Transformation

Elle se réveilla peu à peu.
Son corps était engourdi et lui envoyait des signaux de douleur.
Lorsque ses yeux s’habituèrent au lieu, elle sursauta presque de voir la jeune femme asiatique à son chevet, qui l’observait de manière intensive, un large sourire sur ses lèvres.

— Oh, tu es enfin réveillée~ !
Dit-elle avec une voix très enjouée, on aurait dit une autre personne.

Aurore essaya de bouger.

— Attends, je vais t’aider. Tu veux un peu d’eau ?

Elle lui tendit un verre.
Aurore resta méfiante. Comme pour balayer les doutes de son invitée, elle but elle-même dans le verre une partie de l’eau.

— Tu ne risques rien, c’est simplement de l’eau.

Aurore accepta alors l’objet tendu.
En le prenant de ses deux mains, elle remarqua les bandages sur ses poignets, tachés de sang.
Elle ne put cacher sa surprise.
Le verre encore dans ses mains. Elle se rendit compte qu’elle avait également un bandage autour du cou, en le touchant du bout de ses doigts.

— Ça te plaît ? Je me suis appliquée à te les mettre.

— Qu’est-ce que vous m’avez fait… ?
Demanda t-elle inquiète.

— Tu ne te souviens de rien ?
Répondit-elle surprise.

— … Il s’est passé quelque chose ?
— Tu t’es fait ça toute seule, comme une grande, avec tes pouvoirs.

— Inutile de me mentir, je n’ai pas de pouvoirs.
Dit-elle, en coupant court à l’explication.

— Eh bien, méprends toi, c’étaient bien tes pouvoirs, enfin je pense. Vu que ce que tu as invoqué a protégé ton frère et l’autre gars. Par contre, tu y es peut-être allée trop fort. Tu étais prise dans des ronces au niveau du cou et des poignets.
Dit-elle en montrant les différents endroits sur son propre corps.

Aurore était sceptique.

— Je n’ai pas d’intérêt à te mentir.
Elle haussa les épaules.

— … Qu’est-ce que vous me voulez… ?
— Juste mieux te connaître… depuis que je t’ai aperçue, j’ai eu envie de t’avoir pour moi… étrange n’est-ce pas ? Ah, oui. J’oubliais. Cette apparence ne doit rien te dire…

Sous ses yeux, l’asiatique se transforma en homme. Ses traits devinrent un peu plus droits, et sa carrure un peu plus grande.

— Alors ? Es-ce que je te dis quelque chose ?
Dit-il, d’un timbre de voix beaucoup plus grave qu’auparavant.

Aurore, elle, avait perdu la sienne.
Son visage lui revint, elle avait le souvenir d’avoir eu un client lui ressemblant au Carré Secret.

— J’étais en costume, certainement. Si cela t’aide… ?
— Je me souviens…
— Je suis flatté.

2018.10.11

Racines

Elle s’éloigna aussitôt que les racines s’enroulèrent autour des jambes de Cean.
Craignant pour sa propre sécurité.
Lorsque son corps disparut sous les pétales géantes, elle se questionna sur l’origine de ce spectacle.
Elle prit du recul et contourna la bibliothèque pour observer l’état de l’autre partie de la salle.
Des racines et une flore avaient envahi l’espace vide, et là où le corps du vampire gisait, il y avait le même bourgeon fleuri.
Au milieu de ce système, là où les racines se rejoignaient en masse tel un câble autour de son installation électrique, se trouvait le corps d’Aurore.
À moitié en suspension entre les racines qui formaient comme un tronc.
Inconsciente, ses cheveux à moitié emmêlés tombaient tel des lianes complétant cette vue insensée.
Elle vit tout de suite les filets de sang au niveau de son cou et de ses poignets.
Il n’y avait plus de mouvements provenant des racines, c’est ce qu’elle supposait.
Elle osa s’approcher de plus près pour observer Aurore.
C’était bien elle, elle qu’elle cherchait et qu’elle voulait. Elle jeta un coup d’oeil plus avisé au sang présent sur sa chair et vit les épines provenant des racines qui s’enfonçaient profondément dans sa peau.
Elle dégaina une dague et se décida à extirper la jeune fille de cette emprise.
Elle tenta de trancher une racine qui n’était pas en contact en premier lieu, en s’attendant à une défense.
Par chance, il ne se passa rien.
Elle entreprit alors de s’attaquer aux poignets, en faisant attention à ne pas plus abîmer l’épiderme de la prisonnière.
Les deux poignets libres, elle respira fort un bon coup et approcha la lame de son arme au niveau de la nuque pour trancher la dernière racine sensible.

