Convié

Elle avoua tout à Chris. Elle ne pouvait pas lui cacher et elle avait toujours été honnête avec lui.
Elle appréhendait sa réaction mais il accepta la nouvelle avec un grand calme. Elle fut presque déçue.

— C’est tout… ? Ca ne te fait rien… ?
— Tu sais que ça ne me fait pas rien… je veux juste savoir s’il a été respectueux avec toi.
— Oui. Oui bien sûr !
— Alors ça me suffit.
— Tu n’es pas fâché… ?
— Pourquoi le serais-je ? Tu ne me dois pas une exclusivité et je serai gonflé de te la demander. Je n’ai rien à t’offrir à part un peu de moi.
— Arrête Chris.
— Je serai toujours à tes côtés, peu importe tes choix. C’est tout ce que j’ai à te dire, Alexandra. Je sais que Gabriel n’est pas mauvais, ça me rassure que ce soit avec lui et pas un autre.

*

Quelques semaines après leur moment avec Gabriel, elle avait de plus en plus d’affection pour lui et cela lui faisait peur.
Ce jour là, Gabriel lui avait demandé si elle voulait bien passer la nuit avec lui.
Elle refusait rarement ses avances, c’était ainsi. Elle passait de très bons moments en sa compagnie et elle s’en voulait presque de n’avoir pas ouvert les yeux plus tôt à son sujet. Chris l’avait également poussé dans les bras de Gabriel, et elle n’avait pas résisté longtemps avant de succomber à son charme.
Il était attentionné, responsable.
Et surtout, ils étaient extrêmement compatibles au lit.
Ils se retrouvaient un peu en cachette, ils avaient comme prétexte de discuter d’affaires dans son bureau, c’était parfois le cas, et cela finissait autrement.
Avant de faire plus, il avait prit un air sérieux et il s’était agenouillé devant elle, prenant sa main dans la sienne.

— Je sais que ça va te paraître soudain, et surtout, nous avons déjà un contrat signé ensemble mais qui ne signifie rien. Mais, ces dernières semaines ont été un rayon de soleil dans ma vie, je suis profondément amoureux de toi. Je ne te demande pas de me répondre maintenant, mais je souhaiterais t’épouser de manière officielle, si ce que je ressens pour toi est réciproque… bien entendu…

Il marqua une pause et releva sa tête pour regarder l’expression d’Alexandra.
Elle était sans voix, elle avait levé sa main libre devant sa bouche, ne sachant pas comment réagir.

— Je…

Ses sentiments avaient changé à son égard, elle l’appréciait, elle passait de bons moments à ses côtés et pas qu’en privé. Elle avait appris à le connaitre un peu plus. Elle le voyait vulnérable lorsqu’il était avec elle, lorsqu’il dormait à poings fermés. C’était touchant. Elle ne pensait pas qu’il se déclarerait d’une manière aussi officielle. Elle ne savait pas où elle en était.

— Tu n’as pas à me répondre maintenant, tu as le temps d’y réfléchir… ça ne changera pas la relation qu’on a actuellement si tu refuses… j’apprécie chaque instant qu’on peut passer ensemble, mais j’ai le souhait profond que tu acceptes de vivre avec moi, que tu t’installes définitivement ici… Je n’ai jamais ressenti cela pour quelqu’un d’autre et tu sais à quel point je suis vieux.

— Je… j’ai besoin de réfléchir… je suis désolée… je ne peux pas te répondre maintenant…
Répondit Alexandra émue.

— Bien sûr, ne sois pas désolée pour ça. J’attendrai ta réponse, patiemment.
— Ton honnêteté me touche énormément… je vais l’être avec toi aussi… tout cela est encore nouveau pour moi… ça serait mentir de te dire que je ne t’apprécie pas… mais ça me fait peur. Qu’est-ce que cela va impliquer si je m’installe ici… ? Je suis à l’aise chez toi, mais que va dire mon père… ? Et Chris… ? Que vont dire tes employés… ? Est-ce que je suis prête pour ça… ?
— Je ne peux pas répondre à la place de ton père… concernant Chris, si jamais il compte rester avec toi, bien entendu que je mettrai à sa disposition une chambre pour lui. Mes employés t’adorent, ils ne diront rien de désagréable, et j’y compte bien.

