Médecin

Je n’ai pas été souvent là pour elle. Je ne me suis pas rendu compte à quel point elle la traitait mal.
Elle dormait dans le grenier, en hiver elle devait être gelée. Je ne me suis jamais posée la question, ni intéressée à elle. Elle ne m’a jamais détesté pour la condition dans laquelle je vivais comparé à elle. Je vivais dans le luxe.
Ma mère avait placé tous ses espoirs en moi et dans mes capacités pour que je devienne médecin. Je n’avais aucune difficulté dans les études et je ne me préoccupais que de moi-même. Quant à ma soeur, elle restait à la maison et s’occupait des tâches ménagères, me semble t-il.
À vrai dire je ne lui accordais pas d’importance. À mes yeux il n’y avait que mes études. Du moins c’est ce que je croyais.
Il m’arrivait de la croiser dans les couloirs de la maison lorsqu’elle s’occupait du ménage ou de la lessive. Elle s’arrêtait alors, me souriait et fixait le sol, mais je sais que le dos tourné, elle me regardait.
Rien que son sourire me réchauffait le coeur. Il était chaleureux. Entre mon université et la maison, personne d’autre ne m’apportait autant de réconfort.
Il m’arrivait de pleurer sous la pression de mes parents, alors elle était là, pour moi. Elle me tendait son épaule et me consolait. Alors que la personne qui avait le plus besoin de soutien, c’était elle. Je me suis toujours demandé comment elle faisait pour sourire après tout ce que ma mère lui faisait faire.
Un jour, ma mère, de mauvaise humeur s’acharna sur elle et la fit tomber des escaliers et la prit par ses longs cheveux noirs. Elle ne réagit pas plus que d’habitude, quelques larmes de douleur. Lorsque je vis son visage, assistant à la scène. Elle fixa le sol à ma vue. Ma mère s’excusa de m’avoir dérangé.
À partir de ce moment là, je sus que dès que j’aurai fini mes études, je partirai de chez moi. Dès que je le pourrais.
Quelques mois plus tard, ma soeur tomba gravement malade.
Ma mère ne m’en toucha pas un mot.
Je l’entendais, le son étouffé de sa toux de temps en temps, et ma mère lui répondait de se taire.
Mon père était la plupart du temps saoûl et dormait.
Ma mère devait s’occuper de toute l’auberge à elle seule.
Je passais discrètement voir ma soeur la nuit, pour lui tenir compagnie et m’assurer de son état de santé. Ma mère lui apportait des restes mais la plupart du temps elle n’en mangeait qu’une infime partie.
Nous n’avions aucune médecine, l’état de ma soeur me préoccupait au plus haut point mais je ne pouvais rien faire.
Elle était fiévreuse et dormait mal. Je ne restais que très peu de temps auprès d’elle. Lui tenant la main, remplaçant la serviette humide sur son front.
Elle reprit le travail de maison quelques jours plus tard, bien qu’étant encore malade.
Je crois que son corps ne s’en est jamais vraiment remis de tout ce surmenage.

Aujourd’hui je vis dans un appartement près de mon lieu de travail. Je suis médecin. Cela doit faire quelques années déjà, que je suis parti sans rien dire à personne avec ma soeur.
Je me rappelle de ce jour comme si c’était hier.
Dès que j’ai eu mes concours et qu’on m’accepta dans cet hôpital. Je cherchai un logement non loin. La veille de mon aménagement, je me rappelle être allé dans la chambre de ma soeur, qu’elle prépare ses affaires, cette nuit nous allions partir. Mes valises étaient déjà prêtes et nous sommes sortis par la fenêtre de ma chambre qui se trouve au rez-de-chaussée. La neige effaça les pas derrière nous.
J’ai toujours peur que ma mère retrouve notre trace.

Elle s’est endormie sur le canapé en m’attendant pour le dîner.
Je lui mets mon manteau comme couverture. Qu’elle n’attrape pas froid.
N’ayant pas pu continuer ses études, elle a réussi à avoir un poste dans le même hôpital en tant qu’infirmière.
Sa bonté rend le sourire à tous ses patients.
Travaillant, j’ai fait faire des examens à ma soeur de santé fragile. Son corps est faible mais ça peut encore aller.
Je veux la protéger, elle m’est plus précieuse que tout. Toutes ces années où je n’ai rien pu faire.

