Urgence [RolePlay]

Elle fut convoquée en urgence dans le bureau du maître.

— Mes éclaireurs m’ont signalé un groupe dangereux… de notre race, à quelques kilomètres d’ici.

Elle était alertée et il n’eut pas encore formulé sa question qu’elle se proposait déjà à y aller les éliminer.
C’était une tâche qui lui tenait très à coeur.
Elle ne supportait pas que ces individus puissent blesser et tuer des innocents, et qu’ils menent cette non-vie de massacres sauvages dictés par leurs instincts de soif et de survie.
C’était pour eux également, une souffrance.
Ces créatures avaient été laissées en liberté après qu’on ait tenté de leur donner la vie éternelle, la personne avait-elle été trop sensible pour les achever, ou alors quelqu’un prenait un malin plaisir à les créér et les lâcher dans la nature pour un carnage sans précédent ? Elle n’avait pas trouvé de réponse claire à cette question informulée.

— Fais attention à toi.
— Je sais.

*

— Tu y vas ? Seule ?
— Oui, je comptais y aller seule, pourquoi ? Tu comptais m’accompagner ?
— J’aurais aimé mais je suis assigné à autre chose aujourd hui…
— Dommage.
— Tu n’emmènes pas Flora avec toi ?
— …
— Je pense qu’elle est prête, et puis elle doit mettre en pratique ce qu’elle a appris, sur le terrain. Tu ne penses pas ?
— Tu as raison mais…
— Tu ne lui as rien dit ? Ce n’est pas une enfant, tu sais. Un jour ou l’autre elle sera confrontée à ce genre de situation.

Entendant la conversation au loin, Flora fut attirée par le son de leur voix et elle prit part à la discussion.

— Hey, je vous cherchais. Vous êtes en train de vous disputer… ?
Elle regarda les deux, ses yeux allant de l’un à l’autre, ne comprenant pas pourquoi ils s’étaient tus lorsqu’elle s’était approchée.

— Non non, on parlait simplement…
— Chloé va aller traquer des gens dangereux de votre race. Et elle comptait y aller seule…
— Quoi ?! Mais. Je viens ! Hein, Chloé ? Je peux ?
— … Si tu veux. Frekio me faisait remarquer que c’était une bonne occasion pour mettre en pratique tes entraînements. Mais… ça risque d’être très dangereux… et tu n’as peut-être pas envie de voir ça… des gens comme nous mais… différents… on va devoir les neutraliser.

Elle n’osa pas regarder Flora dans les yeux. Elle voulait lui épargner ça mais maintenant que Frekio lui avait dit, elle savait qu’il avait raison. Elle ne pouvait pas mentir à Flora ni la protéger éternellement. C’était une adulte comme elle, et elle avait le droit de savoir et aussi faire ses choix.

— Dangereux… si c’est aussi dangereux que tu le dis, mieux vaut que je t’accompagne ! Non ? Et il va bien falloir qu’un jour je les affronte, alors autant que ce soit aujourd’hui que par surprise. Au moins je saurais à quoi m’attendre dans le futur.

Elle chercha du support dans les yeux de Frekio et il acquiesça, d’accord avec son argument.

— … Eh bien, d’accord. Préparons-nous et allons-y. Rapidement. Ils sont pas tout prêts alors on va prendre des chevaux. Prends le stricte minimum pour te défendre, je t’attends à l’étable dans environ un quart d’heure.

Chloé soupira et consentit à prendre Flora avec elle.

— Tu vois, c’était pas si difficile !
Lui donna une tape dans le dos, Frekio.

Elle lui jeta un regard mauvais en réponse.

2021.01.04

Apprentissage [RolePlay]

— Je suis appelée ailleurs pour une urgence, tu vas devoir te débrouiller sans moi aujourd’hui…

Chloé avait l’air inquiète mais elle n’avait pas le choix.
Elle dut laisser sa protégée un moment.

Flora l’avait rassurée. Cela faisait quelques jours déjà qu’elle arpentait les couloirs sans se perdre, ou du moins elle savait retrouver le chemin de sa chambre.
Elle s’était habituée un peu à l’étiquette et elle était plus à l’aise qu’à son arrivée.
La vie ici était déroutante mais elle avait la chance de s’adapter rapidement.
Chloé lui avait servi de guide, tout en lui expliquant les bases, et aujourd’hui, cela lui permettrait de souffler un peu, de visiter sans but particulier.
Elle se baladait alors, observant les détails nouveaux du château qu’elle n’avait pas déjà vu.
C’était un bel endroit et l’activité incessante dans les coulisses la surprenait.
Son regard reconnut une silhouette familière et Frekio apparut devant elle, souriant comme à son habitude.

— Hé, salut toi ! Flora, si je ne me trompe pas ?
— B-bonjour.

Elle s’inclina comme une véritable servante et son interlocuteur rit à gorge déployée.

— Oh, t’es pas obligée de te comporter comme ça avec moi. Je ne suis pas très fan des courbettes… Mais je vois que tu t’es vite habituée à notre petit monde. Ca me rappelle presque Chloé lorsqu’elle est arrivée ici.

Voyant la curiosité se dessiner sur son visage il continua.

— En parlant de la louve, elle n’est pas avec toi aujourd’hui ?
— Non… elle est occupée ailleurs…

— Quel dommage… hm… ça nous donne l’occasion de passer du temps sans qu’elle me réprimande.
Sourit-il à pleines dents.

Flora rougit légèrement.
Il y avait quelque chose chez lui qui lui plaisait et elle n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Il était chaleureux.
Elle était trop timide et intimidée pour parler, il continua la conversation.

— Si tu veux, je peux te faire la visite, s’il te reste encore des endroits à découvrir ? J’imagine que Chloé a dû te montrer les lieux les plus importants… au pire on va se balader. Tu es libre ?
— O-oui.

*

— Tu avais l’air intéressée par le passe de Chloé. Elle t’en a parlé ?

Elle fit non de la tête.

— Ah, je lui laisse le soin de te raconter certains détails mais je peux te dire que cet uniforme te va mieux quand même.

Elle rougit de nouveau, à croire qu’il faisait exprès de la taquiner.

— Oh, je ne dis pas ça pour te flatter, mais tu sais, quand elle est arrivée ici, elle avait la peau sur les os. Tu vois comme elle est aujourd’hui ? Imagine encore plus maigre… elle flottait dans cette robe. On pouvait se demander comment elle arrivait à tenir debout. C’était assez poignant comme vision… surtout que j’ai vu l’état de son corps quand je l’ai accompagnée à la salle d’eau. Elle avait peur d’y aller seule parce qu’elle connaissait pas les lieux. Rien que d’y penser, Chloé qui a peur, ça me fait doucement sourire quand on la voit aujourd’hui.

— Vous… vous êtes proches, non… ?
Osa t-elle demander. L’information qu’il l’ait vue nue l’ébranla plus que prévu et elle posa cette question qui sous entendait autre chose.

— Oh, on est juste de bons amis, même si parfois je me demande si elle n’est pas plutôt mon ennemie…

— Ah, d’accord…
Répondit-elle avec une pointe de soulagement. Pourquoi était-elle si soulagée ?

Il remarqua ses réactions. Elle était beaucoup plus expressive et… montrait plus ses faiblesses que sa protectrice, et cela l’amusa.

— Si ça peut te rassurer, je n’ai pas eu de relation plus intime avec Chloé… par contre elle en a eu avec au moins une autre personne… que tu as dû rencontrer à ton arrivée…
Dit-il, joueur. L’incitant à deviner qui cela pouvait être.

— Le comte… ?
Supposa t-elle, vu qu’il la regardait et s’adressait à elle vraiment d’une manière particulière, plus subtile, mais elle n’en était pas sure. Avaient-ils le droit d’avoir une relation ? C’était son maître quand même.

— Ah, sa relation avec le comte est… spéciale. C’est son maître, elle te l’a dit, non ? Du coup, disons que ça ne compte pas vraiment. Ils sont liés d’une manière très forte mais je pensais à une autre personne. Le majordome.
— B-bréto ?! Mais… vous êtes sûr… ?

Cette révélation la choquait.

— Haha ! Alors, déjà, tuttoie-moi, et oui. Mon flair ne me trompe jamais et même s’ils ont été très discrets à l’époque, il y a encore des rumeurs qui courent de nos jours. Si tu tends l’oreille, tu pourras p’tre entendre quelques commérages. C’est un peu le couple chouchou des employés.
— Mais… il est si… froid ?
— N’est-ce pas ! Il cache bien son jeu. Ils font un duo vraiment atypique. Rien que de l’imaginer mielleux et dans les bras de Chloé… c’est vraiment trop bizarre !

Elle pouffa de rire. Pour une fois, elle était moins tendue et Frekio se mit à apprécier son expression.
Ses petites tâches de rousseur et ses cheveux roux bouclés, elle avait son petit charme qui ne le laissa pas indifférent.
Frekio était intarissable. Il était bavard et Flora buvait ses paroles.
Puis il reprit un instant son sérieux.

— Je vois à quel point Chloé est heureuse depuis qu’elle est rentrée avec toi. Je sais pas si tu te rends compte à quel point ta présence est importante… comment te dire… je ne connais pas bien le processus de votre race, mais les nouveaux nés comme toi sont rares, ça c’est certain… et j’ai vu Chloé rentrer la mort dans l’âme de nombreuses fois… elle a beaucoup échoué, elle te le racontera peut-être si tu lui demandes mais je vais te raconter de mon point de vue. Je pense qu’elle a voulu sauver des humains comme elle a été sauvée par le maître, malheureusement ce n’est pas aussi simple que de le souhaiter. Je ne pense pas qu’elle te forcera à rester à ses côtés. La connaissant, elle doit juste être heureuse d’avoir pu te sauver, même si d’après le comte, la vie éternelle n’est pas un cadeau. Tu devrais être libre de faire ce que tu veux dès qu’elle aura fini de t’enseigner ce que tu dois savoir.
— Je… je ne sais pas ce que je dois faire… Je… crois que je me sens bien à ses côtés. Je lui dois énormément et elle prend encore soin de moi… j’ai grandi sans mes parents et… elle m’apporte vraiment beaucoup, je crois. Pour l’instant… si elle est d’accord… je pense que je vais rester avec elle… au moins pour pouvoir un jour lui rendre la monnaie de sa pièce…
— Si tu penses qu’elle t’a sauvé, et que ce n’est pas une malédiction, c’est déjà un grand soulagement que tu lui fais.
— Elle… elle m’a donnée une seconde chance… même si je ne peux pas retourner à ma vie d’avant… je découvre encore énormément de choses, et j’ai envie de continuer à vivre…
— C’est un bon début. Si tu restes à ses côtés, veille bien sur elle pour moi, d’accord ? Elle porte souvent trop de choses sur ses épaules et elle ne se confie jamais, j’ai l’impression… je sais qu’elle ne veut inquiéter personne mais je ne suis pas dupe.
— D’accord… je ferai de mon mieux !
— Merci !

Leur chemin finirent par croiser celui de Bréto.

— Ah, bonjour Bréto…

Le sourire de Frekio avait disparu.
Flora s’inclina en face du majordome qui les jaugeait du regard.

— Frekio, Flora.
Il s’inclina également.

— F-Flora a du mal à croire que Chloé et toi étiez amants… !
Lanca t-il pour faire diversion et il poussa Flora devant lui avant de s’éclipser en lui jetant un clin d’oeil.

Elle était plus qu’embarrassée et n’osa pas prononcer un mot ni relever la tête
Il était imposant et impressionnant à sa manière.
Il soupira et s’avança vers elle.

— Relevez la tête, mademoiselle Flora. Je vois bien que Frekio s’est joué de vous…

Elle s’excusa tout de même et elle crut lire un sourire sur son visage.

— Excusez-moi. Vous voir avec cet uniforme me rappelle beaucoup Chloé, mais vous êtes très différente. On peut lire en vous comme dans un livre ouvert.
— Je…
— Ce n’est pas un reproche. Ma remarque était peut-être déplacée. Veuillez me pardonner. Surtout ne soyez pas si tendue en ma présence. Vous êtes la protégée de Chloé et je ne vous causerai aucun tort… puis-je vous aider ?
— C’est que… est-ce que je dois savoir d’autres choses sur moi, mes manières ou mon comportement, ici… ?
— … Vous finirez par vous y habituer avec le temps. Ne soyez pas trop pressée ni trop dure avec vous même. Le temps, vous allez en avoir beaucoup. Je ne peux pas vous chaperonner comme notre ami Frekio, mais je n’ai rien contre votre compagnie. Si vous êtes interessée pour me suivre durant ma ronde. Je pourrais alors vous éclairer sur quelques sujets.
— Merci beaucoup !
— Votre énergie fait plaisir à voir.

Il ne pouvait s’empêcher de les comparer, parce qu’il avait encore l’image de Chloé dans cet uniforme à ses débuts, il avait encore des sentiments forts pour elle, mais elles étaient si différentes, qu’il souriait intérieurement. Il se rendit compte à quel point Chloé réprimait ses expressions et ses ressentis, ce qui n’était clairement pas le cas de Flora qui était enjouée ou intimidée et tous ses états d’âmes se lisaient sur son visage. Puis, elle était plus en chair que sa tutrice. Une poitrine plutôt généreuse et des formes qui remplissaient bien sa tenue. Elle avait des courbes.

