Absorber [RolePlay]

Son geste était un paliatif pour qu’elle survive mais elle allait ressentir le besoin à nouveau de boire.
Boire de cette substance étrange mais délicieuse. Son corps allait se retrouver en manque. C’était inévitable.
Pour l’instant, elle dormait à poings fermés sur un lit qui n’était pas le sien. La soif ne se faisait pas encore ressentir et elle ignorait tout cela.
Il lui restait encore un peu de sang humain, mélangé à celui du comte.
C’est ce qui lui restait d’humanité, et que le comte lui débarrasserait bientôt pour qu’elle ne ressente plus ce manque et cette soif.
Qu’elle fasse partie entière de cette nouvelle vie qui lui était offerte.

Elle s’était roulée en boule, elle sortait d’un bon bain chaud mais son corps était en train de refroidir et elle n’avait qu’une chemise trop grande en guise d’habit.
Recroquevillée ainsi, elle avait tout de même réussit à s’endormir et bien profondément pour ne pas entendre la personne qui s’était assise à ses côtés, et qui l’observait maintenant en silence.
Les cheveux longs éparpillés derrière elle, sur les draps du lit. Elle n’avait pas osé le défaire et se glisser dedans. Après tout, c’était la chambre de son maître.
Sa main effleura ses longs cheveux noirs et les porta vers son visage pour les humer.
Elle semblait perdue dans ses songes, elle continua à dormir.
Il caressa du dos de sa main son visage.
Elle fit la moue, et frissonna au contact un peu plus frais. Elle ouvrit les yeux d’un seul coup et se réveilla aussitôt, elle se tint sur la défensive, observant la personne devant ses yeux, apeurée.
La crainte se lisait sur son visage puis la gêne, elle était confuse de s’être endormie alors qu’elle avait reçu l’ordre de l’attendre.
Il retira sa main sur le champ. Observant cette humaine à moitié sauvage. Mi-amusé par sa réaction.

Son coeur battait à toute allure, elle avait peut-être fait un mauvais rêve, le réveil avait été trop abrupt pour qu’elle s’en souvienne, mais elle avait eu peur qu’on lui fasse du mal. Encore une fois.
Pourtant elle savait qu’elle ne devait pas craindre dans ces lieux. Même si les derniers évènements lui avait prouvé le contraire. Elle était normalement en sécurité ici. Accoudée et à moitie relevée, elle observait son maître et ne savait pas quels mots formuler en priorité pour s’excuser de son manque de manières.
Elle ouvrit la bouche mais ainsi crispée, elle oublia qu’elle était blessée mais son corps le lui rappela.
La douleur vive sur son flanc la fit refermer ses lèvres et elle grimaça, étouffant un grognement.
L’inquiétude apparut sur le visage du comte.
Il la força à se rallonger, doucement.

— Allonge-toi. Ne cherche pas à te relever. Les plaies ne sont pas entièrement cicatrisées.

Ses mains accompagnèrent ses épaules jusqu’au lit.
Elle se laissa faire, la douleur la paralysa mais elle essaya de ne pas le montrer.
Il écarta ses cheveux une nouvelle fois pour observer les bandages sur son cou.
Elle fermait les yeux, la tête légèrement en arrière, elle essayait de se concentrer sur autre chose pour que la douleur s’estompe.
Pourquoi avait-elle mal maintenant. Elle se sentait mieux quelques instants auparavant.
Autre chose se fit ressentir.
Sa gorge sèche. Elle avait soif.
Cette soif étrange, puissante, qui la pressait de boire le sang qui coulait dans les veines de la personne dans la même pièce qu’elle.
Ce n’était pas normal. Rien que l’odeur de cette personne lui était aléchante.
Elle se contrôla du mieux qu’elle put pour réfréner cette envie irraisonnable.
Elle ne savait plus ce qui était le plus douloureux. Sa gorge sèche qui semblait réclamer la boisson interdite, ou ses plaies qu’elle avait fini par rouvrir.

D’ailleurs.
Elle aurait dû mourir. Elle avait perdu beaucoup trop de sang dans la forêt. Pourquoi et comment était-elle encore en vie.
Le comte lui avait fait boire son sang. Cela l’avait guérie mais pas complètement.
C’était maintenant sa tête qui commençait à lui faire mal.

Comme s’il comprenait ce qui lui arrivait.
Il resta silencieux et l’observa, attendant le bon moment pour agir.

— Je vais retirer le bandage sur ton cou.

Elle l’avait entendu. Sa voix semblait lointaine mais elle l’avait clairement entendu. Elle n’avait pas la force de lui répondre alors elle hocha brièvement sa tête.
Elle n’avait pas le choix et elle avait l’esprit occuppé par autre chose.

Il posa ses deux mains de part et d’autre de son cou, et de ses longs doigts froids, il retira le bandage méticuleusement, doucement, pour laisser la plaie en cours de cicatrisation à l’air libre.
Le bandage était légèrement taché de sang séché.
Il se pencha pour regarder l’état du cou du côté droit.
Intact. Seul le côté gauche avait été touché.
La blessure n’était pas belle.
Il ne broncha pas mais il savait que ce n’était pas commun. On pouvait deviner la chair à vif et bien lacérée, la profondeur des griffes qui l’avaient pénétrée et découpée.
Heureusement qu’il avait pu aider à la guérison partielle, mais il n’avait pas fini.

