Poursuite

Il était venu me chercher en voiture, comme à l’accoutumée.
Cependant, il me fit signe de rester couchée sur la banquette arrière.
Nous étions suivis et ce n’était rien de rassurant.
Je le voyais jeter des regards dans les rétroviseurs et chercher un moyen de semer les poursuiveurs.
Nous étions maintenant sur la voie rapide.
Étrangement la route était vide.
J’entendis des coups de feu et la voiture partit dans le décor.
Les pneux étaient crevés.
Le temps qu’il descende de la voiture, il ouvrit ma portière et me dit de courir.
Nous enjambâmes la barrière et il resta derrière moi et me dit de courir et d’aller me réfugier n’importe où.
Les coups de feux avaient cessé.
Nous étions dans une forêt, bien qu’il faisait plein jour, les feuillages des arbres nous cachaient dans les ombres.
Je courais me cacher dans un buisson.
Je mis mon portable en silencieux, par réflexe, et je tentais de contacter mon père.
Mon chauffeur courait encore derrière moi, il me vit et continua son chemin pour attirer l’attention.
J’entendis un coup de feu, et il s’écroula au sol.
Je me retins de crier et faire le moindre bruit.
Les autres hommes le rattrapèrent très rapidement.
J’entendis d’autres coups mais il ne cria pas.
Les autres m’appelèrent et me dirent de sortir de ma cachette.

— Non, ne sors pas ! Ils me tueront de toute faç-

Il eut à peine le temps de finir sa phrase qu’on le frappa.
Je n’arrivais pas à joindre mon père.
J’entendis à peine la personne derrière moi, qui m’attrapa et me jeta en dehors du buisson.

— C’est bon, je l’ai trouvée !

Ils avaient utilisé un appareil pour détecter les ondes.
Il était dans un état pitoyable.
Je me jetais sur lui et tentant d’empêcher d’autres coups.
Ils rièrent tous.

— Pas la peine de le protéger, on va le laisser là avec ton portable.

Ils m’attrapèrent et m’arrachèrent mon portable des mains.

— T’inquiète pas, on a besoin qu’il soit en vie pour qu’il explique à ton pere qu’on demande une rançon contre ta vie. Il nous connait.

Ils m’assomèrent et je perdis connaissance.

— Si tu la touches, je te tue. Tu veux lui faire perdre de sa valeur ?

Une voix de femme rauque me réveilla.
J’étais attachée et allongée dans un canapé plutôt confortable.
Il faisait sombre et ma vue dut s’habituer à cette obscurité.
Il y avait également de la fumée et l’odeur du tabac.
Elle s’approcha de moi et me souffla son haleine blanche.

— Tu es réveillée ?

Des pas s’éloignèrent.

— J’espère que ton père tient à toi et qu’il sera prêt à payer gros.
Avoir des enfants alors qu’on est dans ce monde, c’est vraiment se tirer une balle dans le pied.

Elle s’en alla.

2015.07.25

Futon

J’étais dans ma chambre, au fond de mon futon.
Mon père appréciait la maison traditionnelle japonaise, et lui trouvait pas mal d’avantages comparé à une maison moderne sur-sécurisée.
Elle permettait de s’échapper au moindre soucis par n’importe quel endroit. À vrai dire, il était juste amoureux de ses origines.
Ma chambre n’avait rien de particulier, j’étais une fille sans réelle passion autre que des loisirs simples ne nécessitant pas d’accrocher des posters ou de collectionner des tas d’objets.