Elle put apprendre en regardant Bréto travailler.
Et il avait une aura rassurante, finalement. Maintenant qu’il lui avait dit qu’elle ne devait pas le craindre, elle pouvait se relâcher un peu.

— Je pense que Chloé vous formera à l’art du combat, ou de la magie… elle-même pratique les arcanes, selon votre souhait et vos affinités avec le sujet, elle pourra peut-être vous superviser. Dans l’autre cas, ça sera certainement Frekio. Ce bougre passe beaucoup trop de temps à flâner.
— La magie ? Le combat… ?
— Oui. Nous autres créatures, nous devons apprendre à nous défendre contre certains dangers. Du moins ici. Mais cela sera toujours utile, même en ville.

Intérieurement, elle savait qu’elle avait plus d’affinités avec le combat, et pas seulement parce qu’elle voulait passer du temps avec Frekio.

— Est-ce que vous appréciez votre séjour ici ?
— O-oui. Merci de prendre soin de moi et de m’accepter parmi vous…
— Nous sommes de la même race. Nous devons nous entraider.
— Euh… est-ce qu’il y en a d’autres comme nous ici… ?
— Non.
— Pourquoi… ? Je veux dire, est-ce que… le comte est votre maître aussi… ?
— Oui, et c’est plus complexe que ça… notre maître n’est pas aussi optimiste que Chloé… et moi je n’ai jamais eu d’intérêt de perpétuer notre race. Je suis comblé par le simple fait de servir mon maître. Ce qui explique notre nombre restreint.

Il était sérieux, dur et même un peu froid lorsqu’il donnait des ordres mais en dehors de ce contexte, ses traits se radoucissaient un peu.
Et ce fut flagrant maintenant que Frekio lui avait dit, mais lorsque Chloé revint de sa tâche et qu’elle croisa leur chemin, elle vit le regard de Bréto changer.
Et elle comprit comment Chloé avait pu s’attacher à lui.

— Bréto, Flora !
S’exclama t-elle.

— Chloé.

Le coeur de Flora bondit de joie.
Elle ne savait pas trop pourquoi mais elle était heureuse de la retrouver et elle s’inclina vers Bréto pour le remercier avant de rejoindre sa maîtresse.
Elle avait appris si peu et à la fois beaucoup sur qui était Chloé et elle avait envie de lui poser des questions.

— Merci d’avoir pris soin de Flora durant mon absence.
Dit Chloé en s’inclinant.

Une mèche de sa coiffure s’était défaite et Bréto tendit la main pour la replacer dans ses cheveux.
Son geste était d’une délicatesse que Flora en resta bouche bée.

— Merci…
Murmura Chloé, sans aucune émotion visible sur son visage.

Bréto était également impassible de l’extérieur.

— Sur ce, nous nous reverrons plus tard.
Il s’inclina et s’en alla dans la direction opposée.

Chloé se tourna dans la direction de Flora sans attendre.

— Je suis vraiment désolée de t’avoir laissée seule… !
S’excusa t-elle, les sourcils étant la seule marque d’expression sur son visage.

— Non, ne sois pas désolée ! Je me suis bien amusée ! Frekio m’a tenue compagnie aussi !
— Ah… si tu le dis alors… tu as passé une bonne journée ?
— Oui ! Excellente !
— Est-ce que tu as envie de faire quelque chose en particulier ?
— Hm… retourner dans la chambre ? J’ai plein de questions !

— D’accord…
Sourit-elle.

*

C’était étrange.
La manière dont Flora avait de s’adresser à Chloé. Comme une amie mais qui avait l’air plus jeune.
Aucune marque de respect en particulier, contrairement à elle et son maître.
Elle n’était pas sa maîtresse.
Elle ne s’était jamais positionnée sur ce genre de relation.
Elle la considérait presque comme une soeur, ou comme une présence de grande soeur, ce qui était perturbant vu qu’elle faisait plus jeune.

*

Flora s’était avanturée dans les jardins intérieurs du domaine seule.
Elle souhaitait juste se balader en attendant Chloé et elle ne vit pas le danger venir.
Une autre créature du domaine profita de son insouciance pour l’attaquer. Peut-être pensait-elle qu’une simple servante, surtout nouvelle, ne devait pas être importante et qu’on ne lui prêterait aucune intention s’il lui arrivait quelque chose.
Elle n’eut le temps que de sursauter de surprise puis de peur lorsqu’elle aperçut la silhouette se jeter sur elle vivement.
Elle ferma les yeux et chercha à se proteger.
Un bruit retentit et en rouvrant ses paupières, elle vit Chloé près d’elle.
Elle avait été rapide et elle s’était interposée entre elle et la forme inconnue, qui s’était enfuie au plus vite.
Chloé avait eu le temps de retenir son visage et cela serait rapporté au maître, mais elle ne fit aucun commentaire de plus et se retourna vers Flora.

— Tu n’as rien ?
Demanda t-elle, avec une pointe d’inquiétude dans sa voix.

— N-non, je crois. C’était quoi… ?!

Le coeur battant encore à toute allure, Flora se tenait la poitrine comme si cela pouvait l’aider à se calmer et ralentir son rythme cardiaque.
Chloé avait pris un coup de griffe sur son bras et cela avait déchiré sa manche et sa chair qui dégoulinait sur le sol. C’est le bruit des gouttes s’échouant sur l’herbe qui l’avait interpelée et lorsqu’elle vit les taches et l’état de Chloé, elle se figea. Elle était sous le choc.

— M-mais, Chloé ! Ton bras !!!
— Ah. Ce n’est rien. Ne t’en fais pas. Ca va vite guérir, par contre Erynia va faire la tête lorsque je vais lui amener ma tenue…
— Mais on s’en fiche de la tenue, tu saignes ! Et pas qu’un peu !!!
— Flora, calme-toi, regarde.

Et en un rien de temps, le sang coagula et les flots cessèrent pour cicatriser et la plaie se refermer sous les yeux ébahis de la rousse.

*

Il eut plusieurs épisodes ou Chloé intervint pour protéger et materner Flora qui lui sont gravés dans sa mémoire et qui ont fait qu’elle suivrait Chloé jusqu’au bout du monde. En plus du fait qu’elle l’adorait vraiment.
Elle prit des cours de combats auprès de Frekio et en plusieurs mois, elle avait déjà un bon niveau.
Chloé la testa un peu sur le terrain d’entraînement et elle fut satisfaite de ce qu’elle avait appris.

— Je vois que tes efforts ont porté leurs fruits, je suis fière de toi. Cela te servira si tu veux faire ta vie et être indépendante.

Quelque chose se resserra dans sa poitrine. Elle ne voulait pas partir. Elle était bien en compagnie de Chloé. C’était rassurant d’être à ses côtés. Après tout, cette nouvelle vie lui faisait peur. C’était beaucoup plus facile d’être sous la protection de Chloé, même son but, aurait été de pouvoir protéger Chloé à son tour.
Elle baissa la tête, songeuse, à ces mots. Ne sachant pas comment réagir ni quoi répondre.

Frekio était dans les parages et toussa pour couper ce moment gênant.

Elles restèrent encore quelques mois avant que Chloé ne décide que l’apprentissage de Flora était terminé.

— Je… je ne veux pas être seule… je veux continuer à rester à tes côtés… est-ce que je peux ?
Demanda t-elle, anxieuse. Ses mains avaient attrapé celles de Chloé et se resserraient.

— Ah… bien sûr que tu peux, ça me touche que ma compagnie ne te sois pas désagréable. Tu peux rester autant que tu veux avec moi. Juste, garde en tête que tu n’es en aucun cas forcée de me suivre. D’accord ?
— C’est compris !

2021.01.01

Première [RolePlay]

Flora se souvenait encore de leur première rencontre.

Elle qui était en train de se vider de son sang dans une ruelle sombre.
Elle s’était faite agresser et cela avait mal tourné. Elle ne s’était pas laissée faire et eux non plus, résultant d’une bagarre. Elle les avait tué mais elle avait été blessée. Mortellement.

Pourquoi la vie avait-elle été aussi injuste avec elle ?
Ses parents s’étaient suicidés et elle avait découvert leur corps alors qu’elle n’était qu’une enfant.
Elle ne s’était pas laissée abattre, parce qu’elle n’avait pas le choix, son histoire aurait pu s’arrêter là mais non.
Elle en avait décide autrement. Alors elle avait continué à vivre sa vie, elle avait continué ses études, réussit à obtenir une bourse, elle était dans sa vingtaine, en études supérieures et le peu d’argent qu’elle avait pour vivre, était sa bourse qu’elle utilisait avec parcimonie. Son logement étudiant était en partie payé par cette chance qu’elle avait. Et son intelligence.
Elle avait la tête bien faite et c’était une chose que ses parents lui avaient laissée.

Alors, quand ces jeunes brigands l’avaient menacée de leur donner ses affaires et tout ce qu’il y avait de valeur.
Elle avait refusé. Elle s’était battue pour arriver où elle en était. Et elle ne laisserait pas ces gens la voler sans rien faire. C’était ce qu’elle s’était dit, mais même la plus intelligente de sa promo pouvait ne pas prendre la plus intelligente des décisions.
Lorsqu’ils sortirent leurs armes blanches, de manière dissuasive, aux premiers abords. Elle s’était figée puis elle avait paniqué.
Puis quelqu’un s’était approché d’elle pour la forcer à donner son porte-monnaie et son sac à dos.
Elle n’avait pas réfléchi et par réflexe elle l’attaqua et réussit à lui prendre son couteau, et le retourner contre lui.

— Putain, c’est une tarée, elle va m’ouvrir si ça continue. Les gars, aidez-moi !
— La garce, elle va pas s’en tirer comme ça !
— Il y a tant de choses dans tes affaires qui valent plus que ta vie ?!

Elle ne savait pas quoi répondre.
Pour elle, c’était logique et par principe, elle ne voulait pas donner à une bande de voleurs ce qu’elle possédait et ce qui allait lui servir à survivre pour les prochaines semaines à venir. Autant se tirer une balle dans le pied.
Elle n’eut pas le temps de se poser pour penser que ses adversaires foncèrent sur elle pour la désarmer ou juste l’attaquer et lui faire peur ?
Elle réagit par instinct et elle blessa son premier homme. Qui recula et se mit à tituber, se vidant de son sang.

— Les gars… elle m’a eut…
— La salope, elle est dangereuse, tuez-la !

Cela ne pouvait pas bien finir.
Quelle ironie. Ses parents n’avaient plus eu envie de vivre alors qu’elle, elle s’était battue pour sa vie et même au siège de la mort, elle avait la soif de vivre.

Il s’était mis à pleuvoir et elle regardait le ciel, suppliant une présence invisible et intérieurement, de la laisser vivre. Pourquoi le destin s’acharnait sur elle ? Se dit-elle. Elle était arrivée aussi loin pour mourir ainsi ?
C’était injuste. Sa seule fierté c’était qu’elle n’avait pas cédé ses affaires, alors un sourire se dessina sur son visage.
Et une silhouette apparu au dessus d’elle.

Elle avait senti l’odeur du sang et était venue jusqu’ici, assistant à toute la scène sans pouvoir intervenir.
Elle prit en pitié la pauvre et malchanceuse jeune femme au sol.
Elle s’approcha d’elle et elle savait qu’elle était encore en vie, mais qu’elle allait mourir bientôt.
Affaiblie et se vidant de son sang.
Elle l’aida à se redresser légèrement et lui demanda avant qu’elle ne perdre totalement conscience.

— Si tu veux vivre, peu importe le prix, réponds-moi.
Souffla t-elle.

Elle rouvrit les paupières et essaya de deviner les traits de la personne à ses côtés mais il faisait trop sombre.

— Je ne veux pas mourir…
Réussit-elle à prononcer.

L’étrangère n’attendit pas une seconde de plus et elle s’ouvrit le poignet et le porta à sa bouche.

— Bois. Ne pose pas de questions.
Ordonna t-elle.

La blessée s’exécuta.
Ses blessures avaient guéri par magie. Pas complètement mais elle n’était plus en train d’agoniser au sol.
Elle essaya de se relever aussitôt.

— Tu habites où ? Je te raccompagne.
— …
— Donne-moi ton adresse, tu ne vas pas rester consciente longtemps.

Et elle lui dit son adresse avant de perdre connaissance.
Chloé la porta et fouilla dans ses affaires pour trouver l’étage et l’appartemrnt exact, puis ses clés.
Elle allonga le corps de sa protégée sur son lit et attendit qu’elle reprenne ses esprits.
Elle se rappelait du rituel que son maître avait fait sur elle. Ce n’était pas son premier essai et elle devait prendre ses précautions.
Elle voulait y croire. Que cette tentative ne soit pas un échec et qu’elle n’ait pas besoin d’y mettre un terme, de ses propres mains.
La tête encore dans les vapes. La rousse se réveilla.

— Je… suis chez moi ?
— Oui, je me suis permise d’entrer… j’ai posé tes affaires sur la table.

Elle était sur ses gardes.

