Hiérarchie

Ils vivaient dans un arbre gigantesque au beau milieu d’une immense forêt.
La forêt était peuplée d’animaux en tous genres et peu de gens y pénétrait pour chasser et récupérer certains matériaux rares et disponibles qu’à cet endroit.
À l’orée de cette densité d’arbres, un panneau tentait de dissuader les quelques malheureux aventuriers. Il les mettait en garde contre le danger qu’abritait ce lieu.
Les gens vivant dans cet arbre vieux de plus de cent ans n’étaient pas des gens ordinaires. Le commun des mortels vivaient à l’extérieur : la ville.
Ces habitants hors du commun n’étaient connus de personne.
Ils évitaient le contact humain, telle était leur règle.
« Humain » parce qu’ils ne se considéraient pas de la même race que les gens de l’ « extérieur ».
Cela ne se voyait pas par leur apparence, mais lorsqu’on regardait plus en détails, on se rendait compte de la différence de culture et de leurs caractéristiques physiques.
Ils s’entraînaient régulièrement pour garder une forme et être assez fort pour se défendre.
Une véritable société à part entière.
Pour ne pas se faire remarquer des autres, comme ils vivaient dans l’arbre , toute une structure était présente à hauteur des branches et du feuillage. Un village existait à la cîme. À la fois à la vue de tous et invisibles, camouflés par les feuilles et les nuages.

Cette forêt n’était pas ordinaire. Elles se divisait par étages.
Ses habitants se considéraient comme étant les protecteurs de celle-ci. Une certaine hiérarchie ainsi que des rangs de supériorité, le rôle de chacun était mis en place.
Les animaux ressemblaient à des bêtes plus ou moins féroces. Ils étaient désignés par les « gens de l’extérieur » comme étant des « monstres ».
L’étage supérieur : l’arbre, était difficile d’accès. Normalement personne d’étranger ne pouvait y accéder. L’entrée était sévèrement gardée par plusieurs personnes qui se relayaient à toute heure.

2013.1.7

Purée de pois

L’histoire se passe dans une gigantesque forêt.
Elle se trouve en plein milieu de la ville.
Des familles y vivent.
Un énorme arbre imposant. Certains vivent en hauteur. D’autres en sous-sol.
On savait quand on s’approchait et qu’on entrait dans le territoire de ces gens pas comme les autres.
Une sorte de passage entre des ronces et des branches. Un panneau indiquait le danger que représentait cet endroit.
Des animaux en tous genres que les villageois appelaient « monstres ». On ne pouvait y entrer sans préparation.
Des chasseurs étaient formés et s’y aventuraient pour traquer et abattre quelques de ces bêtes. Ils récupéraient alors quelques biens utiles tels que la peau ou les cros. Le reste, ils pouvaient le vendre au plus offrant, à une taverne ou bien ils se le partageaient entre eux.
Ils ne croisaient pas beaucoup d’habitants de la forêt. Ils ne savaient pas à quoi ils ressemblaient et personne ne cherchait à savoir. Ils devaient être monstrueux pour pouvoir vivre avec les bêtes féroces.

Un jour comme les autres. Des chasseurs étaient à l’orée de la forêt et allaient commencer leur chasse.
Ils prirent une grande partie de la forêt en embuscade.
Dans l’arbre, les gens commencèrent à s’agiter.

— Que se passe t-il ?!
Avait crié un jeune garcon en sentant le grabuge qui se passait au pied de l’arbre.

Il voyait des animaux se disperser et sembler fuir l’entrée de leur zone.

— Encore des chasseurs ?!

Dans un cas comme celui-ci, ils ne pouvaient rien faire. C’était la loi du plus fort et les bêtes les plus faibles et lentes se faisaient attraper. Aucun droit d’intervenir. Éviter à tout prix contact avec les personnes de l’extérieur.
Les habitants de l’arbre se calmèrent peu à peu. Ils furent juste surpris par la présence des chasseurs aujourd’hui encore.

— Ils sont de plus en plus nombreux ces derniers temps.
— C’est à la mode de venir chasser ?
— Bientôt, il n’y aura plus grand monde à cet étage. Ils devront s’aventurer plus loin.

Quelques adultes étaient assis sur une grosse branche et discutaient en observant ce qu’il se passait, de loin.
Une dame alarmée, interpela le jeune homme.

— Rosalys n’est pas avec toi… ?

Il semblait qu’elle avait courru.
Étonné, il lui retourna la question.

— Non, pourquoi… ?

Reprenant son souffle, la jeune femme expliqua.

— Elle comptait descendre à la forêt, depuis je n’ai pas de nouvelles… J’esperais qu’elle était avec toi…

— Quoi ?! Elle a dit ça quand ?! Elle y est encore ?!
Dit-il paniqué.

— Je ne sais pas !
— Qu’elle inconsciente ! J’espère qu’elle est sur le chemin du retour… ! Je vais la chercher.

Il courrut vers les gens qui observaient la scène de leur perchoir.

— Excusez-moi, vous n’auriez pas vu une jeune fille, cheveux très longs, dans la première zone ?
— Hein, quoi… ? Euh. Non. Dis, toi t’as pas vu une fille ?
— Il y a quelqu’un qui est resté en bas ? C’est de la folie !
— Hé, là-bas. Ca serait pas elle ? Elle est un peu loin de là où sont les chasseurs, mais il faut qu’elle rentre tout de suite. Ils avancent rapidement…
— Par l’Arbre.
— Merci messieurs ! J’y vais de ce pas ! J’espère arriver à temps !

Il fila.

— Surtout évite à tout prix de les croiser de face ! Telle est la loi. Si elle est perdue, tu ne peux rien faire. C’est ainsi.

Il le savait. C’était bien ça qui l’embêtait. Il ne pouvait rien faire qui puisse le mettre à découvert. Il fallait qu’il se dépêche à tout prix.

Elle était au milieu d’une pelouse verdoyante. Elle jouait avec les petits animaux, sans se soucier de ce qui se passait aux alentours.
Elle avait demandé la permission de descendre à la première zone. Son père avait accepté.

— Il ne devrait pas y avoir de chasseurs aujourd’hui. Ils sont déjà venus hier. Ca m’étonnerait qu’ils reviennent aujourd’hui aussi. Bon d’accord, mais fais attention et ne rentre pas trop tard.

Elle avait sauté de joie.
Elle aimait cette zone 01. C’était là où les animaux étaient le plus vulnérables, le plus faibles. Les autres habitants préferaient s’entraîner avec les bêtes plus fortes et endurantes qui se trouvaient dans des zones plus sûres.
De nature faible, elle se sentait proche des animaux de cette zone. Elle aussi était très vulnérable.
Ils devaient se sentir seuls, voyant très peu de monde, mis à part les chasseurs, et leur vie ne tenant qu’à un fil. Elle voulait essayer de les aider pour qu’un plus grand nombre réussisse à s’échapper au cas où.
Passer du bon temps avec eux, au moins.
Elle était à présent seule, elle s’était alongée dans l’herbe et appréciait la beauté du paysage. Les quelques rayons de soleil qui transperçaient les différents feuillages. Bien qu’elle ait une mauvaise vue.
Elle entendit comme une agitation au loin. Des animaux apeurés semblaient fuir un danger.
Non, ce n’était pas possible. Des chasseurs ?!
Elle paniqua un instant. Elle devait fuir le plus rapidement possible.
Elle se leva et s’apprêta à courir.
Les bêtes à quatre pattes couraient plus vite qu’elle.
Elle se fit dépasser assez rapidement.
La loi s’appliquait pour tout le monde. C’était chacun pour sa peau.
Derrière elle, un bruit de tir se fit entendre.
Une biche venait de se faire prendre les pattes dans un filet à poids.
Elle hésita. Ils étaient pas en vue, encore.

— Qu’est-ce qu’elle fait ?! Cours !
Criait le jeune homme descendant le plus vite qui le pouvait l’arbre, sautant de branches en branches.

Elle s’immobilisa et fit apparaître une épaisse brume.
Ainsi elle pouvait transgresser la loi sans qu’il n’y ait aucun témoin.
Elle ne pouvait pas l’abandonner.
Elle fit demi-tour et tenta le plus vite qu’elle le put de détacher les pattes de la biche. Elle était encore jeune, ça aurait été trop injuste que sa vie se termine ici.

— Chef, nous avons réussi à avoir une biche !
— Ce n’est qu’une biche, ne vous réjouissez pas trop vite. On ne va pas rentrer qu’avec ça.

Un homme dans la trentaine.
Il portait une armure, une épée à la ceinture et une dague à disposition dans sa botte.
Autour de lui, trois autres hommes un peu plus jeunes l’accompagnaient.

— Est-ce que c’était une bonne idée de venir aujourd’hui, en sachant que les proies les plus intéressantes, une autre équipe est passée les chasser hier… ?
— C’est pour ça qu’on vient. Pour l’effet de surprise, et on ne s’attardera pas au premier palier. Ce qui nous intéresse ce sont les plus grosses proies beaucoup plus loin, au plus profond de la forêt.

Il semblait songeur.
Il voyait la biche au loin, les pattes prises dans un lasso.
Il s’arrêta. Une brume épaisse venait d’apparaître. Elle provenait de l’endroit où se trouvait l’animal.
C’était plus qu’étrange.
Ses hommes se figèrent.

