Participer

— Il est hors de question que je reste les bras croisés tandis que nos professeurs et autres personnes sont en train de se battre.

Elle sortit de la salle et partit chercher son père et Chris.
Elle savait que c’était une excuse pour pouvoir partir à leur recherche mais elle était également choquée que ces fils et filles de nobles se cachent en attendant la fin des conflits.
Elle vit Chris en difficultés et l’aida de justesse à s’en sortir en frappant d’un coup mortel son opposant.

— Quelle image je donne à mon élève en me laissant sauver…
Dit-il honteux.

— Merci.
Ajouta t-il.

Elle lui tendit la main.

— Tu n’as rien ?
— Qu’est ce que tu fais ici ?! Je te croyais en sécurité.
— Tu pensais vraiment que j’allais rien faire ? Où est papa… ?
— Nous avons été séparés, j’ai tenté de retenir les quelques hommes qui restaient… Tu tombes à pic.
— Je vois ça.
— On va chercher ton père ?
— Plutôt deux fois qu’une !

— Fais attention aux débris et aux intersections… Il y a peut-être des pièges…
— D’accord.

Il la rattrapa de justesse et la plaqua contre le mur en la recouvrant de son corps.
L’explosion créa de la fumée et de nombreux débris soufflèrent vers eux.

— Ça va ?
— Je…
Toussa t-elle.

Elle ne réussit plus à dire autre chose.
Les gaz étaient toxiques pour son organisme mi-humain et elle continua à tousser de plus en plus jusqu’à ne plus pouvoir respirer.
Elle sentit son dos glisser le long du mur et elle attrapa un bout de vêtement de Chris avant de perdre connaissance.
Il n’eut pas le temps de réagir assez vite.
Elle s’écroula à ses pieds et il se fit attaquer dans le dos.
Il se retourna et dut combattre.

Il arriva et l’aida.
C’était le camarade qui ne pouvait pas supporter Chris.
Il avait vu qu’il protégeait bien son élève et il était remonté dans son estime.

— Besoin d’un coup de main… ?
— Ce n’est pas de refus…

Chris retourna auprès d’elle.
Ils virent son état empirer.

— Il faut quitter cet endroit, elle ne supporte pas les fumées…

Chris la porta sur son dos et ils sortirent de la zone.
La bataille continuait.

— Emmène-la à l’infirmerie. Je vais les retenir.
— Ils sont trop nombreux, je ne vais pas te laisser tout seul ici.

Elle reprit connaissance.

— Je… vais mieux. Laissez-moi ici, dans les débris… Laissez-moi juste reprendre mon souffle… Ça va aller.
Toussait-elle, encore.

Chris était inquiet mais se sentit rassuré. Il la laissa un peu en recul.

— Je reviens tout de suite.

Ils finirent leur combat et en retournant vers elle, un ennemi l’avait vue et tentait de l’achever.
Elle se battait mais à souffle coupé.
Il l’attrapa facilement par le cou, et savourait sa victoire.
Chris et le camarade n’eurent pas le temps d’intervenir.
Son père apparut et acheva l’ennemi avant de rattraper sa fille dans ses bras.

— Pardon… de ne pas avoir été à la hauteur…
Pleurait-elle.

Chris se mit à genoux et s’excusa de ne pas avoir pu la protéger.
Le camarade ne comprenait pas, puis il tilta.
L’homme à l’aura noble en face de lui, était le seigneur.

Elle se réveilla allongée dans une chambre d’infirmerie.
Les voix de l’autre côté de la pièce lui parvenaient petit à petit.

2016.05.19

Précepteur

Elle était partie chercher Chris dans les couloirs de l’établissement.
Elle arriva pile poil au bon moment.
Elle vit un élève de sa classe s’adresser à Chris et vu le ton élevé de ses paroles, elle entendit toute la conversation.
Elle s’approcha à pas rapides pour défendre son précepteur et ami.
Chris baissait les yeux et semblait subir les insultes sans broncher.
Lorsqu’elle arriva à leurs niveaux. Elle empêcha son camarade de classe de le frapper. Il était sur le point de lui donner une giffle.