— Vous m’avez sauvée ? Comment… pourquoi ?
— Cela dépendra de ta volonté. Disons que je t’ai donné un surcis. Si tu acceptes ta condition et que tu arrives à supporter… tes pulsions, tu pourras continuer à faire ce que tu veux…
— Ma volonté ? À quoi ? Quelle condition ? J’ai bu votre… sang, c’est ça ?
— Je sais que ça fait beaucoup de questions. Pour la faire simple. Je ne suis pas humaine, je suis ce que vous appelez parfois « vampire » en tout cas nous avons quelques codes similaires.
— Je suis devenue une vampire… ?
— Pas encore totalement. Je n’ai pas fini ta transformation. Mon sang n’a pu que te soigner mais il est également un poison qui va grignoter peu à peu ton humanité et te rendre dépendante à son goût. As-tu peur ?
— Non… enfin… je comprends mieux cette sensation… étrange de brûlure dans ma gorge… elle devient de plus en plus insupportable…

Elle s’approcha d’elle. De manière instantannée.

— Es-tu prête ?
— Pour… ?
— Je vais finir ta transformation et pour cela, je dois boire ton sang.
— D… d’accord ? Je n’ai pas vraiment le choix, n’est-ce pas ?
— Si. Tu peux encore refuser et je te tuerai ici.
— La mort ou… l’inconnu. Non, ça va. Je suis prête. Buvez mon sang…

Elle se pencha sur sa nuque et elle enfonça ses crocs dans sa chair et elle but.
Elle en avait oublié le goût si spécial du sang humain et elle faillit perdre pied.

Ce n’était pas désagréable. Pas tant que ça.
Elle sentit la vie et la chaleur la quitter et elle crut qu’elle était morte un instant.
Elle s’était endormie. Vidée et fatiguée.
À son réveil, beaucoup trop de questions se bousculaient dans sa tête. Et surtout une soif extrême et ce n’était pas de l’eau qu’elle voulait boire.

— Ah, elle m’avait prévenue… c’est… tellement dur de ne pas juste me laisser aller et… sauter au cou de cette fille.
Se dit-elle intérieurement

— Tu es réveillée ? Comment te sens-tu ? Est-ce que tu te souviens… ?
Elle était un peu en retrait, elle la sondait.

Elle se souvenait de ses échecs où son interlocuteur l’agressait pour tenter de la vider de son sang. Elle se tenait sur ses gardes et elle essayait de deviner les pensées de la nouvelle née.

— Oui… je crois que ça va… c’est normal que j’ai envie de… vous attaquer… ?
Elle était confuse et elle se contrôlait, du moins elle essayait.

— Oui. Ce sont nos pulsions bestiales, nos besoins primaires. Si nous n’arrivons pas à nous contrôler et qu’on se laisse aller… nous ne valons pas plus que des animaux… et dangereux. Si tu le souhaites, je pourrais t’aider à gérer cette sensation. Elle finit par s’estomper…

Elle sourit tristement mais continuait d’observer son comportement, sur la défensive.

— Je… j’imagine que si je perds le contrôle… et que je ne suis plus animée que par mes pulsions… vous me tuerez ?
— Oui.
— Je vois.
— Tu n’as pas peur ?
— Non, ça me rassure. J’imagine que si je deviens dangereuse, je risque de tuer des innocents, c’est ça ? Je préfère encore que vous m’empêchez de nuire.

— Eh bien… tu as du tempérament, toi.
Sourit-elle, surprise.

— Par contre… c’est vraiment dur de garder la tête froide avec cette… brûlure… de l’intérieur… je vais devoir supporter ça longtemps… ?
— Tu es vraiment forte.

Elle s’approcha alors d’elle. La femme aux cheveux rouges était recroquevillée sur elle-même sur son lit, et faisait peine à voir.

— Je vais peut-être finalement perdre la tête… si cette douleur ne s’estompe pas…
— Ne t’en fais pas. Les premiers instants sont les plus difficiles. Je vais te soulager. Bois mon sang.
— Q-quoi ?! Mais- je-
— Ne t’inquiète pas. Je pense que je peux te faire confiance. Tu as la volonté en toi. Regarde tes dents, tes canines.

Elle passa ses doigts sur ses lèvres et elle entrouvrit la bouche.
La brune caressa ses canines pointues et la pointe aiguisée s’enfonça légèrement au bout de ses doigts.
La goutte de sang s’écoula sur sa lèvre, ses dents et dans sa bouche.

— Mais- je.
— Oui. Tu as un peu changé physiquement depuis. Tu vas devoir apprendre à t’en servir. Ce que je t’ai fait. Tu vas le reproduire sur moi. Enfonce tes canines au niveau de mes artères et abreuve-toi.
— Comment je fais pour savoir que je ne vais pas vous tuer… ?
— Je t’arrêterai avant.
— Je…
— Je te fais confiance, alors fais-toi confiance.

— Tu me rappelles ma première fois.
Sourit-elle chaleureusement.

*

Elle tituba un peu.

— Est-ce que vous allez bien ? Je suis désolée !
— Oui oui, merci de t’en inquiéter. Ca va aller.

*

— Au fait, je m’appelle Chloé. Tu peux m’appeler Chloé.
— Moi, c’est Flora…
— Je sais.
— Ah bon ?
— J’ai vu ta carte d’identité.
— Ah bah oui…

— Tu sais qu’il va être compliqué que tu continues ta vie d’avant… même si tu es « vivante ». Ta peau, ton apparence, ta froideur… puis tu ne vieilliras plus…
— Ah… je m’en doutais un peu. Mais vous m’avez donnée une seconde chance. N’est-ce pas ?
— On peut voir ça comme ça.
— Pourquoi… ?
— J’ai vu du potentiel en toi…
— Ah… ?
— Notre race est en voie d’extinction. Quand je parle de notre race, je parle de ceux qui n’ont pas perdu le contrôle. La plupart se multiplient en créant des nouveaux nés dangereux et ne se préoccupent pas de l’équilibre, de l’utilité de garder une conscience.
— On est beaucoup… ?
— À vrai dire. Non. Mais du peu que nous sommes, la majorité n’est pas dotée de volonté ni d’intelligence comme toi et moi.
— C’est rassurant…
— Mais j’aime penser que ceux comme nous sont plus nombreux que je ne pourrais le croire, c’est juste qu’ils sont très discrets.

— Qu’est-ce que je dois faire maintenant… ?
— Je te conseille de quitter la ville et laisser tout ça derrière toi. Après à toi de voir comment le gérer.
— … Je vais simuler ma disparition quoi…
— C’est pas une mauvaise idée.
— Comment tu avais fait, toi ?
— Je n’ai pas eu besoin.
— Ah. Euh au fait, on se tutoie ? C’est que t’as l’air plus jeune que moi…
— Aucun problème… ! Si tu savais l’âge que j’ai réellement… mais ça me va. Tu peux me tutoyer.
— Si tu as l’air si jeune, c’est qu’on t’a… ?
— Oui. J’étais jeune à l’époque.

Flora profita de sa chance pour rendre son appartement. Arrêter ses études. Avec un poids sur le coeur. Elle aurait tellement aimé continuer ses études et être diplômée, elle avait 25 ans et elle aurait pu faire un master et un doctorat, mais tout ça, c’était maintenant derrière elle.
Elle prévint ses professeurs et ses quelques camarades de promotion qu’elle devait retourner à la campagne pour des raisons familiales, pas le choix.
La mort dans l’âme, elle leur dit au revoir.
Puis elle fit ses affaires et elle suivit Chloé.
Elle sentait qu’elle était maintenant liée à elle.

Elle ne savait pas où aller et elle pouvait lui faire confiance. Elle ne lui avait pas forcé la main mais elle lui laissait plusieurs alternatives.

— Tu peux venir avec moi, ou bien te débrouiller en solitaire… à toi de voir.
— Je n’en sais pas assez… j’aurai trop peur de faire des bêtises…
— C’est vrai que tu manques encore d’expérience mais tu as su me prouver que tu avais toute ta tête. C’est déjà beaucoup.
— Je peux rester avec toi encore un peu… ? J’ai nulle part où aller maintenant…
— Bien sûr. Je n’allais pas t’abandonner. Suis-moi alors. On va aller dans un endroit idéal pour t’apprendre plein de choses. Et tu vas rencontrer mon maître.
— Ton… quoi ?
— Celui qui a fait de moi ce que je suis aujourd’hui.
— Est-ce que je dois t’appeler… ma maîtresse ?
— Oh non, c’est juste que… oh tu verras quand on arrivera.

Et elle comprit l’époque et le contexte.

— Sois toi-même et tout ira bien.

Chloé avait vérifié que la tenue de Flora n’ait aucun défaut de plus et elle lui avait dit ces mots avant de frapper et d’entrer dans le bureau. Le sourire rassurant et confiante.

— Maître, je vous présente Flora.

Chloé avait fait une révérence et s’était inclinée.
Flora, perturbée, avait tenté de faire pareil.
Son regard s’était posé sur cette figure imposante par son aura, son maître était effrayant à ses yeux. Il était froid et il lui semblait qu’elle aurait pu mourir rien que d’un claquement de doigts.

— … C’est une nouvelle née.
Prononça t-il, de manière neutre mais beaucoup trop froide, presque désapprobateur.

— Oui. Je lui enseignerai tout ce qu’il faut savoir comme vous l’avez fait pour moi.
Expliqua Chloé sans sourciller.

— Bien. Flora, j’espère que vous ferez attention à vos faits et gestes dans mon domaine. Si vous commettez des erreurs, elles seront de la responsabilité de votre tutrice, Chloé. Je vous conseille de bien vous tenir.
Dit-il en se tournant vers elle. Son regard était dur, sévère et sans aucune once de sympathie. Elle n’osa même pas relever sa tête.

— Outre cet avertissement. Vous êtes la bienvenue ici et si vous avez des demandes, faites en part à Chloé.

Il aquiesça en direction de Chloé, lui donnant l’autorisation de faire ce qu’il faut.

*

Elles s’étaient dirigées dans une forêt et Chloé s’était arrêtée devant un buisson et un regroupement d’arbres particulier par rapport aux autres aux alentours.
Elle se faufila dans le buisson et fit signe à Flora de la suivre.

— Donne-moi la main.

Elle s’excécuta et Chloé posa sa main sur la façade du tronc cachée par le buisson.
Elles passèrent à travers l’écorce et en marchant, elles se retrouvèrent dans un tout autre endroit.
Une autre forêt beaucoup moins accueillante.

— Wouah… c’est… c’était quoi ?
— Un portail que j’ai créé. Reste près de moi. Ca peut être dangereux.

Elle obéit et resta sur ses gardes, regardant autour d’elle en essayant d’apercevoir les présences qu’elles percevait derrière les arbres et buissons.

— Le domaine n’est pas loin. Parmi les autres personnes importantes mis à part le maître, il y a Bréto, son majordome. Une armoire à glace, tu le reconnaitras tout de suite, et Frekio… Qui devrait nous tomber dessus parce qu’il adore flâner.
— Un majordome… ? C’est quelqu’un de riche, ton maître… ?
— En quelque sorte.

Flora aperçut le grillage du domaine et une partie du château dépasser du bois et les hectares de terrain.

— Ah d’accord… ça rigole pas.
— Ca peut être dépaysant pour toi, si tu as connu que la vie urbaine.
— Euh… oui. Est-ce que je dois savoir d’autres choses… ?
— Si tu te comportes comme quelqu’un de civilisé, ça devrait aller. Je crois ?
— … rassurant.

*

— Bonjour Chloé. Puis-je vous aider ?
— Bonjour Bréto. Oui. Est-ce que le maître est dans son bureau ?
— Oui. Il doit vous y attendre. Il devient rare de voir de nouvelles têtes par ici.

Il s’inclina en direction de Flora pour la saluer et elle ne sut pas comment réagir.
Paniquée et embarrassée elle tenta de faire pareil.

— Flora, voici Bréto. Le majordome des lieux. Veuillez excuser sa maladresse, elle n’est pas de notre époque et les moeurs ont drastiquement changé depuis…
— Bien sûr. Je ne lui en tiens pas rigueur. Enchanté de faire votre connaissance, Flora.
— Nous n’allons pas faire attendre plus longtemps le comté, merci Bréto.

Chloé s’inclina et se dirigea vers un escalier.
Flora lui emboîta le pas timidement.

— Je suis désolée… je…
— Non non, ne t’inquiète pas. Il peut paraître un peu froid mais il est loin d’être méchant. Tu es nouvelle, tu ne crains rien. Tant que tu ne cherches pas des problèmes.
— Non !
— Alors détends-toi.

Elle lui sourit et cela la calma un peu.

— Mais… c’est tellement étrange de t’entendre t’exprimer comme ça ! Je me croirais dans un film !
— Ahah, ce n’est pas faux. C’étaient l’étiquette et les manières de mon temps. On peut dire que ce petit monde est un peu figé à cette époque.
— … Bréto… le majordome… il était pas un peu bizarre… ? J’ai cru sentir… une odeur familière sur lui. Je me trompe peut-être… ?
— Tu ne te trompes pas. Il est comme nous.
— Tout le monde est comme nous, ici ?
— Non. Pas exactement. Disons qu’il existe plein d’espèces différentes et nous co-existons tous ensemble ici. Selon certaines règles.
— Euh, j’ai une autre question… les présences dans la forêt… ? C’était pas mon imagination ?
— Non. Il y a des créatures dans la forêt. Et elles ne sont pas toutes gentilles.

Durant leur trajet elles discutèrent, puis elles arrivèrent à destination.

*

— Hé Chloé ! Tu nous amènes une invitée ? Moi c’est Frekio ! Bienvenue ici. Si tu as des questions, je me ferai une joie de te répondre ou d’être ton guide !

