Nuit

Sam partit de chez ses parents en pleine nuit, en prenant soin de faire le moins de bruit possible.
Cela faisait des mois que le voyage vers l’inconnu était organisé dans sa jeune tête.
La destination, le sac de randonnée, la lettre pour ses parents.

Je me souviens être sorti.e par la fenêtre laissée ouverte en plein été pour rafraîchir la maison.
C’était celle du salon que mes parents laissaient ouverts pour aérer la nuit.
Nous vivions dans un quartier très calme et avec le recul que j’ai aujourd’hui, nous n’avions aucune raison de nous inquiéter d’un cambriolage.
J’avais lâché doucement le sac par dessus la fenêtre ouverte pour que cela fasse le moins de bruit possible. Puis c’était à mon tour de passer par dessus bord.
Ma lettre était posée sur la table de la cuisine.
Je jetais un dernier regard derrière moi et je partais sans me retourner vers une toute nouvelle vie.
C’est ce que je croyais.
Le plan d’adolescent.e que j’étais, était loin d’être parfait.
Je m’étais renseigné.e sur les horaires de bus de nuit. Les gens me dévisageaient. J’étais jeune et j’avais ma capuche. Je ne voulais pas qu’on sache qui je suis. Je sentais les regards sur moi.

2018.10.20

Monstre

— Ne me touchez pas ! Je suis un monstre… !
Dit-iel en se réfugiant dans sa chambre, laissant ses parents dépourvus.

Sa mère frappa à la porte de sa chambre et finit par entrer.
Iel était recroquevillé sur son lit, les larmes aux yeux.
Elle s’approcha et s’asseya sur le bord du lit.

— Dis moi, parle moi, qu’est-ce qui ne va pas ?

2018.10.19

Cordes

Il se pencha près d’elle, ses longs cheveux retombèrent légèrement en boucles sur la couverture.
Une mèche rebelle échoua sur son bras droit.
Elle lâcha de sa main droite le verre qu’elle tenait, et le recula lentement, de manière à ce que la mèche se retrouve dans sa paume.
Il frissonna.
Il semblait qu’il était sensible et elle le remarqua.
Cependant cela ne l’empêcha pas de continuer à assouvir sa curiosité.
Lorsqu’elle commença à caresser de ses doigts, les pointes de ces mèches, elle remarqua à quel point ils étaient doux et fins.
Elle jeta un regard à son expression de visage.
Il semblait à la fois gêné, et apprécier. N’osant pas trop s’exprimer sur ce qu’il ressentait.

Elle fut surprise lorsque les cheveux se mirent à bouger d’eux-mêmes, s’enroulant tendrement autour de ses doigts. En un instant, il se transformèrent en une sorte de corde tentaculaire.
Elle ne fut pas effrayée plus que cela.
Ces cordes mouvantes par une volonté propre continuaient de lui caresser les doigts d’une manière tendre. Elle était amusée et fascinée par cette magie.

Il la regardait, l’observait lorsque ses cheveux se transformèrent. Il redoutait qu’elle prenne peur et le rejette complètement.
Voyant qu’elle restait calme, il fut rassuré. Il était content de l’avoir choisie.
Un peu surpris, tout de même.

— Est-ce que c’est toi qui les contrôles ?
Dit-elle, brisant le long silence.

Pris au dépourvu par une telle question, il bafouillait.

— Je, euh, hein, pardon ?
— Hm… je veux dire… tes cheveux… c’est toi qui les controles… ?

Elle semblait embarrassée d’avoir posé une question qu’il ne fallait pas.

— En effet. Je peux décider de leurs mouvements…

Et sous ses yeux, les cordes se déplacèrent et s’enroulèrent de manière plus vives autour du poignet.
Elle fit une grimace, l’étreinte était un peu forte.
Il réagit aussitôt en la relâchant.

— Excuse-moi, je ne voulais pas t’effrayer.
Dit-il, s’excusant sincèrement, il ne savait plus où se mettre.

— Ça va, ca m’a juste surpris.
Dit-elle pour le rassurer.