J’étais au fond de mon futon et je réfléchissais à ma situation.
Depuis toute petite j’avais un garde du corps qui se faisait passer pour mon cousin et qui m’amenait à l’école.
Malgré la mort prématurée de ma mère, officiellement d’un accident de voiture. En réalite, même si mon père n’osait pas m’en parler, j’appris qu’elle avait été tuée par une balle normalement adressée à mon père.
J’étais encore trop jeune pour m’en souvenir.
Mon père m’adore et ne veut pas que je subisse le même sort que ma mère. Il a toujours été le papa-poule qui remplaçait tant bien que mal la présence féminine et maternelle.
Il faisait l’effort de se réserver des créneaux pour passer du temps avec moi.
J’adore aussi mon père.
Je savais tout ce qu’il faisait pour moi et ce qu’il avait fait.
Il tenait également à ce que je suive une scolarité normale et nomma des responsables de ma sécurite dès ma primaire.
Avec le temps, au lycée, tout le monde pensait que j’étais amoureuse de mon « cousin ».

2015.07.19

Guerre

— Arrêtez de vous battre.

Elle était arrivée sur le champs, les deux camps étaient épuisés.
Elle avança jusqu’au centre de la plaine.
Elle illuminait et les soldats l’admirèrent pendant un court instant.
Le camp ennemi posa les armes.
Leur chef cria de ne pas attaquer, il reconnut sa soeur.
Il accoura vers elle.
Elle lança une incantation ultime et guérit toutes les personnes autour d’elle.
Les gens se relevèrent petit à petit, ne comprenant pas ce qu’il se passait.
Leurs amis se réjouissaient et les prennaient dans leur bras.
Pendant ce moment de joie immense où toutes les personnes revenaient à la vie, par miracle.
Le champ baignait dans un halo de lumière chaleureuse.
Au bout de quelques minutes, l’intensité diminua.
Son frère cria qu’elle devait arrêter.
Les gens ne comprennaient pas.
Elle s’écroula.
Il arrivait trop tard et il la releva.
C’était bien sa soeur et il tenta de l’appeler pour qu’elle rouvre ses yeux.

— Plus… de… Guerre.
Murmura t-elle en ouvrant légèrement ses paupières.

2015.07.10

Épée

Elle était adossée à une pierre, blessée, acculée.
Elle n’avait plus aucune flèche à son arc.
Le sang coulant du coin de sa bouche ainsi que de ses quelques blessures sur son corps.
Elle avait été touchée sur les flancs et elle tentait d’arrêter l’hémoragie comme elle le pouvait.
Elle sentait la fin.
Un guerrier marchait vers elle, une épée à la main.
C’était un ennemi. Il s’arrêta devant elle et pointa sa lame sur sa gorge.
Elle le regarda et sourit.
Il n’était pas moche et elle se moqua d’elle-même de penser qu’elle se ferait tuer par un si bel homme.
Elle ferma les yeux et accepta son sort.
L’épée se planta à travers son torse.
Elle sentit la lame la transpercer, la douleur lui coupa le souffle et elle tomba sur le côté.
Il retira l’épée et la laissa se vider de son sang.
Sa vision se troubla et elle ferma les yeux.
Il était temps pour elle de partir.

Elle entendit des pas lointains s’approcher d’elle.
Une voix familière l’appela et cria son nom.

Son frère venait de tomber par hasard sur son corps et demandait de l’aide d’urgence.
Elle respirait encore.
Elle se fit emmener par des médecins.
Entre la vie et la mort.
Il ne pensait pas retrouver sa soeur de sang dans un tel champ de bataille.

Réveillée dans un lit de luxe, elle reconnaissait l’odeur nostalgique.
Son frère était à ses côtés et attendait qu’elle ouvre les yeux.
Elle était recouverte de bandages et de pansements.
Elle voulut sortir de la chambre pour visiter les lieux et se rendre compte de ce qui venait de se passer.
Elle pensait que sa famille l’avait oubliée, elle avait totalement oublié les détails de son enfance. Ses souvenirs refaisaient surface.
Ses instructeurs, ses gardes, ses professeurs.
Ses parents. Ils vinrent la voir.
Elle était habillée dans des vêtements trop grands pour elle, c’étaient ceux de son frère.
On lui mit une cape pour qu’elle soit présentable et ils annoncèrent à tout le monde qu’ils l’avaient retrouvée.
Elle monta sur le trône et elle reconnu le chevalier qui l’avait achevée sur le champs.
Lorsque leurs regards se croisèrent, il se figea et se mis à genoux pour demander pardon.
Elle le releva et tenta de cacher ce fait.