2010.1.19

Engouffré

Le méchant possède une maison close dans l’autre monde. Remplit de mineures. Il achète des enfants non désirés dans le vrai monde. Aucun intérêt particulier. Il revend les enfants à leur maturité à des intéressés lors d’une mise aux enchères.
Il possède une liste de chaque employée. Ne pouvant pas s’échapper, la maison est fermée, mais pouvant se balader librement dans les couloirs et les chambres lorsqu’elles ne sont pas occupées par un client.
Un classement de qui a fait le plus de recette, éduquer celles qui ne sont pas assez efficace au travail.
Offres de tenues plus ou moins luxueuses.
L’héroïne s’est faite vendre par sa mère étant petite.
Aucun souvenir ou très peu de sa famille.
Le méchant l’emmène dans un coin de rue, ouvre un portail dans sa chambre dans l’autre monde.
Il la déshabille et la viole dans la salle de bain comme chaque début d’employée.
Elle décide de renoncer à la vie.
Elle ne réagit pas aux différents clients ce qui suscite une sorte de succès. Cela lance un défi aux clients pour lui tirer des mots ou des cris. Elle est différente des autres employées qui se sont vites habituées et prennent plaisir à leur travail en espérant une faveur du maître des lieux. Ne mangeant plus, le méchant s’inquiète du devenir de la star.
Il s’intéresse à elle et finit par être aussi tenté par ce défi, voyant qu’elle avait largement fait gagner plus d’argent que son prix d’achat et par fierté. Elle ne travaille plus et est assignée à la chambre du méchant.
Ne mangeant rien il est obligé de la nourrir personnellement avec la bouche.
Elle a le droit a de belles robes bien qu’elle subisse tous les sauts d’humeur du méchant.
Elle a quelque chose de spécial, les autres filles sont toutes au pied du méchant. Elle ne réagit pas aux humeurs du méchant.
Elle atteint l’âge d’être vendue.
Attachée dans une robe luxueuse, vendue à prix cher. Les yeux bandés. En tant que fille pouvant devenir esclave servante ou autres. Elle se fait acheter par un homme.
Alors qu’elle est dirigée à l’extérieur dans une charette. Les hommes du méchant tuent l’acheteur après avoir récupéré l’argent. Toujours avec les yeux bandés.
Elle tombe, la charette s’écrase.
Sa tête cogne contre quelque chose et son sang est répandu sur le sol, la terre.
La nature conclut un pacte avec elle, pure.
Inconsciente la nature utilise son énergie pour détruite tout le mal sur son passage, la maison malsaine, les gens, les filles pas nettes.
Enterrés vivants.
Elle reste inconsciente à terre.
Toute cette énergie a été perçu.
Elle est découverte au milieu de rien.
Tout a été engouffré par le sol.
Le gentil : un étudiant de l’école.

2010.10.15

Élément

Il l’attaqua de plein fouet. Il me projeta à terre, loin de lui, juste avant l’attaque.
L’homme à la cape utilisait des flammes noires. De son côté, il tentait de se créer une protection avec ses flammes rouges.
Ils étaient pratiquement à égalité.
L’homme en noir dégaina alors son épée. Je savais que son plus grand point faible était les attaques au corps à corps. Il recula, il fallait que j’intervienne.
Ça allait mal finir pour lui.
Il le coupa de toutes parts, j’essayais de limiter les dégâts avec mon élément : la terre qui pouvait servir de bouclier, mais il était trop rapide.

— Ne te mêle pas de ça !

Il visa son cou, mon élément empêcha le pire.
Sur les nerfs, il visa alors le torse, le coeur. J’intervins encore une fois, mais il était trop fort, son épée transperça mon mur de terre, la trajectoire fut un peu déviée. L’épée atteignit seulement le torse.
Il bougeait avec de la peine, il était à terre, perdant beaucoup de sang.
Je courus vers lui, m’interposant.
Bien qu’il me disait de m’enfuir, je ne pouvais me résoudre à l’abandonner.

— Que voulez-vous ?!

