Méprise

Elle se battait avec Pierre pour l’entraînement. Coups de poing, coups de genoux. Elle allait encore perdre.
Elle fut essouflée. Il avait gagné.
Il lui tenait le cou.
De sa main droite elle lui serait sa poignet et de sa main gauche elle frappait le bras de pierre, pour signifier qu’elle admettait sa défaite.
Il la lâcha. Elle était à genou en tentant de reprendre son souffle et se massant le cou.
Il était sur le point de lui caresser la tête lorsqu’un homme aux cheveux mi-longs d’un blond doré et aux yeux bleus ciel courut vers Pierre et le mis dos à un arbre en l’immobilisant, bras sur sa gorge.
Pierre ne se laissa pas faire. Il réussit à assurer sa défense sans trop de dommage. Il avait sentit la présence de cet inconnu mais il était arrivé beaucoup plus vite qu’il ne l’aurait cru.
Alice à terre, n’avait pas encore relevé la tête et reprenait son souffle.
Elle redressa son visage et vit l’homme de dos attaquer Pierre.
Elle se leva précipitemment, et était sur le point de foncer sur l’ennemi lorsqu’elle sentit une douleur à la poitrine.
Elle sentit son coeur battre, se serrer et elle perdit connaissance.

— Alice, va t-en !
Lui criait Pierre en empêchant l’inconnu de l’étrangler.

L’homme blond prit un air surpris après avoir entendu ces mots.
Ils se fixaient mutuellement et Pierre pouvait apercevoir une certaine haine dans le regard qu’il affrontait. Qui laissa transparaitre un soupçon de doute et des yeux emplis de questions après ce qu’il venait de dire.
Ils entendirent un bruit sourd en direction d’Alice.
L’inconnu se retourna en premier, il aperçut le corps de la fille, à terre. Il hésita un instant.
Il lâcha prise Pierre et courut vers Alice, il l’a souleva et l’appela.

— Lys… Lys ! Tu m’entends… ?
Appela t-il d’une voix inquiète.

Pierre était sur le point de riposter et assomer l’homme lorsqu’il vit que cet inconnu semblait connaître sa protégée.
Il s’arrêta juste derrière l’individu suspect et suivit la scène en silence.
Alice fronça des sourcils et entrouvit ses paupières.
Elle aperçut la silhouette de l’homme encapuchonné mais n’était pas en mesure de paniquer, sa vision était floue mais commençait à devenir plus nette.
Elle entendait la voix de son frère l’appeler. Elle se disait qu’elle devait rêver. D’autre part, une douleur immense la faisait souffrir dans sa poitrine.
Lorsqu’elle reconnut le visage de son frère, Alexandre, qui s’était laissé pousser les cheveux et était mal rasé. Elle fut plus que surprise.

— … … Cendre… !?
Dit-elle d’une petite voix.

Elle leva sa main droite vers son visage pour certifier qu’elle ne rêvait pas.
Alexandre, rassuré que sa soeur ait repris connaissance, prit sa main dans la sienne et l’embrassa.

— Oui, c’est moi… Lys…
— … Comment… ?

Elle eut une faiblesse et ressombrit dans son coma.
Alexandre paniqua. Il devait ramener sa soeur chez lui.
Il la porta de ses deux bras, se leva et s’apprêtait à partir.
Il se tourna vers Pierre.

— Je crois qu’il y a eu un malentendu.
Dit-il enfin, d’un air géné.

— Je m’excuse d’avoir agi aussi abruptement. Il semblerait que je me sois trompé sur vos intentions. Qui que vous soyez, ma soeur a besoin de soin immédiatement.
Dit-il rouge de honte d’avoir attaqué quelqu’un d’innocent.

— Je peux savoir où vous l’emmenez ?
S’opposa t-il.

Et ne souhaitant pas laisser Alice se faire emmener par un homme qu’il ne connaissait pas.

— Dans notre village. Je souhaiterai que vous m’accompagniez pour vous poser plus amples questions, si cela ne vous dérange pas.

Pierre, inquiet de l’état de santé d’Alice, ne put qu’accepter.

— Je vous suis.

L’ambiance fut lourde durant tout le long du trajet.

— … Je m’appelle Alexandre.
Il n’osa pas regarder son interlocuteur en face.

— Ne soyez pas aussi confus. Je comprends tout à fait votre réaction, je pense qu’à votre place, j’aurais agit de la même manière. Je suis Pierre. Enchanté.

— … Puis-je vous demander ce que vous faisiez avec ma… soeur ?
Il insista sur Alice, voulant délimiter son territoire.

— Je l’entraînais à se défendre.
Répondit-il calmemant et ne se laissant pas impressionner.

— À se défendre ?!… Vous êtes au courant qu’elle a des problèmes de santé d’ordre physique et respiratoire ?!

Il était hors de lui. Il mettait sa soeur en danger.

— …Ce n’est pas une raison suffisante. Un ennemi ne lui fera pas de cadeau dans une bataille.

Il ne le savait pas. Il savait qu’elle était épuisée après certaines activités physiques. Il se doutait de quelque chose mais il ne le savait pas. Tout d’un coup tout devint clair. Il se sentait honteux de ne pas l’avoir deviné, ni sut en temps et en heure et d’avoir mis Alice en danger.
Alexandre ne savait plus quoi répondre. Il se tut.

— Quels est votre relation ?
Demanda t-il, subitement, pour changer de sujet.

— Puisque vous êtes son frère, j’imagine que je n’ai rien à vous cacher.

Alexandre se crispa, effrayé d’entendre quelque chose à laquelle il n’était préparé mentalement.
Pierre avait fait exprès de tourner sa phrase ainsi.

— Une élève que j’ai rencontrée il y a quelques années.

Alexandre lâcha un soupir de soulagement intérieurement.

— À moi de poser les questions maintenant. Pourquoi avez-vous abandonné votre soeur ?

— Abandonner ?!… Vous pensez vraiment que j’aurais abandonné ma propre soeur ?! Je l’ai cherchée partout pendant des semaines et des mois. Après sa disparition. Tout ce que j’ai retrouvé c’était une calèche vide avec cadavres dépecés, en plein milieu d’une route, mais aucune trace de son corps.
Répondit Alexandre outré.

Ils étaient à nouveau redevenus silencieux.
Pierre savait mieux que quiconque ce qui s’était passé cette nuit-là.

— Excusez-moi, je me suis emporté. Je tiens beaucoup à ma soeur, il y a méprise. Je ne l’ai jamais abandonnée, notre village a subi une attaque et elle s’est faite enlever. J’assume toute la responsabilité de ce qui s’est passé. Je n’aurais jamais dû m’éloigner d’elle. J’aurais dû être assez fort pour la protéger ce jour-là…
Repris Alexandre.

Pierre se rendit compte qu’il était allé trop loin.

— Je ne voulais pas… vous remémorer de mauvais souvenir. C’est à moi de m’excuser. Je n’aurais pas dû tourner ma question ainsi. Vous m’apprenez quelque chose. Je suis persuadé que vous avez fait de votre mieux, vous n’êtes pas à blâmer.

Ils continuaient à marcher.
Alexandre jeta un regard furtif à Pierre. Il jugea que ce n’était pas une mauvaise personne.

2012.3.4

Territoire

Il s’arrêta net.
Il la prit par la manche.
Le regard méfiant.
Ils étaient encerclés.
Il serra sa main dans la sienne.
Plusieurs hommes vêtus d’une capeline noire sortirent de derrière les arbres et les entourèrent.
Trois d’entre eux se jetèrent sur Alexandre.
Il dut se défendre, dos à Alice.
Pendant ce temps lè, deux autres hommes se dirigeaient vers Alice.

— Lys, cours !

Elle lui jeta un regard paniqué.
Elle comprit qu’elle devait obéir.
Elle commença à courir dans la direction opposée pour fuir ses poursuivants pendant qu’Alexandre les retenait.
En courant elle jeta un regard derrière elle.
Personne.
Elle entra dans quelque chose.
Quelqu’un.

— … Ex-excusez-moi !

Elle leva les yeux.
Un homme grand, les cheveux longs, noir, la regardant de haut.
Il lui sourit.
Il tint son visage entre ses doigts.
Surprise tout d’abord.
Elle comprit qu’il ne lui voulait pas du bien. Il faisait partie des hommes en noirs.

— Bonjour, mademoiselle.
Dit-il d’une voix suave.

Elle se débattit et réussit à se dégager de sa main.
Elle se mit à courir dans une autre direction.
Il lui attrapa le bras.
La serra contre sa poitrine, et lui posa la lame d’un coutelet sur sa gorge.

— Tu vas être une sage fille, n’est-ce pas ?

