Majorité

Elle tomba, elle vit quelqu’un sauter vers elle pour tenter de la rattraper.
C’était trop tard.
Alors elle se dit avec ironie que ça ne pouvait pas être comme dans les histoires qui se finissent bien, où il y a toujours quelqu’un pour rattraper et sauver la personne en détresse.
Elle sourit malgré elle, et accepta son destin. Elle ferma les yeux.
La vitesse à laquelle elle tombait lui fit perdre connaissance.
C’était mieux ainsi. Elle n’allait pas trop souffrir. Du moins c’est ce qu’elle espérait.
L’homme qui sauta dans le vide pour tenter de la rattraper réagit trop tard.
Elle était déjà trop loin.
Il la vit disparaître dans les feuillages des arbres qui formaient la forêt tout en bas.
Paniqué et les larmes plein les yeux, il descendit sur terre à une vitesse plus lente en déployant ses ailes.
Elle s’écrasa dans les branches de plusieurs arbres.
À la vitesse à laquelle elle était arrivée, elle avait dû se briser plusieurs côtes et avoir une fracture du crâne.
Elle était arrivée tête la première, s’était prise une multitude de branches.
Ne sachant plus trop bien si c’était sa tête qui brisait les branches ou l’inverse.
Elle prit d’autres branches dans le dos, ce qui amortit sa chute jusqu’au sol.
Sans parler des égratinures sur ses bras et jambes.
Elle avait sûrement tous les os de son corps brisés, et n’avait sûrement plus beaucoup de temps à vivre.
Elle saignait du nez et du coin de la bouche.
Elle avait eu mal sur le coup, la douleur étant telle que son cerveau avait coupé tout contact. Elle était dans le coma le plus total.
Un homme dans la trentaine, cheveux bouclés roux mi-longs, yeux noirs sombres, s’approcha du corps ensanglanté de la jeune fille.
Il se hâta auprès d’elle et tâta son pouls.
Elle était encore en vie.
Il regarda autour de lui.
Il leva la tête et aperçut l’impact et d’où venait la blessée. Elle était entourée de feuilles et de branches brisées.
Cela aurait pu être une très belle scène si le personnage n’était pas en train de se vider de son sang et quitter ce monde.
Il tenta de la porter, il passa sa main gauche sous son cou, la souleva.
Il y avait une bonne flaque de sang qui s’était formée à partir de l’écoulement de son crâne ouvert.
Il la porta jusqu’à son repère en espérant qu’elle ne lâche pas son dernier soupir dans ses bras.
Il disparut d’une simple distorsion.
À l’instant d’après, ils étaient dans une chambre luxueuse, il la posa sur un grand lit à baldaquin deux places.
Son corps s’enfonça dans le moelleux du matelas et de la parure de lit en diffusant et teintant une couleur rouge rubis.
Il avait lui-même ses vêtements recouverts de sang.
Il appela dans la minute qui suivit un médecin.
On frappa à la porte, elle s’ouvrit d’elle-même sans que personne n’y aille.
Un homme en blouse blanche poussa un cri en voyant l’état de son ami.

— Ce n’est rien. Occupe-toi de la personne qui est en train de changer la couleur de mes draps. S’il-te-plaît.
Répondit-il simplement.

Il se dirigea vers le corps de la fille.
Il pensait qu’elle était déjà morte. Qu’on ne pouvait plus rien faire pour elle, jusqu’au moment où il tâta son pouls et se rendit compte qu’elle respirait encore. Les battements de son coeur étaient faibles.
Il partit en courant et revint avec des bandages, une bassine d’eau chaude et des pommades et herbes de toutes sortes.
Il revint accompagné d’une jolie jeune femme.

— Ce n’est pas le meilleur endroit pour lui apporter des soins mais dans son état, mieux vaut ne pas la déplacer.
Dit l’homme qui semblait avoir des compétences en tant que guérisseur.

Il l’examina de plus près. Plusieurs côtes brisées et fractures.
Il dut replacer à la main certains os et utiliser des bandages pour stabiliser le tout. L’assistante appliqua les différentes pommades.

— Nous allons la déshabiller…

Il comprit qu’il devait sortir de la pièce. Il prit des vêtements de rechange et décida d’aller prendre une douche.
L’assistante prit une paire de ciseaux et découpa sur toute la longueur, en partant du buste, le vêtement teinté de rouge de la blessée. C’était une sorte de robe à motifs étranges qu’elle n’avait jamais vu auparavant. Elle ne s’y attarda pas trop et le découpa au niveau des bras pour pouvoir lui appliquer des soins sans être gêné.
La patiente ne réagissait pas. Le médecin vérifiait de temps en temps qu’elle respirait et que son coeur battait toujours.
Ils lui appliquèrent des bandages sur tout le torse, jusqu’au niveau de la poitrine. Autour de sa tête, après avoir délicatement mis de la pommade sur tout son corps.
Après tout cela, elle ressemblait à une momie.
Ils ne purent rien faire de plus à part attendre.
Ils récupérèrent les lambeaux des vêtements de la jeune fille imbibés de sang et décidèrent de se retirer.
Il sortit de sa douche habillé avec des vêtements propres et les cheveux à moitié trempés.

— On a fait tout ce qu’on pouvait faire, il ne reste plus qu’à attendre…

— Merci bien. Je vais m’occuper de la suite. Vous pouvez disposer.

Elle avait un petit visage rond, les cheveux longs et noirs, sa corpulence était plutôt fine et elle disposait d’une poitrine assez généreuse. Sa respiration faible et les battements de son coeur la trahissaient, sans cela on aurait pu croire qu’elle ne vivait plus.

*

Il arriva à peu près à l’endroit où elle était tombée, il se posa délicatement sur le sommet de l’arbre et chercha l’impact qu’avait laissé sa soeur. Il trouva enfin. Il s’en rapprocha hâtivement et chercha activement son corps.
Personne. Tout ce qu’il voyait était plusieurs branches cassées et des feuilles au sol, à l’endroit où était censé se trouver sa soeur. Ce n’était pas possible. Elle avait disparu.
Il s’approcha et toucha la terre. Il restait quelques traces de sang et la chaleur infime indiquait qu’elle avait bien été là.
Quelqu’un avait dû venir. Il ne pouvait pas croire qu’elle était morte et s’était évaporée dans l’air.
Il chercha minutieusement dans toute la zone pendant plusieurs minutes. Rien.
Il dut se résigner et rebrousser chemin. Repartir sur l’île.
Il était dépité.

Pendant tout ce temps là.
Il était resté à moitié conscient, à terre.
Il se souvenait de la dispute entre lui et Alexandre au sujet d’Alice. Il l’avait empoigné et plaqué au sol.
Il avait fermé les yeux l’espace d’un instant avant de s’apercevoir qu’ils avaient tous deux disparus.
Où étaient-ils bien passés ?

— LYS ! NON !
Criait Alexandre.

Il se tourna vers la source de ce cri.
Il le vit plonger dans le vide.
Où était Alice ?
Non, elle n’était tout de même pas tombée…
Il ne pouvait pas attendre sans rien faire. Il sauta aussi à son tour dans le vide et déploya ses ailes.
Il vit Alexandre refaire surface de la forêt, seul.
Il volait lentement et ne semblait pas dans sa grande forme.
Il l’intercepta sur le chemin.

— Où est Alice ?

Il resta silencieux, ne sachant pas de quelle manière il devait aborder le sujet.

— … Elle est tombée… Disparue…

Il l’empoigna à son tour.

— Tu te fiches de moi ?!

— Tu n’as qu’à aller voir de tes propres yeux !
Dit-il les larmes aux yeux.

Il l’attrapa et l’emmena avec lui vérifier ses dires dans la forêt.
Son corps était réellement absent.
Ils ne réussirent pas à la retrouver.
Florent s’arrêta. Il baissa la tête et serrait les poings. Il était en colère contre lui-même et Alexandre.
Il ne dit rien. Il reprit son envol et rentra chez lui.
Elle était certainement morte.
Il espérait que quelqu’un l’avait enlevée et qu’elle continuait à vivre quelque part. Mais ce n’était que fuir la réalite.
Alexandre dut annoncer la mauvaise nouvelle à ses parents.
Il reçut une claque de sa mère. Elle était aux bords des larmes.
Son père dut l’arrêter. Elle était complètement bouleversée. Son époux fit tout pour la réconforter.

— Vous n’avez pas retrouvé son corps ? … Dans ce cas il est possible qu’elle soit encore en vie. Quelque part. On peut espérer. Si c’est le cas. Nous devons la retrouver le plus tôt possible.
Elle a déjà atteint la majorité mais ses ailes n’ont pas encore poussées. Si ils venaient à sortir… Je n’ose imaginer la souffrance qu’elle devra endurer si elle devait affronter cette épreuve seule.

2012.11.23

Rougeâtre

Elle fut parti en balade en fin d’après-midi dans la forêt.
Il faisait beau, on pouvait apercevoir le ciel rougeâtre à travers les arbres et leurs branches.
Elle aimait se balader et se vider l’esprit. Méditer dans cette atmosphère.
Elle commença à chantonner. Elle n’osait pas le faire devant des gens, ni son propre frère. C’était bien trop honteux.
La nuit commençait à tomber.
Elle se décida à retrousser chemin, lorsqu’elle entendit des bruits non-loin d’elle. Il y avait quelqu’un. Non, peut-être était-ce un animal.
Curieuse, elle s’approcha.
Elle vit alors un homme adossé à un arbre, assis. Il la fixa.
Elle fut surprise et rougit. Il l’avait entendue chantonner.
Il mit son doigt sur la bouche et lui indiquait de ne pas faire de bruit.
Il avait une cape noire et longue, la capuche encore sur sa tête, ses cheveux sombres dépassaient.
Elle était plongée dans sa réflexion. Que faisait-il ici.
Au loin, elle entendit un groupe de personnes s’approcher et crier.
Elles avaient des torches et semblaient chercher quelqu’un. Cet homme… ?
Il voulut se déplacer et partir dans une direction opposé. Il fit une grimace.
Elle aperçut une tâche sur ses vêtements intérieurs. Il était blessé.
Par réflexe elle s’approcha de lui et approcha sa main de son torse.
Il l’arrêta.
Ils se fixèrent.
Elle ne savait pas qui il était mais il était blessé et ne semblait pas méchant.
Elle tint son regard, il eut une faiblesse et glissa le long de l’arbre pour s’assoir.
Elle posa sa main sur sa blessure. Sa chemise était trempée de sang. Il était en mauvais point.
Elle ferma les yeux et récita des mots incompréhensibles. Une petite lumière chaude et rouge apparut sous sa main.
Elle réchauffa le torse de l’homme en noir. Il reprit peu à peu ses esprits.
Il allait beaucoup mieux et sa blessure était à présent fermée.
Il vit la jeune fille en face de lui faiblir et perdre l’équilibre.
Il la rattrapa avant qu’elle ne tombe au sol et il la posa dos à l’arbre, à la place qu’il occupait.
Il se disait qu’elle devait bien être inconsciente comme personne, de secourir un inconnu blessé dans la forêt, de plus de s’épuiser à ce point là.
L’idée qu’elle pouvait être un ange lui traversa l’esprit. Elle semblait simplement dormir à poings fermés.
Il entendit une voix crier au loin le mot « Lys ».

