Quelque chose titillait son odorat. C’était le majordome. Elle le remarquait maintenant et lui aussi s’était rendu compte du changement.
Lorsqu’il se croisèrent dans les couloirs, ils s’étaient échangés quelques regards intrigués.
Puis ils avaient continué leur chemin.
Beaucoup plus tard, ils se recroisèrent. Ils étaient seuls. L’activité nocturne était un peu plus calme.
Elle errait dans les couloirs parce qu’elle n’arrivait pas à dormir et ce fut le hasard qu’elle tomba sur lui.
Tout comme le majordome qui faisait une simple ronde.
Il fut agréablement surpris.
— Mademoiselle Chloé.
La salua t-il
Elle s’inclina en réponse.
Balayant des yeux l’espace autour de lui, ils étaient dans une allée très peu fréquentée mais il ne souhaitait pas être dérangé.
— Est-ce que vous avez un petit moment à m’accorder ? Je souhaiterai m’entretenir avec vous.
— Oui, bien sûr.
Elle ne cacha pas son étonnement.
Il ouvrit la marche et elle le suivit.
Elle sourit interieurement, cela lui rappelait son premier jour ici. Tellement de choses s’étaient passées et elle était beaucoup plus à l’aise maintenant.
Ils arrivèrent devant une porte et il l’invita à entrer.
Elle n’avait pas peur, qu’avait-elle à craindre, après tout ?
C’était une simple chambre.
Elle entendit la porte se refermer derrière elle. Elle se retourna.
Son attitude changea, il s’avança vers elle, jusqu’à ce qu’ils ne soient qu’à quelques centimètres.
Il la surplombait de beaucoup, c’était une armoire à glace et elle devait lever son visage pour pouvoir le regarder dans les yeux.
Il se pencha pour qu’ils puissent se faire face, et il approcha son visage pour lui murmurer quelque chose après avoir humé son odeur.
Elle resta stoïque. Elle n’avait pas peur mais elle restait sur ses gardes. Se demandant si elle avait fait quelque chose de mal pour que le majordome lui en veuille.
— Vous êtes… différente, n’est-ce pas ?
Elle ne répondit pas. Elle ne savait pas si elle devait le dire. Était-ce un secret ? Le comte ne lui avait pas interdit mais elle ne souhaitait pas le crier sur les toits.
Puis. En tant que majordome personnel du comte, n’était-il pas au courant ? Ou alors le comte avait omis cette information, exprès ?
Même si rien n’avait été dit, tout le monde le savait implicitement. Elle ne sentait plus l’humaine. Cela devait être évident, mais il devait le savoir. Était-ce un test ?
Il recula pour mieux l’observer et un sourire apparut sur ses lèvres. Il était rare de le voir sourire.
Se moquait-il d’elle ?
Elle resta à le fixer, sans broncher. Sa question était réthorique.
— Ne soyez pas si méfiante envers moi. Je ne vous veux aucun mal. Au contraire…
Sa voix se voulait rassurante mais elle n’arrivait pas à se détendre. Elle continuait à le regarder sans dire un mot. Attendant ses explications. Il restait un employé important, même si son supérieur direct était Homa, il était au même rang et elle ne devait pas faire de faux pas.
— Vous avez dû remarquer que nous sommes similaires, maintenant.
Elle avait coupé sa respiration inconsciemment et à ces mots elle inspira et recommença à respirer.
Elle n’avait pas remarqué jusqu’à présent qu’il dégageait une odeur familière,à cette distance il n’y avait aucun doute. Elle en était certaine. Il était comme elle, comme le comte.
— Je souhaitais vérifier de mes propres yeux ce fait, pardonnez-moi d’avoir été rude.
Il se mit à genoux et attrapa la main de la jeune fille pour lui apposer un baiser d’excuse.
Elle frissonna. Pas parce que le toucher était froid mais étrangement doux, sa petite main s’était perdue dans sa paume immense. Malgré sa corpulence ses gestes étaient délicats.
— Permettez-moi de vous faire la cour. Je trouve votre odeur fort délicieuse.
Il se releva et son visage se retrouva à nouveau juste en face du sien.
« Délicieuse » ? Était-ce ça qu’elle ressentait également ? L’odeur du majordome était déroutante, mais est-ce qu’elle la qualifiait de délicieuse ? Elle ne savait pas.
Il lui attrapa le menton.
Elle eut un mouvement de recul. Un peu trop brusque qu’elle perdit l’équilibre, il la rattrapa. Il n’eut qu’à tendre son bras pour l’aider à reprendre son équilibre, sa main était dans son dos et il s’approcha encore plus d’elle. La ramenant vers lui.
Ses petites mains frêles étaient sur son torse, sur son uniforme.
Collés ainsi, l’odeur était plus intense, elle était enivrante. Elle devait se l’avouer.
