.

Elle fut tellement surprise par sa question qu elle ne sut pas quoi répondre.
Elle s’en fichait et c’était la dernière de ses questions.

— Je la déteste. Qui êtes-vous ? Où suis-je ? Où est mon père ?!
Répondit-elle de manière agressive.

Elle n’aimait pas du tout le personnage qu’elle avait en face d’elle et elle était agacée par le flou dans lequel on l’avait laissée depuis qu’elle s’était réveillée.

— Ah bon… vraiment ? Qu’aimerais-tu porter ? Souhaites-tu une robe plus somptueuse ?

Il faisait exprès d’ignorer ses questions, mais surtout, il était intrigué par son caractère. Cela l’amusait qu’elle soit si farouche et une sorte de curiosité le poussait à voir quelles étaient les limites de cette enfant.
Parce qu’elle était une enfant à ses yeux.

— Pardon ?! Je m’en fiche de vos robes ! C’est quoi cette question ?! Et répondez moi. Tout ce que je veux, c’est rentrer chez moi.

Elle cligna des yeux tellement sa question était déplacée. Elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus mais cela la choquait et l’énervait de savoir qu’il se fichait de ses questions mais qu’il s’intéressait aux genres de robes qu’elle aimerait porter.

— Cela ne t’intéresse pas… ? Et des bijoux. Je peux t’offrir tous les bijoux que tu désires.
— Vous… vous êtes riches, c’est ça ?
— Oui. Très. Ah, c’est vrai. Je ne me suis pas présenté. Je m’appelle Gabriel, et je suis le propriétaire de ce château, et du domaine qui l’entoure. Sois la bienvenue chez moi, Alexandra.
— C-comment connaissez vous mon prénom… ?!
— Je sais beaucoup de choses sur toi.
— Très bien. Je peux rentrer maintenant ?
— Tu ne t’intéresses pas plus à ma richesse… ?
— Pourquoi je le serais… ? C’est tout ce que vous avez ? Vous n’avez pas l’air de vouloir répondre à mes questions, alors je préfère partir.

Elle essaya de retourner près de la porte et l’ouvrir.

— Reste où tu es. Tu es mon invitée et tu vas rester ici encore un petit moment. Ton père devrait arriver d’ici peu. C’est tout ce que tu voulais savoir, petite ?

Il prit une voix plus sérieuse et autoritaire.
Elle sentit les poils se dresser sur son dos. Elle ne supportait pas le ton qu’il employait.

— Qu’est-ce que je fais ici… ? Et je ne suis pas petite !

Elle serra les dents et les poings.
Le sourire sur le visage de Gabriel s’accentua. C’était trop facile de jouer avec son caractère.

— J’ai ordonné ton enlèvement pour te protéger. Tu n’étais pas en sécurité là où tu étais.

Alexandra ne tenait plus, bouillonnant de rage.
Le mot « enlèvement » lui avait confirmé qu’il n’était pas bienveillant et elle regarda autour d’elle pour attraper n’importe quel objet pour lui jeter dessus.
Tout ce qui pouvait être de valeur était mieux, il y avait quelque chose de suffisant dans cet homme qui la répugnait, qui l’énervait et le rendait détestable.
Elle lui jeta alors des objets pour le tenir à l’écart.
En attendant de trouver une meilleure solution à sa situation, de trouver une échappatoire

— Hé, oh, tu fais quoi là ?! Tu sais quelle est la valeur de ce que tu jettes ?!

Il ne souriait plus et se protégea rapidement des projectiles avec sa main et jetant un sort pour qu’ils ne s’écrasent pas au sol.
Il s’avança vers elle, sans se soucier de ce qu’elle pouvait faire.

— N’approchez pas ! Vieux pervers ! Comment ça, m’enlever ?! Ca va pas la tête ?!
Criait Alexandra, de panique.

Elle recula jusqu’à avoir le dos à la porte.
Il lui attrapa les bras pour l’empêcher de jeter quoi que ce soit d’autre.

— Lâchez moi ! Ne me touchez pas !!!
Se débattait-elle.

— Calme toi, ne saccage pas mon bureau.

La voix de l’homme était posée, calme mais se voulant autoritaire. Maintenant la fillette maîtrisée, son sourire revenait. Il était amusé par sa réaction.
Son quotidien était-il si monotone qu’une enfant puisse le divertir à ce point ?
Se demanda t-il.
Alexandra ne voulait rien entendre.
Il dut la forcer à ne plus bouger.

— Arrête de gigoter, je ne vais rien te faire. Pour l’instant. Et tu risques de réouvrir ta blessure, je te conseillerai de rester sage.
— Comment ça… « pour l’instant » ? Ca ne me rassure pas ! Vous me dégoutez !

— Tu ne cries pas « à l’aide » ou « au secours » ?
Lui demanda t-il, intrigué.

— Non, je sais que je dois compter que sur moi-même. À quoi bon crier des appels à l’aide alors que je sais que personne ne m’aidera… ?!
— C’est vrai. C’est que ca réfléchit là dedans.

Elle essaya de le frapper mais il était beaucoup plus fort qu’elle. Cela la frustrait. Si elle n’avait pas été blessée, peut-être qu’elle aurait pu se défendre. Du moins elle l’espérait, mais ce qu’elle craignait c’est qu il soit plus fort grâce à son âge avancé, et son expérience.
Elle finit par baisser les bras et se laisser maîtrisée.
Il la relâcha alors.
Elle voulut en profiter pour le frapper, juste par fierté, mais son corps lui fit comprendre qu’elle devait se reposer. Au moment où son coup allait être porté, elle ressentit une vive douleur dans son abdomen et elle se crispa. Le souffle court, elle perdit l’équilibre, comme si on venait de lui asséner un violent coup.
Il se tenait prêt à se protéger encore une fois, mais la voyant flanchir, il la rattrapa dans ses bras et soupira.

— Je t’avais dit de te calmer, regarde… repose toi, bon sang. Quelle tête de mule !

Elle n’avait plus d’énergie à revendre, et elle se laissa guider par les bras de cet homme plutôt bien en forme pour son apparence physique.
Elle sentit ses muscles imposants lorsqu’il l’aida et elle fut surprise qu’il la porte aussi facilement.

— Est-ce qu’il faut que je t’amène à l’infirmerie ?

— N-non non non, ça va mieux, je vais juste m’asseoir… vraiment, ça va m-mieux…
Bégaya t-elle, gênée, honteuse.

Elle ne pouvait toujours pas l’encadrer mais il ne semblait pas lui vouloir du mal. Elle restait toutefois méfiante.
Il pouffa de rire et la laissa dans son fauteuil, il l’observa de loin, avec son sourire narquois au coin des lèvres.

— Qu’est-ce qu’il y a ?!
Demanda t-elle agacée, le coeur battant à tout rompre à cause de l’adrénaline et de sa rage.

— Intéressant…
— Qu’est-ce qui est intéressant ?!

— Cette situation. Toi. Que désires-tu vraiment ? La richesse ne semble pas t’amadouer, tu dois bien avoir quelque chose qui te fait envie dans la vie, hm ?
Demanda t-il songeur.

Elle baissa les yeux et répondit au plus profond d’elle-même sans oser le formuler.
Ce qui comptait le plus pour elle, c’était sa famille. Sa mère, son frère. Mais ça, elle ne pouvait pas le dire. Tout ce qui lui restait maintenant, c’était son père. Même s’ils n’étaient pas aussi proches l’un de l’autre, c’était sa seule famille ici. Et Chris. Parce qu’il s’était occupé d’elle et qu’elle tenait à lui.

— Je… je veux rentrer chez moi…
Murmura t-elle, emplie de tristesse.

— Je te propose une vie ici, à mes côtés. Tu ne manqueras de rien, du moins matériellement. Tu ne vas pas rester indéfiniment avec ta famille. Tu es en âge de te marier et de voler de tes propres ailes. Qu’en dis-tu ?
— Hors de question ! Ca va pas la tête ?! Jamais !

Elle ne savait plus quoi répondre mais cette proposition la dégoutait. Rien que d’imaginer rester ici avec ce viel inconnu lui donnait un haut le coeur.

— Je vois que tu n’es pas très coopérative, hm. Je vais te le dire avec moins de pincettes, alors. Vous êtes vulnérables dans votre domaine. Vous vous êtes fait attaquer et vu la facilité que j’ai eu à t’enlever, cela confirme à quel point vous n’êtes pas assez forts seuls. Soyez chanceux que je ne te veuille aucun mal. Je vous propose une alliance en or, si tu m’épouses, nous serions alliés et personne – ou presque – n’osera s’attaquer à nous. Pendant que tu es ici, ton père peut se concentrer sur les défenses sans se soucier de ta sécurité. Je reconnais que ma démarche est un peu cavalière, voire brutale et directe, mais ton père n’aurait jamais accepté de me rencontrer autrement. Il est trop méfiant et je le comprends.

Alexandra resta muette. Ne servait-elle juste qu’à ça ? Un pion qui sert à créer une alliance pour la sécurité de la famille ? Elle ne s’était jamais posée la question sur son avenir. Tous les jours, son quotidien était de s’entraîner et devenir plus forte, apprendre de nouvelles choses sur la gestion administrative. Elle pensait qu’en grandissant elle finirait par aider son père et l’épauler dans son travail. Mais se marier ? Non. Il était bien trop tôt. Surtout pas avec quelqu’un qu’elle n’appréciait pas, surtout pas pour des avantages matériels.
Elle ne savait pas comment son père allait réagir. Allait-il la sacrifier pour le bien commun ? Etait-ce son rôle ?
Elle ne savait plus trop quoi penser.

Il la laissa réfléchir, et quelques minutes après, la porte s’ouvrit avec fracas et le père d’Alexandra entra en trombes.
Il vit sa fille puis regarda Gabriel.
Il s’avança vers Gabriel pour lui donner un coup de poing.
Gabriel se laissa faire.

— Enfoiré, comment oses-tu ?!
Dit Sephyl.

Gabriel se massa la mâchoire et leva ses mains en signe de défense. Il ne comptait pas se battre.
Sephyl, voyant qu’il n’allait pas repliquer, se recula et se précipita vers sa fille. Il s’accroupit auprès d’elle et serra ses mains dans les siennes.
Elle sentit une boule de satisfaction lorsqu’il frappa Gabriel qui fut vite remplacée par d’autres émotions en voyant son père enfin à ses côtés.

— Alexandra… comment tu vas ? Il ne t’a rien fait ? Je suis tellement désolé…
— Papa… ce ‘est pas de ta faute, je vais bien… je…

Elle se mit à pleurer, de joie de revoir son père et d’angoisse de ne pas savoir qu’elle sera sa décision.

— Ne t’inquiète pas, on va rentrer à la maison. Je m’occupe de cet énergumène et-
— Ne soyez pas ridicule.

Gabriel reprit la parole et de son ton grave et posé, il attira l’attention sur lui.

— Pour qui vous prenez-vous ? Nous sommes peut-être voisins mais vous allez trop loin. Comment osez vous enlever ma fille pour me faire du chantage ?!
— Calmez vous. Je vous laisse le choix et je n’ai rien fait de mal. Au contraire, je me suis assuré que votre fille puisse se reposer et être protégée entre mes murs. Réfléchissez un instant. Je vous demande sa main parce que l’alliance qui en résultera sera bénéfique pour nos deux domaines. Soyez plein de gratitude que je ne sois pas mal intentionné. Je reconnais qu’en venir à l’enlever n’était pas très courtois mais je vous démontre que vos défenses ont d’énormes failles. Vous ne pouvez pas la protéger convenablement avec l’attaque que vous venez de subir.
— Il est hors de question que je vous accorde la main de ma fille, surtout pas dans cette situation. Sauf si bien entendu, cela est sa volonté.

Sephyl se tourna vers alexandra qui secoua frénétiquement la tête pour signifier qu’elle n’était absolument pas d’accord.

— Je crois que vous avez votre réponse. Nous rentrons.

Gabriel poussa un long soupir.

— … Je comprends. D’accord, je ne peux pas la forcer à m’épouser. J’admets et je renonce à cette proposition, pour l’instant. Si jamais vous changez d’avis, sachez que la proposition tiendra toujours. Cependant, mes intentions restent bonnes. Je ne peux pas la laisser repartir alors qu’on entre chez vous comme dans du gruyère.
— Comment ça ?!
— Si jamais vous subissez une seconde attaque et que vous mourrez tous. Cela ne m’arrangera pas. Je ne veux pas risquer de perdre son héritage biologique.

— Vous me dégoutez.
Dit-elle, avec toute la rancoeur qu’elle avait.

— Peut-être bien, mais vous savez que j’ai raison. Si dans le meilleur des cas, elle reste en vie mais que vous mourez, cher Sephyl. Qu’adviendra t-il d’elle ? Vous pensez vraiment qu’elle s’en sortirait toute seule ? Ne me faites pas rire.

Sephyl serra les mains de sa fille dans les siennes un peu plus fort.
Il n’avait plus aucune répartie, il savait que Gabriel avait raison mais il ne voulait pas laisser sa fille entre ses griffes.

— Que proposez-vous… ?

Sephyl savait qu’il n’était pas en position de négocier.
Se battre contre lui ? C’était du suicide. Il était venu seul pour ne pas attirer l’attention sur ce voyage mais il savait qu’il était vulnérable.
Gabriel sourit.

— J’ai compris que vous n’étiez pas intéressé par l’alliance, mais je suis de bonne foi. Laissez Alexandra ici jusqu’à son rétablissement et que vous renforciez vos défenses chez vous. Vous avez ma parole que je ne lui ferai rien de mal, ni ne la forcerait à quoi que soit. À part se reposer, bien entendu. Je ne suis pas un monstre.
— C’est tout ? Vous n’allez pas nous demander quelque chose en retour ?
— Votre confiance en mes actions ? Si nous pouvions rester en bons termes, cela serait dans notre intérêt, à tous les deux. C’est dommage que l’union ne vous intéresse pas, mais je ne vais pas baisser les bras. Je reste persuadé que c’est la meilleure décision qu’elle puisse prendre.

— Alexandra… qu’en penses-tu… ?
— Papa… je…
— Je sais que je te demande beaucoup… même si je ne lui fais pas confiance, il a raison… et je sais que je ne suis pas capable de te protéger en ce moment.
— Je suis désolée… d’être aussi faible…
— Non, ne le sois pas, tu as très bien combattu, il faut te reposer maintenant, tu feras de ton mieux la prochaine fois, j’en suis certain.
— Et Chris… comment il va ?
— Bien. Il est en soin mais il va bien, ne t’en fais pas. Il sera vite sur pieds. On prend soin de lui.
— … Je crois qu’on a pas vraiment le choix, n’est-ce pas… ? Je vais rester encore un peu ici…
— Je suis désolé, Alexandra.
— Non… ce n’est rien, je ferai attention à moi, promis.
— On fera de notre mieux pour réparer le domaine et je reviendrai te chercher aussi vite que possible. Je te le promets.
— Je peux aussi la déposer.

La voix de Gabriel vint les interrompre sans aucune gêne.
Ils se retournèrent vers lui en le dévisageant et Sephyl embrassa le front de sa fille après s’être relevé.

— Je ne vous fais pas confiance, mais j’espère que vous tiendrez votre parole.
— Je suis un homme de parole.

Sephyl se dirigea vers Gabriel pour lui serrer la main.
Il sourit et acquiesça.

— Je vous souhaite bon retour.

Alexandra put se lever et prendre son père dans ses bras. Il put voir qu’elle était affaiblie et se tourna vers Gabriel, qui haussa les épaules.

— Je n’y suis pour rien, elle passe son temps à forcer sur son corps en convalescence.

*

— Ne t’inquiète pas, tu reverras ton père. Je ne compte pas te garder chez moi contre ta volonte pour l’éternité. Je lui ai promis.
Soupira Gabriel.

Sephyl se demanda s’il ne faisait pas une énorme erreur de la laisser ici, mais il devait au moins faire confiance à sa fille.
Elle enlaça son père et ne dit rien de plus qui rende la séparation plus difficile.