Elle ne savait pas comment il pouvait réagir et faisait extrêmement attention à ses gestes et ses paroles.
Il se calma, elle se sentit rassurée.

— Tu n’as pas peur ?
Demanda t-il.

— De quoi… ?

— Ahah… de moi ? De mes cheveux ?
Dit-il amusé. Il se sentait bête.

— Pas vraiment… mis à part que tu me séquestres.
— Je me suis donné tellement de mal pour t’avoir, je ne vais pas te laisser t’enfuir.
— Pourquoi… ?

Elle restait calme.

— J’avais des questions qui demandaient des réponses…
— Lesquelles…. ?
— Tu me plais et je veux que tu restes à mes côés.
— C’est pas comme ça que les choses fonctionnent…
— Ah ?

Il eut un autre silence.

— Tu vis tout seul depuis combien de temps ?
— Laisse moi réfléchir… bien longtemps, en fait.

*

Les personnes autour de lui le mettaient à l’écart à cause de son étrange pouvoir.
Ses cheveux bougeaient tout seul et les gens commencèrent à lae traiter de monstre.
Cela commença aux alentours de l’adolescence lorsque son corps prit des formes.
Iel ne contrôlait pas encore très bien ce pouvoir.
Iel avait parfois une petite poitrine de jeune fille, et le jour suivant avoir une carrure plus forte et être plat au niveau de la poitrine.
Cela effrayait les gens.
Les plus méchants voulurent le bizuter.
Un jour iel fut encerclé, dos au mur sans échappatoire.
Pris au piège, les enfants lae poussèrent et cherchèrent à lae déshabiller pour vérifier et voir de leur propres yeux.
C’est à ce moment que ses cheveux mi-longs se transformèrent et attrapèrent les poignets de ses attaquants.
Aussitôt qu’ils virent ça, ils prirent peur et s’enfuirent.
Lui-même ne s’était pas rendu compte de ce qu’il venait de se passer.
Ses cheveux reprirent lentement leur forme habituelle. Iel avait été laissé là, seul, par terre.
Iel était orphelin et ses parents adoptifs ne comprenaient pas trop ce qu’il se passait non plus.

2018.10.15

Insistance

Elle se souvenait de ce visage d’homme. Elle avait une mémoire visuelle plutôt bonne et ce personnage l’avait interpelée aux premiers abords par son calme et son côté décontracté.

*

Il était seul, ce qui était plutôt rare parmi les clients. La plupart des gens préféraient venir en groupe pour se sentir moins intimidés dans ce cadre.
Lui, était relativement à l’aise.
Il s’installa de manière confortable et observa autour de lui sans aucun doute dans son regard.
Ce détachement était presque effrayant, et lorsque leurs regards se croisèrent, elle le salua poliment d’un hochement de tête et retourna à ses occupations, gênée par la situation. Elle se sentait impolie de l’avoir regardé avec insistance.

*

Était-ce à cause de ce malheureux regard qu’elle se trouvait actuellement dans cette situation… ?

— Qu’est-ce que me voulez vous ?
Finit-elle par demander. La voix très légèrement tremblante.

— Discuter ? En apprendre un peu plus sur toi.

2018.10.12

Transformation

Elle se réveilla peu à peu.
Son corps était engourdi et lui envoyait des signaux de douleur.
Lorsque ses yeux s’habituèrent au lieu, elle sursauta presque de voir la jeune femme asiatique à son chevet, qui l’observait de manière intensive, un large sourire sur ses lèvres.

— Oh, tu es enfin réveillée~ !
Dit-elle avec une voix très enjouée, on aurait dit une autre personne.

Aurore essaya de bouger.

— Attends, je vais t’aider. Tu veux un peu d’eau ?

Elle lui tendit un verre.
Aurore resta méfiante. Comme pour balayer les doutes de son invitée, elle but elle-même dans le verre une partie de l’eau.

— Tu ne risques rien, c’est simplement de l’eau.

Aurore accepta alors l’objet tendu.
En le prenant de ses deux mains, elle remarqua les bandages sur ses poignets, tachés de sang.
Elle ne put cacher sa surprise.
Le verre encore dans ses mains. Elle se rendit compte qu’elle avait également un bandage autour du cou, en le touchant du bout de ses doigts.