— Chef, qu’est-ce qu’on fait ?

Il leva le bras, signe qu’ils devaient rester derrière.

— Restez groupés, cela ne signifie rien de bon. Je vais aller y jeter un oeil. Si je ne suis pas de retour, rentrez.

Il savait au fond de lui qu’il pouvait être une cible facile, mais sa curiosité l’avait poussé à avancer vers le danger.
Il avait cru voir quelqu’un au loin derrière l’animal à terre. Une silhouette. Une fine silhouette. Allait-il pouvoir rencontrer un habitant de ces lieux ? Etait-ce quelqu’un de perdu ?
La brume s’épaississait de plus en plus. Il voyait à peine à quelques mètres devant lui.
Il devinait la forme de la biche, une forme foncée à quelques mètres devant lui. La forme grandissait.

Elle réussit à la détacher. Elle soupira de soulagement.
La bête tenta de se relever tant bien que mal et partit en galopant comme elle le pouvait derrière elle.
Elle se releva, doucement et la vit disparaître dans sa brume.
L’homme s’approcha encore et vit la silhouette se transformer en une personne.
Ses pas surprirent la jeune fille.
Elle se retourna paniquée.
Ils étaient à quelques centimètres l’un de l’autre.

Il n’en croyait pas ses yeux. Une fille ici ? Elle ressemblait à une jeune fille tout à fait normale.
Il jeta un regard au sol, elle s’était libérée. Était-elle la biche ?
Il ne savait pas par quoi commencer la conversation.
Elle lui faisait face.
Comme ce dernier ne disait rien, elle recula peu à peu, espérant qu’elle puisse disparaître comme sa sauvée.

— Qu’est-ce que tu fais là ?

Il avait posé cette question, la tutoyant, comme elle semblait beaucoup plus jeune que lui. S’adressant comme à un enfant.
Elle prit peur, elle voulut reculer de plus d’un pas et trébucha sur une racine.

« Non, ce n’est pas le moment ! »

Elle allait tomber, quand l’inconnu devant elle, s’approcha rapidement et l’attrapa par la hanche avant même qu’elle puisse s’exclamer.
Leur visage étaient si proches qu’elle sentait le souffle de sa respiration.
Était-ce un chasseur ? Allait-il la tuer ?
Pour tous les habitants de l’Arbre, s’ils voyaient ça, ses parents seraient la risée de tous et elle serait déjà considérée comme morte.

Lui-même surprit de son action. Il l’observait. C’était une fille tout à fait normale.
Il la relâcha.

— Excuse-moi…

Se rendant compte de son geste il se sentit gêné, il détourna quelques secondes son regard. Quelques secondes de trop, elle en profita pour se retourner et filer dans la purée de pois.
Un peu déçu de cette rencontre très courte, il retourna sur ses pas, en récupérant le filet qui était resté au sol.
Il allait devoir expliquer cela à ses hommes. Ou non.

2012.10.26

Plumes

Depuis ce jour, elle était enfermée dans les appartements de Sylvain.

— Ne sors pas sans mon autorisation. Ne laisse personne entrer non plus.

Elle obéissait. Cet homme n’était pas méchant. Il lui avait certainement sauvé la vie.
Elle aurait dû rentrer chez elle, mais elle ne pouvait pas lui indiquer exactement d’où elle venait. Elle ne pouvait pas non plus rentrer d’elle-même. Elle n’avait pas encore d’ailes.
De plus, son corps était largement plus faible et limité depuis l’accident. Elle récupérait assez rapidement mais pour elle. Ce n’était pas assez. Elle savait qu’elle avait été à un fil de ne plus se réveiller.
Le moindre faux mouvement ou action physique l’épuisait.
Elle finissait par avoir le vertige et était essoufflée.
Comment pouvait-elle prétendre au poste de grande prêtresse avec une telle constitution dorénavant ?

Sylvain était un homme assez grand, il semblait avoir plus de la trentaine. Il était occupé la plus grande partie de sa journee à faire des rondes ou s’occuper de certaines affaires importantes à sa société.
Il semblait qu’il travaillait dans une grande entreprise et était le chef de tout cela.
Il ne lui avait pas dit de quoi cela s’agissait réellement. Il évitait constamment le sujet.
Il prenait soin d’elle pour qu’elle soit vite sur pieds.
Elle était restée inconsciente 3 jours, dans son lit.
À son réveil il était assis dans un fauteuil, à côté du lit et semblait veiller sur elle.
Il était intrigué par une telle beauté et le mystère de cette jeune fille.
Il s’enticha dès les premiers jours de la douceur dans sa voix, de ses manières, de sa politesse. Et cette faiblesse lui donnait envie de la protéger.
Le coeur de cette jeune fille était pur. Au moment où elle ouvrit les yeux, il le sut.
Elle ne savait pas qui il était, ni où elle était et n’avait aucune arrière pensée.
Ce monde n’était pas fait pour elle.

Le matin il faisait en sorte de déjeuner avec elle.
Il partait ensuite, la laissant seule dans son appartement.
Elle s’occupait comme elle le pouvait. Elle lui souhaitait une bonne journée.
Elle restait dans le lit, trop affaiblie pour bouger.
Elle se rapellait les premiers jours où il était obligé de la nourrir puisque ses bras étaient inutilisables.
Depuis, ils mangeaient toujours au lit, elle prenait son repas et se reposait jusqu’à son retour.
L’assistante et le médecin passaient alors changer les bandelettes et réappliquaient de la pommade et autres remèdes.
Il revenait pour le repas de midi. Elle l’acceuillait alors avec un sourire. Comme si elle l’attendait. Lui demandant comment s’était passé la matinée.
Il repartait juste après. Comme un homme très occupé.
C’était l’assistante du médecin qui préparait à manger.
Il avait expliqué que personne n’était au courant de sa présence, mis à part lui et ces deux personnes. Qu’elles étaient de confiance.

Ils semblaient qu’ils vivaient tous au même étage.
Aucune lumière de l’extérieur ne pénétrait la pièce.
Au bout d’une semaine elle était guérie. Bien que sa condition physique ne lui permettait pas de faire grand chose.

On devait s’inquiéter pour elle.
On était sûrement en train de la chercher mais Sylvain ne pouvait pas la laisser toute seule dans la forêt.
À partir du moment où elle put marcher sans trop s’épuiser.
Elle insista à un tel point qu’il lui fit visiter l’étage.
Elle apprit quelques bases de la médecine. C’étaient des gens bien.
À cet étage, vivaient dans un autre appartement, le couple de l’assistante et le médecin. Ils vivaient tranquillement. On ne demandait leur aide que rarement, et ils continuaient à faire des recherches même pendant leurs congés.
Ils s’entendaient vraiment bien avec Sylvain. C’était plus qu’une simple relation de patron à employés.
Il n’a jamais voulu lui faire visiter les autres étages.

Un mois passa.
Elle commença à avoir des picotements dans son dos.
Une allergie ? Des insectes ?
Ce n’était pas ça.
Elle sentit quelque chose en elle qui poussait au niveau des omoplates.
Elle sentit sa peau se déchirer. S’ouvrir. Une brûlure.
Quelques plumes couleur rubis sortirent de son dos. Elle saignait.
La douleur la fit s’écrouler par terre, au pied du lit.
Elle gémissait. Elle souffrait.
L’assistante alertée par le bruit entra dans la pièce. Elle accourut vers elle en lui demandant ce qui n’allait pas.
Elle était en boule et se tenait les bras.
Elle vit sa chemise se teinter de rouge au niveau du dos.
C’était mauvais.
Elle l’aida à enlever le haut.
Elle n’en croyait pas ses yeux.
Son compagnon accourut aussi.
Il la porta et l’allongea sur le ventre, dans le lit.
Elle cria toute la nuit. Durant tout le processus où ses ailes poussaient.

Elle se rappela des ailes de son frère.
Il n’avait pas tellement crié, mais il avait beaucoup transpiré. Elle était restée à ses côtés, laver ses ailes de sang et le soutenir.
Il gémissait de douleur.
Il se retenait, c’est ce qu’elle se disait maintenant avec le recul. Il se retenait parce qu’elle avait été là. Pour ne pas l’inquiéter. Il avait fini par s’endormir et elle était restée à ses côtés jusqu’à son réveil.

Ce jour là, Sylvain était rentré plus tard que prévu. Des affaires à régler.
Lorsqu’il arriva à l’étage, il ne vit pas ses deux amis, c’était étrange.
Il se dit qu’ils étaient peut-être déjà allés se coucher.
Il ouvrit la porte de sa chambre.
Il vit alors les deux médecins.
Elle se retourna vers lui et lui fit signe de ne pas faire trop de bruit.
Il s’inquiéta de voir une bassine remplie d’un liquide bizarrement sombre, ainsi que des bandages imbibés.
Il s’approcha.