Il la tenait et la dirigea d’où elle venait.
Alexandre se battait encore avec les hommes en noir.
Quelques uns avaient été battus et gisaient sur le sol.
Il transpirait et n’en pouvait presque plus.
Il était concentré et n’avait pas vu Alice revenir avec un quelqu’un.
L’homme à la voix suave prit une voix grave et impérative.

— Arrêtez.

Les hommes en noir s’arrêtèrent tous et se tournèrent vers lui.

— Nous partons.

Ils se replièrent. Ils emportèrent leurs camarades sur le sol.
Alexandre surprit, se tourna aussi vers l’origine de la voix.

— Lys… ?!
— Cendre…
— Ne tentez rien de fâcheux.

La lame du couteau sur la gorge d’Alice était bien en évidence.

— ENFOIRÉ !
— Attention à ce que tu pourrais dire ou faire…
Dit-il en ricanant.

Il murmura dans l’oreille d’Alice. De sa voix suave.

— Je laisserai la vie sauve à ce garçon, si tu restes sage.

Alexandre ne pouvait rien faire.
Il fixait sa soeur dans les yeux. Il percevait son désespoir et la peur dans son regard.
L’homme retira la lame du cou d’Alice et la dirigea sur sa poitrine. Il la retourna au dernier moment et frappa son ventre.
Il la frappa avec le pommeau de la dague.
Elle perdit connaissance.
Il la rattrapa et la porta dans ses bras.

— Le voyage sera plus simple ainsi.
Il ajouta.

— Oublie-la et tout se passera pour le mieux.

Ils disparurent devant les yeux ébahis d’Alexandre.

— Lys… LYS… !

Il tomba à genoux et resta dans cette position à repenser à ce qu’il venait de se passer.

*

L’homme mystérieux arriva dans sa demeure.
La lumière du jour n’y pénètre pas.
Les murs sont de pierres.

— Occupez-vous des blessés.
S’adressa t-il à ses hommes.

— Bien Monsieur.

Il porta Alice jusqu’à une pièce spéciale.
Il y avait un lit avec des sangles.
Il l’allongea dessus et l’attacha.
Deux hommes habillés d’une blouse entrèrent.

— Qu’elle soit prête lorsque je reviendrai.
— Bien, Monsieur.

Il sortit et retourna à ses occupations.
Un des homme en blouse prit une seringue et injecta dans le bras droit de la jeune fille un produit. Il prit soin de lui retrousser ses manches.
Elle se réveilla peu à peu.
Elle était sur une sorte de lit avec un matelas assez dur. Elle y était attachée.
Devant elle, deux hommes en blouse. La lumière de la salle se trouvait derrière ces messieurs. Elle n’apercevait pas clairement leurs visages.
Un des hommes s’approcha d’elle et la piqua avec une sorte d’aiguille.
Elle sentit un picotement.
Puis un liquide froid couler le long de son bras, à partir de la piqûre.
Le produit faisait effet.
Il pénétra dans toutes ses veines.
Elle le sentait, d’abord froid, puis tiède, puis à la température de son corps. Ensuite elle le sentit de plus en plus chaud, jusqu’à la brûler de l’intérieur.
Elle le sentait dans ses veines bouillir.
La douleur était insupportable.
Elle transpirait et s’essoufflait.
Elle reperdit connaissance.
Lorsqu’elle reprit ses esprits, elle revit les deux hommes devant elle. L’observant.

— Détachez-moi…
Dit-elle épuisée.

Les deux hommes se regardèrent, consentirent à quelque chose et l’un des deux revint avec la seringue et une seconde dose du produit injecté.

— Non… NON.
Criait-elle.

La scène recommença, avec plus de force à chaque fois. La dose de produit était augmentée à chaque fois.
Elle n’avait plus la force de crier.

— Cette réaction n’est pas normale… Elle ne devrait pas pouvoir s’exprimer aussi clairement après l’injection…
— Aucune importance, si elle n’est pas prête comme il le faut au retour du Maître, nous ne serons plus de ce monde.

Plusieurs heures après.
Le maître des lieux revint quérir de la situation.
Les deux hommes baissèrent la tête.

— Monsieur…
— Que se passe t-il ? Ce n’est toujours pas fini ?!
— C’est-à-dire… que…

Il s’avança, balaya du regard la pièce, puis s’arrêta devant le lit de la patiente.
Elle avait le regard vide et était transpirante.

— Tuez… moi…
— Le produit n’est-il plus efficace ?
— Non, Monsieur. Cette enfant dissipe le produit dans son sang. D’où une réaction très virulente… Nous avons utilisé une dose croissante. Nous avons déjà atteint 5 fois la dose normale.
— Je vais m’occuper de la suite.

Il se dirigea vers la patiente, et commença à la détacher.
Il s’approcha du visage d’Alice.
Il observa ses signes vitaux.
D’une voix faible elle murmurait.

— Tuez… moi…

Le regard vide.

— Jeune fille, comment appelles-tu ?

Elle semblait étouffer et souffrir. Les larmes au coin des yeux.

— C’est la première fois qu’on a un cas comme celui-ci, Monsieur.
— Je vais m’en occuper personnellement.

Il la détacha et la porta.

— Bien, Monsieur.

Il sortit.
Il se dirigea dans ses appartements.
Il posa Alice sur son lit.
Il la déshabilla.
Elle ne réagissait pas.

— Hé, tu m’entends ?

Il s’approcha de son visage.
Il essaya d’attirer son attention.
Elle avait de la fièvre et était brûlante. Son souffle était court.
Il la prit dans ses bras.
Elle tremblait et semblait à bout de force.
Il l’habilla de vêtements neufs pour la nuit et la coucha.
Il se coucha avec elle dans son lit.
La serrant dans ses bras.
Son corps était froid bien qu’elle avait transpiré. Et elle continuait à trembler nerveusement.
Ils finirent par s’endormir.

Le lendemain il se réveilla bien avant elle.
Elle avait fini par trouver le sommeil et semblait plus paisible.
Il se rhabilla, prépara les vêtements pour la jeune fille endormie.
Il la réveilla.

— Bonjour, jeune fille.

Elle ouvrit lentement les yeux.
Elle le fixa sans rien dire.
Elle se souvenait de la séparation avec son frère. Elle se souvenait de la pièce avec les deux médecins et de la seringue.
Elle se souvenait de la souffrance.
Puis plus rien ensuite.

— Comment appelles-tu?

Elle ne répondit pas.
Elle ne savait pas où elle se trouvait.
C’était une pièce somptueuse.

— Sais-tu qui je suis ?
— Laissez-moi partir.

Les yeux écarquillés de surprise.
Elle n’avait pas perdu la mémoire.
D’habitude les filles étaient censées n’avoir plus aucun souvenir.
Il reprit une attitude normale et se décida.

— Tu vas mettre ces vêtements.

Elle resta, le regard fixe et sans expression. Son attitude indiquait qu’elle refusait.

— Ce n’est pas un choix. Je te les enfilerai moi-même. Ta tâche principale sera de satisfaire tes clients. Aucune bavure n’est autorisée.
Dit-il tout en finissant de s’habiller et boutonner les manches de sa chemise.

Elle voulait se lever et fuir, mais les forces lui manquaient.
Elle pouvait à peine se lever du lit.
Il s’approcha d’elle, et lui changea ses vêtements.
Elle crut mourir de honte.
Il expliqua la situation.

— Vous avez pénétré mon territoire. Soyez heureux que je ne vous ai pas tous les deux exécutés sur le champ.

Après les préparations finies, il la porta et sortit de la chambre.
Devant lui un grand couloir long et assez spacieux.
Des portes à droite et à gauche, tout le long.
À côté de ces portes, une fille. Chacune toutes plus belles les unes que les autres, habillées de vêtements différents et luxueux. Se tenaient là, et suivaient du regard le maître des lieux. À son passage devant elles, chacune saluait.

— Bonjour Père.

Les yeux pleins d’admiration.
Il leur rendait à chacune le bonjour en les appelant par leur prénom respectif.
Arrivé au bout du couloir, une porte sans personne aux alentours.
Les filles n’avaient d’yeux que pour leur « Père ». Elles ne jetèrent même pas un seul regard à la personne qu’il portait dans ses bras.
Il se tourna vers elles.

— Faites, aujourd’hui aussi, un travail impeccable qui me rendra fier de vous.

— Bien, Père.
Répondirent-elles toutes en choeur.

La porte devant lui s’ouvrit sans qu’il ait à la toucher et il entra dans la pièce.
C’était une salle décorée qui n’égalait pas la pièce dans laquelle elle se trouvait à son réveil, mais elle était impressionante.
Une autre porte qui semblait donner sur une autre pièce au fond.
Un lit deux places magnifiquement fait, une coiffeuse, une grande armoire. Sans parler de la décoration et du papier peint.
Il la posa sur le lit délicatement.

