Reboot

Dans un domaine en campagne, une riche famille avait un fils unique. Ils avaient une entreprise familiale et il devait en hériter.
Cependant, le fils n’était pas du même avis.
Le manoir dans lequel ils vivaient avait une salle d’entraînement où ils enseignaient des cours d’arts martiaux de haut niveau et la famille était réputée pour leur style.
Le fils avait suivi ces cours depuis son plus jeune âge.
Approchant la vingtaine, il se rebella contre ses parents qui lui parlait de mariage et de son futur.
Il ne souhaitait pas de cet avenir. Son voeux le plus cher était de pouvoir être libre de faire ce qu’il voulait.
La discussion n’était pas très constructive et hors de lui, le père comme le fils, l’héritier décida de renoncer à son statut et s’en alla. Claquant la porte à ses parents.
Il quitta le domaine et marcha, longuement, jusqu’à arriver à une autre ville, puis une autre.
Les mains dans les poches et rien d’autre.
La mère empêcha le père de prendre une décision sous le coup de la colère, elle réussit à le raisonner.
Elle aussi n’était pas de bonne humeur mais elle essaya de temporiser.
Ils décidèrent de le laisser faire ce qu’il voulait, en espérant qu’il finisse par revenir de lui-même.
Il avait toujours été élevé avec une cuillère d’argent dans la bouche. Ils ne lui laissaient pas beaucoup de chance de survie dans le monde normal.
Un de leur employé fut envoyé pour le surveiller de loin, où il se trouvait, sans intervenir. Sauf cas de danger.

Le fils erra pendant longtemps avant d’arriver dans une ville. Il se mit à pleuvoir à grandes cordes, et il ne savait pas depuis combien de temps il marchait. Son estomac commençait à crier famine mais il l’ignora. Il était maintenant trempé et dans une ville qu’il ne connaissait pas.
Il eut le temps de réfléchir. La température ambiante ainsi que la pluie ne lui avaient pas rafraîchi les idées.
Il était encore énervé contre ses parents, et puis contre lui-même. Il se trouvait tellement idiot. Il était majeur et adulte mais il avait quitté le domaine sans rien, sans aucune préparation. Qu’allait-il faire maintenant ?
Il était trop fier pour rentrer la queue entre les jambes.
Perdu dans ses pensées, et la pluie n’aidant pas, il heurta quelqu’un.
Il n’y prêta pas plus attention, et la minute d’après, quelqu’un l’interpella et le tira vers lui.
Il était tellement distrait qu’il n’avait pas vu que le feu était rouge pour les piétons.

— Ca va pas la tête ?!
Cria la personne à côté de lui.

Elle était petite et elle n’avait pas de parapluie non plus. Trempée tout comme lui.
Il ne répondit pas, en pensant qu’elle allait le laisser tranquille et passer son chemin.
Ce fut tout le contraire.
Elle insista pour lui parler et lui demander s’il allait bien.
Agacé par ses questions, il finit par la suivre pour éviter de répondre et parce qu’il n’avait nulle part où aller.

*

Un des hommes de main était alle chez eux.
Elle avait ouvert, et il avait demandé Sephyl.
Avec stupéfaction il s’était interposé et était méfiant, la porte de leur domicile entrouverte.

— Je dois vous dire quelque chose de très important.
Avait insisté l’homme.

Il l’avait fait entrer, à contre-coeur, lui laissant une chance de s’expliquer.
3 ans à peu près, s’était écoulé depuis qu’il avait quitté sa famille, il ne pensait pas que son passé le rattraperait.
Il aurait pu l’ignorer mais son devoir de fils le rappelait. L’homme lui avait dit qu’il était possible qu’il soit également en danger et que la meilleure manière de protéger la femme qu’il aimait, était de reprendre en main la situation.
Ses parents étaient dans une situation complexe et il devait rentrer pour réclamer son statut d’héritier.
Il hésita mais sa compagne le poussa à y aller.
Elle savait à quel point c’était important et elle ne voulait pas qu’il regrette.

Leur domaine avait été attaqué et des combattants professionnels cherchaient à faire tomber leur famille.
Ils s’étaient infiltrés.
Il arriva trop tard, son père était au sol, sans signe de vie, sa mère était à ses côtés et respirait encore mais faiblement.
Elle avait réussi à se venger mais elle avait prit un coup mortel.
Il dut rester au domaine pour s’occuper des affaires et épargna à sa compagne le risque de venir vivre avec lui. C’était trop dangereux, et il ne voulait pas lui imposer la vie qu’il avait eut dans cet environnement.
Il décida de subvenir à ses besoins pendant qu’elle élèverait leurs enfants, la protégeant de loin.
Il voulait les protéger de son influence.

Les enfants grandirent sans connaître leur père.
Ils vivèrent dans une petite maison de campagne, dans une autre ville.

*

Un jour, des hommes prirent sur leur domaine un enfant en train de se cacher, épiant les entraînements des élèves. Curieux, il l’interrogea.
C’était un orphelin qui s’était échappé de son établissement pour venir suivre les cours, en clandestin. Il avait les cheveux longs, la peau mate, les vêtements abîmés et sales.
Il était arrogant, il n’avait pas peur des représailles.

— Que fais-tu ici ?
— J’ai entendu parler de votre cursus.
— Tu n’as ni l’âge, ni les moyens de le suivre. D’où viens-tu ?
— De… l’orphelinat.

Cela le laissa perplexe. L’orphelinat le plus proche se trouvait à des kilomètres.

— Ils sont au courant de ta présence ici… ?
— Non… j’ai fait le mur.
— Tu ferais mieux d’y retourner, et rapidement.
— Plutôt mourir.
— Fais attention à ce que tu dis. Je peux exaucer ton souhait.
— Faites donc.
— Pourquoi risquer ta vie pour juste venir assister à nos cours ?
— Je voulais voir de mes propres yeux, et ils sont pas si difficiles.

— Ah bon ? Qu’est ce qui te fait dire ça ?
Demanda t-il, amusé.

Il fit une démonstration, imitation médiocre de ce qu’il avait pu entrevoir avant de se faire attraper.
Sephyl voyait un certain potentiel dans cet enfant.
Pris de pitié et parce qu’il voulait lui donner cette chance, comme lorsqu’on lui avait tendu la main.
Il mit cet enfant arroguant au défi.

— Quel âge as-tu ?
— 11 ans.
— Comment t’appelles-tu ?
— Chris.
— Je peux te jeter dehors comme un moins que rien. Ou bien, te laisser une opportunité de me prouver que mes cours sont accessibles même pour un gamin de 10 ans. Une semaine.
— Quoi ?
— Je te laisse une semaine ici. Tu suivras les cours du premier cycle. À la fin de la semaine, si tu réussis à battre les élèves de ton cycle, j’admettrai que tu as raison concernant la difficulté de mes cours.
— C’est tout ?
— Sois reconnaissant que je te donne accès à cette formation. Il y en a qui paieraient cher pour cela. D’abord, tu vas te laver et changer de tenue.

Il appela un de ses hommes pour l’emmener et il donna des instructions.
Il permit à Chris de loger dans une petite chambre, on lui donna une tenue trop grande pour les cours, qu’il porta à longueur de journée parce qu’il n’avait rien d’autre à part ses vêtements abîmés et sales.
Il mangeait à sa faim avec les autres élèves.
On le regarda bizarrement. Il était petit et chétif, comparé à ses camarades aînés. Ils avaient 15 ans minimum. Mais Chris avait quelque chose dans le regard. Il se fit remarquer dès les premiers jours, il était déterminé et n’avait pas peur du ridicule, n’hésitant pas à en faire plus, il s’entraînait dans sa chambre et en faisant des exercices autour du domaine.

La semaine terminée, il réussit à tenir tête et même battre certains de ses camarades lors du test imposé. Mais il perdit face aux meilleurs du cours.
Sephyl regarda les combats avec intérêt.
Alors que Chris était encore émotionnel vis à vis de sa défaite, attendant qu’on le jette dehors.
Sephyl le prit à part pour discuter.
Il reconnut qu’il avait un certain talent.
Il avait également fait des recherches sur lui, sur son dossier à l’orphelinat, et comme il avait réussi à attirer son attention, il décida de s’occuper de l’administratif pour que Chris ne dépende plus de l’orphelinat.
Il était libre. Sephyl se désigna comme tuteur légal.
Comblant le vide de ne pouvoir voir et élever ses propres enfants, il prit Chris sous son aile.
Contrairement à lui, Chris adorait la discipline du combat. Il était heureux d’apprendre et de s’améliorer.

Chris n’en revenait pas.
Il pensait avoir lamentablement échoué, il avait été trop confiant, trop prétentieux. Une semaine était trop court et il ne pouvait pas rattraper le retard de ses camarades en ce laps de temps. Il pensait que cela s’arrêtait pour lui. Ses espoirs.
Il n’avait pas pensé aux conséquences, il allait devoir retourner à l’orphelinat, ou aller ailleurs, parce qu’il n’avait aucune envie de retourner là-bas. Il aurait peut-être même préféré qu’on le tue sur place, pour abréger ses souffrances. Que tout s’arrête ici et maintenant.
Lorsque Sephyl lui annonça qu’il était libre, lui laissant le choix de rester apprendre ou s’en aller, il dut lui faire répéter, de peur de n’avoir pas compris.
Il n’hésita pas une seconde. C’était son rêve de rester se former. Il ne montra pas sa joie intérieure mais Sephyl le voyait.

Il était considéré comme un élève à part entière mais avec un statut spécial. Il était différent, il était plus jeune mais il était doué.
Il suivit le premier cycle et finit parmi les premiers de la promotion. Sephyl était fier de lui, impressionné. C’était le plus jeune à terminer ce cycle.
Il lui demanda ce qu’il pensait pouvoir améliorer dans les enseignements et Chris aida grandement avec ses retours.

Sephyl devient parent vers 23 ans.
Alicia en a 24.
Il adopte Chris vers ses 11 ans. Sephyl a 29 ans, ses enfants ont 6 ans.
Chris a 5 ans d’écart avec Alexandra et Alexandre.
Alexandra arrive vers l’âge de 14-15 ans. Elle termine le collège.
Chris en a 20.

*

Chris décida de rester auprès de Sephyl.
Bien qu’il lui ait dit qu’il était libre de partir, à partir de ses 18 ans, il avait assez de compétence pour postuler dans une autre école ou bien se faire embaucher comme apprenti. Il avait le potentiel d’être garde du corps même s’il était encore jeune.
Sephyl le garda sous son aile, le choix de Chris.
Il en fit son homme de main favori, parce qu’il pouvait compter sur lui et il avait confiance.

Chris le considérait comme la figure paternelle qu’il n’avait jamais eu.
Comment le remercier de lui avoir offert cette vie stable, de lui avoir offert la possibilité de poursuivre son rêve d’enfant, lui qui n’était qu’un simple orphelin.

*

Alexandra avait des difficultés à gérer ses émotions.
Lorsqu’elle était en colère, elle devenait violente et ses crises de colère devinrent plus compliquées à gérer avec l’adolescence.
Les années au collège étaient formatrices, les enfants n’étaient pas tendres et elle jouait une figure de bagarreuse, les études ne l’intéressaient pas. Ce qu’elle voulait, c’était de l’action.
Son frère était son contraire. Il préférait étudier et il excellait. Il préférait éviter les conflits et ignorait les mots blessants à son égard.
Alexandra ne pouvait pas laisser passer cela, elle frappait les élèves qui osaient se moquer d’eux.
Elle se fit convoquer à plusieurs reprises dans le bureau du directeur et sa mère dut se fondre en excuses. Elle ne comprenait pas et avait du mal à la gérer.
Elle ne savait pas comment s’excuser de son comportement, c’était plus fort qu’elle. Même si elle était désolée de causer des soucis à sa mère, elle recommençait.

Sa mère essaya de la raisonner et lui expliquer qu’elle devait au moins essayer d’obtenir le diplôme du collège.
Elle, n’avait pas eu la chance de finir ses études, elle leur avait raconté comment elle avait du travailler à l’époque.

2022.02.28

Photoshoot

Elle avait une séance photo avec son cousin Célestin et sa soeur Hélène.
Comme d’habitude, Hélène l’accompagnait avec des nouvelles tenues qu’elle avait crées et elle adorait mettre en scène Aurore sous les projecteurs et l’oeil avisé de Célestin.
Il aimait ces séances qui le changeaient de son quotidien de photographe.
Aurore était au naturel, Hélène tenait à ce qu’il n’y ait pas besoin de maquillage, ainsi ils n’avaient pas besoin de faire appel à une tierce personne pour s’occuper de ce point.
La séance était menée avec professionalisme, pourtant une ambiance décontractée régnait.
Ils profitaient des lieux qui étaient libres à certains moments de la semaine.

Aurore suivait les directives de Hélène et de Céslestin.
Sans broncher, elle arrivait à rester concentrée et cherchait à satisfaire leurs exigences.
Ses longs cils blonds, ses yeux vairons qui ressortaient sur sa peau pâle et la blondeur de ses cheveux longs.
Les boucles accentuaient son air de poupée angélique.

Célestin avait l’habitude de faire des photos de mode, mais sa cousine dégageait quelque chose, couplé avec les vêtements originaux et de qualité que Hélène concevait, c’était un mélange très particulier et spécial.

Après la séance, il les invitait à manger quelque chose chez lui, où il proposait un goûter avec du thé.
Son appartement était plutôt bien situé, petit mais fonctionnel et très bien agencé pour qu’il puisse avoir accès à ses affaires sans que ce soit le bazar à longueur de temps.
Elles s’étaient posées sur son lit, tandis qu’il était assis sur son tapis, l’ordinateur posé sur une petite table, il développait en modifiant les différentes options que lui proposaient son logiciel de retouches photos.
Ils en profitaient pour discuter, de tout et de rien, des dernières nouvelles.

— Ca faisait super longtemps depuis notre dernier shooting, qu’est-ce que vous devenez les filles ?
Demanda Célestin, en continuant à traiter les photos.

— Et bien… il s’est passé pas mal de choses… Aurore fréquente quelqu’un. Par exemple.
— Hélène aussi !
— Et bien, et on me les présente pas ?
— C’est que c’est assez récent…
— Moi aussi… !

Répondirent-elles, les joues un peu rosées.

— C’est mignon, vous êtes amoureuses…
— Et toi, Céles’ ?
— Non… je n’ai personne.

2021.12.26

Songe

Aurore avait réussi à dévier l’attaque de justesse, mais Ten’ avait été projeté contre un tronc d’arbre et avait été sonné.
Elle était effrayée mais essayait de ne pas paniquer, malgré tout son corps qui tremblait.
La présence ennemie se rapprochait d’elle, dangereusement et elle, elle reculait, petit à petit, essayant de garder une distance.
Elle avait envoyé un message pour prévenir de sa position mais elle ne savait plus à qui exactement et elle n’avait pas le temps de vérifier.
Elle essayait d’invoquer des barrières de racines et de terre pour se protéger mais l’ennemi les balayait d’un seul geste.
Elle se retrouva vite acculée, et en reculant en marche arrière, sans pouvoir regarder où elle mettait les pieds, elle finit par trébucher et tomber, évitant une attaque lui étant destinée.
Elle entendit l’ennemi claquer de la langue.
Elle se releva aussi vite qu’elle le put pour courir et s’enfuir.

Vladislaw arriva au bon moment, il attrapa Aurore et l’emporta en courrant.
Il n’eut pas le temps de lui expliquer.
Chloé apparut juste après et s’interposa.

—Mets la en sécurité, je m’occupe du reste.

Vladislaw acquiesça sans dire un mot.
Il l’éloigna et lorsqu’ils furent au calme, il la déposa et lui demanda si elle n’avait rien.
Le coeur encore battant, elle reprenait sa respiration.

— Mais Chloé-
— Ne t’inquiète pas pour elle, il n’est pas de taille contre elle.
— Je… ma mère… elle…
— Respire, calme toi. Tu peux faire confiance à Chloé. Est-ce que ta famille est au courant ?

Aurore chercha son téléphone dans sa poche pour vérifier, et elle appela son père dans la foulée.
Il entendit dans sa voix la panique et il resta calme pour ne pas aggraver la situation.
Il eut Vladislaw à l »appareil qui lui expliqua ce qu’il en était et il raccrocha.
Aurore sauta dans les bras de son sauveur, encore tremblotante.

— Merci… merci d’être venu…
— Ce n’est rien… je ne suis pas d’une grande aide, mais Chloé elle, oui.
— Comment as-tu su… ?
— C’est Chloé. Elle a compris ce que c’était lorsque je lui en ai parlé et elle m’a dit de la suivre aussitôt.

*

Gabriel fit au plus vite pour arriver sur les lieux.
Chloé avait déjà réduit en poussière l’ennemi et s’était approchée d’Alexandra pour vérifier son état.
Gabriel paniqua.
Chloé le rassura.

— Elle respire encore, c’est faible mais elle n’est plus en danger. Par contre, il faut la mettre sous perfusion, elle a été très affaiblie.
— Merci… je ne sais comment vous remercier…

Gabriel la porta et l’emmena en soin.
Le médecin les conseilla de l’ammener dans l’hopital de son frère, pour qu’il puisse faire des examens plus poussés sur son état humain.

*

Elle allait mieux, elle avait retrouvé le sourire.
Après avoir rassuré toute la famille, son frère vint la voir pour lui parler de ses résultats médicaux.
Il attendit de pouvoir lui en parler en privé, et il ne semblait pas spécialement joyeux.

— Qu’il y a t-il, Alexandre ? Tu en fais une de ces têtes !
Se moqua t-elle, gentiment.

Il s’asseya.

— … Tu es en train de reprendre des forces grâce à la perfusion. Tu manges correctement… tu dors bien ?
Dit-il en tournant les pages de son dossier.

— Hm… oui ? Tu as autre chose à me dire… ? Ne tourne pas autour du pot avec moi…
— Je sais… mais… on a trouvé des cellules cancérigènes dans ta prise de sang… tu…
— C’est mauvais à ce point… ?
— Oui… je…
— Je n’en ai plus pour très longtemps… ?
— Je ne sais pas… ça peut-être des semaines, des mois… peut-être encore un an ?
— Tu sais ce que je pense de l’acharnement médical. C’est trop tard pour soigner, n’est-ce pas ?
— Oui… je suis tellement désolé…

— Tu n’y es pour rien. Et je suis pas encore morte.
Essaya t-elle d’adoucir l’atmosphère.