— Que se pa…

Il avait à peine finit sa phrase qu’il se figea à la vue de la jeune fille dans le lit.
Elle semblait endormie bien qu’on pouvait voir des goutelettes de sueur sur son visage et son corps.
De son dos, une armature avait percé sa peau. Les plumes ressemblaient à des feuilles d’un rouge profond. Le sang avait finit par sécher aux extrémités.
Elle semblait avoir muté et un monstre avait l’impression de vouloir sortir de son dos.
Comment quelque chose d’aussi grand pouvait être contenu dans un corps aussi petit.
Son amie le regarda.

— Elle a fini par s’endormir, nous lui avons injecté quelques anesthésiants.

Ce n’était pas ce qu’il voulait entendre.
Il voulait qu’on l’éclaire sur la signification de tout ceci.
Il ne savait pas par quoi commencer.
Il finit par bouger et approcha doucement sa main tremblante vers le visage de l’endormie.
Il avait peur que tout cela ne soit qu’un rêve et qu’elle finisse par disparaître s’il la touchait.
Il sentit sa peau froide et légèrement humide au bout de ses doigts.
Les ailes n’étaient qu’à la moitié de leur croissance complète.
Ils arrivaient au bas du dos.
Sa langue se délia peu à peu.

— Merci de vous être occupés d’elle, je vais prendre le reste en main, allez vous reposer.

— Bien.
Répondirent-ils en choeur. Après avoir échangé un regard complice.

Après qu’ils furent sortis.
Il changea la bassine d’eau et alla chercher une éponge et une brosse.
Il se demanda si c’était bien avec une brosse qu’on pouvait sécher des plumes.
Il prit une chaise et s’assit auprès d’elle.
Il commença à éponger son sang et à nettoyer celui séché sur ses plumes.
Beaucoup de questions se bousculèrent dans sa tête.
Est-elle un ange ?
Qu’allait-il se passer ensuite ?
Est-ce qu’elle lui raconterait tout ce qu’elle savait ?
Allait-elle partir ?
Il voyait la souffrance se dessiner sur ce visage.
Elle remua les lèvres et sembla vouloir dire quelque chose.

— … A… lex… andre…

Il se crispa. Il pensait qu’elle allait appeler son prénom. Il était troublé. C’était le nom d’un autre homme. Une pointe de jalousie apparut dans son coeur.
Lorsqu’il finit de nettoyer ses ailes il alla reposer la bassine, le chiffon et la brosse avant de s’affaler dans son canapé, à côté du lit.
Il était épuisé de sa journee mais il ne pouvait se résoudre à aller se coucher en sachant la jeune fille dans cet état.
Sans compter qu’elle était elle-même allongée dans son propre lit. Il avait fini par s’y habituer, il se reposait la plupart du temps dans le canapé à l’autre bout de la pièce, de temps en temps il ne rentrait pas dormir de la nuit et ce n’était qu’au petit matin qu’il venait s’échouer sur le rebord du lit, alors elle se levait et l’aidait à se coucher.
Elle se demandait toujours ce qu’il pouvait bien faire comme métier pour être aussi épuisé.

En pleine nuit, alors qu’il s’était allongé dans son canapé, en gardant en vue la jeune fille, il s’était endormi.
Elle se réveilla à moitié, une douleur aigue l’avait arrachée de son sommeil bien qu’elle avait finit par s’atténuer. Elle ouvrit les yeux et se rendit compte qu’il devait être très tard. Tout était silencieux. Elle avait envie de crier tellement la douleur était forte mais elle se remémora la fois, quand c’était son frère qui vivait cet évènement. Tout le monde devait dormir. Elle ne devait pas déranger leur sommeil.
Elle finit par se retenir du mieux qu’elle le put. Elle gémissait. Elle tentait d’étouffer ses gémissements avec l’oreiller qui était à sa portée.
Elle se demandait comment son frère avait fait pour se retenir à ce point. Elle devait être forte.

Il se réveilla à son tour, un peu paniqué, il venait de se rendre compte qu’il s’était endormi. Il regarda l’heure et se tourna vers le lit.
Elle semblait bouger. Il entendait quelques bruits.
Il se leva, encore un peu dans les vapes et s’approcha d’elle.
Il ne rêvait pas, elle s’était réveillée.
Il se précipita à ses côtés et voulut l’interroger.

— Alice ? Est-ce que…

Il vit ses omoplates saigner de plus belle et la continuité de ses ailes s’extirper de son dos.
Il regarda son visage, elle n’était pas bien. Il voyait qu’elle se retenait.
Il ne savait pas quoi faire pour la soulager, pour l’aider. Totalement paniqué.
Elle entrouvit ses paupières après avoir senti sa présence auprès d’elle, il lui avait pris la main.
Il la regardait d’un air désespéré et triste.
Elle se contenta de sourire du mieux qu’elle put.

— Ça va aller…

Au bout de quelques minutes, les ailes avaient fini de pousser.
Il était allé retourner chercher la bassine et la remplir d’eau chaude, ainsi que la brosse.

— Pardon…
Dit-elle, avant de fermer les yeux.

Il alla chercher aussi une serviette pour éponger la sueur sur son visage et une partie de son corps.
Elle se réveilla le lendemain matin.
Sa main était dans celle de Sylvain. Il s’était endormi, la tête sur le rebord du lit et tenait fermement la main d’Alice.
Elle se sentait tellement désolée de l’avoir empêché de dormir correctement.
Elle restait dans la même position en l’observant. Il était mignon.
Réfléchissant à une manière de se lever sans le réveiller.
Elle entendit du bruit à l’extérieur de la pièce.
On frappa doucement à la porte.
Elle n’osa pas dire quoi que ce soit de peur de le réveiller. Elle ouvrit la bouche et la referma sans en faire sortir aucun bruit.
La porte finit par s’ouvrir d’elle-même et une jeune femme entra silencieusement en lui souriant, lorsqu’elle la vit éveillée. Elle referma la porte doucement derrière elle.

2012.9.25

Veille

Mon grand frère me prit par la main et m’emmena à l’extérieur de notre demeure, on passa par la porte de derrière, il accéléra le pas. Ma mère m’embrassa, me mit un petit chaperon. Notre ville était attaquée et les attaquants étaient bientôt aux portes du château. Mon père se préparait déjà, ma mère était paniquée et inquiète de mon sort.
Je n’étais jamais sortie de notre demeure et peu de personnes connaissaient mon visage à part certains domestiques de confiance.
Ma mère quitta rejoindre notre père pour défendre ce qui nous appartenait. Elle confia à mon frère de prendre soin de moi et de m’emmener dans un lieu sûr.
On courait dans les bois, il aperçut une charrette de marchand qui s’était arrêtée non-loin devant.
Il sourit. C’était notre chance pour s’enfuir mais je ne pouvais oublier ce qu’on avait laissé derrière nous et à quel point j’étais inutile. Si notre château devait tomber, personne ne se douterait de mon existence, c’est ce que mes parents devaient penser. Mon frère mit la capuche de mon chaperon sur ma tête, m’embrassa sur le front et me remit un petit couteau orné de notre emblème familial.

— Garde le précieusement, il te servira sûrement.

Je le rangeais dans ma petite sacoche.
Il s’approcha du marchand qui prenait sa pause, et lui demanda d’une voix calme et polie s’il pouvait m’emmener à sa prochaine destination. Voyant que je n’étais qu’une petite fille. Il accepta. Mon frère ne partait pas avec moi, il me dit de prendre soin de moi, et courut rejoindre nos parents.
Il ne pouvait pas se résoudre à les abandonner, il pouvait combattre, mon père lui avait appris les bases.
Le monsieur à côté ne me posa aucune question. Il se contenta de diriger le chariot en silence. Arrivée à la ville, il me déposa et me renseigna un peu, sur certaines choses que je devais savoir. De faire attention aux gens louches qui pourraient vouloir profiter de moi. Je bus ses paroles de sage. Les portes de la ville fermaient en fin d’après-midi, les auberges étaient chères et je n’avais rien sur moi.
Je le remerciais et je suis partie dans une grande ruelle.
Je remarquais un bâtiment qui ressemblait à une bibliothèque. Je m’en approchais et je décidais d’abord d’y entrer.
J’avais l’habitude de lire à la maison dans notre bibliothèque. Je saluais poliment le bibliothécaire qui était un homme un peu âgé avec des cheveux blancs. J’aperçus dans son regard un soupçon d’étonnement, c’était la première fois qu’il me voyait. J’arpentais les rayons jusqu’à m’arrêter sur un livre traitant des remèdes médicinaux et de soins. Le livre était bien trop haut, hors de mon atteinte à cause de ma taille.
Je me mis sur la pointe des pieds, essayant de l’attraper. Un jeune homme apparut derrière moi et attrapa ma cible pour me la tendre. Il avait un air de famille avec l’homme de l’accueil. Il portait des lunettes de forme ronde et avait de longs cheveux réunis en arrière à l’aide d’un ruban.
Il me fixa et lit le titre de l’oeuvre.
Je m’assis à la première place libre que j’eusse trouvé dans la salle de lecture. Il me suivit du regard. Se demandant si je comprennais vraiment ce que je lisais vu mon jeune âge.
La bibliothèque était peu fréquentée. Les gens venaient surtout pour emprunter et restaient rarement lire.
Le vieux monsieur me prévint qu’ils allaient fermer, j’allais reposer le livre quand je me suis rappelée que j’étais trop petite pour le reposer. Il me sourit et me dit que je pouvais le laisser sur la table.
Je suis partie avec la tête plein d’informations. La ville allait aussi fermer ses portes. Je sortai.
Devant moi, la route par laquelle j’étais arrivée et de part et d’autre des arbres, et la profonde forêt.
Je fis attention à ne pas perdre chemin, et je m’arrêtais à un arbre avec un petit creux à ses pieds, formé par ses racines.
Que devenaient mes parents, mon frère. Est-ce qu’ils allaient bien ? Est-ce que je les reverrai un jour ?
J’étais seule, la journée était passée si vite. Je n’avais pas vraiment réfléchi à la situation. J’étais entrée dans la bibliothèque par instinct, par habitude de la lecture.
Je me suis réveillée par la fraîcheur matinale et la faim.
Je ne sais combien de temps s’est écoulé.
Une semaine ou deux, chaque jour au matin je retournais en ville et j’allais à la bibliothèque. Le peu de nourriture dans ma sacoche était écoulée et j’avais réellement faim. Le son que produisait mon estomac dans la salle silencieuse m’embarrassait.
Je ne me nourrissais que d’herbes ou de fruits et champignons comestibles ramassés dans la forêt que j’appris à reconnaître grâce aux livres.
J’ai commencé à tenter de réunir certains ingrédients pour fabriquer des boissons nourrissantes à base de peu de choses dans la forêt. J’ai aussi trouvé un endroit où dormir couvert près d’une source d’eau. Commencé à construire une petite demeure avec quelques morceaux de bois ramassés.
Le bibliothécaire curieux, m’interrogea.
Plus les jours passaient plus il me voyait fatiguée, épuisée et salie par la terre dans la forêt.