— Ça te plaît ? Je me suis appliquée à te les mettre.

— Qu’est-ce que vous m’avez fait… ?
Demanda t-elle inquiète.

— Tu ne te souviens de rien ?
Répondit-elle surprise.

— … Il s’est passé quelque chose ?
— Tu t’es fait ça toute seule, comme une grande, avec tes pouvoirs.

— Inutile de me mentir, je n’ai pas de pouvoirs.
Dit-elle, en coupant court à l’explication.

— Eh bien, méprends toi, c’étaient bien tes pouvoirs, enfin je pense. Vu que ce que tu as invoqué a protégé ton frère et l’autre gars. Par contre, tu y es peut-être allée trop fort. Tu étais prise dans des ronces au niveau du cou et des poignets.
Dit-elle en montrant les différents endroits sur son propre corps.

Aurore était sceptique.

— Je n’ai pas d’intérêt à te mentir.
Elle haussa les épaules.

— … Qu’est-ce que vous me voulez… ?
— Juste mieux te connaître… depuis que je t’ai aperçue, j’ai eu envie de t’avoir pour moi… étrange n’est-ce pas ? Ah, oui. J’oubliais. Cette apparence ne doit rien te dire…

Sous ses yeux, l’asiatique se transforma en homme. Ses traits devinrent un peu plus droits, et sa carrure un peu plus grande.

— Alors ? Es-ce que je te dis quelque chose ?
Dit-il, d’un timbre de voix beaucoup plus grave qu’auparavant.

Aurore, elle, avait perdu la sienne.
Son visage lui revint, elle avait le souvenir d’avoir eu un client lui ressemblant au Carré Secret.

— J’étais en costume, certainement. Si cela t’aide… ?
— Je me souviens…
— Je suis flatté.

2018.10.11

Racines

Elle s’éloigna aussitôt que les racines s’enroulèrent autour des jambes de Cean.
Craignant pour sa propre sécurité.
Lorsque son corps disparut sous les pétales géantes, elle se questionna sur l’origine de ce spectacle.
Elle prit du recul et contourna la bibliothèque pour observer l’état de l’autre partie de la salle.
Des racines et une flore avaient envahi l’espace vide, et là où le corps du vampire gisait, il y avait le même bourgeon fleuri.
Au milieu de ce système, là où les racines se rejoignaient en masse tel un câble autour de son installation électrique, se trouvait le corps d’Aurore.
À moitié en suspension entre les racines qui formaient comme un tronc.
Inconsciente, ses cheveux à moitié emmêlés tombaient tel des lianes complétant cette vue insensée.
Elle vit tout de suite les filets de sang au niveau de son cou et de ses poignets.
Il n’y avait plus de mouvements provenant des racines, c’est ce qu’elle supposait.
Elle osa s’approcher de plus près pour observer Aurore.
C’était bien elle, elle qu’elle cherchait et qu’elle voulait. Elle jeta un coup d’oeil plus avisé au sang présent sur sa chair et vit les épines provenant des racines qui s’enfonçaient profondément dans sa peau.
Elle dégaina une dague et se décida à extirper la jeune fille de cette emprise.
Elle tenta de trancher une racine qui n’était pas en contact en premier lieu, en s’attendant à une défense.
Par chance, il ne se passa rien.
Elle entreprit alors de s’attaquer aux poignets, en faisant attention à ne pas plus abîmer l’épiderme de la prisonnière.
Les deux poignets libres, elle respira fort un bon coup et approcha la lame de son arme au niveau de la nuque pour trancher la dernière racine sensible.

À ce moment là, Hélène entra en trombe dans la salle et vit le décor improbable de la bibliothèque.
Puis, son regard s’arrêta sur l’apparence de l’ennemie, tenant une dague sur la nuque d’Aurore.
Son coeur fit un bond.
Alain était juste derrière elle et ne sut pas non plus comment réagir.
Gabriel n’était pas loin et les autres s’étaient séparés pour essayer de trouver où ils étaient.
Hélène éleva la voix.