*

Les jours passèrent et elle resta dans sa chambre pour se reposer. Elle voulait guérir le plus rapidement possible pour pouvoir rentrer chez elle.
Lorsqu’elle se sentit assez en forme, elle dut retourner se faire osculter à l’infirmerie pour être sure qu’elle n’avait pas d’autres lésions.
Après le feu vert du médecin, elle eut le droit d’être un peu plus libre.
Elle évitait de croiser Gabriel et elle se rendit sur le terrain d’entraînement.
Elle les regardait depuis sa chambre depuis son arrivée et cela lui démangeait de pouvoir elle aussi s’améliorer.
Elle voulait devenir plus forte et être capable de se défendre et défendre son père. Elle en avait marre d’être un fardeau.
Les mains sur la vitre elle les regardait envieuse de pouvoir participer.
Une combattante avec qui elle s’était battue avant de perdre connaissance, la reconnut et lui fit signe de venir.

— Hé, petite. Fais pas ta timide et viens nous rejoindre.
— C’est la petite de la dernière fois ?
— Elle s’était habillée en servante, tu te souviens ?
— Ah oui, celle là ! Elle nous avait bien fait marcher.
— Dis nous, qu’est-ce que tu viens faire par là ?
— Laissez la respirer, tu veux une revanche, petite ?

La jeune femme s’était avancée pour éloigner ses collègues trop curieux et bruyants.
Alexandra n’osa pas prononcer le moindre mot, elle ne fit que hocher la tête.
La jeune femme lui sourit et la pris à part pour discuter de manière plus calme.

— On m’a raconté pour ta situation. Je me doute que tu n’apprécies pas mais le maître est vraiment bienveillant. Il, ou nous, ne te ferons aucun mal. Tu es une invitée de marque, si je peux dire. Je te vois nous observer, ça t’intéresse ? Tu ne te débrouillais pas trop mal la dernière fois, pour ton jeune âge et pour ton état… je peux t’apprendre quelques trucs, si tu veux.

Alexandra accepta avec plaisir.
La jeune femme l’aida à s’intégrer dans le groupe et elle devint leur petit poulain.
Elle n’avait rien d’autre mieux à faire pendant qu’elle devait attendre que les réparations chez son père soient terminées.
Gabriel suivit d’un oeil ce qui se passait mais il était également occupé avec d’autres affaires pour se préoccuper à temps plein d’Alexandra.
Ils passaient leur repas ensemble, et il essayait de faire en sorte qu’elle passe un bon séjour, et qu’elle l’apprécie.
Elle n’arrivait toujours pas à l’encadrer.
Elle trouvait régulièrement des présents comme des robes ou des bijoux dans sa chambre, quelle ignorait.
Cela l’agaçait.
Lorqu’elle avait le temps, elle allait sur le terrain pour s’entraîner et pratiquer des nouveaux mouvements.
De jour comme de nuit, lorsqu’il n’y avait personne, elle courait.
Elle était devenue comme une nouvelle recrue.
Gabriel ne s’était pas opposé à ce qu’elle s’entraîne ou passe du temps avec ses combattants, et elle avait trouvé ça étrange, mais tant mieux pour elle.
Cela faisait à peine une semaine et elle s’était habituée à ces gens, même s’ils étaient censés être des ennemis, ils ne la considéraient pas comme telle.
Ils avaient même commencé par l’apprécier et l’encourager dans ses progrès.
Sa partenaire récurrente discutait souvent avec elle et elles étaient devenues amies.
Elle voyait qu’Alexandra nourissait une certaine rancoeur envers Gabriel et elle essaya de calmer le jeu.
Alors qu’elles étaient en train de s’échauffer, elles discutaient.

— Tu sais, tu ne devrais pas le haïr à ce point. Il n’est pas malveillant, bien au contraire. Je suis sure qu’il t’observe en ce moment et te surveille pour qu’il ne t’arrive rien de grave.
— Tu dis ça parce que c’est ton boss… !
— C’est vrai, mais pas que. Nous avons tous une bonne raison de rester à son service.
— Et il m’espionnerait d’où, le vieux ?!

Son adversaire pointa les fenêtres de l’étage.
Alexandra resta perplexe et leva les yeux vers les vitres.
Gabriel était à ce moment précis, en train de l’observer et trouva amusant qu’elle lève son visage vers lui à cet instant. Même si elle ne voyait rien, lui savait.
La jeune femme et un des hommes de main étaient les plus proches d’Alexandra et l’aidèrent à s’améliorer en adoptant de meilleures positions pour l’attaque et la défense, comme si elle faisait partie de leur groupe
La plupart s’était intéressée à elle parce qu’elle était nouvelle puis ils finirent par ne plus lui prêter attention.
Cela ne faisait qu’une semaine et elle était déjà intégrée comme si elle avait toujours été là.
Elle suivait les exercices comme les autres et ne se plaignait pas. Pas beaucoup d’informations n’ont été données à son sujet et qu’une petite poignée de personnes étaient au courant de qui elle était réellement et ce qu’elle faisait ici.

Les premiers jours, elle avait dû les passer dans sa chambre, en repos force, puis le reste des jours, elle n’attendait qu’une seule chose.
Qu’on l’autorise à rentrer chez elle.
Elle essayait de tuer le temps et s’entraîner en faisant des exercices physiques était la meilleure option qu’elle avait pour éviter de trop penser à ses problèmes.
Est-ce que Chris allait bien ? Est-ce que son père était en sécurité ? Est-ce qu’elle allait devoir rester ici encore longtemps ?
Elle se défoulait sur le terrain d’entraînement et quand le temps n’était pas propice, elle visitait les couloirs et les différentes pièces du château.
Elle s’était retrouvée à la bibliothèque à feuilleter quelques ouvrages au hasard. Elle les avait reposés mais force était de constater que lorsqu’elle s’ennuyait, elle pouvait se mettre à faire des choses inhabituelles comme lire, des livres.

*

Assise à une table, elle était plongée dans sa lecture.
Elle n’avait pas l’habitude de lire des ouvrages et pourtant l’ennui l’avait poussée à prendre une tranche au hasard, qui avait l’air plus belle que les autres, cela l’avait intriguée.
Alors elle s’était mise à le feuilleter puis le lire, et elle s’était finalement assise parce qu’elle y serait plus confortable.
Les cheveux bruns légèrement en vague qu’elle avait réuni derrière sa nuque, des mèches mi-longues mais trop courtes pour être attachées avec le reste de ses cheveux, tombaient ondulées de chaque côte de son visage. Elle les rangeait derrière son oreille, d’un geste régulier, à chaque fois qu’ils revenaient la déranger devant son visage.

— Comment trouves-tu nos ouvrages ?
Une voix grave et rauque s’était élevée juste derrière elle, ce qui l’avait fait sursauter.

Elle s’était retournée pour voir qui cela pouvait bien être.
Trop surprise, elle n’avait pas répondu et le fixait avec des yeux tout ronds.
Rien n’allait pour elle. Il sortait de nulle part, est-ce qu’il la suivait ? Et il apparaîssait derrière elle.
C’était Gabriel, il était habillé différemment de la dernière fois mais ses cheveux étaient ébourriffés, mi-longs, et toujours avec sa barbe poivre et sel de plusieurs jours. Cela lui donnait un air de vieux désabusé, débraillé.
Ses yeux bleus clair brillaient grâce à la lumière dans la salle et il passa sa main dans ses cheveux pour dégager rapidement son visage, ce qui n’eut pour effet que de le décoiffer encore plus.
Voyant qu’elle ne répondait pas et semblait figée dans une sorte de mutisme. Il continua.

— Tu as perdu ta langue ?
Demanda t-il, en essayant d’ajouter un peu d’humour pour détendre l’atmosphère.

Ce qui eut l’effet inverse.
Elle referma le livre et se leva pour le ranger à sa place.
Pourquoi venait-il la déranger ? Elle ne comprenait pas et l’énervement qu’il provoquait en elle était nouveau. Pourquoi était-elle aussi énervée ?
Il était trop proche d’elle. Il l’avait suivi et était juste derrière elle lorsqu’elle se retourna et qu’elle fut à nouveau surprise de le voir si près.
Elle se sentait en danger. Il empiétait sur son espace vital et il ne semblait pas s’en rendre compte.

— Hé, est-ce que j’ai fait quelque chose de mal… ?
Demanda t-il en toute innocence. Un peu gêné.

Il ne comprenait rien.
Elle bouillonnait, il y avait tant de choses qu’elle avait envie de lui crier, mais elle se contrôlait, elle essayait de contenir sa rage, parce qu’ils étaient dans une bibliothèque, même s’il n’y avait personne apparemment, elle n’avait pas envie de faire une scène ou se donner en spectacle.
Elle serrait ses poings et tremblait.
Elle recula un peu plus pour s’éloigner de ce corps imposant et musclé qui lui faisait face. La bibliothèque derrière elle, était sa limite.
Ce qui ne l’arrêta pas de se rapprocher d’elle.
Alors acculée, elle le repoussa avec ses petits bras.

— Vous comprenez vraiment rien… ?! Laissez moi tranquile !!!
Son timbre de voix vibrait de la colère qu’elle essayait de contenir.

Les livres qui étaient derrière elle, sortirent d’un coup de la bibliothèque pour avancer et tomber en avant.
Elle vit et sentit ceux juste dans son dos et sur les côtés, partir vers l’avant et.

— Attention !
S’exclama t-il, en levant les yeux.

Ceux en hauteur suivirent la même direction. Il leva ses mains pour les arrêter et se positionna pour surplomber Alexandra et la protéger.
Elle avait perdu le contrôle et la peur l’avait envahie. Qu’avait-elle fait ? Etait-ce elle ?

— Tu n’as rien ?
Demanda t-il après que les livres furent sécurisés.

Il avait réussi à arrêter la chute en figeant les livres en l’air, pour la plupart. Quelques uns étaient au sol, et elle les regarda, désolée.

— N-non… ça va… je…
— Intéressant. Est-ce la première fois que tes pouvoirs se manifestent… ?
— Je… non… mais…
— Tu ne les maîtrises pas encore, à ce que je vois. C’est normal qu’ils se manifestent sous le coup de l’émotion. Quoiqu’il en soit, c’est intéressant…
— P-pardon pour les livres… je ne voulais pas les abîmer…

La peur et les remords avaient pris le dessus de la colère. Elle était gênée, embarrassée, d’avoir mal agi.

— Ce n’est rien, ils sont vieux et presque personne ne les lit maintenant… ils prennent la poussière.
— Mais… ils ont l’air anciens et précieux…

Il lui sourit.

— Ne t’en fais pas pour ça.

D’un geste, il replaça les livres dans leur emplacement.
Il s’était reculé pour laisser de quoi respirer à Alexandra, ses derniers mots résonnaient encore dans ses oreilles.
Alexandra se baissa pour ramasser ceux au sol et les reposer.

— Pour répondre à ta question, en effet… cela fait un moment que je n’ai pas eu quelqu’un avec qui discuter… j’imagine que ça doit se ressentir… je ne te veux pas de mal mais mes actions ont eu l’effet inverse sur toi. Je vais te laisser tranquille.

Il s’en alla comme il était venu, lorsqu’elle se retourna, il avait déjà quitté la pièce.
L’émotion retombée, les battements de son coeur reprennaient une cadence à peu près normale, elle pouvait réfléchir à tête reposée.
La colère l’avait aveuglée et elle se sentait honteuse de ne penser qu’à ses envies, ses caprices.
C’est vrai que c’était de sa faute si elle était enfermée ici, mais c’était grâce à lui si son père ne l’avait pas en fardeau chez eux.
Puis, même s’il était un peu trop proche physiquement, et qu’il l’intimidait, il l’avait protégée de sa propre bêtise.
Elle avait senti qu’elle l’avait blessé, d’une certaine manière.
Maintenant qu’il était parti, elle s’en voulait.

Il s’était passé quelque chose en lui.
Retourné dans son bureau, la tête entre ses mains, il réfléchissait et se trouvait idiot.

— Qu’est-ce que je suis en train de faire ?! La courtiser ? Draguer une gamine mineure en plus ? Suis-je tombé aussi bas ? Je pensais que ça serait simple de l’épouser sans m’attacher, comme un vulgaire pantin, mais c’est au dessus de mes forces et de mes principes… je… je ne suis pas aussi froid que ce que je croyais être. Cette enfant mérite du respect et j’ai l’air au mieux d’un idiot et au pire d’un vieux pervers libidineux à essayer de m’approcher d’elle. Quel imbécile. Elle a raison, je dois la laisser tranquille. Que les travaux chez elle finissent vite et qu’elle retourne d’où elle vient… je… non, je ne regrette pas de l’avoir aidée, mais je crois que mes projets étaient d’une absurdité sans nom. Je dois des excuses à son père, aussi…
Il eut ce discours intérieur, et ne put s’empêcher de rire de lui-même, avant de reprendre son travail.

Quant à elle. Elle sentit qu’elle nétait plus autant observée qu’avant. La présence et les yeux qu’elle sentait posés sur elle, n’étaient plus aussi prononcés.
Puis elle commença à avoir des remords sur ce qu’elle avait dit. Elle tournait en rond et n’arrivait pas à trouver une occasion pour s’excuser et finalement, ce n’était peut-être pas plus mal. Elle était en paix maintenant et il n’avait qu’à attendre qu’elle s’en aille.
Malgré sa résignation, elle devint curieuse, elle voulut en savoir plus sur lui.
Alors, d’une manière peu subtile, elle posa des questions à son amie et seule partenaire féminine sur le terrain, qui se fit une joie de lui répondre.

— Alors comme ça, tu t’intéresses finalement à lui ?
Dit-elle en souriant, taquine.

— N-non… c’est juste… que… je l’ai peut-être jugé trop vite…
Reconnut-elle.

— Ah… certainement… comme je te disais, il n’a pas un mauvais fond, sinon je ne serai pas à son service.
— Comment ça se fait qu’il est seul… à son âge… alors ?
— C’est une très bonne question ! Il n’a pas toujours été aussi… froid… avec les étrangers.

Elle lui raconta son passé, du moins ce dont elle était au courant. Qu’il avait été en couple il y a très longtemps, malheureusement sa compagne était intéressée par autre chose que l’amour, et elle assassina les parents de Gabriel. Elle comptait le faire de manière discrète mais il tomba au mauvais moment et la surpris en pleine action.
Elle les avait empoisonnés et en avait profité pour les tuer sans user de force brute.
Pour se défendre et se sauver, elle avait tenté de tuer Gabriel, mais il avait eut de bons réflexes et s’était protégé. Malheureusement, dans l’action, il l’avait gravement blessée et elle mourut de sa plaie et n’eut pas l’occasion d’expliquer son geste.
Ce jour-là, il perdu ses parents et sa compagne.
Cet évènement l’avait assez marqué pour qu’il se referme sur lui-même pendant un petit moment.
Par la suite, il devint beaucoup plus méfiant.
Il culpabilisait encore de la mort de ses parents.
Manque de chance encore, la plupart des femmes qui venaient à chercher à l’avoir comme époux, étaient toutes intéressées par ses biens matériels,
Cela ne fit que le faire perdre confiance encore et encore en la relation de couple et la gente féminine.

— Je pense qu’il n’est plus capable d’aimer ou d’accorder sa confiance… c’est triste mais il a vécu trop d’évènements qui l’ont conforté dans cet état d’esprit. Il se protège, d’une certaine manière.
— Ca veut dire… qu’il veut m’épouser sans aucun sentiment ?
— C’est ça. C’

2021.08.10

Patch

Aurore était rentrée chez elle.
Elle avait dû avoir une discussion avec ses parents au sujet de ce qu’elle voulait faire.
Elle décida de vouloir trouver un travail en ville mais qu’elle rentrerait à la maison.
Elle récupéra ses affaires chez son cousin.
Lorsqu’elle annonça à ses parents le travail qu’elle avait trouvé.
Son père, Gabriel, failli avoir une attaque et pensa au premier abord qu’elle le provoquait.
Sa mère, Alexandra, calma le jeu et essaya de comprendre.
Aurore exposa ses arguments et ils finirent par accepter sous conditions.