2012.5.19

En bois

Le chariot est attaqué, la fille se trouvait à l’arrière.
Le chariot du marchand est renversé, la fille perd connaissance en se cognant lors de l’attaque.
Le marchand est mort sur le coup, tué par les bandits.
Les bandits inspectèrent l’arrière de la charrette qui pouvait contenir quelques marchandises de valeur.
La jeune fille était alors inconsciente par le choc et le renversement de la voiture.
Un bandit entra et l’aperçut. Il la tira par la jambe à l’extérieur. Son corps à la lumière du jour, l’homme fut surpris de sa découverte.
Il interpela ses amis qui étaient aux alentours, encerclant la charrette à laquelle ils avaient tendu une ambuscade.
Un des bandits se trouvait aux côtés du corps du marchand, faisant ses poches, et jouant à moitié avec son cadavre.

— Hé les gars, vous allez pas croire ce que je viens de trouver comme « marchandise »… !
Dit-il d’un ton rieur.

Ses compagnons s’approchèrent, curieux.
Il tenait la jeune fille par ses cheveux et brandissait fièrement sa trouvaille devant les yeux lubriques de ses amis.

— Putain. Qu’est-ce qu’elle fout là ?!
— Elle doit pas avoir plus de 12-13 ans, on peut la revendre cher.
— On pourrait s’amuser un peu avec avant de la vendre !
— Dis pas de conneries, si elle est vierge on peut facilement décupler son prix !

Ils riaient comme des idiots, en baissant leur garde.
Ils entendirent le bruit d’un objet tomber et rouler sur le sol de terre jonché de feuilles. Suivi d’un second.
Un homme plutôt musclé et barbu se trouvait aux côtés du corps du marchand et du corps d’un bandit, sa tête complètement détaché de son corps, d’une découpe nette.

— PUTAIN L’ENFOIRÉ !

Ils se dispersèrent, du moins tentèrent de s’enfuir, et de venger leur compagnon d’armes.
Le tueur massacra tous les bandits qui venaient vers lui un à un.
Il coupa des membres, pas forcément la tête la première, visa le coeur parfois.
Il ne restait que le premier bandit, qui avait observé toute la scène et se tenait encore derrière la charrette, avec dans ses mains les cheveux de la fillette.
Il était apeuré. Il voyait que sa fin était proche. Le guerrier finissait de retirer son épée du corps d’un bandit, regarda autour de lui et fixa le dernier homme encore debout. Il s’avança vers lui d’un pas non-pressé. Leurs regards se croisèrent.
Pris de panique, le bandit lâcha la fillette et prit ses jambes à son cou.
Le guerrier ne le laissa pas s’enfuir, il se mit à courir pour le rattraper jusqu’à le tuer un peu plus loin.
Alors qu’il essuyait la lame de son épée sur le tissu du vêtement du bandit à présent mort, il jeta un regard au corps de la fillette.
Il s’approcha.
Il mit un genou à terre, prit la main de la petite pour tâter son pouls.
Elle était en vie, juste inconsciente.
Il ne bougea pas et fixa quelques instants la jeune fille.
Il semblait prit dans une longue réflexion entre laisser le destin faire les choses et la laisser ici. Ou bien l’emmener avec lui et aviser ensuite.
Il soupira, passa son bras sous son corps frêle et la serra contre lui pour la réchauffer.
Il voyait bien que la voiture ne contenait aucune marchandise intéressante. Il balaya du regard les alentours, la tête avertie du moindre danger. Rien.
Il se leva et la porta, se dirigeant vers son chez lui.
Il sentit sur la cuisse de la fillette une sorte de sangle sur la largeur et un métal dur sur la longueur.
Il fit remonter en faisant glisser lentement le tissu de sa robe au dessus de sa jambe.
C’était une lame, dans son fourreau, ornée d’un emblème qui lui était inconnu. Elle semblait valoir une bonne fortune vu la richesse dont faisait preuve les détails du fourreau.
Il n’en fit pas plus et reprit sa route.
Ils arrivèrent près d’une cascade.
Le bruit de la chute d’eau s’était fait entendre à quelques mètres déjà.
L’homme au traits durs s’avança droit vers le rideau aqueux.
Il contourna le bassin qui accueillait cette grande quantité d’eau.
Un petit passage à droite de la cascade permettait de la traverser sans se tremper.
Passés derrière ce rideau, il y avait une grotte d’un plafond bas, assez pour tenir debout sans trop se courber pour l’homme.
La lumière de l’extérieur filtré par la cascade pénétrait un peu à l’intérieur et permettait de voir les parois rocheuses de l’endroit.
Il s’enfonça au fin fond de la grotte, jusqu’à ce qu’ils baignent dans l’obscurité.
De sa jambe droite il écarta quelque chose. Le bruit laissait croire que c’étaient des feuilles.
Un rideau de lianes de feuilles s’ouvrit et laissa apparaître une porte en bois, il la poussa de son pied et une petite lumière éclaira d’un filet une partie de la profonde grotte.
C’était une petite demeure.
Il prit soin de remettre le rideau en place ainsi que la porte.
Il y avait un lit fait, il posa délicatement la fillette sur la couette, il regarda autout de lui.
Il attrapa une cape assez épaisse et lourde qui trainait sur un porte-manteau et la posa sur le corps endormit de la protégée.
Il resta debout un moment et se gratta la tête de sa main droite, se demandant ce qu’il avait fait. Quelles seraient les conséquences de son acte.
Elle sentit qu’elle reposait sur une surface moelleuse et chaude.
Quelque chose d’un peu lourd mais qui la réchauffait peu à peu fut posé sur elle.
Elle ne se souvenait plus de grand chose.

Elle était dans la voiture, puis une secousse. Elle ne vit plus rien, elle ne pouvait plus bouger mais entendait un grand brouhaha autour d’elle.
Elle sentait que quelqu’un la porta, quelqu’un qui dégageait de la chaleur. Elle se sentait rassurée.
Elle commença à bouger et reprendre connaissance.
Elle ouvrit les yeux peu à peu.
Elle vit le plafond de pierre et se demanda où est-ce qu’elle avait pu atterrir.
Une cape marron qui lui servait de couette.
Elle tourna la tête pour observer toute la pièce. Un homme se tenait debout, à sa droite et la regardait.
Il était d’un âge assez grand. Les traits de son visage étaient durs, il avait une barbe de plusieurs jours qui le vieillissait un peu.
Elle sursauta, elle ne le connaissait pas et se trouvait dans un endroit inconnu.
Ils se fixèrent mutuellement.
Elle aurait voulu partir en courant mais l’épee à la ceinture du monsieur la dissuadait de tenter quoi que ce soit.
Intimidée elle se cacha à moitié dans la cape.
L’homme, tout aussi embarassé, ne savait pas comment l’aborder.
Il soupira, et laissa un grand silence.
Il finit par demander :

— Que faisais-tu dans la caravane ?

La jeune fille resta silencieuse.

— Je…

Sa voix se fit entendre sans aucune suite.
Elle ne savait pas elle-même ce qu’elle devait dire ni par où commencer.
L’homme comprit que c’était une question peut-être trop personnelle et n’insista pas.

— D’où viens-tu ?
— Je…

Il comprit que c’était peine perdue.
Il se gratta la tête à nouveau.

— Si je ne sais pas d’où tu viens, je ne peux pas te ramener chez toi…

Il tira une chaise de la table qui se trouvait juste à côté, et s’assit dessus.

— Tu peux rester ici, cependant, maintenant que tu connais cet endroit je ne peux pas t’autoriser à partir sans condition, et j’imagine que tu comprends que je n’aurais pas autre choix que de te tuer si tu tentais quoi que ce soit de suspicieux.

Elle ne prit pas peur et se contenta d’approuver ses paroles d’un hochement de tête.
Il se leva et partit, non pas par la porte en bois qu’on pouvait apercevoir à gauche mais par un long couloir sinueux vers la droite qui semblait donner sur une autre salle.
Elle resta au lit en résumant dans sa tête tout ce qui venait de se passer.
Elle observa attentivement la composition de la pièce.
Cet homme semblait vivre seul.
Il y avait une planche en bois qui avait été incrustée dans le mur devant elle et servait d’étagère, quelques bocaux vides, ou contenant des feuilles, à sa droite, une table en bois avec une chaise en bois. Derrière cette table une grande armoire.
Tout était de bois, sûrement faits à la main par l’homme.
La chaleur de l’endroit était étrangement conservée.
Il revint un moment plus tard avec des poissons embrochés et grillés au feu.
Elle se rendit compte qu’elle avait faim.
La sortie se trouvait sûrement après le couloir. Elle ne pouvait plus partir.
Il lui tendit une brochette.
Elle s’était assise sur le rebord du lit et commença à manger après l’homme.

— Comment t’appelles-tu ?
Lui demanda t-elle après avoir tous les deux fini de manger.

— Alice.
— Pierre.

Il l’observa, elle avait des yeux clairs, ses cheveux étaient d’un noir sombre et longs à tel point que leurs pointes formaient quelques boucles sur le lit.
Il ne posa aucune question sur son épee qu’elle avait sur sa jambe, sous sa robe.
En parlant de sa robe, elle était particulière. Il n’en avait jamais vu de telle.