À ce moment là, Hélène entra en trombe dans la salle et vit le décor improbable de la bibliothèque.
Puis, son regard s’arrêta sur l’apparence de l’ennemie, tenant une dague sur la nuque d’Aurore.
Son coeur fit un bond.
Alain était juste derrière elle et ne sut pas non plus comment réagir.
Gabriel n’était pas loin et les autres s’étaient séparés pour essayer de trouver où ils étaient.
Hélène éleva la voix.

— Arrêtez ! Je ne vous permets pas de toucher à un seul cheveux d’elle !

L’asiatique se tourna vers elle, à peine surprise.
Elle venait de finir de trancher cette racine enroulée autour du cou.
Elle leur adressa un sourire narquois.

Hélène et Alain ne savaient pas quel était le motif de cette étrangère, et ne voulaient pas mettre en danger Aurore en réagissant de manière irréfléchie.

Elle garda sa dague à la main et trancha d’un coup rapide toutes les autres racines qui immobilisaient la blonde. Son corps sujet à la gravité, tomba dans les bras de l’ennemie qui n’attendait que ça.

Gabriel, alerté par la voix d’Hélène, prévint tous les autres pour la rejoindre le plus vite possible.
Lorsqu’il entra dans la pièce, il vit sa fille s’écrouler dans les bras de l’ennemie.
Son coeur ne fit qu’un demi-tour dans sa poitrine.
Il s’avança doucement et l’interpela.

— Que lui voulez-vous ?
Sa voix était grave.

Elle souriait. Le corps encore chaud de sa quête, au creu de ses bras. D’une main libre, elle fit signe de couper l’air. Une fissure apparut au milieu de nulle part.
Gabriel et Hélène foncèrent sur elle pour l’empêcher se s’enfuir mais il était déjà trop tard.
Elle s’engouffra dans cette porte de sortie, qui se referma sur elle. Laissant les deux, désemparés.
Alexandra et Chris venaient d’arriver lorsqu’ils virent Aurore disparaître dans le décor.

— Non… no-

Alexandra se sentit submergée par les émotions.
Chris s’arrêta et la serra dans ses bras pour la calmer.
Elle fondit en sanglots.
Gabriel serrait son poing et essayait de contenir sa colère.
Les autres ne savaient pas comment réagir. Encore dépassés par les évènements.
Alain observait les alentours, puis brisa le silence.

— C’est… Aurore qui a fait ça… ?

Chacun se mit à mieux observer le décor.
Alexandra réussit à se calmer, petit à petit.

— Qu’est-ce que c’est que ces boules là… ?
Demanda t-elle.

Elle s’approcha puis les toucha.

— On dirait des pétales mais… beaucoup plus solides et résistantes…
Dit-elle en les caressant.

Elle tenta de les ouvrir.
Elle entendit quelque chose à l’intérieur, comme une respiration.
Gabriel et Hélène étaient sur l’autre boule.

— … Il y a quelqu’un… ?!

Cette voix venait de l’intérieur.

— Tu as entendu ça… ?
Demanda Hélène.

— Allô !

— Mais… c’est la voix de Cean !
S’exclama Gabriel.

— Papa… ?
— Alexandra ! Il y a quelqu’un à l’intérieur !
Cria t-il.

Elle s’activa pour éplucher chaque pétale, avec l’aide d’Alain et de Chris.
De son côté, Gabriel faisait de même avec Hélène.
Quelques racines s’étaient enfoncées autour des poignets et du cou de Cean mais il n’était pas en mauvais état.
Il s’écroula dans les bras de son père, par perte d’équilibre.

— Qu’est-ce que tu fais là… ?
Demanda t il.

— Je ne sais pas… je n’ai pas l’impression que ça me veuille du mal. On dirait des perfusions…
J’étais comme dans un cocon et ces racines m’ont guéri. C’est vraiment étrange comme sensation.
Tout à l’heure j’avais l’impression de sentir un autre pouls, mais depuis il n’y a plus rien.