— Salut Frekio… Flora, voici l’énergumène dont je te parlais.
Soupira Chloé.

— Quoi ? C’est comme ça que tu me présentes ?! Tu n’as pas de coeur ! Je suis un des gardes rapprochés du maître ! Un peu plus de respect s’il te plait ! Enchanté, Flora, c’est ça ?

Il lui baisa la main et elle rougit.

— Bon, maintenant que les présentations sont faites, va voir ailleurs si j’y suis.
— Pourquoi t’es aussi froide avec moi ?! Tu m’as manquée ! Je voulais que tu me racontes comment c’est dehors !

— Une autre fois, Frekio. Nous avons des choses à faire.
Soupira t-elle encore, exaspérée.

— À plus Flora !
Fit-il de la main en lui lançant un clin d’oeil avant de s’en aller.

— Excuse-le, il n’est vraiment pas possible…
— Tu as l’air de bien le connaitre…
— Oh oui. Un très bon ami, même s’il est parfois un peu trop… lui.
— Juste ami… ? Vous aviez l’air proches… ?
— … Encore heureux ! Ah non, on a jamais été plus proches que des amis !

— Ah pardon… c’était peut-être indiscret…
Répondit-elle les joues rouges.

— Non pas du tout, ne t’en fais pas pour ce genre de questions. Tu peux me demander tout ce qui te passe par la tête.

Chloé lui montra sa chambre qui était restée intacte avec le petit lit pour une personne.

— Je peux te laisser ma chambre si cela te convient.
— Mais, et toi… ?
— J’ai mes aises ici. Fais comme chez toi ici. Désolée, c’est assez rustique mais l’essentiel y est.
— C’est parfait. Merci beaucoup.
— On pourra discuter ici de manière un peu plus intime, il y a des oreilles un peu partout dans le château. Je dois avoir mon ancien uniforme dans un de mes placards… ah le voici ! Il est presque comme neuf… mais je pense qu’il va nécessiter des retouches pour qu’il t’aille.
— Tu es sure que je peux le porter… ?
— Oui, je ne le porterai plus, ma tenue est ici, regarde. J’ai porté cet uniforme à mon arrivée ici… quelle nostalgie… ah pardonne-moi. On va aller rendre visite à Erinya, c’est la dame en chef des servantes. Elle pourra faire quelque chose pour ta tenue. Si ça ne te dérange pas, je vais me changer ici d’abord.

*

— C’est un très beau geste plein de sens que Chloé te fait là, petite Flora. Elle t’offre son uniforme de servante.

Chloé ne savait plus où se mettre, gênée par les mots et la révélation de son geste.

— Il est déjà plus à ta taille mais effectivement, il va manquer quelques retouches pour que ce soit parfait.

2020.12.31

Voiture [RolePlay]

Elle profita d’un moment pour réserver dans un restaurant chic et inviter ses trois proches : Flora, Nao et Vladislaw, à son retour.
C’était une sorte de rituel. Pour les remercier d’avoir pris la relève durant sa courte abscence et pour passer un peu de temps tous ensemble.

Flora était expressive et sa joie s’exprimait souvent en bondissant dans les bras de Chloé. Ce qui lui valait le regard noir de Nao. Qui aurait souhaité secrètement faire la même chose mais il était beaucoup trop timide.
Vlad’ ne prêtait plus attention à ces effusions.
Il était plus détaché. C’était le plus jeune du groupe en terme de vie en communauté avec eux. Il était le dernier à les rejoindre et sa vie en tant que non-humain était encore à ses prémices si on ramenait à l’échelle des autres.

— Je vous emmène au restaurant ce soir. Soyez prêts pour 19h.
— Je peux conduire, dis ?!

C’était Flora qui bondit de joie et posa sa question qui n’en était pas vraiment une.

— Si cela te fait plaisir.
Sourit Chloé, qui lui tendit les clés de la dite voiture.

— Vous êtes beaucoup trop permissive avec Flora, vous lui cédez trop de choses… !
S’indigna Nao.

— Ah… ? Vraiment… ? Ou tu voudrais conduire à sa place, Nao ?
Demanda t-elle, songeuse.

— Non, ce n’est pas ça… elle est trop gâtée Flora, elle ne sait même pas se tenir correctement en public…
— Je ne te permets pas, oh ! Et puis je ne vais pas faire de bêtises avec la voiture de Chloé ! T’es juste jaloux !

Le ton commençait à monter et Vladislaw soupira.

— Assez.

Chloé n’eut pas à dire plus. Son ton sévère sembla arrêter le temps et les deux se calmèrent.

— Je ne vois pas d’inconvénient à autoriser Flora à conduire la voiture. Ce n’est pas du favoritisme, elle me l’a demandé, j’ai accepté. Si tu as des requêtes, Nao, ne te retiens pas, je sais que tu es plus réservé, mais il n’y a aucune raison que je refuse si c’est justifié.
Expliqua t-elle, d’une voix douce qui les apaisa.

Flora bouda un peu et Nao baissait la tête, honteux de se faire réprimander.
Mais il avait quelque chose qui lui trottait dans la tête, et cela le rongeait de ne pas pouvoir l’exprimer.
C’était le bon moment pour le demander, il fallait qu’il prenne son courage à deux mains pour le formuler.

— Dans ce cas… est-ce que je peux dormir avec vous ?

Il eut un blanc.
Vlad’ le regarda les yeux tout ronds, se demandant s’il avait perdu la tête, et d’un autre côté il savait que Flora se glissait régulièrement dans la chambre de Chloé.
Mais il gardait son ressenti pour lui, expliquant peut-être ça par son statut de femme et son statut d’aînée et de favorite.
Et Flora ne réagit pas plus.

— Eh bien, bien sûr.
Répondit Chloé, comme à son habitude.

— Si tout est réglé, et que personne n’a autre chose à ajouter… ?
Reprit-elle la parole.

Personne n’avait autre chose à dire. Alors ils disposèrent et se préparèrent pour la sortie de la soirée.
Vlad’ était encore sous le choc.
Etait-ce aussi simple ? Il fallait juste demander ?

2020.12.27

Meuble [RolePlay]

Ca y est, elle est arrivée devant la porte du bureau du maître des lieux.
Hésitante, elle se frotte le dos de la main.
Elle se rend alors compte de la moiteur de celles-ci.
Elle s’essuit hâtivement dans son tablier.
Elle prend une grande respiration ainsi que son courage, et attrape le heurtoir au dessus des poignées de la double porte, et s’annonce d’un coup, sec.
Le bruit assourdissant de son geste la surprend, et elle craint d’y avoir mis trop de force.
Elle n’a pas le temps de s’en soucier qu’une voix l’invite déjà à entrer.

« Entrez, mademoiselle Chloé. Je vous attendais. »

La pièce est sombre, quelques halos de lumières perçant à travers les rideaux épais devant la fenêtre lui permettent de profiter de la richesse de la décoration : statues, bustes et bibelots sur les étagères. Elle ne remarque pas tout de suite la présence immobile du comte derrière son bureau. Distraite, elle continue sa contemplation, et oublie la longueur de son uniforme légèrement trop long.
Ce qui devait arriver, arriva. Elle marcha sur un pan de la robe et perdit l’équilibre.
Elle étouffa un cri avant de s’échouer sur le bureau en bois massif.
Ses paumes s’appuyant sur la première surface qu’elle pourrait atteindre, malheureusement elle ne put empêcher le choc de son visage contre le magnifique et solide meuble.
Si ce n’était pas une entrée fracassante.

Empêtrée dans les tissus de son uniforme, elle se relève péniblement, vérifiant qu’elle n’avait pas déchiré sa tenue dans son immense maladresse. Puis en second temps, son propre visage.
Son crâne avait fait un bruit assourdissant, et une marque était maintenant visible sur son front et l’arrête de son nez.
Le comte était assis juste là, devant elle, les mains jointes devant son nez, il était immobile, impassible et avait assisté à toute la scène.
La petite Chloé remarqua sa présence tardivement, la douleur laissa place à la honte.
Elle sentit ses joues et ses oreilles se remplir de son sang chaud, et elle ravala tant bien que mal ses larmes.
Elle avait été ridicule et enchaînait les bourdes depuis son arrivée.
Quelle image le maître des lieux pouvait-il avoir d’elle, à présent ?
Le visage dur et inexpressif de l’homme n’arrangeait rien à son ressenti.

« B-bonjour… ! P-pardonnez-moi… ! »

Bredouilla t-elle, en s’inclinant machinalement aussitôt, oubliant la proximité de sa tête, elle se cogna une seconde fois contre ce joli bureau.
Elle étouffe un gémissement de douleur, en se massant le front une seconde fois.
Elle recule alors aussitôt, pour éviter de reproduire cette erreur.
Dans sa hâte, elle marche cette fois-ci sur le pans arrière de sa robe.
Sa chute est inévitable.

Elle sent alors une présence autour d’elle, la stoppant net.
Des bras l’entourent et le visage d’un homme est à quelques centimètres du sien.

« Bonjour, mademoiselle…Chloé ? Pardonnez-moi. Je crains de ne connaître que votre prénom. »

Elle se retrouve ainsi dans les bras du comte, qui a l’air amusé de cette situation, compte tenu du micro-sourire qu’il a au coin des lèvres et qui a du mal à quitter son visage.
Cette proximité est une aubaine, elle arrive à admirer les traits de cet homme malgré la faible luminosité. Subjuguée par sa chevelure ample et soignée, son teint étrangement pâle mais pas moins beau. Ses mains ne sont plus là pour obstruer le bas de son visage, et son expression est beaucoup moins froide à cette distance. Elle entraperçoit même la blancheur éclatante de sa dentition qui se reflètent un court instant dans les pupilles sombres de la jeune servante.
Sans parler de cette voix envoûtante qui résonne en elle, et entre les murs de cette pièce.
Une voix qui paraissait froide aux premiers abords, grondante et rauque qui laissait deviner qu’il avait l’habitude de contrôler et d’imposer un certain respect, mais également posée et assurée, tellement rassurante aux oreilles de Chloé.
Son regard la transperçait et semblait lire en elle.
Le temps semblait s’être arrêté, et elle avait inconsciemment retenu sa respiration.

Quand soudain, elle sentit un liquide tiède couler de son nez.
Un filet rouge vif se dessine sur son visage, de sa narine jusqu’à ses lèvres.
Elle sent le comte plus tendu, il s’éloigne presque aussitôt qu’elle arrive à se maintenir à nouveau sur ses deux jambes.

« Il faudra faire quelque chose pour cet uniforme, qui est vraisemblablement pas à votre taille. »

Dit-il, préoccupé, et en s’éloignant vers son bureau.

2020.03.19

Filets [RolePlay] [R-18]

Un autre soir où le sommeil n’était pas au rendez-vous.
Dans sa robe blanche de nuit, elle sortit arpenter les couloirs du château.
Elle était maintenant habituée à ces lieux, elle ne craignait plus de se perdre. Sa nouvelle condition l’aidait également énormément à s’orienter. Elle qui avait un sens de l’orientation correct, ses sens aiguisés lui permettaient de retrouver son chemin même les yeux fermés.

Ce soir là, elle errait sans réel but, se disait-elle.
Jusqu’à ce que ses pas l’amènent devant la chambre de quelqu’un. Pas n’importe qui. Le fameux majordome du château.
Son coeur battait un peu plus vite maintenant qu’elle s’était rendue compte où elle était.
Ce n’était pas un hasard. Elle s’ennuyait mais elle avait également un désir. Ses souvenirs de leur première fois étaient encore encrés en elle et en y repensant son corps se rapella les sensations dans le creux de son ventre. Les joues un peu plus roses, elle était immobile devant cette porte.
Elle savait qu’il était trop tard pour reculer.
Il avait dû sentir sa présence tout comme elle sentait la sienne à travers la séparation.

Elle prit son courage à deux mains et elle toqua à la porte.

Il l’invita à entrer, aussitôt.
Il était assis sur le rebord du lit.

— Bien le bonsoir.
L’accueilla t-il, aimablement, ne pouvant réfréner son sourire.

— B-bonsoir…
Répondit-elle timidement en refermant la porte derrière elle.

Ses cheveux lâchés et retombant dans le bas de son dos.
Elle n’osait pas le regarder dans les yeux mais elle sentait son regard amusé sur elle.

— Approche, je ne vais pas te manger.
Rit-il.

Il avait décidé de la tutoyer lorsqu’ils étaient seuls.
Elle approcha, presque à contre-coeur.
Elle était venue jusqu’à lui de sa propre volonté.
C’était juste difficile pour elle de se l’avouer.
Elle n’avait plus peur, il avait réussit à briser sa protection de glace et elle lui avait accordé sa confiance.
Il lui attrapa la main et l’embrassa sur le dos de la main. Elle debout et lui, assit sur le lit.

— Qu’il y a t-il, ma petite poupée ?

Elle s’empourpra encore plus à ses mots.
Amusé par sa réaction, il ne pouvait s’empêcher de continuer à la taquiner ainsi.

Elle s’agenouilla en face de lui, ce qui le surprit et son sourire disparut.
Il lui attrapa les deux mains pour l’inviter à se relever mais elle insista pour rester à ses pieds, et elle s’exprima.

— Je… veux vous faire plaisir…

Il voulut la couper mais elle l’incita à la laisser continuer de s’expliquer.