— C’est une honte que quelqu’un de ton rang soit le précepteur d’une noble !
Disait-il, avec conviction.

Lorsqu’elle apparut, il se figea.

— Retire immédiatement les propos blessants envers mon précepteur…
Grogna t-elle entre ses dents.

C’était la première fois qu’elle s’opposait à quelqu’un de sa classe.
Il baissa sa main et la regarda sans rien dire.
Elle le relâcha et attendait des excuses.
Il ne broncha pas.

— Je ne te permets pas d’insulter mon précepteur de la sorte. Quelque soit son rang ou ses origines.

Chris était estomaqué. Il voulait l’empêcher d’envenimer la situation, mais elle le retint de faire quoi que ce soit, d’un geste bref.
Il se rangea derrière elle, avec le respect qu’il devait à une noble.
Le camarade continuait à le fixer avec un air de dédain et n’avait aucune attention de s’excuser.
Elle s’énerva et lui donna une belle claque.
Comme si cela venait de le réveiller, il la regarda avec surprise en se massant la joue.
Elle retourna ses talons et attrapa la main de Chris pour partir dans la direction opposée.

— Tu ne vois pas qu’il profite de ta gentillesse ? De ton statut ?!
— Chris ne ferait jamais ça ! Je le sais !

Il ne pouvait supporter Chris et il profita de cette occasion pour l’attaquer.
Cela serait mentir que de dire que Chris n’avait rien vu venir.
Il connaissait son rang et il ne pouvait pas se permettre de griller sa couverture, ni manquer de respect à un noble en contre-attaquant en premier.
Il comptait encaisser le premier coup et enfin pouvoir se défendre et lui donner une leçon, même petite.
Il ne s’attendait pas à ce qu’elle intervienne et le protège.
Elle prit le coup de plein fouet, s’écroulant dans les bras de Chris qui la rattrapa. Elle savait ce qu’elle faisait, elle avait également vu venir l’attaque. Elle n’était pas son élève pour rien.
Son camarade de classe s’excusa à plusieurs reprises.
Il ne savait plus quoi faire.

— Je ne te permettrai pas de toucher à un seul cheveu de mon précepteur en ma présence…
Souffla t-elle.

Il s’en alla sans demander son reste.
Elle avait prit un bon coup de poing dans la côte et toussa un peu avant de pouvoir se relever et tituber.
Chris n’en revenait pas.

— Il n’y est pas allé de main morte…
Plaisanta t-elle

— Tu n’avais pas à faire ça…

Il se sentait coupable.

— Tu n’es pas en tort. Je ne supporte pas qu’on puisse te parler de la sorte… J’espère qu’il ne reviendra pas te chercher des noises.

Elle ne pensait pas avoir si mal. Il avait vraiment eu l’intention de blesser Chris et elle avait sous-estimé cela.
Chris vit ses grimaces et insista pour regarder l’impact.
Avec embaras, elle ne put refuser.
Il souleva son haut et vit un énorme hématome au niveau de son abdomen. Il s’alarma et l’attrapa par dessous ses genoux et la porta.

— Je t’emmène à l’infirmerie.
— Hein ?! Mais-

Elle dut rester plusieurs jours en soin.
Cela resta secret, elle fut toujours pris en charge par Chrystal l’infirmière atitrée. Son corps de mi-humaine n’encaissait pas de la même manière qu’un non-humain et cela nécessitait une prise en charge particulière.
Seul son camarade comprit qu’elle avait été hospitalisée à cause de lui et eut l’audace de lui rendre visite pour s’excuser.

— Je ne l’aurais jamais choisi s’il n’était pas un aussi bon précepteur.
— … Je vois. Est-ce que tu permets que je le défis de manière non officielle, par exemple sous le cadre d’un entraînement ?

Chris apparut et lui répondit en personne.

— J’en serai ravi.
— Si… si je perds, je reconnaîtrai mon erreur et je retirerai mes propos…
Par contre, si je gagne, tu devras choisir un précepteur digne de ton rang.

Elle ne voulait pas avoir quelqu’un d’autre que Chris en tant que professeur et elle ne sut pas quoi répondre. Cela le concernait plus qu’elle et il accepta son challenge.