La boutique d’Hélène et Alain n’est pas très loin du lieu de travail d’Aurore, et de l’établissement de Chloé.
Lors de son temps libre, Aurore fréquentait la bibliothèque de la ville et elle y croisa Vladislaw.
Elle se souvenait de l’avoir déjà aperçu quelque part mais elle n’en était plus très sure.
Il ne semblait pas s’intéresser plus que ça à elle, Aurore finit par se dire que ce n’était qu’une impression, mais elle continuait de le croiser régulièrement.
Jusqu’à tomber dessus sur le meme rayon, cherchant un livre similaire.
Aurore était en train de le feuilleter.
Il semblait chercher un livre et elle se demanda si ce n’était pas celui qu’elle avait dans ses mains.
Il fronça les sourcils puis vérifia que c’était bien le titre du livre qu’il cherchait.
Elle lui tendit gentiment et il l’accepta.
Elle le regarda lire, il semblait silencieux et introverti.
Elle le laissa et s’en alla.

Quelques jours plus tard.
En rentrant de son travail.
Elle eut la peur de sa vie quand elle faillit lui rentrer dedans au détour d’une rue.
Elle ne le reconnut pas tout de suite.
Il sembla la reconnaître, surpris de la recroiser.
Il était très tard et il avait senti la présence malveillante, alors il lui proposa de la raccompagner.
Avare en mot, il lui avait quand même donné son numéro, inquiet qu’elle fasse de mauvaises rencontres.

Une semaine après.
Elle le rappelait et il la trouva en très mauvais point.
Il fit le nécessaire pour qu’elle soit prise en charge.
Il lui avait sauvé la vie.

Après son rétablissement.
Elle avait tenu à le remercier en lui offrant un repas, et discutant avec lui.
Durant leur rendez-vous, il sentit à nouveau une présence hostile à leur égard, et il l’invita à la mettre en sécurité dans son établissement.

En arrivant sur place.
Elle reconnut les lieux sans oser lui en faire part.
Puis elle revit Chloé, Flora et Nao qui lui demandèrent ce qu’elle faisait ici.

— Aurore… ? Quelle surprise.
S’étonna Chloé.

— Vous vous connaissez… ?
Avait demandé Vladislaw.

— Je, euh oui…
Bafouilla Aurore.

— Oui, tu ne te souviens pas Vlad’ ? Nao l’avait amenée il y a quelques mois…
— Eh bien… j’ai dû oublier effectivement… ça me rappelle vaguement quelque chose…
— Elle n’était pas restée longtemps, ça ne t’avait peut-être pas marqué… que se passe t-il… ? Tu… vous… ?

Aurore sentit ses joues rougir et baissa la tête en remerciant la faible luminosité de l’endroit de cacher son visage cramoisi.

— Un mauvais pressentiment. J’ai eu l’impression d’être suivi.
— Tu as bien fait. Il semblerait que notre invitée est populaire auprès de certaines personnes…

Chloé acquiesça avec compréhension.

— Je… je suis désolée…
— Oh non, ne le sois pas. Tu n’y es pour rien, je disais ça pour te taquiner. Je vais essayer de surveiller ça de plus près. Tu ne risques rien ici. Cela serait à leur désavantage de pénétrer dans notre demeure. Est-ce que je dois prévenir tes parents ?
— Non, merci. Je vais le faire.

Chloé fit un signe à Vladislaw qui acquiesça.

— Fais comme chez toi.

Chloé s’en alla, laissant Vladislaw avec Aurore.
Il semblait aussi confus qu’elle voire plus, de découvrir qu’elle les connaissait.

— Tu sais donc… qui nous sommes…
— Oui… en quelque sorte…
— Ah, d’accord… pas besoin que je cache plus longtemps ma vraie nature, dans ce cas… par contre. J’ignore qui tu es réellement. Pourquoi en a t-on après toi… ?
— Mes parents… sont à la tête d’un domaine…
— Ah…

Il ne sut pas quoi répondre.
Aurore était gênée de profiter de leur hospitalité. Une fois de plus.
Elle tapota quelques messages sur son téléphone et elle prévint que son père allait venir la chercher.

— Tu es sûre que tu veux pas que je te raccompagne ?
— Merci, c’est gentil. Mais mon père va venir. Je pense que je vous ai assez dérangé…

— Non pas du tout. Entendre Vlad’ proposer de te racompagner, ça n’a pas de prix. C’est le plus faible de la bande !
Une voix féminine sortit de l’ombre et vint s’asseoir à côté d’eux.

— Bonjour Flora. Merci pour ton compliment…
— Je t’en prie, cher ami.
— Bonjour Flora…

— Coucou Aurore. On te manquait ? Si tu veux une escorte, demande moi ou Nao. On se fera un plaisir de te raccompagner. Je ne suis jamais allée chez toi, moi…
Dit Flora, un peu boudeuse.

— Je suis désolée…

— Ne la prends pas au sérieux, Flora adore taquiner…
La prévint Vladislaw.

— Par contre, si elle pouvait me retirer de cette proposition. Je n’ai aucune envie de babysitter une nouvelle fois.
Nao venait d’arriver et avait entendu une partie de la conversation.

Ce qui eut pour effet d’énerver Aurore.

— Qui voudrait de l’aide d’un gamin, de toute façon ?!
Répondit Aurore, sur un ton qui surprit Flora et Vladislaw.

— Pardon ? Répète un peu ça ?!
Nao s’emportait aussi.

— Tu as très bien entendu.
Aurore était face à Nao et ne comptait pas se laisser faire verbalement, du moins, et Nao ne semblait vraiment pas de bonne humeur.

Flora craignant qu’il se mette à l’attaquer, elle calma le jeu.
Elle attrapa Nao pour le séparer d’Aurore, tandis que Vladislaw s’interposa pour calmer Aurore et se positionner pour la protéger si jamais il se passait quelque chose.

— Ca va Flora, je sais me contrôler…
Murmura Nao, pour la rassurer.

— Laisse moi en douter… je t’ai rarement vu t’emporter de cette manière…
— C’est elle, là ! Elle me provoque exprès !
— Ah, pour sa défense, c’est toi qui a commencé en parlant de babysitting !
— Oui mais…
— C’est ça, c’est ça.

*

À l’autre bout du téléphone.
Alexandra avait reçu le message de sa fille qui la tenait au courant des évènements.
Elle en fit part à Gabriel qui prit très au sérieux ce danger.

— J’y vais.
Dit-il, en se levant de sa chaise.

— Je peux y aller, aussi. Cela fait longtemps que je n’ai pas vu Chloé…
— Non, je préfère y aller. Ce qu’Aurore nous raconte ne me dit rien qui vaille. Si jamais il y a un quelconque danger…
— Tu dis ça, la dernière fois…
— Je préfère ne pas te mettre en danger.
— Tu es sûr que ce n’est pas parce que tu as envie de revoir Chloé… ? Je t’ai vu la regarder…
— Ca ne va pas ?! Alexandra ! Tu sais très bien que je ne m’intéresse pas du tout à d’autres que toi !
— Je ne sais rien… tu pourrais préférer une autre que moi… et même si Chloé a physiquement l’apparence d’une très jeune femme…
— Alexandra ! Je t’en prie ! Chloé pourrait avoir l’âge d’Aurore !
— Et… ?
— Non. Et si je veux être honnête avec toi, je veux voir de mes propres yeux qui est ce Vladislaw qui lui tourne autour depuis…
— Tu parles du garçon qui lui a sauvé la vie ?
— Celui là même.
— Gabriel. Laisse Aurore fréquenter qui elle veut. C’est un garcon très charmant, de ce que j’en ai compris.
— Laisse moi en juger par mes propres yeux.
— Remercie le de prendre soin de de notre fille, au lieu de le menacer !
— C’est ça… on verra.
— Passe le bonjour à Nao, je suis sûre qu’il sera ravi de te revoir.
— J’avais oublié celui là… rien que d’y penser, j’en ai une migraine…
— Quel amour fou entre vous deux.
— Ne m’en parle pas… tu ne me feras pas changer d’avis. C’est moi qui y vais.
— Ok ok… fais attention à toi quand même…
— Oui. Toujours.

Il l’embrassa avant de partir.

2021.07.18

Pacte

La discusion dans le bureau avait été courte mais très prolifique. Chloé s’était exprimée et les avait rassurés sur sa volonté d’avoir un allié.
L’incompréhension s’était lue dans les yeux de Gabriel et Alexandra. Ils ne comprenaient pas pourquoi ils cherchaient des alliés, ils étaient déjà très puissants, beaucoup plus qu’eux, et ils étaient indépendants.
Chloé remarqua leur perplexité et leur explica tout naturellement la situation, tout en restant modeste.

— Nous ne sommes pas aussi forts qu’on peut laisser le croire. Je suis honnête avec vous. Nous avons la chance d’avoir vécu plus longtemps sans souffrir des aléas de la vieillesse, mais nous ne sommes pas très nombreux. Je serai ravi de former cette alliance avec des personnes qui partagent dans les grandes lignes nos valeurs, au cas où il nous arriverait malheur.
— Voulez-vous dire que vous n’êtes… que deux ?

— Il manque deux autres personnes qui font parti de notre famille, j’espère que vous aurez l’occasion de les croiser.
Sourit-elle malicieusement.

*

Pour sceller leur alliance, ils décidèrent de faire un combat à l’amiable et Nao se leva pour se mesurer à Gabriel.
Son regard ne quitta pas Gabriel et ils s’affrontèrent sérieusement.
Nao souhaitant briller devant Chloé et montrer à tous qu’il ne fallait pas le sous-estimer, ni sous-estimer Chloé. Il voulait en profiter pour montrer l’étendue de leur force.
Gabriel, un peu gêné, souhaitait tout simplement ne pas perdre trop facilement, ni perdre la face devant ses enfants et la famille.
Alexandra le regardait et il ne voulait pas trop la decevoir.
Il fut un peu surpris par la rapidité d’excécution et les enchaînements de Nao.
Il n’avait pas envie de perdre de temps et il n’hésita pas à baisser sa garde de temps en temps, pour le show et pour essayer d’en finir le plus vite possible.
Gabriel était acculé et cela se voyait que Nao avait l’avantage, il attaquait alors que Gabriel essayait d’éviter les assauts et tentait de se défendre en parant les coups.
Les seuls moments où il put réagir et déstabliser Nao, ce fut lorsqu’il prenait plus de risques et prévilégiait l’attaque à sa propre défense.
Cela le perturba et il prit quelques coups qui le firent reculer mais il ne semblait pas affecté par l’impact, il revint aussitôt à portée pour frapper Gabriel.

Chloé observait sans réaction.
Tandis que les autres spectateurs semblaient impressionnés par la prestation du jeune Nao, et inquiets pour Gabriel qui n’avait clairement pas l’avantage.

Au bout de plusieurs minutes intensives, cela faisait presque un quart d’heure que le combat semblait s’éterniser. Gabriel montrant des signes de faiblesse, même s’il avait réussi à repousser Nao à plusieurs reprises. Nao ne semblait pas affecté par les attaques et continuait à se lancer avec toute sa vivacité.
Gabriel avait la secrète envie de rabattre le clapet à ce jeune prétentieux.
Lorsqu’il se mit à invoquer des éléments avec sa magie, Gabriel prit beaucoup de recul.
Il maîtrisait aussi un peu de magie, mais ce n’était pas spécialement son point fort.
Il déclara forfait.

— J’ignorais que tu maîtrisais également la magie…
Avoua t-il, en voyant l’énorme zone de magie qui était en train d’être controlée.

— Je m’avoue vaincu. Je n’ai pas ton niveau en la matière.
Ajouta Gabriel, en baissant sa garde.

Il s’avança vers Nao qui fit dissiper sa formation de magie et adopta une position plus neutre.

— Tu te débrouilles pas trop mal… pour ton âge.
Répondit Nao, à demi-mot. N’ayant clairement pas l’habitude de prononcer de tels compliments.

Gabriel tendit sa main pour lui serrer la sienne, et Nao, après quelques secondes d’hésitation, tendit sa petite main et regarda bien Gabriel dans les yeux.
Le combat avait été intéressant.

— Joli combat.
Avait prononcé Alexandra.

Elle s’était approchée et avait même applaudit.

— Nao, c’est bien ça ?
Demanda t-elle.

Il acquiesça d’un hochement de tête.

— C’était une belle démonstration de vos capacités, je dois avouer que nous sommes honorés de vous avoir comme alliés… si tu as ce niveau, dois-je supposer que Chloé a un niveau encore plus surprenant… ?

Elle se tourna vers Chloé, qui fut surprise de cette attention.

— Oui, Chloé a beaucoup plus d’expérience en la matière que ma petite personne.
S’exprima Nao.

— Je ne peux pas te laisser dire cela, Nao.
Intervint-elle.

— Mon domaine de prédilection est la magie, cela peut paraître plus impressionnant mais en combat rapproché, je suis plutôt médiocre… c’est ma faiblesse mais je suis de nature passive, je vais rarement chercher le conflit. Nao exagère un peu à mon sujet.
Sourit Chloé, en apportant ses explications.

Alexandra hocha la tête en signe de compréhension et, inquiète par la respiration de son époux, elle se tourna dans sa direction pour s’enquérir de son état.

— Ne force pas trop…

— Ca… va… ça fait longtemps que je ne m’étais pas donné à fond lors d’un combat. C’était une bonne occasion de me dérouiller. Je… je vais juste reprendre un peu ma respiration. Et le temps que l’adrénaline redescende…
Souffla t-il, en se tenant les cuisses.

Alors qu’Alexandra lui caressait doucement le dos et lui soutenait le bras, Nao s’exprima.

— Ca vous dirait pas de faire un essai ? Alexandra et Chloé ?
Questionna t-il, comme s’il pensait à haute voix.

Les deux intéressés se regardèdent dans les yeux, puis fixèrent Nao, qui haussa les épaules.

— Je… euh…
Bafouilla Alexandra, dont les joues étaient en train de rosir.

Gabriel eut du mal à cacher son amusement.

— bah vas-y, qu’est-ce que tu as à perdre, après tout ?
Lui dit-il, en lui donnant un petit coup de coude gentillet.

Les enfants ne semblaient pas comprendre ce qui était en train de se passer, ils étaient trop loin pour entendre ce qu’il se disait.
Chris était un peu plus près et avait relevé son visage et attendait avec impatience cette démonstration. Il avait hâte qu’elle accepte, il espérait intérieurement que cet échange ait lieu.
Puis cela leur permettrait d’avoir un aperçu de la force de cette mystérieuse Chloé.

— Pourquoi pas… mais je ne voudrais pas m’imposer…
Prononça Chloé, de sa voix fluette mais polie.

—Non non… au contraire… je pense que tout le monde est curieux de nos deux potentiels… j’ai un peu peur de ne pas être à la hauteur de vos capacités… mais il n’y a pas de raison que Gabriel soit le seul à donner de sa personne sur le terrain, n’est-ce pas… ?
— Ne vous dévalorisez pas ainsi, Alexandra. Je suis certaine du contraire.

Chloé s’inclina modestement et lui sourit avec toute sa bienveillance.
Tout le monde s’écarta à nouveau, laissant Alexandra et Chloé au milieu.