— La dernière fois… vous m’avez beaucoup donnée et je me sens redevable… je souhaiterai vous remercier pour votre geste.

Elle le regardait dans les yeux, sincère et déterminée.
Elle n’arrivait pas à le tutoyer.

— C’était également plaisant pour moi… tu n’as pas besoin…

Elle continua à le fixer de son regard perçant puis ses mains se libérèrent pour se balader et chercher à défaire son pantalon.
Il se tut.
Curieux, il la laissa faire son affaire.
En sous-vêtements puis sans rien.

Il était un tout petit peu excité par ses caresses et ce qu’elle venait de lui dire.
Elle le prit dans ses mains expertes.
C’était si nouveau alors qu’elle avait fait ça à de nombreuses reprises. C’était si différent.
Elle avait l’habitude qu’on la force à le prendre en bouche mais cette fois-ci, elle avait le loisir d’observer, de toucher, d’examiner sous tous les angles.
Il n’était pas chatouilleux et il la laissa faire sans broncher.
Sa seule réaction fut les spasmes et sursauts sur sa verge lorsqu’elle le caressait d’une certaine manière.
Il joua avec ses longues mèches de cheveux et de temps en temps, il fermait les yeux pour profiter des sensations.
Il n’avait pas d’odeur forte. C’était perturbant pour elle. Il ne sentait pas la sueur. Son membre était propre, lisse, doux. Presque froid.
Une légère odeur de fluide pré-séminal s’en dégageait.

Elle ouvrit la bouche et commença par lui lécher l’extrémité, du bout de la langue, elle en caressa le pourtour puis elle tenta d’avancer ses lèvres, pour que son phallus s’enfonce lentement dans la chaleur et l’humidité de sa bouche. Elle prenait un certain plaisir à le caresser ainsi avec sa langue, parfois à le mordiller, aspirer.
Elle le sentait réagir, son membre se gorgeait un peu plus de sang, il était plus tendu selon ce qu’elle lui faisait, et ses gémissements ne trahissaient pas.
Elle était amusée de l’entendre faire ces sons, lui, le majordome en chef du château, son supérieur.
Si strict et froid à son habitude. Il se laissait aller et exprimer ce qu’il ressentait vraiment. Elle trouvait ça adorable.
Elle continua en faisant des mouvements de va-et-vient avec sa mâchoire, tout en lui massant la hampe et les bourses. Elle avait une certaine fascination pour ses testicules et son pénis qui se contractait et vibrait à l’intérieur de sa bouche lorsqu’elle le léchait de toutes parts.

Il posa sa main sur son épaule.
Elle vida sa bouche pour le regarder.

— Je vais éjaculer…
La prévint-il.

Elle ne cacha pas son étonnement, et ne sut pas quoi faire. D’habitude les hommes se vidaient dans sa bouche sans lui demander son avis. Elle avait fini par s’habituer à ce goût, de ne pas vomir, de se forcer à avaler. Que devait-elle faire ? Devait-elle continuer ? Le laisser faire son affaire ?

Il vit sa longue réflexion.

— Tu n’es pas obligée de…

Alors elle ne le laissa pas finir sa phrase et le reprit en bouche. Elle voulait lui faire plaisir. Cette fois-ci serait différente.
Il lâcha un gémissement de surprise et de plaisir, lorsqu’il sentit de nouveau la chaleur et la douceur de ses caresses et de sa langue tout autour de son sexe.
Il ferma les yeux un instant pour profiter de ce délicieux massage puis il les rouvrit pour l’observer à l’oeuvre.

— Où… as-tu appris à faire cela… ?
Murmura t-il dans un râle.

Elle ne pouvait pas lui répondre la bouche pleine.
Elle le sentit se crisper, pousser un petit cri étouffé.
Puis son essence se déverser sur son palais, sur sa langue.
C’était étrange. Le goût n’était pas désagréable, contrairement à ce dont elle avait l’habitude.
C’était presque bon, se surprit-elle à penser.
Elle essaya de mettre un mot sur cette substance mais elle finit par en déguster l’entièreté avant de pouvoir le décrire.
Elle resta à terre à ses pieds, attendant qu’il reprenne ses esprits et qu’il lui dise quoi faire.

Il la fit se relever et l’enlaça, encore tremblant d’avoir atteint l’orgasme.
Elle ne savait pas comment réagir, alors elle posa ses mains sur ses cheveux et le caressa, en silence.

Ils étaient maintenant tous les deux dans le lit, allongés dans les bras l’un de l’autre, ils discutaient.

— Comment as-tu appris à faire ça… ? Je pensais que c’était ta première fois…
Il réitera sa question.

Elle lui expliqua et lui raconta son passé.
Que c’était de loin sa première fois.

— Je… mais c’était ma première fois consentante…
Avoua t-elle.

Et elle le sentit différent. Il ne dit plus rien.
Il s’éloigna un peu d’elle pour mieux la regarder.

— Comment ça… ? Tu… on t’a… ?
Demanda t-il, pour être sûr de comprendre ce qu’elle venait de lui révéler.

Elle acquiesça sans vraiment oser affronter son regard.
C’était du passé. C’était tellement normal pour elle qu’elle ne ressentait rien de particulier à ce moment précis. C’était un fait. Elle avait subi cela, elle n’avait pas le choix. Elle n’était ni en colère, ni triste.
Par contre, lui, elle le sentit se contenir, il tremblait d’une certaine colère contre ces gens qui lui avaient fait cela. Alors elle se sentit dans le besoin de le calmer, de le rassurer. Elle appréciait son soutien mais elle allait bien, maintenant. Elle l’avait accepté et cela faisait partie d’elle, et un nouveau départ lui avait été offert.

— Ne vous en faites pas. Je vais bien.
Elle lui adressa un sourire forcé.

Il caressa de sa main, sa joue et la garda dans sa paume.

— Je suis désolé…
— Ce n’est pas de votre faute.

Elle accepta sa main et se lova dedans. Elle sentit les battements de son coeur et sa tension se calmer.

— … J’oublie parfois la cruauté des humains. Nous ne sommes pas tous civilisés comme au château, je le sais bien, nos semblables peuvent être d’une bestialité sans nom… mais…

—Merci…
Dit-elle simplement.

Elle s’endormit dans ses bras.
Elle était tellement bien, elle n’était plus seule. Elle se sentait apaisée d’avoir pu se confier sur son passé.

Le lendemain, elle se réveilla à ses côtés.
Il la salua et elle ne tarda pas à se lever et se préparer, le laissant dans ses draps. Il la regardait se rhabiller, profitant du spectable.

— Merci encore pour votre hospitalité.
Elle s’inclina.

— Ne sois pas aussi formelle avec moi lorsque nous sommes seuls.
Il sourit, amusé par son comportement, son esprit étant encore à la veille.

Elle s’en alla, s’inclinant une nouvelle fois pour cacher sa gêne. Le laissant seul dans son lit.

*

Il se fit convoquer dans le bureau du comte.

— Vous m’avez demandé, maître ?
Dit-il tout en s’inclinant.

Son interlocuteur lui faisait dos puis se retourna finalement vers lui pour lui parler.

— Quelle est la situation dans le château ?
Demanda t-il simplement, les mains dans son dos et se déplaçant lentement dans la pièce.

— Rien à signaler, maître.
— Bien.

Il marqua une pause.

— Et la jeune pousse ? S’est-elle habituée à sa nouvelle condition ?

Il posa cette question tout en bougeant quelques bibelots sur ses étagères.
Le majordome, imperturbable, lui répondit sans aucune hésitation.

— Il semblerait.
— Bien, bien…

Il se tourna vers lui, scrutant sa réaction.

— Est-ce que tu as appris des choses ?
— Oui… sur son passé. Ce qu’elle a vécu avant d’être ici, avec nous.
— Je vois…
— Vous étiez au courant… ?
— Je m’en doutais… j’ai vu son corps avant sa transformation. Frekio m’avait également fait part de ses observations. Peu de choses passent au travers de mes filets, tu te doutes.

Il avait intentionnellement prononcé ces mots.
Il marqua une pause avant de terminer

— Prends bien soin d’elle. Tu peux disposer.

Il savait pour leur relation et il ne désapprouvait pas.

2020.09.09

Majordome [RolePlay] [R-18]

Quelque chose titillait son odorat. C’était le majordome. Elle le remarquait maintenant et lui aussi s’était rendu compte du changement.
Lorsqu’il se croisèrent dans les couloirs, ils s’étaient échangés quelques regards intrigués.
Puis ils avaient continué leur chemin.

Beaucoup plus tard, ils se recroisèrent. Ils étaient seuls. L’activité nocturne était un peu plus calme.
Elle errait dans les couloirs parce qu’elle n’arrivait pas à dormir et ce fut le hasard qu’elle tomba sur lui.
Tout comme le majordome qui faisait une simple ronde.
Il fut agréablement surpris.

— Mademoiselle Chloé.
La salua t-il

Elle s’inclina en réponse.
Balayant des yeux l’espace autour de lui, ils étaient dans une allée très peu fréquentée mais il ne souhaitait pas être dérangé.

— Est-ce que vous avez un petit moment à m’accorder ? Je souhaiterai m’entretenir avec vous.

— Oui, bien sûr.

Elle ne cacha pas son étonnement.
Il ouvrit la marche et elle le suivit.
Elle sourit interieurement, cela lui rappelait son premier jour ici. Tellement de choses s’étaient passées et elle était beaucoup plus à l’aise maintenant.
Ils arrivèrent devant une porte et il l’invita à entrer.
Elle n’avait pas peur, qu’avait-elle à craindre, après tout ?

C’était une simple chambre.
Elle entendit la porte se refermer derrière elle. Elle se retourna.
Son attitude changea, il s’avança vers elle, jusqu’à ce qu’ils ne soient qu’à quelques centimètres.
Il la surplombait de beaucoup, c’était une armoire à glace et elle devait lever son visage pour pouvoir le regarder dans les yeux.
Il se pencha pour qu’ils puissent se faire face, et il approcha son visage pour lui murmurer quelque chose après avoir humé son odeur.
Elle resta stoïque. Elle n’avait pas peur mais elle restait sur ses gardes. Se demandant si elle avait fait quelque chose de mal pour que le majordome lui en veuille.

— Vous êtes… différente, n’est-ce pas ?

Elle ne répondit pas. Elle ne savait pas si elle devait le dire. Était-ce un secret ? Le comte ne lui avait pas interdit mais elle ne souhaitait pas le crier sur les toits.
Puis. En tant que majordome personnel du comte, n’était-il pas au courant ? Ou alors le comte avait omis cette information, exprès ?
Même si rien n’avait été dit, tout le monde le savait implicitement. Elle ne sentait plus l’humaine. Cela devait être évident, mais il devait le savoir. Était-ce un test ?
Il recula pour mieux l’observer et un sourire apparut sur ses lèvres. Il était rare de le voir sourire.
Se moquait-il d’elle ?
Elle resta à le fixer, sans broncher. Sa question était réthorique.

— Ne soyez pas si méfiante envers moi. Je ne vous veux aucun mal. Au contraire…

Sa voix se voulait rassurante mais elle n’arrivait pas à se détendre. Elle continuait à le regarder sans dire un mot. Attendant ses explications. Il restait un employé important, même si son supérieur direct était Homa, il était au même rang et elle ne devait pas faire de faux pas.

— Vous avez dû remarquer que nous sommes similaires, maintenant.

Elle avait coupé sa respiration inconsciemment et à ces mots elle inspira et recommença à respirer.
Elle n’avait pas remarqué jusqu’à présent qu’il dégageait une odeur familière,à cette distance il n’y avait aucun doute. Elle en était certaine. Il était comme elle, comme le comte.

— Je souhaitais vérifier de mes propres yeux ce fait, pardonnez-moi d’avoir été rude.

Il se mit à genoux et attrapa la main de la jeune fille pour lui apposer un baiser d’excuse.
Elle frissonna. Pas parce que le toucher était froid mais étrangement doux, sa petite main s’était perdue dans sa paume immense. Malgré sa corpulence ses gestes étaient délicats.

— Permettez-moi de vous faire la cour. Je trouve votre odeur fort délicieuse.

Il se releva et son visage se retrouva à nouveau juste en face du sien.
« Délicieuse » ? Était-ce ça qu’elle ressentait également ? L’odeur du majordome était déroutante, mais est-ce qu’elle la qualifiait de délicieuse ? Elle ne savait pas.
Il lui attrapa le menton.
Elle eut un mouvement de recul. Un peu trop brusque qu’elle perdit l’équilibre, il la rattrapa. Il n’eut qu’à tendre son bras pour l’aider à reprendre son équilibre, sa main était dans son dos et il s’approcha encore plus d’elle. La ramenant vers lui.
Ses petites mains frêles étaient sur son torse, sur son uniforme.
Collés ainsi, l’odeur était plus intense, elle était enivrante. Elle devait se l’avouer.
Que lui proposait-il ?
Qu’est-ce que cela impliquait.

— Je vois que je ne vous laisse pas indifférente…

Sa voix grave résonna en elle.
Elle l’avait déjà fait, ou plutôt elle avait déjà subi cela.
Mais cette fois-ci, c’était différent. Il ne la violentait pas, il ne la forçait pas à faire cela. Pas encore.
Il attendait, elle ne savait pas quoi mais il attendait et il l’observait.
Est-ce qu’elle en avait envie ? La peur la paralysait.
Est-ce que lui, avait envie d’elle ?
Ce n’était pas la première fois qu’un homme se serve d’elle. Elle attendait sa sentence, qu’il fasse ce qu’il veut et que cela se termine vite. C’est tout ce qu’elle pouvait souhaiter s’il allait imposer ses désirs sur elle.
Elle tremblait.