Le jour du combat.
Elle était guérie mais la bataille était serrée et chacun ne voulait pas s’avouer vaincu.
Chris gagna, en feintant de presque perdre.
Elle l’engueula avec les larmes aux yeux.

— Idiot ! Qu’est-ce que j’aurai fait si tu avais perdu ?!
Dit-elle en le frappant.

Il en rit et lui murmura dans l’oreille.

— Tu pensais vraiment que j’allais perdre ?

Et elle le serra dans ses bras.

— Ne me fais plus jamais ça !

Après cet épisode, personne n’osa plus jamais faire de remarque sur le précepteur de la jeune fille. Tout le monde savait qu’elle était d’origine plus ou moins noble mais on ne sait d’où.

2016.05.19

Boue

Les cheveux virevoltants dans le vent. Elle était assise sur un banc, à l’ombre d’un arbre, le regard perdu dans ses pensées.
Il l’observait de loin. Ne sachant pas s’il devait intervenir ou non.
Elle finit par remarquer sa présence et lui fit signe de la main avec son grand sourire. Elle se forçait à sourire et il le savait. Parce qu’il l’avait vue grandir, il la connaissait mieux que quiconque.
Il s’approcha alors et s’assit à ses côtés. Attendant qu’elle brise le silence en premier.

— Je sais que papa est occupé et qu’il ne peut pas me voir aussi souvent que je le voudrais… Je sais que je suis égoïste de me sentir aussi triste pour ce genre de détail…

Elle fit une pause et soupira un court instant avant de reprendre.

— Merci d’être à mes côtés.

Elle releva la tête et lui sourit. C’était un vrai sourire mais derrière cela, elle ravalait ses larmes.
Il la serra dans ses bras, enlaçant ses petites épaules et en lui caressant doucement la tête.

— C’est normal… Tu as le droit d’être triste…

Elle éclata en sanglots dans ses bras.
Il ressentit des sentiments étranges à ce moment. Il était vraiment affecté par ses pleurs au creu de son torse.
Comme épuisée par ce surplus d’émotion, elle s’endormit de fatigue dans ses bras.
Le vent commençait à souffler et le temps à se rafraîchir. Il l’allongea sur ses genoux et la recouvrit de son manteau.

*

Elle se disputait avec un élève de sa classe. Elle était une des plus jeunes de la promotion mais cela ne l’empêchait pas d’avoir son mot à dire.
Le ton commença à monter et ils finirent dans la cour, à régler cela par la force.

— Je vais te faire ravaler tes paroles… !
Disait-elle, emplit de rage.

— C’est ce qu’on va voir… Si tu arrives à me mettre à terre, j’y songerai peut-être…
Se moquait-il, d’un air arrogant.

Ce n’était pas n’importe qui. C’était l’un des meilleurs élèments de la classe et la modestie n’était pas sa meilleure qualité.

— On va voir ce que ton médiocre précepteur a pu t’apprendre pour te défendre…

Les autres élèves avaient été attirés par le bruit et s’étaient regroupés autour d’eux pour observer la bataille.
Elle d’habitude très discrète et calme, personne ne connaissait son réel niveau, ni ne savait qui elle était.

— Viens, approche… !

Il lui faisait signe d’approcher et semblait très confiant.
Elle ne se laissa pas intimider et commença par l’attaquer.
Des petites attaques pour le tester et connaître ses réactions.
Elle n’avait pas peur, elle savait qu’elle était entraînée par une personne plus que qualifiée et elle devait défendre Chris. Elle ne laisserait personne le rabaisser à sa classe sociale.

Elle réussit à lui asséner un coup droit au visage. Elle évita de justesse sa contre-attaque et s’éloigna.
Il se mit à pleuvoir des cordes et le terrain devint boueux.
Il se rattrapa et la fit manger à plusieurs reprises la terre.
Elle se releva, totalement méconnaissable à cause de la boue sur ses vêtements et sur son visage.
Elle réussit à lui faire perdre son équilibre.