— C’est vrai…
— Je ne me sens pas mourante, pas encore.
— Chrystal m’a dit que ta partie magique doit compenser, mais la partie humaine risque de lâcher d’un moment à un autre…

— Je… je dois en parler à Gabriel et Chris…
Elle baissa les yeux, songeuse, grave.

Son frère la laissa seule., pour réfléchir.

— Je suis là, si tu as besoin de quoi que ce soit.
Dit-il, avant de partir et refermer la porte derrière lui.

Il se sentait impuissant, il l’était.
Elle, sa soeur jumelle, allait mourir, et il ne pouvait rien y faire. Il avait déjà annoncé ce genre de nouvelle lugubre à des patients, mais cette fois-ci, cela le touchait personnellement.
Il n’était pas très démonstratif mais il tenait à sa soeur.
Chrystal voyait sa peine et elle le consola de son mieux.

*

Elle regarda ses mains, ne sachant pas quoi penser, quoi dire. Elle allait mourir.
Elle rit nerveusement.
Elle avait échappe à la mort tant de fois, mais cette fois-ci, c’était une mort lente, presque douce, qui l’attendait.
Elle essayait de voir le côté positif : elle avait le temps de dire aurevoir, de préparer son départ.
Un départ vers un long voyage, seule.
Elle réfléchissait à la manière dont elle allait annoncer cela à ses époux. Comment allaient-ils réagir ?
Quelle question : mal, certainement.
Une chose était sure, elle ne voulait pas être mourante, ni qu’elle se dégrade peu à peu, perdant ses fonctions vitales minimales. Elle ne voulait imposer cela à personne. Elle allait devoir en discuter sérieusement avec eux.
Sans parler de l’annoncer à ses enfants.
Elle ne pouvait pas leur cacher.

*

Gabriel et Chris vinrent la voir à l’hopital.
C’était assez inhabituel qu’elle demande à les voir tous les deux, ils auraient fini par passer la voir chacun à leur tour à cause de leur emploi du temps, mais qu’elle demande explicitement de les voir ensemble était étrange.
Lorsqu’elle leur annonça la nouvelle, ils restèrent sans voix. Sans réaction.

À l’intérieur de lui, quelque chose s’était brisé.
Il aurait voulu croire qu’elle leur faisait une très mauvaise blague mais elle n’avait pas l’expression qui allait avec.
Gabriel l’approcha le premier et s’assit dans la chaise qui était à côté d’elle, prenant sa main dans la sienne.
Il n’avait pas les mots.
Plusieurs questions se bousculaient dans sa tête. Combien de temps leur restait-il. Y avait-il des solutions ?
Chris s’assit à côté d’elle et prit son autre main et ils restèrent silencieux un moment, à la serrer dans leurs bras, la soutenir sans un mot.

Elle avait déjà consulté Chloé qui lui avait exposé les risques et les inconvénients si jamais elle tentait une transformation. C’était trop d’incertitudes et Alexandra ne voulait pas prendre ce risque.
Elle ne voulait pas non plus vivre une éternité. Elle imaginait la douleur de voir ses enfants mourir avant elle et cela lui était insupportable. Elle préférait accepter son sort.
Son corps allait lâcher, comme une sorte de bombe à retardements.

*

Le jour J.

Cela faisait des semaines qu’elle avait quitté l’hopital.
De premiers abords, elle avait l’air totalement en bonne santé mais elle savait que son organisme ne tenait plus à grand chose. Par chance, son organisme magique compensait mais elle sentait ses aptitudes diminuer drastiquement et elle savait que la fin devait être proche. Elle voulait partir en pleine conscience.
Ses enfants étaient prévenus et même s’ils ne voulaient pas que cela se termine ainsi, c’était son choix et ils devaient la respecter.

Elle avait préparé la seringue contenant la dose mortelle. Elle savait que cela serait une fin douce, elle s’endormirait pour toujours.
Gabriel l’attendait et Chris n’était pas loin.
Ils l’accompagnèrent en pleine forêt, au calme, loin de tout.
Une dernière balade, rien que tous les trois.

Ils s’arrêtèrent pour faire une pause, assis sur le tronc d’un arbre qui était tombé, elle sortit la seringue qu’elle positionna sur son bras.
La main de Chris et de Gabriel l’aidèrent à la maintenir et effectuer la pression nécessaire.
Tout ce qu’elle avait à dire avait déjà été dit.
Il ne fallut que quelques minutes avant qu’elle ne ferme les yeux et qu’elle tombe.
Les bras des hommes l’empêchèrent de basculer, et ils la posèrent delicatement dans les bras de Gabriel.
Chris se tenant à ses genoux, serrant sa main dans la sienne.
Elle semblait simplement s’être endormie, un sourire léger sur ses lèvres, en train de faire un doux songe, la vie avait quitté son corps.

Ils rentrèrent et Gabriel l’allongea sur le lit de leur chambre.
Elle avait choisi de ne pas faire des adieux larmoyants avec ses enfants, que ses derniers instants soient avec Gabriel et Chris.
Cela ne les empêcha pas de pleurer après.
Ils étaient réunis autour d’elle, l’embrassant une dernière fois sur le front.
Elle était encore tiède, ses joues encore roses.

*

Chris décida de retourner au domaine de Sephyl.
Maintenant qu’Alexandra n’était plus là, que ses enfants étaient grands et autonomes, vivant leur propre vie, il n’avait aucune bonne raison de rester.
Cela lui était également douloureux de ressentir le vide laissé par la mort d’Alexandra. Il avait besoin de temps seul. À faire le deuil.
Puis, il ne se voyait pas dormir avec Gabriel, sans Alexandra.

Hélène était très émotive et avait du mal à s’en remettre. Elle tenta de se plonger dans son travail et ses créations mais elle voyait sa mère dans ses projets.
Alain était plus discret mais il était également affecté. Il voyait à quel point leur père était triste, comment sa soeur extériorisait, mais lui, il gardait tout en lui.

Céan ne voulait pas accepter sa mort.
Mathilde, sa compagne, fit tout pour lui remonter le moral et l’aider à faire le deuil. Elle tenta de le réconforter avec les bons mots et elle fut d’un grand soutien.
Il décica de l’épouser peu de temps après, et ils eurent une fille qu’ils appelèrent Sylvia.

Aurore était également dans le déni, elle était en colère. Elle aurait préféré que sa mère accepte de se transformer pour rester en vie. Vladislaw lui expliqua à de nombreuses reprises à quel point c’était risqué et que cela était plus une malédiction qu’autre chose.
Elle n’arrivait pas à oublier sa mère, et elle vit son père seul et elle décida de l’aider en acceptant sa formation et en remplaçant en quelque sorte le vide de sa mère, en s’occupant des affaires avec son père. Cela lui permettait également de passer du temps avec lui.

Gabriel était méconnaissable. Il était atteint d’une profonde tristesse et sa santé se dégrada subitement.
Aurore prit soin de lui et dut appeler sa soeur Hélène pour venir l’aider à lui remonter le moral et le secouer pour le réveiller.
Elles en profitèrent pour faire un tri dans les vêtements de leur mère et elles en récupérèrent certains pour elles.
Alain était allé discuter avec Céan.

— Elle me manque… je sais que je n’étais pas très présent ni proche… mais sa présence… sa maniere de prendre de nos nouvelles… de recadrer Gabriel… qui sera capable de gérer les humeurs de Gabriel maintenant qu’elle n’est plus là… ?
— Oh, ne t’inquiète pas pour ça… Aurore a reprit un peu les rennes depuis… elle a tellement grandi… et tu sais… moi aussi elle me manque… on doit avancer. Elle nous surveille, je suis certain, et elle n’aurait pas voulu qu’on se morfonde sur son sort.
— Je le sais… d’ailleurs, tu vas être papa, j’ai eu la nouvelle. Félicitations.
— Merci… oui, Mathilde est enceinte… je…
— Tout va bien se passer, je t’imagine très bien totalement gâteux.
— Oh… t’es pas le seul à me dire ça…

2021.12.16

Table [R-18]

Il avait des muscles saillants, bien marqués par ces entraînements intensifs pour garder une certaine forme. Sa carrure était plus qu’imposante lorsqu’elle était à ses côtés
Il pouvait l’envelopper toute entière, il aurait pu lui briser les os rien qu’à la puissance de ses bras.

Elle n’était pas tant plus faible. Elle était elle-même entraînée et malgré sa taille plus petite et ses épaules moins larges que lui, elle arrivait à lui tenir tête.
Elle devait juste ruser pour ne pas se faire attraper parce qu’elle savait qu’en terme de force brute, elle était perdante.

Aujourd’hui, ils étaient seuls dans le bureau.
Elle avait fermé la porte derrière elle, et elle le regardait avec malice.
Elle devinait ses muscles à travers ses vêtements
Les manches longues de sa chemise étaient retroussés au niveau de ses avant-bras, et ses yeux étaient rivés sur ses mains qu’elle voulait voir sur elle. Sentir sa poigne sur son corps.

Il ne se douta de rien lorsqu’elle l’enlaça par derrière, il se retourna pour lui faire face et elle lui caressa la peau, avec toute la sensualité qu’elle pouvait mettre dans ces gestes.
Baladant ses mains sur son épiderme, sur le dos de ses mains, ses poignets, son avant-bras et ses bras, pour les remonter jusqu’à son torse, là où elle s’arrêta pour défaire le noeud du lacet de son col de chemise.
Il lui attrapa les poignets.

— Je peux savoir ce que tu fais… ?
Demanda t-il, amusé.

— Rien… du… tout.
Sourit-elle, en essayant de continuer son plan.

— Si tu le dis… on va continuer à rien faire, alors…
Prit dans son jeu, il la souleva pour l’asseoir sur la table du bureau.

Elle en avait vu d’autres, cette table.
Ses cheveux bruns bouclés qui tombaient en cascade sur ses épaules, son sourire malicieux.

Il l’observait attentivement, ses mains immenses passèrent derrière son cou, sur sa nuque pour l’envelopper et la maintenir pendant qu’il approchait son visage, pour l’embrasser, la dévorer lentement.
L’autre main avait saisit sa hanche, massant avec ferveur ses côtes et la zone juste en dessous de sa poitrine. Elle était si petite à côté de lui mais il devinait ses muscles sous ses vêtements.
Il la souleva pour la basculer sur son épaule.

— On risque de faire trop de bruit ici, je t’emmène.
Dit-il, tout en la transportant comme une proie, alors que c’était elle qui avait lancé la chasse à son égard.

La chambre se trouvait juste à côté, il prit soin de refermer la porte derrière lui.
Il la déposa aussi délicatement qu’il put, sur le lit, puis la surplomba de sa présence. Son ombre projetée sur elle, elle ne se laissa pas intimider.
Elle soutenait son regard et elle avait qu’une hâte, qu’il choisisse à quelle sauce il souhaiterait la déguster.

Ses cheveux blonds parsemés poivre et sel, retombant en pagaille devant son visage, ses cils clairs et son regard d’un océan abyssal, il la regardait, savourant l’instant de calme avant qu’il ne décide de se jeter sur ce qui aurait pu être sa victime.

Ce fut elle qui attaqua la première.
Elle glissa ses doigts dans les mèches claires et les agrippa pour les tirer doucement mais fermement. Loin de là était son idée de lui faire mal.
Elle faisait ça pour le provoquer mais surtout parce qu’elle savait qu’il appréciait cette sensation.

Il se laissa faire, fermant les yeux pour profiter pleinement, comme apprivoisé par ce simple geste, il se rapprocha d’elle pour qu’elle puisse continuer de le chouchouter.
Puis, assez près d’elle, il changea de direction pour plonger son visage dans le creux de sa nuque et l’embrasser précautionneusement jusqu’à son épaule, et de ses mains, il souleva son haut pour pouvoir glisser ses doigts sur son abdomen.

*

Elle était enveloppée dans les draps et l’oreiller moelleux dans lequel sa tête disparaissait à moitié.
Il était à ses côtés, sa carrure imposante semblait lui servir de rempart pour la protéger.
Tourné sur le côté, il la contemplait, la serrait dans ses bras musclés.
Elle souriait, d’une plénitude et d’un bonheur apparent, elle se sentait bien avec lui, elle se sentait en sécurité.
Elle se tourna pour lui faire face.
Les draps, la couverture, les oreillers et les rideaux du baldaquin formaient un cocon dans lequel ils avaient un semblant d’intimité.

Il n’eut qu’à se pencher pour poser ses lèvres sur les siennes et l’embrasser avec toute sa passion.
Sa main rugueuse et imposante caressa les formes de son corps, en commençant par ses hanches et en descendant plus bas.

Elle l’empoigna par son bras, gentiment mais avec une certaine force.
Elle rougit et sa respiration s’arrêta un instant.
Il venait de passer ses doigts entre ses cuisses pour la caresser tendrement avant de pénétrer un doigt épais dans l’antre de son intimité.
Elle en avait le souffle coupé, elle savourait ce moment et le plaisir qu’il lui procurait lui faisait perdre ses moyens.
Haletante, elle s’agrippait à lui, lui suppliant de ne pas arrêter, les joues rouges et les oreilles brûlantes, elle était contre son torse musclé, au bord de l’extase.

2022.02.26

Nouveau

Depuis qu’ils s’étaient avoués leurs sentiments et leur envie d’aller plus loin, de bâtir un avenir ensemble, Gabriel agissait légèmerent différent en public lorsqu’elle était à ses côtés.
Il n’hésitait pas à passer son bras autour des épaules d’Alexandra, ou de lui empoigner la taille, comme pour afficher clairement qu’elle était sa chasse gardée et qu’il n’hésiterait pas à attaquer quiconque s’approchant trop près d’elle.

C’était une sensation nouvelle pour Alexandra.
Gabriel était possessif, du moins concernant Alexandra.
Il était fou amoureux d’elle, comme il ne l’avait jamais été, il était persuadé qu’elle était ce qu’il souhaitait pour lui, à son âge et avec son expérience en la matière, il savait que s’il la laissait s’échapper, il n’aurait pas une seconde chance de rencontrer une personne qui lui corresponde à ce point. Alors il mettait tout en son pouvoir pour la garder auprès de lui, et de faire en sorte qu’elle soit à l’aise à ses côtés, qu’elle ne manque de rien. Avec son statut, il avait les moyens de faire en sortr qu’elle soit satisfaite matériellement, mais également de faire en sorte que ses sujets la respecte tout autant que lui.
Elle était à lui, c’est ce qu il montrait publiquement, mais pas en tant qu’objet, pas seulement.
Il avait cette attitude particulière à son égard, elle était sa princesse, il en prenait soin, lui tendant la main, la guidant dans les couloirs pour lui expliquer la vie dans son château.
Il avait cette assurance et cette attitude très sûr de lui.

Elle vivait quelque chose de différent qu’avec Chris, avec qui elle avait plutôt une relation discrète et cachée, où elle ne faisait pas de vagues pour éviter les remarques, elle ne voulait surtout pas attirer l’attention sur eux, de peur que Chris soit moqué ou déprécié à cause d’elle, qu’il soit accusé de profiter de ses relations.

Chris n’était pas fier de coucher avec la fille de son patron. Il ne pouvait pas mentir au sujet de ses sentiments pour elle, mais il ne pouvait pas nier sa culpabilité de faire quelque chose de mal.
Alors que Chris avait finalement pu retrouver Alexandra et leur relation d’antant. Lorsqu’elle lui avait annoncé qu’avec Gabriel c’était devenu plus sérieux, il ne fut pas étonné. Cela faisait un moment qu’il était au courant des desseins de Gabriel et de ses sentiments pour elle. Il était content de voir que ses efforts avaient fini par payer puisque Alexandra l’avait enfin remarqué et considéré à sa juste valeur.
Une autre partie de lui avait mal. Cela lui était douloureux de voir Alexandra hésiter, embêtée de devoir se justifier auprès de Chris.
Il savait ce qui était bien pour elle. Elle n’avait pas à avoir de remords de succomber aux charmes de Gabriel, ainsi que de son statut.
Chris fit de son mieux pour la rassurer, qu’il continuerait de la protéger, qu’il ne lui en voulait pas.
Comment lui en vouloir. Il l’aimait trop pour lui reprocher quoi que ce soit, il savait qu’officiellement ils étaient déjà engagés, il savait qu’ils n’avaient aucun avenir ensemble, et pourtant ils avaient vécu quelque chose, une relation spéciale et il ne pouvait que se considérer chanceux d’avoir pu goûter au bonheur avec elle, un court instant qu’il chérirait pour le restant de ses jours.
Il s’était alors mis à l’écart, se faisant discret et s’éloignant d’elle progressivement pour lui laisser l’espace et le temps d’approfondir sa relation avec Gabriel. Il ne voulait surtout pas la déranger.

2022.02.28

Union

Elle s’était installée assez naturellement chez Gabriel.
Chris avait préfére prendre un certain temps avant de les rejoindre, leur laissant le temps d’être seuls, et lui de réfléchir également.

Cela n’avait pas grandement changé ses habitudes, Gabriel lui avait offert en privé, lors d’une balade dans la forêt de son domaine, la fameuse bague dont il avait parlé. Une paire qu’il sépara et Alexandra lui mit la sienne.
Il l’avait soulevée de joie et l’avait fait tournoyer autour de lui, avant de la reposer et l’embrasser.
Il n’était pas très démonstratif en temps normal, plutôt discret, son attitude était tout de même légèrement différente lorsqu’il était en présence d’Alexandra.
Quelques gestes tendres ou protecteur envers elle, il n’avait plus à se cacher ni se retenir.
Des regards doux, un sourire lui étant adressé.
Elle était tombée sous son charme. Il était bon envers elle et son coeur s’était mis à battre plus fort pour lui.

C’était étrange, elle ne vivait pas cachée.
Sa seule expérience qu’elle avait pu avoir avait été avec Chris. Malheureusement ils devaient être discrets à ce sujet, ce n’était pas approuvé par tout le monde et elle ne voulait surtout pas causer de soucis à Chris.
C’était nouveau pour elle, de pouvoir avoir des gestes tendres en public. De pouvoir se montrer proche de Gabriel sans avoir peur d’être jugée.
Elle était un peu gênée mais elle était heureuse, au plus profond d’elle-même.
Elle ne regrettait pas, chaque jour de plus passé à ses côtés, lui confirmait qu’elle ne s’était pas trompée et qu’il méritait toute sa confiance.