— Tu devras changer de vêtements. Il se fait tard. Demain je t’expliquerai certaines choses.

Elle comprit qu’elle devait se lever et le laisser dormir dans son lit.
Il était habillé d’un pull épais. On apercevait une chemise en dessous.
On pouvait deviner sa musculature sous ses vêtements.
Son pantalon un peu sale tombait sur ses chaussures et était rattrapé avec des bandelettes sur ses jambes.
Il retira son épée à sa ceinture et la posa contre le mur à côté du lit. À portée de main s’il devait être réveillé en pleine nuit.

2012.3.4

Fourreau

Il retira ses vêtements un à un, en commençant par le haut.
Une fois qu’il fut torse nu, il commença à défaire sa ceinture, le tout en continuant de fixer la jeune fille.
Elle détourna le regard d’un air gêné et fixa le sol. Elle allait se lever et se déplacer, à peine elle se mit debout pour quitter la pièce, une main la saisit par l’épaule. Elle se figea net, c’était une main chaude grande et forte qui l’empoigna.
L’homme n’avait que défait sa ceinture. Son pantalon encore sur lui, à moitié ouvert qui laissait entrevoir son sous-vêtement.
Il la poussa sur le lit.
Ne possédant aucune force qui puisse rivaliser contre celle d’un homme, elle ne put que suivre le mouvement.
La main gauche de l’homme était sur le poignet droite de la fille, et sa main droite toujours sur son épaule.
Elle ne comprit pas ce qui lui arrivait.
Elle fixa de ses grands yeux, un peu surprise, l’homme.
Sur son torse et tout son corps on pouvait apercevoir de nombreuses cicatrices.
Son regard changea et elle le regarda normalement, comme si elle attendait son sort.
Il continuait à la regarder d’un air observateur et neutre.
Il s’abaissa sur le visage de la fille, tourna sa tête vers son cou, la lécha et l’embrassa.
Elle fut surprise. C’étaient des sensations bizarres qu’elle ne connaissait pas encore. Elle garda son sang froid et ne réagit pas plus.
Sa respiration dans le cou lui donnait des frissons.
Il lâcha son épaule et passa sa main, sous sa jupe en la caressant, tout le long de sa cuisse.
Il chercha la sangle, qui se trouvait à l’intérieur de sa cuisse et la détacha et récupéra l’épée dans son fourreau.
Il tint le tout par la sangle.

Dès qu’elle vit que son couteau avait été pris, elle paniqua, non pas parce que c’était son seul moyen de défense, mais parce que c’était le présent de son frère.
Elle tendit sa main gauche pour la récupérer.

Il la regarda, en pensant qu’elle voulait la récupérer pour l’attaquer.
Il sortit l’épée de son fourreau, en prenant soin de l’examiner.
C’était une lame d’une très bonne facture. Des questions surgirent dans sa tête. Que faisait-elle avec une telle lame sur elle ? Faisait elle partie d’une bonne famille, ou d’une famille d’orfèvres qualifiés ?
Les ornements sur le fourreau lui étaient inconnus. Était-ce un ornement royal ?
Il retourna la lame contre son possesseur.
Elle se figea.
Elle ferma les yeux en attendant sa sentence.
Il fut étonne de sa réaction, rangea la lame dans son fourreau et posa tout cela sur la table.
Il s’assit à côté sur le lit, à sa gauche et baissa son regard sur elle.
D’un ton neutre, il lui demanda.

— Où as-tu eu cette épée ?

*

Ce soir là, Alexandre était entré dans sa chambre en panique, il la réveilla et lui fit comprendre que cet endroit allait devenir dangereux. Il l’habilla d’une cape à capuche pour lui tenir assez chaud et la cacher.
Son frère l’avait portée et courait vers une sortie secrète. Il était essouflé et précipité. Il jetait des regards en arrière de temps en temps.
Arrivé à la sortie il courut jusqu’à la route, un marchand passait justement par là. Il l’arrêta, et lui demanda s’il pouvait prendre sa soeur, et l’emmener à sa prochaine destination.
Le vieux marchand accepta sans condition.
C’était un viel homme à l’air sympathique et sans problème.

— Ne pose pas de question, attends à la prochaine ville sagement. Je viendrai te chercher. Promis.
Dit-il d’un air rassurant.

Il posa un baiser sur le front de sa soeur.
Il souleva un pans de sa robe et attacha une sangle qui contenait un fourreau et une lame à sa cuisse.

— Garde la précieusement et n’hésite pas à l’utiliser si besoin est.

Il l’enlaca une dernière fois, et la mis dans la voiture.

2012.3.4

Petite bille

C’était un soir comme les autres.
Elle dormait tranquillement dans son lit, lorsqu’elle se réveilla en sursaut. Quelque chose n’allait pas.
La chambre de son frère se trouvait juste à côté de la sienne. Elle y entendit du bruit.
Elle était allongée, les yeux grands ouverts, fixant le mur gauche de sa chambre, là où les bruits venaient, et guettait le moindre son. Elle entendit la porte de la chambre de son frère s’ouvrir et se refermer.
Elle paniqua, prit peur et sortit à toute vitesse de son lit et se cacha dans son armoire, au fin fond, derrière ses robes.
Elle prit soin de refermer la porte de celle-ci.
Elle était terrorisée.
Qu’était devenu son frère ? Et ses parents ?
Elle ferma les yeux et tenta de se calmer.
Elle était accroupie et se tenait les jambes dans son armoire.
Elle entendit la porte de sa chambre s’ouvrir, des pas de plusieurs personnes.
Elle les entendit se déplacer dans toute la pièce et la fouiller.
Elle sentit une présence juste devant l’armoire. Quelqu’un s’était arrêtée juste là et ouvrit le battant.
Elle arrêta de respirer. Elle était derrière de longs vêtements, il faisait sombre, on ne pouvait pas la voir.
Elle sentit la présence s’éloigner puis, revenir vers elle. Il tâta les vêtements juste au dessus de sa tête, et toucha le fond de l’armoire.
Elle garda son sang froid.
D’un coup, il empoigna le cou de la jeune fille.
Comment avait-il su ? Il jouait avec elle.
Il la tira hors de sa cachette.
Elle ne vit pas son visage, il faisait beaucoup trop sombre et il portait une capeline et une capuche.
Son compagnon était à l’autre bout de la pièce.
Ils ne dirent rien.
Il lui fit un signe lui rappelant sa mission.
Elle n’arrivait pas à crier.
Pourquoi l’étage semblait si calme ?
Elle essayait de se libérer de son emprise en serrant de ses deux mains le poignet qui lui empoignait le cou.
Il la lâcha et de sa main, serra sa mâchoire et lui dit :

— Ça ne sert a rien de crier, petite. Personne ne t’entendra. L’étage est vide.

Il sourit.
De son autre main, il fouilla une de ses poches intérieures et en sortit une bille d’une petite taille, et la mit dans la bouche de la fille de force. Bien qu’elle refusa d’ouvrir la bouche. Il forca l’accès en appuyant sur les côtés de sa mâchoire, il posa la bille juste au fond de sa gorge et l’obligea à avaler.
Il la lâcha et observa la scène.
Elle resta sans voix et tenta de recracher ou de se faire vomir, mais c’était trop tard. Au bout de quelques minutes elle transpirait, était essoufflée et sa vue se troublait.
La dernière chose qu’elle vit c’était la silhouette de l’homme qui lui avait forcé d’avaler cette chose, accroupit devant elle avec son sourire malsain.
Elle perdit connaissance.
Il s’approcha de son corps, la porta et partit avec son compagnon en courant, par la fenêtre.

2012.3.4

Méprise

Elle se battait avec Pierre pour l’entraînement. Coups de poing, coups de genoux. Elle allait encore perdre.
Elle fut essouflée. Il avait gagné.
Il lui tenait le cou.
De sa main droite elle lui serait sa poignet et de sa main gauche elle frappait le bras de pierre, pour signifier qu’elle admettait sa défaite.
Il la lâcha. Elle était à genou en tentant de reprendre son souffle et se massant le cou.
Il était sur le point de lui caresser la tête lorsqu’un homme aux cheveux mi-longs d’un blond doré et aux yeux bleus ciel courut vers Pierre et le mis dos à un arbre en l’immobilisant, bras sur sa gorge.
Pierre ne se laissa pas faire. Il réussit à assurer sa défense sans trop de dommage. Il avait sentit la présence de cet inconnu mais il était arrivé beaucoup plus vite qu’il ne l’aurait cru.
Alice à terre, n’avait pas encore relevé la tête et reprenait son souffle.
Elle redressa son visage et vit l’homme de dos attaquer Pierre.
Elle se leva précipitemment, et était sur le point de foncer sur l’ennemi lorsqu’elle sentit une douleur à la poitrine.
Elle sentit son coeur battre, se serrer et elle perdit connaissance.

— Alice, va t-en !
Lui criait Pierre en empêchant l’inconnu de l’étrangler.

L’homme blond prit un air surpris après avoir entendu ces mots.
Ils se fixaient mutuellement et Pierre pouvait apercevoir une certaine haine dans le regard qu’il affrontait. Qui laissa transparaitre un soupçon de doute et des yeux emplis de questions après ce qu’il venait de dire.
Ils entendirent un bruit sourd en direction d’Alice.
L’inconnu se retourna en premier, il aperçut le corps de la fille, à terre. Il hésita un instant.
Il lâcha prise Pierre et courut vers Alice, il l’a souleva et l’appela.

— Lys… Lys ! Tu m’entends… ?
Appela t-il d’une voix inquiète.

Pierre était sur le point de riposter et assomer l’homme lorsqu’il vit que cet inconnu semblait connaître sa protégée.
Il s’arrêta juste derrière l’individu suspect et suivit la scène en silence.
Alice fronça des sourcils et entrouvit ses paupières.
Elle aperçut la silhouette de l’homme encapuchonné mais n’était pas en mesure de paniquer, sa vision était floue mais commençait à devenir plus nette.
Elle entendait la voix de son frère l’appeler. Elle se disait qu’elle devait rêver. D’autre part, une douleur immense la faisait souffrir dans sa poitrine.
Lorsqu’elle reconnut le visage de son frère, Alexandre, qui s’était laissé pousser les cheveux et était mal rasé. Elle fut plus que surprise.