Les professeurs alertés par le mouvement de foule intervinrent et ils durent arrêter le combat.
Elle se fit convoquer par le conseil des enseignant et dut s’expliquer en présence de son tuteur légal, c’est-à-dire Chris.

2016.05.12

Prolétaire

Elle suivait une scolarité comme étant noble.
Son père lui avait assignée un précepteur particulier. Il n’était pas noble mais ses compétences étaient bien au-delà. D’habitude agent secret et garde du corps pour sa propre personne, il voulait le meilleur pour sa fille et lui confia la protection de sa protegée.

Elle eut a plusieurs reprises des remarques désagréables à ce sujet, que son professeur était un prolétaire et qu’il ne pouvait pas être bon.
À chaque fois, elle se mettait hors d’elle ou ignorait leurs méchancetés non fondée. Elle défendait corps et âme son ami Chris, qui était également la personne qui la connaissait le mieux et qui la soutenait dans toutes les épreuves.

Son père avait caché leur lien de parenté pour la protéger.
Elle vivait dans un studio stratégiquement placé en dessous de son bureau, et Chris n’était jamais loin.

2016.05.08

Risques

Alors qu’elle était de constitution faible, il avait insisté pour rester auprès d’elle, jusqu’à devoir abandonner sa carrière de combatant.
Il avait alors décidé d’emménager avec elle dans une plus grand demeure où il avait pu reprendre l’avant boutique.
Elle vivait ainsi près de son lieu de travail et il pouvait profiter de sa compagnie lorsqu’elle n’était pas dans la bibliothèque centrale.

Elle se sentait plus mal que d’habitude mais cela lui était déjà arrivée.
Elle ne s’alarma pas, mais les symptômes étaient trop particuliers pour qu’elle les ignore. Elle alla voir un spécialiste pour tout de même contrôler son état de santé, dans le doute.
Il lui confirma qu’elle était enceinte de quelques semaines et qu’elle devait faire très attention. Elle n’était pas censée pouvoir porter un enfant. Elle connaissait les risques mais elle en parla à son conjoint.
Elle lui annonça cela très solonellement.
Il la regarda avec plein de tendresse, tandis qu’elle était emplie d’inquiétude.

— Comment on va faire… ? Est-ce qu’on doit le garder… ?
Demanda t-elle.

Elle savait qu’il y avait de forts risques qu’elle ne survive pas ou que l’enfant ne voie pas le jour. Elle devait lui en parler.
Il réfléchit et se décida à parler.

— Si tu souhaites le garder, je te soutiendrai jusqu’au bout. Je resterai à tes côtés jusqu’à la fin.
Lui répondit-il, avec toute son assurance.

— Je sais que tu risques d’avoir des complications, c’est pour cela que je ne veux pas que tu te sentes obligée de le garder à cause de moi…

Elle ne put s’empêcher de pleurer et il la prit dans ses bras.
Il l’aimait de tout son coeur.

Les semaines s’écoulèrent, elle limita ses soins servant de tests sur elle-même, et fit très attention aux herbes qu’elle ingérait pour ses recherches. Elle dut supporter les douleurs et les fatigues dont elle souffrait en temps normal, lorsqu’elle ne se soignait pas.
Elle réussit à ne pas perdre trop de poids et maintenir une courbe à peu près constante, voire croissante.
Il faisait plus attention à elle et tentait d’être le plus souvent présent pour l’aider dans ses tâches de tous les jours.

2016.04.30

Barreaux

Ligotée et attachée aux barreaux de lit, elle s’était endormie de fatigue.
Des bleus par-ci, par-là sur son corps.
Elle ne s’était pas laissée faire malgré la drogue et avait tentée de se défendre du mieux qu’elle avait pu. En vain.
Les hommes autour d’elle s’étaient occupés de son cas et elle avait été totalement brisée psychologiquement.
Ils la laissèrent là, à moitié morte de l’intérieur.