2021.12.16

 

Amical

Gabriel ne cacha pas sa déception lorsqu’il vit Alexandra accompagnée, cette fois-ci.
L’expression sur son visage se dissipa rapidement parce qu’elle vint le saluer, de bonne humeur, et s’excusa platement de n’avoir pas pensé à le prévenir sur la présence d’une seconde personne.

Il força un sourire, il ne pouvait pas non plus lui demander de repartir, surtout que Chris lui avait également sauvé la vie.
Il y avait une certaine tension entre les deux hommes qu’Alexandra ne remarqua pas tout de suite.
Chris avait remarqué l’attitude de Gabriel et en lui serrant la main, il lui signifia qu’il était là pour protéger Alexandra, si jamais il comptait tenter quoi que ce soit contre sa volonté.

Gabriel ne comprit pas la réaction de Chris. Il était conscient qu’ils étaient liés sous contrat, pourquoi avait il l’air de vouloir monter la garde ?

*

La date du combat amical fut fixée et cela créa un événement attendu. Il y avait beaucoup de public dont les soldats et gardes de Gabriel qui étaient venus assister à cet échange.
Certains avaient même commencé à faire des paris sur la victoire d’Alexandra ou Gabriel.
Chris s’était trouvé une bonne place et observait avec curiosité la foule et le terrain.
Quelques gardes qui le reconnurent ne se privèrent pas de s’asseoir à côté de lui et le saluer.
Chris était plutôt silencieux et préféra les écouter que de s’exprimer sur qui allait gagner.
Un arbitre expliqua qu’il y aurait plusieurs manches et que le premier qui atteindrait deux victoires serait désigné comme vainqueur.
L’ambiance était très joyeuse et bon enfant.
Difficile de croire que le domaine avait failli être rasé par des ennemis quelques mois auparavant.
Cela faisait du bien aux gens de pouvoir se vider la tête et juste profiter du moment.

Alexandra s’était changée en tenue de sport, une brassière avec un T-shirt très ample mais léger, et un short legging qui lui permettait d’avoir des déplacements rapides.
Gabriel avait également enfilé une tenue différente. Un marcel qui semblait trop petit tellement sa carrure et ses muscles étiraient la matière du tissu, et un pantalon léger long.
Ils se tinrent prêts et ils se regardèrent dans le blanc des yeux pendant un instant. Gabriel voulant laisser la galanterie de commencer à Alexandra.
Alexandra ne souhaitant pas commencer pour ne pas avoir de traitement de faveur.

Tout compte fait, il dut se résoudre à attaquer en premier. Attaque qu’elle évita et dévia sans problème.
Leurs coups suivants furent très rapides et soutenus.
Le public retint leur souffle, et ne se privèrent pas d’encourager ou d’exprimer leur surprise lorsque les attaques devenaient plus subtiles.
Ils semblaient effectuer une sorte de dance rythmée.

Elle s’était échauffée, entraînée, mais elle fut prise au dépourvu. Elle avait sous-estimé Gabriel. Il s’était aussi préparé et elle ne pouvait que constater qu’il avait pris cette boute très au sérieux.
Elle n’était pas habituée à avoir une foule en délire et cette présence était quelque peu perturbante. Elle mit un certain temps à s’y habituer et cette concentration la fit perdre en terrain sur son adversaire.

Il ne s’en priva pas.
Tous ses coups semblaient lui dire « concentre-toi » et il ne la ménageait pas.

Elle se battait de son mieux et un oeil non avisé aurait pu croire qu’ils étaient à égalité, mais l’oeil expert de Chris et de certaines personnes pouvaient apercevoir que Gabriel avait légèrement le dessus.
Le souffle d’Alexandra était plus court, plus saccadé et moins stable que celui de Gabriel. Elle n’avait pas réussi à trouver son rythme et elle s’épuisait lentement.

Il ne lui laissa pas le loisir de se reprendre. C’était sa manière à lui de montrer qu’il ne lui ferait pas de cadeau et que leur boute, même amicale, valait quelque chose à ses yeux.
Il voyait son inexpérience, ses respirations étaient calées de manière trop aléatoire, même si elle continuait à rester à son niveau en terme de phase d’attaque et de défense, il jouait sur la durée pour prendre l’avantage et gagner cette manche sans trop s’épuiser.
Il était en train de crier victoire trop vite, et elle lui rappela en lui donnant un coup de jambe droit sur son visage.
Il était plus imposant et elle si petite, mais il ressentit la puissance sèche de l’impact qui le rappela sur l’instant présent.
Cela fit son effet, puisque le public exprima son « oh » d’étonnement.
Son égo prit plus de dégâts que son épiderme.
Il afficha un rictus sur ses lèvres, il n’allait pas prendre son temps, c’était le moment d’en finir avant de se faire surprendre. Il devait le reconnaître, elle se débrouillait bien.
Il mit plus de force, et cela dura plus longtemps que prévu, malgré sa volonté de clôturer cette première manche, elle se battait comme une lionne, évitant, parant ses attaques, sa différence de taille lui donnait l’avantage de la mobilité, elle se faufilait facilement.
Gabriel commençait à être agacé, et elle le ressentit.

Cela l’amusait, elle souriait, pleine de sueur, mais elle prenait du plaisir à se dépasser et acculer cet homme qui faisait facilement deux têtes de plus qu’elle et à cette carrure imposante.
Rien qu’à l’idée de le faire plier devant elle, une joie intense naissait dans sa poitrine.
Elle venait d’échapper à une de ses prises et elle attendait qu’il se retourne vers elle, maintenant dans son dos, attendant qu’il décide de lancer sa prochaine attaque.
Il semblait fatigué, vulnérable et elle aurait pu prendre le dessus à ce moment précis, mais elle préféra se reposer, reprendre son souffle, sur l’attente.

Il se retourna et elle le perdit de vue, il s’était précipité sur elle, faisant un détour pour l’effet de surprise, elle n’avait pas eu l’occasion de prévoir, ni d’éviter, il la plaqua par le côté, elle eut à peine le temps de positionner ses avant-bras pour absorber la puissance de l’impact, il lui restait encore beaucoup d’énergie et elle fut projetée à quelques mètres, la vitesse à laquelle il était arrivé avait déplacé le sable du sol, créant une légère brume de poussière.
Elle était déboussolée et il en profita pour lui faire perdre l’équilibre, un croche patte bien placé qu’elle atterrit sur le dos, il la surmonta en posant son avant-bras sur sa gorge, rendant le moindre mouvement impossible.

Le public ne comprit pas tout de suite ce qu’il se passait, attendant que le nuage de sable se dissipe.
Alexandra resta à terre, la respiration forte, sa poitrine se gonflant et se dégonflant au même rythme. Les battements de son coeur frappant intensément à l’intérieur de sa poitrine.
Elle savait qu’elle avait perdu, cette première manche.
Gabriel attendit que le jugement soit annoncé avant de se relever.

Le public applaudit, ils avaient également retenu leur souffle.
Gabriel affichait un large sourire, il se mit debout et tendit sa main pour aider Alexandra à le rejoindre.
Elle ne riait plus, son sourire s’était effacé et elle faisait la moue. Elle s’était laissée surprendre et elle s’en voulait.
Elle accepta tout de même son geste.

Ils eurent le droit à un temps de repos de 5-10 minutes, où on leur apporta de l’eau et une petite serviette.
Elle préféra rester muette pendant que Gabriel essayait de la complimenter sur son niveau de combat.
Elle ne voyait qu’un moyen de la consoler et elle préféra l’ignorer. Elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même
Elle devait se concentrer. Si elle perdait le prochain match, c’était fini, et sa revanche n’en serait pas une.
Elle s’enferma dans sa bulle intérieure et fit le vide dans sa tête pour se concentrer sur ce qu’elle devait faire. Que pouvait-elle faire pour s’améliorer. Pourquoi avait-elle perdu. Elle ne devait pas le laisser prendre le dessus sur la durée. C’était ce qui lui avait porté préjudice. Cette fois-ci, elle ne prêtait plus attention au public, elle devait oublier ce qu’il y avait autour et se concentrer sur lui, Gabriel, son adversaire.

Il remarqua qu’elle ne l’écoutait pas et sourit tendrement. La laissant tranquille jusqu’au début de la seconde manche.
Il s’éloigna et s’étira, faisant des signes à ses supporteurs et fans.
Il ne semblait pas s’inquiéter, il n’y avait pas tellement d’enjeux pour lui. Il donnait le meilleur de lui-même, et s’il en venait à perdre, soit. Il n’avait pas cette fierté qu’Alexandra avait, il n’était pas affecté.

Chris observait calmement la scène, pendant que ses voisins commentaient ce qu’ils avaient vu.
Il croyait en Alexandra et même si elle ne gagnait pas, elle avait donné un magnifique spectacle.
Elle s’était très bien défendue et avait pu tenir tête à Gabriel. C’est ce qu’il voyait.

*

La seconde manche commença.

Alexandra avait sa stratégie en tête, elle devait donner le maximum dès le départ et tout faire pour le faire tomber.
Gabriel fut surpris mais défendit sa position comme il le pouvait. Il voyait la différence avec la première manche, elle était infime mais il sentait qu’elle était plus à l’aise et qu’elle voulait remporter cette manche.

Elle essaya de le faire tomber avec un croche patte, malheureusement il ne bougea pas, il était beaucoup plus lourd qu’elle et après avoir reçu le croche, il ne broncha pas puis l’évita très facilement.
Alexandra recula aussitôt pour tenter une autre tactique. Gabriel la narguait avec un large sourire.
Elle devait trouver une autre alternative avant qu’il ne contre-attaque.
Elle devait viser ses jambes pour le faire plier et perdre l’équilibre, elle n’arriverait pas à l’immobiliser de tout son corps.
Elle fit diversion en recommençant à le prendre de face, visant son visage pour le déboussoler, ses côtes, sa poitrine. Puis avec sa vitesse maximale, elle se positionna juste derrière lui pour viser l’arrière de ses genoux, ce qui réussit à le faire fléchir. Il ne s’y attendait pas du tout, elle profita de l’effet de surprise pour tenter de lui faire perdre l’équilibre.
Elle effectua un coup puissant dans ce but, accentuant sa chute. Il posa un genoux à terre, et s’apprêtait à poser ses mains pour se relever mais elle lui attrapa l’avant-bras pour qu’il se retrouve face au sol, elle bloquait son bras derrière son dos, et de tout son corps elle essayait de le maintenir à terre, dans cette position.

Cette seconde manche fut relativement courte comparée à la première et Gabriel ne vit rien venir.
Leur différence de gabarit fit qu’Alexandra ne pouvait immobiliser qu’un seul de ses bras, il aurait pu forcer et ne pas s’avouer vaincu, avec son seul bras libre, mais l’effet de surprise était réussi. Il s’était laissé surprendre et il reconnaissait qu’elle avait des ressources.
Il n’avait pas réagit assez vite, l’arbitre avait déjà annoncé qu’Alexandra venait de remporter cette manche.

Le public ne cacha pas son étonnement, ne s’attendant pas à ce qu’elle maîtrise Gabriel ainsi.
Lorsque le jugement fut annoncé, elle se releva et le libéra, elle lui aurait bien tendu la main pour l’aider à se mettre debout, mais elle fut gênée de tomber s’il s’appuyait sur elle.
Il se releva de lui-même et se tourna face à elle pour lui serrer la main.

— Bien joué, jeune fille. La dernière manche sera décisive.

Elle acquiesça solennellement, le coeur battant encore fort dans sa poitrine.
Elle essayait de ne pas le montrer, mais elle avait fourni un effort certain pour terminer cette manche rapidement. Cela avait été intense et durant la pause, elle s’éloigna pour stabiliser son rythme cardiaque et s’hydrater. Elle devait innover pour le surprendre à nouveau. Sa victoire en dépendait.

*

Gabriel avait encore du mal à réaliser qu’elle avait réussit à le maîtriser aussi facilement. Il avait baissé sa garde, il l’avait sous-estimée. Même si cette défaite ne devait pas compter pour lui, cela le fit ressentir un sentiment désagréable. Avait-il été trop optimiste en pensant gagner sans effort ?
Il était perdu dans ses pensées et il essayait de se concentrer pour cette dernière manche, tout compte fait, il se devait de la remporter.
Sa défaite avait un certain goût d’amertume, il se sentait ridicule d’avoir pu tomber par un stratagème aussi simple, et en même temps, il trouvait cela très malin qu’elle ait réussit à l’appliquer sur lui, mais sa fierté venait d’en prendre un coup.

*

Son coeur battait à toute allure et elle aurait voulu crier sa joie mais elle devait garder son calme. Il restait la dernière manche.
Expiration, respiration, elle devait rester concentrée. Il ne se ferait pas avoir par la même ruse deux fois de suite. Elle se devait de le tenter mais elle n’y croyait pas.
Les quelques minutes de repos étaient salvatrices pour elle. Elle s’était tant entraînée pour ce jour mais elle sentait qu’elle puisait dans ses ressources d’énergie. Elle ne pensait pas que cela serait aussi difficile et épuisant. Elle devait se ressaisir.
Cette manche était la dernière et décisive.

L’arbitre prévint de la fin de leur pause.
Lorsqu’il donna le départ, Gabriel ne prit plus aucune pincette concernant la galanterie, il était vexé et fonça directement sur Alexandra qui réagit à temps pour parer, avec surprise.
Il ne retint pas ses coups puissants et il visa toutes les faiblesses qu’elle pouvait laisser entrevoir.

Elle les évita et para le reste de ses attaques, pas sans mal. Elle savait qu’elle devait garder le focus ou elle risquait d’avoir très mal. Ce qui arriva.
Une fraction de seconde où elle ne vit pas arriver l’attaque, qui la frappa en pleine joue, le poing cogna et elle partit sur la trajectoire, reculant et titubant.

Gabriel s’arrêta un instant.
Elle s’était mise à saigner des lèvres.
Le public retint également son souffle pendant que les deux combattants s’étaient figés pendant quelques secondes.

Elle était sonnée mais elle ne s’avouait pas vaincue, elle était déjà en position pour l’attaquer.
Elle ne comprenait pas pourquoi il avait stoppé ses coups, et elle en profita pour lui rendre la monnaie de sa pièce.
Ce qui le fit reprendre le cours du duel.

Il savait qu’il ne devait pas la sous-estimer, mais la vision de l’avoir blessée, lui avait fait ressentir quelque chose au plus profond de sa poitrine. Un sentiment indescriptible, de culpabilité et de vouloir arrêter pour ne pas lui faire plus de mal.

Elle ne s’était pas occupée de sa petite blessure. C’était de sa faute de n’avoir pas été à l’affût.
Elle était maintenant remontée et elle l’attaqua férocement et avec toute sa force qui lui restait.
Elle n’avait pas pris en compte que la différence de taille la désavantagerait tant. Elle arrivait à peine à le faire broncher, ses attaques semblaient à peine l’effleurer, peu importe où elle frappait, elle n’arrivait pas à trouver son point faible.
Elle pensait aux jambes, mais il ne laissait pas beaucoup d’ouverture et il était maintenant beaucoup plus méfiant à ce sujet.

*

Le combat durait et s’éternisait.
Gabriel commençait à ressentir un début de fatigue, la transpiration sur sa peau et sa respiration plus prononcée. Il souriait, remarquant dans quel état elle avait réussi à le mettre, il s’amusait.

Alexandra n’était pas non plus en reste, sauf qu’elle n’affichait pas la même humeur.
Elle sentait qu’elle n’allait pas faire long feu, alors elle décida de tout donner sur la prochaine attaque, elle devait le faire tomber, faire en sorte de le déstabiliser.
Elle pouvait essayer de le renverser avec une prise qui utiliserait tout son poids contre lui.
Elle devait réussir à lui attraper le bras, avoir une prise.
Pour cela, elle devait prier pour qu’il l’attaque d’une manière précise à un certain endroit pour qu’elle puisse parer et se placer.
Alors elle fit ce pari, elle fonça sur lui, qui se mit à lui donner des coups qu’elle para consciencieusement, elle regarda et resta concentrée pour essayer de deviner les coups suivants, et lorsqu’elle vit l’attaque arriver, la bonne, elle l’encaissa en partie pour avoir la prise sur son poignet et son bras,
Elle se positionna tout de suite pour prendre appui et le faire basculer, avec l’effet de surprise et sa rapidité d’exécution sans trop besoin d’y mettre de la force.
Il passa par dessus son épaule et tomba au sol, sur le dos.
Elle se positionna tout de suite sur son torse pour l’empêcher de se relever, elle était ridiculement petite sur son corps mais il avait perdu.

L’arbitre annonça la victoire d’Alexandra.

Il aurait pu se relever et refuser de baisser les bras mais il devait reconnaître qu’elle avait réussi à le surprendre et prendre le dessus. Il avait fini deux fois au sol.
Elle se releva aussitôt le verdict fut annoncé, les applaudissements retentirent autour d’eux.
L’adrénaline en elle était nouveau, elle se demandait si c’était réel et finit. Elle venait de gagner, elle avait du mal à y croire.
L’arbitre vint à elle et tint son bras en l’air pour signifier qu’elle avait bien remporté la victoire.

Elle se tourna vers Gabriel qui était en train de retirer grossièrement la poussière sur son pantalon, et elle lui sera la main.
La respiration forte et le coeur qui battait à tout rompre.
Elle n’arrivait toujours pas à y croire.
Elle commençait à le réaliser et sourit, elle cherchait des mots à dire pour exprimer sa joie mais également remercier Gabriel.
Elle leva les yeux vers lui et elle fut éblouie.

Ce fut le noir complet.

Elle s’approchait de lui, avec un sourire satisfait, elle lui serra la main et leva son visage avec la volonté de dire quelque chose. Mais aucun son ne sortit de sa bouche.
La main encore dans celle de Gabriel, elle s’écroula.
Il la vit partir en arrière et la rattrapa à temps, la serrant contre lui.

— Hé ! Tu m’entends ?!
Demanda t-il paniqué.

L’arbitre ne comprit pas tout de suite ce qu’il se passait, ni le public.

Chris réagit aussitôt, il accourut auprès d Alexandra.
Elle était pâle, extrêmement pâle. Son pouls était anormal.
Gabriel la porta aussitôt pour l’emmener à l’infirmerie où elle fut auscultée et Chrystal rassura tout le monde.
C’était juste la descente de pression et d’adrénaline. Elle avait puisé dans son énergie de manière intense.
Chris resta à ses côtés un moment avant que Chrystal le rassure et lui dise gentiment de quitter les lieux pour la laisser se reposer.