— Arrêtez ! Je ne vous permets pas de toucher à un seul cheveux d’elle !

L’asiatique se tourna vers elle, à peine surprise.
Elle venait de finir de trancher cette racine enroulée autour du cou.
Elle leur adressa un sourire narquois.

Hélène et Alain ne savaient pas quel était le motif de cette étrangère, et ne voulaient pas mettre en danger Aurore en réagissant de manière irréfléchie.

Elle garda sa dague à la main et trancha d’un coup rapide toutes les autres racines qui immobilisaient la blonde. Son corps sujet à la gravité, tomba dans les bras de l’ennemie qui n’attendait que ça.

Gabriel, alerté par la voix d’Hélène, prévint tous les autres pour la rejoindre le plus vite possible.
Lorsqu’il entra dans la pièce, il vit sa fille s’écrouler dans les bras de l’ennemie.
Son coeur ne fit qu’un demi-tour dans sa poitrine.
Il s’avança doucement et l’interpela.

— Que lui voulez-vous ?
Sa voix était grave.

Elle souriait. Le corps encore chaud de sa quête, au creu de ses bras. D’une main libre, elle fit signe de couper l’air. Une fissure apparut au milieu de nulle part.
Gabriel et Hélène foncèrent sur elle pour l’empêcher se s’enfuir mais il était déjà trop tard.
Elle s’engouffra dans cette porte de sortie, qui se referma sur elle. Laissant les deux, désemparés.
Alexandra et Chris venaient d’arriver lorsqu’ils virent Aurore disparaître dans le décor.

— Non… no-

Alexandra se sentit submergée par les émotions.
Chris s’arrêta et la serra dans ses bras pour la calmer.
Elle fondit en sanglots.
Gabriel serrait son poing et essayait de contenir sa colère.
Les autres ne savaient pas comment réagir. Encore dépassés par les évènements.
Alain observait les alentours, puis brisa le silence.

— C’est… Aurore qui a fait ça… ?

Chacun se mit à mieux observer le décor.
Alexandra réussit à se calmer, petit à petit.

— Qu’est-ce que c’est que ces boules là… ?
Demanda t-elle.

Elle s’approcha puis les toucha.

— On dirait des pétales mais… beaucoup plus solides et résistantes…
Dit-elle en les caressant.

Elle tenta de les ouvrir.
Elle entendit quelque chose à l’intérieur, comme une respiration.
Gabriel et Hélène étaient sur l’autre boule.

— … Il y a quelqu’un… ?!

Cette voix venait de l’intérieur.

— Tu as entendu ça… ?
Demanda Hélène.

— Allô !

— Mais… c’est la voix de Cean !
S’exclama Gabriel.

— Papa… ?
— Alexandra ! Il y a quelqu’un à l’intérieur !
Cria t-il.

Elle s’activa pour éplucher chaque pétale, avec l’aide d’Alain et de Chris.
De son côté, Gabriel faisait de même avec Hélène.
Quelques racines s’étaient enfoncées autour des poignets et du cou de Cean mais il n’était pas en mauvais état.
Il s’écroula dans les bras de son père, par perte d’équilibre.

— Qu’est-ce que tu fais là… ?
Demanda t il.

— Je ne sais pas… je n’ai pas l’impression que ça me veuille du mal. On dirait des perfusions…
J’étais comme dans un cocon et ces racines m’ont guéri. C’est vraiment étrange comme sensation.
Tout à l’heure j’avais l’impression de sentir un autre pouls, mais depuis il n’y a plus rien.

— Attends, ne bouge pas.

Gabriel trancha délicatement les racines enfoncées dans la chair.

— Merci, p’pa.

À peine libéré, il se sentit pris d’un vertige et Gabriel dut le rattraper encore une fois.

— Hélène, est-ce que tu peux accompagner Cean à l’infirmerie, s’il te plaît ?
— Oui, bien sûr.

