Ensanglanté

Je n’ai pas réussi à m’enfuir.
Il m’attrapa par les poignets
Mes attaques de terre ne lui faisaient rien.
Il approchait son visage de plus en plus du mien.
En continuant de me tenir par les poignets d’une seule main, il me prit dans ses bras.
Pourquoi faisait-il cela alors qu’auparavant il m’attaquait ?
Sa respiration, cette manière de me prendre, cette chaleur. Tout cela ne m’était pas inconnu.
Des fragments d’images me venaient en tête et elles n’étaient pas joyeuses.
J’essayais de me débattre, qu’il me lâche.

— Tu ne me quitteras plus jamais.

Il me regardait dans les yeux, je ne me rappelais pas qui cela pouvait bien être, bien que ce visage me disait quelque chose.

— Peut-être n’est-ce pas une si mauvaise chose que tu n’aies plus aucun souvenir…

Il passa sa main dans mes cheveux.
Il m’embrassa langoureusement. Mes souvenirs refirent lentement surface.
Des images d’horreur.
Il me caressait les cuisses, remontant doucement sous ma jupe.
Sa main était douce mais je ne réagissais pas.
Mes souvenirs du passé refirent surface et j’étais encore sous le choc.
Comment avais-je pu oublier.
Il me posa lentement à terre en continuant de m’embrasser le long du corps.
J’étais totalement paralysée.
Me rappelant ce que j’étais.
Un jouet.
Aucun désir de vivre après tout ça.

— Je ne te ferai aucun mal.

Mon regard était vide.
Il continuait de m’embrassait avec fougue.
Comment croire ces paroles ?
Pourquoi mes souvenirs refont surface que maintenant ?

— Tu es mienne.

Je n’avais plus de force pour la moindre attaque. Plus aucune énergie.
Et ils arrivèrent à cheval.
Attaque d’eau sur moi et l’homme en noir.
Choqué de la scène.
L’homme en noir se relève et s’éloigne.
Je reste au sol avec un regard vide.
Ils courent vers moi.
J’étais pratiquement déshabillée à terre, ils m’aidèrent à m’adosser contre un arbre et me donnèrent tous les deux leur cape pour me couvrir.

— Attends-nous quelques minutes.

Il souriait et semblait amusé de la situation.
Se rendant compte de son désavantage contre son adversaire avec une autre épee et la magie d’eau du second, il s’enfuit.
Tous les deux s’approchèrent de moi et me demandèrent si je n’avais mal nulle part.
J’avais tout vu du combat, je ne savais plus où j’en étais.
Il sembla comprendre ce qui m’arrivait.
Il me porta dans ses bras et se dirigea vers l’ecole.
L’autre ne comprenait pas tout et se contenta de suivre.
Il était inquiet à mon sujet.
Rien qu’en pensant à la scène qu’il avait vue il rageait intérieurement.

*

L’homme aux cheveux longs et noirs a l’air triste la posa délicatement dans le lit.
Le second jeune homme aux allures de chevalier, aux cheveux blonds et aux yeux d’un bleu clair, qui les suivait avait l’air perdu et contrarié de la scène à laquelle il venait d’assister.
Il rageait intérieurement de son impuissance face à cet évènement déjà du passé, où l’être qu’il aimait était dans les bras d’un autre inconnu qui était mal intentionné.
Il demanda des explications à l’homme aux allures de mage.

— Je crois que tu dois savoir certaines choses, elle n’a commencé à assister aux cours que quelques semaines après son arrivée à l’école. Je l’ai trouvée dans un état plutôt inquietant au fin fond de la forêt. Si tu savais dans quel état psychologique elle était, tu… Elle a vécu des choses assez… malsaines, ce qui nourrissait une haine et une peur sans limite aux hommes.
Pour tenter de l’aider, je n’ai pu que lui suprimer ses souvenirs, du moins tenter. Un sort dont je n’ai pas les compétences. Te rappelles-tu de mes quelques jours d’absence pour cause de maladie ? Ce sort nécessitait d’énormes quantités d’énergie.
Et dans le pire des cas, il semblerait que cet homme en noir était la cause des mauvais souvenirs et a fait ce qu’il était nécessaire pour les lui rappeler. Actuellement je ne peux rien faire, je ne peux pas retenter le dernier exploit.
Elle est dans un état perdu entre la réalité et la fiction.
À son réveil, apportons-lui tout le soutien dont on disposera.On devra être à toute épreuve.

L’homme en armure écoutait silencieusement les explications, se rapprocha de celui au chevet de la jeune fille, le prit par le col et lui adressa entre ses dents.

— Si tu en avais parlé plus tôt, on aurait surement pu éviter ça !

— Aurais-tu pu agir sans arrière-pensées et faire semblant de rien devant elle après tout ce que je t’aurais raconté ?
Tu ne sais rien. J’étais auprès d’elle lorsque son esprit était brisé, et je t’assure que tu n’aurais pas voulu voir ça. De toute manière, tu verras bientôt ça de tes propres yeux.
Répondit-il calmement avec une pointe de tristesse dans les yeux.

Il ne put que le lâcher et s’énerver contre sa propre personne de ne pouvoir rien faire.
Le mage d’eau n’était pas du genre à provoquer et était lui-même le plus désemparé face à cette situation.
Il lui demanda calmement et sous forme de requête si son ami pouvait aller à l’infirmerie s’informer de l’état de leur autre compagnon magicien.

— Il est arrivé dans un état alarmant, il semblerait que c’est Alice qui lui a sauvé la vie de peu. Je te prierais de ne pas trop lui en vouloir, il doit désirer sa propre mort actuellement, d’avoir failli à la protection de sa bien-aimée.