*

C’était le vide dans sa tête, elle avait entendu le brouhaha autour d’elle s’estomper et elle ne pouvait qu’imaginer ce qu’il se passait autour d’elle.
Les gestes et l’étreinte dans laquelle elle était, puis elle se réveilla lentement, en reprenant ses esprit, à l’infirmerie.
Elle était encore dans un nuage flou, l’esprit embrumé, elle se demanda si elle n’avait pas rêvé sa victoire.

*

La tête sur l’oreiller, elle était persuadée d’avoir perdu, alors les larmes commencèrent à lui monter aux yeux.
Chrystal passa la voir et remarqua qu’elle avait reprit ses esprits. Il y avait de l’eau à sa disposition et de quoi grignoter.

— Qu’est-ce qui ne va pas… ?

Elle n’avait pas répondu, sanglotant en silence.

— Ce n’est pas grave tu sais, ça peut arriver à tout le monde de faire un malaise. Reprends des forces, tout le monde n’attend que toi, dehors.
Tenta de la rassurer Chrystal.

Alexandra finit par se reprendre, avalant ce qu’on avait mis à sa disposition sans se poser de question.
Tant pis si elle avait perdu. Elle avait au moins gagné une manche. Se consola t-elle.

*

Chris était seul avec Gabriel et sans s’y attendre.
Gabriel lui posa des questions sur Alexandra.

— Est-ce que tu pourrais me conseiller sur les goûts d’Alexandra… ?
Demanda t-il pataud, gêné.

— Pardon ?
Chris comprenait pas.

— C’est que… je souhaiterais la rendre heureuse mais je la connais trop peu, et… je me demandais si tu pouvais m’éclairer à ce sujet… tu as l’air d’être son garde depuis des années.

*

Gabriel commençait à se rendre compte qu’il s’attachait et commençait à avoir des sentiments pour Alexandra.
Cette jeune femme arrivait à lui faire perdre pieds.
Il ne se reconnaissait plus.
Après le combat amical qu’elle avait cru perdre, il était allé la voir pour savoir si elle se sentait mieux. Il avait ressenti de l’inquiétude et il fut rassuré qu’elle aille bien, mais elle avait pleuré, et cette sensation de pincement dans le coeur était revenue.

Elle se forçait à sourire alors il lui demanda directement.
Quand elle lui expliqua qu’elle avait perdu, il ne comprit pas tout de suite. Elle était persuadée d’avoir été vaincue et il dut lui rafraîchir la mémoire sur sa victoire.
Elle crut qu’il mentait, et Chris dut lui confirmer aussi.

Il se mit à rire nerveusement.
Elle était pas croyable.

Elle répéta à plusieurs reprises qu’elle avait gagné, sans y croire, le regard dans le vide, et c’était vrai.

*

— Tu as énormément progressé depuis la dernière fois, je suis impressionné. Mais, si je peux me permettre, tu as encore quelques lacunes. Je ne dis pas ça parce que je suis mauvais perdant, je pense qu’il te serait bénéfique de t’entraîner avec moi.
— C’est pas plutôt toi qui aurait besoin de t’entraîner avec moi ?!
— Aussi, oui.
— Je vais y réfléchir…
— Tu sais que tu es toujours la bienvenue ici… surtout depuis ton gain de popularité auprès de mes gens…

2021.10.18

Irréfléchi [R-18]

Il prenait à coeur et à corps l’entrainement d’Alexandra.
La proximité physique était nécessaire et ils ne s’en souciaient pas.
Elle avait un but et même s’il avait des sentiments pour elle, il savait se contrôler et faisait en sorte de ne pas le montrer dans le cadre de ce cours.
Il chérissait et se réjouissait du peu de temps qu’il pouvait passer à ses côtés.
Elle apprenait vite, c’était l’avantage des jeunes, et elle se donnait à fond pour progresser.
Perdu dans ses pensées, il s’était laissé surprendre.
Ses coups le rappelèrent au présent.

— Non, comme ça.
Dit-il, en la corrigeant sur un mouvement qu’elle venait d’effectuer.

Elle l’observa avec attention et tenta de reproduire ce qu’il faisait.

— C’est mieux, mais il manque quelque chose. Regarde.

Il s’approcha par derrière pour montrer les gestes en repositionnant ses bras et ses jambes. Il suffisait de pas grand chose. Il fit le tour pour lui faire face, et posa un genou à terre pour être à sa hauteur et observer sa posture de plus près.

— Ça a l’air bien.
Dit-il, concentré et regardant les moindres détails.

Ce fut au tour d’Alexandra de perdre pieds.
Ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait avec une telle proximité avec lui, et même si elle pensait ne rien ressentir pour lui, elle ne pouvait pas rester insensible à sa carrure imposante, ses muscles.
La manière dont il avait de la toucher, avec fermeté mais sans la brusquer. Il y avait quelque chose dans ses gestes qui lui faisait quelque chose en elle.
Elle savait qu’elle ne devait pas se laisser emporter par ses émotions, ses pulsions, elle essayait de se raisonner. Elle avait des sentiments pour Chris et elle avait l’impression de le trahir en ayant des envies pour quelqu’un d’autre. Elle était dans le déni.
Elle devait se ressaisir.
Elle ne se reconnaissait pas.
Elle l’observait, perdue dans ses pensées, l’écoutant sans l’écouter, contemplant son visage, ses expressions, ses lèvres. Elle avait une terrible envie de l’embrasser et elle ne l’expliquait pas.
L’adrénaline et les phéromones après un effort physique, peut-être.

— Tu m’écoutes ?
Fini t-il par dire, voyant qu’elle fixait un point sans rien dire.

Elle fit quelque chose d’irréfléchi, elle réduisit le peu de distance entre eux, et elle donna un baiser passionné mais court, sur la bouche de Gabriel qui resta sans voix.
Il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte de sa bêtise.

— Je suis désolée !!! Pardon ! Je n’aurais pas dû faire ça !
S’écria t-elle, totalement paniquée. Elle n’avait aucune excuse.

Il était estomaqué. Elle venait de l’embrasser. Ce n’était pas un simple baiser posé sur ses lèvres, il avait ressenti cette envie, elle avait fait quelque chose qu’il n’aurait jamais cru. Il en rêvait et pourtant il n’arrivait pas à y croire.
Il fut encore plus surpris qu’elle s’excuse d’avoir fait cette « erreur ». Non, il ne pouvait pas la laisser se rétracter. Il allait saisir cette chance.
De quoi s’excusait-elle ? Il ne lui laissa pas le temps de dire quoi que ce soit, il saisit l’instant présent.

Encore les yeux emplis de panique, il la saisit en lovant son visage dans sa paume et lui rendit un baiser avec toute sa passion qu’il avait gardé en lui.
Tout d’abord surprise, elle fut totalement emportée par son geste. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il l’embrasse en retour, et il ne faisait pas cela à moitié.
Elle aurait voulu dire quelque chose mais il embrassait à merveilles, elle se laissa envelopper par ce baiser passionnel.

Ils étaient en train de se rendre cette passion, pendant combien de temps ? Ils l’ignoraient, le temps semblait s’être arrêté pour eux.
Puis, pour reprendre leur respiration, ils durent s’arrêter.
Reprenant chacun leur souffle, elle était dans ses bras et elle n’osait pas le regarder dans les yeux.
Les joues roses, la respiration saccadée, le coeur battant à tout rompre.
Il souleva le menton fin d’Alexandra avec ses doigts et chercha son regard.

— Est-ce que… ça va… ?
Demanda t-il, les joues légèrement roses et inquiet. Sa poitrine se gonflant au rythme de sa respiration.

Elle avait si honte, honte d’avoir apprécié ce moment, elle ne savait pas quoi en penser.

— Je… Chris…
Bafouilla t-elle. Elle pensait à lui, elle ne trouvait pas ça correct vis à vis de Chris.

Il l’arrêta en posant un doigt sur ses lèvres.

— Oublie le, rien que pour aujourd’hui… est-ce que tu as envie de plus… avec moi… ?
Osa t-il formuler.

Entendre le nom de Chris à ce moment précis lui avait resserré le coeur, mais il savait qu’il ne pouvait pas lutter contre leur relation. Tout ce qu’il demandait, c’était un moment privilégié avec elle, rien qu’une fois. Peut-être qu’il arriverait à passer à autre chose, après cela. Peut-être pas, mais il aura essayé.

— Pardon…
S’excusa t-elle.

Il avait raison, c’était malvenu de sa part de mentionner Chris alors qu’ils venaient de passer un instant intense, complice. Elle se sentait idiote. Elle ne lui avait jamais laissé l’occasion de tenter quelque chose. Elle ne le remarquait que maintenant. Il avait des sentiments pour elle, comment avait-elle pu être aveugle à ce point. Et elle n’y était pas indifférente, du moins, pas physiquement.
Pourquoi pas essayer… ? Qu’avait-elle à perdre de lui laisser cette chance… leur laisser une chance, rien qu’une fois ?

Perdue dans cette réflexion, Gabriel pensa qu’elle venait de décliner son invitation. Il ne laissa pas entrevoir sa déception.
Un soupir silencieux, il remarqua qu’elle était plongée dans ses pensées, mais elle était restée dans le creux de ses bras, les mains posées sur sa poitrine, elle réfléchissait. Il profita de chaque dernière seconde qu’il pourrait la serrer ainsi dans ses bras, attendant qu’elle émerge et qu’elle prononce sa sentence de manière plus formelle.
Après tout, il avait été trop gourmand, il aurait souhaité plus avec elle, juste une fois, il avait été idyllique.

Comment formuler de manière pas trop gênante son envie de plus avec Gabriel ?
Elle sentait le sang monter à ses oreilles.
Elle resserra le tissu de vêtement de Gabriel qui commençait à devenir moite entre ses mains, elle releva légèrement son visage pour le regarder en face, cela lui demanda beaucoup de courage.

— Je… d’accord…
Balbutia t-elle

Gabriel ne comprit pas tout de suite.
Il écarquilla les yeux.

— Que… pardon ? D’accord pour quoi… ?
Demanda t-il pour être sur d’avoir bien interprété ses paroles.

— Je… plus… avec toi… ?
Elle avait l’impression de mourir de honte.

Gabriel n’en croyait pas ses oreilles.

— V-vraiment ?
S’écria t-il, sans cacher sa joie dans sa voix.

Cela surprit Alexandra qui prit du recul, et avec maladresse, elle faillit perdre l’équilibre et tomber en arrière. Gabriel la rattrapa.

— Hop là. Je ne vais pas te laisser t’éloigner de moi tout de suite.
Sourit-il, comme si c’était le plus beau jour de sa vie.

— Pour commencer, que dirais-tu d’un bon bain pour nous décrasser… ?
Proposa t-il, en la regardant de haut en bas, ainsi que lu-même.

Ils avaient transpiré pendant leur entraînement et ils étaient recouverts d’une fine couche de sable du terrain sur lequel ils se trouvaient.
La sueur avait collé le grain et la poussière de terre sur leur peau et sur leurs vêtements.
Ils réunirent leurs affaires et se rendirent normalement, en marchant côte à côte comme ils auraient eu l’habitude de faire, en arpentant les couloirs.
Gabriel affichait un sourire radieux, et elle n’avait pas le souvenir de l’avoir vu aussi joyeux.
Elle allait se rendre dans la salle d’eau commune lorsqu’il lui tint la main pour la tirer vers lui.

— Je t’emmène dans ma salle de bain privée.
Lui murmura t-il, au creux de l’oreille.

Elle rougit aussitôt.

— Je ne veux pas être dérangé et je compte bien savourer ce moment avec toi…

Elle préféra garder le silence et le suivre. Elle ne savait pas quoi dire. Son coeur battait de manière saccadée dans sa poitrine. Elle n’avait pas peur, elle ne savait pas ce qui allait se passer mais ils allaient se retrouver seuls, dans leur intimité.
Elle appréhendait, un peu. Il n’était pas du genre à la forcer à faire quelque chose qu’elle ne voudrait pas, mais elle ne savait pas comment il pouvait réagir. Elle avait un doute sur son comportement en privé.
Elle imaginait le pire, mais elle avait envie de lui faire confiance. Le temps qu’ils se rendent dans sa chambre où se trouvait la salle de bain, la tension était retombée.

Ils empruntèrent la porte du bureau, pour éviter d’attirer l’attention sur eux plus que nécessaire.
La chambre se trouvait juste à côté et une porte permettait d’y accéder.
Il l’y invita et lui proposa de se rendre directement dans la salle de bain.
Elle était très spacieuse, presque trop.
Il y avait une baignoire qui pouvait contenir le corps de Gabriel sans qu’il ne s’y trouve à l’étroit. Ce qui était déjà un grand format.
Une douche à l’italienne était également présente, assez grande pour que Gabriel puisse se sentir à l’aise sans toucher les murs ni la vitre qui servait de séparation.

Il referma les portes et verrouilla celle de sa chambre.
Il tira légèrement les rideaux des grandes fenêtres à son passage, ne laissant qu’un léger filet de lumière éclairer la pièce, créant une douce atmosphère.
Il commença par retirer son haut, laissant voir son torse nu.

Elle fut prise au dépourvu et elle détourna le regard, gênée. Elle l’avait déjà vu, son torse avec des bandages lorsqu’il s’était retrouvé à l’infirmerie, mais cette fois-ci, il n’y avait pas de bandages.

Il fit comme si de rien n’était, il n’était pas pudique, il s’était avancé vers la vasque pour se déshabiller entièrement, laissant ses affaires au sol. Dans le miroir il vit et observa la gêne d’Alexandra, d’un air amusé.

Elle pensait qu’il s’observait et elle en avait profité pour regarder un peu plus dans les détails la musculature de Gabriel. Sa peau était claire, parsemée de quelques anciennes cicatrices. Elle était surtout impressionnée par sa carrure, ses épaules larges et sa taille si imposante. L’éclairage de la salle de bain ainsi que sa position, accentuaient le relief que dessinaient ses muscles.

Il voyait que son corps ne la laissait pas indifférente et il appréciait cela.
La voyant immobile, timide, il se déshabilla complètement et fit couler le bain.

— Est-ce que tu comptes te laver toute habillée… ?
Demanda t-il innocemment, sur un ton moqueur.

Il était à l’aise avec son corps nu et cela se voyait.
Elle sortit de sa contemplation, et embarrassée, n’osa pas répondre à sa question. Elle grommela quelque chose d’incompréhensible avant de se déshabiller à son tour. Elle fit un tas avec ses vêtements.

Gabriel était de bonne humeur, il se glissa dans la baignoire en attendant que l’eau chaude la remplisse, il y versa quelques produits pour embaumer la pièce d’une agréable odeur ainsi que de faire apparaître de la mousse à la surface de l’eau.

— Je prends d’habitude une simple douche mais je pense qu’un bon bain risque de nous faire le plus grand bien.
Expliqua t-il, allongé de tout son long, de manière très détendue.

Il avait fermé les yeux.
Elle était maintenant nue, les cheveux attachés grossièrement pour éviter de les mouiller, elle l’observait encore, sans oser le rejoindre.
Elle attendait.

Il remarqua qu’elle ne faisait plus aucun bruit, et lorsqu’il ouvrit les yeux, il la vit dans son plus simple apparat, à attendre, gênée. Cela lui était inhabituel. Elle était d’habitude si confiante, si sure d’elle.
Son coeur fit un tour dans sa poitrine.
C’était la première fois qu’il la voyait nue et il en était retourné. Son corps si frêle en comparaison du sien, elle était pourtant musclée et loin d’être maigrichonne, mais il y transparaissait en cet instant précis, une certaine vulnérabilité.
Sa poitrine généreuse et ferme qu’elle ne savait comment cacher sans paraître pudique, sa cicatrice la plus marquée au niveau de son abdomen.
Il ne devait pas se laisser aller, il devait réagir et ne pas avoir l’air d’un idiot la bouche ouverte et perdre ses moyens.
Il n’était pas né de la dernière pluie.

— Viens, ne reste pas là, tu vas attraper froid. L’eau est à bonne température, enfin j’espère.
Dit-il, en lui faisant une place dans la baignoire.

Elle se pressa et enjamba la baignoire pour se glisser dans l’eau, dans sa précipitation, son pied glissa au fond de la cuve qui était déjà remplie d’un fond d’eau, et elle tomba, torse contre torse contre Gabriel qui ne sut comment réagir.

— Eh bien, attention là !
S’exclama – il.

— J-je, pardon… !!!
Alexandra perdait ses moyens. Morte de honte, elle ne savait plus où se mettre.

— … Tu ne t’es pas fait mal ? Ça va… ?
Demanda t-il, plus inquiet pour elle que pour lui.

Elle s’était affalée sur lui, et elle n’osait plus bouger, de peur de le toucher à un endroit où il ne faudrait pas.
Il l’aida à se relever en la prenant par ses mains et elle se cacha derrière la mousse, de l’autre côté de la baignoire.

— Ce n’est pas grave, tu sais… ?
Sourit-il.

La baignoire étant assez remplie, il coupa l’arrivée d’eau.
Elle n’osa pas parler, ne sachant pas quoi dire ni quoi faire.
Il lui tendit sa main.

— Approche, je ne vais pas te manger. Laisse moi te laver le dos.
Lui proposa t-il, tout simplement.

Elle posa sa main dans la sienne, il la rapprocha doucement et il posa un baiser sur ses phalanges.
Cela la surprit. Il avait des manières de prince, elle ne pensait pas et en même temps ça n’avait rien de surprenant, c’était un prince.
Elle se tourna et il lui frotta le dos avec ses mains savonneuses.
C’était relaxant. Les vapeurs de chaleur, la température chaude parfaite de l’eau, l’odeur douce dans laquelle ils baignaient. Elle réussit à se détendre et être moins crispée.
Elle fit le vide dans sa tête.
Elle fut presque déçue lorsqu’il annonça qu’il avait fini, il s’était effectivement arrêté qu’au dos, comme il l’avait dit.

Il avait remarqué qu’elle était tendue et il cherchait à détendre l’atmosphère. Il souhaitait qu’elle passe un bon moment, qu’elle se sente à l’aise. Il prit les devants, lui proposant de lui laver le dos.
Il s’y tint. Pas de gestes déplacé, il n’avait pas dérapé ou chercher à la toucher ailleurs, même si l’envie était forte. Il sentit sous ses doigts qu’elle avait réussi à se décontracter, ses nerfs étaient moins tendus.
Quand il eut fini, elle tourna son visage vers lui, l’air de lui dire qu’elle en voulait plus, sans le formuler.
Il ne ferait rien sans son autorisation, il esquissa un sourire.