La porte s’ouvrit avec fracas et il entra dans la pièce. Cela laissa les séquestreurs sans voix et ils finirent par réagir mais trop tard.
Son père le suivit et aida à les maîtriser.
Il y avait une jeune fille paniquée dans un coin, qui regardait la scène sans savoir quoi faire.
Elle chercha à s’échapper mais le frère de la victime était également là et il l’intercepta.
Cela se passa très vite.
Son père courut vers sa fille au regard vide sur le lit, il la recouvrit de sa cape et la détacha lentement en tentant de lui parler.

— C’est moi, c’est papa…
Lui chuchotait-il.

Son frère ainsi que le capitaine étaient occupés à attacher les malfrats et prévenir la sécurité. Ils avaient aperçu rapidement l’état pitoyable dans lequel elle était et ils rageaient au plus profond d’eux.
Elle eut un moment de conscience.

— Papa… ? Est-ce que c’est vraiment toi… ?

Son regard s’éclaircit et elle se mit à pleurer toutes les larmes de son corps.
Comme si elle avait gardé tout pour elle jusqu’à une certaine limite. Elle ne voulait pas faire plaisir à ses agresseurs et leur montrer son désespoir.
Il la serra dans ses bras et la consola autant qu’il le pu.

— C’est fini, je suis là maintenant.

Elle finit par s’endormir d’épuisement.

2016.04.22

Le bras

Il y avait cette camarade de division qui parlait peu voire pas.
À ce qu’il parait elle avait été empoisonée plus jeune, et avait perdu l’usage de sa voix.
Malgré cela, elle était joyeuse et était forte au combat.
Je venais de rejoindre leur division supérieure qu’elle était déjà familière avec moi.
Il n’y avait pas beaucoup de filles dans les divisions supérieures et cela la réjouissait que je sois là pour botter des trains d’hommes avec elle.

Après ce que j’avais vécu, j’avais du mal à refaire confiance à de nouvelles personnes mais sa joie de vivre me contamina.
Elle arrivait à se faire comprendre par des gestes simples de la vie.
Elle utilisait quelques mots du langage des signes plutôt équivoques et faciles à retenir pour nous. Elle insista pour être ma mentor et me mis à niveau. C’était un miracle que je puisse rejoindre cette escouade et je le savais. J’avais travaillé dur tous les jours pour enfin pouvoir quitter l’air pesant de la première division.
Le capitaine éprouvait encore des sentiments pour moi et c’était réciproque, mais on s’était mis d’accord pour ne pas se remettre ensemble. Même si cela faisait le jeu des têtes derrière tous ces évènements. Je n’avais pas le choix. Si la fois d’après était encore pire je ne pense pas pouvoir m’en remettre et lui non plus. On n’avait toujours pas réussi à trouver les coupables derrière cette affaire.
Nous étions certains qu’il y avait quelqu’un qui manipulait les fils au dessus de tout cela.

Elle m’attrapa le bras puis m’embrassa.

Nous étions en train de nous entraîner.
Comme à notre habitude, nous tentions de repousser un peu plus nos limites.
Elle était à bout de souffle tout comme moi.
Je la sentais un peu sur la réserve, elle semblait vouloir me dire quelque chose.
Je m’approchais d’elle, à petit pas pour lui dire que je n’en pouvais plus et que je pensais m’arrêter là.
Elle acquiesça, en évitant mon regard.

— Quelque chose ne va pas ?…
M’inquiétais-je.

Elle me jeta un regard un peu triste puis m’attrapa le bras.
Je fus prise au dépourvu.
Elle me tira vers elle, elle essayait de prononcer des mots mais aucun son ne traversais ses lèvres.
Elle ferma sa bouche. Puis approcha son visage du mien pour m’embrasser.
Cela ne dura même pas quelques secondes puis elle me relâcha et courut dans le sens inverse, me laissant sur place.

Je n’avais rien vu venir.
Je ne savais pas qu’elle était torturée par ces sentiments.

2016.04.09

Gardien

Les cheveux courts en bataille, grisonnants.
Des cernes sous ses yeux à moitié fermés.
Sa bouche fine, et sa peau un peu blanchâtre.
Personne ne se serait douté qu’il était un garde de corps par son apparence.
Il avait pour mission de surveiller la jumelle qui était victime d’une agression. Cela impliquait des personnes au sein de l’établissement de son patron, ce qui était une chose grave.