Il rit. J’en profitais pour dresser un mur de terre et l’aidant à se relever nous tentâmes de nous enfuir, un cheval vint vers nous, je l’aidais à monter dessus.
J’indiquais au cheval le chemin de l’école. Moi. Je pouvais courir.
C’était trop étrange. Plus personne ne me suivait, je jetais un regard derrière moi en courant. Je me suis heurtée à quelque chose, quelque chose de chaud.
Prise de surprise, c’était cet homme en noir.
Il m’attrapa par la main.

— Tu me cherchais ?
Dit-il d’une voix suave.

Je me débattais. Il était trop fort.

— Je n’arrive pas à croire que tu m’aies oublié. Depuis que tu m’as quitté, je n’ai pas cessé de penser à toi. Sache que je ne te laisserai plus jamais partir.

Son souffle dans ma nuque et sa voix au creux de mon oreille.

— Détruit ma maison, tenté de me tuer. Jamais on ne m’a traité de la sorte, je devrais te torturer jusqu’à la mort pour un tel acte, mais étrangement, je ne t’en veux pas. Tu es unique. De toutes les filles que j’ai pu fréquenter, aucune n’est comparable à toi.

Il continuait de parler, mais je ne comprenais pas où il voulait en venir, ni de quoi il parlait, il se parlait à lui-même ?
Il s’approchait de plus en plus de moi. Son visage dans mon cou. Sa respiration.
Ça me rappelait quelque chose, mais je ne sais quoi. Des images me venaient en tête. Que m’arrivait-il ?

2010.10.15

Oreilles

Je me rappelle d’une soirée agitée. Maman m’a emmenée dans la forêt, paniquée. On courait. Elle se retournait de temps en temps comme si quelqu’un nous poursuivait.

Tout a commencé lorsqu’en jouant je suis tombée et mon bonnet en même temps, laissant apparaître les oreilles que ma mère m’avait prié de faire attention de cacher.
Grâce à mes longs cheveux et aux hommes qui me surveillaient, personne ne remarqua ce détail. On m’emmena à l’intérieur du château. L’incident fut conté à ma mère, les gens s’inquiétaient de mon sort. J’étais une sorte d’hérésie.
Si on me découvrait, ça pourrait très mal se passer. Et pour moi, et pour ma mère.
Les relations avec les humains n’étant pas très bonnes depuis un certain temps.
Il serait terrible qu’on entre en guerre.
Du moment que chacun d’entre nous respectait les limites frontalières.

*

Lors d’une soirée bal, lorsque les relations que les peuples entretenaîent étaient encore bonnes.
Un beau comte eut le coup de foudre pour ma mère. Il lui fit gentiment la cour mais elle refusa courtoisement.
Après plusieurs verres de trop il l’emmena de force dans une chambre du château et la viola. Elle, princesse du peuple des Elfes. Personne ne faisait attention à ce genre de choses, cela était normal. Les gardes du corps remarquèrent l’absence de leur princesse au bal. Ils la retrouvèrent brisée.
Ils mouraient d’envie de tuer ce comte saoûl mais faire couler le sang n’était pas une bonne solution.
Ils aidèrent ma mère à se rhabiller et firent une plainte au roi des Humains, exigeant la mort de ce comte pour avoir agit de telle sorte. Le lendemain des faits, il fut condamné. Le roi n’eut pas le choix face à un tel acte.
Ce comte accepta son sort.
Depuis cet incident resta secret pour ne pas monter le peuple contre les humains.
Certains humains gardèrent une certaine haine contre les elfes pour cet incident, notamment la famille du comte.
Le roi ne dit pas au peuple les raisons de la condamnation pour ne pas perdre la face devant eux.
De nombreuses rumeurs non-favorables aux elfes circulaient.
Mais la princesse tomba enceinte.
On lui suggéra d’avorter et tuer cette abomination.
Si on découvrait l’existence d’un tel enfant on se poserait des questions. S’il était né dans un bon contexte cela aurait signifié l’unification des peuples.
Mais ce n’était pas le cas.
Ma mère refusa l’avortement et insista pour garder l’enfant.

Je fus née et je n’avais pas les oreilles d’elfes. Elle dut me cacher pendant un bout de temps.
Personne à part les proches ne savaient que j’étais sa fille.
J’étais enfermée dans une chambre.
J’avais la vue sur le village.
Une fois un villageois m’aperçut et posa des questions à mon sujet.
Heureusement on put le faire douter et me faire passer pour une servante ou quelqu’un d’autre. Mais d’autres employés de château pouvaient me croiser par mégarde.