— Je… je peux te laver le dos… aussi.
Dit-elle, à demi-mot.

Il ne s’y attendait pas. Il pensait qu’elle lui demanderait de continuer, et il resta quelques secondes à la regarder, avant d’accepter et de se tourner à son tour.
Il essaya de se remémorer à quand remontait la dernière fois qu’on lui avait frotté le dos. Perdu dans ses pensées il se laissa porter et profita de l’instant.

Son dos était encore plus imposant de près, elle ne pouvait pas être plus près sauf si elle collait son visage contre sa peau.
Elle attrapa un savon qu’elle frotta entre ses mains, puis le reposa avant de s’attaquer à la surface en face d’elle. Elle put sentir entre ses doigts chacun de ses muscles, même détendus.
Elle se fit la remarque qu’elle avait peut-être sous-estimé Gabriel. Il était peut-être plus fort et plus discipliné en terme d’exercices sportifs, qu’elle.
Et surtout, quelle carrure. Chris était musclé, mais là, c’était d’un autre niveau.
Puis, elle ne devait pas penser à Chris, pas aujourd’hui.
Elle lui avait promis.

En parlant de Chris, il cherchait sa protégée.
Après être passé sur le terrain où il ne vit personne, il demanda aux employés s’ils avaient vu Alexandra.
Ils ne savaient pas trop mais quelqu’un signala qu’il l’avait peut-être vue accompagner Gabriel à son bureau.
Il y passa, frappant à la porte avant d’entrer, mais ne vit personne. Il ne chercha pas plus loin, en se disant qu’ils étaient peut-être occupés ailleurs.
Si elle était avec lui, c’est qu’elle devait être en sécurité.
Il s’en alla, sans chercher plus en profondeur.

Pendant ce temps là, ils étaient encore dans la baignoire et Alexandra commençait à avoir la peau fripée. Elle s’était savonnée partout et s’était rincée, prête à sortir de l’eau.
Gabriel fit de même, se levant, il attrapa deux grandes serviettes, il en tendit une et enveloppa Alexandra dedans.
Il était d’excellente humeur, la taille de la serviette était faite pour Gabriel et elle était trop grande pour Alexandra. Elle avait presque disparu en s’enroulant dedans. Il souriait, amusé par cette vision.
Elle boudait un peu, n’appréciant pas qu’il se moque d’elle.
Gabriel s’essuya sans aucune gêne de montrer son corps nu, mais elle se tourna et s’essuya sans montrer le sien, et resta cachée, emmitouflée dans la serviette en attendant, ne sachant pas quoi faire ensuite.
Il posa sa serviette après avoir fini, et attrapa Alexandra pour la porter, dans sa serviette.
Elle poussa un petit cri d’étonnement, ses pieds quittèrent le sol et Gabriel la porta comme une princesse jusqu’au lit, où il la posa et le drap de la serviette s’ouvrit, laissant découvrir le corps nu d’Alexandra.
Il la surplombait, contemplant cette personne avec admiration, pour ne pas trop la gêner, son regard se plongea ensuite dans ses yeux.

— Je n’ai pas les mots pour décrire à quel point tu es magnifique…
Dit-il, avec émotion.

Elle essaya de cacher son visage cramoisi avec ses mains, détournant tout de suite son regard. Elle ne savait pas quoi répondre ni quoi dire.
Gabriel avait également les joues rosies, il n’avait pas l’habitude de prononcer ces mots et la voir aussi embarrassée par ses paroles, il en avait le coeur attendrit.
Il voyait qu’elle n’était pas à l’aise, et il ne voulait surtout pas la brusquer ou la forcer, ne surtout pas détruire le peu de relation qu’il avait avec elle.

— Je… est-ce que je peux t’embrasser… ?
Demanda t-il, avec une crainte dans sa voix, il savait qu’elle pouvait refuser, et sur ça, il n’y pourrait rien.

Ce qu’il ne souhaitait pas, c’est qu’elle passe un mauvais moment.
Contre toute attente, elle acquiesça, timidement, même si elle cherchait à se cacher dans un trou.
Cette fois-ci, il y alla avec beaucoup plus de douceur, comme s’il avait peur de la briser, toute sa tendresse réunit dans ce geste, il posa sa paume sur sa joue et la dirigea lentement pour que ses lèvres puissent se poser sur les siennes.
Il prenait son temps, il savourait cet instant.

Elle sentait la chaleur de sa main sur son visage, il tremblait d’une manière presque imperceptible, elle arrivait à ressentir ses craintes, sa main était légèrement moite. Cela l’étonna.
Elle avait cette image de Gabriel sûr de lui, bourré de confiance, imperturbable. Était-ce la même personne qu’elle avait maintenant en face d’elle.
Elle ne faisait pas non plus la fière, et qu’ils soient tous les deux dans cette situation, elle eut envie de le rassurer.
Elle posa sa main sur la sienne, pour l’encourager, et la serra pour lui donner confiance.

Il ne devait pas avoir peur. Ils étaient tous les deux adultes et conscients de ce qu’ils faisaient.
Ils avaient d’autant plus rien à se reprocher parce qu’ils étaient mariés, sur le papier.
Ce geste de la part d’Alexandra, le rassura.

Ils avaient le visage proche l’un de l’autre et sa respiration tiède contre les lèvres d’Alexandra avant que la distance soit complètement réduite, ce fut un baiser tendre, timide, empli de craintes qu’elle ne l’accepte pas.
Elle lui rendit aussitôt, entrouvrant ses lèvres pour l’inviter à ne pas se retenir.
Il cueillit son invitation, à bras ouverts, tout en se contrôlant, il y alla progressivement, et ils commencèrent à trouver leur rythme de croisière.

Elle se laissait porter par ses émotions, elle avait envie de son corps, il y avait quelque chose en lui qui la rendait folle. Sa manière de l’embrasser n’arrangeait rien.
Elle avait toujours fait taire cette petite voix en elle qui était attirée par Gabriel, et elle se rendait compte aujourd’hui, qu’elle pouvait, rien qu’aujourd’hui, laisser cette partie d’elle faire ce qu’elle voulait.
En ce moment, il n’y avait que lui qui existait.

— Ne t’inquiète pas, je prends mes précautions.
Avait-il murmuré, en s’arrêtant un instant et la regardant sérieusement.

— Je ne suis pas inquiète.
Avait-elle répondu, en le regardant droit dans les yeux.

Il utilisa sa magie et fit apparaître un halo translucide autour de son érection.
Elle regarda ça avec surprise, elle n’osa pas formuler sa question de savoir ce qu’il faisait.
Il remarqua sa réaction.

— C’est la première fois… ?
— Eh bien… je l’ai déjà fait avec Chris… mais…
— Ah… évidement…
— Je suis désolée, je ne voulais pas-
— Non non, je veux dire. Il utilise l’ancienne méthode. Lorsqu’on sait utiliser la magie, on a pas besoin de « préservatif ». D’ailleurs, j’imagine que personne ne t’a enseignée cette technique pour…
— Q-quoi… ?!
— Ok, on va garder ce cours pour une autre fois.
— D’accord…

— Est-ce que je peux… ?
Demanda t-il, en s’approchant d’elle.

Elle acquiesça, timidement. Elle n’avait pas fait attention à la taille de son membre, mais maintenant qu’elle lui faisait face, elle voyait et appréhendait sa dimension. Proportionnel à la carrure de Gabriel, elle avait un peu peur.

Il la caressa et introduisit un doigt pour vérifier qu’elle était prête. Elle réagit aussitôt. Elle était légèrement humide et elle se contracta.

— Je te promets d’y aller doucement.
Dit-il en la regardant droit dans les yeux.

Il voyait son appréhension, même si elle était fière et ne voulait pas l’avouer de vive voix.
Il retira son doigt, aussi lentement qu’il l’avait fait entrer. Elle laissa échapper un soupir de plaisir.
Il l’embrassa à nouveau, posant ses lèvres sur tout son corps, et de ses mains il enveloppa sa poitrine généreuse. Il descendit pour la goûter, ouvrant ses cuisses pour lui laisser la place d’accéder à son intimité.
Elle se cachait derrière ses bras, mais ne lui empêchant pas de lui offrir ce plaisir.
Il réussit presque à lui faire atteindre l’orgasme rien qu’avec sa langue et ses doigts, il s’arrêta lorsqu’il comprit qu’elle était assez prête pour l’accueillir.
Il s’essuya la bouche sur un bout de serviette qui était encore sous elle.
Plutôt fier de lui, de la voir totalement démunie, de lui avoir procuré un certain bien-être.
Elle était complètement détendue.
Gabriel prit une fois de plus les devants et s’approcha d’elle, la surplombant.

— Je vais…
Dit-il, pour la prévenir.

Elle l’empêcha de parler en l’embrassant avec passion.
Il ferma les yeux, savourant son baiser, il attrapa ses hanches d’une main et de l’autre, il guida son membre pour la pénétrer sans difficulté, malgré sa taille, il y alla avec toute la douceur possible en son pouvoir.
Elle ne se laissa pas guider, et ne lui laissa pas tout le contrôle, alors qu’il essayait de la ménager, elle bougea son bassin pour l’avaler plus rapidement, s’arrêtant parfois pour reprendre son souffle, pour profiter des sensations qu’elle ressentait en elle.
C’était différent, elle l’avait déjà fait mais c’était tellement différent avec Gabriel.
Elle étouffait ses propres gémissements.

Il fut surpris qu’elle prenne l’initiative, qu’elle bouge de sa propre volonté sur lui, il la sentait se contracter, sa chaleur, son humidité tout autour de lui, c’était un délice. Il ne se souvenait plus de la dernière fois qu’il avait pu goûter à cela. C’était il y a bien trop longtemps, et il était presque heureux d’avoir préservé cela pour la seule personne qui comptait à ses yeux aujourd’hui.
Il la laissa faire, aller à son rythme, profitant de ce qu’elle était en train de lui faire subir, un doux supplice.
Il se contrôlait, il voulait que cela dure.

Elle gesticulait sous lui, elle avait posé ses mains sur ses avant bras, les serrant avec poigne, elle se maintenait ainsi pour pouvoir bouger son bassin avec plus de facilité.
Il laissa également échapper quelques gémissements.
Elle ne s’arrêta pas, au rythme de son déhanché, elle finit par l’avaler tout entier, ils poussèrent un râle en même temps lorsqu’elle réussit à l’engloutir en elle.
Elle était moins réservée qu’au début et elle n’hésita pas à prendre ce genre d’initiative.

Il l’empêcha de continuer, souhaitant également prendre les devants, il attrapa ses mains pour entrelacer ses doigts avec les siens, et il l’empêcha de se mouvoir, c’était à son tour de jouer.
Il prit contrôle de la situation et la voir prendre autant de plaisir était une satisfaction en soi.
Il voulait que sa première fois avec elle soit parfaite, et surtout, que ce soit agréable.
Au vu de ce qu’il entendait et de la manière dont elle se tortillait sous lui, ce n’était pas un échec.
Il la sentit se contracter plus fort, et ressentir des frissons à son contact. Elle avait jouit et il ralentit lentement la cadence pour l’embrasser et lui demander si ça allait.

Les joues rouges, elle fronçait des sourcils.
Elle semblait contrariée et Gabriel s’en inquiéta.
Elle était vexée parce qu’elle avait trouvé cela trop bon.
Elle reprit son souffle et elle se releva pour s’asseoir sur lui, alors qu’il était lui-même assit sur le lit.

Il l’accueillit à bras ouvert, se demandant ce qu’elle comptait faire.
Lorsqu’il la sentit le chevaucher, il attrapa ses hanches pour l’empêcher d’aller trop vite.
Il avait failli jouir lui-même, lorsqu’elle avait atteint l’orgasme. Même s’il se contrôlait, cela faisait bien trop longtemps qu’il n’avait pas goûté au plaisir de la chair.
Elle l’embrassa de nouveau, passant ses doigts dans la chevelure de Gabriel et lui caressant la nuque.
Il se laissa aller et ce fut terminé.

Il allongea sa partenaire délicatement dans le lit et se coucha près d’elle.
Ils se regardèrent, tous les deux allongés sur le côté, sans trop savoir quoi dire.
Essoufflés, il prit la main d’Alexandra pour l’embrasser et la remercier. Il tira la couverture pour la couvrir.

— J’espère que tu as apprécié…
Murmura t-il.

Elle acquiesça sans un mot, resserrant son étreinte dans la main de Gabriel pour le rassurer.
Ça avait été un moment magique, cependant elle était perdue. Qu’allait-il se passer après ça ?
Était-elle amoureuse de Gabriel ? Elle ne savait pas. Elle commençait à avoir de l’affection pour lui mais elle ignorait si c’était de l’amour. Elle savait maintenant qu’elle avait une attirance physique pour lui. Cela n’arrangeait pas son cas.
Allaient-ils continuer à se voir juste pour coucher ensemble ? Est-ce que cela changerait leur relation ? Elle ne savait pas.

2021.12.15

Explosion

Le temps passé au château de Gabriel était finalement pas si désagréable.
Elle avait commencé à apprécier cet endroit, ces gens, et même commencé par avoir ses petites habitudes.
Chris l’accompagnait toujours, il était plutôt agréable de pouvoir passer du temps avec lui sans avoir son père sur le dos. Elle était un peu pudique de ses relations privées et chez Gabriel, elle pouvait profiter de passer du temps intimement avec Chris, tout en restant discrète en public.
Le personnel se doutait de quelque chose mais n’osait pas en parler.

Gabriel lui avait conseillé vivement de se former chez lui. Il avait des combattants et professeurs qui pouvaient l’encadrer pour qu’elle s’améliore, de plus il avait senti son potentiel en magie inexploité.
Il avait de très bons mages dans son domaine qui pouvaient lui servir d’enseignants.

Alexandra accepta après réflexion. Il avait raison.
Elle était à peu près au même niveau que les meilleurs combattants dans son propre domaine, et elle savait qu’en terme de magie, personne n’avait pu l’encadrer correctement pour cet apprentissage. Son père étant trop pris par son emploi du temps.
Elle ne maîtrisait qu’une infime partie de sa réserve de potentiel, ce qui était déjà pas mal mais pas assez pour se défendre convenable ou attaquer quelqu’un.
À vrai dire, elle en avait peur. Elle se souvenait de son utilisation inconsciente lorsqu’elle était plus jeune, c’était dangereux. Ses pouvoirs se manifestaient lorsqu’elle perdait le contrôle de ses émotions.
Depuis qu’elle était près de son père, qu’elle l’avait rejoint, elle n’avait pas été confrontée à des situations fortes de colère.
Son père avait essayé de la protéger du reste.

Elle avait accepté, timidement.
L’offre généreuse de Gabriel de la laisser étudier le combat et la magie chez lui, un peu craintive, de peur d’être une gêne, de mal se comporter, mais surtout d’être seule et livrée à elle-même.

Chris l’avait épaulée et lui avait assurée d’être à ses côtés. C’était son serment et il voulait assurer également sa sécurité.
L’autre prétexte, étant que cet entraînement et formation ne pouvaient pas non plus lui faire de mal.
Son ego en avait pris un coup lorsqu’il l’avait vue rapidement progresser et se retrouver coude à coude avec elle en terme de niveau. Elle avait lentement mais assurément réussi à le dépasser en force et en capacité de combat, elle ne s’en était peut-être pas rendue compte, mais il était de moins en moins en position de la protéger.
Elle avait la tête dure et forte, elle essayait de se positionner pour le protéger, quelque soit sa force.

Ainsi, ils se retrouvaient à dormir dans le même lit, encore une nouvelle fois, chez Gabriel.
Gabriel n’avait aucune raison de les en empêcher et il avait eu une discussion avec Chris concernant cette relation. Il était au courant mais laissait volontairement planer le doute. Il était plus pratique qu’ils dorment dans la même chambre pour assurer sa sécurité.
C’était la raison officielle.

Alexandra dormait à poings fermés, aux côtés de Chris. Collée légèrement contre lui, elle était aux pays des songes.
Les journées étaient remplies, même si cela pouvait s’apparenter à des vacances, elle était occupée une majeure partie de son temps à être sur le terrain, Chris l’accompagnant et profitant des enseignements.
L’autre partie du temps, lorsque la météo ne leur permettait pas de pratiquer en extérieur, les leçons de magie prenaient place et elle apprit à ses dépends à quel point la pratique des arcanes était gourmande en énergie. Ce sont ses professeurs qui furent surpris et impressionnés par son énorme réservoir magique, ils le gardèrent pour eux, parce qu’à ses yeux, elle ne se rendait pas compte de son potentiel, elle ne voyait que sa faiblesse à ne pas réussir à maîtriser cet art.
Chris ne possédait aucune prédisposition à la magie, il ne pouvait qu’observer et admirer.

Cette nuit là, Chris sentit un danger, son sommeil était plus léger et il avait moins besoin de se reposer.
Une présence avait pénétré la barrière.
Ce n’était pas sa barrière magique mais il sentit la différence de l’intrusion. Ils étaient plusieurs.
Alexandra s’était écroulée de fatigue et rien ne semblait perturber son sommeil, la tête bien enfoncée dans l’oreiller, la bouche ouverte, allongée sur le ventre. Chris dut se résoudre à la réveiller.
Une main la secouant gentiment sur son dos, il essaya d’y aller le plus doucement possible pour qu’elle ne panique pas.

— Hmm… ?
Gémit-elle, au bout de quelques minutes.

Il n’eut aucun besoin de lui expliquer la situation, à peine elle émergea de son sommeil qu’elle perçut le danger. Quelque chose n’allait pas.
Elle ouvrit aussitôt ses yeux, et se tourna vers Chris.
Ils s’échangèrent le temps d’un regard qu’ils surent quoi faire.
Chris dormait avec un Marcel et un simple caleçon, tandis qu’Alexandra portait ce jour-ci une robe longue aux bretelles fines sans aucun sous-vêtements.
Ils n’avaient pas le temps de faire de chichis sur leur tenue.
La lumière étant éteinte, ils n’étaient éclairés que par une faible lueur de lune qui s’infiltrait entre les longs et épais rideaux des immenses fenêtres.
Ils sautèrent silencieusement en dehors du lit, et se dirigèrent vers la porte pour quitter la chambre.
Avant de l’ouvrir, ils chuchotèrent quelques mots.