Que lui proposait-il ?
Qu’est-ce que cela impliquait.
— Je vois que je ne vous laisse pas indifférente…
Sa voix grave résonna en elle.
Elle l’avait déjà fait, ou plutôt elle avait déjà subi cela.
Mais cette fois-ci, c’était différent. Il ne la violentait pas, il ne la forçait pas à faire cela. Pas encore.
Il attendait, elle ne savait pas quoi mais il attendait et il l’observait.
Est-ce qu’elle en avait envie ? La peur la paralysait.
Est-ce que lui, avait envie d’elle ?
Ce n’était pas la première fois qu’un homme se serve d’elle. Elle attendait sa sentence, qu’il fasse ce qu’il veut et que cela se termine vite. C’est tout ce qu’elle pouvait souhaiter s’il allait imposer ses désirs sur elle.
Elle tremblait.
— Si je me trompe, je ne vous retiens pas.
Elle continuait de boire ses paroles. Ne comprenant pas ce qu’il disait. Elle avait le droit de partir ? Vraiment ? N’était-ce pas un piège ? Une ruse ? Était-ce un jeu sadique ?
Elle le regardait sans le voir, pensive et perdue.
Il remarqua ses tremblements et s’interrogea.
Avait-elle froid… ? Ce n’était pas possible dans ce corps. Il réalisa qu’elle avait peur.
Il fut confus et il tenta de la rassurer, ne sachant plus où se mettre. Que dirait son maître s’il apprenait qu’il effrayait sa protégée ?
— Mademoiselle Chloé… Je ne voulais pas vous effrayer.
Il s’éloigne, la relâchant.
Elle n’ose pas le regarder dans les yeux, son regard fuyant.
Elle essayait d’analyser la nature de ce qu’elle ressentait actuellement.
Était-ce la première fois qu’elle eut envie de quelqu’un ?
Était-ce cela avoir du désir charnel ?
Elle sentait une certaine attirance physique pour l’homme en face d’elle. Son odeur. Ses gestes. Son attitude. Il était attentionné et c’était quelque chose qu’elle n’avait jamais eu la chance d’avoir dans ce genre de situation.
Il attendait patiemment qu’elle lui autorise ou qu’elle refuse ses avances.
Quelque chose en lui était douloureux. C’était étrange de la voir aussi vulnérable. Était-elle vierge ?
Il n’aurait jamais pensé qu’elle puisse l’être et il se sentit bête d’avoir pu brûler les étapes.
Il ne devait pas la brusquer et surtout ne pas la forcer même s’il avait envie de la dévorer.
Ce qu’il avait en tête, c’était simplement qu’ils passent tous les deux un bon moment. Il ne pensait pas qu’il se retrouverait dans cette situation plus complexe à gérer.
Elle pouvait se sentir en confiance.
C’était peut-être une chance pour elle de découvrir le plaisir charnel sans le subir. Devait-elle la saisir ?
Est-ce qu’il comprendrait ? Tout son corps lui dictait de fuir, par mécanisme, mais elle avait longuement réfléchi. Elle voulait surmonter son traumatisme.
Elle savait que si elle ne faisait rien, rien ne changerait et elle aurait constamment peur de cette proximité. Elle ne voulait pas rester prisonnière de son passé.
Elle releva la tête pour croiser le regard de l’homme, qui l’étudiait patiemment.
Elle jouait avec ses doigts, les mains entrelacées, nerveuse. Elle avait réussi à calmer ses tremblements.
— Je…
D’une voix faiblarde, elle n’arrivait pas à s’exprimer.
Elle n’arrivait pas à trouver les mots.
Elle voulait essayer.
Elle s’avança vers lui, lentement. C’était sa manière à elle de dire qu’elle acceptait son offre.
Timidement.
Il s’approcha d’elle, sans faire de mouvement brusque.
Il voulait la toucher, poser sa main sur son visage et la rassurer d’un baiser, mais au vu de sa réaction précédante, il se retint.
Il prit sa main nerveuse et la dirigea vers son propre visage. Il embrassa ses phalanges.
— Je serai doux, je vous le promets.
Dit-il, simplement.
Elle fut surprise à nouveau au contact physique.
Tout allait bien. C’était juste sa main.
Son visage, ses lèvres. C’était… agréable. Étrangement doux. Malgré sa corpulence, il était si délicat.
Avait-elle le droit d’apprécier cela ?
Il avait décidé de prendre soin d’elle.
Il partait du principe que c’était sa première fois et il allait tout mettre en place pour la mettre à l’aise.
Et surtout prendre le temps de le faire.
Il se pencha et il l’embrassa dans le cou, tout en passant ses mains sur ses épaules pour l’aider à retirer son uniforme.