— Comment t’appelles-tu ?
— Alice
— Notre bibliotheque te plaît ?
— Oui. Beaucoup !
— Veux tu t’y inscrire pour pouvoir emprunter nos livres ? Il faut juste payer une petite somme et résider dans la ville.

Je détournais le regard.

— Où habites-tu, petite ?

Je restais silencieuse.
Il comprit que ma situation était complexe.
Il me proposa de passer plus tôt, avant l’ouverture de l’endroit si je voulais faire un petit travail. En échange duquel il pourrait m’aider, me nourrir un peu. Il n’avait pas vraiment les moyens de payer un employé.
J’acceptais avec plaisir, les larmes aux yeux.
Des semaines étaient maintenant passées et aucune nouvelle de mon frère.
Je ne devais pas me laisser abattre, je suis sûre qu’il va bien et qu’il me cherche activement. Je dois continuer à faire de mon mieux.
Ma petite demeure commençait à prendre forme, un petit toit fait en brindilles, une paillasse faite de morceaux de bois pour ne pas dormir mouillée.
Le bibliothécaire me donnait quelques morceaux de pain, de quoi me nourrir.
J’appris à reconnaître la plupart des aliments comestibles dans la nature, du moins du coin.
Je commençais aussi à me mettre à apprendre la médecine et les bases d’une guérisseuse. Je ne voulais plus être un poids pour ma famille et me rendre utile.
Je rendrai mon frère fier de moi.
Je passais inaperçue aux vues des villageois. Seuls les gardiens à la porte me voyaient au petit matin et repartir à la nuit tombée.
Je n’avais pas de vêtements de rechange et ma robe commençait à se faire sale dès la première semaine.
Je n’avais pas d’autres choix que de me laver au point d’eau le plus proche.
Je profitais du climat et de la chaleur du midi pour me plonger entière dans l’eau et nettoyer ma robe, puis l’étendre sur les branches basses d’un arbre.
Le problème restait de me sécher nue sans me faire voir.

Il me sembla entendre du bruit sur la route principale.
Je m’en approchais mais discrètement en prenant soin de me cacher derrière un arbre.
J’arrivais trop tard, tout ce qui restait était le corps d’un jeune homme, à terre, blessé, du sang commençait à s’écouler de sa blessure.
Je fus pétrifiée d’horreur à cette vision.
Il fallait faire quelque chose.
Je regardais autour de moi et autour de lui s’il ne restait personne.
J’accourus vers lui, paniquée, il semblait avoir perdu connaissance.
Je tentais de le réveiller, je le soulevais avec le peu de force que je possédais. Il revint à moitié conscient, je l’aidais à se déplacer jusqu’en dehors de la route principale, pour éviter d’être vus.
Il reperdit conscience, trop lourd pour moi, il me mit à terre. Du mieux que j’ai pu, je m’extirpais et l’adossa à un mur, je déchirais un pans de ma robe et tenta d’arrêter l’hémorragie et, tenta de me remémorer les formules du livre.
Je réussis mon incantation. Ma vue sembla se troubler et tout devint sombre devant moi.
Je rouvrais les yeux, une couverture sur moi. Je me rendis compte que c’était la cape du jeune homme.
Il me fixait du regard. Adossé à un arbre non loin. Il se leva avec peine, se tenant à l’endroit où il était blessé. Il marcha vers moi.
Je restais au sol en le suivant du regard.
Il avait une épée de laquelle il s’aidait pour s’appuyer dessus et tenir debout. Certainement son épée qu’il avait laissé sur la route. Il l’avait récupérée.
Il abaissa son épée à la hauteur de ma nuque.

— Qui es-tu ? Quelles sont tes intentions ?

Que devais-je répondre ?
Quelque chose en moi me disait qu’il valait mieux ne rien dire.
Je l’ai aidé par réflexe et en croyant bien faire.
Par peur je fermais les yeux, en gardant la tête haute. Je n’avais rien à me reprocher.
Combien de temps s’était-il écoulé depuis ma perte de connaissance ?
J’entendis un petit gémissement.
Je rouvrais les yeux. La blessure du jeune homme semblait le faire souffrir, il chancela, se tenant les côtes de ses deux bras et lâchant son épée, il s’écroula vers ma direction.
Mon soin n’avait pas suffit à fermer sa blessure.
Paniquée, je m’approchais de lui et tenta de le rattraper. Je l’aidais à l’allonger sur le sol, le haut de son corps reposant sur mes genoux. Je tendis ma main vers la cible de sa douleur en songeant à renouveler ma magie de guérison. Il m’empoigna le poignet de sa main droite, en me signifiant qu’il ne fallait mieux pas.

— Es… tu.. un ange… ?
Dit-il d’une voix flaible. Sa respiration était saccadée.

Je fouillais dans mon sac. J’en sortis une des fioles que j’avais concotée à l’aide de flacons vides récupérés en ville, d’herbes et d’un feu de bois près de ce qui me servait de demeure.
J’ouvris le flacon et vida peu à peu le contenu dans sa bouche en prenant soin de garder sa tête droite.
Il ne semblait plus lutter. Je retentais de le guérir avec mon incantation.
Je posais ma main sur sa hanche, d’où le sang avait coulé. Je fermais les yeux en le concentrant sur la formule.
Une lumière chaleureuse s’appliqua sur sa blessure.
Son visage sembla être plus serein.
Il s’était endormi.
Je restais dans cette position, en veillant et attendant son réveil.
Un lapin s’approcha de moi.
Je cherchais dans mon sac un petit bout de pain que le bibliothécaire m’avait offert. J’en dispersais quelques miettes. Il en mangea.
Quelques petits moineaux firent aussi leur apparition.
Ils picorèrent les petites miettes qui restaient.
La nuit commençait à tomber.
La personne sur mes genoux commença à se réveiller.
Il ouvrit lentement les yeux et me fixa.
Il voulut se lever brusquement mais je l’en empêchais. Sa blessure risquait de se rouvrir.
En comprenant que c’était une situation gênante, je l’aidais à s’adosser à un mur et lui tendit de mon sac, ce qui me restait de pain.
Il ne refusa pas.
Il me remercia.

— Je n’ai rien à t’offrir.

Pensait-il que j’attendais quelque chose en retour ? Je me doutais bien qu’il ne devait plus lui rester grand chose après l’agression sur la route.
Je me levais pour me dégourdir les jambes. Marchant un peu, et tentant de m’orienter vers l’endroit où j’allais dormir.
Je m’appuyais dos à un arbre et le regardais.
Cet homme attisait ma curiosité.
Que faisait-il de sa vie ?
Pourquoi avait-il une épée, mis à part pour se défendre ?
Pourquoi l’avait-on attaqué ?
Il finit de manger, s’apercevant du regard interrogateur que je lui adressais, il se mit à parler.

— Je suis un mercenaire, je me baladais tout seul, là était mon erreur, pour me rendre à la ville la plus proche lorsqu’on me tendit une embuscade, ces brigants là, ils profitent qu’on soit seul pour nous avoir. Ils m’ont tout pris.

Il fit une pause.

— Merci petite. Comment appelles-tu ?

— Alice.

Ça au moins, je pouvais lui dire.

— Que puis-je faire pour toi ?

Je m’arrêtais devant lui, et tendit ma main en guise de serrage de main. J’avais vu faire plusieurs fois des adultes pour se saluer ou se présenter.

— Ami ?
Lui demandais-je.

Il me sourit, prit ma main et s’en aida pour se lever. Il faisait au moins une tête de plus que moi.