— Je… est-ce que ça implique une cérémonie… ?
Demanda t-elle, avec une grimace.

— Seulement si tu le souhaites. Comme tu le sais, le contrat blanc est déjà signé. Je ne tiens pas particulièrement à une cérémonie en grande fanfare, et si tu n’y tiens pas non plus, il ne se passera rien de particulier. Par contre… je t’offrirai une alliance.
— Une- une alliance… ?!
— Oui. J’y tiens. Elle sera enchantée et cela me permettra de savoir si tu es en bonne santé lorsque nous sommes éloignés. Ça me rassurera.

— C’est… trop nouveau pour moi, je… je dois y réfléchir…
Dit-elle, paniquée.

Elle ne s’imaginait pas mariée et tous ces détails lui donnaient le vertige.
Elle n’avait même pas encore accepté qu’elle se projetait avec l’avenir que Gabriel lui promettait.

— Je… je ne voulais pas t’effrayer… ni te déstabiliser à ce point. Sache que mon offre tiendra toujours.

Elle le força à se relever et elle ne savait pas quoi dire, elle préféra garder le silence pendant sa réflexion.

— Je… ça fait un moment que je suis ici, je te remercie pour ce séjour de formation, je crois qu’il est temps pour moi de rentrer.
Finit-elle par dire.

— D’accord… je comprends.
— J’ai besoin d’un peu de temps pour réfléchir, mais je te promets de te donner une réponse le plus rapidement possible.
— Très bien, prends le temps qu’il te faut. C’est vrai que tu es encore jeune et tu as peut-être d’autres prétendants… ou d’autres projets.

Elle força un sourire crispé.
Elle n’avait personne d’autre à part Chris et c’était compliqué.

— Merci pour tout, je pense qu’on s’en ira dès demain.
— … D’accord.

Il ne pouvait pas la forcer à rester plus longtemps, même s’il le souhaitait.
Elle le serra dans ses bras et quitta son bureau, le laissant seul.

*

Elle était encore toute émue de la déclaration de Gabriel. Il ne perdait pas son temps et il savait ce qu’il voulait. Elle était perturbée.
Elle avait Chris mais il ne souhaitait pas s’engager avec elle, ses sentiments étaient sincères mais jamais il n’oserait l’inclure dans un projet aussi sérieux.
Puis Gabriel, qui souhaitait vraiment quelque chose de solide avec elle.
Que devait-elle faire.

Elle trouva Chris et le prévint de leur départ le lendemain. Il ne s’en étonna pas.
Lorsqu’ils se retrouvèrent seuls, elle lui parla de la proposition de Gabriel.

— Tu devrais accepter.
Finit-il par dire, après avoir laissé un moment de silence entre eux.

— … Ça ne te fait rien… ?
Demanda t-elle, presque agacée.

— Alexandra. Tu sais ce que je ressens pour toi. Je ne souhaite que ton bonheur et tu sais que je ne peux pas t’offrir ça.
— Excuse-moi… je… je ne sais pas…

Chris l’enlaça dans ses bras, il voyait qu’elle était torturée et qu’elle n’arrivait pas à se décider.

— Si tu hésites autant c’est que l’idée ne te déplaît pas tant que ça… n’est-ce pas… ?
— Hm…
— C’est moi qui t’empêche de faire un choix… ?
— … Peut-être… ?
— Alexandra.

— Qu’est-ce que tu vas faire si j’accepte… ?
Demanda t-elle inquiète.