Elle frissonna encore une fois. Le contact de son souffle et de ses lèvres sur sa propre chair était… un délice. Elle ressentait quelque chose en elle, une petite boule de chaleur avait fait son apparition dans le creux de sa poitrine.
Elle chercha à croiser son regard.
Levant ses mains et attrapant un bout de tissu de l’uniforme du majordome.
Devait-elle le déshabiller, également ?
Il répondit à sa question muette en acquiesçant, un petit sourire au coin de sa bouche, elle s’empourpra.
Elle balada ses doigts hésitants sur son uniforme pour le défaire et rapidement les vêtements furent au sol et ils se retrouvèrent tous les deux en sous-vêtements.
Elle, en culotte short blanc et lui en un boxer de la même couleur.
— Magnifique…
Souffla t-il, lorsqu il découvrit le corps de la jeune femme.
Elle était fine et sans réelles formes. Elle avait une poitrine presque inexistante. Dans ce nouveau corps, sa peau était lisse et claire comme de la porcelaine. Ses cicatrices et hématomes avaient disparu.
Elle garda le silence et fut gênée. Elle qui d’habitude ne portait aucune importance à sa nudité, elle se trouvait aujourd’hui dans un autre contexte et elle ne savait pas où se cacher.
Il l’attrapa pour la porter jusqu’au lit, l’allongeant dessus. Ce qui fit virer son visage au rouge.
Pour ne pas l’embarrasser plus, il avait gardé son bas de sous-vêtement. Et il s’attaqua aux préliminaires.
Il s’allongea à ses côtés, et commença à caresser sa peau, baladant sa main et ses doigts sur son corps pour commencer, tout en observant ses réactions.
Elle l’imita et prit le temps de découvrir le corps de son partenaire, ce dont elle n’avait jamais eu l’occasion.
Quelque part en elle, elle avait encore peur de cette présence masculine, elle n’avait connu que des hommes qui l’avaient forcée et utilisée, faisant leur affaire et l’abandonnant ensuite.
Celui-ci était différent. Il lui laissait le temps. Il essayait de lui faire plaisir ?
C’est-ce qu’elle ressentait lorsqu’il la touchait.
Elle voulait lui rendre l’appareil. Qu’elle ne soit pas la seule à apprécier ce moment.
Et elle le sentait frissonner sous ses doigts fins et frêles. Elle s’amusait à dessiner ses muscles, caresser son torse, elle découvrait à quel point sa chair était dure mais douce, ses muscles, ses os, son corps. Cela avait un effet sur lui, même si son expression restait neutre, il exprimait quelques bruits discrets. Et si elle regardait un peu plus bas, elle pouvait deviner quelque chose grossir dans son boxer. Elle essaya de ne pas faire attention mais elle ne pouvait pas l’ignorer.
C’était loin d’être la première fois qu’elle voyait l’entre-jambe d’un homme, d’habitude ils étaient déjà durs, prêts et ils étaient violent et rapides avec elle. Elle n’avait pas son mot à dire. Mais cette fois-ci, elle était sereine, amusée que ce soit ce qu’elle était en train de lui faire qui l’excitait. Que son envie soit visible mais qu’il soit capable d’attendre qu’elle-même soit prête.
Ils étaient de plus en plus proche et il finit par lui demander.
— Est-ce que je peux vous embrasser ?
Elle hocha la tête en guise de réponse.
Il n’attendit pas une seconde de plus. Cela faisait un moment dont il en avait envie et il approcha son visage pour apposer un baiser, d’abord sur la joue, puis sur la commissure de ses lèvres, puis enfin dessus.
C’était un baiser tendre et elle se surprit à l’apprécier.
Elle ressentait des picotements dans son ventre, ce qui n’était pas désagréable. Au contraire. C’était une sensation nouvelle et étrange mais ça lui apportait un certain bien-être inédit.
Alors elle lui rendit ce baiser. Elle fit son premier pas.
Elle chercha à l’embrasser, elle essaya de bien faire.
Il entrouvrit ses lèvres et elle en fit de même pour reprendre sa respiration, même si elle n’en avait pas besoin, elle eut ce réflexe humain, et il engouffra quelque chose d’humide et tiède à l’intérieur de sa bouche. Sa langue. Il chercha à caresser la sienne et elle l’imita, pensant que c’était la bonne chose à faire.
C’était agréable. Tout était agréable.
Elle découvrait.
Il se déplaça pour la surplomber. Il était au dessus d’elle et elle le regardait dans les yeux.
— Je vais vous faire du bien.
Dit-il, avant de descendre vers le bas de son corps et retirer sa culotte.
Elle se laissa faire. Elle n’avait aucune raison d’avoir peur, c’est ce qu’elle se répéta pour se calmer.
Tout irait bien. Il n’avait rien fait jusque ici qui pourrait lui faire mal.
