Électrochoc

Les mois s’écoulèrent et elle tenta de cacher au mieux ses rondeurs du ventre.
Lorsque cela devint trop visible, elle dut prendre congé et expliquer qu’elle ne se sentait pas assez bien pour continuer à travailler. À contrecoeur.
Ses élèves l’adoraient et lui souhaitèrent de bien se reposer.
Un des gardes privés de Gabriel prit la relève à un rythme moins régulier pour leur permettre de continuer à s’exercer.

Elle ressentait tout de même plus de fatigue malgré son corps sportif. Elle était athlétique mais la grossesse l’épuisait plus que prévu.
Chris était toujours à ses côtés et voyait qu’elle faisait mine que tout allait bien.
Gabriel était lui-même très occupé, et ne pouvait être partout à la fois. Ainsi Chris lui faisait un compte-rendu à chaque fin de journée.
Alexandra devait rester dans une partie du bâtiment pour ne pas éveiller les soupçons.

Un jour, alors qu’elle se promenait juste.
Elle sentit une douleur immense au niveau de l’abdomen qui remonta jusqu’à son coeur.
Elle était seule à ce moment-là, et elle s’appuya contre le mur avant de se retrouver à genoux, pliée de douleur.
Elle tentait de soulager cet électrochoc et à la fois de deviner d’où cela provenait.
Une soubrette passait par là et accourut pour l’aider.

— Madame Alexandra ! Que vous arrive t-il ? Que puis-je faire ?
— Chrystal… Appelez l’infirmière… S’il-vous…

La douleur était telle qu’elle s’évanouit.
Elle ne se réveilla que dans son lit.
Chrystal n’était pas loin, elle entendait sa voix.

— Je ne comprends pas tout… Je pense que la magie de l’enfant crée une sorte d’incompatibilité avec le corps d’Alexandra. Son côté humain a du mal à assimiler tout ce pouvoir. Cela expliquerait les résultats du scanner…
— Qu’est-ce qu’on peut faire… ?
— Malheureusement, je ne sais pas. À part attendre. Il semblerait que cela provient de l’éveil du nourisson. Il faudra surveiller l’état d’Alexandra au fur et à mesure…
— … Je vois…
— Je suis désolée. Je ne suis pas d’une grande aide… C’est la première fois que nous avons un cas de ce genre, ici…
— Je sais que vous faites de votre mieux. Merci, Chrystal.

Elle ouvrit les yeux et écouta attentivement la conversation.
La douleur était passée mais elle sentait encore quelques picotements.
Elle passa la main sur son abdomen et elle sentit les mouvements de son enfant.
Il bougeait, et à chaque déplacement, cela provoquait des picotements plus ou moins forts.

— Le courant de magie se propage du foetus jusque dans le corps de la mère. Si cette magie est trop forte, cela peut provoquer un choc violent dans les vaisseaux sanguins de la mère, et surtout dans son coeur.

2016.07.05

Pâleur

Elle eut tout d’abord un vertige.
Rien d’inquiétant mais cela ne lui était jamais arrivée et elle dut s’assoir pour reprendre ses esprits.
Chris n’était jamais loin et il vint la voir.

— Tout va bien ?

Elle était en sueur et la pâleur de son visage l’inquiétait.

— Je, oui… Je crois. Ça va passer.

Sa voix était faiblarde.

— Je vais t’accompagner à l’infirmerie.
Dit-il, voyant qu’elle était perdue dans ses pensées.

Elle n’était pas dans son état normal.
Il l’aida à se relever du banc, elle crut perdre pied. Il la rattrapa dans ses bras.
Décidément, elle n’était pas au meilleur de sa forme.
Il la souleva derrière ses genoux et la porta jusqu’à l’infirmerie.
Elle était tellement à l’ouest qu’elle ne lui demanda même pas de la reposer au sol.

— Je… désolée…
Dit-elle, simplement.

Elle semblait ailleurs.
Elle ferma les yeux et appuya sa tête contre le creux de son épaule. Elle avait le tournis.

Arrivés à l’infirmerie, Chrystal était là pour les accueillir.

— Que se passe t-il ?
Demanda t-elle, surprise de les voir débarquer.

— Elle ne se sent pas bien…
Dit-Chris, en posant Alexandra sur le lit de consultation.

— En effet, elle est blanche comme un linge. Je vais l’examiner.

Au bout de quelques minutes, elle reprit ses esprits.

— Alexandra ?
— Merci Chris… Je crois que ça va mieux…
— Que s’est-il passé ?
Demanda Chrystal.

— Je me suis sentie mal d’un coup. Des tâches devant les yeux… Le souffle court…
— Tu as eu une petite baisse de tension. Cela ne te ressemble pas. Je vais faire une prise de sang, au cas où il y aurait quelque chose d’autre. Bois et mange quelque chose. Ne force pas trop à partir de maintenant. C’est peut-être juste de la fatigue.
— Merci Chrystal. Je vais faire attention.

Chris était parti prévenir Gabriel et revint avec lui.
Il déboula mort d’inquiétude.

— Alexandra ! Tu vas bien ?
— Pas besoin de te faire autant de sang d’encre.
Riait-elle.

Il s’approcha d’elle et serra ses mains dans les siennes.

— Chris m’a dit. Tu es sûre que ça va mieux ?
— Oui oui. C’était juste passager. Regarde.
Dit-elle en lui souriant.

Chrystal termina ses examens et la relâcha.
Gabriel ne quitta pas Alexandra d’une semelle.

— Je ne suis pas en sucre, voyons.
— On ne sait jamais !

Les résultats tombèrent dans les 24h et Chrystal convoqua Alexandra en privé.

— J’ai une bonne nouvelle à t’annoncer. Enfin, je ne sais pas si tu vas la considérer comme bonne… Mais tout d’abord. Tu n’as pas de carence, ni de maladie. Cependant tu fais un peu d’anémie… à cause de ta grossesse.
— Hein ?
— Oui. Tu es enceinte. Je vais faire d’autres tests pour dater cela. Libre à toi d’en parler avec Gabriel. Pour l’instant je pense qu’il vaut mieux que vous discutiez des mesures à prendre pour cette information confidentielle.
— Je…
— Il te faudra faire un peu plus attention à ton alimentation, j’en parlerai avec Gabriel pour que tu aies des repas équilibrés.
Toutes mes félicitations, Alexandra.
— Je…
— Je te laisse annoncer la nouvelle au futur papa.

*

— Comment ?
— Oui… Je suis enceinte.

Il n’en revenait pas. Il était heureux et cela se voyait et s’entendait dans sa voix.
Âgé comme il l’était, cela serait mentir de dire qu’il n’attendait pas ce moment.
Il prit sa chère et tendre dans ses bras et l’embrassa.

— C’est merveilleux !
— Oui.

Après la digestion de cette nouvelle. Ils discutèrent d’un point plus problématique.