Chloé commença par invoquer une zone tout autour d’elle qui semblait devenir de plus en plus sec, froid et gelé. Le sol changea de couleur et les particules d’humidité dans l’air se manifestèrent visuellement, pour former des flocons, des confettis translucides et figés dans cet espace.
Puis cela commença à bouger, à tourner, et ils se dirigèrent vers Alexandra à toute vitesse, formant une brume, un nuage, une tempête de neige.
Bientôt, on ne vit plus Alexandra et Chloé restait immobile à sa place, attendant de voir la suite.
Tout le monde avait retenu son souffle.
Quelques instants après, une sphère sortit de la brume pour foncer sur Chloé qui ne cacha pas sa surprise.
Alexandra avait fait apparaître un bouclier tout autour d’elle par précaution et elle attendait le bon moment pour surprendre son adversaire.
Elle arrivait devant Chloé pour la percuter avec un coup.
Chloé réagit à temps et se positionna aussitôt pour garder et absorber le choc.
L’onde créa un espace qui dégagea le peu de poussière autour d’elles, et les cheveux de Chloé virevoltèrent derrière elle, tout comme ceux d’Alexandra qui étaient attachés en queue de cheval.
Chloé eut un sourire malicieux.
Elle avait dit qu’elle n’était pas à l’aise en combat rapproché et Alexandra venait de tester ça.
Cela ne voulait pas dire qu’elle ne savait pas se défendre.
Alexandra ne se laissa pas abattre et continua à enchaîner les coups pour percer la défense de Chloé, qui finit par s’éloigner quelques secondes, pour prendre du recul.
Elle fit tomber au sol les flocons gelés en les faisant fondre, ce qui eut l’effet d’une petite pluie qui mouilla le sol, le rendant un peu plus glissant.
Alexandra préféra également garder ses distances pour un instant, essayant de deviner la prochaine action de Chloé.
Elle prit la décision de faire apparaître des éclairs et envoyer de l’électricité dans l’eau pour attaquer Chloé.
Elle se positionna au sol et plaça sa main, mais Chloé comprit aussitôt et réagit à temps pour reglacer la surface, formant une patinoire lisse.
Alexandra dut changer de stratégie et invoqua la terre pour détruire la surface plane de glace.
Des gravats de terre étaient en train de monter en pillier, formant des endroits où se cacher et surprendre son adversaire
Chloé restait immobile et observait beaucoup, tandis qu’Alexandra était dans l action.
Elle essayait de prendre l’avantage.
Elle réussit a la surprendre, Chloé avait gardé mais l’impact et la force d’Alexandra avait été sous-estimée, Chloé fut projetée contre un des pilliers arqués.
Elle reprit rapidement ses esprits pour voir où se trouvait Alexandra, et s’avança lentement, presque pas affectée par ce coup, mais le pillier était un peu plus haut et fragilisé par l’impact, il se mit à pencher dangereusement et tomber sur Chloé qui était de dos.
Elle ne craignait pas grand chose et elle avait senti la présence de ce danger, sans y prêter attention mais Alexandra paniqua. Elle vit que Chloé ne se retourna pas et, d’un instinct maternel, voyant cette jeune fille en danger, elle se précipita vers elle, et fit partir en éclat la structure de terre. Son bouclier fut réactivé en un rien de temps, se positionnant de sorte que Chloé fut prise dans la bulle de protection, les débris ne les touchèrent pas.
Chloe fut surprise par cette réaction et resta bouche bée.

— Ca va ? Tu n’as rien ? Je suis vraiment désolée… je suis…
Alexandra ne se sentait pas bien et culpabilisait.

— … Je… oui. Je n’ai rien… ne vous inquiètez pas, cela n’était vraiment pas nécessaire d’intervenir… mais merci beaucoup.

Chloe ne savait pas comment réagir sans la vexer, mais son geste l’avait fait sourire intérieurement.
Cela la confortait dans l’idée qu’elle avait bien fait de les choisir comme alliés.
Nao avait lâché un soupir.

— Ce n’est pas si peu qui pourrait blesser Chloé… n’importe quoi…
Avait-il râlé, déçu de ne pas avoir vu les pleins potentiels d’Alexandra ni de Chloé.

Gabriel avait été à peine surpris de la réaction de sa femme et il se rapprocha pour les voir.

— Je, je suis vraiment idiote, j’ai surréagi, je crois que j’ai gâché le combat…
Alexandra baissa la tête, se rendant compte du ridicule de son intervention.

— Non non, c’était un bel échange. Ne vous en faites pas.
Dit Chloé pour la rassurer, avec son sourire bienveillant.

*

Ils échangèrent quelques mots sur le terrain au sujet de leur performance.
Hélène était en admiration devant Nao et Chloé, très enthousiaste. Tandis que les autres étaient un peu plus réservés.
Chloé annonça leur départ. Les invitant à passer dans son établissement quand ils le souhaitaient.

2021.07.06

Entités

Gabriel avait récupéré de son combat et marchait normalement, accompagné de Chloé qui restait aux aguets.
Nao était aux côtés d’Aurore mais avait son attention rivé sur Chloé et Aurore le remarqua aussitôt.
Chloé faisait en sorte de marcher à la même vitesse que Gabriel.
Dans son hoodie, on avait du mal à savoir si c’était une fille ou un garçon, et de par sa petite taille et ses proportions, elle faisait très jeune. Presque plus jeune qu’Aurore.
Gabriel sortait du lot et paraîssait comme un père qui se promenait avec ses trois enfants.
Nao regardait d’un mauvais oeil Gabriel, il était maladivement jaloux qu’il soit physiquement proche de Chloé. Même si elle ne faisait rien en faveur de Gabriel, sa nature et sa personnalité faisaient qu’elle se souciait de lui et se rapprochait de lui sans aucune arrière pensée.

*

Arrivés après avoir passé le portail, ils étaient à l’entrée du domaine.
Gabriel les invita à entrer pour les remercier et les présenter à sa femme et les autres membres de la famille.
Alexandra arriva les accueiillir et fut surprise de voir deux inconnus avec eux.
Elle avait d’abord vu Gabriel et remarqua qu’il n’était pas au meilleur de sa forme. Puis elle vit sa fille qui souriait timidement.

— Ca va… ?
Demanda t-elle à son époux avant de s’arrêter, muette devant les autres qui étaient derrière lui.

Deux jeunes inconnus.
Elle regarda Gabriel avec un air interrogateur.

— Oui… ne t’inquiète pas. Je te présente Chloé et Nao. Ils nous ont escortés jusqu’ici, nous avons été pris en embuscade et leur aide nous a vraiment tiré d’un mauvais pétrin.

— Enchantée…
Salua timidement Alexandra.

— Merci d’avoir aidé Gabriel et Aurore. Soyez les bienvenus chez nous.
Alexandra s’avança et leur serra la main de gratitude.

Nao se sentit gêné, acceptant à contre-coeur ce contact physique, tandis que Chloé sourit amicalement.

*

Alexandra s’enquit de l’état de Gabriel qui la rassura embarrassé qu’il allait bien.
Elle insista pour qu’il passe à l’infirmerie et Chloé ne put s’empêcher de sourire en observant cette scène.
Aurore expliqua et s’excusa qu’ils aient à assister à cette petite querelle entre ses parents.

— Je t’assure que ça va, ils nous ont escorté par pure précaution.
— Hmm… passe à l’infirmerie quand même, juste pour vérifier…
— Je ne suis pas blessé, je suis en pleine forme, ‘Xandra… !
— Ca ne te coûte rien d’y passer !

— Ma mère… s’inquiète toujours un peu trop, je…
— Aucun problème. C’est… amusant…

Chloé et Nao furent invités à rester un peu plus longtemps. Alexandra réussit à les convaincre, pour les remercier et aussi parce qu’elle ne voulait pas qu’ils aient fait le trajet juste pour ça.
Elle eut du mal à ne pas considérer Chloé comme quelqu’un du même âge que sa fille. Pire pour Nao.

Aurore était contente de rentrer chez elle.
À vrai dire, elle appréhendait de revoir ses parents, mais sa mère l’avait accueillie comme si elle venait de rentrer d’une promenade.
Elle n’avait pas été froide. Au contraire, elle était chaleureuse comme à son habitude.
Quelque chose dans son expression lui montrait qu’elle avait ressenti son absence de longue date, mais dans son sourire, elle exprimait à sa fille qu’elle respectait son choix et son désir de prendre du recul.
Alexandra vérifia également qu’Aurore n’avait rien et la serra rapidement dans ses bras, ne voulant pas étendre ces retrouvailles familiales.

Nao pensait rapidement exprimer son mécontentement sur le fait d’être considéré comme un enfant et un bébé aux yeux des hôtes, mais ce ne fut pas le cas.
Avec beaucoup d’étonnememnt, Alexandra s’adressait à lui comme à un adulte, même si dans ses yeux, elle le voyait comme un adolescent.
À aucun moment elle ne le rabaissa sur ses capacités intellectuelles.
Chloé lui échangea un regard complice et lui sourit. Comprenant exactement ce à quoi il pensait.
Nao fut alors moins désagréable qu’à son habitude.

Quant à Chloé, elle accepta cette invitation à rester un peu plus longtemps pour visiter ce domaine et créer une alliance péreine.
Ils rencontrèrent le reste de la famille.
Cean fut extrêmement heureux de revoir sa soeur.
La ressemblance était frappante. C’était un homme blond aux yeux bleus. Il enlaça sa soeur et lui demanda si elle allait bien.
Aurore fut gênée et le rassura à demi-mots.
Il salua rapidement Chloé et Nao qui lui rendirent un signe de tête léger.
Gabriel fit les présentations et au fur et à mesure de la visite, ils passèrent voir Chris qui était sur le terrain d’entraînement
Ce jour-là, Hélène était de passage et échangeait des coups avec son père.
Elle sauta dans les bras d’Aurore lorsqu’elle l’aperçue.
Chris était de dos et se retourna pour tous les voir.
Il s’approcha pour les saluer de manière formelle.
Chris embrassa Alexandra sur le front et prit congé rapidement.
Hélène était de très bonne humeur et serra les mains de Chloé et Nao pour les remercier d’avoir aidé sa soeur.

Au repas du soir, Alain les rejoignit et les salua sans trop d’émotions. Il fut tout de même surpris de revoir Aurore et lui serra tendrement la main pour lui signifier qu’il était content qu’elle soit rentrée.
La tablée était animée. Hélène était d’humeur bavarde et Nao lui avait tapé dans l’oeil.
Il avait l’air jeune et elle était curieuse à son sujet.
Elle avait envie de le taquiner.
Chloé était discrète et semblait effacée. Observant son environnement.

— Comme ça, tu sais te battre ? Tu dois être fort si tu as réussi à proteger Gabriel, non ?
— Si on veut…

Nao ne voulait pas se vanter et semblait indifférent face à ces questions, il essayait de deviner où elle voulait en venir.

— Ca te dit pas qu’on échange quelques coups à l’occasion ? J’suis curieuse de ta force…
Dit-elle, sur le ton de la provocation.

Elle le testait. Elle s’amusait.

— Si tu veux.
Répondit-il simplement, sur le même ton de désintérêt.

— Avant, tu me dois un petit combat, Nao.
La voix de Gabriel remplit la pièce. Il lui sourit et Nao hocha de la tête, impassible malgré toute l’attention des personnes dans la même pièce.

— Quoi ?! Non mais s’il est à ton niveau… j’ai aucune chance…
Bouda Hélène, regrettant son idée.

Alain pouffa et Chris sourit tendrement.

— Je veux pas paraître désagreable mais… tu manques encore de pratique et surtout d’expérience.
Ajouta Chris pour rassurer Hélène, qui ne releva pas sa remarque.

Elle ravala sa fierté et préféra garder le silence.

— Je pense que Nao et Chloé pourraient avoir de bonnes choses à nous apprendre en terme de combat, si cela ne les dérange pas de partager leur savoir en la matière.
Gabriel reprit la parole.

— Au contraire, c’est avec plaisir si notre savoir peut être d’une certaine utilité.
Répondit Chloé, avec sa voix fluette mais pleine de maturité.

Cela jeta un certain silence de surprise.

— Nao serait ravi de pouvoir se mesurer contre Gabriel, n’est-ce pas… ?
Ajouta t-elle pour détendre l’atmosphère et détourner l’attention sur son poulain, qui ne semblait pas gêné de prendre sur lui les regards.

Il hocha la tête en silence et continua de manger sans aucune émotion particulière.

*

Nao n’hésitait pas à montrer les crocs lorsqu’on pouvait manquer de respect à Chloé, et il se positionnait comme son garde du corps, même si elle n’en avait pas particulièrement besoin.

*

Flora et Vladislaw étaient restés au travail.
Flora n’était pas particulièrement de bonne humeur de savoir que Chloé était partie avec Nao dans la gueule du loup et jetait des regards plein de reproches à Vladislaw, qui n’aurait pas dû lui autoriser.
Ceà quoi il haussa les épaules.

— Tu es toujours trop inquiète, on dirait sa mère. Elle sait se défendre et sait ce qu’elle fait. Nao est loin d’être faible et il saura la protéger si besoin. Il te faut quoi de plus ?
Lâcha t-il après un soupir.

Flora fulminait et faisait les cents pas pour essayer de se calmer.

— Ca m’énerve juste de ne pas être avec eux. Ca te fait rien, toi ? D’être à l’écart ? Ca se trouve ils vont s’amuser sans nous !
— … Elle nous en parlera. Au pire, on aura l’occasion de les accompagner la prochaine fois.
— J’arrive pas à croire que t’arrives à garder ton calme !

Elle se jeta sur le canapé, assise, les bras croisés et à ruminer.
Son compagnon n’y prêta même pas attention et retourna à la lecture de son livre, comme si de rien n’était.

*

Les invités qu’étaient Chloé et Nao eurent leur chambre pour la nuit et on les laissa tranquille pour la soirée.
Hélène et Alain décidèrent de ne pas passer la nuit à la maison, laissant leur chambre respective vacante pour les invités.
Les draps propres, Chloé et Nao furent séparés pour dormir mais cela ne les empêcha pas de discuter dans la même chambre avant.

— Le repas s’est bien passé et ce sont des gens totalement charmants. As-tu un avis particulier là dessus, Nao ?
— … Non… je reste sur mes gardes… ils sont trop sympathiques à mon goût…
— Je ne pense pas qu’ils soient mal attentionnés. Cela est rare mais je pense sincèrement qu’ils ont bon fond et qu’ils ne cherche pas à nous vouloir du mal. Je me trompe peut-être… et je suis chanceuse de t’avoir à mes côtés. Flora dirait que je suis trop candide.
… certainement. Quel est le programme pour ces prochains jours ?
— J’ai pu échanger en privé et très succinctement avec… Alexandra ? Je crois que c’est son nom. Nous avons tous besoin de repos et demain matin, nous pourrons discuter plus sérieusement et tranquillement de notre présence ici, et de notre potentielle alliance.
— D’accord… est-ce la cheffe, cette… Alexandra ?
— Il me semble qu’elle partage cela avec Gabriel. Elle m’avait l’air plus abordable et sympathique, et finalement j’ai pu constater qu’elle avait également de la fermeté et qu’elle était responsable. En parlant de Gabriel, j’ai hâte de voir ton combat contre lui.

Elle sourit pour tenter de détendre l’atmosphère.

 

2021.07.06

Acculé

Gabriel avait été acculé.
L’adversaire contre qui il se battait était plus fort que prévu et il avait senti la présence hostile d’un second adversaire qui venait par derrière, dans son angle mort.
Aurore était pour l’instant en sécurité mais il ne savait pas pendant encore combien de temps.
Elle était sous sa bulle de protection, mais lui seul savait qu’elle n’était pas aussi solide qu’on pouvait le croire.
Tant mieux pour lui, l’ennemi avait préféré choisir l’option de le battre et d’attendre que cette barrière disparaisse d’elle-même par la suite.
Gabriel continuait de se battre, échangeant des coups avec la femme qui lui faisait face et qui semblait s’amuser plus qu’elle n’était en difficulté.
Elle souriait et bougeait avec une grande aisance, ce qui déconcertait Gabriel. Il ne savait pas s’il devait être admiratif ou si elle jouait la comédie exprès pour le perturber.
Ils étaient maintenant deux contre lui, et

*

Ils avaient finalement réussi à l’épuiser.
Même s’il était entraîné, qu’il était en très bonne forme physique, la situation et la différence de nombre n’était pas à son avantage, et fatigué par la longueur du combat, il avait fini par faire une erreur, le coup était parti et l’avait fait perdre pied une seconde.
Une seconde de trop.
Aurore s’était tout de suite alarmée. Elle n’avait pas l’habitude de le voir dans cet état, lui qui était toujours debout, droit, fier et plein d’assurance.
Il était maintenant essouflé et essayait de se relever, en faisant mine que tout allait bien, mais ce n’était pas le cas.
Ce qui devait arriver arriva, la barrière magique se fissura et fini par disparaître lentement, Ten’ accourut aux côtés de Gabriel et se positionna en grognant contre les ennemis qui pouffèrent.
Un chien, même entraîné, était loin de les effrayer.
Aurore ne tarda pas à accourir aussi, auprès de son père.