— Attends, ne bouge pas.

Gabriel trancha délicatement les racines enfoncées dans la chair.

— Merci, p’pa.

À peine libéré, il se sentit pris d’un vertige et Gabriel dut le rattraper encore une fois.

— Hélène, est-ce que tu peux accompagner Cean à l’infirmerie, s’il te plaît ?
— Oui, bien sûr.

Il n’y avait pas grand chose à faire de plus mis à part analyser la situation pour mieux comprendre ce qu’il s’était passé.
Dans la fleur d’Alexandra, se trouvait Vlad.
Elle poussa un cri d’étonnement lorsqu’elle le vit dans cet état. Elle crut d’abord qu’il était mort.
Chris tâta son pouls et confirma qu’il était bien vivant. Il en profita pour retirer les dagues qu’il avait dans les mains et extirper son corps de la bulle de pétale.
Tout comme Cean, il avait des racines enfoncées dans ses poignets et son cou.
Il revint à lui peu à peu.

— Au… rore…

— Ne parle pas, on va t’emmener à l’infirmerie.
Dit Alexandra.

Chris était parti chercher une civière.

— Ne coupez… pas… les racines…
Réussit-il à articuler.

— C’est… Aurore…
Continua t-il.

— Aurore.. ?

Alexandra était dans l’incompréhension.

— D’accord, on ne touche à rien pour l’instant, arrête de parler. Reste tranquille.

Vlad faisait peine à voir.
On pouvait deviner qu’il avait souffert.

2018.09.30

Bourgeon

Elle s’extirpa de sa cachette, poussant la bibliothèque de toutes ses forces, les jambes engourdies, elle manqua de tomber lorsqu’elle se releva pour marcher, puis courir en direction des bruits qu’elle entendait.
La bibliothèque était devenue un champ de bataille, elle essaya de ne marcher sur aucun livre et de ne pas trébucher.
C’est alors qu’elle vit Vlad. Son coeur se resserra et sa respiration se bloqua.
Les mains encore clouées sur le bois, il ne bougeait plus mais le seul fait qu’il ne soit pas en poussière la rassura un peu.
Elle était dans un tourbillon émotionnel, elle se sentait fautive et inutile.

— Arrêtez, je suis là…
Essayait-elle de crier, en sanglots.

— Je crois que j’ai entendu quelque chose…
Dit l’ennemie qui s’arrêta en pleine action.

— Laissez les tranquille…
Continuait de pleurer Aurore.

Elle se sentit comme prise de vertiges, des taches de couleur apparurent devant ses yeux, puis plus rien, le noir complet. Son corps était lourd et elle vit le décor devant ses yeux lui échapper.

Des racines sortirent de terre et la rattrapèrent avant qu’elle ne percute le sol.
Le parquet de la bibliothèque était craquelé de partout par des racines qui entourèrent le corps d’Aurore. Immobilisant ses jambes et son torse.
Les bouts des racines s’enroulèrent sur ses bras puis autour de son cou, puis des épines telles des ronces poussèrent et s’enfoncèrent dans la chair pâle de la jeune fille inconsciente.
Autour de ses poignets et de son cou, quelques fils rouges éclatants se dessinèrent.
D’un coup, des racines partirent de sous ses pieds pour atteindre Vlad, puis Cean.
S’enroulant également autour de leur corps à une vitesse folle.
Un pétale, d’abord sous sa petite forme, apparut et grandit jusqu’à les engloutir tout entier, puis une autre, plus plusieurs.
Ils se transformèrent en un énorme bourgeon fleuri.

Lorsque les racines commencèrent à tournoyer autour de Cean. L’ennemie s’en éloigna immédiatement.

— Qu’est-ce que c’est que ça ?!

Ne voulant pas se retrouver pris dans ce piège inconnu, elle observa le manège des racines et prit du recul. Ne pouvant rien faire de plus, elle s’intéressa à la source de cette magie.