Il aurait pu laisser cette humaine dans cet état.
La laisser guérir presque normalement.
La laisser dans cette soif perpétuelle de lui. Esclave de sa personne.
Il ne le souhaitait pas. Il la souhaitait maîtresse d’elle-même.
Elle avait fait le choix de « vivre » avec les conséquences que ça impliquait, et il allait finir ce qu’il avait commencé. Il ne fallait pas attendre.

— Je vais te soulager.

Quelque chose dans sa voix laissait entendre qu’il aurait préféré une autre solution, mais il était trop tard et il savait qu’il n’avait pas eu tellement le choix, entre la laisser mourir ou la « sauver ».

Il se pencha sur elle.
Elle ouvrit les yeux. Sentant sa présence se rapprocher.
Elle aurait voulu lui hurler de s’éloigner, que quelque chose en elle allait lui faire du mal s’il s’approchait tant.
Elle ne réussit pas à le formuler. Luttant intérieurement.
Elle n’eut pas le temps.

— Pardonne-moi…
Murmura t-il, dans un souffle, avant de plonger dans le creux de son épaule droit.

Il hésita un instant. Sa bouche déjà grande ouverte, ses crocs frôlaient l’épiderme encore tiède de l’humaine. Sa respiration caressait sa peau.
Cela ne dura qu’un court instant.
Celui d’après, il avait enfoncé ses canines aiguisées dans sa chair.
Il l’avait fait de manière vive et rapide pour lui épargner cette douleur.
Il avait retiré aussitôt ses crocs pour s’abreuver de l’essence de sa vie.

Elle avait rouvert les yeux de surprise.
Elle avait senti quelque chose lui pénétrer dans le cou.
Une douleur vive aussitôt partie.
Et elle ressentit la chaleur en elle s’échapper par cette brèche.
Le comte était si près d’elle.
Elle comprit qu’il était en train de boire son sang.
Étrangement, cette soif criarde qu’elle avait, s’estompa pour disparaître.
Elle se sentait légère, anesthésiée, enveloppée dans un nuage de bien-être.
Si c’était ainsi qu’elle devait mourir, elle l’acceptait. Elle était prête à l’accepter.
Apaisée, elle referma les yeux et elle se laissa aller.

Il s’arrêta.
Léchant avant de se retirer, les deux petites ouvertures qu’il avait faites dans la chair, se refermèrent, comme si elles n’avaient jamais existées.
Il se lécha les babines, effaçant les dernières traces de son geste.
Elle était pâle. Beaucoup plus pâle que d’habitude et elle ne bougeait plus.
Il ne s’inquiéta pas. Il savait qu’il s’était arrêté à temps.
Enivré encore par ce qu’il venait d’absorber, il s’éloigna du lit, marchant en titubant jusqu’à son bureau.
Il s’appuya dessus et tenta de reprendre ses esprits.
Cela faisait un moment qu’il ne s’était pas abreuvé à la source, sur un humain.
Il en avait oublié la saveur et toute cette richesse de goût.
Il devait se reprendre et calmer la bête en lui.
S’il ne se contrôlait pas, peut-être qu’il aurait dévoré cette pauvre femme toute entière.

Elle avait encore conscience d’être sur le lit.
Elle n’avait plus froid, mais elle n’avait pas chaud.
Son corps ne tremblait plus.
Elle n’avait plus mal.
Elle sentait une légère gêne, qui était en train de s’estomper peu à peu.
Elle rouvrit les yeux.
Était-elle encore en vie ?
Elle reprit sa respiration. D’une grande inspiration.
Avait-elle oublié de respirer pendant tout ce temps ?
Combien de temps s’était-il écoulé ?
Était-elle devenue un fantôme ?

Il revint à ses côtés.
Il s’assit sur le lit.

— Je vais retirer les bandages. Tu n’en auras bientôt plus besoin.

Elle se laissa faire.
Elle était nue sous la chemise mais elle ne se sentit pas gênée lorsqu’il la déboutonna pour atteindre les bandelettes et les retirer délicatement.
Ses doigts sur sa peau n’étaient plus froid au contact, mais d’une grande douceur.
Elle observa l’état de son flanc, il était en train de se regénérer sous ses yeux.
Il ne restait plus qu’une fine cicatrice qui finit par également disparaître.
Ses anciennes blessures et ses hématomes avaient également disparus.
Elle se demanda si elle rêvait.
Elle tenta de se relever.
Il l’en empêcha d’un seul geste qui la cloua de nouveau au fond du lit.

— Il va falloir t’habituer à ce nouveau corps. Tu fais maintenant partie de la même race que moi. Tu n’es plus humaine, mais il existe des règles à respecter ici. Si tu as des questions, n’hésite pas à venir me voir. C’est cette conséquence qui découle de ton choix de continuer à vivre. Est-ce que cela te convient ?

Elle hocha la tête, lentement, sans vraiment comprendre le sens de ses paroles, et en essayant de digérer toutes ces informations.

2020.08.06

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