Il passa sa main sur son ventre pour la caresser puis prit ses chevilles pour les poser et les écarter de chaque côté de lui.
Il observait avec admiration son intimité ce qui la fit resserrer ses cuisses, d’embarras.
— Il n’y a rien à cacher. C’est magnifique, vous êtes magnifique.
Rit-il, en décalant gentiment ses cuisses pour pouvoir se positionner au bon endroit.
Il en dessina les contours avec ses doigts puis il y posa sa bouche pour la déguster.
Sa langue semblait chercher quelque chose, il la baladait de manière experte.
Et elle appréciait, elle laissa échapper à plusieurs reprises quelques gémissement de plaisir.
Puis elle eut envie de plus. Elle eut envie de lui. Qu’il la comble avec son membre.
Il aurait peut-être continué jusqu’à ce qu’elle atteigne l’orgasme mais elle l’arrêta. Elle posa ses mains sur sa tête et il releva son visage pour la regarder.
— Est-ce qu’il y a un problème ?
Demanda t-il, inquiet.
— Prenez-moi…
Repondit-elle simplement, elle aurait pu mourir de honte à ces mots, mais elle se contenta de rougir et se cacher le visage avec ses avant-bras.
Il sourit, et son coeur fit un bond dans sa poitrine.
Il retira rapidement son bas et se positionna juste au dessus d’elle.
Il déplaca ses bras pour pouvoir voir son visage.
Il l’embrassa sur le bout du nez puis il descendit, en embrassant ce qu’il pouvait sur son passage : son menton, ses clavicules, sa poitrine, son abdomen puis il revint vers son visage.
— Je vais y aller tout doucement… dites-moi si vous avez mal.
La rassura t-il.
Elle n’avait jamais entendu ces mots mais elle se sentit tellement soulagée. Il aura fallu que ce soit un non-humain qui prononce ces paroles.
Il se redressa et se prit en main pour se guider et la pénétrer, doucement.
Il était assez imposant mais l’extrémité entra sans problème, puis le reste put glisser à l’intérieur.
Elle savoura chaque instant. Il prenait le temps nécessaire pour qu’elle puisse apprécier et lui également.
Il lui fit l’amour et elle découvrit ce que c’était.
Epuisée mais comblée, elle s’endormit le sourire aux lèvres.
Elle se réveilla presque en sursaut.
Quelle heure était-il ?
Elle était seule dans le lit, et il l’avait recouverte d’une couverture.
— Bonjour mademoiselle. J’espère que vous avez bien dormi.
Il était déjà debout et habillé. Il finissait de se préparer. Il lui adressa un sourire.
— Je dois vous laisser. Revenez me voir quand vous le souhaitez.
Il s’en alla, la laissant seule dans sa chambre.
Elle se cacha sous la couverture, embarrassée au plus haut point.
Elle devait se reprendre et elle aussi, se préparer.
Elle avait passé une excellente nuit.
Elle sortit de la chambre, sur ses gardes, jetant des regards autour d’elle et en espérant qu’elle ne croise personne, pour ne pas devoir s’expliquer.
Frekio la vit et la salua.
— Hé, que fais-tu là de si bon matin ?
Elle sursauta.
— J-je cherchais Bréto.
Bégaya t-elle, embarrassée.
— Je l’ai croisé il y a quelques minutes dans les couloirs.
— Ah, d’accord…
Et elle se dirigea dans l’autre direction, celle qui menait à la salle d’eau. Ignorant le jeune homme.
Il la suivit, méfiant et trouvant bizarre sa présence dans cette aile du château, et son embarras était étrange. Son odeur aussi.
Elle sentait la sueur et… Bréto.
— Tu…
Devina t-il en marchant à ses côtés.
Il n’avait apparemment rien de mieux à faire.
Elle accéléra le pas, ne souhaitant pas aborder le sujet.
Le visage rouge pivoine.
Un large sourire apparut sur son visage.
— Je vois.
— Tu vois q-quoi…?!
— Mon flair ne me trahit jamais. Tu sens… quelque chose de particulier aujourd’hui… tous les deux… je me disais bien qu’il était particulièrement de bonne humeur quand je l’ai croisé. Vous avez…
Elle se précipita sur lui pour lui couvrir la bouche avec sa main et l’empêcher d’en dire plus.
— N’en dis pas plus ! Tu as bien deviné, maintenant. Chut !
Les oreilles brûlantes, elle attendit qu’il acquiesce de se taire et elle le relâcha.
— Ah… sacré Bréto.
Dit-il, en lui jetant un regard amusé.
Cela ne le choquait pas. C’était une chose courante en ces lieux.
Il n’ajouta rien de plus et il l’accompagna en silence et la laissa à l’entrée de la salle d’eau.
La laissant tranquille.
2020.09.01