— Si je me trompe, je ne vous retiens pas.

Elle continuait de boire ses paroles. Ne comprenant pas ce qu’il disait. Elle avait le droit de partir ? Vraiment ? N’était-ce pas un piège ? Une ruse ? Était-ce un jeu sadique ?
Elle le regardait sans le voir, pensive et perdue.
Il remarqua ses tremblements et s’interrogea.
Avait-elle froid… ? Ce n’était pas possible dans ce corps. Il réalisa qu’elle avait peur.
Il fut confus et il tenta de la rassurer, ne sachant plus où se mettre. Que dirait son maître s’il apprenait qu’il effrayait sa protégée ?

— Mademoiselle Chloé… Je ne voulais pas vous effrayer.

Il s’éloigne, la relâchant.
Elle n’ose pas le regarder dans les yeux, son regard fuyant.

Elle essayait d’analyser la nature de ce qu’elle ressentait actuellement.
Était-ce la première fois qu’elle eut envie de quelqu’un ?
Était-ce cela avoir du désir charnel ?
Elle sentait une certaine attirance physique pour l’homme en face d’elle. Son odeur. Ses gestes. Son attitude. Il était attentionné et c’était quelque chose qu’elle n’avait jamais eu la chance d’avoir dans ce genre de situation.

Il attendait patiemment qu’elle lui autorise ou qu’elle refuse ses avances.
Quelque chose en lui était douloureux. C’était étrange de la voir aussi vulnérable. Était-elle vierge ?
Il n’aurait jamais pensé qu’elle puisse l’être et il se sentit bête d’avoir pu brûler les étapes.
Il ne devait pas la brusquer et surtout ne pas la forcer même s’il avait envie de la dévorer.
Ce qu’il avait en tête, c’était simplement qu’ils passent tous les deux un bon moment. Il ne pensait pas qu’il se retrouverait dans cette situation plus complexe à gérer.

Elle pouvait se sentir en confiance.
C’était peut-être une chance pour elle de découvrir le plaisir charnel sans le subir. Devait-elle la saisir ?
Est-ce qu’il comprendrait ? Tout son corps lui dictait de fuir, par mécanisme, mais elle avait longuement réfléchi. Elle voulait surmonter son traumatisme.
Elle savait que si elle ne faisait rien, rien ne changerait et elle aurait constamment peur de cette proximité. Elle ne voulait pas rester prisonnière de son passé.
Elle releva la tête pour croiser le regard de l’homme, qui l’étudiait patiemment.
Elle jouait avec ses doigts, les mains entrelacées, nerveuse. Elle avait réussi à calmer ses tremblements.

— Je…

D’une voix faiblarde, elle n’arrivait pas à s’exprimer.
Elle n’arrivait pas à trouver les mots.
Elle voulait essayer.
Elle s’avança vers lui, lentement. C’était sa manière à elle de dire qu’elle acceptait son offre.
Timidement.

Il s’approcha d’elle, sans faire de mouvement brusque.
Il voulait la toucher, poser sa main sur son visage et la rassurer d’un baiser, mais au vu de sa réaction précédante, il se retint.
Il prit sa main nerveuse et la dirigea vers son propre visage. Il embrassa ses phalanges.

— Je serai doux, je vous le promets.
Dit-il, simplement.

Elle fut surprise à nouveau au contact physique.
Tout allait bien. C’était juste sa main.
Son visage, ses lèvres. C’était… agréable. Étrangement doux. Malgré sa corpulence, il était si délicat.
Avait-elle le droit d’apprécier cela ?

Il avait décidé de prendre soin d’elle.
Il partait du principe que c’était sa première fois et il allait tout mettre en place pour la mettre à l’aise.
Et surtout prendre le temps de le faire.
Il se pencha et il l’embrassa dans le cou, tout en passant ses mains sur ses épaules pour l’aider à retirer son uniforme.

Elle frissonna encore une fois. Le contact de son souffle et de ses lèvres sur sa propre chair était… un délice. Elle ressentait quelque chose en elle, une petite boule de chaleur avait fait son apparition dans le creux de sa poitrine.
Elle chercha à croiser son regard.
Levant ses mains et attrapant un bout de tissu de l’uniforme du majordome.
Devait-elle le déshabiller, également ?
Il répondit à sa question muette en acquiesçant, un petit sourire au coin de sa bouche, elle s’empourpra.
Elle balada ses doigts hésitants sur son uniforme pour le défaire et rapidement les vêtements furent au sol et ils se retrouvèrent tous les deux en sous-vêtements.
Elle, en culotte short blanc et lui en un boxer de la même couleur.

— Magnifique…
Souffla t-il, lorsqu il découvrit le corps de la jeune femme.

Elle était fine et sans réelles formes. Elle avait une poitrine presque inexistante. Dans ce nouveau corps, sa peau était lisse et claire comme de la porcelaine. Ses cicatrices et hématomes avaient disparu.
Elle garda le silence et fut gênée. Elle qui d’habitude ne portait aucune importance à sa nudité, elle se trouvait aujourd’hui dans un autre contexte et elle ne savait pas où se cacher.
Il l’attrapa pour la porter jusqu’au lit, l’allongeant dessus. Ce qui fit virer son visage au rouge.
Pour ne pas l’embarrasser plus, il avait gardé son bas de sous-vêtement. Et il s’attaqua aux préliminaires.
Il s’allongea à ses côtés, et commença à caresser sa peau, baladant sa main et ses doigts sur son corps pour commencer, tout en observant ses réactions.
Elle l’imita et prit le temps de découvrir le corps de son partenaire, ce dont elle n’avait jamais eu l’occasion.
Quelque part en elle, elle avait encore peur de cette présence masculine, elle n’avait connu que des hommes qui l’avaient forcée et utilisée, faisant leur affaire et l’abandonnant ensuite.
Celui-ci était différent. Il lui laissait le temps. Il essayait de lui faire plaisir ?
C’est-ce qu’elle ressentait lorsqu’il la touchait.
Elle voulait lui rendre l’appareil. Qu’elle ne soit pas la seule à apprécier ce moment.
Et elle le sentait frissonner sous ses doigts fins et frêles. Elle s’amusait à dessiner ses muscles, caresser son torse, elle découvrait à quel point sa chair était dure mais douce, ses muscles, ses os, son corps. Cela avait un effet sur lui, même si son expression restait neutre, il exprimait quelques bruits discrets. Et si elle regardait un peu plus bas, elle pouvait deviner quelque chose grossir dans son boxer. Elle essaya de ne pas faire attention mais elle ne pouvait pas l’ignorer.
C’était loin d’être la première fois qu’elle voyait l’entre-jambe d’un homme, d’habitude ils étaient déjà durs, prêts et ils étaient violent et rapides avec elle. Elle n’avait pas son mot à dire. Mais cette fois-ci, elle était sereine, amusée que ce soit ce qu’elle était en train de lui faire qui l’excitait. Que son envie soit visible mais qu’il soit capable d’attendre qu’elle-même soit prête.
Ils étaient de plus en plus proche et il finit par lui demander.

— Est-ce que je peux vous embrasser ?

Elle hocha la tête en guise de réponse.
Il n’attendit pas une seconde de plus. Cela faisait un moment dont il en avait envie et il approcha son visage pour apposer un baiser, d’abord sur la joue, puis sur la commissure de ses lèvres, puis enfin dessus.
C’était un baiser tendre et elle se surprit à l’apprécier.
Elle ressentait des picotements dans son ventre, ce qui n’était pas désagréable. Au contraire. C’était une sensation nouvelle et étrange mais ça lui apportait un certain bien-être inédit.
Alors elle lui rendit ce baiser. Elle fit son premier pas.
Elle chercha à l’embrasser, elle essaya de bien faire.
Il entrouvrit ses lèvres et elle en fit de même pour reprendre sa respiration, même si elle n’en avait pas besoin, elle eut ce réflexe humain, et il engouffra quelque chose d’humide et tiède à l’intérieur de sa bouche. Sa langue. Il chercha à caresser la sienne et elle l’imita, pensant que c’était la bonne chose à faire.
C’était agréable. Tout était agréable.
Elle découvrait.

Il se déplaça pour la surplomber. Il était au dessus d’elle et elle le regardait dans les yeux.

— Je vais vous faire du bien.
Dit-il, avant de descendre vers le bas de son corps et retirer sa culotte.

Elle se laissa faire. Elle n’avait aucune raison d’avoir peur, c’est ce qu’elle se répéta pour se calmer.
Tout irait bien. Il n’avait rien fait jusque ici qui pourrait lui faire mal.
Il passa sa main sur son ventre pour la caresser puis prit ses chevilles pour les poser et les écarter de chaque côté de lui.
Il observait avec admiration son intimité ce qui la fit resserrer ses cuisses, d’embarras.

— Il n’y a rien à cacher. C’est magnifique, vous êtes magnifique.
Rit-il, en décalant gentiment ses cuisses pour pouvoir se positionner au bon endroit.

Il en dessina les contours avec ses doigts puis il y posa sa bouche pour la déguster.
Sa langue semblait chercher quelque chose, il la baladait de manière experte.
Et elle appréciait, elle laissa échapper à plusieurs reprises quelques gémissement de plaisir.
Puis elle eut envie de plus. Elle eut envie de lui. Qu’il la comble avec son membre.
Il aurait peut-être continué jusqu’à ce qu’elle atteigne l’orgasme mais elle l’arrêta. Elle posa ses mains sur sa tête et il releva son visage pour la regarder.

— Est-ce qu’il y a un problème ?
Demanda t-il, inquiet.

— Prenez-moi…
Repondit-elle simplement, elle aurait pu mourir de honte à ces mots, mais elle se contenta de rougir et se cacher le visage avec ses avant-bras.

Il sourit, et son coeur fit un bond dans sa poitrine.
Il retira rapidement son bas et se positionna juste au dessus d’elle.
Il déplaca ses bras pour pouvoir voir son visage.
Il l’embrassa sur le bout du nez puis il descendit, en embrassant ce qu’il pouvait sur son passage : son menton, ses clavicules, sa poitrine, son abdomen puis il revint vers son visage.

— Je vais y aller tout doucement… dites-moi si vous avez mal.
La rassura t-il.

Elle n’avait jamais entendu ces mots mais elle se sentit tellement soulagée. Il aura fallu que ce soit un non-humain qui prononce ces paroles.
Il se redressa et se prit en main pour se guider et la pénétrer, doucement.
Il était assez imposant mais l’extrémité entra sans problème, puis le reste put glisser à l’intérieur.
Elle savoura chaque instant. Il prenait le temps nécessaire pour qu’elle puisse apprécier et lui également.
Il lui fit l’amour et elle découvrit ce que c’était.

Epuisée mais comblée, elle s’endormit le sourire aux lèvres.

Elle se réveilla presque en sursaut.
Quelle heure était-il ?
Elle était seule dans le lit, et il l’avait recouverte d’une couverture.

— Bonjour mademoiselle. J’espère que vous avez bien dormi.

Il était déjà debout et habillé. Il finissait de se préparer. Il lui adressa un sourire.

— Je dois vous laisser. Revenez me voir quand vous le souhaitez.

Il s’en alla, la laissant seule dans sa chambre.
Elle se cacha sous la couverture, embarrassée au plus haut point.
Elle devait se reprendre et elle aussi, se préparer.
Elle avait passé une excellente nuit.

Elle sortit de la chambre, sur ses gardes, jetant des regards autour d’elle et en espérant qu’elle ne croise personne, pour ne pas devoir s’expliquer.
Frekio la vit et la salua.

— Hé, que fais-tu là de si bon matin ?
Elle sursauta.

— J-je cherchais Bréto.
Bégaya t-elle, embarrassée.

— Je l’ai croisé il y a quelques minutes dans les couloirs.
— Ah, d’accord…

Et elle se dirigea dans l’autre direction, celle qui menait à la salle d’eau. Ignorant le jeune homme.
Il la suivit, méfiant et trouvant bizarre sa présence dans cette aile du château, et son embarras était étrange. Son odeur aussi.
Elle sentait la sueur et… Bréto.

— Tu…
Devina t-il en marchant à ses côtés.

Il n’avait apparemment rien de mieux à faire.
Elle accéléra le pas, ne souhaitant pas aborder le sujet.
Le visage rouge pivoine.

Un large sourire apparut sur son visage.

— Je vois.
— Tu vois q-quoi…?!
— Mon flair ne me trahit jamais. Tu sens… quelque chose de particulier aujourd’hui… tous les deux… je me disais bien qu’il était particulièrement de bonne humeur quand je l’ai croisé. Vous avez…

Elle se précipita sur lui pour lui couvrir la bouche avec sa main et l’empêcher d’en dire plus.

— N’en dis pas plus ! Tu as bien deviné, maintenant. Chut !

Les oreilles brûlantes, elle attendit qu’il acquiesce de se taire et elle le relâcha.

— Ah… sacré Bréto.
Dit-il, en lui jetant un regard amusé.

Cela ne le choquait pas. C’était une chose courante en ces lieux.
Il n’ajouta rien de plus et il l’accompagna en silence et la laissa à l’entrée de la salle d’eau.
La laissant tranquille.