Il était de plus en plus difficile de me cacher et ma mère risquait beaucoup.
Elle surprit une conversation de son père parlant de tuer l’enfant pendant qu’il était encore temps, dans la forêt et de masquer ça en un accident.
Son enfant. Elle paniqua et décida de s’enfuir la nuit même, avec moi.

On continuait de courir, on s’arrêta pour souffler et on rencontra 3 guerriers humains. Ils me regardaient bizarrement.
Que faisait une petite fille de cet âge dans la forêt.

— Ça va petite ?
— T’es perdue petite ?
— Il faut pas sortir à cette heure-ci, c’est dangereux.

Je regardais derrière moi, mais plus personne.
Maman était partie aussi.

2010.10.7

Vêtements

Maman m’a vendue.
Je suis arrivée dans une pièce luxieuse, le monsieur s’est déshabillé et m’a aidée à me déshabiller.
Puis nous sommes allés prendre un bain ensemble.
Il m’a fait mal.
Je n’ai plus jamais parlé.
Il m’a donné de beaux vêtements.
Il m’a laissé dans cette chambre et je ne pouvais pas sortir.
La porte était fermée de dehors.
Un autre monsieur est entré dans ma chambre, il m’a fait plus mal que le jeune monsieur de la première fois.
Puis d’autres monsieurs sont venus me rendre visite.
Ils m’ont tous fait mal.
Je ne criais pas, je ne parlais pas, je ne disais rien.
De plus en plus de monsieurs me rendaient visite.
Le jeune monsieur venait me voir de temps en temps.
Il m’offrait de très jolis vêtements.
Il me disait que je travaillais bien.
Une jolie fille est aussi venue me voir.
Elle se déshabilla et découpa mes nouveaux vêtements et se frotta contre moi, elle me faisait mal. Je gardais le silence.
Elle avait l’air contrarié et avait des ciseaux dans sa main, elle les dirigea sur mon visage.
Le jeune monsieur entra dans ma chambre et fit des gestes, lança des boules de feu sur les ciseaux.
La fille les lâcha. Elles tombèrent juste à côté de mon visage.
Il lui dit de sortir.
Elle prit ses vêtements et sortit.
Il s’approcha de moi et vérifia si je n’étais pas blessée.
Il me prit dans ses bras et m’emmena dans une autre pièce.
Le lit était beaucoup plus grand et tout était plus beau.
C’était sa chambre.
Il me laissa à partir de maintenant dans cette chambre.
Il m’apportait de nouvelles robes.
J’attendais chaque jour allongée sur son lit. Je ne bougeais pas.
Il me faisait mal.
Moins que les autres.
Il essayait d’être doux.
Puis un jour.
La pagaille dans toute la maison.
Il entra inquiet dans sa chambre.
Il me prit dans ses bras et m’emmena à l’extérieur.
Des gens étaient en train de détruire la maison.
Ils tuaient.
On se fit attaquer.
Je me rappelle être tombée.
Quelque chose hurta ma tête.
Quelque chose de brûlant.
Dans mon sang.
Je me suis réveillée dans une chambre.
Mal de tête.
Coeur palpitant.
Un homme aux cheveux longs noirs et lisses me fixait.
Il posa sa main sur mon front.
Il avait le regard plein de questions.
Son regard changea.

2010.9.30

Brise

Nous étions allés nous promener dans la forêt.
L’air frais, une petite brise.
On entendait les feuilles des arbres. C’était agréable. Je courais joyeusement autour de lui en lui tenant la main. Il me souriait, me regardant d’un air bienveillant.
Quand tout d’un coup, un homme apparut juste devant nous. Sa silhouette me rappelait vaguement quelqu’un. Il était dans une grande cape noire qui ne permettait pas de voir son visage. Il s’approcha de nous.
Mefiant, et me tenant toujours la main, il me fit signe de rester derrière lui.

— Qui êtes vous ?