— Je te conseille de prendre une douche pour te détendre.

Il jeta son regard sur la seconde porte de la pièce qui n’était pas celle d’entrée.

— Je repasserai plus tard.

Elle resta sur le lit, les yeux rivés sur le plafond.
Aucune fenêtre.
Elle ne pouvait pas bouger.
La porte était fermée de l’extérieur, il n’y avait pas de poignée à l’intérieur.
Elle recouvrit ses forces peu à peu, mais pas assez suffisantes.
Elle tenta de se lever.
Ses bras manquaient de force.
Elle pouvait au moins ramper, ou se rouler jusqu’à la porte de sortie.
Elle réussit à se relever sur le lit.
Elle tendit les bras vers le mur et tenta de prendre appuie dessus pour s’assoir correctement.
Elle glissa ses jambes en dehors du lit.
Elle tremblait.
Elle voulu se lever. À l’aide du mur elle se mit debout.
Ses jambes étaient faibles et semblaient céder sous le poids de son corps.
Elle longea le mur et les meubles en s’appuyant dessus pour se redresser et se dirigea petit à petit vers la porte.
Elle n’était pas spécialement fatiguée vu qu’elle avait relativement dormi, mais son corps n’avait pas récupéré des expériences qu’on lui avait fait subir la veille.
Elle eut un mouvement d’absence et s’évanouit à quelques mètres de la porte.
Son corps gisait juste devant.

— Monsieur, il y a un problème dans la chambre de la nouvelle…

Il s’approcha des caméras de surveillance.
Il ne la voyait plus sur le lit mais à plat ventre à quelques mètres plus loin, sur le sol.

— Je m’en occupe.
Dit-il d’une voix froide.

Il se hâta dans la chambre. Lorsqu’il ouvrit la porte, elle rencontra comme obstacle le bras de la fillette.
Il s’accroupit près du corps, il lui tâta le pouls et la porta.
Elle n’était pas en état de faire quoi que ce soit.
Il sortit de la pièce et l’emmena dans ses appartements.
Il la deposa délicatement sur le lit.
Il demanda à ce qu’on prépare un plat chaud.
Il appela aussi un médecin, pour qu’on l’examine.

*

— Arrête de fréquenter ma soeur.
Dit-il d’une voix menaçante.

— Pardon ?!
— Tu m’as très bien compris.

— Ahah, il n’est pas question que tu décides à ma place de ce que je dois faire ou non.
Dit-il en riant.

— Ne t’approches plus d’elle.
— Crois-tu vraiment que je vais suivre tes instructions ?
— Tu n’auras pas le choix. Je resterai auprès d’elle. Tu comprends pas que tu la blesses ?
— Qu-
— Regarde dans quel état elle est actuellement. Cela aurait pu être plus grave.
— C’était un accident et tu le sais très bien !

Le ton commençait à monter. Ils étaient tous les deux dans un coin un peu isolé, sur un bout de terre flottant.
Elle s’était réveillée et se trouvait dans son lit.
Elle se souvenait partiellement de ce qui s’était passé.
Elle était avec Florent. Ils se promenaient tranquillement dans la forêt sur terre lorsqu’ils rencontrèrent un groupe de gens pas très acceuillants. Ils attaquèrent Florent qui la protégeait et il l’avait éloignée. Les personnes aux alentours l’avaient attrapée et lui avaient coupée la respiration en la serrant au niveau du cou. Ils la tenaient par les cheveux et la jeta à terre.
Florent fou de rage fit un carnage et blessa tous ses opposants en les rendant infirmes.
Ses ailes qui étaient à la base un peu grises aux pointes, se teintèrent un peu de noir.
Il avait dû la ramener chez elle.

— … Florent… ?… Alexandre… ?
Appelait-elle en descendant du lit et se rendant à l’étage inférieur.

— Alice ? Tu es réveillée ?
Répondit-elle en faisant la cuisine.

— Maman, tu n’aurais pas vu…-
— Si tu parles des garçons, ils sont sortis ensemble il y a un moment. J’espère qu’ils ne sont pas encore en train de se disputer quelque part….

— Je vais les chercher !
Dit-elle paniquée.

— Ça va aller Alice ?
— Oui oui, plus de peur que de mal !

Elle sortit de la maison en courant.
Elle ne peina pas trop à les retrouver, ils étaient pas trop loin sur une bande de terre derrière la demeure.
Comme elle le prévoyait ils étaient sur le point de se battre.

— Répète un peu ce que tu viens de dire !

Florent empoignait Alexandre par ses vêtements.

— Flo’ ! Arrête !
Cria Alice en se jetant sur lui, l’empêchant de se battre avec son frère.

Elle lui attrapa ses vêtements pour l’éloigner de son frère.

— Lys, n’interfère pas. On doit régler ça entre nous une bonne fois pour toutes.
Répondit Alexandre.

— Cendre, arrête ça…
— Alice…

Florent jeta un regard emplit d’amour et de tristesse vers elle.
Alexandre n’acceptant pas la relation de sa soeur, s’avança, hors de lui et empoigna à son tour Florent en écartant avec force sa soeur. De colère, il ne contrôlait pas sa puissance et éjecta beaucoup plus loin que prévu Alice.
Elle arriva au bord de la plateforme, trébucha sur une pierre et tomba la tête en arrière, dans le vide.
Florent avait vu la trajectoire qu’allait prendre Alice et tenta de la rattraper mais Alexandre l’empoigna avec une force et le jeta à terre.

— LYS ! NON !

Elle était restée silencieuse.

— Je… tombe…
Dit-elle, dans un dernier soupir.

Alors Alexandre fit attention à ce qui s’était passé.
Il détourna son regard à sa droite, il vit sa soeur tomber de la plateforme, sans crier gare.
Il n’en croyait pas ses yeux. Qu’avait-il fait.
Sa colère envers Florent l’avait totalement aveuglé.
Il se leva, coura vers elle et sauta dans le vide pour la rattraper.
Alice avait fermé ses yeux, acceptant son sort, et craignant la suite.
Florent se leva précipitemment et regarda la scène, il se jeta à son tour dans le vide pour chercher Alice.
Alexandre atteint Alice le premier, à partir du moment où il lui attrapa la main, et ses hanches, il deploya ses ailes.
Elle rouvrit les yeux de surprise, lorsqu’elle sentit le contact de son frère.
Voyant qu’ils s’approchaient des arbres de la terre, il amortit rapidement leur chute et referma ses ailes sur Alice pour la protéger.
Il était inévitable qu’ils tombent sur Terre.
Ils se prirent quelques branches avant de finalement arrriver sur la terre ferme.
Il rouvrit ses ailes.

— Lys… Tu vas bien ?
Dit-il inquiet.

— Cendre… ! Cria t-elle.

Il était un peu blessé, quelques égratinures un peu partout à cause de la chute. Il avait protégé sa soeur sans penser à sa propre sécurité.

— Ce n’est rien… Je suis vraiment désolé Lys.
— C’est moi qui m’excuse. Par ma faute tu es blessé…
— Ne t’inquiète pas pour ça. Ce ne sont que des éraflures. Il faut qu’on quitte cet endroit et qu’on remonte chez nous.

Ils se levèrent, et se dirigèrent à la recherche d’un grande prairie. Il était impossible de voler correctement en plein milieu des arbres.

Florent arriva quelques minutes plus tard. Il eut le temps de se préparer à l’atterrissage.
Il resta debout sur une branche et observa la scène.
Il allait les rejoindre calmement, lorsqu’il sentit la présence de plusieurs personnes.
Alexandre l’avait senti aussi et s’était arrêté.
Des hommes en noir s’approchèrent d’Alexandre et Alice. Il se décida à quitter sa cachette pour les aider mais Alice quitta Alexandre en courant dans la direction opposée.
Il la suivit, et allait se montrer pour la protéger mais elle percuta un autre homme, qui en clin d’oeil sortait déjà un coutelet pour le porter à la gorge d’Alice.
Il assista à toute la scène, sans pouvoir rien faire.
Il ne put que suivre ces hommes avec Alice pour découvrir leur cachette.
Elle était relativement loin, c’était une sorte d’entrée de grotte avec des gardes à l’entrée.
C’était bien trop gardé pour une simple grotte.
Il était assez loin pour qu’ils ne remarquent pas sa présence, mais qu’il puisse au moins suivre leur direction.
C’était une grotte ordinaire. Les gardes guettaient à l’intérieur. Pour le camouflage ce n’était qu’un rideau de lianes. Personne n’aurait cru à une cachette de bandits.
Il avait vu ce qu’il voulait. Alice était dedans.
Il retourna voir Alexandre.