Il se dirigea vers la sortie sans un mot, l’infirmerie était bondée d’étudiantes toutes plus inquiètes les unes que les autres au sujet du blessé. Il était après tout l’un des meilleurs éléments de sa spécialité et de son année.
Christian dut demander gentiment aux filles de se disperser et qu’il n’y avait rien à voir.
L’infirmière le remercia lorsqu’il put entrer dans la pièce.
Après avoir vu le piteux état de son ami, l’envie de le frapper ou alors de lui crier dessus lui passa. Son corps était couvert de rouge et on ne pouvait deviner d’où il saignait tellement il était recouvert de blessures. Il semblait agonisant et avait des difficultés respiratoires tellement il souffrait.
Anne lui glissa.

— Je fais tout pour arrêter les hémorragies, les calmants et sédatifs ne peuvent plus rien.

Elle essuyait le sang qu’elle pouvait de ses petites mains curatrices et bandait le plus rapidement possible chaque cicatrice, puis tentait de recoudre les plus grandes plaies.
Personne n’aurait voulu être à sa place.
Son uniforme était en lambeaux sur une chaise à côté , on avait bien sûr dû le lui retirer, il était simplement en caleçon sur le lit d’opération entre les rideaux pour éviter les regards indiscrets.

— Ne vous inquiétez pas, c’est un costaud, il va s’en sortir. Ça tombe vraiment mal, le week-end je suis la seule à assurer le service médical, la majorité des autres guérisseuses et guérisseurs sont en repos et sont actuellement dans le monde des normaux. Bien que j’ai demandé les plus compétents de revenir le plus rapidement possible, le temps qu’ils reçoivent le SMS et qu’ils reviennent sur leurs pas, leur aide ne me sera plus trop nécessaire. J’ai tout de même lancé l’appel au cas où certains sont près du point d’une porte.

Christian s’approcha lentement du visage du mourant, et lui souffla.

— Elle est avec nous, ne te torture pas trop et rétablis-toi le plus vite possible.

Alors qu’il était sur le point de partir, ne supportant pas plus de le voir dans cet état, l’ensanglanté lui attrapa le bras.
Il se demandait si c’était sa condition de mage que sa poigne était si faible ou alors son état critique.
L’infirmière s’écria qu’il ne fallait pas bouger aussi brusquement ou les blessures se rouvriraient.

— Est-ce… qu’elle… va… bien ?!
Dit-il avec peine entre toutes les douleurs de son corps.

— Elle n’est pas blessée.
Finit-il par répondre en trouvant sage de ne pas lui expliquer les autres détails.

Il le relâcha et put lâcher un soupir et une larme de joie car il était rassuré.
Entre temps, Alice s’était réveillée.
Elle ne savait plus trop où elle en était. Différencier la réalite et ce qui ne l’était pas.
Si on avait manipulé sa mémoire. Ne plus savoir quoi ni qui croire.
Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle vit le visage de ce qu’elle croyait être son frère a une époque mais qui était un homme, était-ce vraiment quelqu’un de confiance ? Il lui adressait un visage triste, et lui demanda si elle savait qui il était.
Elle n’entendit pas la question.
Elle tenta de s’échapper et se précipita en dehors du lit, à l’opposé du garçon, elle s’empêtra dans les draps et tomba. Elle s’écrasa par terre.
Elle rampa et tenta de se relever le plus rapidement possible en se dirigeant vers la fenêtre.
Il la coursa et l’attrapa au poignet avant qu’elle ne fasse de bêtise.
Elle se debattit et le frappa au visage.
Il voulut la calmer en lui rendant la pareille, mais lorsqu’il leva la main, la voyant apeurée, fermer les yeux et tourner la tête, il n’en eut pas le courage.
Il la prit alors dans ses bras, en tentant de l’apaiser.
Lorsqu’il finit par la lâcher, en espérant qu’elle se serait un peu calmée, la surveillant quand même, elle courut comme si de rien n’était vers un coin de la pièce, entre une commode et une armoire à quelques mètres de la fenêtre.
Il ferma à clé les volets pour éviter qu’elle ne s’échappe par là et qu’elle ne se blesse.
Elle s’assit en enlaçant ses jambes en se balançant.
Elle finit par s’arrêter de bouger et fixer le vide.
Elle s’appuya la tête contre l’armoire.
Christian entra dans la pièce.
Ondin lui fit signe de faire silence et de fermer la porte derrière lui.
Surprit, il lui demanda en désignant la joue rouge qu’est-ce qui lui était arrivé.
Il ignora la question.
Il lui dit que Frédéric allait s’en sortir, mais qu’il était vraiment mal en point.
Au moment où son nom fut prononcé, Alice eut une étincelle.
Ça lui disait quelque chose.
Elle répéta machinalement, doucement et d’une petite voix le nom de « Frédéric ».
Christian se tourna vers cette voix.

— Fais attention.
Lui avisa son ami.

Il en tint compte et s’approcha de la cachette d’Alice.
Elle fut un peu surprise par cette présence.
Il s’accroupit en face d’elle, lui tendit la main.

— Hé, c’est moi, Christian.

D’un sourire un peu triste.
Elle se figea. Il approcha sa main, elle prit peur croyant qu’il allait la violenter et ferma les yeux.
On put croire voir des larmes dans les yeux du jeune homme, il tenta de glisser ses doigts dans ses cheveux.
Au contact de la peau elle blêmit et le fixa d’un regard vide et violemment repoussa son bras et sa main.
Cela ne lui fit pas réellement mal physiquement, mais sentimentalement, c’était autre chose.
Il se releva et s’éloigna d’elle empli de tristesse.

— Je t’avais prévenu…

2011.6.19

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