Elle était la princesse et héritière.

2015.07.10

Scénario

Après avoir annoncé à tout le monde que j’étais de sang noble, même très noble vu que j’étais la fille de la Reine et par conséquent, très importante d’un point de vue politique.
Les gens furent très rapidement mis au courant et on ne parlait que de cela dans les couloirs.

Les nouvelles circulant vite, l’agresseur qui fut envoyé en prison l’apprit également.
Pour lui qui était très attaché au respect des classes sociales, il fut totalement retourné et lorsqu’il fut libéré, il ne manqua pas de s’excuser auprès de la princesse à qui il avait manqué totalement de respect.

Alors que je me baladais tranquillement dans la cour intérieure, il vint me trouver et des gardes se mirent entre nous.
Il s’agenouilla et demanda à me parler.

[ Demander aux gardes de s’écarter ]
Je m’avançais vers lui et je lui fis signe de se relever. Il me regarda droit dans les yeux et me demanda de lui pardonner ses actes. Il était très sérieux et regrettait son geste. Je ne pus qu’accepter. Cependant je lui en touchais deux mots.
— Ce n’est pas à moi que vous devez présenter vos excuses, mais à mon ami Syfal. Cette histoire est de l’ordre du passé et j’estime que pour mon cas, vous avez déjà expié votre faute.
Il s’agenouilla à nouveau et me remercia.

[ Rester derrière les gardes ]
Alors qu’il me présentait ses excuses.
Je l’écoutais tout en restant méfiante et j’analysais chaque mot et son timbre de voix.
Un reflet dans le ciel attira mon attention.
Je levais les yeux et je vis une personne en train de bander un arc et s’apprêter à viser l’homme.
Malgré que j’avais des doutes sur sa sincérité, je ne souhaitais pas qu’il meure et que cette attaque créée à nouveau un mouvement et des conflits entre nobles et paysans.
Je poussais les gardes qui ne comprirent pas tout de suite, et je me jetais sur lui.
— Attention !
Il eut le temps de relever la tête et de me voir.
Je le poussais et il tomba en arrière.
Quant à moi, j’étais affalée sur lui.
Je sentis une douleur aigüe au niveau de mes côtes. La flèche s’était plantée dans ma hanche.
Les gardes regardèrent d’où venait l’attaque.
La personne qui avait tiré était encore sous le choc, elle ne s’attendait pas à ce que la flèche me touche, elle n’eut pas le temps de réagir ou de s’enfuir.
Un des garde l’attrapa.
L’homme à terre ne comprenait pas encore la situation. Les deux mains qui le maintenaient, il me regardait, et regardait les gardes.
J’étais sur son torse et la douleur m’empêchait de bouger.
Il vit un filet rouge s’écouler sur le sol.
Ma blessure commençait à saigner.

2015.07.08

Leçon

Le cerveau totalement engourdit par la fatigue et le cours de géographie que je subissais, je finis par m’assoupir.
Le professeur m’appela et me demanda de répondre à sa question.
Bien entendu, je n’ai pas pu y répondre et il me sermona devant toute la classe.
Déjà que j’étais sujet à des brimades dû à ma classe sociale, il fallait en plus que le professeur enfonce le clou.
J’ignorais les rires de mes camarades et j’attendais sagement que le cours se termine enfin.
La géographie… et les cours n’étaient pas mes points forts. Je ne comprenais pas pourquoi nous devions participer à ces leçons habituellement réservées aux nobles.
Le second cours était l’éducation physique, ou plus précisement l’art de l’attaque et de la défense.

2015.06.29

Vérité

Lorsqu’il me tendit la main, je ne pus m’empêcher de me sentir humiliée par son geste.
Emportée par la colère je lui tins des propos haineux, et je perdis connaissance.
Il me rattrapa à temps et il vit mon visage emplit de tristesse et de larmes, du sang aux lèvres.