Il était encore à genoux, pleurant sur sa faiblesse et sa défaite.
Il était blessé et à bout de force.
Florent arriva.

— Viens, il faut partir d’ici.

Il l’aida à se relever et l’épaula.

— C’était un accident comme un autre. On va la retrouver et la ramener à la maison.

Il déploya ses ailes et avec du mal, il réussit à regagner leur île céleste.
Alexandre réfléchissait à la manière d’annoncer la mauvaise nouvelle à ses parents.

— Tu… ne me hais… pas ?
Demanda t-il, sans même le regarder dans les yeux.

— J’ai vu ce qui s’était passé. Je n’aurais rien pu faire.
— Tu as vu la scène… ? Tu n’es pas venu me donner un coup de main… ?!
— Avec ou sans moi, le résultat n’aurait pas changé. J’aurais mis la vie d’Alice en danger.
— …
— J’ai réussi à les suivre. Je sais où ils l’ont emmenée. Repose-toi.

Il l’emmena dans sa chambre, et l’aida à s’installer sur son lit, puis il sortit.
Il faut qu’ils se préparent.

*

— Sois sans crainte. La nourriture n’est pas empoisonnée.

Il s’asseya au bord du lit, piqua un morceau de croissant et le mangea.
Elle mangea sa soupe, lentement. La faiblesse dans ses bras faisait trembler sa cuillère.
Quelqu’un frappa à la porte.
Il ouvrit la porte sans se déplacer et fit signe au médecin d’approcher et d’examiner la jeune fille.
Elle prit un peu peur. Elle posa la cuillère dans la soupe, et attendit.
Elle l’avait déjà vu. C’était l’un des médecins qui l’avait reçu la première fois. Il était de nature calme et faisait toujours en sorte de ne pas subir le courroux du maître.
Il s’avança vers elle, tâta son pouls, toucha son front pour vérifier sa température.

— Puis-je faire une prise de sang, Monsieur ?
— Non.
Repondit-il froidement.

Il était si froid avec ses employés.

— Bien, Monsieur. Elle n’a rien qui mette sa vie en danger. Elle est juste très épuisée. Du repos et de quoi manger suffiront.

Il était clair que la réaction de son corps aux maintes injections de solution néfaste lui avaient arraché sa force vitale.

— Merci, vous pouvez disposer.

— Bien Monsieur.
Dit-il avant de partir.

Quelle malchance que cette délicieuse créature se trouve entre les mains de cet homme, pensa t-il à part soi.
Ils étaient de nouveau seuls.
Il lui signifia de terminer sa soupe.
Elle était dans une très belle vaisselle, décorée de dessins fleuris, la cuillère était en argent sans défaut.
Voyant à quel point elle était affaiblie, il lui prit de sa main la cuillère, et la nourrit.
La soupe finit, il reprit le service.

— Repose-toi, je reviendrai plus tard.

Il se leva et s’apprêta à sortir.

— Surtout ne sors pas d’ici si tu tiens à ta vie. À partir du moment où tu mets un pied en dehors de cette chambre, je ne pourrai plus garantir ta sécurité.

Elle acquiesca d’un hochement de tête. Pourquoi était-il si gentil avec elle.
Elle s’endormit presque subitement.
À son réveil, il était déjà de retour. Il semblait préparer différentes choses pour l’organisation de son entreprise. Il sentit qu’elle s’était réveillée et se retourna vers elle.

— Bien dormi ?

Elle répondit en hochant sa tête.
Il finit de faire ce qu’il avait à faire et se dirigea vers elle.

— As-tu perdu ta langue ?

Elle hocha la tête de droite à gauche.
Il sourit. C’était la première fois qu’il souriait de la journée.

— As-tu peur de moi ? Me hais-tu ?

Elle n’avait pas peur. Elle ne le haïssait pas.
Il avait ses raisons, et elle, ne voulait que rentrer chez elle. Ses parents allaient s’inquiéter. Son frère, Florent.
Elle restait à le fixer avec des yeux plein de questions.
Il semblait si triste. Il la regarda dans les yeux.
Il prit de ses deux mains, le visage d’Alice et regarda ses yeux longuement.
Il ne vit rien. Aucune pensée négative. Ses yeux étaient clairs. Limpides.
Après quelques minutes, il la lâcha.
C’était bien la première fois qu’il voyait cela.

*

Ce jour là, on l’avait prévenu des intrus. Il voulait aller vérifier lui-même la nature de l’affaire.
Dès qu’il aperçu Alice, il fut subjugé par sa beauté.
Toute personne était censée être tuée si elle entrait dans son territoire.
Apparemment ces étrangers ne le savaient pas et étaient arrivés en plein milieu. D’on ne sait où.
Ils étaient sur le point de les tuer lorsqu’il les interrompit, et par caprice, décida d’enlever la jeune fille et de partir ensuite.
L’homme ne semblait pas mauvais, il la protégeait.

— Pourquoi avez-vous l’air si triste… ?
Demanda t-elle.

Il n’en croyait pas ses yeux. Pourquoi était ce sans effets.
C’était elle qui avait lu en lui.

— Comment appelles-tu ?

— Alice est mon nom.
Répondit-elle d’une voix sereine et calme.

— … Je m’appelle Sylvain. Que faisiez-vous sur mon territoire ?
— Nous sommes tombés…
— Mes pouvoirs n’ont aucun effet sur toi… Pourquoi… ? N’as-tu pas peur de moi ? Ne me hais-tu pas ?
— Non…

Elle était sincère.
Il pensait ne jamais trouver une telle personne.
Elle sentait qu’il était seul.

Le lendemain, il se leva de bonne heure et partit faire sa ronde de son entreprise.
Elle se prépara elle aussi. Il ne voulait pas qu’elle le suive.
Ils déjeunèrent ensemble, comme si rien ne s’était passé hier soir, elle reprenait des forces.
Il la raccompagna dans sa chambre et lui dit de ne pas sortir.
Tous les employés avaient vu que leur maître infligeait un traitement de faveur à la nouvelle.
Certains complotaient déjà pour la corrompre et le tuer. Ou par jalousie, de la tuer.
Au milieu de l’après-midi, quelqu’un frappa à la porte.
Elle n’avait pas le droit de sortir, mais elle pouvait peut-être ouvrir ? Dans le doute elle resta à l’intérieur, et posa des questions.

— Qui est-ce ? Il n’est pas là pour l’instant. Veuillez passer plus tard.
— C’est à vous que je veux parler. Ouvrez.

Elle se méfiait. Les gens à l’extérieur étaient plein de mauvaises intentions. Si elle ouvrait, ils pouvaient sacager l’appartement et elle serait la seule fautive.

— Dites-moi ce que vous avez à me dire, je n’ouvrirai pas.
— Ce n’est pas pratique. Sortez au moins.

C’était un piège.

— Ouvrez, c’est important.

Elle ne répondit pas. Elle entendit des pas s’éloigner. Elle attendit un moment et finit par ouvrir pour jeter un regard à l’extérieur et savoir qui cela pouvait bien être.
Au moment même, un homme était en face d’elle. Il lui attrapa le bras et la tira à l’extérieur en fermant la porte derrière elle.
Prise au piège.
Elle n’avait plus d’autre choix que de le suivre.

— Qu’aviez-vous à me dire de si important ?

Il la traina jusqu’au sous-sol, il portait une capuche et lui dit.

— On a tous observé que le maître vous accordait plus de confiance. Beaucoup de gens vont essayer de vous parler et vous offrir des propositions aléchantes. Si vous vous alliez à moi, pour mettre fin à ses jours, je vous laisserai tout l’or. Je ne garderai que l’entreprise. Qu’en pensez-vous ?

Elle ne répondit pas. C’était hors de question.
Elle se rendit compte d’où venait sa solitude. Les humains étaient-ils vraiment tous comme ça ?

— Quel est votre plan ?

Il fallait qu’elle s’informe.

— Le repas. Vous le prenez bien ensemble ? Il faut qu’il le mange sans s’en rendre compte. Votre repas ne sera pas empoisonné mais le sien si.
— N’a t-il pas des goûteurs ?
— Justement, ses goûteurs auront un antidote. Sa garde est baissée depuis que vous êtes là. Poignardez-le pendant qu’il sera affaiblit par le poison.

Elle avait tout retenu. C’était horrible.
Il s’en alla à toute vitesse en la laissant là. Au milieu de nulle part.
Elle rencontra d’autres gens, lorsqu’elle tentait de retourner sur ses pas. Ils la dévisageaient et parlaient d’elle dans son dos.
Un homme s’approcha d’elle avec une lame de couteau, il la lécha et lui demanda.

— Mademoiselle, vous êtes perdue ? Ne voulez-vous pas passer un peu de temps avec moi ?
D’un air moqueur.