— N’approche pas, reste en arrière…
Dit-il en essayant de protéger sa fille.

— Papa…

Elle ne savait pas quoi dire. Elle voyait que cela ne se déroulait pas comme prévu pour lui.
Il était légèrement vouté et tentait de reprendre son souffle et son énergie, Aurore était à ses côtés, lui attrapant le bras et l’empêchant de continuer.
Elle ne le sentait pas, elle avait ce mauvais pressentiment qu’il n’allait pas s’en sortir s’il continuait. Elle avait peur pour lui.

— S’il te plaît… papa…
Supplia t-elle. Resserrant ses doigts fins sur le bras musclé de son père.

Les adversaires semblaient s’amuser et savourer de voir leur victoire se dessiner. Leur sourire en coin était plus que révélateur.
Alors que Gabriel et Aurore étaient en train d’attendre avec appréhension la fin.
Chloé et Nao arrivèrent et s’interposèrent.
Nao se fit une joie de prendre sa revanche et Chloé s’approcha de Gabriel pour le rassurer ainsi qu’Aurore.

— Vous n’êtes pas blessés… ?
Demanda Chloé avec sa voix douce.

Elle examina rapidement Gabriel et Aurore, qui étaient interloqués et ne savaient pas quoi dire.

— Vous… vous nous avez suivi ?
Demanda Aurore.

Son père affichait un sourire en coin.

— Et on a bien fait. Je me doutais de ce genre de situation… vous n’avez rien ?
Enchaîna Chloé.

Gabriel secoua la tête et la remercia.
Aurore l’aida à se relever.

— Ne vous en faites pas, Nao s’occupe du reste. Je vais aller voir comment il s’en sort et nous vous raccompagnerons jusqu’à chez vous. Vous n’avez pas d’inconvénients à cela… ?
S’assura Chloé en leur souriant amicalement.

Elle n’attendit pas leur réponse qu’elle leur tourna le dos et rejoignit son partenaire.
Nao avait déjà neutralisé un des deux ennemis, le plus faible, et il tenait tête au second.
Il était doué en magie et en combat rapproché, et l’adversaire l’avait sous-estimé.
De part son apparence physique très jeune et parce qu’il semblait utilser la magie, il crut à tort qu’il ne saurait pas se battre.
Nao venait de lui prouver le contraire et ils étaient en train de se jauger mutuellement. Lorsque Chloé arriva le rejoindre.

— Je vois que tu n’as pas besoin de mon aide.
Dit-elle avec une pointe de fierté envers son élève.

— Ca fait longtemps que je ne me suis pas donné à fond lors d’un combat. Je vais savourer ce moment
— Je te le laisse alors. Prudence quand même.

— Oui, je sais.
Lui sourit-il avec plein de confiance.

Elle recula et retourna auprès des deux blonds qui regardaient le combat, impressionnés par la puissance du jeune garçon.
Il était très fort et Gabriel avait de quoi complexer en voyant cette prestation devant ses yeux.
Ten’ s’était calmé et restait à côté d’Aurore.
Ils observèrent la fin prédictable de ce duel et Nao les rejoignit.

— On manque d’entraînement, papi ?
Dit-il en s’adressant à Gabriel avec un large sourire, très, trop fier de lui.

Chloe lui donna un coup de coude dans l’abdomen qu’il ne vit pas venir.
Il s’abaissa et lui jeta un regard d’excuse avant de le formuler au viel homme. À demi-mot.

— Ah ah ! Tu n’as pas tort, que dis-tu d’un duel amical à l’occasion ? Pour me dérouiller un peu, petit ?
Gabriel répondit de manière joyeuse et amusé par ce personnage.

— Nao… appelez moi Nao. Je ne suis pas aussi jeune que ça…
Dit-il gêné.

— Bien, Nao. Qu’en dis-tu ? Et je m’appelle Gabriel. Je ne suis pas encore papi.
Dit-il en jetant un regard interrogateur à Aurore.

— Papa !
S’indigna t-elle.

— Je n’ai rien dit !
Il leva ses mains en l’air, pour se défendre.

— Tu l’as pensé très fort…
Aurore bouda, outrée.

Chloé gloussa timidement et se racla la gorge pour leur rappeler dans quelle sitation ils étaient.

— Je pense qu’il ne vaut mieux pas tarder.
— Oui, vous avez raison. Allons-y.

Gabriel reprit immédiatement son sérieux
Sur le trajet ils purent discuter.

— Je ne pensais pas que vous aviez une telle force de frappe…
Avoua Gabriel à Chloé, presque déconcerté.

— Vous nous flattez ! Nous n’avons aucun intérêt à nous faire des ennemis, mais nous savons nous défendre lorsqu’on vient nous chercher. Certains pensent que notre pacifisme est une marque de faiblesse.
Chloé esquissa un sourire en coin.

— Je ne ferai pas cette erreur…
Ajouta Gabriel, en baissant d’un ton.

Si Nao avait ces capacités et qu’il avait vaincu ces ennemis avec tant de facilité, il ne pouvait qu’imaginer les pouvoirs de Chloé qui était sa mentor.

 

2021.06.18

Embuscade

Gabriel avait remercié Chloé et s’était excusé d’avoir pu douter d’un piège.
Ne souhaitant pas déranger plus, il avait écourté leur séjour de manière brève et Aurore s’était également inclinée pour remercier ses hotes.
Nao avait du mal à faire confiance et craignait une feinte, il regardait Gabriel d’un mauvais oeil et se positionnait pour protéger Chloé si jamais il tentait quelque chose.
Chloe lui attrapa sa main et lui signifia d’un regard que ce n’était pas la peine d’être aussi méfiant envers eux.
Il savait qu’il n’avait rien à craindre d’Aurore mais il n’avait pas confiance en cet homme. Il dégageait une aura imposante et cela se voyait dans ses yeux qu’il doutait de la sincérité de Chloé.

— Nous avons déjà trop abusé de votre générosité et de votre protection. Nous devons nous en aller.
— C’était un plaisir. Êtes-vous sûrs que vous n’avez pas besoin qu’on vous escorte… ?
— Cela devrait aller…

*

Chloé était inquiète et décida de les suivre pour s’assurer que tout se passe bien. Elle avait un mauvais pressentiment.
Nao avait remarqué son regard et lorsqu’elle se tourna vers lui, il comprit ce qu’elle allait faire.

— Je viens aussi.
Di-il aussitôt, sans lui laisser le choix.

— Je vais avoir besoin de ta garde robe, pour passer inaperçue.
Répondit-elle en souriant, elle s’y était attendu et ne s’opposa même pas à son intervention.

Elle était dans la chambre de Nao et elle finit par choisir un sweat sombre à capuche et un jeans, puis elle se rendit dans sa chambre pour enfiler des bottines à talons plats.

— Je te conseille de changer de tenue aussi, et on va les rattraper.
Dit-elle, en lui lançant une casquette.

Il l’attrapa et se rendit dans sa chambre pour chosir une tenue similaire à cette de Chloé.
Un T-shirt trop grand, un gilet à capuche terne mais épais, un jogging large et des paires de baskets compensées, qui le faisaient paraître un peu plus grand qu’il ne l’était. La casquette fut posée sur sa tête.
Lorsqu’il retourna voir Chloé, elle était méconnaissable.
Ses cheveux longs étaient tressés et rangés dans sa capuche, le jeans dans lequel elle était, flottait, et il était rentré dans ses chaussures au niveau des chevilles et lui donnait un certain style. Sa carrure fine avait disparu sous les couches de vêtements amples et personne n’aurait pu deviner à quel point elle était petite et maigre en dessous de cet accoutrement.
Quant à Nao, il avait une apparence très différente de d’habitude, il faisait dans ce cas précis, très jeune et jeune des rues. En temps normal il prennait soin de son apparence et préférait porter des vêtements plus adultes, sophistiqués, pour paraître d’une classe sociale un peu plus aisée et surtout, pour avoir l’air plus mature et âgé que son apparence pouvait le suggérer.
Chloe resta muette quelques secondes pour le contempler avant d’ajouter de manière très neutre, sans aucune moquerie.

— C’est vrai que je ne te vois jamais habillé comme ça.

Nao préféra garder le silence.
Chloé paraîssait également plus jeune dans ces vêtements et on aurait pu penser qu’ils étaient du même âge.
Il était même difficle de savoir si c’était un garçon ou une fille avec la capuche relevée.
Ils ne perdirent pas plus de temps.
Elle se dirigea vers la porte de sortie et accéléra le pas pour les rattraper.
Son odorat était assez développée pour qu’elle puisse suivre la trace subtile d’Aurore qui avait dormi dans la chambre de Nao.

*

Ils avaient réussi à les rattraper et ils étaient dans la forêt.
Chloé était aux aguets et Nao était loin d’être distrait.
Ils étaient à une distance assez éloignée pour ne pas se faire remarquer, se servant des arbres et des buissons pour ne pas être à portée de vue, et leur accoutrement était fait pour qu’on ne les reconnaise pas, mais également car ils leur permettaient de pouvoir se déplacer et se battre avec facilité, si besoin.
Le chien ne devait pas non plus les remarquer mais les bois étaient assez suspicieux pour qu’il ne s’intéresse à leur présence.

— Nao, prépare toi… nous ne sommes pas seuls.
Chuchota Chloé, qui s’était arrêtée et observait tout autour d’elle.

Elle restait auprès de lui pour pouvoir le protéger si besoin.
Ce geste et cette position fit plaisir à Nao, cela le toucha profondément mais il savait qu’il n’était plus aussi inexpérimenté qu’avant. Il était à même de se défendre et de la défendre. Il aurait voulu se positionner devant elle pour pouvoir lui servir de bouclier mais il préféra se raviser et analyser la situation environnante.
Cela ne servait à rien de se battre pour savoir qui protègerait qui. Il savait que s’ils se retrouvaient en danger, il réagirait et ferait en sorte de la protéger.

— Je sais.
Dit-il simplement, d’un souffle, déjà en position.

Gabriel s’était également arrêté et avait fait signe à sa fille de ne pas s’éloigner. Il avait reculé pour pouvoir se positionner à ses côtés et Ten’ grognait sans trop savoir d’où la menace venait.

— Fais revenir Ten’. Cela peut être dangereux pour lui.

Aurore appliqua les ordres de son père. D’un claquement de langue, Ten’ était revenu auprès d’Aurore et elle s’accroupit pour essayer de le calmer. Caressant son poil et en lui sussurant des mots pour le canaliser.
Gabriel essayait de garder son sang froid mais la situation ne le rassurait pas. Il n’arrivait pas à identifier la menace. Il pestait contre lui-même de ne pas être très bon dans les sorts de défense.
Il invoqua tout de meme un léger bouclier autour d’Aurore. Ce n’était pas de la même intensité et efficacité que ceux que sa femme était capable, mais cela devrait suffire.
Aurore se retrouva dans une sorte de prison de cristal avec Ten’.
Elle lui fit comprendre son étonnement. Elle le regarda dans les yeux en attendant des explications.

— Ne t’en fais pas, c’est juste une mesure de sécurité. La source est difficile à identifiier et je préfère prendre cette précaution.
Sourit-il doucement en explication.

Elle savait qu’elle était un fardeau et elle se jura intérieurement de reprendre les entraînements de manière plus sérieuse.
La silhouette ne se fit pas prier pour apparaître.

— Tu as bien fait, mais cela ne la protègera pas indéfiniment.

Une personne habillée de manière simple, les cheveux courts en carré, châtains. Descendit de la cîme des arbres, comme si un fil la maintenait en l’air depuis tout ce temps. Avec grâce, elle posa les pieds à terre.

*

Sur le chemin, Aurore était un peu à la traîne, emboîtant les pas de son père, elle réfléchissait, perdue dans ses pensées.
La silhouette de son père devant elle.
Il n’avait pas tellement changé physiquement depuis qu’elle était petite, et elle n’était pas spécialement grande.
Depuis quand n’avait-elle pas passé du temps ainsi avec lui ? À quand remontait le dernier moment complice qu’elle avait pu passer avec lui ?
Depuis quand avait-elle arrêté de chercher à lui parler ?
Qu’est-ce qui avait changé ? Etait-ce elle ?
Elle s’en voulait intérieurement. Ses parents l’avaient toujours bien traitée.

Gabriel était trop préoccupé par son mauvais pressentiment à partir du moment où ils avaient pénétré le bois, pour réfléchir à tout cela. Son esprit était occupé par autre chose.

*

Lorsqu’il aperçut l’ennemie, son mauvais pressentiment était toujours présent. Elle n’était pas seule.
Sur ses gardes, il ne répondit pas et attendit.
Il était peut-être vieux mais il n’avait pas perdu de sa force ni de son habilité au combat.
Au contraire. Et cela surprit presque son ennemie.
Il préféra laisser l’adversaire commencer l’assaut pour en profiter pour analyser son niveau et son style de combat.
Elle semblait faire la même chose, ils furent alors à portée l’un de l’autre et ils échangèrent des coups succincts et rapides, à l intensité croissante.
Jaugeant mutuellement leur force, ils semblaient juste s’échauffer. Mais Aurore pu voir l’adversaire se fatiguer petit à petit, de manière presque imperceptible.
Son père avait l’air de bien tenir.
L’attention de Ten’ fut attirée par autre chose.
Une autre silhouette apparut au loin, cette fois-ci, une forme masculine atterrit et s’approcha de son père de manière rapide.
Aurore tenta de s’interposer en utilisant le peu de magie qu’elle ne savait pas contrôler, pour forcer ce nouvel ennemi à ralentir sa course et ne pas attaquer son père.
Elle réussit à faire sortir du sol quelques racines, avec peine, qui réussirent à obliger cet homme à s’arrêter et observer cette magie, amusé par ce niveau faible d’utilisation. Il jeta un coup d’oeil rapide à l’auteure de cette blague et reprit son chemin.
Cela suffit à alerter Gabriel qui pu prévoir l’arrivée d’un autre adversaire.

 

2021.06.14

Arrosé

Gabriel avait un peu trop bu, lors d’une soirée pour fêter une occasion particulière.
Il buvait rarement et l’alcool avait rapidement fait effet.
Il n’était pas resté longtemps et était rentré avant que cela ne lui fasse trop tourner la tête. Il était un peu plus joyeux que d’habitude, plus dégrisé.
Il souriait et riait plus facilement.
Il avait senti les effets d’ébriété se manifester et avait préféré laisser ses collègues continuer la fête sans lui.
De retour à la maison, il s’était rendu dans la chambre après avoir retiré ses chaussures, et c’était directement affalé sur le lit.
La tête tournait et il se sentait plus lourd.
Il sentit la présence de quelqu’un et il l’attrapa.
Ses longs cheveux tombèrent sur son visage.
Il n’avait pas pris la peine d’allumer la lumière, son état ne lui permettait pas d’ouvrir les yeux et il la serra dans ses bras, l’enlaçant et lui sussurant des mots qu’il n’aurait jamais osé dire aussi facilement.

— Je t’aime tellement…

Aucune réponse.

Alexandra était rentrée après et lorsqu’elle se rendit dans la chambre, elle aperçut la silhouette de Gabriel sur le lit.
La porte était ouverte et laissait passer assez de lumière pour deviner qui se trouvait dans le lit.
Elle resta sans voix
Chris était dans les bras de Gabriel.
Ou plutôt, Chris semblait vouloir se dégager des bras de Gabriel tandis que ce dernier l’enlaçait par la taille.
Il ne semblait pas vouloir lâcher prise et il n’était pas totalement conscient de ses actes si on en croyait son visage à moitié endormi.
Alexandra entendit les marmonements de Gabriel, sa déclaration d’amour à Chris.
Lorsque Chris remarqua la présence d’Alexandra, il lui lança un regard de détresse, semblant lui demander de l’aide.
Elle ne sut pas comment réagir, un sourire ou un rictus sur son visage

— Bon… je crois que je vais vous laisser, hein…
Dit-elle simplement, en refermant la porte derrière elle.