— Plus jamais… Je ne veux plus jamais te voir dans cet état…

Il me serra dans ses bras et me porta ailleurs.
Il prévint des enseignants et m’emmena dans ses appartements.
J’entendais la voix de la Reine, elle n’avait pas la douceur habituelle.

— Qu’est-ce qui t’es passé par la tête ? Pourquoi tu l’as amenée ici ?!
— Tu ne penses pas qu’elle devrait apprendre la vérité ? Tu as vu ce qu’il vient de se passer ! Qu’est-ce que ça va être la prochaine fois ?
— Je ne veux plus jamais la voir dans cet état !
— Ce n’était pas ce que je souhaitais. Elle risque pire si tout le monde apprend la vérité…
— Mais je serai là pour la protéger ! C’est la différence !

La voix masculine était celle de Chris, il se disputait avec sa mère.
Je me réveillais et reprenais mes esprits, j’étais dans un gigantesque lit avec des draps de luxe, confortable au possible. Jamais je ne pensais dormir dans un tel lit.
Mes vêtements furent changés et j’étais dans une nuisette en coton doux. Je descendais du lit, pieds nus. Et le contact avec cette moquette moelleuse qui caressa mes orteils était un délice. Moi qui trouvais celle dans les couloirs déjà très confortable.
Complètement obnibulée par la décoration dans cette chambre, je ne fis même pas attention au sujet de discussion des deux personnes.
Elles étaient dans la pièce juste à côté.
Le ton commençait à monter et lorsque je poussai la porte déjà un peu entreouverte, le flux des paroles s’arrêta et ils se tournèrent vers moi.

— Bonjour… ?

Il faisait complètement nuit et je me rendis compte de ma stupidité.

— Elle a le droit de savoir.
Ajouta Chris.

La Reine soupira et s’approcha de moi.

— Tu as gagné mais sache que j’aurais préféré une autre option. Louise, suis moi.

Elle me prit par la main et m’emmena vers une autre chambre.
Elle était encore plus luxueuse que la précédente.
Il y avait un grand portrait de la Reine et du Roi. Sur les meubles il y avait quelques photos du Roi. C’était un beau jeune homme. Il avait les cheveux bruns et lisses.

— Je te présente ton père. Ceci est ma chambre, tu remarqueras que les enveloppes et le papier qui sont sur mon bureau, sont spéciaux et chers à mon coeur.

C’étaient exactement le papier que je recevais à chaque anniversaire.

— Hein… ?

Je recollais les morceaux dans ma tête.

— Je m’excuse de t’avoir menti pendant tout ce temps. Je suis ta mère.

Je la regardais sans la voir.

— C’est une blague, c’est pas drôle. Je vais me réveiller… Je rêve, en fait.

Elle me dirigea vers le lit et s’assit à côté de moi.

— Je vais tout te raconter.

Ainsi elle m’expliqua tout depuis le début. Chris été resté dans un coin de la pièce et nous observait.
Il y en avait pour la nuit et encore, lorsqu’elle me vit piquer du nez, elle me laissa m’assoupir dans son lit.
Lorsque je me réveillai, elle dormait à poings fermés à mes côtés.

2015.06.20

Piteux

Il était dans un piteux état.
Des bandages recouvraient la moitié de son visage ainsi que ses côtes. Il était sous perfusion.
À côté de lui j’étais en pleine forme, ou presque. J’avais mal par-ci et par-là, quelques marques, sans plus.
J’étais allée m’excuser auprès de ses parents de ne pas avoir pu le protéger mais ils me regardèrent avec compassion et me prirent dans leurs bras.

— Ce n’est pas à toi de t’excuser. Tu as fait de ton mieux pour l’aider. Tu sais, il s’en veut que tu aies été blessée durant cet incident… Tu devrais aller lui parler.
M’avait dit sa mère.