— Moi, c’est Pierre.

Il reprit son épée et sembla se remettre en route.

— Où habites-tu ? Que je remercie tes parents.

Je ne répondis rien.
Je me dirigeais vers la petite tente en bois que j’avais construite de mes propres mains.
Un sentiment de honte m’envahit.

— Ta demeure est plus luxueuse que la mienne.
Me lâcha t-il, sur un ton de plaisanterie.

— Ce n’est pas une mauvaise idée de se bâtir une demeure, bien qu’en dehors de la ville…
Ajouta t-il, songeur.

Après cela il me dit.

— Je te dois la vie. Si tu n’étais pas intervenue je serais sûrement à l’heure actuelle encore en train de me vider de mon sang sur le chemin. Je t’offrirai mes services jusqu’à ce que ma dette soit acquitée.

Il dirigea ses yeux vers moi en semblant attendre une réponse.
Hors de question qu’il se sente redevable. Je refusais, hochant la tête.

— J’ai fait ce que je devais faire. Soyons tout d’abord amis… ?
Dis-je génée.

Il rit.

— Tu es étrange. Mais soit, j’accepte.
— … Je viens de me réveiller, si… vous l’acceptez vous pouvez dormir ici… je veillerai…

Il me regarda d’un ton bienveillant et me remercia.
Il ne se fit pas prier. Il devait être épuisé et il ne s’était pas encore remis de ses blessures.
Il s’apprêta à s’allonger en gardant à portée son épée.

— N’hésite surtout pas à me réveiller au moindre bruit suspect. Ah. Et puis fais attention à toi, n’attrape pas froid et mets ma cape.

Il n’était pas méchant.
J’hochais la tête.
Il s’endormit dans les minutes qui suivirent.

Je m’étais sentie étrangement faible après avoir tenté de le soigner.
Je ne m’étais pas renseignée sur l’energie vitale que j’allais utiliser lors d’une incantation. Je devais y faire dorénavent très attention.
Je n’avais pas assez récupéré et je me sentais faible. C’était un principe d’équivalence. Je transferais mon énergie en lui.
Le lendemain, j’étais à la limite de l’assoupissement lorsqu’il se réveilla.
Il me sortit de ma torpeur.

— Tu m’as veillée toute nuit ?!

2012.8.23

Louche

Il eut vent qu’un individu dangereux était en fuite dans la forêt.

— Tu as entendu les dernières nouvelles ? Il parait qu’un démon super dangereux se balade dans la forêt. Des gens sont en train de le chercher et de le pourchasser.

— Sérieux ?!
— Ouais. Même qu’ils ont indiqué que toute personne devait rester éloignée de la forêt pour l’instant.

— Vous avez dit quoi ?! Un démon dans la forêt ?!
Demanda Alexandre, qui passait par là et entendit la conversation en cours.

— O-oui…
Répondit le jeune homme, surprit de l’interevntion de cet inonnu, et qui avait un air grave.

— Merci pour l’information mon brave.

Et il repartit comme il était venu.

— Bon sang, qu’elle idée de partir se balader seule dans la forêt. Lys. J’espère que tu n’as rien.
Se dit-il, inquiet.

Il courut en direction de la forêt.
Il faisait déjà nuit.

— LYS, OÙ ES-TU ? LYS!
Criait-il.

Il était déjà cette heure, ce n’était pas normal qu’elle ne soit pas encore rentrée.
Il aperçut une lumière au loin et s’approcha de celle-ci.
Un groupe de gens avec des torches. Ils virent Alexandre.

— Hé, toi là-bas. Tu fais quoi ici ? Il y a un démon par là. Rentre chez toi.

— Bonsoir, je suis au courant. Vous n’auriez pas vu une jeune fille avec une capeline passer par là ?
Dit-il en jaugeant la taille avec sa main, essouflé.

Ils se regardèrent et hochèrent la tête de gauche à droite.

— Merci quand même…

Il continua son chemin essouflé, en cherchant des yeux sa précieuse soeur.

— Hé, attends. Si tu vois quelqu’un de suspicieux, préviens nous.
Dit un des hommes en le hélant, avant qu’il ne s’éloigne trop.

Alexandre continua son chemin linéaire vers le sud-est, tandis que le groupe de personnes se dirigeait vers le sud-ouest.
Au loin, l’inconnu qui était resté aux chevets de la jeune fille.
Il ne voulait pas qu’elle tombe entre de mauvaises mains, et que dans le pire des cas. Ces gens la trouvent et eurent idée de faire du chantage sur cette vie.
Il vit la scène de sa place, derrière un arbre.
Alexandre s’approchait de là où ils se trouvaient. Sa description qu’il avait donné correspondait à celle de la jeune fille qui était à ses côtés, inconsciente.
Cet homme lui avait en quelque sorte sauvé la vie. Grâce à son intervention et sa directive de prendre ce chemin, les hommes qui le cherchaient on prit une direction autre. La fillette était en sécurité.
Si les hommes l’avaient trouvée avant lui, cela aurait été fort problématique.
Il déplaca la demoiselle de manière à la mettre en évidence et que l’homme la voit tout de suite lorsqu’il passerait près de l’endroit.
Il regarda autour de lui, et se cacha à quelques arbres de la fille pour observer le bon déroulement de la scène.

— LYS !
Criait Alexandre.

Il baladait son regard sur toute l’étendue devant lui.
Il commençait à désespérer.
À se demander ce qu’elle était devenue. Et si le démon l’avait trouvée avant lui… ?
Il vit au pied d’un arbre des vêtements dépasser.
Il s’en approcha, accourut. C’étaient des vêtements d’Alice.
C’était bien elle, allongée, adossée à l’arbre, inconsciente.
Il était maintenant à ses côtés, il regarda autour de lui. Il ne vit personne.

— Lys… Lys… Tu m’entends ?…

Il prit le visage de Lys dans ses mains, tâta son pouls.
Elle n’était pas gelée, elle était ici que depuis peu. Son pouls était plus faible qu’à l’accoutumée mais elle était en vie.
Il remarqua sur sa main droite, du sang.
Il vérifia qu’elle n’avait pas de blessure. Ce n’était pas son sang.
Il sentit l’odeur.
Le sang puait. Du sang de démon.
Il regarda à nouveau autour de lui. Personne.
Le sang n’était pas tout à fait sec.
Qu’avait-il fait à sa soeur ?!
Il porta sa soeur dans ses bras et rebroussa chemin.
Il recroisa le groupe d’hommes qui se montrèrent indifférent à la soeur.
Ces hommes semblaient louches.
Ils virent la jeune fille inconsciente et l’un deux fit signe à ses camarades de se séparer pour chercher dans la direction d’où, elle et son frère venaient.
Alexandre ramena Alice chez eux.
Ils passèrent dans une fente, un entrée dans un rocher et arrivèrent dans un tout autre lieu.
C’était leur village.
Des gardes se trouvaient à l’autre bout du chemin au cas où des intrus passeraient par là.

— Mon prince !
Interpela l’un des gardes.

Il se précipita en direction d’Alexandre.

— Shhh… Ne parlez pas si fort, on risque de vous entendre !
Siffla Alexandre.

— Excusez-moi… mais… C’est la Princesse… ! Que vous est-il arrivé ?!
— Ne vous inquiétez pas. Je prends la situation en main. Elle semble juste épuisée. Je vais la ramener au château. Retournez à vos postes.
— Bien, monsieur !

Alexandre passa par la porte de derrière pour passer inaperçu.
Il gravit les différents étages. Le corps de sa soeur était léger, et lui-même avait une musculature assez solide.
Il entra dans sa propre chambre et décida de la poser sur son lit.
Il la déshabilla : lui ôta sa longue cape et ses bottes. Il déboutonna son gros gilet en laine. Il posa ses vêtements sur un fauteuil non-loin du lit.
Il la souleva, et la reposa dans le lit, sous la couette.
Il observa la tache de sang, maintenant séchée, sur la main droite d’Alice. Qu’avait-il bien pu se passer ?
Avait-elle été attaquée et avait-elle repoussé son adverse en lui mettant sa main sur sa blessure ?
Il resta à son chevet.

La reine mère était de santé fragile et sa fille en avait hérité. Elle et toutes les personnes vivant dans le château étaient privilégiés.
Tout d’abord, son titre de reine n’était su que des résidents du château. Elle était à l’extérieur qu’une simple enseignante de magie blanche.
Dans le château, les élites étaient formés. Des salles d’études étaient à disposition des résidents et chacun avait sa spécialité.
À partir du moment où on était accepté dans le château, il fallait savoir.