Elle crut entendre la voix de Chris s’étrangler derrière la porte.

— Ce n’est pas ce que tu crois, Alexandra ! Ecoute moi !
Chris avait réussi à se sortir de cette situation et se sauver, laissant Gabriel ronfler dans la chambre.

Il était embarrassé et était dans le salon avec Alexandra.

— Non mais je te crois. Il n’y a aucun problème. Vous avez le droit de faire ce que vous voulez. Je ne voulais pas vous déranger.
Répondit-elle, en faisant mine de bouder

— … Alexandra. Il n’y a rien entre Gabriel et moi !
Chris était confus et essayait de se justifier autant qu’il pouvait.

Le voyant ainsi désemparé, elle arrêta de lui faire dos et le rassura.

— Ne fais pas cette tête, j’ai compris. Gabriel a dû boire avec ses collègues…
Lui sourit-elle.

— Tu faisais semblant de ne pas me croire… ?
— … Oui. Tu étais trop mignon à chercher à te justifier… pardon.

Il s’approcha d’elle et enfonça son visage dans son cou. Il bouda à son tour, ne voulant pas la lâcher et resserrant son étreinte encore un peu plus.

— Je… Chris… ?
— Encore un peu… pour te punir de t’être moquée de moi…

Elle baissa les bras et se laissa faire en lui carressant gentiment le dos.

— Ok… par contre, après, je vais devoir aller m’occuper de Gabriel. Il doit être encore tout habillé, j’imagine.
— Oui… et je ne veux pas m’approcher de lui dans son état. Qui aurait cru qu’il avait autant de force même à moitié conscient…
— C’est pour exprimer à quel point il t’adore.

— Oui oui, c’est ça…
Répondit-il ironiquement.

Elle pouffa et il finit par la relâcher.
Alexandra retourna dans la chambre.
Elle ouvrit la porte et la referma derrière elle.
Allumant une petite lampe de chevet, qui créa une petite ambiance feutrée, pour ne pas agresser l’homme endormi.
Elle s’assit à ses côtés et l’observa un instant.
Il avait un sourire béat sur son visage, les yeux clos, il semblait faire un doux rêve, un oreiller qu’il serrait entre ses bras.
Elle esquissa un sourire en imaginant Chris subtituant son corps contre cet oreiller qui servit de leurre.
Elle passa sa main sur les mèches de cheveux de Gabriel, attendrit par son visage si serein.
La douce lumière qui éclairait sa peau semblait le rajeunir, adoucir ses traits marqués par le temps et son âge.

— Comment faites-vous pour être si beau, mon vieux monsieur ?
Pensa t-elle, le sourire plus prononcé par le terme qu’elle avait utilisé. Imaginant très bien qu’il se vexerait s’il le savait.

Après cette contemplation, elle se décida enfin à le déshabiller.
Elle fit glisser l’oreiller pour pouvoir accéder à ses bras.
Il se tourna, ne montrant aucun signe de coopération.
Elle lâcha un léger soupir, et déboutonna la chemise de Gabriel.
Elle passa ses doigts lentement, n’osant pas le toucher pour perturber son sommeil, sur le col du tissu, puis méticuleusement, elle passa les boutons dans leurs ouvertures respectives.
Au premier contact, il ne réagit pas spécialement, alors elle continua, avec moins de scrupule.
Cela finit par le réveiller et il entrouvrit à peine ses paupières avant d’attraper les poignets d’Alexandra pour la blottir contre son torse.

— Non non non… Gabriel… si tu es réveillé, déshabille toi pour dormir…
Lui murmura t-elle, comme si elle parlait à un enfant.

*

Il roula pour surplomber sa femme et le sourire aux lèvres, il l’embrassa. Ses gestes montraient qu’il souhaitait plus.

— Tu empestes l’alcool, Gabriel ! Je ne ferai rien avec toi dans cet état ! Tu ne t’en souviendras certainement pas demain, en plus…

Il l’ignora et continua à l’embrasser dans le cou et ailleurs.
Il ne semblait pas l’entendre et agacée, elle finit par s’extirper de son emprise et éteindre la lumière pour le laisser désaouler et dormir.

— Bonne nuit.
Dit-elle avant de refermer la porte derrière elle, presque en claquant.

Chris la vit revenir les sourcils froncés et contrariée. Il s’en enquérit.

— Tout va bien… ?
— Oui. Non. Gabriel est saoul.
— Oui… je m’en doutais… et ?

Cette nuit-là.
Alexandra s’endormit dans les bras de Chris.
Le lit était assez grand pour trois personnes.
Le lendemain matin.
Gabriel se réveilla avec l’esprit un peu plus embrumé que d’habitude, même s’il avait passé une nuit plutôt agréable, puisqu’il ne se souvenait pas d’être rentré et qu’il avait souvenir d’avoir dormi d’une traite.
Il vit Alexandra du côté de Chris.
Il essaya de se remémorer les évènements de la veille, puis il se souvint de la soirée avec ses collègues.

-— Je suis rentré emmêché… ?
Se demanda t-il, la main sur sa tête, essayant de se rappeler la suite.

— Tu ne te souviens de rien… ?
Demanda Alexandra, encore un peu boudeuse.

— Non… pourquoi… ? Est-ce que j’ai fait quelque chose… ?
— Non… tu as juste essayé…
— Ah… pardonne moi, Alexandra…
— Tu devrais aussi demander pardon à Chris, je crois…
— Comment ça… ?

— Tu m’as pris pour Alexandra, hier soir…
Expliqua Chris, en detournant le regard, embarrassé.

— Q-quoi… ?! Je- je suis vraiment confus, pardon Chris… ! Il faut vraiment que je fasse attention à l’alcool… j’étais certain d’avoir été raisonnable en plus…
— C’était drôle de te voir dans cet état… mais la prochaine fois on saura qu’il ne faut pas t’approcher et garder nos distances.

2021.07.13

Cassée

Elle ouvrit lentement les yeux, comme si elle se réveillait d’un mauvais rêve mais elle avait encore en mémoire le corps étranger qui l’avait pénétré, la douleur ressentie et l’impuissance face à son agresseur.
Elle aurait tellement préféré que tout ceci ne soit qu’un cauchemar mais les sensations et sa mémoire l’empêchaient de balayer ça d’un revers de la main.
Elle ne savait pas comment réagir ni où elle était.
Elle se souvenait vaguement de ce qu’il s’était passé avant qu’elle ne perde connaissance et son premier réflexe fut de penser à sa soeur.
Elle pencha la tête lentement pour observer ce qu’il y avait autour d’elle.
Elle reconnut une infirmerie, peut-être celle du domaine de ses parents, puis elle vit, un peu flou mais elle discerna, sa soeur sur le lit d’à côté, en compagnie du médecin en chef.
Elle rassembla les pièces du puzzle et elle sourit timidement, rassurée que sa soeur était avec elle.
Elle referma ses paupières.
Il lui était encore difficile de les garder ouverts longtemps, mais son ouïe était intacte.
La voix et le ton d’Hélène laissaient penser qu’elle était en meilleure forme.

— Aurore… !

Helene remarqua les mouvements faibles du lit d’à côté et s’exclama. Elle bondit en dehors de sa couverture pour aller la voir de plus près.
Elle entendit le médecin soupirer et s’exaspérer, puis la rejoindre.
Il examina Aurore, tâtant son pouls, vérifiant les perfusions.

— Comment te sens-tu, Aurore… ?

Ce à quoi elle ne répondit pas.
Elle ne savait pas quoi répondre.
Elle serra les draps avec ses poings.
Elle se sentait souillée, salie, honteuse. Elle n’avait rien pu faire. Elle n’arrivait pas à exprimer ce qu’elle ressentait.
Elle savait que sa question concernait son état physique mais elle était trop préoccupée par son état mental.

— Est-ce que tu as mal quelque part… ? Tu as faim ? On peut t’apporter ce que tu veux, n’hésite pas à nous le dire.

— … Non… merci.
Réussit-elle à répondre, faiblement.

Elle avait envie de vomir, elle se dégoutait, ce qu’on lui avait fait la dégoutait. Elle n’avait certainement pas faim.

— Il faut que tu avales quelque chose, c’est pour ton bien…
Insista t-il, sans succès.

Aurore ne dit rien de plus.
Elle détourna le visage et perdit son regard sur un point imaginaire de la pièce.

— … Je sais que tu viens de te réveiller, mais Hélène m’a raconté ce qu’il s’est passé là-bas… j’ai besoin de ton autorisation pour vérifier que tu n’as pas été infectée par une maladie sexuellement transmissible… et te faire prendre un équivalent de pilule du lendemain, mais un peu plus efficace, puisque ça fait un peu plus de 24h…

— D’accord…
Murmura Aurore, toujours perdue dans ses pensées.

— Dans ce cas, je vous laisse quelques minutes, je reviens après.
Annonca t-il, laissant les deux soeurs ensemble.

*

Au bout de plusieurs jours. Hélène put quitter l’infirmerie, à contre-coeur. Elle voyait qu’Aurore n’allait pas bien.
Le médecin la rassura, mais elle n’était pas sereine.
Sa mère et Chris étaient passés le lendemain matin.
Alexandra se fondit en excuses, de précautions qu’elle aurait dû prendre pour éviter cela mais Hélène n’était pas du même avis.

— Maman… nous sommes grandes et nous ne pouvons pas vivre dans une cage dorée et tu ne peux pas nous protéger de tous les dangers… on fera plus attention la prochaine fois. Ce n’est pas de ta faute… ni la faute de personne…

Il eut beaucoup d’étreintes.
Puis lorsqu’ils discutèrent avec Aurore, ils sentirent que cela n’allait pas.
Alexandra continua à s’excuser mais Aurore sourit pour la rassurer, puis Chris proposa à Aurore de voir un médecin psychologue spécialisé pour pouvoir l’aider à surmonter cette expérience traumatisante.
Elle déclina poliment cette offre.
Elle mit un peu plus longtemps avant d’avoir l’autorisation à quitter le cadre de l’infirmerie.

— Aurore… il faut que tu manges. Je sais que je t’en demande beaucoup mais je ne peux pas te laisser partir en sachant que tu ne te nourris pas assez. Tu as déjà perdu énormément de poids… le traitement que je t’ai donné a en plus déclenché tes règles…
Le médecin en chef était inquiet et ce n’était pas le seul.

Elle essaya de se forcer et manger.
Lorsqu’elle put quitter l’infirmerie, toute sa famille et ses amis la surveillaient de près et de loin.
Ten’ fut plus qu’heureux de pouvoir veiller sur sa maîtresse. Il fut au pied du lit dès qu’elle fut à l’infirmerie et ne la quitta plus après.
William était également passé la voir.
Elle avait terriblement maigri. Elle n’était pas spécialement épaisse avant mais là, c’était frappant.
Il n’avait pas pu feindre et il lui dit.
Elle afficha un sourire timide sur son visage sans aucune émotion, en guise de réponse.

— Aurore… tu m’inquiètes vraiment… je te le dis sincèrement parce qu’on se connait et que tu sais que je ne te mentirais jamais… tu dois consulter et reprendre une alimentation suffisante.
— …
— Tu ne travailles plus, j’imagine ?
— Non… j’ai prévenu mon patron et je suis actuellement en arrêt maladie jusqu’à nouvel ordre…
— Ok, ça me rassure…
— Tu crois que je le fais exprès… ? Je… j’ai la nausée… lorsque je me vois dans le miroir, j’ai envie de vomir… ! J’aimerai retrouver ma forme d’avant… !
— Je ne sais pas… je te dis juste à quel point je m’inquiète et on s’inquiète pour toi.

Alors que Hélène et Alain s’étaient remis sérieusement aux entraînements sur leur temps libre, Aurore souhaita également se mettre sérieusement à la pratique de la magie. Elle voulait être assez forte pour se protéger et protéger les autres.
Ce fut Alexandra qui fut sa professeure , c’était la plus qualifiée pour la magie et ainsi elle pouvait vérifier qu’Aurore se nourissait bien.
Elle avait fini par passer à une alimentation principalement liquide, tout ce qui était soupe, jus et boissons énergétiques, pour tenter de reprendre goût à la nourrriture.

*

Rêve cauchemar pas canon de Hélène au sujet de leur séjour.
Elle se réveille en sursaut, en sueurs en plein milieu de la nuit, après avoir vu l’expression morte d’Aurore à l’infirmerie, après leur retour chez elles.
La culpabilité est encrée en Hélène.
Elle souffle de soulagement de savoir que ce n’est qu’un mauvais rêve.

Par acquis de conscience, elle va s’entraîner plus dur et plus régulièrement, revenant assister aux cours de son père.
Elle demandera à son père de l’entraîner plus sérieusement en plus des cours réguliers.
Il sourira en repensant à Alexandra à son âge, avec la fouge de l’époque.

— Pourquoi tu souris comme ça, papa ? J’ai fait quelque chose mal… ?
— Non non… je me disais que tu ressemblais vraiment à ta mère, ainsi… avec cette énergie à revendre… lorsqu’elle était beaucoup plus jeune.
— … C’est flatteur mais… elle était comment maman, à cette epoque… ? À mon âge, elle avait déjà Cean, non ?
— C’est vrai. Tu me rappelles ta mère quand elle avait 16-17 ans et que je l’entrainais.
— Elle avait quel niveau à cet âge ?
— Hm… à peu près le tien, actuellement. Si je me rappelle bien…
— La vache ! Mais elle était super précoce ou quoi ?!
— Elle passait ses journées à s’entraîner… pour que son père soit fier d’elle. Ils n’étaient pas très proches. Il était trop occupé par ses responsabilités.
— Ah… je ne me rends pas trop compte parce que… on passe quand même beaucoup de temps ensemble, nous… tous ensemble.
— Oui. Tu pourras demander à papi Phyl la prochaine fois que tu le vois. Ce n’était pas facile, il était tout seul à tout gérer et je l’aidais de temps en temps, dans l’ombre. Rien à voir avec comment Gabriel gère ça aujourd’hui. Il peut compter sur maman et il reste proche de Cean et Aurore.
— Ca a l’air compliqué quand même…
— Ca, c’est sûr. P’tre que maman a eut son motà dire sur cette relation, pour ne pas recréer le cadre dans lequel elle a grandit avec son père. Enfin, maintenant ça va mieux, mais à l’époque elle en a souffert de son absence.
— Je vois…
— Allez, assez parlé. Tu commences ou je commence ?
— Ah… !

Prisonnières [R-18]

Hélène et Aurore se soutenaient et se serraient tandis que les hommes les emmenaient. Ils étaient assez nombreux pour les encercler et les empêcher de s’enfuir, et elles n’osaient rien tenter de dangereux.
Elles avaient appris à leur dépend, et Hélène ne voulait pas risquer de faire souffrir Aurore encore plus.
Sans oublier qu’elles étaient affaiblies. Elles n’avaient rien mangé et elles n’avaient pas dormi. Somnoler, c’est tout ce qu’elles avaient pu faire.
Elles avaient froid de leur douche et de la fatigue accumulée.
Elles frissonnaient dans leurs vêtements et Hélène était inquiète. Aurore était plus pâle que d’habitude et ses mains étaient gelées.
Elle la regarda, les yeux emplis de peine. Elle n’était pas en meilleure forme mais sa soeur était dans un tel état qu’elle oubliait sa propre fatigue.

Elles arrivèrent enfin à destination.
Une porte qu’on ouvrit devant elle et on les poussa dedans avant de refermer.
Elles n’eurent pas le temps de se retourner que la porte était déjà verrouillée.
Sans aucun mot, sans aucune instruction.
Cette fois-ci, c’était une chambre plutôt somptueuse.
Un lit double à baldaquin était là, elles avaient l’impression d’être dans une chambre d’hôtel de luxe.
Il n’y avait pas de fenêtre mais une fente en hauteur, telle une bouche d’aération de cave, laissait entrer un filet de lumière qui suffisait pour éclairer les lieux et deviner ce qu’il s’y trouvait.
Hélène n’hésita pas et dirigea Aurore sur le rebord du lit pour qu’elle puisse s’y asseoir.