— Gabriel est en danger. Je sens qu’ils sont plusieurs à avoir pénétré le bouclier.
— Fais attention, ne te précipite pas.
— Je sais, je te laisse prévenir les autres s’ils ne sont pas déjà au courant, je m’occupe de Gabriel. J’ai un très mauvais pressentiment.
— Ok, mais pas de risques inutiles, compris ? On se retrouve le plus vite possible.
— T’inquiète, je risque rien, toi aussi fais attention !

Ils ouvrirent la porte lentement en prenant soin de vérifier que personne n’était dans le couloir.
Ils sortirent sans un bruit et refermèrent derrière eux. Ils avaient pris soin de refaire le lit en cachant les oreillers sous la couverture pour leurrer les ennemis s’ils venaient vérifier.
La moindre seconde gagnée était utile.
Avant de se séparer, ils n’eurent pas besoin de se dire plus. Ils se faisaient confiance.
Chris partit dans une direction, et Alexandra prit l’autre, se dirigeant vers la chambre personnelle de Gabriel. Il faisait nuit et les luminaires dans le couloir étaient en basse consommation, un faible halo s’en dégageait pour éclairer juste suffisamment les lieux sans éblouir les nocturnes.

Elle courait pieds nus sur la moquette luxueuse qui étouffait ses pas. La chambre n’était pas loin.
Arrivée devant la porte, elle hésita.
Les couloirs étaient encore vides mais elle sentait le danger tout autour, à l’extérieur mais les présences se rapprochaient.
Peut-être même qu’il y avait un intrus dans la chambre, déjà.
Elle se positionna sur le côté, et frappa à la porte, en tâchant de ne pas rester devant.
La porte s’entrouvrit seulement.
Elle était du côté des gonds et elle ne réussit pas à voir s’il y avait quelqu’un à l’intérieur.
Elle poussa la porte pour l’ouvrir tout en restant à couvert.
La faible lumière du couloir ne permettait pas de voir correctement dans la chambre même avec la porte grande ouverte.
Alexandra trouva beaucoup trop dangereux d’entrer dans la pièce, elle n’eut pas le temps de réagir ni de réfléchir à une alternative.

Quelqu’un en sortit et elle se mit tout de suite sur ses gardes, prête à se défendre ou attaquer.
La personne se jeta sur elle. Elle réussit à éviter de peu, mais elle fut attrapée par ses vêtements et ils se retrouvèrent à terre, elle essaya de garder le contrôle et se dégagea pour se retrouver sur la personne, qui était très imposante, ce détail aurait dû lui mettre la puce à l’oreille.
Elle se retrouva sur le dos, les mains bloquées.
La vision du monde cessa de bouger et le souffle court, elle eut le temps de le reconnaître.

— Gabriel ?!
— Alexandra ??

S’exclamèrent-ils en chuchotant, en même temps

— Tu fous quoi ici ?!
— J’étais… je. Tu vas bien ?
— Comme tu peux le voir.
— Est-ce que… tu peux me relâcher… ?

Gêné, il lâcha son emprise et l’aida à se relever d’un seul geste.

— Ça va pas de venir comme ça… ?!

Ils continuaient de chuchoter, les lumières valsaient légèrement dans le couloir, projetant en partie leur ombre sur les murs et le sol.
Il referma la porte de sa chambre et posa ses mains sur la tête, comme s’il avait une énorme migraine.
Alexandra se massa les poignets et remit sa robe en place.

— Tu…
S’inquiéta t-elle, en cherchant son regard.

— Si tu es là… c’est que tu as senti le danger ?
— Oui… Chris est parti réveiller les autres.
— Bien… par contre… toi… ! Tu ne devrais pas être ici !
— Comment ça ?! Je suis venue voir si tu étais en danger ! Ils en ont après toi, c’est certain !
— Raison de plus ! Tu devrais être avec Chris.
— Il n’a pas besoin de moi, et tu devrais me remercier, je suis venue t’aider.
— Super…

Il leva les yeux aux ciel.

— On a pas mieux à faire à part s’engueuler… ?!
Demanda t-elle, en soupirant.

— … Tu as raison. Puisque tu es là… allons-y.
— Où ça… ?
— On va les déloger de leur cachette. Je vais leur faire regretter d’avoir osé franchir ma barrière.

Il se mit à marcher puis à courir.
Un T-shirt à manches courtes foncé, avec un pantalon long et léger, il était pieds nus comme elle.
Il sentait leur présence faiblement, mais il savait qu’ils étaient proches, il ne savait plus si c’était lui qui cherchait à les traquer ou l’inverse.
Elle ressentait vaguement leur présence mais elle avait senti cette inquiétude, le danger se rapprochait et elle n’aimait pas ça. Elle essayait de garder une certaine proximité avec Gabriel pour pouvoir le protéger.
Il savait qu’elle avait ressenti la même chose. Ils étaient en train de perdre le contrôle de la situation.

Il attrapa Alexandra à une intersection et la força à le suivre. Tout se déroula rapidement.
Il la serra entre ses bras et se rangea dans un renfoncement de mur à l’intersection du couloir.
Faisant apparaître un bouclier autour d’eux.
Ils étaient dans l’ombre et personne ne pouvait les voir.
Le bouclier permettait d’effacer leur présence.
Il posa sa paume sur la bouche d’Alexandra, faisant attention à ne pas l’empêcher de respirer.
L’effet fut immédiat.
Des silhouettes apparurent dans le couloir, à leur recherche.
Ils ne prononcèrent pas grand mots et ils repartirent aussitôt.
Ils purent deviner leur présence s’éloigner et s’estomper.
Il retira sa main.

— Excuse moi, ça va ?

Elle hocha la tête sans oser prononcer le moindre mot.

— ils sont collants… je voulais m’assurer de combien ils étaient avant de nous dévoiler.

Elle acquiesça silencieuse.
Il l’avait serrée tellement fort entre ses bras, elle avait sentit son coeur battre contre son corps.

— Ils vont le regretter. S’ils me cherchent, ils vont me trouver…
— Hors de question que tu y ailles seul. Je viens t’aider.
— Ok… c’est vrai que tu as fais des progrès, j’ai vu de mes propres yeux. Il est possible que j’ai besoin d’une petite assistance…

— … On va dire ça…
Dit-elle boudeuse.

Il avait l’art et les mots de la contrarier.
Il sourit.

Il choisit un endroit plus avantageux pour lui pour les faire apparaître. Une embuscade inversée.
Ils était nombreux mais pas autant qu’il ne le pensait.
Les autres gardes furent attirés au même endroit par le chahut, Chris observait de loin, et ils interviendraient lorsque cela serait nécessaire.
Lorsqu’ils virent les intrus griller leur couverture et leur cachette, ils se précipitèrent pour les mettre hors d’état de nuire.
Laissant que ceux qui étaient assez forts pour se mesurer directement à Gabriel.

Alexandra était cachée dans le décor et sous des feuillages, et elle apparut lorsqu’on chercha à toucher Gabriel. Elle couvrait ses arrières.
Les ennemis s’échangèrent un regard complice et entendu avant de se disperser.
Ils se rendaient compte que leurs coéquipiers étaient en train de se faire prendre chacun leur tour.

Gabriel avait l’avantage, ce n’était qu’une question de temps avant de les débusquer.
Quelque chose le dérangeait.
Ils n’avaient pas été très violents, ni très forts, ils étaient sur la défensive et très prudents.
Depuis le début, Alexandra avait été à ses côtés, elle avait fait de son mieux pour le protéger, couvrant ses arrières, et il pensait qu’elle avait joué un rôle important pour qu’il n’ait ressenti aucune difficulté lors des combats, mais un pressentiment lui faisait penser que c’était beaucoup trop simple.
Il se doutait que même sans l’aide d’Alexandra, il s’en sortirait sans encombre.

Quelque chose d’étrange ne collait pas, ils avaient cherché à les séparer mais ils avaient su rester groupés. Ceci semblait cohérent, mais si, si en réalité les ennemis en avaient après elle et pas lui ?
Cela semblait anodin, pour quelle raison ils auraient cherché à attaquer Alexandra plutôt que lui ?
Non, ils visaient bel et bien Gabriel, alors pourquoi n’étaient-ils pas plus virulents dans leurs attaques ?
Comme s’ils cherchaient à jauger sa force.
Il se faisait peut-être des idées. Il réfléchissait peut-être trop. Il devait rester concentré.

Ses gardes cherchaient déjà les cachettes potentielles des ennemis.
Une autre attaque surprise survint.
De la fumée envahit les alentours, une couche de poussière, Gabriel avait invoqué une bulle barrière pour s’en protéger, Alexandra en avait fait de même.
Cependant, elle n’avait pas réagit à temps, une infime partie avait été inhalée.
Elle bloqua sa respiration aussitôt, elle devait quitter cette zone.
Gabriel la vit et comprit, elle dut s’éloigner de lui, rejoignant un espace proche de Chris et des autres, même s’ils étaient loin.

Elle put annuler son bouclier et respirer de l’air pur.
Elle savait que cette fumée n’était pas bonne pour elle, son côté humain ne la supportait pas. C’était une faiblesse sur laquelle elle n’avait aucune main prise.
Après avoir repris son souffle, elle était isolée de Gabriel et elle ne l’apercevait presque plus à cause de la fumée restante autour de lui. Cela ne faisait que lui gêner la vue mais c’était déjà assez embêtant.
Elle rageait intérieurement. Elle ne pouvait rien faire pour l’aider dans l’état actuel des choses.
Elle utilisa sa magie, elle essaya de se concentrer pour repousser et souffler la zone de fumée.

Gabriel était resté aux aguets, attendant une offensive de la part des ennemis.
S’il était le seul ciblé par le danger, il était rassuré qu’Alexandra soit à l’écart.
Il vit la fumée se dissiper lentement, elle se faisait déplacer dans une direction. Il crut apercevoir Alexandra effectuer cette action. Il avait encore son champ de protection d’actif et il ne pouvait pas lancer un autre sort en simultané. La magie avait ses limites de concentration.

Elle se concentra pour effectuer cette manœuvre, à peine elle commença qu’elle vit plusieurs silhouettes lui foncer dessus.
Cela l’arrêta net, elle se positionna en mode défense, la fumée qu’elle tentait de dissiper reprit sa place et la bulle de protection de Gabriel qu’elle avait commencé à apercevoir, disparut progressivement à nouveau dans cette épaisse poussière.

Ils étaient trois à foncer sur Alexandra.
Elle fut surprise mais elle réussit à les maîtriser en s’aidant de sa magie, elle avait réussit à les mettre à terre un à un, puis elle mit en application ce qu’elle avait appris lors de ses cours. Un amas de terre qu’elle réussit à former et utiliser pour bloquer ses adversaires au sol, au cas où ils tenteraient de se relever.

Gabriel avait vu les ombres et il comptait retirer son bouclier pour directement aller aider Alexandra, mais il fut intercepté.
Quelqu’un l’attaqua au moment où il décida de bouger.
Il dut se défendre et contre-attaquer, et cela lui fit perdre un certain temps.
Il réussit enfin à faire reculer son adversaire et il put se diriger vers Alexandra.
Il en était presque persuadé, on en avait pas après lui. C’était bien Alexandra la cible.
Il craignait le pire.
Lorsqu’il la vit debout, sur ses gardes mais ayant triomphé des trois intrus, il dut reconnaître qu’elle se débrouillait bien.
Il relâcha un peu ses craintes.

Alexandra fut également rassurée de voir qu’il allait bien. Elle lui fit des gestes avec les mains pour le saluer et lui montrer sa bonne humeur.
Trop tôt.
L’adversaire qu’il avait éloigné, revint vers eux à toute vitesse, et il se déplaça pour arriver par derrière Alexandra, elle n’avait pas eu le temps de le voir.
Il lança la même fumée sauf qu’elle fut plus discrète, rasant le sol, elle ne remarqua pas sa présence, lorsqu’elle en eut conscience, la fumée l’entourait déjà et sa bulle de protection qu’elle invoqua ne fit que la piéger.

Gabriel vit trop tard la stratégie de l’ennemi.
Tout se déroula trop vite devant ses yeux elle était trop loin et il n’aurait rien pu faire.
Lorsque la fumée fut dissipée, il était déjà trop tard.

Elle respira cette fumée qu’elle savait toxique pour elle.
Elle avait été piégée parce qu’elle avait été distraite, baissant sa garde trop rapidement, elle avait été rassurée en voyant Gabriel réapparaître devant ses yeux. Elle ne s’était pas doutée que le combat était loin d’être fini.
Et maintenant, elle était dans sa propre bulle de protection, enfermée avec cette fumée qui était en train d’occuper l’espace. Elle n’avait pas d’échappatoire. C’était soit elle annulait son bouclier, sa bulle, en courant le risque d’être en plein dans la purée de pois, sans souffle. Soit elle restait dans sa propre prison.
L’ennemi la connaissait, ils savaient sa faiblesse, qu’elle était en partie humaine. Ce n’était pas normal.
Il était maintenant trop tard pour réfléchir, l’air lui manquait, elle devait prendre une décision rapidement
Même si c’était risqué, elle retira son bouclier et elle essaya de sortir de là. Elle devait se rapprocher de Gabriel tout en ignorant où il était.
Elle sentait sa présence mais elle n’avait aucune idée de sa position exacte.
Elle avait sous-estimé l’air, et elle respira plus de fumée qu’elle ne le crut, et elle ne se doutait pas de l’effet néfaste que cela aurait sur elle.
Elle toussa, beaucoup trop, et à chaque quinte elle aggravait son cas en inhalant une autre gorgée de fumée.
Elle pensait qu’elle pourrait faire quelques mètres, elle avait été trop optimiste. Même en utilisant sa magie pour tenter de dissiper la traînée autour d’elle, elle ne pouvait pas continuer.
Elle se sentait perdre le contrôle, elle n’arrivait plus à penser, ni à bouger, ses forces la quittait, elle était comme anesthésiée.
Elle s’écroula sur le sol. Elle sentit son corps tomber lentement, presque flotter, elle n’eut pas mal.

La fumée se dissipa presque aussitôt.
Ce qu’elle pensait durer des minutes ne dura en réalité que quelques secondes.

Gabriel fit au plus vite pour arriver aux côtés d’Alexandra mais il la vit s’écrouler au sol, la fumée était partie comme elle était arrivée.
Et l’ennemi était là, à côté d’elle, il regarda Gabriel dans les yeux. Ils n’était qu’à quelques mètres l’un de l’autre.
Il semblait lui dire de ne rien tenter parce qu’il tenait Alexandra, mais il en avait aucune envie. Tout ce qu’il voulait c’était le détruire.

L’intrus comprit rapidement que le chantage ne marcherait pas, il attrapa Alexandra comme un vulgaire sac à viande, sous son bras, et s’en alla aussitôt, sans demander de restes.
Il savait qu’il devait profiter de sa rapidité pour fuir avec l’objet de sa venue. Si jamais Gabriel l’attrapait, il préférait ne pas y penser.

Gabriel se mit à le courser mais il n’était pas tout seul. Les autres ennemis se mirent sur son chemin pour le ralentir et rapidement, il ne put plus continuer et il perdit la trace des ravisseurs.

Gabriel était fou de rage.
Chris et ses gardes n’avaient rien pu faire, ils étaient occupés à d’autres endroits. La stratégie adverse avait réussi.
Lorsqu’ils s’enfuirent tous, laissant Gabriel et tous les autres sans aucune alternative pour avoir une trace de leur provenance.
Il préféra s’isoler, il ne dit aucun mot et s’en alla.

Ses gardes baissèrent tous la tête et savaient qu’il n’était pas de bonne humeur, ils avaient honte de n’avoir pas pu défendre convenablement leur domaine.

Chris ne savait pas comment réagir.
Il n’arrivait pas à croire qu’ils avaient réussi à enlever Alexandra. Il aurait pu s’énerver contre Gabriel, il aurait dû. C’était sa responsabilité de la protéger pendant qu’il était ailleurs, à essayer de défendre ses lieux.
Les autres gardes lui firent comprendre qu’il ne fallait mieux pas qu’il intervienne ni ne fasse quoi que ce soit maintenant. Gabriel n’était pas dans son état habituel et il était déconseillé voir dangereux de le confronter à ce moment.
Chris ne pouvait pas rester les bras croisés.
Il ne frappa même pas à la porte, il l’enfonça et Gabriel la referma derrière lui en claquant.
Les gardes étaient effrayés de ce qu’il pourrait se passer dans le bureau.
Chris ne savait pas par quoi commencer à parler, tellement il était sur les nerfs.
Était-il énervé ou inquiet ? Qu’avaient-ils comme solution pour la retrouver ?
Comment cela faisait-il qu’il avait pu laisser s’enfuir le ravisseur ?

— Je vous faisais confiance !
Finit-il par dire. Les poings serrés, il attendait une réponse.

Gabriel lui tournait le dos et semblait plus que tendu.

— Tu ne me parles pas sur ce ton !
Hurla t-il, en tapant son poing contre la table, faisant trembler tout ce qui se trouvait au dessus.

Il pointa du doigt Chris de son autre main.

— Vous allez faire quoi ?!
Provoqua Chris.

Un rire moqueur dans sa voix, et nerveux.
Qu’avait-il à risquer, après tout ?

— Je pourrais te détruire, ne fais pas le malin avec moi…
La voix de Gabriel grondait.

— Est-ce que ça va ramener Alexandra ?

Gabriel l’empoigna par le cou, et Chris se laissa faire.
Voyant qu’il ne cherchait pas à se défendre plus que nécessaire, Gabriel le relâcha et lui fit de nouveau dos.
Les mains dans ses cheveux, il semblait désorienté.

— Ça ne devait pas se passer comme ça… !!!

De colère, il envoya valser les documents sur son bureau.
Chris l’avait rarement vu perdre contrôle ainsi.
Cela lui fit de la peine et il regretta son comportement.
Après tout, ils étaient sur le même bateau. Il était autant désemparé. Qu’allaient-ils faire d’Alexandra ?!

— Si c’est pour te moquer de moi, tu peux t’en aller…

Gabriel se laissa tomber dans son fauteuil, une main sur son visage, en pleine réflexion profonde. On entendait le désespoir dans sa voix.
Chris s’assit dans une chaise en face du bureau, et baissa la tête.

— Non… on est dans la même équipe. Je veux partir à la rechercher d’Alexandra. Est-ce qu’on sait qui ils étaient ? Quelle est leur planque ? Je vais leur faire regretter d’être venus au monde.

Gabriel rit nerveusement, se moquant doucement de Chris.