— … … Cendre… !?
Dit-elle d’une petite voix.

Elle leva sa main droite vers son visage pour certifier qu’elle ne rêvait pas.
Alexandre, rassuré que sa soeur ait repris connaissance, prit sa main dans la sienne et l’embrassa.

— Oui, c’est moi… Lys…
— … Comment… ?

Elle eut une faiblesse et ressombrit dans son coma.
Alexandre paniqua. Il devait ramener sa soeur chez lui.
Il la porta de ses deux bras, se leva et s’apprêtait à partir.
Il se tourna vers Pierre.

— Je crois qu’il y a eu un malentendu.
Dit-il enfin, d’un air géné.

— Je m’excuse d’avoir agi aussi abruptement. Il semblerait que je me sois trompé sur vos intentions. Qui que vous soyez, ma soeur a besoin de soin immédiatement.
Dit-il rouge de honte d’avoir attaqué quelqu’un d’innocent.

— Je peux savoir où vous l’emmenez ?
S’opposa t-il.

Et ne souhaitant pas laisser Alice se faire emmener par un homme qu’il ne connaissait pas.

— Dans notre village. Je souhaiterai que vous m’accompagniez pour vous poser plus amples questions, si cela ne vous dérange pas.

Pierre, inquiet de l’état de santé d’Alice, ne put qu’accepter.

— Je vous suis.

L’ambiance fut lourde durant tout le long du trajet.

— … Je m’appelle Alexandre.
Il n’osa pas regarder son interlocuteur en face.

— Ne soyez pas aussi confus. Je comprends tout à fait votre réaction, je pense qu’à votre place, j’aurais agit de la même manière. Je suis Pierre. Enchanté.

— … Puis-je vous demander ce que vous faisiez avec ma… soeur ?
Il insista sur Alice, voulant délimiter son territoire.

— Je l’entraînais à se défendre.
Répondit-il calmemant et ne se laissant pas impressionner.

— À se défendre ?!… Vous êtes au courant qu’elle a des problèmes de santé d’ordre physique et respiratoire ?!

Il était hors de lui. Il mettait sa soeur en danger.

— …Ce n’est pas une raison suffisante. Un ennemi ne lui fera pas de cadeau dans une bataille.

Il ne le savait pas. Il savait qu’elle était épuisée après certaines activités physiques. Il se doutait de quelque chose mais il ne le savait pas. Tout d’un coup tout devint clair. Il se sentait honteux de ne pas l’avoir deviné, ni sut en temps et en heure et d’avoir mis Alice en danger.
Alexandre ne savait plus quoi répondre. Il se tut.

— Quels est votre relation ?
Demanda t-il, subitement, pour changer de sujet.

— Puisque vous êtes son frère, j’imagine que je n’ai rien à vous cacher.

Alexandre se crispa, effrayé d’entendre quelque chose à laquelle il n’était préparé mentalement.
Pierre avait fait exprès de tourner sa phrase ainsi.

— Une élève que j’ai rencontrée il y a quelques années.

Alexandre lâcha un soupir de soulagement intérieurement.

— À moi de poser les questions maintenant. Pourquoi avez-vous abandonné votre soeur ?

— Abandonner ?!… Vous pensez vraiment que j’aurais abandonné ma propre soeur ?! Je l’ai cherchée partout pendant des semaines et des mois. Après sa disparition. Tout ce que j’ai retrouvé c’était une calèche vide avec cadavres dépecés, en plein milieu d’une route, mais aucune trace de son corps.
Répondit Alexandre outré.

Ils étaient à nouveau redevenus silencieux.
Pierre savait mieux que quiconque ce qui s’était passé cette nuit-là.

— Excusez-moi, je me suis emporté. Je tiens beaucoup à ma soeur, il y a méprise. Je ne l’ai jamais abandonnée, notre village a subi une attaque et elle s’est faite enlever. J’assume toute la responsabilité de ce qui s’est passé. Je n’aurais jamais dû m’éloigner d’elle. J’aurais dû être assez fort pour la protéger ce jour-là…
Repris Alexandre.

Pierre se rendit compte qu’il était allé trop loin.

— Je ne voulais pas… vous remémorer de mauvais souvenir. C’est à moi de m’excuser. Je n’aurais pas dû tourner ma question ainsi. Vous m’apprenez quelque chose. Je suis persuadé que vous avez fait de votre mieux, vous n’êtes pas à blâmer.

Ils continuaient à marcher.
Alexandre jeta un regard furtif à Pierre. Il jugea que ce n’était pas une mauvaise personne.

2012.3.4

Territoire

Il s’arrêta net.
Il la prit par la manche.
Le regard méfiant.
Ils étaient encerclés.
Il serra sa main dans la sienne.
Plusieurs hommes vêtus d’une capeline noire sortirent de derrière les arbres et les entourèrent.
Trois d’entre eux se jetèrent sur Alexandre.
Il dut se défendre, dos à Alice.
Pendant ce temps lè, deux autres hommes se dirigeaient vers Alice.

— Lys, cours !

Elle lui jeta un regard paniqué.
Elle comprit qu’elle devait obéir.
Elle commença à courir dans la direction opposée pour fuir ses poursuivants pendant qu’Alexandre les retenait.
En courant elle jeta un regard derrière elle.
Personne.
Elle entra dans quelque chose.
Quelqu’un.

— … Ex-excusez-moi !

Elle leva les yeux.
Un homme grand, les cheveux longs, noir, la regardant de haut.
Il lui sourit.
Il tint son visage entre ses doigts.
Surprise tout d’abord.
Elle comprit qu’il ne lui voulait pas du bien. Il faisait partie des hommes en noirs.

— Bonjour, mademoiselle.
Dit-il d’une voix suave.

Elle se débattit et réussit à se dégager de sa main.
Elle se mit à courir dans une autre direction.
Il lui attrapa le bras.
La serra contre sa poitrine, et lui posa la lame d’un coutelet sur sa gorge.

— Tu vas être une sage fille, n’est-ce pas ?

Il la tenait et la dirigea d’où elle venait.
Alexandre se battait encore avec les hommes en noir.
Quelques uns avaient été battus et gisaient sur le sol.
Il transpirait et n’en pouvait presque plus.
Il était concentré et n’avait pas vu Alice revenir avec un quelqu’un.
L’homme à la voix suave prit une voix grave et impérative.

— Arrêtez.

Les hommes en noir s’arrêtèrent tous et se tournèrent vers lui.

— Nous partons.

Ils se replièrent. Ils emportèrent leurs camarades sur le sol.
Alexandre surprit, se tourna aussi vers l’origine de la voix.

— Lys… ?!
— Cendre…
— Ne tentez rien de fâcheux.

La lame du couteau sur la gorge d’Alice était bien en évidence.

— ENFOIRÉ !
— Attention à ce que tu pourrais dire ou faire…
Dit-il en ricanant.

Il murmura dans l’oreille d’Alice. De sa voix suave.

— Je laisserai la vie sauve à ce garçon, si tu restes sage.

Alexandre ne pouvait rien faire.
Il fixait sa soeur dans les yeux. Il percevait son désespoir et la peur dans son regard.
L’homme retira la lame du cou d’Alice et la dirigea sur sa poitrine. Il la retourna au dernier moment et frappa son ventre.
Il la frappa avec le pommeau de la dague.
Elle perdit connaissance.
Il la rattrapa et la porta dans ses bras.

— Le voyage sera plus simple ainsi.
Il ajouta.

— Oublie-la et tout se passera pour le mieux.

Ils disparurent devant les yeux ébahis d’Alexandre.

— Lys… LYS… !

Il tomba à genoux et resta dans cette position à repenser à ce qu’il venait de se passer.

*

L’homme mystérieux arriva dans sa demeure.
La lumière du jour n’y pénètre pas.
Les murs sont de pierres.

— Occupez-vous des blessés.
S’adressa t-il à ses hommes.

— Bien Monsieur.

Il porta Alice jusqu’à une pièce spéciale.
Il y avait un lit avec des sangles.
Il l’allongea dessus et l’attacha.
Deux hommes habillés d’une blouse entrèrent.

— Qu’elle soit prête lorsque je reviendrai.
— Bien, Monsieur.

Il sortit et retourna à ses occupations.
Un des homme en blouse prit une seringue et injecta dans le bras droit de la jeune fille un produit. Il prit soin de lui retrousser ses manches.
Elle se réveilla peu à peu.
Elle était sur une sorte de lit avec un matelas assez dur. Elle y était attachée.
Devant elle, deux hommes en blouse. La lumière de la salle se trouvait derrière ces messieurs. Elle n’apercevait pas clairement leurs visages.
Un des hommes s’approcha d’elle et la piqua avec une sorte d’aiguille.
Elle sentit un picotement.
Puis un liquide froid couler le long de son bras, à partir de la piqûre.
Le produit faisait effet.
Il pénétra dans toutes ses veines.
Elle le sentait, d’abord froid, puis tiède, puis à la température de son corps. Ensuite elle le sentit de plus en plus chaud, jusqu’à la brûler de l’intérieur.
Elle le sentait dans ses veines bouillir.
La douleur était insupportable.
Elle transpirait et s’essoufflait.
Elle reperdit connaissance.
Lorsqu’elle reprit ses esprits, elle revit les deux hommes devant elle. L’observant.

— Détachez-moi…
Dit-elle épuisée.

Les deux hommes se regardèrent, consentirent à quelque chose et l’un des deux revint avec la seringue et une seconde dose du produit injecté.

— Non… NON.
Criait-elle.

La scène recommença, avec plus de force à chaque fois. La dose de produit était augmentée à chaque fois.
Elle n’avait plus la force de crier.

— Cette réaction n’est pas normale… Elle ne devrait pas pouvoir s’exprimer aussi clairement après l’injection…
— Aucune importance, si elle n’est pas prête comme il le faut au retour du Maître, nous ne serons plus de ce monde.

Plusieurs heures après.
Le maître des lieux revint quérir de la situation.
Les deux hommes baissèrent la tête.