2012.5.19

Majorité

Elle tomba, elle vit quelqu’un sauter vers elle pour tenter de la rattraper.
C’était trop tard.
Alors elle se dit avec ironie que ça ne pouvait pas être comme dans les histoires qui se finissent bien, où il y a toujours quelqu’un pour rattraper et sauver la personne en détresse.
Elle sourit malgré elle, et accepta son destin. Elle ferma les yeux.
La vitesse à laquelle elle tombait lui fit perdre connaissance.
C’était mieux ainsi. Elle n’allait pas trop souffrir. Du moins c’est ce qu’elle espérait.
L’homme qui sauta dans le vide pour tenter de la rattraper réagit trop tard.
Elle était déjà trop loin.
Il la vit disparaître dans les feuillages des arbres qui formaient la forêt tout en bas.
Paniqué et les larmes plein les yeux, il descendit sur terre à une vitesse plus lente en déployant ses ailes.
Elle s’écrasa dans les branches de plusieurs arbres.
À la vitesse à laquelle elle était arrivée, elle avait dû se briser plusieurs côtes et avoir une fracture du crâne.
Elle était arrivée tête la première, s’était prise une multitude de branches.
Ne sachant plus trop bien si c’était sa tête qui brisait les branches ou l’inverse.
Elle prit d’autres branches dans le dos, ce qui amortit sa chute jusqu’au sol.
Sans parler des égratinures sur ses bras et jambes.
Elle avait sûrement tous les os de son corps brisés, et n’avait sûrement plus beaucoup de temps à vivre.
Elle saignait du nez et du coin de la bouche.
Elle avait eu mal sur le coup, la douleur étant telle que son cerveau avait coupé tout contact. Elle était dans le coma le plus total.
Un homme dans la trentaine, cheveux bouclés roux mi-longs, yeux noirs sombres, s’approcha du corps ensanglanté de la jeune fille.
Il se hâta auprès d’elle et tâta son pouls.
Elle était encore en vie.
Il regarda autour de lui.
Il leva la tête et aperçut l’impact et d’où venait la blessée. Elle était entourée de feuilles et de branches brisées.
Cela aurait pu être une très belle scène si le personnage n’était pas en train de se vider de son sang et quitter ce monde.
Il tenta de la porter, il passa sa main gauche sous son cou, la souleva.
Il y avait une bonne flaque de sang qui s’était formée à partir de l’écoulement de son crâne ouvert.
Il la porta jusqu’à son repère en espérant qu’elle ne lâche pas son dernier soupir dans ses bras.
Il disparut d’une simple distorsion.
À l’instant d’après, ils étaient dans une chambre luxueuse, il la posa sur un grand lit à baldaquin deux places.
Son corps s’enfonça dans le moelleux du matelas et de la parure de lit en diffusant et teintant une couleur rouge rubis.
Il avait lui-même ses vêtements recouverts de sang.
Il appela dans la minute qui suivit un médecin.
On frappa à la porte, elle s’ouvrit d’elle-même sans que personne n’y aille.
Un homme en blouse blanche poussa un cri en voyant l’état de son ami.

— Ce n’est rien. Occupe-toi de la personne qui est en train de changer la couleur de mes draps. S’il-te-plaît.
Répondit-il simplement.

Il se dirigea vers le corps de la fille.
Il pensait qu’elle était déjà morte. Qu’on ne pouvait plus rien faire pour elle, jusqu’au moment où il tâta son pouls et se rendit compte qu’elle respirait encore. Les battements de son coeur étaient faibles.
Il partit en courant et revint avec des bandages, une bassine d’eau chaude et des pommades et herbes de toutes sortes.
Il revint accompagné d’une jolie jeune femme.

— Ce n’est pas le meilleur endroit pour lui apporter des soins mais dans son état, mieux vaut ne pas la déplacer.
Dit l’homme qui semblait avoir des compétences en tant que guérisseur.

Il l’examina de plus près. Plusieurs côtes brisées et fractures.
Il dut replacer à la main certains os et utiliser des bandages pour stabiliser le tout. L’assistante appliqua les différentes pommades.

— Nous allons la déshabiller…

Il comprit qu’il devait sortir de la pièce. Il prit des vêtements de rechange et décida d’aller prendre une douche.
L’assistante prit une paire de ciseaux et découpa sur toute la longueur, en partant du buste, le vêtement teinté de rouge de la blessée. C’était une sorte de robe à motifs étranges qu’elle n’avait jamais vu auparavant. Elle ne s’y attarda pas trop et le découpa au niveau des bras pour pouvoir lui appliquer des soins sans être gêné.
La patiente ne réagissait pas. Le médecin vérifiait de temps en temps qu’elle respirait et que son coeur battait toujours.
Ils lui appliquèrent des bandages sur tout le torse, jusqu’au niveau de la poitrine. Autour de sa tête, après avoir délicatement mis de la pommade sur tout son corps.
Après tout cela, elle ressemblait à une momie.
Ils ne purent rien faire de plus à part attendre.
Ils récupérèrent les lambeaux des vêtements de la jeune fille imbibés de sang et décidèrent de se retirer.
Il sortit de sa douche habillé avec des vêtements propres et les cheveux à moitié trempés.

— On a fait tout ce qu’on pouvait faire, il ne reste plus qu’à attendre…

— Merci bien. Je vais m’occuper de la suite. Vous pouvez disposer.

Elle avait un petit visage rond, les cheveux longs et noirs, sa corpulence était plutôt fine et elle disposait d’une poitrine assez généreuse. Sa respiration faible et les battements de son coeur la trahissaient, sans cela on aurait pu croire qu’elle ne vivait plus.

*

Il arriva à peu près à l’endroit où elle était tombée, il se posa délicatement sur le sommet de l’arbre et chercha l’impact qu’avait laissé sa soeur. Il trouva enfin. Il s’en rapprocha hâtivement et chercha activement son corps.
Personne. Tout ce qu’il voyait était plusieurs branches cassées et des feuilles au sol, à l’endroit où était censé se trouver sa soeur. Ce n’était pas possible. Elle avait disparu.
Il s’approcha et toucha la terre. Il restait quelques traces de sang et la chaleur infime indiquait qu’elle avait bien été là.
Quelqu’un avait dû venir. Il ne pouvait pas croire qu’elle était morte et s’était évaporée dans l’air.
Il chercha minutieusement dans toute la zone pendant plusieurs minutes. Rien.
Il dut se résigner et rebrousser chemin. Repartir sur l’île.
Il était dépité.

Pendant tout ce temps là.
Il était resté à moitié conscient, à terre.
Il se souvenait de la dispute entre lui et Alexandre au sujet d’Alice. Il l’avait empoigné et plaqué au sol.
Il avait fermé les yeux l’espace d’un instant avant de s’apercevoir qu’ils avaient tous deux disparus.
Où étaient-ils bien passés ?

— LYS ! NON !
Criait Alexandre.

Il se tourna vers la source de ce cri.
Il le vit plonger dans le vide.
Où était Alice ?
Non, elle n’était tout de même pas tombée…
Il ne pouvait pas attendre sans rien faire. Il sauta aussi à son tour dans le vide et déploya ses ailes.
Il vit Alexandre refaire surface de la forêt, seul.
Il volait lentement et ne semblait pas dans sa grande forme.
Il l’intercepta sur le chemin.

— Où est Alice ?

Il resta silencieux, ne sachant pas de quelle manière il devait aborder le sujet.

— … Elle est tombée… Disparue…

Il l’empoigna à son tour.

— Tu te fiches de moi ?!

— Tu n’as qu’à aller voir de tes propres yeux !
Dit-il les larmes aux yeux.

Il l’attrapa et l’emmena avec lui vérifier ses dires dans la forêt.
Son corps était réellement absent.
Ils ne réussirent pas à la retrouver.
Florent s’arrêta. Il baissa la tête et serrait les poings. Il était en colère contre lui-même et Alexandre.
Il ne dit rien. Il reprit son envol et rentra chez lui.
Elle était certainement morte.
Il espérait que quelqu’un l’avait enlevée et qu’elle continuait à vivre quelque part. Mais ce n’était que fuir la réalite.
Alexandre dut annoncer la mauvaise nouvelle à ses parents.
Il reçut une claque de sa mère. Elle était aux bords des larmes.
Son père dut l’arrêter. Elle était complètement bouleversée. Son époux fit tout pour la réconforter.

— Vous n’avez pas retrouvé son corps ? … Dans ce cas il est possible qu’elle soit encore en vie. Quelque part. On peut espérer. Si c’est le cas. Nous devons la retrouver le plus tôt possible.
Elle a déjà atteint la majorité mais ses ailes n’ont pas encore poussées. Si ils venaient à sortir… Je n’ose imaginer la souffrance qu’elle devra endurer si elle devait affronter cette épreuve seule.