— Tu es sure que ça va… ? Tu es vraiment très blanche…
Demanda Hélène, les mains resserrant celles d’Aurore pour tenter de la réchauffer.

— O…oui… je… ça doit être la fatigue… je…

Aurore mentait. Elle tremblait et elle avait du mal à se réchauffer. Elle ne savait pas comment elle faisait pour garder conscience.

— Allonge toi, repose toi. Je resterai te veiller.

Insista Hélène en la poussant gentiment dans le lit, la bordant sous l’immense couverture.
Aurore ne se fit pas prier, elle était dans un sale état et elle s’endormit presque aussitôt.
Hélène qui devait la surveiller, s’installa également sous la couverture pour se réchauffer et observa Aurore s’endormir, jusqu’à elle-même sombrer dans un sommeil agité.

Elle rêvait, ou plutôt était-ce un cauchemar, que sa soeur se faisait martyriser devant ses yeux sans qu’elle ne puisse rien faire. Elle revivait la scène altérée de manière horrible.
Elle se réveilla en sueurs, le coeur battant, et elle se rendit compte qu elle s etait assoupie.

Elle eut un moment d’hésitation, elle aurait préféré que tout ceci ne soit qu’un mauvais rêve. Malheureusement, ce n’était pas le cas. Elles étaient encore dans cet endroit.
Aurore dormait paisiblement et Hélène pria intérieurement qu’elle ne fasse pas de cauchemars.
Elle se leva du lit, en ne perturbant pas le sommeil d’Aurore.
Encore chamboulée de son rêve, elle faisait les cents pas dans la chambre. Observant la décoration, les meubles, elle cherchait à se changer les idées et penser à autre chose.
Elle était en colère, cette situation la mettait dans un état de rage. Elle ne savait pas quoi faire pour se sortir de ce pétrin. Elles étaient prisonnières.
Elle était en train de pester en silence lorsqu’elle entendit le verrou de la porte.
Elle se figea et recula, elle se rapprocha du lit où se trouvait Aurore.

L’homme qui semblait commander ici, entra dans la chambre et referma la porte sans la verrouiller.
Il sourit lorsqu’il vit Hélène.
Il s’approcha d’elle, tandis qu’elle tremblait.
Elle était terrorisée. Elle se souvenait de sa force, et de sa faiblesse.
Il l’empoigna par le cou l’empêchant de parler ni de sortir aucun son de sa bouche.

— Ne fais pas la maline avec moi. Je te garde en vie pour une seule raison. Reste à ta place et ta soeur ne souffrira pas, trop.

Il avait un sourire satisfait et relâcha Hélène qui s’écroula par terre. Essayant de reprendre sa respiration et se massant le cou
Il se dirigea vers le lit et regarda Aurore avec des yeux brillants et un sourire lubrique.

— Elle portera mes enfants.
Dit-il, comme à lui-même.

Hélène retint sa respiration. Elle n’était pas sûre de ce qu’elle venait d’entendre et elle aurait préféré ne pas l’entendre. Quelque chose se brisa dans sa poitrine.
Elle avait envie d’hurler et d’étriper l’homme, le monstre qui était à quelques mètres d’elle.
Mais elle savait qu’elle n’avait ni la force, ni la magie.
Elle ne pouvait que pleurer de désespoir.
Pourquoi ne pouvait-elle pas subir à la place de sa soeur.

Aurore dormait encore. Epuisée, son corps tentait de récupérer.

Il revint vers Hélène et la força à se déshabiller.
Il se dirigea vers une armoire et en sorti une tenue qu’il lui lança.
Elle n’avait pas d’autre choix.
Ce n’était qu’une simple robe blanche qui ressemblait plus à une nuisette.
Il lui enfila ensuite une boule dans la bouche pour qu’elle ne puisse pas parler et qu’elle se mette à baver.
Des larmes apparurent au coin de ses yeux. Elle était humiliée.
Il sortit ensuite des chaînes qu’il posa sur ses poignets et ses chevilles et l’attacha au pied d’un meuble ancien.
La longueur de la chaîne était courte. Elle se retrouva à genoux, près du meuble trop lourd.
Il la regarda, satisfait et l’ignora en retournant auprès d’Aurore.
Cette dernière commençait à sortir de son état de sommeil et lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle aperçut avec effroi la présence de l’homme, de l’ennemi, qui était beaucoup trop proche de son visage.

— Bien dormi, princesse ?

Il la bloquait de son poids et de son bras, sous la couverture, elle ne pouvait pas s’extirper du lit.
Il avait un large sourire, il s’amusait de cette situation, de voir la peur et la frayeur sur le visage d’Aurore. La surprise. Elle essayait de se débattre pour s’éloigner mais elle était trop faible. Petite et fragile, une proie parfaite.
Elle était à sa merci.
Curieux de voir ce qu’elle allait faire s’il la laissait sortir du lit, il retira son bras qui bloquait la couverture et l’observa.
Elle n’attendit pas et elle se précipita vers le rebord extérieur du lit, à l’opposé. S’emmêlant à moitié les pieds dans les draps, elle chuta par terre et se releva en vitesse.
Il ne chercha pas à cacher son rire moqueur qui résonna dans la pièce.
Aurore remarqua Hélène baillonnée et attachée au sol et courut vers elle.
Héène avait les larmes aux yeux.

— Pourquoi… ? Pourquoi faites vous ça… ? Que voulez-vous de nous… ?!

La voix d’Aurore tremblait, elle essayait de garder une certaine maîtrise d’elle-même, mais elle était secouée de voir sa soeur ainsi et de se sentir si menacée. Elles étaient en danger, elle le savait.
Ce qu’elle ignorait, c’est jusqu’où la personne devant elle, comptait aller.

— Laisse donc ta soeur. Si tu obéis, il ne lui arrivera rien. Par contre… si tu te comportes comme une vilaine fille… ça serait dommage qu’elle se blesse… ou que je décide de m’en débarrasser.

Hélène n’était pas d’accord, elle se débattait et essayait de s’exprimer pour qu’Aurore ne cède pas au chantage. Avec la boule dans sa bouche, elle ne pouvait rien dire de compréhensible.
Elle secouait la tête et produisait des sons, pour empêcher Aurore de se laisser manipuler.
Elle s’en fichait si elle devait elle-même être abîmée ou même mourir. Elle ne voulait plus que sa soeur encaisse des traitements ignobles à cause d’elle.
Elle savait ce qu’il souhaitait : qu’elle soit plus docile.
Aurore était déterminée. Elle empêcha sa soeur d’intervenir et s’interposa.
Pour une fois qu’elle pouvait faire quelque chose pour protéger sa soeur, elle se fichait du traitement qu’elle pouvait recevoir. Elle fonçait tête baissée dans la gueule du loup et dans le piège qui lui était tendu.

— Que voulez-vous de moi.. ?
La voix d’Aurore tremblait d’une certaine colère, contenue.

Il s’approcha d’elle et la souleva par le menton.
Elle suivit le mouvement, à contre-coeur. Laissant sa soeur au sol, qui la suppliait du regard de ne pas le laisser la manipuler. Elle fermait les yeux pour ne pas voir ce qui allait suivre, et parce que sa vision était trop embuée de ses larmes.

— Laisse toi faire, ma jolie…
La voix suave et lubrique de l’homme était malsaine.

Aurore en avait des sueurs froides et il la dégoutait, mais quel choix avait elle.
Elle détourna le regard et ferma les yeux lorsque son visage s’approcha du sien.
Elle était réticente.
Il eut un rictus et n’apprécia pas de voir qu’elle se refusait. Son égo était blessé, il n’avait pas l’habitude qu’on se refuse à ce point à lui. Lui qui n’était pas désagréable à l’oeil, qui était puissant. Tous les partenaires qu’il avait pu avoir, se jetaient à ses pieds et obéissaient à ses moindres désirs.
Cela le fit sourire, lorsqu’il réalisa cette pensée.
Ce n’était pas si désagréable d’avoir un peu de résistance. Cela lui suscitait une certaine excitation de savoir qu’elle n’était pas consentente, mais qu’elle n’avait pas le droit de le repousser.
Il était aux commandes.
Il la jeta sur le lit et s’amusa de la voir s’écraser comme une poupée sur les draps.
Surprise par ce geste, elle essaya de se relever mais il la rejoint et la plaqua en lui montant dessus.
Ses mains se baladaient sur son corps tandit qu’elle était sur le ventre, le dos à moitié relevé.
Il la maintenait par le cou d’une main, et l’autre s’aventurait sur les courbes de son corps.
Aurore avait posé une main sur la sienne, celle qui serrait son cou, pour l’empêcher de l’étrangler, mais il contrôlait sa force et sa poigne était juste suffisante pour l’empêcher de bouger, tout en lui permettant de respirer. Aurore avait peur qu’il ne lui brise la nuque, contractée, elle s’aidait de sa main pour se maintenir et tenter de lui faire desserrer même un peu, son emprise.
Tandis que l’autre main s’était posée sur celle qui parcourait son corps. Elle n’avait pas la force nécessaire pour l’empêcher de balader ses doigts et sa main sur elle, mais par réflexe, sa main avait agrippé son poignet. C’était inutile.
Ces petits gestes n’avaient pas l’air de le déranger. Cela semblait susciter encore plus d’excitation en lui. Elle sentait son érection contre sa peau et la panique montait encore plus en elle.

Très rapidement, sa main passa sous ses vêtements et frôla sa chair fraîche, douce et claire.
Il avait l’impression de violer un sanctuaire sacré et c’était d’autant plus exaltant.
Le petit jeu était amusant mais il devait la déshabiller.
Il la retourna pour qu’elle soit sur le dos, à sa merci, il lui retira ses vêtements un à un, avant de retirer les siens.
Elle regardait ailleurs, se mordant la lèvre. Elle avait passé ses mains sur son corps pour se cacher, serrant ses cuisses.
Il se délectait de cette vision et il ne lui suffit que d’un seul geste pour lui écarter les genoux.
Il était imposant et puissant. Faisant facilement le double de la taille de la jeune fille.

— Je ne suis pas un monstre, je vais te préparer avant…
Sourit-il, en glissant sa main dans son entre-jambe.

Ce fut ensuite son visage qu’il dirigea vers son intimité et il commença à la lécher. Il s’en léchait les babines.
Aurore avait honte, ses jambes se contractèrent et elle ressentit du plaisir mais elle ne le voulait pas. Pas avec lui. Pas en cet instant.
Elle se cacha derrière ses mains et pleura.
Le plaisir qu’elle ressentait ‘tait contradictoire avec la situation et pour pouvoir supporter cela, son esprit se brisa.
Elle se laissa faire, la force de lutter l’avait quittée.

Elle était trempée, assez préparée. Il enfonça un doigt pour vérifier qu’elle était bien prête. Se léchant le bout du doigt, il la regarda et se prit en main lui-même.
Il était bien dressé et un simple geste de son poignet sur son membre l’aida à être bien dur pour elle.
Il y alla avec précaution, il souhaitait profiter de chaque seconde où il la pénétrerait.
Ses subordonnés étaient passés par là, mais lui seul serait à la féconder. En cet instant, elle était à lui, et il ne la prêterait à aucun autre à présent.
Il grogna de plaisir lorsqu’il réussit à entrer son engin dans sa petite fente. Lentement, il glissa jusqu’à atteindre le fond.

Aurore ne réagissait déja plus. Elle expira un peu plus fort lorsqu’il tapa au fond d’elle.

Il la viola. Son corps à elle, était immobile et sans aucune expression. Elle n’était plus là.
Il prit son temps et son plaisir, ses gémissements et ses râles retentissaient dans la pièce, jusqu’à son éjaculation à l’intérieur d’elle.
Il la laissa comme pour morte.
Il s’allongea à ses côtés.

— Tu m appartiens désormais. Tu porteras mes enfants. Sois en honorée.
Dit il, à peine essouflé. Satisfait.

Il se rhabilla et la laissa sur le lit. Il s’en alla sans rien dire.
Un moment après, quelqu’un entra et apporta un plateau de nourriture. Cela ressemblait à des restes mais Aurore et Hélène étaient tellement affamées qu’elles se jetèrent dessus sans se poser de questions.
Aurore devait porter le plateau jusqu’à Hélène et elle lui avait retiré la boule dans sa bouche.

— Aurore… je suis tellement… tellement désolée…
Avait-elle prononcé, entrecoupée de sanglots.

— Tu n’as pas à être désolée… mange. On va s’en sortir… je ne sais pas comment encore… mais il faut que ça cesse…

Sans couvert, elles mangeaient à quatre pattes dans le plateau qui leur avait été apporté. La nourriture n’était pas mauvaise. L’apparence laissait un peu à désirer mais le principal c’est que cela restait comestible.
Elles ne s’étaient même pas demandées si cela était drogué ou empoisonné. Au point où elles en étaient, leur instinct de survie primait et peut-être même qu’elles auraient préféré mourir que de continuer à vivre ça encore des jours, des semaines, peut-être des mois.
Aurore eut soudainement sommeil et elle s’écroula par terre, juste à côté du plateau.
Hélène vit cela et commença à paniquer mais elle-même, s’écroula de fatigue juste à côté du plateau.
Dans un sommeil profond.
Finalement, il y avait bien quelque chose dans leur repas.

Des hommes et des femmes vinrent les récupérer. Hélène fut détachée.
Elles furent emmenées dans une autre salle de bain où elles furent nettoyées
Habillées.
Et on les recoucha dans un lit propre.
Elles étaient droguées, endormies, préférant peut-être ne pas se réveiller que de subir encore ce cauchemar.
Elles étaient toutes les deux affaiblies et cela faisait parti de leur plan.
Elles étaient dangereuses si elles étaient en pleine forme. Ils ne savaient pas à quel point Aurore pouvait être puissante avec ses pouvoirs et Hélène savait se battre.
Aurore était nourrie parce que l’ennemi voulait qu’elle tombe enceinte de lui, mais sa nourriture contenait toujours une substance qui inhibait ses pouvoirs.
Il revint à plusieurs reprises pour la remplir de sa semence, plus pour le plaisir que par nécessité.

Elles n’avaient plus aucune notion du temps.
S’était-il déjà écoulé une journée ? Elle ne le savait pas.

2021.06.09

Soin

Cean emmena sa mère à l’infirmerie et l’y déposa avant de retourner voir son père et le tenir au courant de la situation.
Elle s’assit en attendant que le médecin en chef soit de nouveau disponible. Elle savait qu’elle n’allait pas se faire examiner immédiatement mais rien que de pouvoir s’asseoir, lui était agréable.
Le temps passait, puis elle se mit à avoir un gros coup de fatigue.
Le lit sur lequel elle était assise, était acceuillant, elle se dit qu’elle pouvait s’allonger quelques minutes en attendant que sa migraine et son vertige passe.
Elle s’assoupit.

Pendant ce temps, le médecin était en train de mobiliser ses infirmiers et infirmières pour prendre soin d’Aurore et Hélène.
Elles furent mises sous perfusion et dyalise pour pouvoir nettoyer leur sang de la drogue qu’elles avaient ingérée.
Il en profita pour faire une prise de sang aux deux filles, puis il dut les osculter.
Hélène avait quelques fractures minimes, il pouvait deviner ce qui avait pu arriver avec les bleus sur sa peau. Il soupira mais il l’avait déjà vu dans un état plus grave.
Lorsqu’il examina Aurore, il pâlit.
Ce qui lui mit la puce à l’oreille, ce fut les nombreux bleus sur sa peau entre ses cuisses. Contrairement à Hélène, elle avait la peau très claire et elle marquait. Lors de ses analyses, il comprit qu’elle avait été violée, à plusieurs reprises.

Lorsqu’il sortit de la zone avec les filles, il remarqua la présence d’Alexandra.
Il l’examina rapidement et sut tout de suite qu’elle avait trop usé de sa magie.
Son corps réagissait de cette manière parce qu’elle était demi-humaine, mais surtout à cause du contre coup violent dut à l’utilisation du portail. La consommation en magie avait été sous-estimée par son utilisatrice.
Elle était un peu fièvreuse mais cela pouvait passer inaperçu. Une extrême fatigue, physiquement.
Il passa sa main sur son front et son pouls.
Et il la réveilla doucement.