Il souleva sa capuche et je pus voir un visage fin et de longs cheveux noirs.
Je le fixais en attendant qu’il se présente.
Ne voyant aucune réaction de ma part, il sourit.
Il se rapprocha de nous. Inconsciemment mon élément attaqua l’homme, sans succès. Il détruit toutes mes racines qui tentaient de le stopper avec du feu.
Nous reculions. Après cette riposte je pris l’initiative de l’offensive. Il souriait toujours. Ça ne présageait rien de bon.
Son élément était celui du feu, le même que le sien. Je pouvais avoir l’avantage en utilisant majoritairement la terre. Il tenta quand même de contre attaquer.
Il lança des boules de feu. Bien qu’elles touchèrent l’ennemi, elles n’urent aucun effet.

2010.9.16

Nuit d’hiver

Je ne me souviens de plus grand chose.
Peut-être qu’inconsciemment je voulais oublier mon passé.
Je me rappelle d’avoir vaguement eu une famille.
Une mère, un père inexistant, un frère.
Je me souviens d’une nuit d’hiver, elle discutait avec un homme enveloppé d’une longue cape de couleur sombre. Personne ne s’habillait comme cela ici. Il m’a sourit. Il m’a tendu sa main. Était-ce mon père ? Nous étions dehors et il faisait un peu froid. Elle ne m’achetait pas grand chose pour m’habiller. Je portais toujours la même robe depuis plusieurs années. Même en ce froid d’hiver. Je ne me plaignais pas.
Il a pris ma main, elle était chaude. Peut-être bien même qu’elle eut réchauffée tout mon être. Il la serra fort dans la sienne et nous sommes partis. Sans aucun mot.
Je me souviens avoir beaucoup marché. Jusqu’à une ruelle sombre. Il tendit sa main devant lui, une lumière apparut, elle s’étendit en forme rectangulaire, comme celle d’une porte. Il s’avança sans me lâcher la main. Je fermai les yeux.
J’ai commencé à sentir une douce odeur, et de l’air tiède. Comme si nous venions de pénétrer dans une maison.
J’ouvris les yeux, j’étais maintenant, non dans une ruelle sombre et froide, mais une chambre luxueuse et éclairée.
Je me retournais, le passage était encore derrière moi.
Il remarqua mon action, tendit une nouvelle fois sa main, ferma son poing et la porte lumineuse rétrécit jusqu’à disparaître.
Je me tournai vers lui.
Il commença par ôter son long et grand manteau, laissant apparaître des cheveux lisses et noirs qui lui retombèrent jusque dans le bas du dos.
Il enleva sa tunique, il avait un corps pâle et musclé.
Il se tourna ensuite vers moi.
Il me déshabilla.
Il m’emmena dans la salle de bain.

2010.9.14

Commandante

Elle s’était réveillée en mauvais état, en plein milieu de la forêt.
Les cheveux ébouriffés, des égratignures sur le visage et sur le corps.
Les vêtements en lambeaux.
Elle ouvrit les yeux difficilement.
Ses ailes étaient abîmées, elle avait dû tomber de haut.
Elle ne se souvenait plus de comment elle avait atterri, ou plutôt écrasée là. Sa tête lui lançait.
Elle tenta de se relever, elle réussit à s’appuyer contre un arbre et se mettre debout.
Des bribes de souvenirs lui revinrent.
Des images de torture. De son mari.
Elle voyait son mari se faire maltraiter et battre sous ses yeux. Il était en sang. Il faisait sombre.
Cela la mit hors d’elle.
Elle essayait de marcher, de tituber jusqu’à trouver un moyen de s’orienter.
Si son mari était mort, elle n’avait plus aucune raison de vivre.
Son monde s’écroulait. Elle en voulait au monde entier.
Le mal de tête ne s’estompait pas.
Elle tomba sur des inconnus. Des inconnus qui ne semblaient pas lui vouloir du bien. Ils la reconnurent et s’approchèrent d’elle.
Sa vision n’était pas encore très nette.
Elle ne se laissa pas faire et les repoussa loin d’elle.
Ils se retrouvèrent à terre, inconscients.
Elle continua son chemin, nonchalante, elle avait l’impression de tourner en rond.
Elle ne savait plus quel était son but.
La nuit tomba et différentes silhouettes apparurent sous ses yeux.
Elle ne les reconnaissait pas.
Ils s’approchèrent d’elle et elle ne les laissa pas faire.
Elle se défendit comme elle put, puis elle finit par s’écrouler de fatigue, au sol.