— Monsieur…
— Que se passe t-il ? Ce n’est toujours pas fini ?!
— C’est-à-dire… que…

Il s’avança, balaya du regard la pièce, puis s’arrêta devant le lit de la patiente.
Elle avait le regard vide et était transpirante.

— Tuez… moi…
— Le produit n’est-il plus efficace ?
— Non, Monsieur. Cette enfant dissipe le produit dans son sang. D’où une réaction très virulente… Nous avons utilisé une dose croissante. Nous avons déjà atteint 5 fois la dose normale.
— Je vais m’occuper de la suite.

Il se dirigea vers la patiente, et commença à la détacher.
Il s’approcha du visage d’Alice.
Il observa ses signes vitaux.
D’une voix faible elle murmurait.

— Tuez… moi…

Le regard vide.

— Jeune fille, comment appelles-tu ?

Elle semblait étouffer et souffrir. Les larmes au coin des yeux.

— C’est la première fois qu’on a un cas comme celui-ci, Monsieur.
— Je vais m’en occuper personnellement.

Il la détacha et la porta.

— Bien, Monsieur.

Il sortit.
Il se dirigea dans ses appartements.
Il posa Alice sur son lit.
Il la déshabilla.
Elle ne réagissait pas.

— Hé, tu m’entends ?

Il s’approcha de son visage.
Il essaya d’attirer son attention.
Elle avait de la fièvre et était brûlante. Son souffle était court.
Il la prit dans ses bras.
Elle tremblait et semblait à bout de force.
Il l’habilla de vêtements neufs pour la nuit et la coucha.
Il se coucha avec elle dans son lit.
La serrant dans ses bras.
Son corps était froid bien qu’elle avait transpiré. Et elle continuait à trembler nerveusement.
Ils finirent par s’endormir.

Le lendemain il se réveilla bien avant elle.
Elle avait fini par trouver le sommeil et semblait plus paisible.
Il se rhabilla, prépara les vêtements pour la jeune fille endormie.
Il la réveilla.

— Bonjour, jeune fille.

Elle ouvrit lentement les yeux.
Elle le fixa sans rien dire.
Elle se souvenait de la séparation avec son frère. Elle se souvenait de la pièce avec les deux médecins et de la seringue.
Elle se souvenait de la souffrance.
Puis plus rien ensuite.

— Comment appelles-tu?

Elle ne répondit pas.
Elle ne savait pas où elle se trouvait.
C’était une pièce somptueuse.

— Sais-tu qui je suis ?
— Laissez-moi partir.

Les yeux écarquillés de surprise.
Elle n’avait pas perdu la mémoire.
D’habitude les filles étaient censées n’avoir plus aucun souvenir.
Il reprit une attitude normale et se décida.

— Tu vas mettre ces vêtements.

Elle resta, le regard fixe et sans expression. Son attitude indiquait qu’elle refusait.

— Ce n’est pas un choix. Je te les enfilerai moi-même. Ta tâche principale sera de satisfaire tes clients. Aucune bavure n’est autorisée.
Dit-il tout en finissant de s’habiller et boutonner les manches de sa chemise.

Elle voulait se lever et fuir, mais les forces lui manquaient.
Elle pouvait à peine se lever du lit.
Il s’approcha d’elle, et lui changea ses vêtements.
Elle crut mourir de honte.
Il expliqua la situation.

— Vous avez pénétré mon territoire. Soyez heureux que je ne vous ai pas tous les deux exécutés sur le champ.

Après les préparations finies, il la porta et sortit de la chambre.
Devant lui un grand couloir long et assez spacieux.
Des portes à droite et à gauche, tout le long.
À côté de ces portes, une fille. Chacune toutes plus belles les unes que les autres, habillées de vêtements différents et luxueux. Se tenaient là, et suivaient du regard le maître des lieux. À son passage devant elles, chacune saluait.

— Bonjour Père.

Les yeux pleins d’admiration.
Il leur rendait à chacune le bonjour en les appelant par leur prénom respectif.
Arrivé au bout du couloir, une porte sans personne aux alentours.
Les filles n’avaient d’yeux que pour leur « Père ». Elles ne jetèrent même pas un seul regard à la personne qu’il portait dans ses bras.
Il se tourna vers elles.

— Faites, aujourd’hui aussi, un travail impeccable qui me rendra fier de vous.

— Bien, Père.
Répondirent-elles toutes en choeur.

La porte devant lui s’ouvrit sans qu’il ait à la toucher et il entra dans la pièce.
C’était une salle décorée qui n’égalait pas la pièce dans laquelle elle se trouvait à son réveil, mais elle était impressionante.
Une autre porte qui semblait donner sur une autre pièce au fond.
Un lit deux places magnifiquement fait, une coiffeuse, une grande armoire. Sans parler de la décoration et du papier peint.
Il la posa sur le lit délicatement.

— Je te conseille de prendre une douche pour te détendre.

Il jeta son regard sur la seconde porte de la pièce qui n’était pas celle d’entrée.

— Je repasserai plus tard.

Elle resta sur le lit, les yeux rivés sur le plafond.
Aucune fenêtre.
Elle ne pouvait pas bouger.
La porte était fermée de l’extérieur, il n’y avait pas de poignée à l’intérieur.
Elle recouvrit ses forces peu à peu, mais pas assez suffisantes.
Elle tenta de se lever.
Ses bras manquaient de force.
Elle pouvait au moins ramper, ou se rouler jusqu’à la porte de sortie.
Elle réussit à se relever sur le lit.
Elle tendit les bras vers le mur et tenta de prendre appuie dessus pour s’assoir correctement.
Elle glissa ses jambes en dehors du lit.
Elle tremblait.
Elle voulu se lever. À l’aide du mur elle se mit debout.
Ses jambes étaient faibles et semblaient céder sous le poids de son corps.
Elle longea le mur et les meubles en s’appuyant dessus pour se redresser et se dirigea petit à petit vers la porte.
Elle n’était pas spécialement fatiguée vu qu’elle avait relativement dormi, mais son corps n’avait pas récupéré des expériences qu’on lui avait fait subir la veille.
Elle eut un mouvement d’absence et s’évanouit à quelques mètres de la porte.
Son corps gisait juste devant.

— Monsieur, il y a un problème dans la chambre de la nouvelle…

Il s’approcha des caméras de surveillance.
Il ne la voyait plus sur le lit mais à plat ventre à quelques mètres plus loin, sur le sol.

— Je m’en occupe.
Dit-il d’une voix froide.

Il se hâta dans la chambre. Lorsqu’il ouvrit la porte, elle rencontra comme obstacle le bras de la fillette.
Il s’accroupit près du corps, il lui tâta le pouls et la porta.
Elle n’était pas en état de faire quoi que ce soit.
Il sortit de la pièce et l’emmena dans ses appartements.
Il la deposa délicatement sur le lit.
Il demanda à ce qu’on prépare un plat chaud.
Il appela aussi un médecin, pour qu’on l’examine.

*

— Arrête de fréquenter ma soeur.
Dit-il d’une voix menaçante.

— Pardon ?!
— Tu m’as très bien compris.

— Ahah, il n’est pas question que tu décides à ma place de ce que je dois faire ou non.
Dit-il en riant.

— Ne t’approches plus d’elle.
— Crois-tu vraiment que je vais suivre tes instructions ?
— Tu n’auras pas le choix. Je resterai auprès d’elle. Tu comprends pas que tu la blesses ?
— Qu-
— Regarde dans quel état elle est actuellement. Cela aurait pu être plus grave.
— C’était un accident et tu le sais très bien !

Le ton commençait à monter. Ils étaient tous les deux dans un coin un peu isolé, sur un bout de terre flottant.
Elle s’était réveillée et se trouvait dans son lit.
Elle se souvenait partiellement de ce qui s’était passé.
Elle était avec Florent. Ils se promenaient tranquillement dans la forêt sur terre lorsqu’ils rencontrèrent un groupe de gens pas très acceuillants. Ils attaquèrent Florent qui la protégeait et il l’avait éloignée. Les personnes aux alentours l’avaient attrapée et lui avaient coupée la respiration en la serrant au niveau du cou. Ils la tenaient par les cheveux et la jeta à terre.
Florent fou de rage fit un carnage et blessa tous ses opposants en les rendant infirmes.
Ses ailes qui étaient à la base un peu grises aux pointes, se teintèrent un peu de noir.
Il avait dû la ramener chez elle.

— … Florent… ?… Alexandre… ?
Appelait-elle en descendant du lit et se rendant à l’étage inférieur.

— Alice ? Tu es réveillée ?
Répondit-elle en faisant la cuisine.

— Maman, tu n’aurais pas vu…-
— Si tu parles des garçons, ils sont sortis ensemble il y a un moment. J’espère qu’ils ne sont pas encore en train de se disputer quelque part….

— Je vais les chercher !
Dit-elle paniquée.

— Ça va aller Alice ?
— Oui oui, plus de peur que de mal !

Elle sortit de la maison en courant.
Elle ne peina pas trop à les retrouver, ils étaient pas trop loin sur une bande de terre derrière la demeure.
Comme elle le prévoyait ils étaient sur le point de se battre.

— Répète un peu ce que tu viens de dire !

Florent empoignait Alexandre par ses vêtements.

— Flo’ ! Arrête !
Cria Alice en se jetant sur lui, l’empêchant de se battre avec son frère.

Elle lui attrapa ses vêtements pour l’éloigner de son frère.

— Lys, n’interfère pas. On doit régler ça entre nous une bonne fois pour toutes.
Répondit Alexandre.

— Cendre, arrête ça…
— Alice…

Florent jeta un regard emplit d’amour et de tristesse vers elle.
Alexandre n’acceptant pas la relation de sa soeur, s’avança, hors de lui et empoigna à son tour Florent en écartant avec force sa soeur. De colère, il ne contrôlait pas sa puissance et éjecta beaucoup plus loin que prévu Alice.
Elle arriva au bord de la plateforme, trébucha sur une pierre et tomba la tête en arrière, dans le vide.
Florent avait vu la trajectoire qu’allait prendre Alice et tenta de la rattraper mais Alexandre l’empoigna avec une force et le jeta à terre.

— LYS ! NON !

Elle était restée silencieuse.

— Je… tombe…
Dit-elle, dans un dernier soupir.