— Me jeter dans un ravin.
— Vraiment ?!
— Non, ne sois pas idiote ! Je resterai à tes côtés pour te protéger, si tu veux encore de moi, bien entendu. Sinon je retournerai auprès de ton père. Je suis sûr qu’il sera meurtri de te savoir avec un autre homme.
— Tu n’en souffriras pas… ? Si je te garde à mes côtés… ?
— Non. Je sais ce qui nous sépare et mes sentiments resteront inchangés.
— Pourquoi ça a l’air si simple quand tu m’en parles… ?!

— Parce que ça l’est.
Sourit-il.

— Tu m’énerves…
— Je sais.

*

Elle retourna chez elle avec Chris, et son père l’accueillit les bras ouverts, lui demandant comment cela s’était passé.
Elle lui raconta son séjour, et elle lui fit une démonstration de ce qu’elle appris lors des différentes formations.
Il ne doutait pas de son sérieux mais il fut rassuré que Gabriel et ses gens ne s’étaient pas moqués de lui en terme de qualité d’enseignement.
Chris s’était également amélioré.
Puis, elle discuta avec son père en privé.

— Que voulais-tu me dire de si important… ?
Demanda t-il en se posant dans son fauteuil de bureau.

— Eh bien… comment te dire…
— Ne tourne pas autour du pot avec moi.
— Gabriel m’a demandée en mariage.
— Vous aviez pas signé un papier, déjà… ?
— Oui mais cette fois-ci… c’est pour m’installer et vivre avec lui, de manière officielle.
— Pardon ? Il s’est passé quoi ? Est-ce qu’il te fait du chantage ? Si c’est le cas, ça va très mal se passer pour lui !
— Papa, calme toi, ce n’est pas ça.
— Explique-moi, parce que je ne comprends pas. Est-ce que tu envisages sérieusement d’aller vivre avec lui ?
— Je crois que je l’aime… bien.
— Quoi ?
— Il me propose quelque chose de sérieux, qu’est-ce que je dois faire… aide moi papa.
— Attends, j’ai pas bien entendu. Depuis quand tu as des sentiments pour lui ? Je pensais que c’était juste pour l’héritage que tu avais signé ce contrat avec lui.

Il se massa la commissure des yeux avec deux doigts.

— M-moi aussi. C’était le cas au début, je ne pensais pas qu’il… il n’est pas méchant, papa.
— J’espère qu’il ne te manipule pas, ce vieux shnock, qu’est-ce qu’il a fait pour que tu changes d’avis en un séjour ?!

Elle rougit et ne préféra pas répondre.

— Alexandra… ne me dit pas… tu n’es pas enceinte ?!
— PAPA !
— JE DEMANDE !
— Je ne suis pas enceinte.
— Ok. Très bien. Si ça avait été le cas, sache qu’il m’aurait entendu, ce Gabriel.

Il se calma aussitôt mais sa migraine n’était pas encore partie.

— Je crois avoir des sentiments pour lui, mais je ne sais pas si je fais le bon choix. J’ai besoin de conseils…
— Je croyais que tu ne voulais pas t’engager.
— Je le croyais aussi… je ne sais pas, je me sens bien à ses côtés… il est sérieux, je sens que je peux compter sur lui, mais en même temps je ne le connais pas assez. En fait, je ne sais même pas pourquoi je t’en parle.
— Moi non plus.
— Merci papa.
— Je t’en prie, je ne sais pas quoi te dire.
— Tu ne t’y opposes pas ?
— Vous avez déjà signé un contrat blanc, et pour ce qui est de t’installer avec lui, même si ça me brise le coeur, je dois constater que tu es adulte et que tu vas finir par quitter le nid familial. Que ce soit avec lui ou quelqu’un d’autre, je ne peux pas te forcer et t’empêcher de voler de tes propres ailes.
— Je… je ne pensais pas que tu…
— Je suis fier de toi, Alexandra. Je n’ai presque plus rien à t’apprendre. Et même si cette décision de t’installer là-bas était purement politique, diplomatique, si tu penses qu’elle est bonne, je n’aurais pas le droit de t’en empêcher pour mon propre bien de t’avoir à mes côtés. Je veux juste que tu me confirmes qu’il n’est pas en train de te menacer.
— Non papa, il ne me menace pas.
— Alors, dans ce cas, écoute ton coeur. Et si jamais ça ne se passe pas comme prévu. Tu es toujours la bienvenue ici.