— Mathilde ! Mathilde ? Tu m’entends ? Je suis là maintenant.

Elle ne voyait pas qui c’était, la voix lui était familière, puis elle sombra.
Il était à ses côtés, il la prit dans ses bras, et vérifia qu’elle n’avait pas d’autres blessures.

— Vous allez bien ?
Demanda t-il aux autres personnes.

— Oui… Je crois… Elle n’y est pas allée de main morte…
Soufflait l’un.

— Je ne sais pas ce qu’ils lui ont fait, mais elle est dans un sale état…
— Elle ne nous a même pas reconnus… Ni même toi !

Ils s’approchèrent d’elle et l’observa quelques minutes.

— C’est pas beau à voir, elle nous a mis la misère dans cet état… J’imagine même pas si elle avait été en forme…
— Je préviens la maison qu’on rentre.

Elle avait les lèvres en sang et des cernes tout autour des yeux.
Il la porta et ils rentrèrent tous à leur quartier général.

Elle était allongée sur le dos, les ailes écartées pour qu’on puisse les soigner.
Elle se réveilla en douceur, elle était sous calmants et morphine.
Il était à ses côtés et la salua.

— Comment vas-tu, ma puce ?
Sourit-il.

Sa vue mit un temps à s’adapter puis elle reconnut son époux.
Les larmes coulèrent d’elles-mêmes sur ses joues.

— Je… Mathieu… Je croyais qu’ils t’avaient… que tu étais mort…
Sanglotait-elle, de soulagement.

Il serra sa main dans la sienne et lui essuya ses larmes.

— Tout va bien, on est à la maison. Je suis là maintenant…

Ses souvenirs étaient encore flous mais elle se souvenait de son époux et des sentiments qu’elle éprouvait à son égard.
Il lui embrassa le front et resta auprès d’elle jusqu’à ce qu’elle se rendort.

— Elle semble aller mieux. Elle m’a reconnu. Je pense qu’on peut baisser la dose de calmants.
Dit-il lorsqu’il sorti faire son rapport.

— J’en fais part à l’équipe. Son état s’est stabilisé, elle devrait retrouver sa forme d’ici quelques jours. Cependant, psychologiquement il faut qu’on continue de la surveiller. On ne sait pas ce qu’il lui ont fait, et elle a tout de même attaqué nos troupes.

— Je m’en occupe.

*

— Que s’est-il passé ? Je ne me souviens de rien… Je me suis réveillée au milieu de nulle part…

— Tu as été enlevée il y a quelques semaines, on t’a cherchée partout mais sans succès. J’étais mort d’inquiètude. Par chance, et par hasard, une unité est tombée sur toi dans la forêt mais tu les as attaqués.
Racontait-il assis sur le bord du lit où elle était allongée.

Elle était rétablie mais elle était encore en tenue de patiente, le bracelet au poignet et elle ne pouvait pas quitter sa salle de soin.

— Je… Je suis désolée. Je suis terriblement confuse.
Elle se releva et elle le serra dans ses bras.
— Je sais, ne t’inquiète pas.
— Je ne me souviens de rien d’autre…

De temps à autres, elle se réveillait en pleine nuit en hurlant, elle faisait des cauchemars.
Ces états ne rassuraient pas les équipes médicales.
Il lui arrivait de rester le regard fixe pendant des heures.
Son mari était plus qu’inquiet, il ne pouvait pas être là à chaque fois mais il essayait.

— Aujourd’hui, on va pouvoir sortir un peu.
— C’est vrai… ?
— Oui, peut-être que cela réveillera tes souvenirs.
— J’ai si peur… Je sais que ce n’est pas normal, que mon état n’est pas stable… J’ai des pertes de conscience…
— Je resterai auprès de toi, tu n’as pas à t’inquiéter.

Il lui prit la main et l’emmena se promener en suivant un circuit bien surveillé.
Elle ne reconnaissait rien.

— Ce n’est pas grave. Cela prendra le temps qu’il faudra.

Il lui présenta également ses anciennes connaissances.
Elle ne se souvenait plus d’eux.