Alors Alexandre fit attention à ce qui s’était passé.
Il détourna son regard à sa droite, il vit sa soeur tomber de la plateforme, sans crier gare.
Il n’en croyait pas ses yeux. Qu’avait-il fait.
Sa colère envers Florent l’avait totalement aveuglé.
Il se leva, coura vers elle et sauta dans le vide pour la rattraper.
Alice avait fermé ses yeux, acceptant son sort, et craignant la suite.
Florent se leva précipitemment et regarda la scène, il se jeta à son tour dans le vide pour chercher Alice.
Alexandre atteint Alice le premier, à partir du moment où il lui attrapa la main, et ses hanches, il deploya ses ailes.
Elle rouvrit les yeux de surprise, lorsqu’elle sentit le contact de son frère.
Voyant qu’ils s’approchaient des arbres de la terre, il amortit rapidement leur chute et referma ses ailes sur Alice pour la protéger.
Il était inévitable qu’ils tombent sur Terre.
Ils se prirent quelques branches avant de finalement arrriver sur la terre ferme.
Il rouvrit ses ailes.

— Lys… Tu vas bien ?
Dit-il inquiet.

— Cendre… ! Cria t-elle.

Il était un peu blessé, quelques égratinures un peu partout à cause de la chute. Il avait protégé sa soeur sans penser à sa propre sécurité.

— Ce n’est rien… Je suis vraiment désolé Lys.
— C’est moi qui m’excuse. Par ma faute tu es blessé…
— Ne t’inquiète pas pour ça. Ce ne sont que des éraflures. Il faut qu’on quitte cet endroit et qu’on remonte chez nous.

Ils se levèrent, et se dirigèrent à la recherche d’un grande prairie. Il était impossible de voler correctement en plein milieu des arbres.

Florent arriva quelques minutes plus tard. Il eut le temps de se préparer à l’atterrissage.
Il resta debout sur une branche et observa la scène.
Il allait les rejoindre calmement, lorsqu’il sentit la présence de plusieurs personnes.
Alexandre l’avait senti aussi et s’était arrêté.
Des hommes en noir s’approchèrent d’Alexandre et Alice. Il se décida à quitter sa cachette pour les aider mais Alice quitta Alexandre en courant dans la direction opposée.
Il la suivit, et allait se montrer pour la protéger mais elle percuta un autre homme, qui en clin d’oeil sortait déjà un coutelet pour le porter à la gorge d’Alice.
Il assista à toute la scène, sans pouvoir rien faire.
Il ne put que suivre ces hommes avec Alice pour découvrir leur cachette.
Elle était relativement loin, c’était une sorte d’entrée de grotte avec des gardes à l’entrée.
C’était bien trop gardé pour une simple grotte.
Il était assez loin pour qu’ils ne remarquent pas sa présence, mais qu’il puisse au moins suivre leur direction.
C’était une grotte ordinaire. Les gardes guettaient à l’intérieur. Pour le camouflage ce n’était qu’un rideau de lianes. Personne n’aurait cru à une cachette de bandits.
Il avait vu ce qu’il voulait. Alice était dedans.
Il retourna voir Alexandre.

Il était encore à genoux, pleurant sur sa faiblesse et sa défaite.
Il était blessé et à bout de force.
Florent arriva.

— Viens, il faut partir d’ici.

Il l’aida à se relever et l’épaula.

— C’était un accident comme un autre. On va la retrouver et la ramener à la maison.

Il déploya ses ailes et avec du mal, il réussit à regagner leur île céleste.
Alexandre réfléchissait à la manière d’annoncer la mauvaise nouvelle à ses parents.

— Tu… ne me hais… pas ?
Demanda t-il, sans même le regarder dans les yeux.

— J’ai vu ce qui s’était passé. Je n’aurais rien pu faire.
— Tu as vu la scène… ? Tu n’es pas venu me donner un coup de main… ?!
— Avec ou sans moi, le résultat n’aurait pas changé. J’aurais mis la vie d’Alice en danger.
— …
— J’ai réussi à les suivre. Je sais où ils l’ont emmenée. Repose-toi.

Il l’emmena dans sa chambre, et l’aida à s’installer sur son lit, puis il sortit.
Il faut qu’ils se préparent.

*

— Sois sans crainte. La nourriture n’est pas empoisonnée.

Il s’asseya au bord du lit, piqua un morceau de croissant et le mangea.
Elle mangea sa soupe, lentement. La faiblesse dans ses bras faisait trembler sa cuillère.
Quelqu’un frappa à la porte.
Il ouvrit la porte sans se déplacer et fit signe au médecin d’approcher et d’examiner la jeune fille.
Elle prit un peu peur. Elle posa la cuillère dans la soupe, et attendit.
Elle l’avait déjà vu. C’était l’un des médecins qui l’avait reçu la première fois. Il était de nature calme et faisait toujours en sorte de ne pas subir le courroux du maître.
Il s’avança vers elle, tâta son pouls, toucha son front pour vérifier sa température.

— Puis-je faire une prise de sang, Monsieur ?
— Non.
Repondit-il froidement.

Il était si froid avec ses employés.

— Bien, Monsieur. Elle n’a rien qui mette sa vie en danger. Elle est juste très épuisée. Du repos et de quoi manger suffiront.

Il était clair que la réaction de son corps aux maintes injections de solution néfaste lui avaient arraché sa force vitale.

— Merci, vous pouvez disposer.

— Bien Monsieur.
Dit-il avant de partir.

Quelle malchance que cette délicieuse créature se trouve entre les mains de cet homme, pensa t-il à part soi.
Ils étaient de nouveau seuls.
Il lui signifia de terminer sa soupe.
Elle était dans une très belle vaisselle, décorée de dessins fleuris, la cuillère était en argent sans défaut.
Voyant à quel point elle était affaiblie, il lui prit de sa main la cuillère, et la nourrit.
La soupe finit, il reprit le service.

— Repose-toi, je reviendrai plus tard.

Il se leva et s’apprêta à sortir.

— Surtout ne sors pas d’ici si tu tiens à ta vie. À partir du moment où tu mets un pied en dehors de cette chambre, je ne pourrai plus garantir ta sécurité.

Elle acquiesca d’un hochement de tête. Pourquoi était-il si gentil avec elle.
Elle s’endormit presque subitement.
À son réveil, il était déjà de retour. Il semblait préparer différentes choses pour l’organisation de son entreprise. Il sentit qu’elle s’était réveillée et se retourna vers elle.

— Bien dormi ?

Elle répondit en hochant sa tête.
Il finit de faire ce qu’il avait à faire et se dirigea vers elle.

— As-tu perdu ta langue ?

Elle hocha la tête de droite à gauche.
Il sourit. C’était la première fois qu’il souriait de la journée.

— As-tu peur de moi ? Me hais-tu ?

Elle n’avait pas peur. Elle ne le haïssait pas.
Il avait ses raisons, et elle, ne voulait que rentrer chez elle. Ses parents allaient s’inquiéter. Son frère, Florent.
Elle restait à le fixer avec des yeux plein de questions.
Il semblait si triste. Il la regarda dans les yeux.
Il prit de ses deux mains, le visage d’Alice et regarda ses yeux longuement.
Il ne vit rien. Aucune pensée négative. Ses yeux étaient clairs. Limpides.
Après quelques minutes, il la lâcha.
C’était bien la première fois qu’il voyait cela.

*

Ce jour là, on l’avait prévenu des intrus. Il voulait aller vérifier lui-même la nature de l’affaire.
Dès qu’il aperçu Alice, il fut subjugé par sa beauté.
Toute personne était censée être tuée si elle entrait dans son territoire.
Apparemment ces étrangers ne le savaient pas et étaient arrivés en plein milieu. D’on ne sait où.
Ils étaient sur le point de les tuer lorsqu’il les interrompit, et par caprice, décida d’enlever la jeune fille et de partir ensuite.
L’homme ne semblait pas mauvais, il la protégeait.

— Pourquoi avez-vous l’air si triste… ?
Demanda t-elle.

Il n’en croyait pas ses yeux. Pourquoi était ce sans effets.
C’était elle qui avait lu en lui.

— Comment appelles-tu ?

— Alice est mon nom.
Répondit-elle d’une voix sereine et calme.

— … Je m’appelle Sylvain. Que faisiez-vous sur mon territoire ?
— Nous sommes tombés…
— Mes pouvoirs n’ont aucun effet sur toi… Pourquoi… ? N’as-tu pas peur de moi ? Ne me hais-tu pas ?
— Non…

Elle était sincère.
Il pensait ne jamais trouver une telle personne.
Elle sentait qu’il était seul.

Le lendemain, il se leva de bonne heure et partit faire sa ronde de son entreprise.
Elle se prépara elle aussi. Il ne voulait pas qu’elle le suive.
Ils déjeunèrent ensemble, comme si rien ne s’était passé hier soir, elle reprenait des forces.
Il la raccompagna dans sa chambre et lui dit de ne pas sortir.
Tous les employés avaient vu que leur maître infligeait un traitement de faveur à la nouvelle.
Certains complotaient déjà pour la corrompre et le tuer. Ou par jalousie, de la tuer.
Au milieu de l’après-midi, quelqu’un frappa à la porte.
Elle n’avait pas le droit de sortir, mais elle pouvait peut-être ouvrir ? Dans le doute elle resta à l’intérieur, et posa des questions.

— Qui est-ce ? Il n’est pas là pour l’instant. Veuillez passer plus tard.
— C’est à vous que je veux parler. Ouvrez.

Elle se méfiait. Les gens à l’extérieur étaient plein de mauvaises intentions. Si elle ouvrait, ils pouvaient sacager l’appartement et elle serait la seule fautive.

— Dites-moi ce que vous avez à me dire, je n’ouvrirai pas.
— Ce n’est pas pratique. Sortez au moins.

C’était un piège.

— Ouvrez, c’est important.

Elle ne répondit pas. Elle entendit des pas s’éloigner. Elle attendit un moment et finit par ouvrir pour jeter un regard à l’extérieur et savoir qui cela pouvait bien être.
Au moment même, un homme était en face d’elle. Il lui attrapa le bras et la tira à l’extérieur en fermant la porte derrière elle.
Prise au piège.
Elle n’avait plus d’autre choix que de le suivre.