Elle se sentait forcée. Elle recula. Il la plaqua contre le mur.
À ce moment là, il arriva.

— On s’amuse sans moi ?
D’un ton glacial.

Il s’adressait à l’homme lubrique.

— N…N-non Monsieur.

Et il partit en courant.

— Je t’avais dit de ne pas sortir.
D’un ton froid.

Elle le regarda dans les yeux, paniquée.

— J-je suis désolée.
— … On rentre.

Elle entendit près de son oreille un : « demain ».
Elle se retourna, mais personne.

— Qu’il y a t-il ?
— … Rien.

Elle attendit de rentrer dans sa chambre avant de lui parler.

— Monsieur…?
— Oui ?

Il était un peu surpris.

— Je… Demain… ? Est-ce possible de manger ailleurs… ?
— Pourquoi donc ?
— … Et ce qu’il est possible qu’il y ait du poison dans la nourriture ?
— Pourquoi si soudainement ?…

Il réfléchissait.

— Les goûteurs devraient le détecter. Ne t’inquiète pas pour ça.

Elle ne voulait pas qu’il soit empoisonné.

— Ne mangez pas le plat qu’on vous servira demain. S’il-vous-plaît. On va tenter de vous empoisonner en donnant un antidote aux goûteurs.

Il écarquilla les yeux de surprise. Elle s’inquiétait pour lui.

— Ne t’inquiète pas, répéta t-il. Il n’est pas facile de m’empoisonner.
— Dans ce cas, échangeons nos assiettes demain.
— Comme tu voudras.

Elle l’aida à se déshabiller et s’installer.

— J’ai l’impression que tu es un ange descendu du ciel pour reposer un peu mon âme.
Dit-il à lui-même.

Elle n’avait pas entendu.

— Hm ?

Elle était encore un peu faible.
Il la fit tomber sur le lit et de ses deux mains de part et d’autre de son visage, au dessus d’elle.

— Tu n’as toujours pas peur de moi ?

— Non. Vous n’avez pas été méchant envers moi depuis mon arrivée.
Répondit-elle en le regardant droit dans les yeux.

— C’est vrai… Je ne te ferai pas de mal.
Dit-il songeur.

Le lendemain, pour le déjeuner ils mangèrent ensemble, sans aucun problème. À l’heure du repas. Comme convenu, ils échangèrent leur assiette.
Il se doutait que bien que des domestiques n’oseraient pas tenter de tuer leur maître, ils pouvaient en vouloir à la vie d’Alice.
Il goûta son plat. Il sut déceler le poison, il fut surpris de la dose. Il reposa ses couverts.

— Je ne suis pas d’humeur. Mangeons autre chose.

Il esperait que le repas d’Alice, le sien, n’était pas aussi empoisonné. Elle avait déjà avalé une partie de son assiette, il l’arrêta en empoignant sa poignet et il lança un regard dans toute la pièce. Les goûteurs étaient là et ne bronchaient pas.
Ils se levèrent tranquillement et retournèrent dans la chambre.
La dose aurait rendu n’importe qui inconscient.
La nourriture était bien empoisonnée, il devait trouver les coupables derrière ça.

— Monsieur…

Elle faiblit, eut le vertige, le souffle court et s’écroula.
Il la rattrapa. La dose de poison.
Quelqu’un frappa à la porte à ce même moment.

— Non… N’ouvrez pas… monsieur…

Il la posa dans le lit et ouvrit la porte.

— Monsieur, j’ai eu vent qu’on ait tenté de nuire à votre vie. La coupable étant la jeune fille à vos côtés.
— Cesse de mentir. La personne que tu visais dès le début, c’était cette fille. N’est-ce pas ?
—… Vous devinez juste. Je sais qu’on ne peut tromper votre palais.
— Donne-moi l’antidote et je laisse ta vie sauve.
— Il n’y en a pas.

Il courut vers Alice avec un poignard dans les mains.
Il le brûla sur place.

Cette fille, on ne peut pas la détester.
Elle vous regarde toujours d’un oeil bienveillant, elle vous écoute.
Elle se croit misérable, et inutile mais vous êtes là pour lui rappeler à quel point elle vous est chère et irremplaçable. Elle vous tend toujours la main lorsque vous avez besoin d’aide.

2012.3.1

Cécité

Il resta sans voix devant l’acte d’Alice.
Pourquoi ? Pourquoi alors qu’il a toujours nourri envers elle des sentiments si profonds ?
Il la prit par les épaules et chercha son attention en la fixant. Son regard était vide.

Elle ne semblait ni l’entendre, ni le voir.
Elle ne voyait rien à part une ombre difforme de ce qui semblait être un homme dans une brume noire, elle n’entendait qu’une voix grave incompréhensible noyée dans un liquide. Elle ne savait plus qui croire, quoi croire.
Qu’est-ce qu’était la réalité ? Où était-elle ?
Elle sentit quelque chose ou quelqu’un l’agriper par les épaules, des mains chaudes et familière. Tout était flou, sombre et bougeait autour d’elle. Elle commençait à avoir une grosse migraine et un haut le coeur.
Depuis son réveil, elle était perdue.
Elle perdit connaissance.

Christian parlait à Alice, l’interpelait, mais c’était inutile. Il la vit froncer ses sourcils et vaciller. Elle ferma lentement ses paupières durant sa chute. Elle échoua dans les bras de Christian qui la rattrapa à temps.
Odin qui observait la scène de loin, il lui était aussi difficile de voir à quel point il était inutile dans cette situation.
Il détourna le regard quelques instants lorsqu’il entendit Christian crier le nom de sa protégée, beaucoup plus fort.
Surprit, il revint sur Alice et courut vers elle.
Elle entendait et sentait que quelqu’un la portait, cela la rassurait. Fermer les yeux lui faisait du bien. Elle commença à entendre des sons plus compréhensibles. Elle entendit une voix d’homme l’appeler par son prénom, il semblait inquiet. Elle entendit les pas d’une autre personne s’approcher et commença à hausser le ton avec le premier. Elle connaissait ces personnes.
Rêve ou réalité ? Odin et Christian font-ils partie de la réalité ?
Odin posa sa paume sur le front d’Alice.

— Elle s’est juste évanouie, rien de grave. Elle a juste besoin de repos.

Christian la posa délicatement dans le lit, et prit soin de ramasser la couette qui était à ses pieds et de lui mettre.

L’homme en noir tournait en rond dans la forêt, non loin du campus. Il savait qu’actuellement, avec sa mémoire retrouvée, elle devait être perdu entre les deux versions de sa réalité et que ça avait pour conséquences l’altération de la vue et de l’ouïe. C’était le moment ou jamais pour recréer sa confiance.

Odin était conscient que c’était en partie sa faute si Alice était dans cet état maintenant, mais il n’était pas au courant des conséquences de son acte.
Tout ce qu’il savait c’est que c’était le moment où elle aurait le plus besoin de soutien.

2011.8.14

Torpeur

Lorsque Christian entra dans la pièce et qu’il vut le lit vide, il fut prit d’une panique, mais Ondin le rassura et lui conseilla de fermer la porte derrière lui.
Il fixa la couette qui se retrouvait maintenant au pied du lit.
Que s’était-il bien passé ?
Ondin lui répondit en désignant l’endroit où Alice était.
Christian s’approcha d’elle s’accroupit et sourit, rassuré de voir qu’elle semblait aller bien.
Il remarqua qu’elle avait le regard vide et ne semblait pas réagir à sa présence.

— Que lui as-tu fait ?!
Il s’adressa à Ondin.

Il regarda avec tristesse Alice et caressa sa joue avec sa main.

— Que s’est-il passé Alice…?

Au contact physique, elle fut prise de panique.
Elle sortit de sa torpeur et repoussa violemment sa main.

2011.6.21

Ensanglanté

Je n’ai pas réussi à m’enfuir.
Il m’attrapa par les poignets
Mes attaques de terre ne lui faisaient rien.
Il approchait son visage de plus en plus du mien.
En continuant de me tenir par les poignets d’une seule main, il me prit dans ses bras.
Pourquoi faisait-il cela alors qu’auparavant il m’attaquait ?
Sa respiration, cette manière de me prendre, cette chaleur. Tout cela ne m’était pas inconnu.
Des fragments d’images me venaient en tête et elles n’étaient pas joyeuses.
J’essayais de me débattre, qu’il me lâche.

— Tu ne me quitteras plus jamais.

Il me regardait dans les yeux, je ne me rappelais pas qui cela pouvait bien être, bien que ce visage me disait quelque chose.