— Je ne sais pas si ça m’aide… j’aurais des questions sur ce que je pourrais faire si notre union devient officielle… je veux dire, elle l’est déjà mais si ça implique le fait que je vive là-bas… es-ce qu’il est possible d’installer un portail entre nos deux territoires ?
Demanda t-elle, incertaine de la possibilité de son idée.

— Ma fille. Tu poses une question intéressante. Cela doit être possible, il faut mon accord et celui de Gabriel… j’imagine. C’est une idée à creuser.
— Je vais lui demander…
— Est-ce que tu vas accepter sa proposition ?
— Je pense…
— Si tu dois t’installer là-bas, laisse moi le revoir. Je veux m’assurer qu’il n’abuse pas de toi.
— Je vais devoir y retourner pour lui donner une réponse, de toute façon.
— Ou il pourrait venir, pour une fois.
— Je vais lui envoyer une lettre alors.
— Faisons cela.

*

Gabriel reçut une lettre de la part d’Alexandra.
Son coeur battait à toute allure et lorsqu’il ouvrit l’enveloppe, il se crispa.
Le message indiquait qu’il était convie au château de Sephyl parce qu’il souhaitait le rencontrer à nouveau pour s’entretenir avec lui.
Était-ce un dernier test ? Ce n’était pas un refus, s’il devait revoir son père de manière plus officielle.
Il avait la pression, il allait devoir faire bonne figure si cet entretien était décisif sur la réponse d’Alexandra.
Il se prépara mentalement et après avoir vérifié que ses affaires courantes étaient en ordre, il prévint ses employés qu’il devait s’absenter pendant quelques jours.

*

Alexandra l’accueillit à l’entrée.

— Excuse moi de t’avoir fait faire le trajet, mon père tenait à avoir une discussion avec toi…

— Je peux bien faire le trajet, d’habitude c’est toi qui le fait. Puis… je parcourrai le monde pour pouvoir te voir.
Dit-il en passant ses doigts sur l’arrête du visage d’Alexandra.

— Pff, arrête.
Dit-elle, moqueuse.

— Bonjour, Gabriel.

La voix de Sephyl retentit derrière eux et Alexandra sursauta. Il avait vu le geste de Gabriel et l’avait arrêté avant qu’il ne cherche à l’embrasser.

— Bonjour Sephyl. Je te remercie pour cette invitation.
— Je t’en prie, nous t’avons préparé une chambre si tu souhaites te rafraîchir avant toute chose. Alexandra te montrera le chemin, je vous attendrai dans le salon.
— Merci. Je vais effectivement me changer.

Sephyl lançait un regard méfiant à Gabriel.

— Je crois que ton père ne m’apprécie pas.
— Il ne te connait pas, c’est tout.

— En tout cas, je suis vraiment content de te revoir, tu m’as beaucoup manqué.
Dit-il, sans aucune honte.

Il avait envie de la serrer dans ses bras mais il savait que cela était déplacé, surtout chez elle. Il ne savait pas encore si sa réponse était oui ou non, ni sur quel pied danser mais une chose était certaine.
Il avait son coeur qui battait pour elle.

— Tu ne m’accompagnes pas, à l’intérieur… ?
Dit-il, en arrivant devant sa chambre. Un sourire en coin.

— Non, je sais comment ça va se finir et mon père me tient à l’oeil.
Répondit-elle sèchement.

Elle lui tourna le dos et s’en alla.

*

Elle retourna rejoindre son père, posé dans un canapé, elle fit de même, lâchant un énorme soupir.

— Qu’est-ce qu’il t’arrive ?
— Rien… rien du tout.
— Contente de le revoir… ?