— Il va falloir que tu arrêtes de travailler… Je sais que ce n’est que le début de la grossesse, mais j’ai peur que tu te blesses inutilement. Je te connais.
— … Tu as raison… Comment expliquer ça à mes élèves ?
— J’en parlerai avec Chrystal mais on dira que tu es fragile en ce moment. Chris pourrait peut-être t’assister pour que tu puisses continuer à enseigner sans trop faire d’efforts.
— D’accord…
— On doit garder cette information secrète. Chris et les employés proches seulement seront au courant. Si cela venait à se savoir. J’aurais peur pour ta sécurité et celle de l’enfant. N’oublions pas qu’il héritera de mes pouvoirs ainsi que d’une partie des tiens. Beaucoup ne souhaitent pas nous voir prospérer…
— … J’espère que cela se passera bien. Je suis un peu inquiète…
— Je serai toujours là pour toi.
Dit-il en l’embrassant sur le front.

— Ne t’inquiète pas. Je ne laisserai personne te blesser. Ni toi, ni notre enfant.

Chris fut mitigé d’apprendre cette nouvelle. Il était à la fois heureux et anxieux.
Il aimait encore Alexandra de tout son coeur. Il confondait peut-être cet amour et la fidélité qu’il lui jurait, mais il était content pour eux.
Il savait qu’elle aurait besoin de soutien et de protection plus que jamais.

2016.07.05

Statue

Il était allongé sur le sol.
Le sang se répandait et ses vêtements s’en teintaient peu à peu.
On l’avait attaqué à cause d’elle.
Elle resta à ses côtés et des larmes inondèrent ses yeux.

— Ne… reste… pas… là.
Avait-il dit, péniblement.

Il tentait de lui sourire.
Il toussa et un filet de bave rouge coula du coin de sa bouche.
Elle ne pouvait pas le laisser ici dans cet état.
Le coupable n’était pas loin et il se délectait de la scène.

— Maintenant que le gêneur est en train d’agoniser. Viens par ici, petite.

Elle bouillait de rage.
L’adversaire ne fit pas long feu.
Des racines l’attrapèrent et l’étranglèrent peu à peu.
Le laissant figé comme une statue.

2016.06.06

Confiance

Ils avaient voulu la tester contre son gré.
Profitant que son protecteur soit absent, ils l’avaient fait venir dans la cour d’entraînement.

Au milieu de plusieurs personnes dont certains de sa classe, elle ne comprenait pas exactement ce qu’il se passait.
Elle cherchait des yeux quelqu’un qui pourrait lui expliquer.
Elle ne vit pas les personnes qui lui avaient demandée de venir ici.
Elle commença à paniquer jusqu’au moment où quelqu’un fonça sur elle pour l’attaquer par derrière. Elle n’eut pas le temps de réagir.
C’est le bruit assourdissant du choc entre l’attaque et le bouclier qui la surprit, jusqu’au point où elle se retrouva à terre.
Un bouclier de terre en arc de cercle venait d’apparaître entre elle et l’adversaire.

— Ne t’inquiète pas. Nous te protégerons.

Cette voix provenait directement de sa tête.
Quelqu’un d’autre fonça sur elle, sur l’autre flanc.
Un bouclier similaire sortit de terre et s’interposa.
Elle était maintenant recroquevillée sur elle-même.
Elle ne voyait presque pas ce qu’il se passait autour d’elle. Les protections formaient un dôme avec elle au centre.
Les attaques fusèrent, elle entendait et ressentait les vibrations des chocs à quelques mètres d’elle.
Elle entendait des cris et se referma encore plus sur elle-même.

Des lianes et des racines apparurent du sol et s’étaient emparés des assaillants lorsqu’ils furent trop proches d’elle.
Ils se retrouvèrent immobilisés à quelques centimètres d’elle et ne pouvaient plus rien faire. Lâchant leurs armes.
Les spectateurs commencèrent à avoir peur et certains se mirent à crier.

C’est à ce moment qu’il arriva.
Il se rua vers le dôme et commença à calmer la situation.
Il retint le visage des troubles faiteurs et parla doucement à la jeune fille.

— C’est moi… Tu m’entends ?

Elle se calma tout de suite.
Sa voix la rassura immédiatement. Le dôme de terre s’effrita doucement.

— Tout va bien, je suis là maintenant.

Les lianes se desserrèrent et relâchèrent leurs prisonniers, tandis que le dôme laissait apparaître de la lumière de l’extérieur.
Elle était encore recroquevillée sur elle-même, les larmes aux yeux.
Elle regardait dans la direction de son protecteur, la seule personne en qui elle avait confiance.
Les prisonniers appeurés s’enfuirent loin d’elle.

Il s’approcha d’elle en retirant les derniers bouts de terre, et la prit dans ses bras.
Elle éclata en sanglots.
Elle ne comprennait pas ce qui venait de se passer mais elle avait été effrayée par la situation ainsi que cette étrange magie.
Il la serrait fort dans ses bras, il avait été vraiment inquiet qu’il lui arrive quelque chose. Ou qu’il se passe quelque chose de grave.

— Je suis là… Je ne laisserai personne te faire plus de mal.

Les autres élèves prirent peur d’elle et l’évita un maximum.
Les coupables de la situation furent convoqués et punis.
Ils s’excusèrent de leurs faits.

Après cet épisode, le tuteur ne put contester l’étendue des pouvoirs de sa protégée. Elle fut surveillée et mise en classe spéciale pour pouvoir maîtriser ses pouvoirs.

— Elle n’est pas en état. Vous savez qu’elle a eu un traumatisme. Laissez-moi la prendre en charge pour l’instant, je vous en prie.
— … Je sais que tu es le mieux placé, mais fais attention de ne pas te mettre en danger. Elle a failli tuer trois de ses camarades, sans le moindre effort.
— Elle se sentait menacée, c’est totalement différent. Elle ne s’en prendra pas à moi. Faites-moi confiance.
— Dans ce cas… Je te la confie en attendant d’en savoir plus.

*

— Je suis rentré.
Ils vivaient dans un appartement. Il était chercheur et c’était son logement de fonction.
Elle passait ses journées à l’attendre en lisant les livres qu’il mettait à sa disposition.
Elle lui sourit et retourna à sa lecture.
Il s’approcha d’elle et s’assit à ses côtés pour voir l’objet de son intérêt.

— Ça veut dire quoi « ça » ?
Dit-elle en pointant du doigt le mot qu’elle ne comprenait pas.

Il lui expliqua du mieux qu’il put et elle hocha la tête en signe de compréhension.
Elle lui faisait entièrement confiance.
Depuis qu’elle était arrivée dans ces lieux, il était celui qui l’avait retrouvée dans la forêt et qui s’occupait d’elle.
Elle avait des pertes de mémoires, durant ses premiers jours elle avait un bandage autour de la tête. Une blessure peu profonde mais qui saignait pas mal.

Après l’incident, elle arrêta d’aller à ses cours habituels.
Lorsqu’elle se baladait, avec ou sans son protecteur, les regards étaient craintifs à son égard et on changeait d’étage pour l’éviter.

2016.06.06

Raison

Elle avait voulu trop bien faire et son état s’était considérablement détérioré.
Elle se forçait à continuer et les autres employés ne s’étaient aperçus de rien.