— Peut-être n’est-ce pas une si mauvaise chose que tu n’aies plus aucun souvenir…

Il passa sa main dans mes cheveux.
Il m’embrassa langoureusement. Mes souvenirs refirent lentement surface.
Des images d’horreur.
Il me caressait les cuisses, remontant doucement sous ma jupe.
Sa main était douce mais je ne réagissais pas.
Mes souvenirs du passé refirent surface et j’étais encore sous le choc.
Comment avais-je pu oublier.
Il me posa lentement à terre en continuant de m’embrasser le long du corps.
J’étais totalement paralysée.
Me rappelant ce que j’étais.
Un jouet.
Aucun désir de vivre après tout ça.

— Je ne te ferai aucun mal.

Mon regard était vide.
Il continuait de m’embrassait avec fougue.
Comment croire ces paroles ?
Pourquoi mes souvenirs refont surface que maintenant ?

— Tu es mienne.

Je n’avais plus de force pour la moindre attaque. Plus aucune énergie.
Et ils arrivèrent à cheval.
Attaque d’eau sur moi et l’homme en noir.
Choqué de la scène.
L’homme en noir se relève et s’éloigne.
Je reste au sol avec un regard vide.
Ils courent vers moi.
J’étais pratiquement déshabillée à terre, ils m’aidèrent à m’adosser contre un arbre et me donnèrent tous les deux leur cape pour me couvrir.

— Attends-nous quelques minutes.

Il souriait et semblait amusé de la situation.
Se rendant compte de son désavantage contre son adversaire avec une autre épee et la magie d’eau du second, il s’enfuit.
Tous les deux s’approchèrent de moi et me demandèrent si je n’avais mal nulle part.
J’avais tout vu du combat, je ne savais plus où j’en étais.
Il sembla comprendre ce qui m’arrivait.
Il me porta dans ses bras et se dirigea vers l’ecole.
L’autre ne comprenait pas tout et se contenta de suivre.
Il était inquiet à mon sujet.
Rien qu’en pensant à la scène qu’il avait vue il rageait intérieurement.

*

L’homme aux cheveux longs et noirs a l’air triste la posa délicatement dans le lit.
Le second jeune homme aux allures de chevalier, aux cheveux blonds et aux yeux d’un bleu clair, qui les suivait avait l’air perdu et contrarié de la scène à laquelle il venait d’assister.
Il rageait intérieurement de son impuissance face à cet évènement déjà du passé, où l’être qu’il aimait était dans les bras d’un autre inconnu qui était mal intentionné.
Il demanda des explications à l’homme aux allures de mage.

— Je crois que tu dois savoir certaines choses, elle n’a commencé à assister aux cours que quelques semaines après son arrivée à l’école. Je l’ai trouvée dans un état plutôt inquietant au fin fond de la forêt. Si tu savais dans quel état psychologique elle était, tu… Elle a vécu des choses assez… malsaines, ce qui nourrissait une haine et une peur sans limite aux hommes.
Pour tenter de l’aider, je n’ai pu que lui suprimer ses souvenirs, du moins tenter. Un sort dont je n’ai pas les compétences. Te rappelles-tu de mes quelques jours d’absence pour cause de maladie ? Ce sort nécessitait d’énormes quantités d’énergie.
Et dans le pire des cas, il semblerait que cet homme en noir était la cause des mauvais souvenirs et a fait ce qu’il était nécessaire pour les lui rappeler. Actuellement je ne peux rien faire, je ne peux pas retenter le dernier exploit.
Elle est dans un état perdu entre la réalité et la fiction.
À son réveil, apportons-lui tout le soutien dont on disposera.On devra être à toute épreuve.

L’homme en armure écoutait silencieusement les explications, se rapprocha de celui au chevet de la jeune fille, le prit par le col et lui adressa entre ses dents.

— Si tu en avais parlé plus tôt, on aurait surement pu éviter ça !

— Aurais-tu pu agir sans arrière-pensées et faire semblant de rien devant elle après tout ce que je t’aurais raconté ?
Tu ne sais rien. J’étais auprès d’elle lorsque son esprit était brisé, et je t’assure que tu n’aurais pas voulu voir ça. De toute manière, tu verras bientôt ça de tes propres yeux.
Répondit-il calmement avec une pointe de tristesse dans les yeux.

Il ne put que le lâcher et s’énerver contre sa propre personne de ne pouvoir rien faire.
Le mage d’eau n’était pas du genre à provoquer et était lui-même le plus désemparé face à cette situation.
Il lui demanda calmement et sous forme de requête si son ami pouvait aller à l’infirmerie s’informer de l’état de leur autre compagnon magicien.

— Il est arrivé dans un état alarmant, il semblerait que c’est Alice qui lui a sauvé la vie de peu. Je te prierais de ne pas trop lui en vouloir, il doit désirer sa propre mort actuellement, d’avoir failli à la protection de sa bien-aimée.

Il se dirigea vers la sortie sans un mot, l’infirmerie était bondée d’étudiantes toutes plus inquiètes les unes que les autres au sujet du blessé. Il était après tout l’un des meilleurs éléments de sa spécialité et de son année.
Christian dut demander gentiment aux filles de se disperser et qu’il n’y avait rien à voir.
L’infirmière le remercia lorsqu’il put entrer dans la pièce.
Après avoir vu le piteux état de son ami, l’envie de le frapper ou alors de lui crier dessus lui passa. Son corps était couvert de rouge et on ne pouvait deviner d’où il saignait tellement il était recouvert de blessures. Il semblait agonisant et avait des difficultés respiratoires tellement il souffrait.
Anne lui glissa.

— Je fais tout pour arrêter les hémorragies, les calmants et sédatifs ne peuvent plus rien.

Elle essuyait le sang qu’elle pouvait de ses petites mains curatrices et bandait le plus rapidement possible chaque cicatrice, puis tentait de recoudre les plus grandes plaies.
Personne n’aurait voulu être à sa place.
Son uniforme était en lambeaux sur une chaise à côté , on avait bien sûr dû le lui retirer, il était simplement en caleçon sur le lit d’opération entre les rideaux pour éviter les regards indiscrets.

— Ne vous inquiétez pas, c’est un costaud, il va s’en sortir. Ça tombe vraiment mal, le week-end je suis la seule à assurer le service médical, la majorité des autres guérisseuses et guérisseurs sont en repos et sont actuellement dans le monde des normaux. Bien que j’ai demandé les plus compétents de revenir le plus rapidement possible, le temps qu’ils reçoivent le SMS et qu’ils reviennent sur leurs pas, leur aide ne me sera plus trop nécessaire. J’ai tout de même lancé l’appel au cas où certains sont près du point d’une porte.

Christian s’approcha lentement du visage du mourant, et lui souffla.

— Elle est avec nous, ne te torture pas trop et rétablis-toi le plus vite possible.

Alors qu’il était sur le point de partir, ne supportant pas plus de le voir dans cet état, l’ensanglanté lui attrapa le bras.
Il se demandait si c’était sa condition de mage que sa poigne était si faible ou alors son état critique.
L’infirmière s’écria qu’il ne fallait pas bouger aussi brusquement ou les blessures se rouvriraient.

— Est-ce… qu’elle… va… bien ?!
Dit-il avec peine entre toutes les douleurs de son corps.

— Elle n’est pas blessée.
Finit-il par répondre en trouvant sage de ne pas lui expliquer les autres détails.

Il le relâcha et put lâcher un soupir et une larme de joie car il était rassuré.
Entre temps, Alice s’était réveillée.
Elle ne savait plus trop où elle en était. Différencier la réalite et ce qui ne l’était pas.
Si on avait manipulé sa mémoire. Ne plus savoir quoi ni qui croire.
Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle vit le visage de ce qu’elle croyait être son frère a une époque mais qui était un homme, était-ce vraiment quelqu’un de confiance ? Il lui adressait un visage triste, et lui demanda si elle savait qui il était.
Elle n’entendit pas la question.
Elle tenta de s’échapper et se précipita en dehors du lit, à l’opposé du garçon, elle s’empêtra dans les draps et tomba. Elle s’écrasa par terre.
Elle rampa et tenta de se relever le plus rapidement possible en se dirigeant vers la fenêtre.
Il la coursa et l’attrapa au poignet avant qu’elle ne fasse de bêtise.
Elle se debattit et le frappa au visage.
Il voulut la calmer en lui rendant la pareille, mais lorsqu’il leva la main, la voyant apeurée, fermer les yeux et tourner la tête, il n’en eut pas le courage.
Il la prit alors dans ses bras, en tentant de l’apaiser.
Lorsqu’il finit par la lâcher, en espérant qu’elle se serait un peu calmée, la surveillant quand même, elle courut comme si de rien n’était vers un coin de la pièce, entre une commode et une armoire à quelques mètres de la fenêtre.
Il ferma à clé les volets pour éviter qu’elle ne s’échappe par là et qu’elle ne se blesse.
Elle s’assit en enlaçant ses jambes en se balançant.
Elle finit par s’arrêter de bouger et fixer le vide.
Elle s’appuya la tête contre l’armoire.
Christian entra dans la pièce.
Ondin lui fit signe de faire silence et de fermer la porte derrière lui.
Surprit, il lui demanda en désignant la joue rouge qu’est-ce qui lui était arrivé.
Il ignora la question.
Il lui dit que Frédéric allait s’en sortir, mais qu’il était vraiment mal en point.
Au moment où son nom fut prononcé, Alice eut une étincelle.
Ça lui disait quelque chose.
Elle répéta machinalement, doucement et d’une petite voix le nom de « Frédéric ».
Christian se tourna vers cette voix.