— Oui.
Laissa t-elle échapper avant de virer au rouge.

— Une réponse sincère. Je vois qu’il est également joyeux de te revoir.
Sourit son père, observant sa fille qui se cachait maintenant le visage entre ses mains.

— Comment tu peux dire ça ?
— La manière qu’il a de te regarder. Tout simplement.
— Aaah… ! C’est trop gênant !
— Je n’ai pas encore eu l’occasion de discuter plus amplement avec lui, ne te réjouis pas trop vite.
— Je ne me réjouis pas, papa.
— Tu devras nous laisser discuter seul à seul, lorsqu’il arrivera.
— Ah bon ? Pourquoi ?
— Je vais lui poser des questions pour le tester et cela risque de ne pas être très agréable…
— … ne sois pas trop dur avec lui.
— Je le serai parce que je veux savoir quel genre de personne il est.
— Ok, fais comme tu veux alors…
— J’y compte bien.

Gabriel fut escorté par une employée et Alexandra se leva pour les laisser seuls.
Il s’était changé et douché rapidement, ses cheveux étaient légèrement mouillés, il les avait attachés grossièrement en boule derrière la tête, il avait réussi à les plaquer sur le devant.
Sa barbe de plusieurs jours faisait partie de lui et il avait enfilé une chemise propre et plus sérieuse que son habituelle chemise en lin. Un pantalon cintré et sombre, attaché à la ceinture par une boucle simple et sobre.

— Ne t’inquiète pas, je souhaite juste m’entretenir avec toi en privé, Gabriel.
— Je comprends.

Il regarda Alexandra partir et fermer la porte derrière elle.

— Je te remercie d’avoir fait le trajet pour t’entretenir avec moi.
— C’est la moindre des choses, je n’étais pas venu pour le contrat mais cette fois-ci, je compte bien demander en belle et due forme, la main de ta fille.
— C’est vrai. Je n’avais pas réagi lors du contrat mais maintenant que ça implique qu’elle emménage chez toi, je ne peux pas la laisser partir sans rien faire.
— Elle a accepté… ?
— Tu lui demanderas toi-même, mais moi j’ai des questions pour toi. Qu’as-tu derrière la tête ? Quel est ton plan ?
— Je l’aime.
— J’ai cru le comprendre mais c’est bien joli les paroles d’amour. Qu’as-tu de concret ? Qui me dit que tu ne la manipules pas ?

Sephyl cherchait à le pousser progressivement à bouts, tâter si Gabriel était sérieux ou s’il cherchait simplement à profiter de sa fille.
Gabriel serra des poings. Jamais il n’aurait songé à la manipuler et qu’il formule cette idée, il se sentait insulté. Il devait faire bonne impression et les mots d’Alexandra plus tôt, résonnèrent dans sa tête.

« Il ne te connait pas ».

Il respira un bon coup.

— Je n’oserai la manipuler, je souhaite la chérir et en prendre soin d’elle.
— En parlant de prendre soin d’elle, je crois comprendre aussi que vous avez eu des relations intimes, et j’espère que tu as pris les prédispositions nécessaires pour qu’elle ne tombe pas enceinte contre son gré.

Sephyl tapait fort.

Gabriel ne se laissa pas décontenancer. Il n’allait pas nier et il n’avait rien à se reprocher parce qu’il était responsable.

— Bien entendu. Je ne suis pas né de la dernière pluie et je ne prendrai pas ce risque si elle ne le souhaite pas.
— Très bien.

L’interrogatoire de Sephyl continua et Gabriel dut prendre sur lui pour rester courtois.
Lorsqu’il sortit de la pièce, il était sur les nerfs.
Il s’isola dans une cour et respira fortement pour essayer de passer sa colère.
Alexandra le cherchait et voulait savoir comment cela s’était passé.
Lorsqu’elle le trouva, elle le vit dans un état qu’elle avait jamais connu.

— Gabriel… ?
Osa t-elle l’appeler, en s’approchant de lui.