J’étais ainsi à son chevet.
Il se réveilla et m’observait.

— Ça va ?
Avait-il demandé timidement.

Je ne pouvais m’empêcher de sourire.

— C’est toi qui me demande ça ? Regarde toi.

Je lui serrais la main. Il ne pouvait pas trop bouger mais il me rendit un peu mon étreinte de ses doigts.

— Tu vas rester encore combien de temps ici ?
— Je ne sais pas. Je vais finir par m’habituer à ce confort de luxe, on me chouchoute… Peut-être la semaine prochaine. Si tout se passe bien.
— Je peux revenir te rendre visite ?
— Bien sûr.

Il me regardait avec tendresse.

— Je voulais m’excuser.
— Au sujet de ? Dis-je étonnée.

— Lorsque tu es venue… Je me suis senti soulagé qu’ils arrêtent de me frapper… Pendant un instant…
— Qu’est ce que tu racontes, c’est moi qui ai été trop faible pour faire quoi que ce soit…
— Je n’ai rien pu faire pour empêcher-
— Chut, c’est du passé. N’en parle plus…

L’infirmier passa nous voir et me fit signe qu’il devait voir Syfal en privé.
Je ne me fis pas prier et je le quitais à contre-coeur.
À peine je quittais l’endroit, Chris m’intercepta.

— Comment il va ?

Prise au dépourvue, je baragouinais des mots.

— Euh, je, oui il va bien, enfin il va mieux, je crois.

Il me regarda avec froideur comme il avait l’habitude de le faire.
Avant qu’il ne parte, je pensai à l’interpeler.

— Euh, excusez-moi… Je voulais vous remercier d’avoir témoigné en ma faveur lors du procès.

Il se retourna.

— Je t’en prie… Tu peux continuer à me tutoyer, tu sais.

Et il continua son chemin.

2015.06.20

Faits

Je racontais ma version des faits.
Alors que les trois coupables étaient d’accord sur le fait que Syfal et moi nous nous étions querellés et qu’ils avaient tout fait pour nous séparer. Ils avaient pris peur qu’on se méprenne sur leurs intentions et avaient prit la fuite.
Les deux camps existaient.
Certains pensaient que c’était un coup monté pour discriminer les nobles gratuitement.
La salle était bruyante au possible.
Le blondinet, Chris, prit la parole et témoigna.
Contre toute attente, il témoigna en ma faveur.

— Même si c’est une paysanne, je pense qu’elle dit la vérité. J’ai vu sa capacité à combattre et elle n’est pas assez compétente pour avoir mis l’autre garçon dans cet état.

Il se rassit comme si de rien n’était et laissa le silence dans le hall.
Alors que les gens se concertaient pour voter et décider de qui disait la vérité.
La porte s’ouvrit et Syfal entra. Accompagné de Marianne qui l’aidait à se maintenir.
Il était avec des béquilles et la moitié du visage et de ses flancs étaient sous des bandages.
Il insita pour témoigner.
Il enleva ses bandages un à un et tout le monde pu voir l’étendue de ses blessures.
La foule poussa un cri d’horreur.

— Jamais… Louise… aurait pu me frapper… jusqu’à ce point…

Il ne dit pas plus et tout le monde jugea très fort le trio noble.
Le juge prit la décision et condamna les trois garçons.

— Vous n’allez pas croire ces pauvres ! La prochaine fois que je te croise, je te tue !!!
Criait le leader.

Bien entendu, ses deux acolytes modifièrent leur témoignage et dirent qu’ils furent forcés de le faire, pour écourter leur peine.
La Reine prit la parole.

— J’espère que ce genre d’intolérance ne se reproduira plus dans le château. Je ne peux pas avoir des yeux partout et je sais que ceci est votre quotidien, mais je souhaiterai que nous faisions chacun un geste pour changer cette situation. Merci.