— Fais attention.
Lui avisa son ami.

Il en tint compte et s’approcha de la cachette d’Alice.
Elle fut un peu surprise par cette présence.
Il s’accroupit en face d’elle, lui tendit la main.

— Hé, c’est moi, Christian.

D’un sourire un peu triste.
Elle se figea. Il approcha sa main, elle prit peur croyant qu’il allait la violenter et ferma les yeux.
On put croire voir des larmes dans les yeux du jeune homme, il tenta de glisser ses doigts dans ses cheveux.
Au contact de la peau elle blêmit et le fixa d’un regard vide et violemment repoussa son bras et sa main.
Cela ne lui fit pas réellement mal physiquement, mais sentimentalement, c’était autre chose.
Il se releva et s’éloigna d’elle empli de tristesse.

— Je t’avais prévenu…

2011.6.19

Médecin

Je n’ai pas été souvent là pour elle. Je ne me suis pas rendu compte à quel point elle la traitait mal.
Elle dormait dans le grenier, en hiver elle devait être gelée. Je ne me suis jamais posée la question, ni intéressée à elle. Elle ne m’a jamais détesté pour la condition dans laquelle je vivais comparé à elle. Je vivais dans le luxe.
Ma mère avait placé tous ses espoirs en moi et dans mes capacités pour que je devienne médecin. Je n’avais aucune difficulté dans les études et je ne me préoccupais que de moi-même. Quant à ma soeur, elle restait à la maison et s’occupait des tâches ménagères, me semble t-il.
À vrai dire je ne lui accordais pas d’importance. À mes yeux il n’y avait que mes études. Du moins c’est ce que je croyais.
Il m’arrivait de la croiser dans les couloirs de la maison lorsqu’elle s’occupait du ménage ou de la lessive. Elle s’arrêtait alors, me souriait et fixait le sol, mais je sais que le dos tourné, elle me regardait.
Rien que son sourire me réchauffait le coeur. Il était chaleureux. Entre mon université et la maison, personne d’autre ne m’apportait autant de réconfort.
Il m’arrivait de pleurer sous la pression de mes parents, alors elle était là, pour moi. Elle me tendait son épaule et me consolait. Alors que la personne qui avait le plus besoin de soutien, c’était elle. Je me suis toujours demandé comment elle faisait pour sourire après tout ce que ma mère lui faisait faire.
Un jour, ma mère, de mauvaise humeur s’acharna sur elle et la fit tomber des escaliers et la prit par ses longs cheveux noirs. Elle ne réagit pas plus que d’habitude, quelques larmes de douleur. Lorsque je vis son visage, assistant à la scène. Elle fixa le sol à ma vue. Ma mère s’excusa de m’avoir dérangé.
À partir de ce moment là, je sus que dès que j’aurai fini mes études, je partirai de chez moi. Dès que je le pourrais.
Quelques mois plus tard, ma soeur tomba gravement malade.
Ma mère ne m’en toucha pas un mot.
Je l’entendais, le son étouffé de sa toux de temps en temps, et ma mère lui répondait de se taire.
Mon père était la plupart du temps saoûl et dormait.
Ma mère devait s’occuper de toute l’auberge à elle seule.
Je passais discrètement voir ma soeur la nuit, pour lui tenir compagnie et m’assurer de son état de santé. Ma mère lui apportait des restes mais la plupart du temps elle n’en mangeait qu’une infime partie.
Nous n’avions aucune médecine, l’état de ma soeur me préoccupait au plus haut point mais je ne pouvais rien faire.
Elle était fiévreuse et dormait mal. Je ne restais que très peu de temps auprès d’elle. Lui tenant la main, remplaçant la serviette humide sur son front.
Elle reprit le travail de maison quelques jours plus tard, bien qu’étant encore malade.
Je crois que son corps ne s’en est jamais vraiment remis de tout ce surmenage.

Aujourd’hui je vis dans un appartement près de mon lieu de travail. Je suis médecin. Cela doit faire quelques années déjà, que je suis parti sans rien dire à personne avec ma soeur.
Je me rappelle de ce jour comme si c’était hier.
Dès que j’ai eu mes concours et qu’on m’accepta dans cet hôpital. Je cherchai un logement non loin. La veille de mon aménagement, je me rappelle être allé dans la chambre de ma soeur, qu’elle prépare ses affaires, cette nuit nous allions partir. Mes valises étaient déjà prêtes et nous sommes sortis par la fenêtre de ma chambre qui se trouve au rez-de-chaussée. La neige effaça les pas derrière nous.
J’ai toujours peur que ma mère retrouve notre trace.

Elle s’est endormie sur le canapé en m’attendant pour le dîner.
Je lui mets mon manteau comme couverture. Qu’elle n’attrape pas froid.
N’ayant pas pu continuer ses études, elle a réussi à avoir un poste dans le même hôpital en tant qu’infirmière.
Sa bonté rend le sourire à tous ses patients.
Travaillant, j’ai fait faire des examens à ma soeur de santé fragile. Son corps est faible mais ça peut encore aller.
Je veux la protéger, elle m’est plus précieuse que tout. Toutes ces années où je n’ai rien pu faire.

2010.1.19

Engouffré

Le méchant possède une maison close dans l’autre monde. Remplit de mineures. Il achète des enfants non désirés dans le vrai monde. Aucun intérêt particulier. Il revend les enfants à leur maturité à des intéressés lors d’une mise aux enchères.
Il possède une liste de chaque employée. Ne pouvant pas s’échapper, la maison est fermée, mais pouvant se balader librement dans les couloirs et les chambres lorsqu’elles ne sont pas occupées par un client.
Un classement de qui a fait le plus de recette, éduquer celles qui ne sont pas assez efficace au travail.
Offres de tenues plus ou moins luxueuses.
L’héroïne s’est faite vendre par sa mère étant petite.
Aucun souvenir ou très peu de sa famille.
Le méchant l’emmène dans un coin de rue, ouvre un portail dans sa chambre dans l’autre monde.
Il la déshabille et la viole dans la salle de bain comme chaque début d’employée.
Elle décide de renoncer à la vie.
Elle ne réagit pas aux différents clients ce qui suscite une sorte de succès. Cela lance un défi aux clients pour lui tirer des mots ou des cris. Elle est différente des autres employées qui se sont vites habituées et prennent plaisir à leur travail en espérant une faveur du maître des lieux. Ne mangeant plus, le méchant s’inquiète du devenir de la star.
Il s’intéresse à elle et finit par être aussi tenté par ce défi, voyant qu’elle avait largement fait gagner plus d’argent que son prix d’achat et par fierté. Elle ne travaille plus et est assignée à la chambre du méchant.
Ne mangeant rien il est obligé de la nourrir personnellement avec la bouche.
Elle a le droit a de belles robes bien qu’elle subisse tous les sauts d’humeur du méchant.
Elle a quelque chose de spécial, les autres filles sont toutes au pied du méchant. Elle ne réagit pas aux humeurs du méchant.
Elle atteint l’âge d’être vendue.
Attachée dans une robe luxueuse, vendue à prix cher. Les yeux bandés. En tant que fille pouvant devenir esclave servante ou autres. Elle se fait acheter par un homme.
Alors qu’elle est dirigée à l’extérieur dans une charette. Les hommes du méchant tuent l’acheteur après avoir récupéré l’argent. Toujours avec les yeux bandés.
Elle tombe, la charette s’écrase.
Sa tête cogne contre quelque chose et son sang est répandu sur le sol, la terre.
La nature conclut un pacte avec elle, pure.
Inconsciente la nature utilise son énergie pour détruite tout le mal sur son passage, la maison malsaine, les gens, les filles pas nettes.
Enterrés vivants.
Elle reste inconsciente à terre.
Toute cette énergie a été perçu.
Elle est découverte au milieu de rien.
Tout a été engouffré par le sol.
Le gentil : un étudiant de l’école.