2012.11.23

Rougeâtre

Elle fut parti en balade en fin d’après-midi dans la forêt.
Il faisait beau, on pouvait apercevoir le ciel rougeâtre à travers les arbres et leurs branches.
Elle aimait se balader et se vider l’esprit. Méditer dans cette atmosphère.
Elle commença à chantonner. Elle n’osait pas le faire devant des gens, ni son propre frère. C’était bien trop honteux.
La nuit commençait à tomber.
Elle se décida à retrousser chemin, lorsqu’elle entendit des bruits non-loin d’elle. Il y avait quelqu’un. Non, peut-être était-ce un animal.
Curieuse, elle s’approcha.
Elle vit alors un homme adossé à un arbre, assis. Il la fixa.
Elle fut surprise et rougit. Il l’avait entendue chantonner.
Il mit son doigt sur la bouche et lui indiquait de ne pas faire de bruit.
Il avait une cape noire et longue, la capuche encore sur sa tête, ses cheveux sombres dépassaient.
Elle était plongée dans sa réflexion. Que faisait-il ici.
Au loin, elle entendit un groupe de personnes s’approcher et crier.
Elles avaient des torches et semblaient chercher quelqu’un. Cet homme… ?
Il voulut se déplacer et partir dans une direction opposé. Il fit une grimace.
Elle aperçut une tâche sur ses vêtements intérieurs. Il était blessé.
Par réflexe elle s’approcha de lui et approcha sa main de son torse.
Il l’arrêta.
Ils se fixèrent.
Elle ne savait pas qui il était mais il était blessé et ne semblait pas méchant.
Elle tint son regard, il eut une faiblesse et glissa le long de l’arbre pour s’assoir.
Elle posa sa main sur sa blessure. Sa chemise était trempée de sang. Il était en mauvais point.
Elle ferma les yeux et récita des mots incompréhensibles. Une petite lumière chaude et rouge apparut sous sa main.
Elle réchauffa le torse de l’homme en noir. Il reprit peu à peu ses esprits.
Il allait beaucoup mieux et sa blessure était à présent fermée.
Il vit la jeune fille en face de lui faiblir et perdre l’équilibre.
Il la rattrapa avant qu’elle ne tombe au sol et il la posa dos à l’arbre, à la place qu’il occupait.
Il se disait qu’elle devait bien être inconsciente comme personne, de secourir un inconnu blessé dans la forêt, de plus de s’épuiser à ce point là.
L’idée qu’elle pouvait être un ange lui traversa l’esprit. Elle semblait simplement dormir à poings fermés.
Il entendit une voix crier au loin le mot « Lys ».

2012.5.19

En bois

Le chariot est attaqué, la fille se trouvait à l’arrière.
Le chariot du marchand est renversé, la fille perd connaissance en se cognant lors de l’attaque.
Le marchand est mort sur le coup, tué par les bandits.
Les bandits inspectèrent l’arrière de la charrette qui pouvait contenir quelques marchandises de valeur.
La jeune fille était alors inconsciente par le choc et le renversement de la voiture.
Un bandit entra et l’aperçut. Il la tira par la jambe à l’extérieur. Son corps à la lumière du jour, l’homme fut surpris de sa découverte.
Il interpela ses amis qui étaient aux alentours, encerclant la charrette à laquelle ils avaient tendu une ambuscade.
Un des bandits se trouvait aux côtés du corps du marchand, faisant ses poches, et jouant à moitié avec son cadavre.

— Hé les gars, vous allez pas croire ce que je viens de trouver comme « marchandise »… !
Dit-il d’un ton rieur.

Ses compagnons s’approchèrent, curieux.
Il tenait la jeune fille par ses cheveux et brandissait fièrement sa trouvaille devant les yeux lubriques de ses amis.

— Putain. Qu’est-ce qu’elle fout là ?!
— Elle doit pas avoir plus de 12-13 ans, on peut la revendre cher.
— On pourrait s’amuser un peu avec avant de la vendre !
— Dis pas de conneries, si elle est vierge on peut facilement décupler son prix !

Ils riaient comme des idiots, en baissant leur garde.
Ils entendirent le bruit d’un objet tomber et rouler sur le sol de terre jonché de feuilles. Suivi d’un second.
Un homme plutôt musclé et barbu se trouvait aux côtés du corps du marchand et du corps d’un bandit, sa tête complètement détaché de son corps, d’une découpe nette.

— PUTAIN L’ENFOIRÉ !

Ils se dispersèrent, du moins tentèrent de s’enfuir, et de venger leur compagnon d’armes.
Le tueur massacra tous les bandits qui venaient vers lui un à un.
Il coupa des membres, pas forcément la tête la première, visa le coeur parfois.
Il ne restait que le premier bandit, qui avait observé toute la scène et se tenait encore derrière la charrette, avec dans ses mains les cheveux de la fillette.
Il était apeuré. Il voyait que sa fin était proche. Le guerrier finissait de retirer son épée du corps d’un bandit, regarda autour de lui et fixa le dernier homme encore debout. Il s’avança vers lui d’un pas non-pressé. Leurs regards se croisèrent.
Pris de panique, le bandit lâcha la fillette et prit ses jambes à son cou.
Le guerrier ne le laissa pas s’enfuir, il se mit à courir pour le rattraper jusqu’à le tuer un peu plus loin.
Alors qu’il essuyait la lame de son épée sur le tissu du vêtement du bandit à présent mort, il jeta un regard au corps de la fillette.
Il s’approcha.
Il mit un genou à terre, prit la main de la petite pour tâter son pouls.
Elle était en vie, juste inconsciente.
Il ne bougea pas et fixa quelques instants la jeune fille.
Il semblait prit dans une longue réflexion entre laisser le destin faire les choses et la laisser ici. Ou bien l’emmener avec lui et aviser ensuite.
Il soupira, passa son bras sous son corps frêle et la serra contre lui pour la réchauffer.
Il voyait bien que la voiture ne contenait aucune marchandise intéressante. Il balaya du regard les alentours, la tête avertie du moindre danger. Rien.
Il se leva et la porta, se dirigeant vers son chez lui.
Il sentit sur la cuisse de la fillette une sorte de sangle sur la largeur et un métal dur sur la longueur.
Il fit remonter en faisant glisser lentement le tissu de sa robe au dessus de sa jambe.
C’était une lame, dans son fourreau, ornée d’un emblème qui lui était inconnu. Elle semblait valoir une bonne fortune vu la richesse dont faisait preuve les détails du fourreau.
Il n’en fit pas plus et reprit sa route.
Ils arrivèrent près d’une cascade.
Le bruit de la chute d’eau s’était fait entendre à quelques mètres déjà.
L’homme au traits durs s’avança droit vers le rideau aqueux.
Il contourna le bassin qui accueillait cette grande quantité d’eau.
Un petit passage à droite de la cascade permettait de la traverser sans se tremper.
Passés derrière ce rideau, il y avait une grotte d’un plafond bas, assez pour tenir debout sans trop se courber pour l’homme.
La lumière de l’extérieur filtré par la cascade pénétrait un peu à l’intérieur et permettait de voir les parois rocheuses de l’endroit.
Il s’enfonça au fin fond de la grotte, jusqu’à ce qu’ils baignent dans l’obscurité.
De sa jambe droite il écarta quelque chose. Le bruit laissait croire que c’étaient des feuilles.
Un rideau de lianes de feuilles s’ouvrit et laissa apparaître une porte en bois, il la poussa de son pied et une petite lumière éclaira d’un filet une partie de la profonde grotte.
C’était une petite demeure.
Il prit soin de remettre le rideau en place ainsi que la porte.
Il y avait un lit fait, il posa délicatement la fillette sur la couette, il regarda autout de lui.
Il attrapa une cape assez épaisse et lourde qui trainait sur un porte-manteau et la posa sur le corps endormit de la protégée.
Il resta debout un moment et se gratta la tête de sa main droite, se demandant ce qu’il avait fait. Quelles seraient les conséquences de son acte.
Elle sentit qu’elle reposait sur une surface moelleuse et chaude.
Quelque chose d’un peu lourd mais qui la réchauffait peu à peu fut posé sur elle.
Elle ne se souvenait plus de grand chose.

Elle était dans la voiture, puis une secousse. Elle ne vit plus rien, elle ne pouvait plus bouger mais entendait un grand brouhaha autour d’elle.
Elle sentait que quelqu’un la porta, quelqu’un qui dégageait de la chaleur. Elle se sentait rassurée.
Elle commença à bouger et reprendre connaissance.
Elle ouvrit les yeux peu à peu.
Elle vit le plafond de pierre et se demanda où est-ce qu’elle avait pu atterrir.
Une cape marron qui lui servait de couette.
Elle tourna la tête pour observer toute la pièce. Un homme se tenait debout, à sa droite et la regardait.
Il était d’un âge assez grand. Les traits de son visage étaient durs, il avait une barbe de plusieurs jours qui le vieillissait un peu.
Elle sursauta, elle ne le connaissait pas et se trouvait dans un endroit inconnu.
Ils se fixèrent mutuellement.
Elle aurait voulu partir en courant mais l’épee à la ceinture du monsieur la dissuadait de tenter quoi que ce soit.
Intimidée elle se cacha à moitié dans la cape.
L’homme, tout aussi embarassé, ne savait pas comment l’aborder.
Il soupira, et laissa un grand silence.
Il finit par demander :

— Que faisais-tu dans la caravane ?

La jeune fille resta silencieuse.

— Je…

Sa voix se fit entendre sans aucune suite.
Elle ne savait pas elle-même ce qu’elle devait dire ni par où commencer.
L’homme comprit que c’était une question peut-être trop personnelle et n’insista pas.

— D’où viens-tu ?
— Je…

Il comprit que c’était peine perdue.
Il se gratta la tête à nouveau.

— Si je ne sais pas d’où tu viens, je ne peux pas te ramener chez toi…

Il tira une chaise de la table qui se trouvait juste à côté, et s’assit dessus.

— Tu peux rester ici, cependant, maintenant que tu connais cet endroit je ne peux pas t’autoriser à partir sans condition, et j’imagine que tu comprends que je n’aurais pas autre choix que de te tuer si tu tentais quoi que ce soit de suspicieux.