Elle partit la tête haute. Son charisme était grand, même les paysans l’appréciaient pour sa bonté d’âme et d’écoute.
Elle ne pouvait pas être partout, mais elle faisait de son mieux pour son peuple.

2015.06.19

Moquette

Ils avaient pris Syfal à part, à l’extérieur de la salle.
Ne le revoyant pas revenir, je m’inquiétais et je sortis voir s’il ne s’était pas perdu. Je me faisais déjà une joie de me moquer de lui s’il s’était perdu dans les couloirs.
J’entendis des bruits étranges et je m’approcha par curiosité.
C’est là que je le vis, recroquevillé sur lui-même, par terre, entouré de trois hommes qui donnaient chacun à leur tour des coups de pied dans ses côtes.
Je vis rouge. J’analysais la scène et j’imaginais très bien ce qu’il venait de se passer. Je fonçais vers eux voulant frapper celui qui donnait des coups de pieds.
Je ne compris pas tout de suite ce qu’il se passa, quelqu’un m’intercepta et m’immobolisa. C’était le plus grand et le plus musclé des trois. Je me débattais tant que je le pouvais, les larmes aux yeux.
Syfal luttait pour rester conscient et il réagit lorsqu’il me vit arriver.

— C’est toi sa petite copine gueuse…
Dit-il d’un air satisfait, une idée lui venait en tête et cela n’annoncait rien de bon pour moi.

Il fit signe à son ami de me lâcher.
À peine je pouvais me réjouir d’être libérée, le leader s’avança vers moi et me prit la mâchoire dans sa poigne.
J’essayais de me défendre et de le giffler mais son ami m’en empêcha. J’étais comme une poupée, le visage et mon bras gauche totalement immobilisés.
Il me relâcha violemment.

— Dommage que tu sois une paysanne, tu n’es pas trop moche.
Lâcha t-il d’un air hautain.

Je voulus saisir ma chance pour frapper celui qui me tenait encore le bras, mais le leader me rentra dedans et m’éclata contre le mur de la petite impasse du couloir.

— On fait moins la maligne hein.

Son avant-bras gauche calé sur ma gorge. Je ne pouvais rien répliquer.
Quelqu’un s’approcha de nous et les deux acolytes paniquèrent.

— Il y a quelqu’un !
— Si c’est un plouc, ramène-le, qu’on lui fasse sa fête aussi !
— Non, c’est un noble, on est mal !
— Merde, on se tire !

Le leader s’en alla à contre-coeur en suivant ses sbires.
Cela ne l’empêcha pas de me donner un bon coup de poing dans le ventre avant de déguerpir.

Ce coup m’avait mis à quatre pattes. Je crachais et tentais de reprendre mon souffle.
Je levais les yeux pour voir la personne qui avait arrêté ce combat injuste.
C’était le noble blond, il s’approcha de moi et me tendit la main.

— Est-ce que ça va ?

J’étais encore sous la colère.

— T’es venu te moquer de nous ?! Va-t-en ! Je n’ai pas besoin de ton aide !

J’avais les larmes aux yeux et je voyais trouble, je m’étais mordue sans m’en rendre compte et je voyais des gouttes de sang sur la moquette de riche du couloir. Je m’essuyais la bouche du revers de mon poignet. J’étalais le rouge.
Cela me fit rire machinalement.
Mon sang de pauvre salissait cette moquette douce et comfortable de riche. Il dut me prendre pour une folle.
Je me relevais avec du mal et je me dirigeais vers Syfal qui était dans un état indescriptible. Je me demandais s’il était encore vivant.
Il était inconscient mais respirait encore.
J’essayais de lever sa masse pour le porter jusqu’aux soins le plus proche mais je n’arrivais plus à rien.
Ma vue se troublait et je pleurais. Les larmes coulaient et plus j’y pensais plus le flot était puissant.
Le blondinet me regardait de loin, encore sur le cul de ma réplique.