Il agissait de manière discrète.

Il aperçut une jeune fille qui ne lui était pas inconnue, dans les parages.
Elle agissait de manière louche et semblait chercher la chambre de la victime.
Il la surveilla de loin puis se plaça dans un endroit discret dans la pièce.
Lorsqu’elle s’approcha de la chambre, il attendit qu’elle entre pour pouvoir la prendre sur le fait.

Elle n’eut pas le temps de toucher un cheveux de la patiente.
Ses intentions n’étaient pas difficiles à deviner.
Elle avait une lame de rasoir entre des doigts et s’approchait de la victime d’un pas sûr.
Elle ne fut qu’à quelques centimètres lorsqu’il l’arrêta net.
Elle ne le vit pas sortir de sa cachette et elle fut immobilisée sur le champs.
Elle avait beau savoir se défendre, elle ne faisait pas le poids.
Il l’assoma et l’attacha.
Il appela le patron et fit venir des enquêteurs pour la mettre sous garde à vue et interrogatoire.
La patiente n’avait rien vu ni entendu. Elle dormait à poings fermés.
Étant sous médicaments qui l’assomaient littéralement, elle ne se serait pas réveillée pour si peu.
Il ramassa la lame de rasoir avec des gants et la rangea dans un mouchoir en attendant les personnes qualifiées pour récupérer la délinquante.

2016.04.06

Réminiscence

Elle était dans un endroit sombre et bruyant.
Elle discernait mal les gens autour d’elle.
Les bruits avaient un rythme. C’était une sorte de musique.
Elle essaya de marcher à tatons jusqu’à la source du son.
Une porte s’ouvrit et elle se retrouva dans une salle à néons et rayons de lumières et une foule de gens en train de danser, discuter et boire.
C’était étrangement familier.
Elle s’assit sur un tabouret à la table du bar, il n’y avait personne autour d’elle mais le barman lui apporta un verre.
Il lui fit signe que c’était offert par la maison.
Elle ne se posa pas de questions et commença à siroter sa boisson.
Elle but une gorgée et sentit l’alcool qui réchauffa son corps.
Elle s’arrêta et préféra ne pas continuer à boire.
Elle avait l’impression d’attendre quelqu’un.
Elle jetait des coups d’oeil par-ci par-là, dans l’espoir de croiser quelqu’un qu’elle connaissait.
Le bruit était insupportable et elle décida de s’isoler dans les toilettes.
C’étaient des toilettes mixtes.
La musique y était moins forte mais d’autres bruits étaient présents.
Elle entendait des gémissements et des cris des cabines. Hommes ou femmes. Ils devaient passer un bon moment.
Elle se regarda dans le miroir et elle vit quelqu’un derrière elle.
Elle se retourna à toute vitesse, de surprise.
Il semblait lui vouloir quelque chose.
Il lui attrapa le poignet et étrangement elle n’arrivait pas à se débattre.
Ses forces étaient en train de la quitter.
Elle repensa à la boisson mais elle n’en avait bu qu’une gorgée.
Il l’assoma et elle se réveilla en sursaut.

Elle était dans son lit d’hôpital. En sueurs.

— Ce n’était pas un rêve… C’était pas un rêve…

Dès le lendemain matin, elle voulait voir les inspecteurs.
Son père lui rendit visite, et elle essaya de le convaincre qu’elle était en état de faire l’interrogatoire. Il insista pour rester avec elle et d’arrêter tout si cela n’allait pas.

— Je comprends que tu veuilles éclaircir cette affaire… mais tu es encore affaiblie….

Lui qui naturellement était un peu distant, il la serra dans ses bras.

— Je suis rassuré que tu te sois réveillée et que tu te sentes mieux…

Dit-il en lui caressant les cheveux.

— Papa…

Les mots lui manquaient mais elle était touchée par les sentiments de son père. Après tout, il avait déjà perdu sa mère. C’était normal qu’il s’inquiète pour la santé de ses enfants.