Elle ne prit pas peur et se contenta d’approuver ses paroles d’un hochement de tête.
Il se leva et partit, non pas par la porte en bois qu’on pouvait apercevoir à gauche mais par un long couloir sinueux vers la droite qui semblait donner sur une autre salle.
Elle resta au lit en résumant dans sa tête tout ce qui venait de se passer.
Elle observa attentivement la composition de la pièce.
Cet homme semblait vivre seul.
Il y avait une planche en bois qui avait été incrustée dans le mur devant elle et servait d’étagère, quelques bocaux vides, ou contenant des feuilles, à sa droite, une table en bois avec une chaise en bois. Derrière cette table une grande armoire.
Tout était de bois, sûrement faits à la main par l’homme.
La chaleur de l’endroit était étrangement conservée.
Il revint un moment plus tard avec des poissons embrochés et grillés au feu.
Elle se rendit compte qu’elle avait faim.
La sortie se trouvait sûrement après le couloir. Elle ne pouvait plus partir.
Il lui tendit une brochette.
Elle s’était assise sur le rebord du lit et commença à manger après l’homme.

— Comment t’appelles-tu ?
Lui demanda t-elle après avoir tous les deux fini de manger.

— Alice.
— Pierre.

Il l’observa, elle avait des yeux clairs, ses cheveux étaient d’un noir sombre et longs à tel point que leurs pointes formaient quelques boucles sur le lit.
Il ne posa aucune question sur son épee qu’elle avait sur sa jambe, sous sa robe.
En parlant de sa robe, elle était particulière. Il n’en avait jamais vu de telle.

— Tu devras changer de vêtements. Il se fait tard. Demain je t’expliquerai certaines choses.

Elle comprit qu’elle devait se lever et le laisser dormir dans son lit.
Il était habillé d’un pull épais. On apercevait une chemise en dessous.
On pouvait deviner sa musculature sous ses vêtements.
Son pantalon un peu sale tombait sur ses chaussures et était rattrapé avec des bandelettes sur ses jambes.
Il retira son épée à sa ceinture et la posa contre le mur à côté du lit. À portée de main s’il devait être réveillé en pleine nuit.

2012.3.4

Fourreau

Il retira ses vêtements un à un, en commençant par le haut.
Une fois qu’il fut torse nu, il commença à défaire sa ceinture, le tout en continuant de fixer la jeune fille.
Elle détourna le regard d’un air gêné et fixa le sol. Elle allait se lever et se déplacer, à peine elle se mit debout pour quitter la pièce, une main la saisit par l’épaule. Elle se figea net, c’était une main chaude grande et forte qui l’empoigna.
L’homme n’avait que défait sa ceinture. Son pantalon encore sur lui, à moitié ouvert qui laissait entrevoir son sous-vêtement.
Il la poussa sur le lit.
Ne possédant aucune force qui puisse rivaliser contre celle d’un homme, elle ne put que suivre le mouvement.
La main gauche de l’homme était sur le poignet droite de la fille, et sa main droite toujours sur son épaule.
Elle ne comprit pas ce qui lui arrivait.
Elle fixa de ses grands yeux, un peu surprise, l’homme.
Sur son torse et tout son corps on pouvait apercevoir de nombreuses cicatrices.
Son regard changea et elle le regarda normalement, comme si elle attendait son sort.
Il continuait à la regarder d’un air observateur et neutre.
Il s’abaissa sur le visage de la fille, tourna sa tête vers son cou, la lécha et l’embrassa.
Elle fut surprise. C’étaient des sensations bizarres qu’elle ne connaissait pas encore. Elle garda son sang froid et ne réagit pas plus.
Sa respiration dans le cou lui donnait des frissons.
Il lâcha son épaule et passa sa main, sous sa jupe en la caressant, tout le long de sa cuisse.
Il chercha la sangle, qui se trouvait à l’intérieur de sa cuisse et la détacha et récupéra l’épée dans son fourreau.
Il tint le tout par la sangle.

Dès qu’elle vit que son couteau avait été pris, elle paniqua, non pas parce que c’était son seul moyen de défense, mais parce que c’était le présent de son frère.
Elle tendit sa main gauche pour la récupérer.

Il la regarda, en pensant qu’elle voulait la récupérer pour l’attaquer.
Il sortit l’épée de son fourreau, en prenant soin de l’examiner.
C’était une lame d’une très bonne facture. Des questions surgirent dans sa tête. Que faisait-elle avec une telle lame sur elle ? Faisait elle partie d’une bonne famille, ou d’une famille d’orfèvres qualifiés ?
Les ornements sur le fourreau lui étaient inconnus. Était-ce un ornement royal ?
Il retourna la lame contre son possesseur.
Elle se figea.
Elle ferma les yeux en attendant sa sentence.
Il fut étonne de sa réaction, rangea la lame dans son fourreau et posa tout cela sur la table.
Il s’assit à côté sur le lit, à sa gauche et baissa son regard sur elle.
D’un ton neutre, il lui demanda.

— Où as-tu eu cette épée ?

*

Ce soir là, Alexandre était entré dans sa chambre en panique, il la réveilla et lui fit comprendre que cet endroit allait devenir dangereux. Il l’habilla d’une cape à capuche pour lui tenir assez chaud et la cacher.
Son frère l’avait portée et courait vers une sortie secrète. Il était essouflé et précipité. Il jetait des regards en arrière de temps en temps.
Arrivé à la sortie il courut jusqu’à la route, un marchand passait justement par là. Il l’arrêta, et lui demanda s’il pouvait prendre sa soeur, et l’emmener à sa prochaine destination.
Le vieux marchand accepta sans condition.
C’était un viel homme à l’air sympathique et sans problème.

— Ne pose pas de question, attends à la prochaine ville sagement. Je viendrai te chercher. Promis.
Dit-il d’un air rassurant.

Il posa un baiser sur le front de sa soeur.
Il souleva un pans de sa robe et attacha une sangle qui contenait un fourreau et une lame à sa cuisse.

— Garde la précieusement et n’hésite pas à l’utiliser si besoin est.

Il l’enlaca une dernière fois, et la mis dans la voiture.

2012.3.4

Petite bille

C’était un soir comme les autres.
Elle dormait tranquillement dans son lit, lorsqu’elle se réveilla en sursaut. Quelque chose n’allait pas.
La chambre de son frère se trouvait juste à côté de la sienne. Elle y entendit du bruit.
Elle était allongée, les yeux grands ouverts, fixant le mur gauche de sa chambre, là où les bruits venaient, et guettait le moindre son. Elle entendit la porte de la chambre de son frère s’ouvrir et se refermer.
Elle paniqua, prit peur et sortit à toute vitesse de son lit et se cacha dans son armoire, au fin fond, derrière ses robes.
Elle prit soin de refermer la porte de celle-ci.
Elle était terrorisée.
Qu’était devenu son frère ? Et ses parents ?
Elle ferma les yeux et tenta de se calmer.
Elle était accroupie et se tenait les jambes dans son armoire.
Elle entendit la porte de sa chambre s’ouvrir, des pas de plusieurs personnes.
Elle les entendit se déplacer dans toute la pièce et la fouiller.
Elle sentit une présence juste devant l’armoire. Quelqu’un s’était arrêtée juste là et ouvrit le battant.
Elle arrêta de respirer. Elle était derrière de longs vêtements, il faisait sombre, on ne pouvait pas la voir.
Elle sentit la présence s’éloigner puis, revenir vers elle. Il tâta les vêtements juste au dessus de sa tête, et toucha le fond de l’armoire.
Elle garda son sang froid.
D’un coup, il empoigna le cou de la jeune fille.
Comment avait-il su ? Il jouait avec elle.
Il la tira hors de sa cachette.
Elle ne vit pas son visage, il faisait beaucoup trop sombre et il portait une capeline et une capuche.
Son compagnon était à l’autre bout de la pièce.
Ils ne dirent rien.
Il lui fit un signe lui rappelant sa mission.
Elle n’arrivait pas à crier.
Pourquoi l’étage semblait si calme ?
Elle essayait de se libérer de son emprise en serrant de ses deux mains le poignet qui lui empoignait le cou.
Il la lâcha et de sa main, serra sa mâchoire et lui dit :

— Ça ne sert a rien de crier, petite. Personne ne t’entendra. L’étage est vide.

Il sourit.
De son autre main, il fouilla une de ses poches intérieures et en sortit une bille d’une petite taille, et la mit dans la bouche de la fille de force. Bien qu’elle refusa d’ouvrir la bouche. Il forca l’accès en appuyant sur les côtés de sa mâchoire, il posa la bille juste au fond de sa gorge et l’obligea à avaler.
Il la lâcha et observa la scène.
Elle resta sans voix et tenta de recracher ou de se faire vomir, mais c’était trop tard. Au bout de quelques minutes elle transpirait, était essoufflée et sa vue se troublait.
La dernière chose qu’elle vit c’était la silhouette de l’homme qui lui avait forcé d’avaler cette chose, accroupit devant elle avec son sourire malsain.
Elle perdit connaissance.
Il s’approcha de son corps, la porta et partit avec son compagnon en courant, par la fenêtre.

2012.3.4