— Qu’est-ce qu’il y a de si drôle.. ?
Demanda Chris, perturbé.

— Si c’était aussi simple, je serais déjà en train de les faire disparaître de la surface du globe. Je n’ai aucune information sur eux, ils ont brouillé toutes les pistes remontant jusqu’à eux… ils ont réussi…
— Pourquoi elle ? Quel est leur but ?!
— Qu’est-ce que j’en sais ?! Je ne savais même pas qu’il la visait avant qu’ils ne la séparent de moi !

Le ton entre les deux hommes montait et cela ne faisait pas avancer leur enquête.

— Qu’est-ce qu’on va faire… ?
Finit par demander Chris, à son tour avec les mains dans ses cheveux.

Le visage fixant le sol comme s’il espérait qu’une réponse miracle apparaisse devant ses yeux.

— Je ne sais pas… son père va me tuer, je dois le prévenir…

Chris déglutit et se trouva chanceux que ce fut pas de sa responsabilité de lui en informer. Cependant il savait que cela lui retomberait également dessus.
À quoi servait-il s’il ne pouvait pas la protéger alors que c’était la raison première de sa présence ici ?

— Certains de mes pisteurs sont en train d’essayer de récupérer le maximum d’indices sur le chemin qu’ils ont emprunté avant de perdre leurs traces… je n’y crois pas trop, mais au moins on aura tout mis en oeuvre…

Gabriel était tellement désespéré, Chris eut pitié.
Il essaya de le réconforter.

— On va la retrouver…
Dit-il, pour se convaincre lui-même, également.

*

La quantité de fumée qu’elle avait respiré aurait pu lui être mortelle, mais l’ennemi savait ce qu’il faisait.
Il avait fait exprès de lui en laisser respirer juste assez avant de dissiper le gaz nocif. Juste pour qu’elle perde connaissance.
Il l’avait ramassée et s’était enfuit aussi vite que possible.
C’était leur but. Ils devaient la récupérer et ne pas chercher à se battre parce qu’ils n’avaient pas la force de frappe nécessaire pour les maîtriser. C’était un risque inutile.

Lorsqu’il fut assez éloigné et que les autres qui faisaient diversion réussirent à les rejoindre. Ils s’arrêtèrent dans une clairière.
Il attacha la jeune fille pour l’empêcher de se mouvoir si elle se réveillait, et également pour l’empêcher de crier. Ses yeux furent bandés pour qu’elle ne sache pas où elle se trouve.

— T’es sûr c’est nécessaire, ça ?
— Ne la sous-estime pas, tu l’as pas vue en train de se battre, toi.

Ils ne laissaient rien au hasard et les moindres branches et brindilles furent déposés de manière à ce qu’on ne se doute pas qu’ils étaient passés par là.

Arrivés dans leur base, leur cheffe les attendait.
Alexandra fut jetée dans une chambre servant de prison.
Lorsqu’elle se réveilla, elle était encore attachée, bâillonnée, elle sentait qu’elle était sur une surface moelleuse et en cherchant à se déplacer, elle tomba du lit.
Ses mains étaient attachées dans son dos.
Elle se cogna violemment contre le sol froid et dur.
Elle chercha à tâter les murs de la pièce, trouver la porte et tenter de se détacher mais sans succès.
Lorsqu’elle entendit la porte s’ouvrir, l’air frais et différent pénétra dans la pièce et c’est ce qui la fit douter.
Elle se figea. Elle ne savait pas qui était là, mais elle sentait une présence qui l’observait.
Elle décida de tenter le tout pour le tout. Elle courut vers la porte mais elle fut arrêtée net. D’un coup dans le ventre, elle se plia en deux de douleur et finit par terre.

— Où crois-tu aller, petite ? Ah, c’est vrai, tu n’as plus besoin de ça, normalement.

La voix féminine lui retira sans aucune douceur, la boule qu’elle avait dans la bouche, ce qui eut pour effet de la faire baver.
Alexandra toussa.

— Tu ferais mieux d’être sage si tu ne veux pas souffrir inutilement.
Conseilla la personne avant de s’en aller.

Elle fut emmenée dans un autre endroit, cette fois-ci, elle n’avait plus la force de se battre.
Épuisée, et toujours en lui laissant les yeux bandés.
On l’attacha et on lui lança des décharges électriques dans son corps. Elle pleura et cria mais personne ne semblait l’entendre.

Ils menaient des expériences et elle était la cobaye parfaite. Elle avait un large potentiel de magie et ils le savaient et cherchaient à en tirer parti.
Leur installation devait réussir à utiliser sa réserve et faire en sorte de l’exploiter mais quelque chose tourna mal. Ils avaient sous estimé le taux de magie en elle et au bout de quelques jours, Alexandra avait comme perdu contrôle.
Depuis le début, à chaque décharge qu’elle pouvait recevoir, son corps réagissait et provoquait de la magie autour d’elle. Puis un jour, la magie provoquée en retour ne fut pas complètement prise en charge, des résidus restèrent dans la pièce et, ils finirent par exploser, créant une réaction en chaîne.
L’installation explosa, laissant Alexandra au milieu.
Les dégâts causés furent assez conséquents que les liens qui la maintenaient furent détruits, et elle fut secouée par cette réaction.

Elle avait encore les yeux bandés et lorsqu’elle reprit ses esprits, elle se défit de cette gêne pour pouvoir voir autour d’elle.
C’était un champ de ruines.
Elle paniqua.
Elle n’arrivait pas à croire ce qui c’était passé mais elle savait qu’elle devait saisir cette chance pour s’échapper.
La fumée des machines à moitié détruites aidait également à ce qu’elle puisse s’en aller sans que cela ne se voit.
Elle rampa puis réussit à se mettre debout pour courir et s’éloigner des lieux.
Lors de l’explosion qu’elle entendit plus qu’elle ne vit, des débris de verre avaient pénétré sa peau, dans ses bras, tout son corps étant meurtri, elle ne remarqua pas ces corps étrangers.

Elle marcha un moment, un long moment, elle voulait s’éloigner le plus rapidement possible, qu’ils ne la retrouvent pas mais elle ignorait où elle était.
Combien de temps s’était écoulé.
Elle priait intérieurement : Chris, Gabriel, n’importe qui qui pourrait l’aider, mais elle était réaliste. Elle devait s’en sortir seule, elle était seule.
Épuisée, elle s’adossa à un arbre, elle avait envie de pleurer, de crier son désespoir.
Elle se laissa s’asseoir et la fatigue prit le dessus, elle s’écroula et s’endormit.

*

L’explosion n’était pas passée inaperçue.
Elle avait laissé une fumée visible à plusieurs kilomètres à la ronde et heureusement que le lieu se trouvait en plein milieu d’une forêt, en dehors du monde réel.
Cela attira l’attention des domaines aux alentours et les contacts de Gabriel et Sephyl, qui furent mis au courant, relevèrent cet incident.
Certains agents furent tout de suite mis sur l’affaire pour qu’ils recherchent des indices ou une trace d’Alexandra.

Par chance, elle fut retrouvée par des hommes du bon camp.
Ils l’emportèrent aussitôt pour la mettre en sécurité, le plus vite possible sans attirer les ennemis qui étaient dans la zone. Ils la recherchaient aussi, mais ils étaient également occupés par les dégâts qu’elle avait causé.

Ils la soignèrent et s’en occupèrent, observant avec précaution son état. Son père fut mis au courant et il partagea la bonne nouvelle avec Gabriel qui put se détendre. Ils en profitèrent pour enquêter discrètement sur cette organisation qui avait enlevé Alexandra.

Lorsqu’elle reprit connaissance, elle paniqua et elle faillit attaquer ceux qui étaient autour d’elle.
Ils la rassurèrent et la calmèrent aussitôt, la maîtrisant sur le lit.
Les expériences avaient eu sur elle un inconvénient : sa magie se manifestait de manière incontrôlable.
Elle avait failli blesser quelques personnes sans le vouloir et elle s’en était excusée plus de fois que nécessaire.
Elle remarqua que tardivement qu’elle avait été blessée physiquement, on lui avait mis des bandages sur ses bras où avait logé des morceaux de verre.
Quelques coupures superficielles sur son visage étaient recouvertes par des petits pansements.
Elle avait pu manger.
Méfiante au départ, elle avait réussi à leur faire confiance. Ils lui expliquèrent qu’elle allait devoir les suivre pour qu’ils la raccompagnent chez elle.

*

— Est-ce que tu crois que je peux passer la voir… ?
Avait demandé Gabriel à Chris, incertain.

— Je pense que oui… ? À vrai dire, j’en ai aucune idée…
Chris ne savait pas mentir, et il voulait être honnête avec lui, voyant son désarroi.

— Je crains son père… il doit m’en vouloir et il est dans son droit…

Chris ne savait pas quoi répondre. Il devait rentrer et il savait déjà qu’il aurait droit à son savon.

*

Elle était allongée dans son lit, isolée.
Lors du trajet de retour, il avait été plus prudent de l’endormir à cause de ses manifestations de magie, et elle avait été portée sur le dos de quelqu’un jusqu’à la porte de chez elle.
Son père l’avait récupérée et il avait fait le nécessaire pour qu’elle se repose en priorité, tout en cherchant une solution à ce problème.
Il avait été préférable qu’elle ne soit pas approchée pour l’instant.

Elle n’était pas sereine.
Craintive de ses propres pouvoirs, elle était recroquevillée sur elle-même, dans un coin de sa chambre, les mains dans ses cheveux, sur sa tête.
Elle voyait la magie se manifester et elle paniquait.
Elle n’avait aucun contrôle et plus elle voyait qu’elle n’avait aucune emprise là dessus, plus elle paniquait.
Elle ne voulait pas blesser ni détruire ce qu’il y avait autour d’elle.
Elle avait esquinté quelques meubles de sa chambre.
Elle avait été ausculté, son père avait essayé de la calmer, seulement les personnes maîtrisant un tant soit peu la magie pouvaient l’approcher et se protéger.

*

Son père lui rendait visite régulièrement, il avait fait en sorte de pouvoir s’absenter de son travail pour la voir.
Elle était craintive de son propre pouvoir et il l’approcha pour pouvoir la serrer dans ses bras.

— Calme toi, je ne risque rien. Respire, prends ton temps.
Lui murmurait-il pour la canaliser.

Elle voyait sa magie déchirer légèrement les vêtements et la peau de son père, qui semblait imperturbable et continuait de la serrer dans ses bras.

— Mais papa… je…
— Je ne risque absolument rien, ne t’en fais pas. Respire, ferme les yeux, concentre toi sur les battements de mon coeur.

Elle obéit, elle réussit à respirer correctement, dans les bras de son père, elle se sentait rassurée, elle essayait d’ignorer les crépitements de la magie autour d’elle et elle se concentra sur les battements de coeur de son père qui étaient réguliers. Il était calme.
Sa crise d’angoisse était en train de se calmer.
Les larmes au coin des yeux, elle s’était apaisée et la magie autour d’elle avait fini par se dissiper.
Il lui caressa le dos et l’embrassa sur le front.

— Regarde, tu as réussi.
Lui sourit-il.

Elle ouvrit lentement les yeux pour constater que le calme était revenu autour d’elle.

— Comment te sens-tu… ?
— Je… je ne sais pas… je suis tellement désolée…
— Tu n’as pas à l’être, je vais avoir quelques mots avec Gabriel et Chris.

— Ce n’est pas de leur faute !
S’écria t-elle et un éclair vif apparut dans la pièce.

Sephyl observa cette manifestation avec intérêt mais resta imperturbable.

— C’est à moi d’en juger, tu ne crois pas ?
— C’était de ma faute, ne les réprimande pas, j’ai été imprudente et on a été pris au dépourvu, j’aurais dû…

Des étincelles commencèrent à apparaître au fur et à mesure que les émotions d’Alexandra devenaient incontrôlable. Voyant l’état psychique de sa fille se dégrader, il réagit.

— D’accord. Promets moi de te reposer, regarde dans quel état ça te met… je reviendrai te voir mais j’ai encore du travail…
Dit-il, pour la calmer et la rassurer.

Il devait prendre le temps de lui enseigner comment maîtriser ses pouvoirs et vite.
Il ressortit avec des parties de ses vêtements en lambeaux, qu’il répara avec sa magie.
Il soupira et s’en alla.

*

Chris craignait de se faire réprimander mais Sephyl n’en fit rien. Il lui donna un avertissement et passa à autre chose, décrivant l’état d’Alexandra.

— Je ne te conseille pas de lui rendre visite. Elle n’arrive pas à contrôler sa magie et tous ceux qui ne maîtrisent pas un peu les arcanes se mettent en danger en l’approchant. Si jamais elle te blesse sans le vouloir, cela risque d’empirer son état…
— Je comprends… concernant Gabriel.
— Oui, je l’ai vu et je n’ai aucune envie de lui parler… mais Alexandra m’a fait promettre de ne pas l’insulter.
— Il souhaiterai la voir.

Sephyl soupira.

— Je ne sais pas si c’est une bonne idée. Préviens le de l’état d’Alexandra et qu’il ne s’attarde pas.
— Entendu.

*

Gabriel alla rendre visite à alexandra avec Chris qui dut rester en dehors.
Elle était allongée dans son lit et essayait de contrôler les éclairs et étincelles autour d’elle, qui s’échappaient de sa main, sans grand succès.

Elle se réjouit presque de le voir.
Avec la surprise, sa magie s’éparpilla et heurta Gabriel.
Son sourire s’effaça de son visage.

— Alexandra… je… comment te sens tu… ?

— … Bien ? Je ne sais pas… je n’arrive pas à contrôler tout ceci… !
Dit-elle exaspérée, tapant ses mains sur sa couverture et une onde de magie s’en échappa.

Gabriel resta impassible et l’approcha en observant les manifestations.

— Ne t’approche pas… je risque de te blesser…
Supplia t-elle, en se recroquevillant sur elle-même.

— Ne t’inquiète pas pour moi. Comment se fait-il que tu aies toute cette magie… ? C’est…
— Effrayant…
— Impressionnant.
— Comment tu peux dire ça… ?
— C’est un don, Alexandra. Tu vas réussir à le contrôler. N’aie pas peur, accepte le et laisse la magie te guider. Elle obéit à tes émotions.
— Mais… elle attaque les gens-
— Donne moi ta main. Regarde.

Gabriel réussit à la calmer et l’aida à contrôler sa magie.
Ce ne fut pas parfait mais au bout de plusieurs jours, elle réussit à la contrôler en partie, lorsqu’elle arrivait à se calmer d’elle-même.

2021.12.15

Convié

Elle avoua tout à Chris. Elle ne pouvait pas lui cacher et elle avait toujours été honnête avec lui.
Elle appréhendait sa réaction mais il accepta la nouvelle avec un grand calme. Elle fut presque déçue.

— C’est tout… ? Ca ne te fait rien… ?
— Tu sais que ça ne me fait pas rien… je veux juste savoir s’il a été respectueux avec toi.
— Oui. Oui bien sûr !
— Alors ça me suffit.
— Tu n’es pas fâché… ?
— Pourquoi le serais-je ? Tu ne me dois pas une exclusivité et je serai gonflé de te la demander. Je n’ai rien à t’offrir à part un peu de moi.
— Arrête Chris.
— Je serai toujours à tes côtés, peu importe tes choix. C’est tout ce que j’ai à te dire, Alexandra. Je sais que Gabriel n’est pas mauvais, ça me rassure que ce soit avec lui et pas un autre.

*

Quelques semaines après leur moment avec Gabriel, elle avait de plus en plus d’affection pour lui et cela lui faisait peur.
Ce jour là, Gabriel lui avait demandé si elle voulait bien passer la nuit avec lui.
Elle refusait rarement ses avances, c’était ainsi. Elle passait de très bons moments en sa compagnie et elle s’en voulait presque de n’avoir pas ouvert les yeux plus tôt à son sujet. Chris l’avait également poussé dans les bras de Gabriel, et elle n’avait pas résisté longtemps avant de succomber à son charme.
Il était attentionné, responsable.
Et surtout, ils étaient extrêmement compatibles au lit.
Ils se retrouvaient un peu en cachette, ils avaient comme prétexte de discuter d’affaires dans son bureau, c’était parfois le cas, et cela finissait autrement.
Avant de faire plus, il avait prit un air sérieux et il s’était agenouillé devant elle, prenant sa main dans la sienne.

— Je sais que ça va te paraître soudain, et surtout, nous avons déjà un contrat signé ensemble mais qui ne signifie rien. Mais, ces dernières semaines ont été un rayon de soleil dans ma vie, je suis profondément amoureux de toi. Je ne te demande pas de me répondre maintenant, mais je souhaiterais t’épouser de manière officielle, si ce que je ressens pour toi est réciproque… bien entendu…

Il marqua une pause et releva sa tête pour regarder l’expression d’Alexandra.
Elle était sans voix, elle avait levé sa main libre devant sa bouche, ne sachant pas comment réagir.

— Je…

Ses sentiments avaient changé à son égard, elle l’appréciait, elle passait de bons moments à ses côtés et pas qu’en privé. Elle avait appris à le connaitre un peu plus. Elle le voyait vulnérable lorsqu’il était avec elle, lorsqu’il dormait à poings fermés. C’était touchant. Elle ne pensait pas qu’il se déclarerait d’une manière aussi officielle. Elle ne savait pas où elle en était.

— Tu n’as pas à me répondre maintenant, tu as le temps d’y réfléchir… ça ne changera pas la relation qu’on a actuellement si tu refuses… j’apprécie chaque instant qu’on peut passer ensemble, mais j’ai le souhait profond que tu acceptes de vivre avec moi, que tu t’installes définitivement ici… Je n’ai jamais ressenti cela pour quelqu’un d’autre et tu sais à quel point je suis vieux.

— Je… j’ai besoin de réfléchir… je suis désolée… je ne peux pas te répondre maintenant…
Répondit Alexandra émue.

— Bien sûr, ne sois pas désolée pour ça. J’attendrai ta réponse, patiemment.
— Ton honnêteté me touche énormément… je vais l’être avec toi aussi… tout cela est encore nouveau pour moi… ça serait mentir de te dire que je ne t’apprécie pas… mais ça me fait peur. Qu’est-ce que cela va impliquer si je m’installe ici… ? Je suis à l’aise chez toi, mais que va dire mon père… ? Et Chris… ? Que vont dire tes employés… ? Est-ce que je suis prête pour ça… ?
— Je ne peux pas répondre à la place de ton père… concernant Chris, si jamais il compte rester avec toi, bien entendu que je mettrai à sa disposition une chambre pour lui. Mes employés t’adorent, ils ne diront rien de désagréable, et j’y compte bien.