— C’est dommage et triste… mais je pense que nous l’avons perdue. Elle ne retrouvera pas son état d’avant… C’était l’un de nos meilleurs éléments. Ils n’ont pas fait ça par hasard…
— Je ne l’abandonnerai pas…
— On ne sait pas ce que l’avenir lui réserve… Au moins, son état s’est stabilisé, elle a moins de pertes de connaissance et semble reprendre sa personnalité.
— Elle pourra bientôt sortir ?
— D’ici quelques jours, le temps de finir la paperasse, oui.
— Merci beaucoup…

Ils tentèrent de reprendre leur vie d’avant.
Elle faisait des cauchemars de temps en temps mais il était là pour elle.
La serrant dans ses bras lorsqu’elle se réveillait en pleine nuit.
Elle reprit également l’entraînement. Elle ne pouvait pas reprendre son ancien poste mais elle réintegra l’équipe en tant que simple combattante.
Elle avait l’habitude de prendre les commandes avec son époux.
La situation changea un peu. Elle n’avait plus les connaissances requises pour reprendre ses fonctions.

*

Elle se précipita pour aider Mathieu qui était en difficultés.
Elle ne pouvait pas le laisser dans cet état, elle savait que c’était une décision débile mais ses sentiments étaient plus fort.

— Tu peux te relever ?
Elle lui tendit la main pour qu’il puisse avoir un point d’appui.
Elle ne vit pas l’attaquant derrière elle, il l’attrapa et l’immobilisa.
Ce n’était pas un simple soldat.
À la vue de ses ailes, c’était au moins un commandant.
Il l’aggripa par la taille et tint son visage près du sien.

— J’aime ça.
Susurra t-il.

Elle tenta de se débattre, sans succès.
Mathieu vira au rouge et chercha à se battre, malgré ses blessures.

— Mathilde !! Cria t-il.

L’homme se tourna vers lui et lui rit au nez.

— Pitoyable ! Si tu approches trop, je risquerai d’écorcher ce magnifique corps.

Il passa son épée le long des vêtements de Mathilde. Puis fit un mouvement brusque jusqu’à arrêter la lame en hauteur, au niveau du coeur de la demoiselle.

— Quel gâchis… N’est-ce pas ?

Elle n’avait pas peur, elle le regardait avec haine et semblait même le défier.

— Je vois qu’on ne se laisse pas faire.

Il rangea son épée dans son fourreau.

— Je vous l’emprunte.
Dit-il avant de s’envoler et disparaître avec Mathilde dans ses bras.

Mathieu ne put rien faire, après ceci des ordes de soldats arrivèrent en renfort et il dut reprendre les commandes, et lui-même se battre.
Ils réussirent à minimiser les pertes mais la bataille était un échec malgré leur défense. Ils avaient tenu tête mais ils avaient perdu une commandante. Il s’en voulut pendant des jours jusqu’à lancer les recherches et se reprendre en main.
Il ne pouvait pas abandonner sa femme.

*

— Si j’avais été plus fort…
— Qu’est-ce que tu dis ?
— Non, rien… Je me parle à moi-même. Je t’aime Mathilde.

Une autre bataille fut déclarée et ils durent s’y rendre.
Elle était confiante, elle s’était entraînée et malgré ses lacunes mémorielles, elle était douée, personne ne pouvait en douter.

Mathieu réussit à retrouver l’ennemi qui avait enlevé sa femme.
Il lui fonça dessus et comptait prendre sa revanche.

— Tu vas payer pour ce que tu lui as fait.

L’ennemi était à terre et semblait avoir perdu, mais sur son visage il était serein.
Au coup fatal, Mathilde apparut et s’interposa.
L’incompréhension était totale.
Elle ne semblait plus entendre raison et son regard était vitreux.
L’ennemi se releva, tranquillement, et embrassa Mathilde sur la bouche sans qu’elle ne réagisse.

— Je l’ai bien éduquée. Regarde.

Il la serra contre lui et elle ne résistait pas.

— … Que lui avez-vous fait ?!

Il ne tenait plus en place.
Elle était hypnotisée.

— Bats-toi pour moi, ma mignonne.

Le combat fut acharné, elle était au meilleur de sa forme et en face, il ne voulait pas la blesser et encore moins la tuer.

— Mathilde, c’est moi, réveille-toi !