2020.09.01

Marque [RolePlay]

Cela faisait plusieurs jours qu’elle avait changé, physiquement seulement. Elle était restée la même dans son coeur.

Le comte lui avait ordonnée de rester dans sa suite, pour pouvoir la surveiller.
Ce n’était pas tous les jours qu’il faisait ce qu’il avait fait. Une création.
Il craignait quelque chose. Qu’elle cède à l’appel de son nouveau corps et qu’elle commette quelque chose d’irréparable dans le château. Qu’elle perde le contrôle et que sa soif dévore entièrement son âme, sa conscience.
Il n’avait pas fait cela souvent, mais il savait que c’étaient des risques à ne pas prendre à la légère.

Elle était restée obéissante.
Ce qu’il disait et ses volontés avaient un impact sur elle. Différent d’un simple maître et son employé, elle ressentait une force qui la poussait à obéir.
Elle sentait qu’elle pouvait lui désobéir si elle y mettait assez de volonté, mais ce n’était pas ce qu’elle-même voulait. Elle avait confiance en lui. Il lui avait sauvé la vie.
Alors elle était restée dans cette magnifique chambre.
Il y avait autre chose de nouveau en elle.
Elle avait soif. Pas soif d’eau, mais d’une substance qu’elle ne souhaitait pas revoir ni boire, mais son corps lui rappelait à chaque instant.

Le comte lui avait tendu son poignet, comme la première fois.
Elle menait une bataille contre elle-même pour ne pas accepter cette offre.
Ses mains avaient attrapé son poignet avec une certaine poigne et il la voyait lutter intérieurement. Elle hésitait encore, puis finalement, les larmes aux yeux, elle avait décliné son offre, tournant sa tête dans la direction opposée, sans pour autant lâcher son avant-bras.
Il avait sourit. Un petit rictus.
Cette réaction l’avait surpris et l’avait rassuré sur l’espoir qu’il avait mit en elle, inconsciemment.
Elle se contrôlait. Il était rassuré et ces émotions qu’il avait rarement l’occasion de ressentir, le fit rire.
Il était rassuré qu’il ne doive pas mettre fin à son oeuvre si jamais elle s’abandonnait à ses besoins primaires.
C’était un pari risqué.

Il avait fait en sorte de finir ses tâches urgentes pour pouvoir passer du temps avec elle. Vérifier qu’elle se remette de ses blessures, ce qui fut le cas dès le premier jour, puis de s’assurer de son adaptation à son nouveau corps.
Elle lui posa beaucoup de questions sur le fonctionnement, sur sa soif, sur sa nutrition.

— Je ne peux pas accepter…
Avait-elle répondu à son offre, les yeux humides.

Il lui avait adressée un sourire compatissant.

— Tu dois apprendre quand t’arrêter, le jour où tu t’abreuveras sur quelqu’un. Je me dois de te l’enseigner.

Il s’était tourné pour découvrir sa nuque.

— C’est ici que tu dois enfoncer tes canines.
Il pointa ses artères.

— L’afflux du sang est le plus important à cet endroit. Tu peux décider d’ôter la vie en vidant le corps ou bien t’arrêter avant. Ce qui peut ne pas être évident. Ne t’inquiète pas, je saurais t’arrêter avant que tu ne boives la dernière goutte en moi.
Il sourit, mi-amusé pour la rassurer.

Elle s’était alors approchée de lui, timidement.
Il lui avait attrapé une main pour la tirer vers lui.
Ils étaient tous les deux assis sur le lit, et elle s’était vite retrouvée très près de lui.
Il l’avait assise sur ses genoux, telle une enfant, pour qu’elle soit mieux installée pour accéder à sa nuque.

— N’aie pas peur.
Sa voix était rassurante, encourageante.

Alors elle croqua dans sa chair, juste ses canines s’enfoncèrent dans l’épiderme. Elle se souvint de ce qu’il avait fait, et instinctivement elle avait reproduit le rituel. Percer, se retirer, boire.
Et boire. Le goût enivrant emplit sa bouche et tous ses sens. Elle sentit son coeur battre à toute allure.
Étrange pour quelqu’un qui était censé être mort.
C’était le flux des gorgées qu’elle buvait.
Elle aurait pu continuer sans jamais s’arrêter mais quelque chose en elle la ramena à ses sens.
Elle ne sut pas depuis combien de temps elle était en train de s’abreuver mais elle eut peur. Peur que ce soit déjà trop long. C’était le sang de son maître.
Elle s’arrêta, malgré toute son anatomie qui la poussait à continuer, elle devait s’arrêter. Par respect pour son maître, et pour elle-même.
Elle recula sa mâchoire et lécha les deux petites marques qui se refermèrent aussitôt.

Elle s’était arrêtée avant qu’il ne lui dise.
Il la regarda les yeux écarquillés. Elle se débrouillait à merveille.

— Tu aurais pu continuer encore un moment.
Il la félicita en caressant gentiment le dessus de sa tête.

Ce dont elle n’était pas entièrement consciente, c’était le privilège de boire le sang du comte.
Il était puissant et une partie de l’essence de sa force était contenue dans son sang.
En s’abreuvant de lui, elle s’imprégnait en partie de ses compétences. Ce n’était pas n’importe quel sang.
Elle pouvait ressentir quelque chose de fort, de brûlant en elle, mais elle pensait que ce n’était qu’une réaction normale.
Au bout de plusieurs jours, elle s’habitua et ignora facilement ce besoin de boire.

Il s’était maintenant trop attaché à elle.
Il se devait de la protéger à présent. Elle avait en elle son sang magique et il était trop possessif envers sa propre richesse de pouvoir pour laisser n’importe qui s’en abreuver.
Elle n’en était pas consciente et, elle ne lui avait rien réclamé.

Elle était retournée dans sa chambre et elle avait reprit son travail.
C’était étrange de retourner à l’endroit où elle s’était faite enlever. Si peu de temps s’était écoulé et tout avait changé pour elle.
Elle rangea ce qu’elle put, la pièce avait été laissée en l’état.
Elle remarqua assez rapidement que peu importe combien elle travaillait, elle ne s’épuisait pas.
Elle avait du mal à dormir également parce qu’elle n’en avait plus besoin.

Lorsqu’elle reprit les cours de magie, elle se rendit compte que tout lui paraîssait plus simple. La puissance de ses sorts avait décuplée.
Comme si son nouveau corps était un meilleur catalyseur.
Cependant elle devait tout de même faire attention, l’utilisation de la magie draînait son énergie.

Frekio avait du mal à contenir sa joie lorsqu’il la revit sur pieds. Elle restait la même avec lui mais il sentait qu’elle était différente… elle dégageait une aura différente, puissante, dangereuse.
Elle-même n’en avait pas conscience.
Les servantes et autres employés du château l’avaient également ressenti et ils évitaient de croiser son chemin. Ils la craignaient.
Le comte avait apposé sa patte sur elle, en quelque sorte, il avait laissé un message implicite : quiconque touchait à elle aurait affaire à lui.

2020.09.01

Absorber [RolePlay]

Son geste était un paliatif pour qu’elle survive mais elle allait ressentir le besoin à nouveau de boire.
Boire de cette substance étrange mais délicieuse. Son corps allait se retrouver en manque. C’était inévitable.
Pour l’instant, elle dormait à poings fermés sur un lit qui n’était pas le sien. La soif ne se faisait pas encore ressentir et elle ignorait tout cela.
Il lui restait encore un peu de sang humain, mélangé à celui du comte.
C’est ce qui lui restait d’humanité, et que le comte lui débarrasserait bientôt pour qu’elle ne ressente plus ce manque et cette soif.
Qu’elle fasse partie entière de cette nouvelle vie qui lui était offerte.

Elle s’était roulée en boule, elle sortait d’un bon bain chaud mais son corps était en train de refroidir et elle n’avait qu’une chemise trop grande en guise d’habit.
Recroquevillée ainsi, elle avait tout de même réussit à s’endormir et bien profondément pour ne pas entendre la personne qui s’était assise à ses côtés, et qui l’observait maintenant en silence.
Les cheveux longs éparpillés derrière elle, sur les draps du lit. Elle n’avait pas osé le défaire et se glisser dedans. Après tout, c’était la chambre de son maître.
Sa main effleura ses longs cheveux noirs et les porta vers son visage pour les humer.
Elle semblait perdue dans ses songes, elle continua à dormir.
Il caressa du dos de sa main son visage.
Elle fit la moue, et frissonna au contact un peu plus frais. Elle ouvrit les yeux d’un seul coup et se réveilla aussitôt, elle se tint sur la défensive, observant la personne devant ses yeux, apeurée.
La crainte se lisait sur son visage puis la gêne, elle était confuse de s’être endormie alors qu’elle avait reçu l’ordre de l’attendre.
Il retira sa main sur le champ. Observant cette humaine à moitié sauvage. Mi-amusé par sa réaction.

Son coeur battait à toute allure, elle avait peut-être fait un mauvais rêve, le réveil avait été trop abrupt pour qu’elle s’en souvienne, mais elle avait eu peur qu’on lui fasse du mal. Encore une fois.
Pourtant elle savait qu’elle ne devait pas craindre dans ces lieux. Même si les derniers évènements lui avait prouvé le contraire. Elle était normalement en sécurité ici. Accoudée et à moitie relevée, elle observait son maître et ne savait pas quels mots formuler en priorité pour s’excuser de son manque de manières.
Elle ouvrit la bouche mais ainsi crispée, elle oublia qu’elle était blessée mais son corps le lui rappela.
La douleur vive sur son flanc la fit refermer ses lèvres et elle grimaça, étouffant un grognement.
L’inquiétude apparut sur le visage du comte.
Il la força à se rallonger, doucement.

— Allonge-toi. Ne cherche pas à te relever. Les plaies ne sont pas entièrement cicatrisées.

Ses mains accompagnèrent ses épaules jusqu’au lit.
Elle se laissa faire, la douleur la paralysa mais elle essaya de ne pas le montrer.
Il écarta ses cheveux une nouvelle fois pour observer les bandages sur son cou.
Elle fermait les yeux, la tête légèrement en arrière, elle essayait de se concentrer sur autre chose pour que la douleur s’estompe.
Pourquoi avait-elle mal maintenant. Elle se sentait mieux quelques instants auparavant.
Autre chose se fit ressentir.
Sa gorge sèche. Elle avait soif.
Cette soif étrange, puissante, qui la pressait de boire le sang qui coulait dans les veines de la personne dans la même pièce qu’elle.
Ce n’était pas normal. Rien que l’odeur de cette personne lui était aléchante.
Elle se contrôla du mieux qu’elle put pour réfréner cette envie irraisonnable.
Elle ne savait plus ce qui était le plus douloureux. Sa gorge sèche qui semblait réclamer la boisson interdite, ou ses plaies qu’elle avait fini par rouvrir.

D’ailleurs.
Elle aurait dû mourir. Elle avait perdu beaucoup trop de sang dans la forêt. Pourquoi et comment était-elle encore en vie.
Le comte lui avait fait boire son sang. Cela l’avait guérie mais pas complètement.
C’était maintenant sa tête qui commençait à lui faire mal.

Comme s’il comprenait ce qui lui arrivait.
Il resta silencieux et l’observa, attendant le bon moment pour agir.

— Je vais retirer le bandage sur ton cou.

Elle l’avait entendu. Sa voix semblait lointaine mais elle l’avait clairement entendu. Elle n’avait pas la force de lui répondre alors elle hocha brièvement sa tête.
Elle n’avait pas le choix et elle avait l’esprit occuppé par autre chose.

Il posa ses deux mains de part et d’autre de son cou, et de ses longs doigts froids, il retira le bandage méticuleusement, doucement, pour laisser la plaie en cours de cicatrisation à l’air libre.
Le bandage était légèrement taché de sang séché.
Il se pencha pour regarder l’état du cou du côté droit.
Intact. Seul le côté gauche avait été touché.
La blessure n’était pas belle.
Il ne broncha pas mais il savait que ce n’était pas commun. On pouvait deviner la chair à vif et bien lacérée, la profondeur des griffes qui l’avaient pénétrée et découpée.
Heureusement qu’il avait pu aider à la guérison partielle, mais il n’avait pas fini.

Il aurait pu laisser cette humaine dans cet état.
La laisser guérir presque normalement.
La laisser dans cette soif perpétuelle de lui. Esclave de sa personne.
Il ne le souhaitait pas. Il la souhaitait maîtresse d’elle-même.
Elle avait fait le choix de « vivre » avec les conséquences que ça impliquait, et il allait finir ce qu’il avait commencé. Il ne fallait pas attendre.

— Je vais te soulager.

Quelque chose dans sa voix laissait entendre qu’il aurait préféré une autre solution, mais il était trop tard et il savait qu’il n’avait pas eu tellement le choix, entre la laisser mourir ou la « sauver ».

Il se pencha sur elle.
Elle ouvrit les yeux. Sentant sa présence se rapprocher.
Elle aurait voulu lui hurler de s’éloigner, que quelque chose en elle allait lui faire du mal s’il s’approchait tant.
Elle ne réussit pas à le formuler. Luttant intérieurement.
Elle n’eut pas le temps.

— Pardonne-moi…
Murmura t-il, dans un souffle, avant de plonger dans le creux de son épaule droit.