Jusqu’au jour ou elle ne se réveilla pas.
Elle était allongée dans son lit, le pouls et la respiration faible.
Ses cheveux avaient blanchi par endroits et sa température corporelle avait chuté dangereusement.
Lorsqu’on vint la réveiller pour sa journée, l’employée paniqua et partit prévenir ses autres collègues.
Un médecin vint la voir et sa famille fut mise au courant.
Son frère se précipita sur les lieux pour la voir.

Le médecin n’apporta pas grande aide. Elle devait se reposer, mais le problème venait de son coeur. Elle avait perdu la volonté de vivre.
On lui apporta de quoi manger, en espérant qu’elle ouvre les yeux.
Son frère força le passage et demanda à la laisser seule avec lui.
Il s’agenouilla au pied du lit et lui prit ses mains dans les siennes.
Après avoir courut, il était brûlant comparé à la glaceur de ses mains.
Il lui parla et l’observa.

— Qu’as-tu fait ? Regarde dans quel état tu es…

*

— C’est de votre faute si elle se trouve dans cet état ! C’était pas votre boulot de vous occuper de son bien-être ?! Vous êtes tous trop égoïstes pour vous rendre compte de quoi que ce soit !

Il avait perdu son sang froid. L’idée de perdre Ange à jamais lui brisait le coeur.
Entre la rage et la tristesse, sa voix tremblait.

Lorsqu’il la porta dans ses bras, elle ouvrit ses paupières.
L’amour de son frère la réchauffait.
Il lui tint le visage et elle reprit peu à peu des couleurs.
Elle lui sourit et lui murmura : que fais-tu là ?

— On rentre à la maison.
Lui répondit-il avec le même sourire.

Elle ne comprit pas le sens de ses paroles et se rendormit.
Il passa ses doigts dans ses cheveux et ils reprirent de leur couleur.
Il l’embrassa sur le front et ses joues redevinrent rose.

— Si elle reste ici plus longtemps. Elle mourra. Quitte à mourir, je la ramène chez elle, là où on se soucit d’elle.

La portant dans ses bras, il passa devant les différents employés sans qu’ils ne puissent faire quoi que ce soit.
Il avait raison.

2016.06.06

Aveux

Chris était inquiet et jaloux du temps que je passais avec Deniel.

— Je ne lui fais pas confiance, il te colle trop…
— Ne t’inquiète pas, il n’y a rien entre nous. Je ne veux juste pas être un fardeau pour toi…
— Tu ne seras jamais un fardeau.

*

— Notre temps sera bientôt écoulé. Votre demeure va bientôt être remise sur pieds. Ma mission sera donc terminée et je n’aurai plus rien à faire ici.
— Merci encore d’avoir assuré ma protection jusqu’ici.
— Je souhaiterai vous avouer quelque chose avant de disparaître.
— Pardon ?
— J’éprouve des sentiments forts à votre égard. Je voulais vous l’avouer avant de le regretter à jamais.
— … ?! Mais, je. Je suis touchée par vos aveux, mais je ne peux les accepter… Mon coeur appartient à une autre personne… Je suis sincèrement désolée…
— Je m’en doutais, mais je tenais tout de même à vous le dire. J’ai pris ma décision. Laissez-moi être égoïste encore un instant et je ne vous embêterai plus… du tout…
— Que dites-vous ?
— Je vais vous rendre quelque chose que vous avez égaré.
— Mais je-

Il posa sa main sur les yeux et je me raidis. Cette sensation, elle m’était familière.
Je ressentis à nouveau cette chaleur qui devenait de plus en plus brûlante, mais cette fois-ci, elle n’était pas désagréable.
Il tenait ma main dans la sienne. Cela dura quelques secondes.
On n’était dans la cour intérieure et il n’y avait personne normalement, mais des bruits de pas s’approchèrent et j’entendais plusieurs personnes non-loin qui semblaient nous fixer.
Il lâcha mon visage et me demanda d’ouvrir les yeux.
Je les ouvrais lentement.
Ma vue était trouble mais je voyais de la lumière. C’était incroyable.
Comme si je me réveillais d’un long sommeil, mes yeux mirent du temps à s’habituer à la lumière du jour, qui m’aveugla à moitié.
Je vis le visage de mon protecteur.

— Mais, je vous reconnais…

Il me souriait.

— Je suis désolé de vous avoir caché-

Il s’écroula sous mes yeux.
Je le rattrapais comme je le pouvais.
C’était le démon, je me demandais comment il avait fait pour passer inaperçu avec mon père et Chris à mes côtés.
Je demandais de l’aide. Les employés nous regardaient et se demandaient ce qu’il se passait.
Chris accourut et j’ai cru qu’il eut une attaque lorsqu’il me vit avec le démon dans mes bras.

— Chris, aide-moi, je ne comprends pas ce qu’il se passe.
— Mais, tu as retrouvé la vue ?!
— Je crois, mais pourquoi vous n’avez pas réagit, vous saviez depuis le début que Deniel était un démon ?
— Quoi- ?! Qu’est-ce que tu racontes ?
— C’est Deniel, dans mes bras, il a perdu connaissance, aide-moi…
— Calme-toi, je comprends rien. Le démon dans tes bras… C’est Deniel ? Mais comment-
— Chris, Sandra, que se passe t-il ici-
— Papa !

Il se figea également à la vue de Deniel, le démon.

— Il a perdu connaissance, c’est Deniel…
— Ok, venez dans mon bureau, maintenant. Je m’occupe de Deniel.

Il repartit avec Deniel dans ses bras.
Les gens s’écartèrent et retournèrent à leurs activités.

— Sandra, je vais t’expliquer certaines choses sur la race des démons.
Deniel était sous sa forme humaine depuis tout ce temps, c’est pour cela que nous nous sommes doutés de rien. Un démon conclu des pactes d’échanges. Cela ne doit jamais entrer en ligne de mire avec leurs sentiments. S’il venait à rompre un contrat, il devrait céder sa vie en échange de la part manquante. Si j’ai bien compris, c’est lui qui a conclu le pacte entre toi et moi. Ta vue contre ma vie.Cependant, il t’a rendu ta vue. Il a donc perdu sa vie.Est-ce qu’il t’a dit quelque chose avant de faire ça ?
— Je… Il m’a dit qu’il m’aimait…

Chris se crispa.

— Je ne pensais pas qu’il ferait quelque chose de ce genre – !
— Calme-toi Sandra, ce n’est pas ta faute. Un démon a un mode de vie et de reproduction très particulier… C’est bien la première fois que je vois un tel spécimen… Je devrais me sentir trahi mais il a agit de manière très polie et civilisée… Je pense lui donner une sépulture digne de son vivant. Il m’a en quelque sorte sauvé la vie et il vient de te rendre la vue en échange de sa propre vie…
— Il n’avait pas à faire ça… !
— Sandra. Un démon se reproduit en violant une autre race. Si ce démon avait des principes, je pense qu’il n’aurait jamais souhaité te faire endurer une telle chose. Il a préféré en finir avec sa propre vie que de t’infliger ça, ou a une autre personne. Ses sentiments pour toi devaient être forts…

2016.06.03

Vision [R-18]

Elle ressentait des choses étranges lorsqu’elle était avec lui.
Il l’apprenait à appréhender ses sens sans sa vue, il était obligé d’être tactile avec elle, pour lui montrer les gestes.