Ils croisèrent le fer et ils enchaînèrent leurs échanges.

2016.08.19

Malédiction

Il était une fois une princesse maudite.
Pour sauver leur village, ses parents ont dû sacrifier leur fille en passant un pacte avec un sorcier.
Au lieu de la perdre à jamais, il proposa que sa bonne santé soit sacrifiée au profit de tous.
Tous ceux à quelques kilomètres d’elle qui auraient un mal, seraient guéris. En échange, elle absorberait en elle n’importe quels maux.
Elle ne mourrait pas, mais serait toujours à la limite, à l’agonie.

La décision fut prise lorsqu’elle avait 10 ans.
Ses parents durent se faire une raison, et prendre ce marché comme une chance, vu qu’ils ne perdraient pas leur fille.
Cependant, ils ne s’imaginaient pas ce qu’elle allait devoir subir.

Les premiers instants furent difficiles.
Elle absorba les premiers maux, jusqu’à la limite de son corps.
Il avait été modifiée de sorte qu’elle ne meure pas de blessures ou d’hémorragies, la rendant plus résistante, mais étant encore jeune, elle ne pouvait pas encaisser plus que ce qu’elle pouvait.
La douleur était telle qu’elle perdit connaissance sur le coup.
Le précepteur qui s’occupait de son éducation et de sa sécurite, la prit en charge.
Il comprenait la décision de ses maîtres mais il ne pouvait se résoudre à la voir souffrir à ce point.
Elle avait eu une très bonne éducation et elle essayait de garder le sourire et de ne pas se plaindre en face de ses parents.
Elle était un catalyseur qui assurait la protection de tout le village.

Elle ne pouvait pas mourir de cette malédiction mais si quelqu’un tentait de la tuer, elle restait mortelle et la malédiction ou bénédiction, serait brisée.
C’est pour cette raison qu’elle était protégée et sa sécurité importait avant tout.
Ses libertés furent supprimées. Tout ce qui pouvait être dangereux pour sa vie lui était maintenant interdit.
Le secret sur son existence fut bien gardé, on fit croire au village qu’elle était morte et qu’une statue fut érigée, elle était devenue une sorte de divinité qui protégeait le village. Elle était devenue un symbole.
Bien qu’elle soit toujours en vie.
Enfermée dans une tour, elle ne voyait que son précepteur et ses parents. Son existence avait été effacée.

Elle passait son temps dans cette chambre.
Elle regardait de temps en temps la vie à l’extérieur.
Et lorsqu’elle absorbait des maux, ce qui pouvait arriver à tout moment, elle tentait de rejoindre son lit pour récupérer et ne pas se blesser plus.
Elle aurait souhaité se donner elle-même la mort, malheureusement elle respectait trop ses parents et avait également des principes.

Elle adorait son précepteur, c’était son seul ami et confident.
Il lui arrivait de rester à son chevet pendant plusieurs jours à cause de cette malédiction.
Elle lui donnait autant de respect qu’il en avait pour elle.

2016.08.19

Oeuf

Les bords de la coquille géante s’effritaient de plus en plus, jusqu’à ce qu’elle éclate en petits morceaux, dans une poussière de paillettes.
Une jeune fille en sortit. On vit tout d’abord des plumes. Ses ailes étaient d’un blanc immaculé, et étaient repliées sur le corps, comme s’ils voulaient la préserver de l’air ambiant.
Il était là, debout, il avait suivi et attendait ce moment depuis tellement longtemps.
Elle semblait dotée d’une vie lorsque l’oeuf l’expulsa, puis elle retomba, lentement, en suivant les lois de la gravité.
Il la réceptionna dans ses bras.
Le liquide contenut dans l’oeuf et qui la recouvrait, se déversa dans la pièce, puis s’évapora comme de la vapeur, ne laissant rien sur son passage.

Elle avait les yeux fermés.
Ses longs cils clairs, ses cheveux bruns et lisses tout d’abord collés contre son dos et son visage, finirent par sécher.

Ses paupières s’ouvrirent un instant, doucement.
Elle ne tenait pas encore sur ses jambes.
Elle était dans le plus simple appareil.
Il la porta jusqu’au lit à proximité et la recouvrit d’une couverture.

2016.08.19