J’étais devant Syfal, assise comme je le pouvais et mes larmes coulaient à flots. Son visage n’était pas trop amoché, il avait pu se protéger un peu.
J’entendais des gens approcher et leurs messes basses.
J’entendis quelqu’un accourir et s’arrêter derrière moi.
C’était une femme, elle murmura quelque chose d’inaudible pour moi mais je pu distinguer son timbre de voix.

— Faites venir un brancard et des infirmiers !
Cria t-elle.

Je reconnus sa voix. C’était la Reine. Elle me regarda à peine, lorsque nos regards se croisèrent, je distinguai à peine son émotion. Peut-être était-ce de la tristesse, elle quitta les lieux à le seconde qui suivie.
Une autre personne accourut et c’était Marianne. Je reconnaîtrais ses pas entre milles.
Les gens s’écartèrent et lorsqu’elle me vit, elle courut me prendre dans ses bras.
Je pleurais de plus belle, j’éclatais en sanglots.
J’essayais de lui expliquer la situation mais les mots sortaient de manière sacadée et même moi je ne comprennais plus ce que je disais.
Elle me serra dans ses bras et me caressa les cheveux.
Le trop plein d’émotion me fit perdre connaissance. J’étais dans les bras de ma mère adoptive, il y faisait bon et chaud.

Lorsque j’ouvris les yeux, j’étais dans un lit douillet, et il faisait bon.
J’étais dans mon lit, dans ma chambre.
J’aurais aimé que tout ne fut qu’un rêve, mais le visage de Marianne me fit revenir à la réalité.

— Comment te sens-tu ?

Je me touchais de partout et mis à part la présence de quelques douleurs au niveau de l’abdomen, tout semblait bien aller.

— Je crois… que ça va… – ET SYFAL ?!

Comme si je venais de me réveiller complètement, je pensais à Syfal et à son état.
Marianne pouffa de rire.

— Ne t’inquiète pas, il est à l’infirmerie, on s’occupe de lui. Fais plutôt attention à toi ! D’ailleurs cette affaire va aller loin, la Reine est outrée par le comportement des élèves et veut mettre la lumière dessus. Certains disent que tu t’es disputée avec Syfal et que c’est toi qui l’aurais blessé à ce point. C’est pas romantique ?

J’etais tellement énervée par cette rumeur que je serrais mes poings sur ma couverture. Sans mots.
Elle me regarda et reprit son sérieux.

— Je suis désolée, je n’ai pas pu te protéger…

Elle me serra dans ses bras. J’entendais la détresse dans sa voix.
Je la rassurais comme je le pouvais.

— Qu’est-ce que tu racontes ? T’es la meilleure des mamans, c’est pas de ta faute si je me fais tabasser !

Je riais mais mes côtes me faisaient mal.

*

— Je ne voulais pas ça !

Elle entra en trombe dans son bureau.

— Ma Reine, calmez vous…
Dit Marianne, elle était dans une cape à capuche noire, de sorte que personne ne la reconnaisse.

— Je ne l’ai pas éloignée de mon monde pour qu’elle se fasse tabasser… Qu’ai-je fais. Pourquoi.
— Ma Reine…

Elle s’approcha doucement, et elle s’agenouilla.

— Je m’excuse d’avoir failli à ma mission.

La dame se retourna et se figea. Elle put reprendre son calme.

— Marianne. Tu n’y es pour rien. Ce n’est pas de ta faute et tu n’as en aucun cas faillit. J’aurais dû m’en apercevoir plus tôt, elle était qu’à quelques mètres de moi et je n’ai rien vu venir…
Bref, tu as raison, je dois me calmer. D’après Chris, ce sont trois jeunes nobles qui ont fait ça et ils sont partis en courant. Cette situation ne restera pas impunie. Et je ne dis pas ça simplement parce que c’est ma fille. Cette barrière entre les nobles et les paysans doit disparaître.
S’il-te-plaît, prends-la dans tes bras pour moi…
La voir pleurer comme ça…. Plus jamais…

— Oui, ma Reine.

2015.06.19