Elle trébucha.
Il la rattrapa comme il put, la serrant dans ses bras.
Cette sensation était familière et elle était toute troublée.
Il s’excusa et s’écarta.
Elle l’attrapa par la main et osa lui poser cette question absurde.

— Est-ce qu’on s’est déjà rencontré auparavant… ?

Il ne répondit pas.
Elle savait que sa question était étrange, elle avait une impression de déjà-vu alors que c’était la première fois qu’il venait ici.
Elle retira sa question et voulut s’en aller de honte.
Cette fois-ci, ce fut à son tour de la rattraper et de serrer sa main contre sa poitrine.

— Et si je répondais que si… ?

Il lui avoua ses sentiments.
Elle le serra dans ses bras et il ne put s’empêcher de l’embrasser.
Il lui rendit son étreinte et lui donna un baiser longoureux.
Ses doigts dans ses cheveux, et sa main sur sa hanche, il était aux anges.
Lorsque leurs lèvres se touchèrent, elle ressentit quelque chose d’étrange.

Il la raccompagna jusqu’à sa chambre, dans un silence gêné.
Il était sur le point de la quitter lorsqu’elle lui attrapa encore une fois le bras.

— Pourquoi ai-je l’impression que je ne te reverrai plus jamais… ?

Il resta silencieux.

— Ne pars pas…

Elle le suppliait avec une telle tristesse qu’il ne put lui refuser cet instant.
Il entra avec elle dans sa chambre.

— Que comptes-tu faire maintenant… ?
Soupira t-il.

— Dis-moi la vérité…
— … Même si tu seras blessée ? Es-tu vraiment sûre de vouloir l’entendre ?

Elle le serra dans ses bras et caressa son visage jusqu’à y trouver sa bouche et l’embrassa.
Il souhaitait la repousser pour la protéger mais ses désirs étaient plus forts. Il lui rendit son baiser et la porta jusqu’à son lit.
Il était sur son corps et elle sentait sa respiration sur son visage.
Il semblait lutter contre ses pulsions.

— Je vais te montrer qui je suis… vraiment…

Il passa sa main sur ses yeux et lorsqu’elle rouvrit ses paupières, elle vit de nouveau.

— Regarde-moi bien, ça va être très rapide…

Il se transforma sous ses yeux pour prendre sa forme de démon.
Elle ne cria même pas, au fond d’elle, elle savait.
Et sa vue s’assombrit de nouveau.

— Si je te dégoute et que tu ne veux plus me revoir, je pourrais te rendre la vue de manière définitive. Je disparaîtrai de ta vie…

Elle tendit ses mains et chercha à lui caresser le visage et les moindres recoins de son anatomie.

— Je savais que c’était toi… Tu as sauvé la vie de mon père… Je ne t’en serai jamais assez reconnaissante… Je comprends que tu aies pris ton apparence humaine. Mon père ainsi que ses sujets t’en veulent encore de m’avoir pris la vue…
Tu n’aurais pas été en sécurité…

Elle le serra dans ses bras.

— Ne pars pas…

Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle faisait, mais elle commença à le déshabiller, en aveugle.

— Arrête… Ne fais pas ça…
— Pourquoi… ?
— Si tu continues… Je ne vais pas pouvoir me retenir…
— Et si c’est ce que j’attends de toi… ?
— J’ai peur de te blesser…

Elle continua à défaire ses boutons de chemise et de pantalon.

— Ne t’inquiète pas pour moi…

Il avait un museau assez imposant et il était à quelques centimètres de son visage.

— Je ne te fais pas peur… ?
— Non… Tu es magnifique…

Elle lâcha ses vêtements et pris son museau entre ses mains, et caressa ses dents pointues.

— Fais attention, elles sont très coupantes…

Elle ne manqua pas de se couper, et une fine couche de sang se forma.

— Qu’est-ce que je te disais…

Il lui prit la main et lui lécha sa plaie.
Il la déshabilla à son tour.
Elle était maintenant en sous-vêtements sur son lit.
Elle était plus que gênée.
Il finit egalement par se déshabiller en entier.

— Es-tu sûre… ?
— Oui…
Elle lui tendit les bras.

Il lui retira la dernière couche de tissu et la repositionna correctement sur le lit, avec ses grandes pattes.
Son épiderme était plus chaud que celle d’un humain normal.

— Je t’aime… Je ne pense pas pouvoir me retenir plus longtemps.

Il la caressa pour la préparer et se rendit compte qu’elle était encore vierge.

— Je… C’est ma première fois… Alors je ne sais pas trop…

Bien qu’elle disait ne pas avoir peur, elle tremblait un petit peu.
Il la rassura et lui promit qu’il irait doucement.
Lorsqu’elle fut prête, son pénis sécrétait déjà assez de lubrifiant par ses pores. Les démons avaient cette particularité puisqu’en temps normal l’humaine n’avait pas son mot à dire.
Il y alla lentement, elle poussait des petits gémissements mais l’encourageait à continuer. Elle le tenait par les mains et serrait fort ses poings.
Lorsque tout fut entré il lui demanda si ça allait.
Elle avait l’air d’être épuisée puis elle commença à bouger son bassin d’elle-même.

— Je… Je crois que ça commence à devenir agréable…

Il avait du mal à contrôler son plaisir. Il la porta et la serra dans ses pattes.
Elle commencait à s’essoufler alors il proposa de terminer.

— Est-ce que je peux… jouir en toi… ?
— Oui… Elle était d’accord. Elle savait ce qu’elle encourait mais elle prenait le risque et comptait le défendre face à son père.
Lorsqu’il vint, il la recoucha sous la couverture et s’endormit à côté d’elle.
Elle s’allongea à moitié sur son torse brûlant.
Elle avait l’impression de rêver, et s’endormit.

*

Chris frappa à la porte mais personne ne répondait.
Il tourna la poignée et vit tout d’abord les vêtements et les sous-vêtements d’Alexandra par terre, avant de la voir dans les bras d’un démon, dans son lit.
Il ferma la porte derrière lui.
Il observa la scène en espérant qu’il soit en train de rêver.
Le démon dormait à poings fermés, sur le côté, en serrant dans ses bras Alexandra, qui dormait également comme un bébé.
Chris eu le coeur brisé mais il était à la fois en colère contre le démon qui avait piégé Alexandra.

Lorsqu’ils se réveillèrent, Deniel vit Chris et lui sourit d’un air gêné.
Alexandra se réveilla peu à peu également.
Elle serra Deniel dans ses petits bras.
Il lui chuchota que Chris était dans la chambre et les observait.
Elle paniqua et se figea.

— Bonjour Alexandra. Bonjour Deniel. Je crois que vous nous devez des explications.
— Chris… Je vais tout t’expliquer… Mais s’il-te-plait sors de la chambre que je puisse m’habiller…
— Que je sorte ? Et qu’il te kidnappe ? Laisse-moi au moins le temps de le tuer pour ce qu’il t’a fait.
— Qu’est-ce que tu racontes… ?
— Si je voulais la kidnapper je l’aurais fait le premier jour, lorsqu’elle était inconsciente dans mes bras…

Chris bouillait de rage.