Il hésita un instant. Sa bouche déjà grande ouverte, ses crocs frôlaient l’épiderme encore tiède de l’humaine. Sa respiration caressait sa peau.
Cela ne dura qu’un court instant.
Celui d’après, il avait enfoncé ses canines aiguisées dans sa chair.
Il l’avait fait de manière vive et rapide pour lui épargner cette douleur.
Il avait retiré aussitôt ses crocs pour s’abreuver de l’essence de sa vie.

Elle avait rouvert les yeux de surprise.
Elle avait senti quelque chose lui pénétrer dans le cou.
Une douleur vive aussitôt partie.
Et elle ressentit la chaleur en elle s’échapper par cette brèche.
Le comte était si près d’elle.
Elle comprit qu’il était en train de boire son sang.
Étrangement, cette soif criarde qu’elle avait, s’estompa pour disparaître.
Elle se sentait légère, anesthésiée, enveloppée dans un nuage de bien-être.
Si c’était ainsi qu’elle devait mourir, elle l’acceptait. Elle était prête à l’accepter.
Apaisée, elle referma les yeux et elle se laissa aller.

Il s’arrêta.
Léchant avant de se retirer, les deux petites ouvertures qu’il avait faites dans la chair, se refermèrent, comme si elles n’avaient jamais existées.
Il se lécha les babines, effaçant les dernières traces de son geste.
Elle était pâle. Beaucoup plus pâle que d’habitude et elle ne bougeait plus.
Il ne s’inquiéta pas. Il savait qu’il s’était arrêté à temps.
Enivré encore par ce qu’il venait d’absorber, il s’éloigna du lit, marchant en titubant jusqu’à son bureau.
Il s’appuya dessus et tenta de reprendre ses esprits.
Cela faisait un moment qu’il ne s’était pas abreuvé à la source, sur un humain.
Il en avait oublié la saveur et toute cette richesse de goût.
Il devait se reprendre et calmer la bête en lui.
S’il ne se contrôlait pas, peut-être qu’il aurait dévoré cette pauvre femme toute entière.

Elle avait encore conscience d’être sur le lit.
Elle n’avait plus froid, mais elle n’avait pas chaud.
Son corps ne tremblait plus.
Elle n’avait plus mal.
Elle sentait une légère gêne, qui était en train de s’estomper peu à peu.
Elle rouvrit les yeux.
Était-elle encore en vie ?
Elle reprit sa respiration. D’une grande inspiration.
Avait-elle oublié de respirer pendant tout ce temps ?
Combien de temps s’était-il écoulé ?
Était-elle devenue un fantôme ?

Il revint à ses côtés.
Il s’assit sur le lit.

— Je vais retirer les bandages. Tu n’en auras bientôt plus besoin.

Elle se laissa faire.
Elle était nue sous la chemise mais elle ne se sentit pas gênée lorsqu’il la déboutonna pour atteindre les bandelettes et les retirer délicatement.
Ses doigts sur sa peau n’étaient plus froid au contact, mais d’une grande douceur.
Elle observa l’état de son flanc, il était en train de se regénérer sous ses yeux.
Il ne restait plus qu’une fine cicatrice qui finit par également disparaître.
Ses anciennes blessures et ses hématomes avaient également disparus.
Elle se demanda si elle rêvait.
Elle tenta de se relever.
Il l’en empêcha d’un seul geste qui la cloua de nouveau au fond du lit.

— Il va falloir t’habituer à ce nouveau corps. Tu fais maintenant partie de la même race que moi. Tu n’es plus humaine, mais il existe des règles à respecter ici. Si tu as des questions, n’hésite pas à venir me voir. C’est cette conséquence qui découle de ton choix de continuer à vivre. Est-ce que cela te convient ?

Elle hocha la tête, lentement, sans vraiment comprendre le sens de ses paroles, et en essayant de digérer toutes ces informations.

2020.08.06

Baignoire [RolePlay]

Elle aurait voulu s’exprimer et briser ce silence.
Elle était portée comme une enfant et elle n’avait pas eu son mot à dire.
Elle se sentait capable de marcher. Elle avait récupéré ses forces, par un tour de magie, elle n’y avait pas vraiment réfléchi, mais elle se sentait mieux.

— Je peux march—
Elle prit son courage à deux mains pour prononcer ces quelques mots.

Quelque chose se passa.
Les flammes intérieures qui la réchauffaient auparavant venaient de s’éteindre, son corps reprenait une température normale, petit à petit.
Quelque chose clochait.
Tout devint noir, d’un coup.
Elle perdit connaissance, dans les bras du comte, tout son corps se relâcha en une seconde et elle était maintenant calée contre son torse.
Alors que son corps recouvrait progressivement sa chaleur d’antan, la température en elle continua à baisser.
Elle était dans le noir, mais elle se sentait en sécurité.
Cependant elle avait froid, de plus en plus froid. La chaleur vive avait fait place à une fraîcheur glaciale.
Malgré la cape épaisse dans laquelle elle était enveloppée, elle tremblait maintenant.

Il n’était pas perturbé, ni même lorsqu’elle commença à parler. Il savait ce qui allait se passer, c’est pour cela qu’il l’avait portée sans même demander son avis.
Il resta imperturbable jusqu’au retour dans l’enceinte du château. Ils passèrent par une porte dérobée pour ne pas attirer l’attention.
Son homme de main retourna à son poste après avoir reçu l’ordre de prévenir le maître majordome de la situation.
Pendant ce temps là, il se dirigea directement dans ses quartiers. Empruntant des escaliers peu fréquentés, il ne souhaitait pas spécialement attirer l’attention sur eux.

Il réflechissait. Elle était blessée, son sang avait séché sur sa peau et ses vêtements. Elle était sale.
Il interpella quelques servantes et leur tendit le corps.

— Qu’elle soit propre et ses blessures pansées. Elle m’attendra dans mes quartiers.

Les domestiques ne bronchèrent pas. Elles n’auraient pas osé. Celle qui porta le corps le fit avec une grande aisance, même si sa corpulence était des plus normales et n’aurait pas laissé croire qu’elle puisse soulever un corps aussi facilement.
Elles s’inclinèrent et prirent congé.
Malgré leur rigueur en face du maître, elles n’en pensaient pas moins. Il était déjà plus qu’étrange que la nouvelle employée se trouve dans cet état.
Elles s’échangèrent des regards emplis de questions sans les formuler.
Elles ne pouvaient pas se rendre à la salle d’eau publique pour accomplir leur tâche.
Elles se dirigèrent vers la suite du comte.
Il n’avait rien dit de plus, mais c’était leur devoir de savoir quoi faire et où.

Arrivées dans les lieux, elles prirent soin de fermer la porte derrière elles et emmenèrent l’humaine dans la salle de bain.
Pendant que l’une la maintenait presque debout, une autre détachait la cape, qu’elles avaient reconnu au premier regard, celle du comte. Elles prirent soin de l’examiner et de la mettre de côté pour la nettoyer si besoin.
Sur leur visage, aucune expression, mais un silence froid se fit lorsqu’elles découvrirent l’état de la chemise.
Elles avaient senti l’odeur du sang particulier, celle d’un humain. Elles n’étaient pas les seules à l’avoir remarqué. Mais elles ne s’attendaient pas à un tel spectacle. Leurs questions n’auraient certainement pas de réponses et elles savaient qu’elles n’en diraient rien au maître.
Un frisson leur parcourut tout de même le dos. Était-ce leur maître qui avait fait cela à la nouvelle recrue ?
Elles n’avaient pas le temps de tergiverser.
Elles retirèrent la chemise, ou plutôt ce qu’il en restait.
Elles savaient que cette chemise faisait partie de la garde robe de leur maître.
Une partie manquait.
La jeune fille était encore inconsciente.
L’eau était en train de couler dans la baignoire.
La température de l’eau fut vérifiée et elles plongèrent progressivement le corps dans la cuve.

La chaleur du liquide dans lequel elle fut plongée la fit émerger.
Elle sentait son corps se faire manipuler sans pouvoir rien faire mais elle réussit à reprendre ses esprits lorsqu’elle fut allongée dans cette baignoire.
Le monde tournait encore autour d’elle mais elle lutta pour retrouver ses esprits.
Des servantes étaient autour d’elle et étaient en train de s’occuper d’elle, sans un mot.
Vérifiant le niveau de l’eau, nettoyant ses plaies, et les moindres recoins de son corps, et même ses cheveux.
Elle se laissa faire, elle n’avait pas vraiment le choix.
Ses forces n’étaient pas entièrement revenues et elle était spectatrice de ce bal de domestiques qui avait lieu autour d’elle.
C’était nouveau et étrange qu’on prenne ainsi soin d’elle et elle aurait pu être mal à l’aise de se retrouver ainsi nue devant des inconnues, mais leurs gestes étaient si froids, précis. Elles faisaient leur travail sans aucun jugement et elles ne s’attardaient pas plus sur ce corps.
C’était un corps comme un autre, à quelques détails près. Mis à part les blessures récentes et fraîches, il était parsemé de quelques vieilles cicatrices et des hématomes estompés. De plus, ce corps était extrêment fin et maigre. On pouvait deviner facilement le squelette de l’humaine tant sa peau en dessinait les contours.
Elle ferma les yeux et profita de ce petit moment de détente pour laisser son esprit vagabonder.
Ses plaies étaient un peu douloureuses et les domestiques prirent soin de bien les laver.

Sortie du bain. Une domestique s’occupa de vider la baignoire tandis qu’une autre était allée chercher une trousse de soin pour appliquer des bandages sur le cou et les flancs.
La troisième était allée dans la pièce d’à côté pour chercher une tenue. Elle revint avec une autre chemise du comte.

— Il sera plus simple de changer les bandages avec cette tenue.
Expliqua t-elle à ses collègues, elle s’échangèrent un hochement de tête approbateur et le silence revint.

La chemise était similaire à celle qu’elle avait sali.
Peut-être un peu plus ample et grande, les manches étaient bouffantes.
Après avoir remis la salle de bain dans son état d’origine, elles se dirigèrent dans la chambre, elle les suivit.
Puis elles s’en allèrent vers la porte de sortie.

— Attendez le comte ici.
S’exprima une des servantes, avant de refermer la porte derrière elle.

La porte venait de se refermer sous son nez et elle était au milieu de cette chambre, seule.
Elles étaient reparties avec le manteau du comte, certainement pour le laver.
Son ancienne chemise était posée et pliée sur le rebord de son bureau.
Elle ne savait pas combien de temps elle allait devoir attendre mais elle eut le loisir de contempler les moindres détails de cette pièce.
Jusqu’à ce qu’elle se rappelle qu’elle était encore faiblarde. Elle s’assit sur le lit et, la fatigue revint, elle se mit en boule et s’endormit dans un tourbillon de questions.

Que c’était-il passé ?
Elle avait bu le sang du comte.
Est-ce que le garde allait bien ?
Qu’était devenue l’ennemie ?
Qu’allait-elle devenir ?
Est-ce qu’elle allait être punie ? Avait-elle mal agi ?
Pourquoi était-elle encore en vie ?
Il avait parlé de conséquences, qu’elles étaient-elles ?

*

Il avait dû donner des ordres sur le corps de l’ennemie dans la forêt. Il fallait faire le ménage.
Son maître majordome vint également aux nouvelles, convoqué dans son bureau.
Il avait encore le pan de sa chemise ensanglanté dans sa main.
Il s’occupa des affaires urgentes et une des servantes qu’il avait commandé plus tôt, frappa à la porte de son bureau.
Elle venait le prévenir que leur tâche était accomplie.
Il les congédia.

Ce fut le tour de son homme de main de frapper et entrer.
Il lui devait des explications.
Il posa un genoux à terre et la tête baissée il attendait le feu vert pour parler.

— Je t’écoute.

Il était un peu irrité et il se tint debout, devant son bureau, après avoir glissé le tissu dans un tiroir.
Son employé lui expliqua alors les évènements.

— Mes plus sincères excuses d’avoir failli—
— N’en dis pas plus. Cela aurait été fort regrettable de te perdre dans cette situation. Tu as fait ce que tu pouvais. Je ne t’en tiens pas rigueur.

— Comment… va t-elle ?
Osa t-il demander.

— Elle se repose dans mes quartiers. Tu n’as pas à t’en faire.

Il put prendre congé et le maître des lieux s’occupa d’autres affaires sur le feu avant de lui-même quitter son bureau pour se rendre dans sa suite et s’enquérir de l’état de sa protégée.

Elle était roulée en boule sur la couverture épaisse du lit. Elle se réchauffait peu à peu, propre de la tête jusqu’aux pieds, elle n’avait jamais été aussi propre auparavant.
Elle s’était assoupie, se sentant encore un peu faible.
C’était un sommeil profond, elle n’entendit pas la porte s’ouvrir et quelqu’un approcher.

Il la vit sur son lit et cette vision le fit sourire, malgré lui.
Elle aurait fait une proie de choix.
La tension de cette matinée avait été à son comble et il était maintenant rassuré qu’elle soit enfin en sécurité.
Son sourire s’effaça lorsqu’il vit le bandage à son cou.
Cela lui rappela son geste irréparable.
Elle était en train de perdre son humanité. Il lui en restait encore un peu, mais cela n’allait pas durer.
Il l’avait sauvée parce qu’elle souhaitait vivre, mais à quel prix. Il avait commencé et il devait maintenant finir.

2020.07.26