— Qu’aviez-vous à me dire de si important ?

Il la traina jusqu’au sous-sol, il portait une capuche et lui dit.

— On a tous observé que le maître vous accordait plus de confiance. Beaucoup de gens vont essayer de vous parler et vous offrir des propositions aléchantes. Si vous vous alliez à moi, pour mettre fin à ses jours, je vous laisserai tout l’or. Je ne garderai que l’entreprise. Qu’en pensez-vous ?

Elle ne répondit pas. C’était hors de question.
Elle se rendit compte d’où venait sa solitude. Les humains étaient-ils vraiment tous comme ça ?

— Quel est votre plan ?

Il fallait qu’elle s’informe.

— Le repas. Vous le prenez bien ensemble ? Il faut qu’il le mange sans s’en rendre compte. Votre repas ne sera pas empoisonné mais le sien si.
— N’a t-il pas des goûteurs ?
— Justement, ses goûteurs auront un antidote. Sa garde est baissée depuis que vous êtes là. Poignardez-le pendant qu’il sera affaiblit par le poison.

Elle avait tout retenu. C’était horrible.
Il s’en alla à toute vitesse en la laissant là. Au milieu de nulle part.
Elle rencontra d’autres gens, lorsqu’elle tentait de retourner sur ses pas. Ils la dévisageaient et parlaient d’elle dans son dos.
Un homme s’approcha d’elle avec une lame de couteau, il la lécha et lui demanda.

— Mademoiselle, vous êtes perdue ? Ne voulez-vous pas passer un peu de temps avec moi ?
D’un air moqueur.

Elle se sentait forcée. Elle recula. Il la plaqua contre le mur.
À ce moment là, il arriva.

— On s’amuse sans moi ?
D’un ton glacial.

Il s’adressait à l’homme lubrique.

— N…N-non Monsieur.

Et il partit en courant.

— Je t’avais dit de ne pas sortir.
D’un ton froid.

Elle le regarda dans les yeux, paniquée.

— J-je suis désolée.
— … On rentre.

Elle entendit près de son oreille un : « demain ».
Elle se retourna, mais personne.

— Qu’il y a t-il ?
— … Rien.

Elle attendit de rentrer dans sa chambre avant de lui parler.

— Monsieur…?
— Oui ?

Il était un peu surpris.

— Je… Demain… ? Est-ce possible de manger ailleurs… ?
— Pourquoi donc ?
— … Et ce qu’il est possible qu’il y ait du poison dans la nourriture ?
— Pourquoi si soudainement ?…

Il réfléchissait.

— Les goûteurs devraient le détecter. Ne t’inquiète pas pour ça.

Elle ne voulait pas qu’il soit empoisonné.

— Ne mangez pas le plat qu’on vous servira demain. S’il-vous-plaît. On va tenter de vous empoisonner en donnant un antidote aux goûteurs.

Il écarquilla les yeux de surprise. Elle s’inquiétait pour lui.

— Ne t’inquiète pas, répéta t-il. Il n’est pas facile de m’empoisonner.
— Dans ce cas, échangeons nos assiettes demain.
— Comme tu voudras.

Elle l’aida à se déshabiller et s’installer.

— J’ai l’impression que tu es un ange descendu du ciel pour reposer un peu mon âme.
Dit-il à lui-même.

Elle n’avait pas entendu.

— Hm ?

Elle était encore un peu faible.
Il la fit tomber sur le lit et de ses deux mains de part et d’autre de son visage, au dessus d’elle.

— Tu n’as toujours pas peur de moi ?

— Non. Vous n’avez pas été méchant envers moi depuis mon arrivée.
Répondit-elle en le regardant droit dans les yeux.

— C’est vrai… Je ne te ferai pas de mal.
Dit-il songeur.

Le lendemain, pour le déjeuner ils mangèrent ensemble, sans aucun problème. À l’heure du repas. Comme convenu, ils échangèrent leur assiette.
Il se doutait que bien que des domestiques n’oseraient pas tenter de tuer leur maître, ils pouvaient en vouloir à la vie d’Alice.
Il goûta son plat. Il sut déceler le poison, il fut surpris de la dose. Il reposa ses couverts.

— Je ne suis pas d’humeur. Mangeons autre chose.

Il esperait que le repas d’Alice, le sien, n’était pas aussi empoisonné. Elle avait déjà avalé une partie de son assiette, il l’arrêta en empoignant sa poignet et il lança un regard dans toute la pièce. Les goûteurs étaient là et ne bronchaient pas.
Ils se levèrent tranquillement et retournèrent dans la chambre.
La dose aurait rendu n’importe qui inconscient.
La nourriture était bien empoisonnée, il devait trouver les coupables derrière ça.

— Monsieur…

Elle faiblit, eut le vertige, le souffle court et s’écroula.
Il la rattrapa. La dose de poison.
Quelqu’un frappa à la porte à ce même moment.

— Non… N’ouvrez pas… monsieur…

Il la posa dans le lit et ouvrit la porte.

— Monsieur, j’ai eu vent qu’on ait tenté de nuire à votre vie. La coupable étant la jeune fille à vos côtés.
— Cesse de mentir. La personne que tu visais dès le début, c’était cette fille. N’est-ce pas ?
—… Vous devinez juste. Je sais qu’on ne peut tromper votre palais.
— Donne-moi l’antidote et je laisse ta vie sauve.
— Il n’y en a pas.

Il courut vers Alice avec un poignard dans les mains.
Il le brûla sur place.

Cette fille, on ne peut pas la détester.
Elle vous regarde toujours d’un oeil bienveillant, elle vous écoute.
Elle se croit misérable, et inutile mais vous êtes là pour lui rappeler à quel point elle vous est chère et irremplaçable. Elle vous tend toujours la main lorsque vous avez besoin d’aide.

2012.3.1

Cécité

Il resta sans voix devant l’acte d’Alice.
Pourquoi ? Pourquoi alors qu’il a toujours nourri envers elle des sentiments si profonds ?
Il la prit par les épaules et chercha son attention en la fixant. Son regard était vide.

Elle ne semblait ni l’entendre, ni le voir.
Elle ne voyait rien à part une ombre difforme de ce qui semblait être un homme dans une brume noire, elle n’entendait qu’une voix grave incompréhensible noyée dans un liquide. Elle ne savait plus qui croire, quoi croire.
Qu’est-ce qu’était la réalité ? Où était-elle ?
Elle sentit quelque chose ou quelqu’un l’agriper par les épaules, des mains chaudes et familière. Tout était flou, sombre et bougeait autour d’elle. Elle commençait à avoir une grosse migraine et un haut le coeur.
Depuis son réveil, elle était perdue.
Elle perdit connaissance.

Christian parlait à Alice, l’interpelait, mais c’était inutile. Il la vit froncer ses sourcils et vaciller. Elle ferma lentement ses paupières durant sa chute. Elle échoua dans les bras de Christian qui la rattrapa à temps.
Odin qui observait la scène de loin, il lui était aussi difficile de voir à quel point il était inutile dans cette situation.
Il détourna le regard quelques instants lorsqu’il entendit Christian crier le nom de sa protégée, beaucoup plus fort.
Surprit, il revint sur Alice et courut vers elle.
Elle entendait et sentait que quelqu’un la portait, cela la rassurait. Fermer les yeux lui faisait du bien. Elle commença à entendre des sons plus compréhensibles. Elle entendit une voix d’homme l’appeler par son prénom, il semblait inquiet. Elle entendit les pas d’une autre personne s’approcher et commença à hausser le ton avec le premier. Elle connaissait ces personnes.
Rêve ou réalité ? Odin et Christian font-ils partie de la réalité ?
Odin posa sa paume sur le front d’Alice.

— Elle s’est juste évanouie, rien de grave. Elle a juste besoin de repos.

Christian la posa délicatement dans le lit, et prit soin de ramasser la couette qui était à ses pieds et de lui mettre.

L’homme en noir tournait en rond dans la forêt, non loin du campus. Il savait qu’actuellement, avec sa mémoire retrouvée, elle devait être perdu entre les deux versions de sa réalité et que ça avait pour conséquences l’altération de la vue et de l’ouïe. C’était le moment ou jamais pour recréer sa confiance.

Odin était conscient que c’était en partie sa faute si Alice était dans cet état maintenant, mais il n’était pas au courant des conséquences de son acte.
Tout ce qu’il savait c’est que c’était le moment où elle aurait le plus besoin de soutien.

2011.8.14

Torpeur

Lorsque Christian entra dans la pièce et qu’il vut le lit vide, il fut prit d’une panique, mais Ondin le rassura et lui conseilla de fermer la porte derrière lui.
Il fixa la couette qui se retrouvait maintenant au pied du lit.
Que s’était-il bien passé ?
Ondin lui répondit en désignant l’endroit où Alice était.
Christian s’approcha d’elle s’accroupit et sourit, rassuré de voir qu’elle semblait aller bien.
Il remarqua qu’elle avait le regard vide et ne semblait pas réagir à sa présence.

— Que lui as-tu fait ?!
Il s’adressa à Ondin.

Il regarda avec tristesse Alice et caressa sa joue avec sa main.

— Que s’est-il passé Alice…?

Au contact physique, elle fut prise de panique.
Elle sortit de sa torpeur et repoussa violemment sa main.

2011.6.21

Ensanglanté

Je n’ai pas réussi à m’enfuir.
Il m’attrapa par les poignets
Mes attaques de terre ne lui faisaient rien.
Il approchait son visage de plus en plus du mien.
En continuant de me tenir par les poignets d’une seule main, il me prit dans ses bras.
Pourquoi faisait-il cela alors qu’auparavant il m’attaquait ?
Sa respiration, cette manière de me prendre, cette chaleur. Tout cela ne m’était pas inconnu.
Des fragments d’images me venaient en tête et elles n’étaient pas joyeuses.
J’essayais de me débattre, qu’il me lâche.

— Tu ne me quitteras plus jamais.

Il me regardait dans les yeux, je ne me rappelais pas qui cela pouvait bien être, bien que ce visage me disait quelque chose.