— Ce n’est pas ce que tu crois Chris, il ne m’a pas forcée !
— Tu diras ça devant ton père…

Il s’apprêtait à quitter la chambre quand soudain, Alexandra gémit de douleur. Quelque chose lui faisait mal dans le bas du ventre.
Deniel s’approcha tout de suite et demanda si ça allait.
Chris se retourna et s’inquièta également.

Une marque rouge s’était formée sur son ventre et des lignes remontaient peu à peu comme des veines. À chaque pulsasion forte, Alexandra souffrait.
Deniel lui jeta sa chemise trop grande sur son dos, ainsi que son manteau et comptait sortir ainsi pour l’amener à son père.

— S’il-te-plaît, reprends ta forme humaine… Je ne pourrai pas te défendre dans mon état actuel…
— J’ai compris, ne t’inquiète pas pour moi.
— Chris… S’il-te-plait, ne le traite pas comme un ennemi…

Elle était pliée en deux et souffrait terriblement.

— J’ai compris, j’ai compris. Qu’est-ce qu’il lui arrive… ?
— Je crois savoir mais je ne suis pas sûr… C’est peut-être de ma faute.
— On ne va pas la déplacer… Occupe-toi d’elle, j’appelle son père. Tu n’as pas intérêt à t’enfuir… !
— Comme si j’allais la laisser dans cet état…

Le temps que son père arrive, les veines avaient déjà fait un tracé de son ventre jusqu’à son cou.
Deniel l’avait à moitié rhabillée, elle était en culotte et avait sa chemise trop grande.
Lorsque Deniel raconta ce qu’ils avaient fait, son père se mit dans une rage folle. Deniel avait également repris son apparence de démon, ce qui n’eut pas un effet pacificateur.
Alexandra trouva la force de se relever et s’interposer entre son père et Deniel.
Il l’aida à se tenir.

— Tu ne devrais pas forcer…
— Papa… Ce n’est pas de sa faute. Il ne m’a pas forcée… Je l’aime…

Son père resta muet.

— Alexandra… Les démons ne sont pas des êtres comme nous…
— Il est différent, papa… Crois-moi… Ne lui en veux pas…

Les veines au niveau du cou battaient de plus en plus fort, et finirent par monter au visage.

— Qu’est-ce qu’on peut faire ?!

Alexandra s’écroula dans les bras de Deniel.

– Je ne vous attaquerai pas tant qu’elle ne se réveillera pas.

Lorsque les veines atteignirent les yeux, elles semblèrent se vider du rouge et disparaître peu à peu.
Le souffle d’Alexandra se calma et elle retrouva une respiration presque normale.
Cela ne dura que quelques minutes qui semblèrent des heures.
Elle se réveilla peu de temps après.
Elle ouvrit ses paupières et vit de la lumière.
Elle voyait de nouveau… C’était encore flou mais elle arrivait à distinguer les personnes à ses côtés.

— Je… Je vois. Papa, je vois de nouveau !

Il la serra dans ses bras.

— Comment est-ce…

Il repensa à Deniel.

— Je crois que c’est ma semance qui a permi ce miracle…
Dit-il songeur.

Alexandra était morte de honte, et Chris n’osait rien dire.

— Maintenant qu’Alexandra va mieux, je crois qu’on doit avoir une discussion… Rejoignez-moi dans mon bureau dans un quart d’heure.

Ainsi Sephyl quitta la chambre avec Chris sur les talons.

— Je ne lui fais pas confiance, Monsieur.
— Je sais que c’est un démon Chris, mais cela fait deux fois qu’il nous rend plus que service… J’espère qu’il prendra ses responsabilités au sujet de ma fille…
— …

— Je suis à moitié humaine, et à moitié de ce monde. Ma mère n’a aucune magie dans son sang, c’est peut-être aussi pour ça que mon corps réagit étrangement au contact de la magie… C’est un miracle que je vois de nouveau…
— Normalement, si j’avais voulu te rendre la vue, il aurait fallu que je sacrifie ma propre vie pour te la rendre, vu que je n’ai pas le droit de rompre des contrats. J’ai ta vue en moi. C’est comme ça que j’ai pu te la rendre provisoirement tout à l’heure… Je ne connaissais pas du tout ce phénomène. J’ai dû t’injecter une partie de ta vue et ta magie interne a dû compléter ce qu’il te manquait.
— Je ne vois pas complètement net mais cela suffit pour l’instant.
— Je crois qu’il va falloir qu’on recommence si je veux te redonner la vue complètement.
Dit-il à moitié sérieusement.

Elle rougit.

La réunion fut assez courte.

— Que comptes-tu faire au sujet de ma fille ?
— Je prendrai mes responsabilités et je vous demande tout d’abord sa main.
— Facile à dire après coup… Alexandra… es-tu sûre de ton choix ?
— Oui. S’il faut que je parte, je partirai. Je le suivrais où qu’il aille et je le protégerai.

Son père ordonna à les séparer.
Deniel prit sa forme de démon.
Alexandra voyait encore flou, elle était paniquée.

— Papa, ne fais pas ça…

Deniel portait Alexandra d’une patte, et la protégeait de tout son corps.

— Deniel, ne les attaque pas…

Après avoir repoussé les vagues de gardes, Sephyl arrêta les assauts.
Il s’approcha d’eux et tenta de reprendre sa fille par la force.

— Je ne retiendrai pas mes coups, alors fais en autant.
— Papa, arrête…
— Ne t’inquiète pas Alexandra, je te protégerai…

Deniel la serrait plus fort que jamais dans ses bras et combattait Sephyl avec brio.
Lorsque son père s’apprêta à lui porter un coup puissant, Alexandra décida de s’interposer, alors que Deniel la prennait dans ses bras et s’apprêtait à encaisser.
Elle se dégagea de ses bras forts et se jeta devant son père.
Elle prit le coup en plein fouet et se fit projeter à plusieurs mètres de là.

— Ne le blesse pas !
Avait-elle crié.

Son père ne s’attendait pas qu’elle tienne autant à lui.
Deniel accourut à ses côtés.

— Je vais bien.
Souriait-elle.

— Mon père ne m’avait jamais frappée aussi fort.

Sa joue saignait.
Deniel posa sa main sur joue et sa blessure se résorba pour apparaître sur sa propre joue.

— Vous avez gagné. Je voulais tester votre volonté et votre force de défense… Pardon Sandra.

2016.06.03

Fièvre [R-18]

Il avait été drogué lors de l’attaque.
Il avait voulu la protéger et cette seringue s’était plantée dans son bras.
Ils réussirent à battre leurs opposants et il se sentit mal.
Ils étaient tous à terre, elle était déjà partie leur faire les poches.
Lorsqu’elle se retourna pour voir où en était son tuteur, elle le vit mal en point, il avait l’air fatigué et titubait. Il s’appuya sur le tronc d’un arbre et essayait de reprendre ses esprits.
Elle finit sa besogne et courut vers lui pour voir comment ça allait.
Sa queue de cheval au vent, les sangles de ses vêtements et le tissu étaient parfaits pour se déplacer.
Lorsqu’elle s’approcha, elle le vit en sueurs.
Elle s’inquiéta tout de suite.