Les inspecteurs entrèrent dans la chambre et posèrent leurs questions.
Elle leur expliqua qu’elle ne se souvenait pas de tous les détails mais qu’elle souhaiterait se rendre sur les lieux.
Ils furent étonnés mais contents qu’elle demande cela d’elle-même.
Son père voulu s’y opposer, mais se contenta d’ajouter qu’il l’accompagnerait.
Ils repartirent assez satisfaits malgré qu’elle n’ait pas pu répondre à la majorité de leurs questions.

— Tu n’es pas encore en état pour marcher… Si tu tiens vraiment à te rendre sur les lieux, je vais voir si on peut emprunter une chaise roulante…
— Merci papa… J’y tiens vraiment… La nuit dernière, j’ai rêvé que j’étais dans un bar… C’était étrange… J’avais l’impression que c’était réel. J’ai besoin de savoir si cela était vrai…
— D’accord. N’en fais pas trop. Je vais devoir retourner au travail. Repose-toi bien.

Il l’embrassa sur le front avant de sortir, en regardant une dernière fois sa fille dans son lit, qui lui souriait.

La chambre de sa fille était sous surveillance par un homme du patron, mais il ne pouvait s’empêcher d’être inquiet.
Personne mis à part son frère et son père n’avait le droit de lui rendre visite et ne connaissait son numéro de chambre.

2016.04.06

Chambre

Les évènements se sont très vites déroulés.
Elle se réveilla dans un lit d’hôpital et son frère et son père étaient à ses côtés lorsqu’elle ouvrit les yeux.
Elle ne se souvenait de rien mais elle avait du mal à ouvrir ses paupières et à se mouvoir.

Elle vit son père sortir et son frère s’approcha d’elle et lui tint la main.

— Coucou… Comment te sens-tu… ?
— … Je…

Sa voix était enrouée et faible. Elle ne comprenait pas la situation.
Elle sentit la main de son frère se resserrer sur la sienne.

— Ne te force pas. Je vais te servir un verre d’eau.

Elle toussa doucement et sentit toutes les douleurs éparpillées sur son corps.
Cela n’était pas normal.
Elle se demandait si elle n’avait pas eu un accident.
Elle observa son état, elle était sous perfusion. Elle qui n’aurait jamais accepté d’être hospitalisée tellement elle avait peur des aiguilles et des seringues, cela la faisait rire intérieurement.
Elle était dans une tenue de patient.
Lorsqu’elle voulu retirer une partie de la couverture pour voir à quel point elle était blessée, son frère l’en empêcha.

— Tu ne devrais pas faire ça tout de suite…

Il l’aida à se relever et porta le verre à ses levres.
Elle retenta de parler, de manière plus claire mais sa voix restait faible.

— J’ai eu un accident… ?

Il tenta de garder son calme et posa le verre sur la table de chevet avant de faire une bêtise.

— Tu ne te souviens de rien… ?
— Non… Pas trop… Il s’est passé quelque chose… ?
— … Il évita son regard et se mordit les lèvres.

Il la regarda de nouveau, avec son air inquiet et ignorant.

— On t’a retrouvée dans la rue d’un quartier mal famé. Tu étais inconsciente et blessée.

Elle buva les paroles de son frère et resta muette.

— Il y a actuellement une enquête en cours mais ça risque de prendre du temps…
Papa refuse que tu te fasses interroger dans ton état.
— Je suis blessée comment… ?
— … Tu as quelques côtes félées, tu avais une hémorragie interne… Les médecins ont dit que tu avais été battue et… abusée… sexuellement…

Il eut du mal à prononcer ces derniers mots et elle ressentit son énervement, il serrait des poings sur le lit et s’en voulait de ne pas avoir pu être là.

— Ce n’est pas de ta faute… !

Elle tendit la main vers lui pour le consoler.
Même si c’était elle qui avait le plus besoin de réconfort. Elle ne fut pas touchée par ces révélations sur son état. Comme si cela concernait une autre personne. Elle se disait qu’elle ferait le point plus tard.
Il posa la paume de sa main contre sa joue.

— Je suis heureux que tu sois en vie… Si on ne t’avait pas retrouvée à temps… Tu ne serais plus là…
— Je ne meurs pas aussi facilement, voyons.