— Hmm…
— Dame Alexandra…
— … Toutes mes excuses !

Elle était embarrassée et se releva trop vite.

— Ne vous précipitez pas, vous devriez aller vous reposer. Vous avez trop puisé dans vos réserves de magie… vous pouvez rester ici… mais je pense que vous seriez peut-être plus à l’aise dans vos quartiers. Juste du sommeil devrait suffire.
Dit-il en posant ses mains sur ses épaules, pour l’empêcher de tomber ou de se presser plus. Sa voix se voulait douce.

— Ah… je…
Elle était encore déboussolée.

— Qu’avez-vous fait pour vous retrouver dans cet état… ?
Demanda t-il curieux.

— Des portails de téléportation… ?
— … Vous savez que ce n’est pas un art à la portée de tout le monde… ? Même les plus doués sont parfois obligés de consommer certaines potions pour…
— Je pensais…
— Combien ? Pour combien de personnes ?
— Aujourd hui… ? 2 fois… pour deux, puis 5 si je me compte… ?
— … Et si on compte depuis hier… ?
— Un peu plus… ?
— Ok, vous restez ici pour l’instant. Allongez vous, vous ne vous déplacez pas seule. Compris ?
— Mais—
— Non, pas de « mais ». Je vous garde sous surveillance. Personne ne vous a prévenu pour les portails ?! On ne se met pas à créer des portails à tout va, bon sang !
— Je…
— Imaginez, si vous étiez restée là-bas, après que tout le monde ait passé votre dernier portail ?! Vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez pu avoir.

— … Je ne savais pas…
Répondit-elle honteuse.

— Excusez moi, mais comprenez mon inquiétude. Reposez vous. Je préviendrai monsieur Gabriel et Chris.
Répliqua t-il, exaspéré. Il ajouta ces derniers mots pour la rassurer.

— Et Hélène et Aurore… ?
Pensa t-elle à demander.

Ce fut à son tour de prendre une expression gênée.

— Hélène a quelques contusions mais elle devrait s’en remettre d’ici peu. Par contre… Aurore a été abusée… sexuellement. Elle aura besoin d’un traitement après son réveil pour être sûr…

Alexandra avait sa main sur le bas de son visage, figée par la stupeur et horrifiée.

— Nous nous occuperons bien d’elles, n’ayez crainte.

Il recula et tira un rideau pour la laisser se reposer.
Elle était avec ses pensées, réfléchissant au malheur qui s’était abattu sur ses filles.
Elle finit par s’endormir, dans sa tristesse.

Hélène fut la première à se réveiller.
Elle ouvrit les yeux et paniqua.
La respiration rapide, elle ne savait pas où elle était, puis elle remarqua les perfusions dans ses deux poignets intérieurs.
De quoi respirer dans ses narines.
Elle était assise sur le lit et regardait autour d’elle, pas rassurée. Elle réussit à se calmer lorsqu’elle reconnut l’infirmerie de chez elle.
Ce qu’elle voulut croire.
Puis la présence d’Aurore dans le même état qu’elle, mais encore endormie ou inconsciente dans le lit à côté d’elle.
Elle était à la fois rassurée et pas sûre de l’endroit où elle se trouvait.
Puis elle entendit et reconnut la voix du médecin.
Elle aurait voulu retirer tout ce qu’elle avait sur ses bras et sur son visage mais elle devait être patiente.
Elle se détendit au fond du lit.
Elles avaient été déshabillées et elles étaient dans une tenue neutre.

Chris et Alain étaient dans le bureau de Gabriel et faisaient leur rapport.
Cean venait de les prévenir qu’Alexandra n’était pas en forme et qu’elle était à l’infirmerie aussi.
Alain s’éclipsa pour s’entraîner, pour extérioriser toute sa frustration et sa colère.
Cean le rejoignit laissant les adultes ensemble.

— Alain… ménage toi, prends donc un bain et repose toi. Tu as fait de ton mieux…

Alain l’ignorait puis finit par répondre.

— Tu ne sais pas… à quel point c’est énervant… j’ai servi à rien. Pire… j’ai été un fardeau… et nos soeurs… elles ont eté abusées et je n’ai rien pu faire !
— Tu crois que ça m’a fait plaisir de rester ici les bras croisés ? À vous attendre ? Tu as fait ce que tu as pu et je suis sûr que tu as été d’une grande aide. Chris et maman n’étaient pas que tous les deux. Arrête de te torturer l’esprit, calme toi et rentre à la maison. Hélène et Aurore sont entre de bonnes mains, on doit juste attendre.
— Et maman…
— Ca n’a pas l’air très grave, de la fatigue, le médecin va s’occuper d’elle et je suis sûr que nos pères vont aller la voir pour s’en assurer.
— … Je ne m’en suis pas rendu compte.
— Tu t’occupais d’Aurore, et tu connais maman, elle cache toujours auand ça va mal et elle force trop… même ton père ne s’en est pas rendu compte, alors arrête de t’accabler, ok ?
— … Merci Cean…
— Allez viens, on rentre.

Pendant ce temps là, au bureau

— Excuse moi, je ne m’en suis pas rendu compte pour Alexandra…
Chris s’en voulait.

— La connaissant, elle a dû rien laissé paraître. Tu n’as pas à t’excuser. Tu devrais aller te reposer aussi… je vais passer la voir.

Gabriel se leva de son fauteuil et eut un moment d’inattention, de vertige et posa sa main sur le bureau pour soutenir son poids. Il s’arrêta un court instant et Chris le connaissait assez bien pour le remarquer.

— Hé… t’es sûr que ça va… ? Tu as fait une pause depuis… ?
— Ca va… je me suis relevé trop vite.
— Je mettrais bien ça sur le dos de ton âge, mais je ne pense pas que cela soit ça. Tu en as encore trop fait ?
— Fanfaronne tant que tu le peux encore… ça va. J’ai eu des dossiers urgents à traiter ces derniers temps, pas trop le temps pour couper.
— N’hésite pas, si je peux aider… enfin, ce qui est admnistratif et de ton ressort, je ne vais pas pouvoir… mais tu sais que je suis là, si besoin…
— Merci… Alexandra m’aide beaucoup d’habitude, mais à cause des derniers éènements, j’ai pris un peu de retard… dur de se concentrer.
— Ménage toi un peu. C’est facile pour moi de te dire ça…
— Non, tu as raison. Normalement j’ai pu finaliser les derniers documents, je vais passer la voir. Et voir les filles…
— Je sais que le médecin est en train de les examiner et d’en prendre soin. Je vais suivre ton conseil et rentrer un moment… je reviens vite.
— Prends ton temps. Cas exceptionnel, tu as le droit de te reposer et si besoin je préviendrai tes classes.
— Ca ne devrait pas être nécessaire. Merci quand même.

Gabriel se rendit à l’infirmerie et le médecin l’accueillit et lui expliqua la situation.
Il l’emmena auprès d’Alexandra.

— Elle a juste besoin de repos, elle a trop utilisé de magie pour les portails, cela ressemble à des effets secondaires de consommation abusive de magie. Elle ne s’en est pas rendue compte tout de suite, les portails sont particuliers et le coût en magie est complexe à calculer… elle peut rester ici ou bien si vous préférez, la ramener chez vous.
— Mis a part ça, tout va bien pour elle ?
— Oui, j’en ai profité pour l’examiner et tout est en ordre.
— Dans ce cas, si c’est juste du repos, je ne vais pas utiliser un lit ici pour ça. Je vais l’emmener. Merci pour les soins.

Gabriel s’approcha d’elle et passa ses bras sous son corps pour la transporter.
Malgré son âge, il avait encore la force de la porter sans problème. La magie aidant.

— Je vous en prie, et dame Alexandra n’utilise pas un lit de trop ici…
Essaya de se rattraper le médecin, pour ne pas paraître impoli.

Gabriel coupa court à ce sujet.

— Comment vont les filles… ?
— Comme je vous l’ai expliqué… mis à part Aurore… elles sont en cours de rétablissement et devraient se réveiller sous peu.
— Je vois…
— Nous avons les résultats d’analyse et ils sont bons. Mis à part la dose de drogue trop présente dans le sang. Cela est en constante diminution, même s’il en reste des résidus.

— Bien… je reviens. À tout de suite.
Ajouta Gabriel en embarquant sa femme.

Elle grommela dans son sommeil, et se réveilla à moitié.
Elle reconnaissait les bras de Gabriel et sa chaleur, sa démarche.

— Excuse moi, je t’ai réveillée… je pense que tu seras mieux à la maison. Je suis sur le chemin.
— Hmm… désolée.

— Ne le sois pas. Repose toi et reviens moi en forme. J’ai encore besoin de toi.
Dit-il en l’embrassant sur le front.

Lorsqu’ils arriverent chez eux, Chris etait dans la salle de bain en train de se secher et fut a moitie surprit de les voir.

Gabriel déposa Alexandra sur leur lit et commença à la déshabiller. Chris les observa d’un air amusé.

— Qu’a dit le médecin ?
— Cette idiote a abusé des sorts de portail. Tout simplement. Juste besoin de repos et ça devrait aller.

Elle fut ensuite installée au fond du lit avec la couverture.
Les rideaux étaient ouverts alors Gabriel les tira pour que la pièce soit léèrement dans l’obscurité.

— Je te la confie, je retourne voir le médecin au sujet des filles.
— Je vais m’allonger un instant et je te rejoins.
— Prends ton temps, on se voit plus tard.

Gabriel s’en alla et croisa Alain et Cean qui rentraient.

— Maman se repose dans sa chambre, essayez de ne pas trop faire de bruit.
Dit-il avant de prendre la porte et les laisser.

— C’est moi ou il est de mauvaise humeur… ?
— Non, je ne pense pas. Il est toujours un peu comme ça mais ça veut pas dire qu’il fait la tête…
— C’est ton père… j’imagine que tu dois le connaître mieux que moi… même en ayant vécu avec lui, j’ai toujours du mal à deviner ce qu’il pense…
— Oh, ça… moi aussi. Je pense que maman doit être la seuleàa le comprendre réellement et encore… pas facile d’être le chef et de montrer ses émotions. J’imagine…
— Ca doit être ça…
— Il est préoccupé, c’est sûr, j’étais avec lui et il fait son maximum. Ca, c’est certain. Bref, va te laver et te reposer. Tu en as besoin.

*

— Oh, tu es déjà réveillée, tant mieux. Aurore ne devrait pas tarder alors.
S’exprima le médecin à moitié surpris de voir Hélène assise dans son lit.

— Je… que s’est-il passé… ?
— Ca serait plutôt à toi de nous raconter cela… pour répondre à ta question, on a réussit à vous retrouver. Je laisserai les détails à tes parents.

Il s’avança vers elle et examina le reste en tâtant son pouls et vérifiant ses yeux.
Elle se rappela vaguement de sa première fois à l’infirmerie suite à une agression, sauf que cette fois-ci, c’était pire. Elle se souvenait de ce qu’elle avait subi et vu.

— Qu’est ce que tu souhaiterais manger ? Tu dois avoir faim, je vais demander à ce qu’on t’apporte quelque chose. Je vais pouvoir te retirer les perfusions.
— Peu importe…

Elle était là tout en n’étant pas là, elle était perdue dans ses pensées.
Gabriel arriva et il fut rassuré de la voir éveillée.
Le médecin s’en alla pour les laisser et il partit s’occuper du reste.
Gabriel vint la voir pour la serrer dans ses bras.
Il avait été inquiet. Elle lui rendit l’étreinte.
Elle n’avait jamais été très tactile avec Gabriel mais ce contact chaleureux lui faisait un bien fou.

— Est-ce que tu te souviens de ce qu’il s’est passé… ?
— … Oui… sauf sur la fin. Je ne sais pas comment on s’est retrouvé à l’infirmerie.
— Tu peux me raconter comment vous vous êtes retrouvées là-bas… ?

Il essayait de ne pas la brusquer.
Elle aquiesça de la tête et commença à lui raconter tout ce dont elle se souvenait. Elle s’arrêta à plusieurs reprises, pour décrire le traitement qu’elles avaient reçu. Gabriel lui avait tendu un verre d eau.
Elle tremblait lors de son récit, son corps et son esprit se rappelèrent de la terreur qu’elles avaient subi.
Gabriel la rassura, la main dans la sienne, pour lui rappeler que tout était fini. Qu’elles étaient de retour à la maison.

— Aurore… elle a voulu me protéger, et… je n’ai rien fait pour elle… je suis tellement désolée.
— Chut… tu as été là pour elle, ne te blâme pas. Ce qu’on sait c’est que vous avez été droguées. Lorsque ton père, maman et Alain vous ont trouvées, vous étiez dans un sommeil profond. Ils vous ont ramené et depuis vous êtes ici.
— Je ne suis pas en train de rêver, hein.. ? On est de retour à la maison… ?
— Oui, je te l’assure.

Gabriel était bouleversé de la voir dans cet état, la boule au ventre, il la serra dans ses bras. Fort.

— Prends le temps qu’il faut et repose toi. On s’occupe du reste.
Murmura t-il en lui caressant ses cheveux châtains.

— Je… je vais bien… je vais beaucoup mieux maintenant… j’espère juste qu’Aurore…

— On va s’occuper d’elle, ne t’en fais pas. Pense à toi d’abord.
Essaya t-il de la rassurer.

Il savait qu’Hélène était proche d’Aurore mais la voir aussi concernée par Aurore était touchant.
Hélène préféra garder le silence par la suite. Elle voulait rentrer chez elle mais elle voulait aussi veiller sa soeur.
Peu de temps après, le médecin revint avec le plateau-repas.
Il l’aida a retirer les tuyaux respiratoires et les perfusions avant qu’elle ne mange.
Elle fit la grimace pour les tuyaux dans ses narines, et détourna la tête lorsqu’il retira l’aiguille des perfusions dans ses veines.
Il lui essuya le sang avec du coton imbibé d’alcool et lui mit des pansements pour cacher la cicatrice et absorber le sang.

— Je vais te laisser Hélène, tu es entre de bonnes mains. N’en fais pas trop, ne force pas. D’accord ? Ton père devrait passer te voir plus tard.

— Il va bien… ? Maman aussi… ? Alain était là ?
Sembla t-elle se réveiller, en lui posant toutes ces questions.

Gabriel lui sourit.

— Oui, ils vont bien. Maman est juste un peu fatiguée, elle se repose aussi, mais je suis sûr que, dès qu’elle sera sur pieds, elle accourra te voir.
— Que s’est-il passé… ? C’est rien de grave… ?
— Non, rien du tout. Elle en a trop fait, comme d’habitude. Petit retour de bâton de sa sur-utilisation de magie.

Expliqua Gabriel en levant les yeux au ciel.
Ce qui arracha un demi sourire à Hélène.
Elle avait hérite du même caractère après tout.
Gabriel lui adressa un dernier sourire et un geste de la main avant de passer de l’autre côté du rideau et s’en aller.
Le médecin avait fini de retirer ce qui pourrait gêner Hélène et qui n’était plus nécessaire et lui posa son plateau-repas devant elle.

— Régale toi mais pense à bien prendre ton temps. Ton estomac n’a rien avalé depuis un moment et tu risques de le malmener si tu manges trop vite.
Expliqua t-il, sans aucune émotion. Il était froid.

Elle l’écouta sans lui répondre et commença à déguster son repas.
Elle en eut les larmes aux yeux tellement c’était bon de manger.

— Je vais te couper durant ton repas mais c’est assez urgent et important. Est-ce que tu sais ce qui est arrivé exactement à Aurore ?

Elle se figea puis après un court instant, elle reprit ce qu’elle était en train de faire, avala ce qu’elle avait dans sa bouche après avoir mâché, puis elle lui expliqua tout ce qu’elle savait.
Il prit un bloc-note et commença à écrire dedans certains termes.

*

Lorsqu’Aurore se réveilla.
Ce sont les machines qui le détectèrent, parce qu’elle était restée silencieuse.
Une simple inspiration un peu plus forte et elle avait le regard dans le vide.

2021.04.14