— Est-ce que ça va ? C’est la seringue de tout à l’heure ? Tu te sens comment… ?

Elle était devant lui, elle observait son état et n’osait pas trop le toucher.
Il avait l’air de lui faire un signe de main.

— Ça va aller…
Dit-il péniblement, son souffle était saccadé.

Il avait la tête qui tournait.
Lorsqu’il lâcha l’arbre pour essayer de marcher, il eut un petit vertige et tendit par réflexe sa main vers elle, et il pencha vers le sol.
Elle l’attrapa par le bras et le rattrapa. Il était dans ses bras, la tête sur son épaule.
Sa carrure d’ours était imposante et il était presque improbable qu’elle arrive à tenir debout sans finir elle-même à terre sous cette montagne de muscles.

— Je suis désolé…
— Tu peux marcher jusqu’à la maison ?
— Je pense…

Ils rentrèrent à leur rythme.
Son état semblait s’être stabilisé.
Ils mirent le temps nécessaire, mais ils arrivèrent enfin chez eux.
Dans cette petite caverne dans la roche. L’entrée était camouflée par du lierre et des feuillages.
Elle l’aida à s’installer devant.

— Tu ne peux pas te coucher dans cet état, tu es couvert de sueurs. Attends-moi ici, je vais chercher des vêtements de rechange, on va aller se laver avant…

Elle se précipita dans l’ouverture et revint presque aussitôt avec de quoi se laver, se sécher et se changer.
Les affaires dans un sac à dos, puis elle l’aida à se relever et ils allèrent au point d’eau le plus proche.

— Merci…

Il avait la tête ailleurs.

— Comment te sens-tu ? Ça va un peu mieux ?
— Je crois…

Elle l’aida à se déshabiller.
On entendait très bien la cascade.
Alors qu’elle s’apprêtait à défaire la ceinture de son pantalon, il lui attrapa soudainement la main. Un peu rouge, il la regarda droit dans les yeux.
Elle fut prise au dépourvu.

— Je vais le faire.

Ce fut à son tour de virer au rouge et elle se détourna pour elle aussi se déshabiller et se laver.

La fraîcheur de l’eau lui fit du bien.
Elle regarda de loin si ça allait pour lui aussi.
Il entra dans l’eau et eut également l’air d’apprécier l’eau fraîche.
Il s’installa à un endroit où il avait pied, et s’accroupit.
Il avait l’air perdu dans ses pensées.
Elle nagea jusqu’à lui.
Il faisait nuit et on ne voyait pas grand chose à part des ombres qui cachaient leurs parties intimes.
Elle se mit derrière lui et lui frotta le dos.

— Tu te sens mieux… ?
Osa t-elle demander pour briser le silence.

Elle n’avait pas à être gênée, c’était tout à fait normal qu’elle l’aide vu son état.

— Oui… Merci.
— C’est ma faute… Je ferai plus attention à l’avenir pour que tu n’aies pas à me couvrir.

Il ne dit rien.
Il resta silencieux pendant qu’elle lui frottait et lui massait le dos.
Le vent souffla et elle se figea.
Elle était à moitié recouverte d’eau et le courant d’air lui glaça les os.
Il s’en rendit compte, et lui prit la main.
Alors qu’il était brûlant, elle était gelée. Elle avait toujours été frileuse.

— Merci, je vais finir. On ne va pas tarder à rentrer, il commence à faire frais.
— Tu es encore brûlant, j’espère que ta fièvre va retomber durant la nuit.

Elle avait fait le tour et s’était approchée de son front pour comparer leur température.
Il la regardait dans les yeux pour ne pas regarder autre part, elle était totalement nue.

— C’est toi qui est gelée… Rhabille-toi avant d’attraper froid…

Elle lui toucha le bras et le prit pour regarder l’endroit où la seringue s’était plantée.
Il restait un petit trou mais cela n’avait pas l’air très grave. Elle poussa un soupir de soulagement.

Il l’attrapa par la taille et eut terriblement envie de l’embrasser. Il se sentait bizarre et il se retint.
Elle le regarda avec des yeux ronds.
Il la serra dans ses bras pour la réchauffer.

— Merci de t’inquiéter, mais tu vas vraiment finir par être gelée si tu continues à rester dans l’eau.

Et il la posa à l’extérieur, comme une enfant vu sa petite corpulence face à la sienne.
Il attrapa une serviette qu’il lui jeta pour qu’elle se sèche.
Il finit de se laver et sortit également de l’eau.
Elle avait fini de s’habiller de son habit de nuit.
Une sorte de peignoir en coton.
Elle réunit leurs affaires et l’aida à marcher jusqu’à leur logement.
Lorsqu’il voulut la regarder, il vit malencontreusement sa poitrine dans l’entrouverture de son peignoir et il détourna son regard d’un air gêné.
Elle ne s’en rendit pas compte.
Enfin arrivés, elle l’aida à s’asseoir sur le lit.

Il savait ce que le produit faisait à son corps et ce n’était pas bon signe. Il ne pourrait pas passer la nuit avec elle dans cet état.
Il avait beau avoir une volonté de fer, le désir de son corps était plus fort à cause de cette drogue.
Alors qu’elle rangeait les affaires, lorsqu’elle passa à côté de lui, il lui attrapa le bras et lui dit d’un air très sérieux.

— Je vais dormir dehors. Je ne me fais pas confiance…
— Qu’est-ce que tu racontes ?

Elle ne comprenait pas, et répliqua.

— Je ne vais pas te laisser dormir seul dehors dans cet état. Arrête de dire n’importe quoi et dors.
— Écoute. La drogue agit de plus en plus dans mon corps et j’ai peur de ne pas pouvoir me contrôler. Ça ira.

Il se leva et s’apprêta à sortir.
Elle lui barra le passage et le força à se rallonger.

— Je ne suis pas d’accord.

Il était dépité et il rougissait de plus en plus.
Il se dit qu’il fallait qu’il lui montre de quoi il était vraiment capable pour qu’elle comprenne.
Il la plaqua contre la paroi du couloir, la main sur la surface, son visage à quelques centimètres d’elle.

— Tu ne sais pas à quel point il m’est difficile de me retenir… Je… Depuis tout à l’heure j’ai envie de toi… S’il-te-plaît, sois compréhensive.

Il ne pouvait pas avoir plus honte.
Comme s’ils faisaient une compétition, son visage vira également au rouge, presqu’autant que lui.
Elle prit son courage à deux mains et bafouilla quelques mots.

— Je veux bien… Si c’est toi…

Elle détourna le regard en disant ses mots, n’osant pas affronter sa réaction.
Il ne dit rien.
Il avait très bien entendu son murmure grâce à leur proximité mais il n’était pas sur à cent pour cent.

— Tu es sûre… ?

Elle tourna son visage vers lui et eut le courage de le fixer dans les yeux.

— Je veux que ce soit toi… Je… connais pas grand chose… mais si cela-

Elle crut mourir de honte et pendant qu’elle était en train de bégayer et chercher ses mots, il s’approcha d’elle et l’embrassa.
Elle lui rendit son baiser.
Il passa sa main dans ses cheveux et détacha son peignoir, laissant apparaître une partie de son corps jeune à la peau douce.