Il n’y avait pas grand chose à faire de plus mis à part analyser la situation pour mieux comprendre ce qu’il s’était passé.
Dans la fleur d’Alexandra, se trouvait Vlad.
Elle poussa un cri d’étonnement lorsqu’elle le vit dans cet état. Elle crut d’abord qu’il était mort.
Chris tâta son pouls et confirma qu’il était bien vivant. Il en profita pour retirer les dagues qu’il avait dans les mains et extirper son corps de la bulle de pétale.
Tout comme Cean, il avait des racines enfoncées dans ses poignets et son cou.
Il revint à lui peu à peu.

— Au… rore…

— Ne parle pas, on va t’emmener à l’infirmerie.
Dit Alexandra.

Chris était parti chercher une civière.

— Ne coupez… pas… les racines…
Réussit-il à articuler.

— C’est… Aurore…
Continua t-il.

— Aurore.. ?

Alexandra était dans l’incompréhension.

— D’accord, on ne touche à rien pour l’instant, arrête de parler. Reste tranquille.

Vlad faisait peine à voir.
On pouvait deviner qu’il avait souffert.

2018.09.30

Bourgeon

Elle s’extirpa de sa cachette, poussant la bibliothèque de toutes ses forces, les jambes engourdies, elle manqua de tomber lorsqu’elle se releva pour marcher, puis courir en direction des bruits qu’elle entendait.
La bibliothèque était devenue un champ de bataille, elle essaya de ne marcher sur aucun livre et de ne pas trébucher.
C’est alors qu’elle vit Vlad. Son coeur se resserra et sa respiration se bloqua.
Les mains encore clouées sur le bois, il ne bougeait plus mais le seul fait qu’il ne soit pas en poussière la rassura un peu.
Elle était dans un tourbillon émotionnel, elle se sentait fautive et inutile.

— Arrêtez, je suis là…
Essayait-elle de crier, en sanglots.

— Je crois que j’ai entendu quelque chose…
Dit l’ennemie qui s’arrêta en pleine action.

— Laissez les tranquille…
Continuait de pleurer Aurore.

Elle se sentit comme prise de vertiges, des taches de couleur apparurent devant ses yeux, puis plus rien, le noir complet. Son corps était lourd et elle vit le décor devant ses yeux lui échapper.

Des racines sortirent de terre et la rattrapèrent avant qu’elle ne percute le sol.
Le parquet de la bibliothèque était craquelé de partout par des racines qui entourèrent le corps d’Aurore. Immobilisant ses jambes et son torse.
Les bouts des racines s’enroulèrent sur ses bras puis autour de son cou, puis des épines telles des ronces poussèrent et s’enfoncèrent dans la chair pâle de la jeune fille inconsciente.
Autour de ses poignets et de son cou, quelques fils rouges éclatants se dessinèrent.
D’un coup, des racines partirent de sous ses pieds pour atteindre Vlad, puis Cean.
S’enroulant également autour de leur corps à une vitesse folle.
Un pétale, d’abord sous sa petite forme, apparut et grandit jusqu’à les engloutir tout entier, puis une autre, plus plusieurs.
Ils se transformèrent en un énorme bourgeon fleuri.

Lorsque les racines commencèrent à tournoyer autour de Cean. L’ennemie s’en éloigna immédiatement.

— Qu’est-ce que c’est que ça ?!

Ne voulant pas se retrouver pris dans ce piège inconnu, elle observa le manège des racines et prit du recul. Ne pouvant rien faire de plus, elle s’intéressa à la source de cette magie.

2018.09.30

Sortie

Cloîtrée dans son étroite cachette.
Elle ne pouvait se fier qu’à son ouïe pour essayer de deviner le déroulement des évèments, juste à quelques mètres d’elle.
La faible lumière et son champ de vision ne lui permettaient pas d’apercevoir grand chose.
Le cri de Vlad lui glaça le sang.
Déjà recroquevillée, ses doigts se resserrèrent dans la chair de ses bras.
Que pouvait-elle faire pour arrêter ce suplice.
Une idée traversa l’esprit de l’ennemie.

— Et si la petite tête blonde voulait bien sortir de sa cachette, je pourrais arrêter de torturer ce pauvre vampire…

— Ne l’écoute pas Aurore-
Répliqua Vlad.

Elle le gifla.