— Peut-être n’est-ce pas une si mauvaise chose que tu n’aies plus aucun souvenir…

Il passa sa main dans mes cheveux.
Il m’embrassa langoureusement. Mes souvenirs refirent lentement surface.
Des images d’horreur.
Il me caressait les cuisses, remontant doucement sous ma jupe.
Sa main était douce mais je ne réagissais pas.
Mes souvenirs du passé refirent surface et j’étais encore sous le choc.
Comment avais-je pu oublier.
Il me posa lentement à terre en continuant de m’embrasser le long du corps.
J’étais totalement paralysée.
Me rappelant ce que j’étais.
Un jouet.
Aucun désir de vivre après tout ça.

— Je ne te ferai aucun mal.

Mon regard était vide.
Il continuait de m’embrassait avec fougue.
Comment croire ces paroles ?
Pourquoi mes souvenirs refont surface que maintenant ?

— Tu es mienne.

Je n’avais plus de force pour la moindre attaque. Plus aucune énergie.
Et ils arrivèrent à cheval.
Attaque d’eau sur moi et l’homme en noir.
Choqué de la scène.
L’homme en noir se relève et s’éloigne.
Je reste au sol avec un regard vide.
Ils courent vers moi.
J’étais pratiquement déshabillée à terre, ils m’aidèrent à m’adosser contre un arbre et me donnèrent tous les deux leur cape pour me couvrir.

— Attends-nous quelques minutes.

Il souriait et semblait amusé de la situation.
Se rendant compte de son désavantage contre son adversaire avec une autre épee et la magie d’eau du second, il s’enfuit.
Tous les deux s’approchèrent de moi et me demandèrent si je n’avais mal nulle part.
J’avais tout vu du combat, je ne savais plus où j’en étais.
Il sembla comprendre ce qui m’arrivait.
Il me porta dans ses bras et se dirigea vers l’ecole.
L’autre ne comprenait pas tout et se contenta de suivre.
Il était inquiet à mon sujet.
Rien qu’en pensant à la scène qu’il avait vue il rageait intérieurement.

*

L’homme aux cheveux longs et noirs a l’air triste la posa délicatement dans le lit.
Le second jeune homme aux allures de chevalier, aux cheveux blonds et aux yeux d’un bleu clair, qui les suivait avait l’air perdu et contrarié de la scène à laquelle il venait d’assister.
Il rageait intérieurement de son impuissance face à cet évènement déjà du passé, où l’être qu’il aimait était dans les bras d’un autre inconnu qui était mal intentionné.
Il demanda des explications à l’homme aux allures de mage.

— Je crois que tu dois savoir certaines choses, elle n’a commencé à assister aux cours que quelques semaines après son arrivée à l’école. Je l’ai trouvée dans un état plutôt inquietant au fin fond de la forêt. Si tu savais dans quel état psychologique elle était, tu… Elle a vécu des choses assez… malsaines, ce qui nourrissait une haine et une peur sans limite aux hommes.
Pour tenter de l’aider, je n’ai pu que lui suprimer ses souvenirs, du moins tenter. Un sort dont je n’ai pas les compétences. Te rappelles-tu de mes quelques jours d’absence pour cause de maladie ? Ce sort nécessitait d’énormes quantités d’énergie.
Et dans le pire des cas, il semblerait que cet homme en noir était la cause des mauvais souvenirs et a fait ce qu’il était nécessaire pour les lui rappeler. Actuellement je ne peux rien faire, je ne peux pas retenter le dernier exploit.
Elle est dans un état perdu entre la réalité et la fiction.
À son réveil, apportons-lui tout le soutien dont on disposera.On devra être à toute épreuve.

L’homme en armure écoutait silencieusement les explications, se rapprocha de celui au chevet de la jeune fille, le prit par le col et lui adressa entre ses dents.

— Si tu en avais parlé plus tôt, on aurait surement pu éviter ça !

— Aurais-tu pu agir sans arrière-pensées et faire semblant de rien devant elle après tout ce que je t’aurais raconté ?
Tu ne sais rien. J’étais auprès d’elle lorsque son esprit était brisé, et je t’assure que tu n’aurais pas voulu voir ça. De toute manière, tu verras bientôt ça de tes propres yeux.
Répondit-il calmement avec une pointe de tristesse dans les yeux.

Il ne put que le lâcher et s’énerver contre sa propre personne de ne pouvoir rien faire.
Le mage d’eau n’était pas du genre à provoquer et était lui-même le plus désemparé face à cette situation.
Il lui demanda calmement et sous forme de requête si son ami pouvait aller à l’infirmerie s’informer de l’état de leur autre compagnon magicien.

— Il est arrivé dans un état alarmant, il semblerait que c’est Alice qui lui a sauvé la vie de peu. Je te prierais de ne pas trop lui en vouloir, il doit désirer sa propre mort actuellement, d’avoir failli à la protection de sa bien-aimée.

Il se dirigea vers la sortie sans un mot, l’infirmerie était bondée d’étudiantes toutes plus inquiètes les unes que les autres au sujet du blessé. Il était après tout l’un des meilleurs éléments de sa spécialité et de son année.
Christian dut demander gentiment aux filles de se disperser et qu’il n’y avait rien à voir.
L’infirmière le remercia lorsqu’il put entrer dans la pièce.
Après avoir vu le piteux état de son ami, l’envie de le frapper ou alors de lui crier dessus lui passa. Son corps était couvert de rouge et on ne pouvait deviner d’où il saignait tellement il était recouvert de blessures. Il semblait agonisant et avait des difficultés respiratoires tellement il souffrait.
Anne lui glissa.

— Je fais tout pour arrêter les hémorragies, les calmants et sédatifs ne peuvent plus rien.

Elle essuyait le sang qu’elle pouvait de ses petites mains curatrices et bandait le plus rapidement possible chaque cicatrice, puis tentait de recoudre les plus grandes plaies.
Personne n’aurait voulu être à sa place.
Son uniforme était en lambeaux sur une chaise à côté , on avait bien sûr dû le lui retirer, il était simplement en caleçon sur le lit d’opération entre les rideaux pour éviter les regards indiscrets.

— Ne vous inquiétez pas, c’est un costaud, il va s’en sortir. Ça tombe vraiment mal, le week-end je suis la seule à assurer le service médical, la majorité des autres guérisseuses et guérisseurs sont en repos et sont actuellement dans le monde des normaux. Bien que j’ai demandé les plus compétents de revenir le plus rapidement possible, le temps qu’ils reçoivent le SMS et qu’ils reviennent sur leurs pas, leur aide ne me sera plus trop nécessaire. J’ai tout de même lancé l’appel au cas où certains sont près du point d’une porte.

Christian s’approcha lentement du visage du mourant, et lui souffla.

— Elle est avec nous, ne te torture pas trop et rétablis-toi le plus vite possible.

Alors qu’il était sur le point de partir, ne supportant pas plus de le voir dans cet état, l’ensanglanté lui attrapa le bras.
Il se demandait si c’était sa condition de mage que sa poigne était si faible ou alors son état critique.
L’infirmière s’écria qu’il ne fallait pas bouger aussi brusquement ou les blessures se rouvriraient.

— Est-ce… qu’elle… va… bien ?!
Dit-il avec peine entre toutes les douleurs de son corps.

— Elle n’est pas blessée.
Finit-il par répondre en trouvant sage de ne pas lui expliquer les autres détails.

Il le relâcha et put lâcher un soupir et une larme de joie car il était rassuré.
Entre temps, Alice s’était réveillée.
Elle ne savait plus trop où elle en était. Différencier la réalite et ce qui ne l’était pas.
Si on avait manipulé sa mémoire. Ne plus savoir quoi ni qui croire.
Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle vit le visage de ce qu’elle croyait être son frère a une époque mais qui était un homme, était-ce vraiment quelqu’un de confiance ? Il lui adressait un visage triste, et lui demanda si elle savait qui il était.
Elle n’entendit pas la question.
Elle tenta de s’échapper et se précipita en dehors du lit, à l’opposé du garçon, elle s’empêtra dans les draps et tomba. Elle s’écrasa par terre.
Elle rampa et tenta de se relever le plus rapidement possible en se dirigeant vers la fenêtre.
Il la coursa et l’attrapa au poignet avant qu’elle ne fasse de bêtise.
Elle se debattit et le frappa au visage.
Il voulut la calmer en lui rendant la pareille, mais lorsqu’il leva la main, la voyant apeurée, fermer les yeux et tourner la tête, il n’en eut pas le courage.
Il la prit alors dans ses bras, en tentant de l’apaiser.
Lorsqu’il finit par la lâcher, en espérant qu’elle se serait un peu calmée, la surveillant quand même, elle courut comme si de rien n’était vers un coin de la pièce, entre une commode et une armoire à quelques mètres de la fenêtre.
Il ferma à clé les volets pour éviter qu’elle ne s’échappe par là et qu’elle ne se blesse.
Elle s’assit en enlaçant ses jambes en se balançant.
Elle finit par s’arrêter de bouger et fixer le vide.
Elle s’appuya la tête contre l’armoire.
Christian entra dans la pièce.
Ondin lui fit signe de faire silence et de fermer la porte derrière lui.
Surprit, il lui demanda en désignant la joue rouge qu’est-ce qui lui était arrivé.
Il ignora la question.
Il lui dit que Frédéric allait s’en sortir, mais qu’il était vraiment mal en point.
Au moment où son nom fut prononcé, Alice eut une étincelle.
Ça lui disait quelque chose.
Elle répéta machinalement, doucement et d’une petite voix le nom de « Frédéric ».
Christian se tourna vers cette voix.

— Fais attention.
Lui avisa son ami.

Il en tint compte et s’approcha de la cachette d’Alice.
Elle fut un peu surprise par cette présence.
Il s’accroupit en face d’elle, lui tendit la main.

— Hé, c’est moi, Christian.

D’un sourire un peu triste.
Elle se figea. Il approcha sa main, elle prit peur croyant qu’il allait la violenter et ferma les yeux.
On put croire voir des larmes dans les yeux du jeune homme, il tenta de glisser ses doigts dans ses cheveux.
Au contact de la peau elle blêmit et le fixa d’un regard vide et violemment repoussa son bras et sa main.
Cela ne lui fit pas réellement mal physiquement, mais sentimentalement, c’était autre chose.
Il se releva et s’éloigna d’elle empli de tristesse.

— Je t’avais prévenu…

2011.6.19