2010.10.15

Élément

Il l’attaqua de plein fouet. Il me projeta à terre, loin de lui, juste avant l’attaque.
L’homme à la cape utilisait des flammes noires. De son côté, il tentait de se créer une protection avec ses flammes rouges.
Ils étaient pratiquement à égalité.
L’homme en noir dégaina alors son épée. Je savais que son plus grand point faible était les attaques au corps à corps. Il recula, il fallait que j’intervienne.
Ça allait mal finir pour lui.
Il le coupa de toutes parts, j’essayais de limiter les dégâts avec mon élément : la terre qui pouvait servir de bouclier, mais il était trop rapide.

— Ne te mêle pas de ça !

Il visa son cou, mon élément empêcha le pire.
Sur les nerfs, il visa alors le torse, le coeur. J’intervins encore une fois, mais il était trop fort, son épée transperça mon mur de terre, la trajectoire fut un peu déviée. L’épée atteignit seulement le torse.
Il bougeait avec de la peine, il était à terre, perdant beaucoup de sang.
Je courus vers lui, m’interposant.
Bien qu’il me disait de m’enfuir, je ne pouvais me résoudre à l’abandonner.

— Que voulez-vous ?!

Il rit. J’en profitais pour dresser un mur de terre et l’aidant à se relever nous tentâmes de nous enfuir, un cheval vint vers nous, je l’aidais à monter dessus.
J’indiquais au cheval le chemin de l’école. Moi. Je pouvais courir.
C’était trop étrange. Plus personne ne me suivait, je jetais un regard derrière moi en courant. Je me suis heurtée à quelque chose, quelque chose de chaud.
Prise de surprise, c’était cet homme en noir.
Il m’attrapa par la main.

— Tu me cherchais ?
Dit-il d’une voix suave.

Je me débattais. Il était trop fort.

— Je n’arrive pas à croire que tu m’aies oublié. Depuis que tu m’as quitté, je n’ai pas cessé de penser à toi. Sache que je ne te laisserai plus jamais partir.

Son souffle dans ma nuque et sa voix au creux de mon oreille.

— Détruit ma maison, tenté de me tuer. Jamais on ne m’a traité de la sorte, je devrais te torturer jusqu’à la mort pour un tel acte, mais étrangement, je ne t’en veux pas. Tu es unique. De toutes les filles que j’ai pu fréquenter, aucune n’est comparable à toi.

Il continuait de parler, mais je ne comprenais pas où il voulait en venir, ni de quoi il parlait, il se parlait à lui-même ?
Il s’approchait de plus en plus de moi. Son visage dans mon cou. Sa respiration.
Ça me rappelait quelque chose, mais je ne sais quoi. Des images me venaient en tête. Que m’arrivait-il ?

2010.10.15

Oreilles

Je me rappelle d’une soirée agitée. Maman m’a emmenée dans la forêt, paniquée. On courait. Elle se retournait de temps en temps comme si quelqu’un nous poursuivait.

Tout a commencé lorsqu’en jouant je suis tombée et mon bonnet en même temps, laissant apparaître les oreilles que ma mère m’avait prié de faire attention de cacher.
Grâce à mes longs cheveux et aux hommes qui me surveillaient, personne ne remarqua ce détail. On m’emmena à l’intérieur du château. L’incident fut conté à ma mère, les gens s’inquiétaient de mon sort. J’étais une sorte d’hérésie.
Si on me découvrait, ça pourrait très mal se passer. Et pour moi, et pour ma mère.
Les relations avec les humains n’étant pas très bonnes depuis un certain temps.
Il serait terrible qu’on entre en guerre.
Du moment que chacun d’entre nous respectait les limites frontalières.

*

Lors d’une soirée bal, lorsque les relations que les peuples entretenaîent étaient encore bonnes.
Un beau comte eut le coup de foudre pour ma mère. Il lui fit gentiment la cour mais elle refusa courtoisement.
Après plusieurs verres de trop il l’emmena de force dans une chambre du château et la viola. Elle, princesse du peuple des Elfes. Personne ne faisait attention à ce genre de choses, cela était normal. Les gardes du corps remarquèrent l’absence de leur princesse au bal. Ils la retrouvèrent brisée.
Ils mouraient d’envie de tuer ce comte saoûl mais faire couler le sang n’était pas une bonne solution.
Ils aidèrent ma mère à se rhabiller et firent une plainte au roi des Humains, exigeant la mort de ce comte pour avoir agit de telle sorte. Le lendemain des faits, il fut condamné. Le roi n’eut pas le choix face à un tel acte.
Ce comte accepta son sort.
Depuis cet incident resta secret pour ne pas monter le peuple contre les humains.
Certains humains gardèrent une certaine haine contre les elfes pour cet incident, notamment la famille du comte.
Le roi ne dit pas au peuple les raisons de la condamnation pour ne pas perdre la face devant eux.
De nombreuses rumeurs non-favorables aux elfes circulaient.
Mais la princesse tomba enceinte.
On lui suggéra d’avorter et tuer cette abomination.
Si on découvrait l’existence d’un tel enfant on se poserait des questions. S’il était né dans un bon contexte cela aurait signifié l’unification des peuples.
Mais ce n’était pas le cas.
Ma mère refusa l’avortement et insista pour garder l’enfant.

Je fus née et je n’avais pas les oreilles d’elfes. Elle dut me cacher pendant un bout de temps.
Personne à part les proches ne savaient que j’étais sa fille.
J’étais enfermée dans une chambre.
J’avais la vue sur le village.
Une fois un villageois m’aperçut et posa des questions à mon sujet.
Heureusement on put le faire douter et me faire passer pour une servante ou quelqu’un d’autre. Mais d’autres employés de château pouvaient me croiser par mégarde.

Il était de plus en plus difficile de me cacher et ma mère risquait beaucoup.
Elle surprit une conversation de son père parlant de tuer l’enfant pendant qu’il était encore temps, dans la forêt et de masquer ça en un accident.
Son enfant. Elle paniqua et décida de s’enfuir la nuit même, avec moi.

On continuait de courir, on s’arrêta pour souffler et on rencontra 3 guerriers humains. Ils me regardaient bizarrement.
Que faisait une petite fille de cet âge dans la forêt.

— Ça va petite ?
— T’es perdue petite ?
— Il faut pas sortir à cette heure-ci, c’est dangereux.

Je regardais derrière moi, mais plus personne.
Maman était partie aussi.

2010.10.7

Vêtements

Maman m’a vendue.
Je suis arrivée dans une pièce luxieuse, le monsieur s’est déshabillé et m’a aidée à me déshabiller.
Puis nous sommes allés prendre un bain ensemble.
Il m’a fait mal.
Je n’ai plus jamais parlé.
Il m’a donné de beaux vêtements.
Il m’a laissé dans cette chambre et je ne pouvais pas sortir.
La porte était fermée de dehors.
Un autre monsieur est entré dans ma chambre, il m’a fait plus mal que le jeune monsieur de la première fois.
Puis d’autres monsieurs sont venus me rendre visite.
Ils m’ont tous fait mal.
Je ne criais pas, je ne parlais pas, je ne disais rien.
De plus en plus de monsieurs me rendaient visite.
Le jeune monsieur venait me voir de temps en temps.
Il m’offrait de très jolis vêtements.
Il me disait que je travaillais bien.
Une jolie fille est aussi venue me voir.
Elle se déshabilla et découpa mes nouveaux vêtements et se frotta contre moi, elle me faisait mal. Je gardais le silence.
Elle avait l’air contrarié et avait des ciseaux dans sa main, elle les dirigea sur mon visage.
Le jeune monsieur entra dans ma chambre et fit des gestes, lança des boules de feu sur les ciseaux.
La fille les lâcha. Elles tombèrent juste à côté de mon visage.
Il lui dit de sortir.
Elle prit ses vêtements et sortit.
Il s’approcha de moi et vérifia si je n’étais pas blessée.
Il me prit dans ses bras et m’emmena dans une autre pièce.
Le lit était beaucoup plus grand et tout était plus beau.
C’était sa chambre.
Il me laissa à partir de maintenant dans cette chambre.
Il m’apportait de nouvelles robes.
J’attendais chaque jour allongée sur son lit. Je ne bougeais pas.
Il me faisait mal.
Moins que les autres.
Il essayait d’être doux.
Puis un jour.
La pagaille dans toute la maison.
Il entra inquiet dans sa chambre.
Il me prit dans ses bras et m’emmena à l’extérieur.
Des gens étaient en train de détruire la maison.
Ils tuaient.
On se fit attaquer.
Je me rappelle être tombée.
Quelque chose hurta ma tête.
Quelque chose de brûlant.
Dans mon sang.
Je me suis réveillée dans une chambre.
Mal de tête.
Coeur palpitant.
Un homme aux cheveux longs noirs et lisses me fixait.
Il posa sa main sur mon front.
Il avait le regard plein de questions.
Son regard changea.

2010.9.30