— C’est vrai que je m’amuse bien mais je risquerai… de malencontreusement… viser un peu trop près du coeur… quel dommage de finir en poussière, quelle plaie à nettoyer.

— Ne bouge pas Aurore, rien ne nous dit qu’elle respectera sa parole.
Dit Cean calmement.

Il était derrière une autre bibliothèque à reprendre son souffle.
Elle se leva en laissant le corps de Vlad prisonnier des dagues, se vider de son sang par les mains.
Grâce à la voix de Cean, elle s’orienta et le débusqua très vite.
Il n’était plus en état de se battre, essayant d’arrêter le saignement de ses plaies, il était totalement épuisé.
Il la regarda dans les yeux sans chercher à fuir.

— Trouvé.
Dit-elle avec malice.

Elle s’approcha lentement de lui et s’arrêta juste devant lui.
Elle était plutôt grande et son regard arrivait au même niveau que lui.
Ses pointes de cheveux se transformèrent petit à petit pour l’enlacer. Il était dos à la bibliothèque, aucune échappatoire possible.

— Où est-elle ?
Demanda t-elle avec une voix plus froide.

Il sourit.

— Ne m’oblige pas à t’abîmer encore plus, jeune homme.

Il continuait de sourire.
Les tentacules montèrent à sa nuque et commencèrent à se resserrer doucement.
Elles le maintenèrent, ainsi qu’au niveau de ses épaules pour qu’il reste debout.
Il resta muet.
Elle lui donna un violent coup de poing dans le ventre, ce qui lui coupa le souffle et il se mit à tousser.

— Je ne comptais pas te tuer mais je peux encore changer d’avis.

Ne se décidant pas à parler, elle continua à le frapper.
Aurore entendait son frère prendre des coups.
Sa respiration n’était plus la même et il toussait.
Aurore tremblait de rage.
Des larmes coulaient sur ses joues, elle s’en voulait à elle-même de les mettre dans cette situation.
Elle ne tint plus en place et elle poussa la bibliothèque pour sortir.

— ARRÊTEZ, JE SUIS LÀ !
Criait-elle en pleurant.

Les coups cessèrent.
Elle sortit de sa cachette tant bien que mal en poussant de toutes ses forces, les larmes embuaient sa vision.
Elle courut dans la direction de Cean et passa devant le corps de Vlad qui ne semblait pas donner signe de vie. Il était dans un très mauvais état, ses mains clouées et ensanglantées étaient encore maintenues sur le bois de la bibliothèque. Son visage était en sueurs, ses cheveux retombaient devant son visage et des mèches s’y étaient collées.
Assit dans cette position, il ne bougeait plus.

— Pardon… je suis désolée… pardon…
Répétait-elle.

Elle marcha jusqu’à Cean qui était plusieurs mètres plus loin derrière une autre bibliothèque.

— Te voilà enfin.
Dit elle en souriant.

— Laissez le tranquille.

— Aur… ore… n… no-

Cean essayait de la dissuader avec ses dernières forces.
Elle donna un dernier coup dans son abdomen ce qui fit sursauter Aurore qui se remit à pleurer.

— Ah. Il a perdu connaissance.
Dit-elle impassible.

Elle le relâcha et son corps s’écroula sur le sol.

— Ne t’inquiète pas, il est encore en vie.
Dit-elle pour la rassurer.

Elle recula et s’approcha d’Aurore pour la voir de plus près.
Pétrifiée par la peur, elle n’osa pas bouger et ferma les yeux, laissant couler ses larmes le long de ses joues. Elle tremblait un peu.

— N’aie pas peur, je ne te ferai aucun mal.

Elle passa ses doigts dans ses cheveux et essuya d’un geste doux les larmes sur son visage.

— D’ailleurs, excuse-moi pour la dernière fois, c’est moi qui aurais dû venir te sauver quand tu as été poignardée.
Elle marqua une pause.