Dit-elle pour détendre un peu l’atmosphère.

— C’est vrai que t’es une dure à cuire !

Rit-il doucement.

— Comment a réagi papa… ?
— Pas très bien… Moi non plus d’ailleurs. Enfin, il est resté plus calme que moi.
J’ai quitté le cours en furie lorsqu’on m’a annoncé la nouvelle. Et je suis allé voir papa, je l’ai dérangé pendant son cours. Il m’a réprimandé, il m’a dit de me calmer et qu’il irait à l’hôpital après sa journée de travail.
Ça t’étonne pas de lui, n’est-ce pas… ?
— En effet, c’est du lui tout craché…
— Dès la fin de son cours il a quand même couru jusqu’à la voiture, il m’a attrapé par le col et on est venu te voir. Toujours dans son calme naturel.
— J’aurais aimé voir la scène… D’ailleurs, le capitaine ne t’a pas grondé… ?
— … Le capitaine est en garde à vue…
— Quoi… ?
— Tu ne te souviens peut-être plus… Mais tu m’avais dit ce soir là, que tu avais rendez-vous avec lui dans un bar… Il est suspecté, même s’il a un alibi, il doit être en train de se faire interroger…
— Je…

Des bribes d’images du bar lui revinrent en tête. Elle eut un moment d’absence ou elle tenta de se rappeler cette nuit.
Elle commença à transpirer et respirer très fort, comme si elle était en état de panique.
Son frère la saisit par le bras et tenta de la ramener.

— Hé ! Ça va pas… ? Tu veux que j’appelle quelqu’un… ?
— … Je… Je n’arrive pas à me souvenir…

Des larmes coulèrent abondamment sur ses joues.

— Je suis désolé… Je n’aurais pas dû te parler de ça si tôt…
— Je… … Le… capitaine… Il ne m’aurait jamais fait ce genre de choses… J’en suis sûre…
— … Je ne veux plus que tu le voies. Je sais que c’est une demande égoïste de ma part… Mais je considère qu’il est fautif, et même s’il n’a rien à voir là dedans. Le fait que tu sois proche de lui te met en… danger.
S’il n’est pas capable de te protéger, je refuse qu’il s’approche de toi…
— … Je comprends… Est-ce que papa pense pareil… ?
— Il est plus raisonnable que moi. Il n’est pas aussi radical. Je pense qu’il sait que le capitaine passe un très mauvais moment et qu’en plus il n’a pas encore pu te rendre visite… Cela doit être encore plus frustrant pour lui. Mais cela ne l’empêche pas de le garder sous un oeil.
— Je vois…
— En tout cas, je te dis ce que je pense mais si tu persistes à vouloir le voir, je ne t’en empêcherai pas.

Sourit-il.

— Je sais que tu l’aimes. Il t’aime aussi…
— Merci…

Elle ne fit pas attention et s’endormit alors que son frère était encore à ses côtés, à lui parler de tout et de rien.
Il la coucha avec douceur et quitta la chambre.
Son père était à l’extérieur.

— Comment elle va… ?
Demanda t-il d’un air un peu détaché.

— Ça a l’air d’aller. Elle ne se souvient de rien… Lorsque je lui ai parle du bar, elle a eu un moment d’abscence et elle a pleuré… Les médecins avaient prévenu qu’elle risquait d’effacer ça de sa mémoire… mais la connaissant elle va tout faire pour s’en souvenir… Ah… Et elle s’inquiète pour le capitaine…
— Je vois…
— Elle s’est endormie, je lui ai peut-être trop parlé…
— Je pense que cela lui a fait du bien.

Il posa sa main sur l’épaule de son fils.

— Je passerai la voir demain. Les inspecteurs veulent l’interroger au plus vite mais je vais leur dire qu’elle ne se souvient de rien pour l’instant… L’enquête n’avance pas beaucoup. Ils ont fouillé le bar et ses alentours, il n’y a pas de témoins des agresseurs, ils ont retrouvé quelques cheveux d’elle dans une des chambres mais c’est tout…
Repose-toi bien.
— Toi aussi papa…

2016.04.05