Il releva la tête et la regarda avec un regard noir. Elle prit peur. Lorsqu’il remarqua sa présence, il s’adoucit mais sa colère était encore enfouie.

— Que s’est-il passé… ?
Demanda t-elle, inquiète.

— Rien… je… ton père…
— Qu’a t-il fait ? Je vais lui en parler-
— Non non… c’est juste… je ne sais pas quelle image il a de moi mais ses questions étaient blessantes. Je sais qu’il ne me connait pas, mais je ne veux pas qu’il doute de la profondeur des sentiments que j’ai pour toi. Je me suis senti insulté, ça me met en rogne.

Il serra ses poings et évita le regard d’Alexandra.
Elle ne savait pas comment réagir. Elle posa ses petites mains sur les siennes et essaya de le réconforter comme elle pouvait.
Il enfouit sa tête dans les bras d’Alexandra.

— Je suis désolée… mon père a… son caractère…
— Je sais… je sais qu’il tient à toi et il se méfie. Il a raison. Il m’a fait douter… est-ce que tu seras heureuse avec moi ? Est-ce que je ne te manipule pas sans le vouloir ? Est-ce que tu souhaites habiter et vivre avec moi ?
— Moi aussi… je doute. Je ne sais pas mais j’ai envie d’essayer, parce que j’aime passer du temps avec toi… je veux voir où tu vas m’emmener… je suis désolée, ce n’est pas une réponse claire et romantique…
— Ça me suffit. Ça me suffit amplement.

Il la serra dans ses bras.

*

— Papa !
Cria t-elle en débarquant comme une furie dans son bureau.

— Oui… ? Qu’y a t-il ?
Fit-il l’étonné.

— Excuse-toi.
— Comment ? De quoi ?
— Tu dois des excuses à Gabriel.
— Je ne vois pas de quoi tu veux parler.
— Ne fais pas l’innocent. Tu lui as dit quoi durant votre entretien ?!
— Rien d’important. Je cherchais juste à le tester. Comme je te l’avais dit. D’ailleurs, tu lui as donné une réponse ?
— Ne change pas de sujet
— Pourtant il était venu pour ça.
— … Et toi, tu en penses quoi ?
— De ta décision ou de Gabriel ?
— Gabriel.
— Il n’a pas l’air si mauvais que ça.
— Ça veut dire « oui »… ?
— Si tu veux… allez, va… va vivre ta vie.
— Tu aurais fait quoi s’il ne convenait pas… ?
— Il serait parti de lui-même, au lieu de pleurnicher dans tes bras.
— N-ne me dis pas que tu nous as vu ?!
— Si. C’était presque mignon.
— Papa ! Ah… !! La honte !

Elle s’en alla en hurlant.
Sephyl sourit, satisfait de sa réaction.

*

Elle fit en partie ses bagages et elle discuta avec Gabriel de son projet de portail qu’il approuva.
Ils mirent en place un début de plan qu’ils firent part à Sephyl, qui eut une attitude totalement différente avec Gabriel par rapport à son entretien.

— Ne m’en veut pas pour notre conversation.
Dit-il en lui serrant la main.

Gabriel fut surpris.

— Tu n’as pas intérêt à la faire souffrir.
Ajouta Sephyl en mettant plus de force dans sa poigne, en lui murmurant ça pour qu’il soit le seul à l’entendre.

2021.12.14

2 réflexions sur “Convié

  1. Fluo dit :

    C’était trop mignon. J’aime beaucoup comment Gabriel prend sur lui pour le pas s’énerver. Je ne suis pas d’être convaincu par les méthodes de Sephyl pour pousser Gabriel à bout. Comme quoi, on est prêt à tout pour amour. Que ce soit pour le vrai amour ou pour l’amour d’un père pour sa fille.

    • Ca dégouline, tu veux dire. Je peux comprendre que Sephyl soit sceptique vis à vis de Gabriel, je pense qu’il aurait pu être encore plus méchant…

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