— Je… est-ce que ça implique une cérémonie… ?
Demanda t-elle, avec une grimace.

— Seulement si tu le souhaites. Comme tu le sais, le contrat blanc est déjà signé. Je ne tiens pas particulièrement à une cérémonie en grande fanfare, et si tu n’y tiens pas non plus, il ne se passera rien de particulier. Par contre… je t’offrirai une alliance.
— Une- une alliance… ?!
— Oui. J’y tiens. Elle sera enchantée et cela me permettra de savoir si tu es en bonne santé lorsque nous sommes éloignés. Ça me rassurera.

— C’est… trop nouveau pour moi, je… je dois y réfléchir…
Dit-elle, paniquée.

Elle ne s’imaginait pas mariée et tous ces détails lui donnaient le vertige.
Elle n’avait même pas encore accepté qu’elle se projetait avec l’avenir que Gabriel lui promettait.

— Je… je ne voulais pas t’effrayer… ni te déstabiliser à ce point. Sache que mon offre tiendra toujours.

Elle le força à se relever et elle ne savait pas quoi dire, elle préféra garder le silence pendant sa réflexion.

— Je… ça fait un moment que je suis ici, je te remercie pour ce séjour de formation, je crois qu’il est temps pour moi de rentrer.
Finit-elle par dire.

— D’accord… je comprends.
— J’ai besoin d’un peu de temps pour réfléchir, mais je te promets de te donner une réponse le plus rapidement possible.
— Très bien, prends le temps qu’il te faut. C’est vrai que tu es encore jeune et tu as peut-être d’autres prétendants… ou d’autres projets.

Elle força un sourire crispé.
Elle n’avait personne d’autre à part Chris et c’était compliqué.

— Merci pour tout, je pense qu’on s’en ira dès demain.
— … D’accord.

Il ne pouvait pas la forcer à rester plus longtemps, même s’il le souhaitait.
Elle le serra dans ses bras et quitta son bureau, le laissant seul.

*

Elle était encore toute émue de la déclaration de Gabriel. Il ne perdait pas son temps et il savait ce qu’il voulait. Elle était perturbée.
Elle avait Chris mais il ne souhaitait pas s’engager avec elle, ses sentiments étaient sincères mais jamais il n’oserait l’inclure dans un projet aussi sérieux.
Puis Gabriel, qui souhaitait vraiment quelque chose de solide avec elle.
Que devait-elle faire.

Elle trouva Chris et le prévint de leur départ le lendemain. Il ne s’en étonna pas.
Lorsqu’ils se retrouvèrent seuls, elle lui parla de la proposition de Gabriel.

— Tu devrais accepter.
Finit-il par dire, après avoir laissé un moment de silence entre eux.

— … Ça ne te fait rien… ?
Demanda t-elle, presque agacée.

— Alexandra. Tu sais ce que je ressens pour toi. Je ne souhaite que ton bonheur et tu sais que je ne peux pas t’offrir ça.
— Excuse-moi… je… je ne sais pas…

Chris l’enlaça dans ses bras, il voyait qu’elle était torturée et qu’elle n’arrivait pas à se décider.

— Si tu hésites autant c’est que l’idée ne te déplaît pas tant que ça… n’est-ce pas… ?
— Hm…
— C’est moi qui t’empêche de faire un choix… ?
— … Peut-être… ?
— Alexandra.

— Qu’est-ce que tu vas faire si j’accepte… ?
Demanda t-elle inquiète.

— Me jeter dans un ravin.
— Vraiment ?!
— Non, ne sois pas idiote ! Je resterai à tes côtés pour te protéger, si tu veux encore de moi, bien entendu. Sinon je retournerai auprès de ton père. Je suis sûr qu’il sera meurtri de te savoir avec un autre homme.
— Tu n’en souffriras pas… ? Si je te garde à mes côtés… ?
— Non. Je sais ce qui nous sépare et mes sentiments resteront inchangés.
— Pourquoi ça a l’air si simple quand tu m’en parles… ?!

— Parce que ça l’est.
Sourit-il.

— Tu m’énerves…
— Je sais.

*

Elle retourna chez elle avec Chris, et son père l’accueillit les bras ouverts, lui demandant comment cela s’était passé.
Elle lui raconta son séjour, et elle lui fit une démonstration de ce qu’elle appris lors des différentes formations.
Il ne doutait pas de son sérieux mais il fut rassuré que Gabriel et ses gens ne s’étaient pas moqués de lui en terme de qualité d’enseignement.
Chris s’était également amélioré.
Puis, elle discuta avec son père en privé.

— Que voulais-tu me dire de si important… ?
Demanda t-il en se posant dans son fauteuil de bureau.

— Eh bien… comment te dire…
— Ne tourne pas autour du pot avec moi.
— Gabriel m’a demandée en mariage.
— Vous aviez pas signé un papier, déjà… ?
— Oui mais cette fois-ci… c’est pour m’installer et vivre avec lui, de manière officielle.
— Pardon ? Il s’est passé quoi ? Est-ce qu’il te fait du chantage ? Si c’est le cas, ça va très mal se passer pour lui !
— Papa, calme toi, ce n’est pas ça.
— Explique-moi, parce que je ne comprends pas. Est-ce que tu envisages sérieusement d’aller vivre avec lui ?
— Je crois que je l’aime… bien.
— Quoi ?
— Il me propose quelque chose de sérieux, qu’est-ce que je dois faire… aide moi papa.
— Attends, j’ai pas bien entendu. Depuis quand tu as des sentiments pour lui ? Je pensais que c’était juste pour l’héritage que tu avais signé ce contrat avec lui.

Il se massa la commissure des yeux avec deux doigts.

— M-moi aussi. C’était le cas au début, je ne pensais pas qu’il… il n’est pas méchant, papa.
— J’espère qu’il ne te manipule pas, ce vieux shnock, qu’est-ce qu’il a fait pour que tu changes d’avis en un séjour ?!

Elle rougit et ne préféra pas répondre.

— Alexandra… ne me dit pas… tu n’es pas enceinte ?!
— PAPA !
— JE DEMANDE !
— Je ne suis pas enceinte.
— Ok. Très bien. Si ça avait été le cas, sache qu’il m’aurait entendu, ce Gabriel.

Il se calma aussitôt mais sa migraine n’était pas encore partie.

— Je crois avoir des sentiments pour lui, mais je ne sais pas si je fais le bon choix. J’ai besoin de conseils…
— Je croyais que tu ne voulais pas t’engager.
— Je le croyais aussi… je ne sais pas, je me sens bien à ses côtés… il est sérieux, je sens que je peux compter sur lui, mais en même temps je ne le connais pas assez. En fait, je ne sais même pas pourquoi je t’en parle.
— Moi non plus.
— Merci papa.
— Je t’en prie, je ne sais pas quoi te dire.
— Tu ne t’y opposes pas ?
— Vous avez déjà signé un contrat blanc, et pour ce qui est de t’installer avec lui, même si ça me brise le coeur, je dois constater que tu es adulte et que tu vas finir par quitter le nid familial. Que ce soit avec lui ou quelqu’un d’autre, je ne peux pas te forcer et t’empêcher de voler de tes propres ailes.
— Je… je ne pensais pas que tu…
— Je suis fier de toi, Alexandra. Je n’ai presque plus rien à t’apprendre. Et même si cette décision de t’installer là-bas était purement politique, diplomatique, si tu penses qu’elle est bonne, je n’aurais pas le droit de t’en empêcher pour mon propre bien de t’avoir à mes côtés. Je veux juste que tu me confirmes qu’il n’est pas en train de te menacer.
— Non papa, il ne me menace pas.
— Alors, dans ce cas, écoute ton coeur. Et si jamais ça ne se passe pas comme prévu. Tu es toujours la bienvenue ici.

— Je ne sais pas si ça m’aide… j’aurais des questions sur ce que je pourrais faire si notre union devient officielle… je veux dire, elle l’est déjà mais si ça implique le fait que je vive là-bas… es-ce qu’il est possible d’installer un portail entre nos deux territoires ?
Demanda t-elle, incertaine de la possibilité de son idée.

— Ma fille. Tu poses une question intéressante. Cela doit être possible, il faut mon accord et celui de Gabriel… j’imagine. C’est une idée à creuser.
— Je vais lui demander…
— Est-ce que tu vas accepter sa proposition ?
— Je pense…
— Si tu dois t’installer là-bas, laisse moi le revoir. Je veux m’assurer qu’il n’abuse pas de toi.
— Je vais devoir y retourner pour lui donner une réponse, de toute façon.
— Ou il pourrait venir, pour une fois.
— Je vais lui envoyer une lettre alors.
— Faisons cela.

*

Gabriel reçut une lettre de la part d’Alexandra.
Son coeur battait à toute allure et lorsqu’il ouvrit l’enveloppe, il se crispa.
Le message indiquait qu’il était convie au château de Sephyl parce qu’il souhaitait le rencontrer à nouveau pour s’entretenir avec lui.
Était-ce un dernier test ? Ce n’était pas un refus, s’il devait revoir son père de manière plus officielle.
Il avait la pression, il allait devoir faire bonne figure si cet entretien était décisif sur la réponse d’Alexandra.
Il se prépara mentalement et après avoir vérifié que ses affaires courantes étaient en ordre, il prévint ses employés qu’il devait s’absenter pendant quelques jours.

*

Alexandra l’accueillit à l’entrée.

— Excuse moi de t’avoir fait faire le trajet, mon père tenait à avoir une discussion avec toi…

— Je peux bien faire le trajet, d’habitude c’est toi qui le fait. Puis… je parcourrai le monde pour pouvoir te voir.
Dit-il en passant ses doigts sur l’arrête du visage d’Alexandra.

— Pff, arrête.
Dit-elle, moqueuse.

— Bonjour, Gabriel.

La voix de Sephyl retentit derrière eux et Alexandra sursauta. Il avait vu le geste de Gabriel et l’avait arrêté avant qu’il ne cherche à l’embrasser.

— Bonjour Sephyl. Je te remercie pour cette invitation.
— Je t’en prie, nous t’avons préparé une chambre si tu souhaites te rafraîchir avant toute chose. Alexandra te montrera le chemin, je vous attendrai dans le salon.
— Merci. Je vais effectivement me changer.

Sephyl lançait un regard méfiant à Gabriel.

— Je crois que ton père ne m’apprécie pas.
— Il ne te connait pas, c’est tout.

— En tout cas, je suis vraiment content de te revoir, tu m’as beaucoup manqué.
Dit-il, sans aucune honte.

Il avait envie de la serrer dans ses bras mais il savait que cela était déplacé, surtout chez elle. Il ne savait pas encore si sa réponse était oui ou non, ni sur quel pied danser mais une chose était certaine.
Il avait son coeur qui battait pour elle.

— Tu ne m’accompagnes pas, à l’intérieur… ?
Dit-il, en arrivant devant sa chambre. Un sourire en coin.

— Non, je sais comment ça va se finir et mon père me tient à l’oeil.
Répondit-elle sèchement.

Elle lui tourna le dos et s’en alla.

*

Elle retourna rejoindre son père, posé dans un canapé, elle fit de même, lâchant un énorme soupir.

— Qu’est-ce qu’il t’arrive ?
— Rien… rien du tout.
— Contente de le revoir… ?

— Oui.
Laissa t-elle échapper avant de virer au rouge.

— Une réponse sincère. Je vois qu’il est également joyeux de te revoir.
Sourit son père, observant sa fille qui se cachait maintenant le visage entre ses mains.

— Comment tu peux dire ça ?
— La manière qu’il a de te regarder. Tout simplement.
— Aaah… ! C’est trop gênant !
— Je n’ai pas encore eu l’occasion de discuter plus amplement avec lui, ne te réjouis pas trop vite.
— Je ne me réjouis pas, papa.
— Tu devras nous laisser discuter seul à seul, lorsqu’il arrivera.
— Ah bon ? Pourquoi ?
— Je vais lui poser des questions pour le tester et cela risque de ne pas être très agréable…
— … ne sois pas trop dur avec lui.
— Je le serai parce que je veux savoir quel genre de personne il est.
— Ok, fais comme tu veux alors…
— J’y compte bien.

Gabriel fut escorté par une employée et Alexandra se leva pour les laisser seuls.
Il s’était changé et douché rapidement, ses cheveux étaient légèrement mouillés, il les avait attachés grossièrement en boule derrière la tête, il avait réussi à les plaquer sur le devant.
Sa barbe de plusieurs jours faisait partie de lui et il avait enfilé une chemise propre et plus sérieuse que son habituelle chemise en lin. Un pantalon cintré et sombre, attaché à la ceinture par une boucle simple et sobre.

— Ne t’inquiète pas, je souhaite juste m’entretenir avec toi en privé, Gabriel.
— Je comprends.

Il regarda Alexandra partir et fermer la porte derrière elle.

— Je te remercie d’avoir fait le trajet pour t’entretenir avec moi.
— C’est la moindre des choses, je n’étais pas venu pour le contrat mais cette fois-ci, je compte bien demander en belle et due forme, la main de ta fille.
— C’est vrai. Je n’avais pas réagi lors du contrat mais maintenant que ça implique qu’elle emménage chez toi, je ne peux pas la laisser partir sans rien faire.
— Elle a accepté… ?
— Tu lui demanderas toi-même, mais moi j’ai des questions pour toi. Qu’as-tu derrière la tête ? Quel est ton plan ?
— Je l’aime.
— J’ai cru le comprendre mais c’est bien joli les paroles d’amour. Qu’as-tu de concret ? Qui me dit que tu ne la manipules pas ?

Sephyl cherchait à le pousser progressivement à bouts, tâter si Gabriel était sérieux ou s’il cherchait simplement à profiter de sa fille.
Gabriel serra des poings. Jamais il n’aurait songé à la manipuler et qu’il formule cette idée, il se sentait insulté. Il devait faire bonne impression et les mots d’Alexandra plus tôt, résonnèrent dans sa tête.

« Il ne te connait pas ».

Il respira un bon coup.

— Je n’oserai la manipuler, je souhaite la chérir et en prendre soin d’elle.
— En parlant de prendre soin d’elle, je crois comprendre aussi que vous avez eu des relations intimes, et j’espère que tu as pris les prédispositions nécessaires pour qu’elle ne tombe pas enceinte contre son gré.

Sephyl tapait fort.

Gabriel ne se laissa pas décontenancer. Il n’allait pas nier et il n’avait rien à se reprocher parce qu’il était responsable.

— Bien entendu. Je ne suis pas né de la dernière pluie et je ne prendrai pas ce risque si elle ne le souhaite pas.
— Très bien.

L’interrogatoire de Sephyl continua et Gabriel dut prendre sur lui pour rester courtois.
Lorsqu’il sortit de la pièce, il était sur les nerfs.
Il s’isola dans une cour et respira fortement pour essayer de passer sa colère.
Alexandra le cherchait et voulait savoir comment cela s’était passé.
Lorsqu’elle le trouva, elle le vit dans un état qu’elle avait jamais connu.

— Gabriel… ?
Osa t-elle l’appeler, en s’approchant de lui.

Il releva la tête et la regarda avec un regard noir. Elle prit peur. Lorsqu’il remarqua sa présence, il s’adoucit mais sa colère était encore enfouie.

— Que s’est-il passé… ?
Demanda t-elle, inquiète.

— Rien… je… ton père…
— Qu’a t-il fait ? Je vais lui en parler-
— Non non… c’est juste… je ne sais pas quelle image il a de moi mais ses questions étaient blessantes. Je sais qu’il ne me connait pas, mais je ne veux pas qu’il doute de la profondeur des sentiments que j’ai pour toi. Je me suis senti insulté, ça me met en rogne.

Il serra ses poings et évita le regard d’Alexandra.
Elle ne savait pas comment réagir. Elle posa ses petites mains sur les siennes et essaya de le réconforter comme elle pouvait.
Il enfouit sa tête dans les bras d’Alexandra.

— Je suis désolée… mon père a… son caractère…
— Je sais… je sais qu’il tient à toi et il se méfie. Il a raison. Il m’a fait douter… est-ce que tu seras heureuse avec moi ? Est-ce que je ne te manipule pas sans le vouloir ? Est-ce que tu souhaites habiter et vivre avec moi ?
— Moi aussi… je doute. Je ne sais pas mais j’ai envie d’essayer, parce que j’aime passer du temps avec toi… je veux voir où tu vas m’emmener… je suis désolée, ce n’est pas une réponse claire et romantique…
— Ça me suffit. Ça me suffit amplement.

Il la serra dans ses bras.

*

— Papa !
Cria t-elle en débarquant comme une furie dans son bureau.

— Oui… ? Qu’y a t-il ?
Fit-il l’étonné.

— Excuse-toi.
— Comment ? De quoi ?
— Tu dois des excuses à Gabriel.
— Je ne vois pas de quoi tu veux parler.
— Ne fais pas l’innocent. Tu lui as dit quoi durant votre entretien ?!
— Rien d’important. Je cherchais juste à le tester. Comme je te l’avais dit. D’ailleurs, tu lui as donné une réponse ?
— Ne change pas de sujet
— Pourtant il était venu pour ça.
— … Et toi, tu en penses quoi ?
— De ta décision ou de Gabriel ?
— Gabriel.
— Il n’a pas l’air si mauvais que ça.
— Ça veut dire « oui »… ?
— Si tu veux… allez, va… va vivre ta vie.
— Tu aurais fait quoi s’il ne convenait pas… ?
— Il serait parti de lui-même, au lieu de pleurnicher dans tes bras.
— N-ne me dis pas que tu nous as vu ?!
— Si. C’était presque mignon.
— Papa ! Ah… !! La honte !

Elle s’en alla en hurlant.
Sephyl sourit, satisfait de sa réaction.

*

Elle fit en partie ses bagages et elle discuta avec Gabriel de son projet de portail qu’il approuva.
Ils mirent en place un début de plan qu’ils firent part à Sephyl, qui eut une attitude totalement différente avec Gabriel par rapport à son entretien.

— Ne m’en veut pas pour notre conversation.
Dit-il en lui serrant la main.

Gabriel fut surpris.

— Tu n’as pas intérêt à la faire souffrir.
Ajouta Sephyl en mettant plus de force dans sa poigne, en lui murmurant ça pour qu’il soit le seul à l’entendre.

2021.12.14