2018.09.16

Clouer

Vlad ne réussit pas à tenir tête longtemps. Néanmoins il put faire gagner quelques secondes de répit à Cean, ce qui était le but de son action.
L’ennemie changea de comportement lorsqu’elle le vit.
Elle sembla beaucoup plus agressive et fonça directement sur Vlad sans même hésiter un instant.
Son effet de surprise ne fut pas très efficace, son attaque par derrière fut un échec cuisant.
Elle sentit sa présence et se retourna presque immédiatement.
Elle le contra et retourna l’effet contre lui, et en profita pour le projeter quelques mètres plus loin, contre une bibliothèque. Quelques livres tombèrent sous le choc provoqué.
Vlad essaya de se relever le plus rapidement possible mais l’impact l’avait sonné.
Elle était déjà en face de lui et elle l’avait immobilisé en s’asseyant sur lui et en maintenant ses poignets bien contre le meuble.
Ses longs cheveux noirs jonchaient le sol et commençaient à se transformer en tentacules. Ils se mouvèrent et enlacèrent le cou et le torse de Vlad.
Il était pris au piège.

— Toi, je te réserve un traitement spécial.

Vlad essayait de ne rien laisser paraître mais l’étreinte était de plus en plus forte et il savait qu’il allait y rester à ce rythme.

— Si tu n’avais pas gâché mes plans, nous n’en serions peut-être pas là, mais passons.

Quelques tentacules firent leur chemin vers ses bras et ses poignets.
Elle les lâcha, et dans l’instant d’après. Elle enfonça deux dagues dans les mains de Vlad pour les clouer sur la bibliothèque.
Il se mit à hurler de douleur lors du premier coup, puis tenta de réprimer son cri lors du second.
Elle se délectait de son mal.

— Qu’est-ce que je pourrais faire d’autre ? Tant que je ne touche pas au coeur je peux m’amuser, n’est-ce pas ?
Disait-elle comme si elle se parlait à elle-même.

— Je sais comment vous fonctionnez, vous, les vampires. Un tout petit peu.

Cean ne savait pas quoi faire pour le sortir de cette situation. Il n’était pas en super état et sauter la tête la première n’était pas un plan viable.

— Réfléchis, réfléchis !
Se répétait-il à tue-tête.

Adossé à une autre bibliothèque, à quelques mètres.
Aurore entendit le cri de Vlad et son coeur se resserra.
Elle se sentait minable de ne pouvoir rien faire à part faire souffrir ses proches.

2018.09.15

Cheveux

Maintenant qu’elle était en face de lui, il pouvait l’observer plus en détails.
Elle devait avoir des origines asiatiques vu son teint de peau un peu jaune et ses yeux en amandes.
Ses longs cheveux noirs étaient attachés mais l’élastique semblait avoir glissé bien bas, ou que ce soit fait exprès.
Elle portait une sorte de justaucorps aux manches courtes et au bas 3/4, et par dessus une sorte de sari en lin qui était maintenu à sa ceinture par une cordelette bien serrée.

Cean réussit à eviter le coup, la chevelure de son adversaire revint vers lui et les pointes se transformèrent en plusieurs tentacules qui essayèrent de l’attraper.
D’abord surpris puis en tentant de garder son sang froid, il réussit à agir par réflexe et donna un coup de son épée courte qui trancha ces tentacules qui tombèrent au sol et redevinrent cheveux.
Il prit beaucoup plus de recul et essaya de calmer son coeur qui battait la chamade.

— Pas mal.
Dit-elle, en regardant tristement ses cheveux tombés au sol.

Ils échangèrent des coups, il ne réussit pas à casser sa garde. C’était une adversaire redoutable, encore plus avec ses cheveux étranges.
De son côté, elle lui avait déjà fait quelques éraflures sur le corps sans qu’il ne s’en plaignent.
À force d’effort, les petites plaies commençaient à saigner et tacher ses vêtements.
Il était déjà difficile de penser à éviter les coups, en plus il devait prendre en compte la physique des cheveux piégés, il ne s’en sortait pas.
Il avait pu couper quelques centimètres de cheveux mais il restait encore beaucoup de marge.
Il savait qu’il n’allait pas durer longtemps.
Vlad essayait de trouver le bon timing pour intervenir mais il voyait bien qu’il n’allait pas non plus faire le poids. Voyant Cean dans une impasse, il pensa que c’était le bon moment et se jeta derrière.

2018.09.14