— Si tu ne veux plus, je comprendrais…

Il était au moins aussi gêné qu’elle mais il semblait moins souffrir vu qu’il ne se retenait plus.
Elle fit « non » de la tête et l’embrassa à son tour.
Passant ses deux mains autour de sa tête et dans ses cheveux.
Il la porta par les hanches et l’amena jusqu’au lit. Il lui retira le peignoir et commença à défaire le sien.
Elle l’aida à le lui retirer.
Elle put admirer sa carrure et ses muscles. Ainsi que ses cicatrices ci et là, qui parsemaient son corps.
Elle posa sa main sur ses épaules et commença à caresser des doigts les formes de ses muscles, inconsciemment.
C’était la première fois qu’elle avait le droit de faire ça.

Son membre était énorme et levé.
Elle en était toute gênée, presque plus qu’il la voit nue en pleine lumière.
Il l’allongea sur le lit et l’embrassa de nouveau et la caressa.
Elle se sentait bizarre, c’était la première fois qu’elle ressentait ce genre de choses, cette gêne mêlée au plaisir.
Elle ne savait plus où donner de la tête.
Il pénétra un doigt, doucement, lentement. Elle poussa un petit gémissement de surprise.
Il lécha ensuite son doigt ce qui la fit pousser un cri d’effroi.

— Mais… Ne fais pas ça !

Il la regarda en souriant.

— C’est delicieux pourtant…

Elle chercha à se cacher de honte, puis elle se redressa et s’approcha de lui.
Elle toucha de ses doigts fins son membre qui réagit aussitôt.
Il était brûlant, encore plus que son corps.
Elle le caressa de toute sa main puis, réduit la distance avec son visage jusqu’à lui lécher le bout du gland.
Il frissonna.
Il était à genoux sur le lit et il posa ses mains sur les épaules de la jeune femme.
Elle se vengeait à sa manière.
Puis elle y mit la bouche jusqu’à la moitié de la taille totale. Elle caressa gentiment le gland avec la langue et s’amusa à le titiller gentiment avec ses molaires.
Il poussa un gémissement de plaisir.
De temps en temps, il la regardait faire et cela lui donnait des frissons dans le dos, il avait l’impression de rêver.
Elle commença à faire des va-et-vient avec sa bouche, doucement, maladroitement, son membre était trop gros et grand pour qu’elle puisse le mettre en entier dans sa bouche.
Il trouvait ça très agréable.

— Où as-tu appris à faire ça… ?
Gémissait-il.

Elle remettait ses quelques mèches de cheveux rebelles derrière son oreille. Et le regardait avec des yeux baissés, comme si elle avait fait une bêtise et demandait son pardon.
Il ne pouvait que craquer.

— Laisse-moi goûter aussi…
Dit-il avant de lui sauter dessus.

Il l’embrassa avec la langue, ce n’était que de cette manière qu’il pouvait savoir quel goût il avait, mélangé avec la salive de sa partenaire.
C’était à son tour de gémir. Il la rallongea et vérifia qu’elle était assez humide pour tenter une pénétration.
Il s’arrêta un instant et lui redemanda une nouvelle fois.

— Tu es sûre… ? Tu peux encore refuser…
Disait-il, en se contrôlant et en la regardant d’un air très sérieux.

Elle fut touchée qu’il s’inquiète à ce point pour elle. C’est vrai qu’elle était anxieuse, son membre était énorme et elle se demandait comment cela allait pouvoir entrer en elle.
Elle lui sourit et lui tendit ses deux bras ouverts.

— Oui… Je te veux…

Elle rougit de plus belle.
Il ne se fit pas prier et l’embrassa de nouveau.
Il essaya d’y aller petit à petit et d’entrer son pénis. Il y pénétra que le bout avant de sentir une résistance. C’était son hymen.
Elle semblait souffrir, il se retira et lui demanda si ça allait.
Elle le rassura et lui demanda s’il pouvait recommencer, mais de la laisser faire ensuite.
Il obéit. Il fit pénetrer le gland et elle commença à bouger un petit peu ses hanches.

— Est-ce que c’est agréable… ?
Il hocha la tête.

Elle lui tint le torse de ses petites mains et bougea à son rythme jusqu’à ce qu’elle soit totalement trempée.

— Est-ce que tu peux réessayer de… ?

Il se positionna et y alla doucement mais força un peu l’entrée. Il pénétra peu à peu mais son pénis entra presque entièrement dans son vagin.
Elle poussa un cri de surprise mélange à du plaisir.
Lorsqu’il la pénetra tout du long, il s’arrêta et observa si elle n’avait pas trop mal.
Il lui tenait les hanches.
Il remonta ses mains et lui caressa du bas ventre jusqu’au bas de sa poitrine.
Elle frissonna et il la sentit le serrer tout autour de son membre.
Il gémit de plaisir à son tour.
Elle s’amusait de le voir dans cet état, avec un petit sourire au coin de sa petite bouche, elle recommença à bouger lentement ses hanches jusqu’à trouver son rythme de croisière.
Il semblait perdre le contrôle de son corps, il eut à plusieurs reprises des frissons dans le dos et la laissa faire. Profitant de la situation.
Puis la voyant s’épuiser progressivement.
Il l’attrapa par les cuisses et imposa son rythme à lui.
Il lui prit les mains dans les siennes.

— Dis-moi si je te fais mal…
Souffla t-il entre deux coups de bassin.

Elle gémissait timidement à chaque va-et-vient. Sa respiration saccadée, ne sachant plus quand reprendre son souffle, l’excitait encore plus.
Il savait qu’il n’avait plus tout à fait toute sa tête, c’était la luxure de son corps qui lui dictait ses mouvements. Cependant il essayait de garder le contrôle de ses sentiments et faisait attention à ne pas blesser cette personne si chère à son coeur.
Il voyait qu’elle était à sa limite, elle fatiguait.
Il lui caressa le visage et l’embrassa avant de se retirer.
Elle entrouvrit ses yeux.

— … Encore…
Quémanda t-elle.

Il ne put s’empêcher de pouffer de rire. Il avait l’impression d’entendre une enfant faire son caprice.
Il voyait bien qu’elle était épuisée.
Elle l’attrapa par le bras.

— Tant que tu n’as pas fini… Je n’ai pas fini…
Murmura t-elle, à moitié endormie.

Il approcha ses lèvres de son oreille.

— Tu es fatiguée…
— Non… Encore…
Suplia t-elle.

— … Est-ce que je peux venir en toi… ?
Demanda t-il en jouant avec ses mèches de cheveux sur l’oreiller.

— Oui…
Souffla t-elle.

Dans son état, il se demanda si elle n’aurait pas dit oui à n’importe quoi.
Il lui sourit et lui murmura dans le creu de l’oreille.

— Je vais faire vite, alors…

Il était encore dur comme fer, et elle était trempée à souhait. Il la souleva par son torsa, la portant jusqu’à ses genoux, et l’enfila doucement. Elle s’affala dans ses bras, elle l’enlaçait autour de son cou, sa poitrine s’écrasant contre le torse musclé de son partenaire. Elle lâcha un soupir.
Elle avait sa tête sur son épaule, de sorte qu’elle entendait très bien sa respiration, mais il entendait également la sienne, et ils sentaient réciproquement la chaleur de leur haleine dans leur nuque.
Il la souleva lentement pour la faire redescendre et ainsi envelopper et caresser son membre. Elle semblait également apprécier, vu qu’il l’entendait gémir doucement dans son lobe.
Il répéta ces gestes pendant quelques minutes avant de ne plus pouvoir résister.
Le plaisir était trop bon et il la sentait se resserrer à la base. Cela lui procurait des sensations inimaginables.
La chaleur, l’humidité, les frottements.

— Je… Je vais jouir…
Lâcha t-il.

— D’accord…
Souffla t-elle.

Elle bougea son bassin une dernière fois, en se resserrant plus fort que jamais.

— …Ah- ! Si tu fais ça, je-
Jura t-il.

Dans un dernier élan, il y mit également plus d’entrain avant de relâcher toute la pression.
Elle sentit une substance tiède la remplir de l’intérieur.
Son membre trembla encore une ou deux fois avant d’arrêter toute activité.
Lorsqu’elle se retira, un liquide blanc translucide s’écoula d’elle et recouvrit son pénis.

— C’est… érotique vu d’ici.
Dit-il en souriant.

Elle ne savait pas quoi ajouter de plus. Il la porta et l’allongea dans le lit et alla chercher de quoi s’essuyer sans en mettre partout.
Il passa également un coup de serviette entre les jambes de la jeune femme qui s’endormait déjà.
Il l’embrassa sur le front et la recouvrit de la couverture.

— On est bon pour changer les draps…

Il profita de la vision de sa belle endormie, les cheveux en bataille et quelques gouttelettes de sueurs sur sa peau lisse.
Il éteint la lumière et se coucha à ses côtés.

2016.06.03

Arrêtés

Elle se réveilla avec difficultés mais elle reconnut sa chambre et la personne endormie à ses côtés.
Ses souvenirs de la veille étaient flous.
Elle entendait des chuchotements provenant de la pièce d’à côté.
Son frère et son père semblaient discuter.
Elle voulut se lever mais quelques douleurs l’empêchèrent de faire certains mouvements.
Cela réveilla le capitaine qui la regarda à moitié somnolant.

— …
— Bonjour…
Murmura t-elle.

— … ‘jour… Comment te sens-tu ?
— J’ai un peu mal mais je crois que ça va…

La porte s’ouvrit et les deux hommes entrèrent.
Son frère sauta dans ses bras et son père observait la scène, avec un petit sourire au coin des lèvres.

— Tu vas me casser quelque chose si tu continues…
Disait-elle à son jumeau.

— Content de voir que tu vas mieux…
— Repose-toi encore un peu, on s’occupe du reste. Les coupables ont été arrêtés et vont être jugés.

Le capitaine prit encore plus soin d’elle et fit attention à la protéger. Elle resta avec lui jusqu’à ce qu’il soit promu pour finalement accepter sa demande de fiancailles puis de mariage.

Son frère épousa la petite employée de maison.

Son père ne se remaria pas et continua à enseigner son savoir-faire jusqu’à sa retraite.

2016.05.25

Trajet

Contrairement à mon frère, j’étais plus turbulente et je n’hésitais pas à user de la violence pour me défendre.
Ainsi, souvent je me retrouvais convoquée par le proviseur de mon école et je mettais ma mère dans l’embarras.

Ma mère, c’est quelqu’un de formidable.
Elle nous élève, moi et mon frère, toute seule.
Cela fait des années que notre soit-disant père est parti on ne sait où.
La laissant seule. Il parait qu’il paye une grosse partie de nos frais et que cela nous permet de vivre correctement sans que maman soit obligée de travailler en plus de ce qu’elle fait pour nous.
Je n’aime pas spécialement mon père. Déjà, je ne le connais pas, mais je vois que son absence pèse sur le coeur de maman.
Il semblerait qu’il lui passe des appels de temps en temps.

Mon frère, c’est mon jumeau. On se ressemble comme deux gouttes d’eau. Les cheveux longs, il a un air un peu efféminé.
Il est de nature calme et bon élève.
Il est souvent de bon conseil.

Un soir, j’ai entendu maman au téléphone. Elle parlait de moi, et que cela l’inquiétait que je me batte à l’école.
Je ne compris pas tout de suite.
Peut-être que j’aurais dû interpréter cela comme un avertissement.
Cependant, comme si je ne pouvais m’en empêcher, je continuais à me battre.

Quelques semaines plus tard.
Un soir, quelqu’un vint à la maison.
C’était très rare de recevoir de la visite.
Je m’étais réveillée à cause des chuchotements, et j’utilisais comme prétexte d’aller aux toilettes pour épier leur conversation.

Je vis un homme imposant dans un manteau noir. Il me vit derrière le pan de mur et son regard s’arrêta dans ma direction.
Par surprise je me cachai. Il avait quelque chose d’intimidant.
J’entendis ses pas se rapprocher et il fut rapidement à côté de moi.
Il s’agenouilla et me parla doucement.

— Bonsoir Alexandra.
— … Bonsoir… monsieur…

J’étais effrayée. Cet homme connaissait mon prénom et me parlait. Comme paralysée je n’osais pas bouger.
Maman était dans le salon.
Je pris mon courage à deux mains pour courir dans ses bras.
Elle me sourit.

— N’aie pas peur. Ce n’est pas quelqu’un de méchant. C’est…
— Ne dis rien, Alicia.

L’homme se releva et nous rejoignit dans la salle. Il me regarda dans les yeux et commença à m’expliquer la situation.

— Tu vas venir avec moi, Alexandra.

Je restai sans voix du début jusqu’à la fin.
Mes yeux interrogeaient ma mère, mais elle ne me répondait pas.

— Tu lui causes du soucis et tu seras dans un meilleur environnement si tu viens avec moi.
Je me sentis comme trahie. Ma mère ne voulait plus de moi.
Cela n’était pas possible.
Des larmes embuèrent ma vue et commencèrent à couler le long de mes joues.

— C’est pour ton bien, ‘Xandra…
Me dit-elle, en me serrant dans ses bras.

— Je serai sage, promis…
Sanglotais-je.

C’était déjà trop tard. La décision était prise.
Cela réveilla également mon frère qui nous regardait du même endroit où j’étais quelques minutes auparavant.

— Si ‘xandra s’en va, moi aussi… !
Dit-il en courant vers moi.

— Ne laisse pas ta maman toute seule, Alexandre.
— Ne t’inquiète pas ‘xandra, tout va bien se passer. Tu seras entre de bonnes mains…

L’homme me sépara de ma mère. Tandis qu’elle gardait mon frère dans ses bras, pour l’empêcher de nous suivre.
Le monsieur ouvrit la porte et me traina par la main jusqu’à l’extérieur.
Je ne voulais pas crier mais mes larmes ne s’arrêtèrent pas.
Il m’attacha dans la voiture avec la ceinture de sécurité et s’assit à mes côtés. Sans dire un mot de plus, à part au chauffeur.
Je pleurais et réfléchissais sur mon sort durant tout le trajet.

2016.05.22