2018.09.30

Sortie

Cloîtrée dans son étroite cachette.
Elle ne pouvait se fier qu’à son ouïe pour essayer de deviner le déroulement des évèments, juste à quelques mètres d’elle.
La faible lumière et son champ de vision ne lui permettaient pas d’apercevoir grand chose.
Le cri de Vlad lui glaça le sang.
Déjà recroquevillée, ses doigts se resserrèrent dans la chair de ses bras.
Que pouvait-elle faire pour arrêter ce suplice.
Une idée traversa l’esprit de l’ennemie.

— Et si la petite tête blonde voulait bien sortir de sa cachette, je pourrais arrêter de torturer ce pauvre vampire…

— Ne l’écoute pas Aurore-
Répliqua Vlad.

Elle le gifla.

— C’est vrai que je m’amuse bien mais je risquerai… de malencontreusement… viser un peu trop près du coeur… quel dommage de finir en poussière, quelle plaie à nettoyer.

— Ne bouge pas Aurore, rien ne nous dit qu’elle respectera sa parole.
Dit Cean calmement.

Il était derrière une autre bibliothèque à reprendre son souffle.
Elle se leva en laissant le corps de Vlad prisonnier des dagues, se vider de son sang par les mains.
Grâce à la voix de Cean, elle s’orienta et le débusqua très vite.
Il n’était plus en état de se battre, essayant d’arrêter le saignement de ses plaies, il était totalement épuisé.
Il la regarda dans les yeux sans chercher à fuir.

— Trouvé.
Dit-elle avec malice.

Elle s’approcha lentement de lui et s’arrêta juste devant lui.
Elle était plutôt grande et son regard arrivait au même niveau que lui.
Ses pointes de cheveux se transformèrent petit à petit pour l’enlacer. Il était dos à la bibliothèque, aucune échappatoire possible.

— Où est-elle ?
Demanda t-elle avec une voix plus froide.

Il sourit.

— Ne m’oblige pas à t’abîmer encore plus, jeune homme.

Il continuait de sourire.
Les tentacules montèrent à sa nuque et commencèrent à se resserrer doucement.
Elles le maintenèrent, ainsi qu’au niveau de ses épaules pour qu’il reste debout.
Il resta muet.
Elle lui donna un violent coup de poing dans le ventre, ce qui lui coupa le souffle et il se mit à tousser.

— Je ne comptais pas te tuer mais je peux encore changer d’avis.

Ne se décidant pas à parler, elle continua à le frapper.
Aurore entendait son frère prendre des coups.
Sa respiration n’était plus la même et il toussait.
Aurore tremblait de rage.
Des larmes coulaient sur ses joues, elle s’en voulait à elle-même de les mettre dans cette situation.
Elle ne tint plus en place et elle poussa la bibliothèque pour sortir.

— ARRÊTEZ, JE SUIS LÀ !
Criait-elle en pleurant.

Les coups cessèrent.
Elle sortit de sa cachette tant bien que mal en poussant de toutes ses forces, les larmes embuaient sa vision.
Elle courut dans la direction de Cean et passa devant le corps de Vlad qui ne semblait pas donner signe de vie. Il était dans un très mauvais état, ses mains clouées et ensanglantées étaient encore maintenues sur le bois de la bibliothèque. Son visage était en sueurs, ses cheveux retombaient devant son visage et des mèches s’y étaient collées.
Assit dans cette position, il ne bougeait plus.

— Pardon… je suis désolée… pardon…
Répétait-elle.

Elle marcha jusqu’à Cean qui était plusieurs mètres plus loin derrière une autre bibliothèque.

— Te voilà enfin.
Dit elle en souriant.

— Laissez le tranquille.

— Aur… ore… n… no-

Cean essayait de la dissuader avec ses dernières forces.
Elle donna un dernier coup dans son abdomen ce qui fit sursauter Aurore qui se remit à pleurer.

— Ah. Il a perdu connaissance.
Dit-elle impassible.

Elle le relâcha et son corps s’écroula sur le sol.

— Ne t’inquiète pas, il est encore en vie.
Dit-elle pour la rassurer.

Elle recula et s’approcha d’Aurore pour la voir de plus près.
Pétrifiée par la peur, elle n’osa pas bouger et ferma les yeux, laissant couler ses larmes le long de ses joues. Elle tremblait un peu.

— N’aie pas peur, je ne te ferai aucun mal.

Elle passa ses doigts dans ses cheveux et essuya d’un geste doux les larmes sur son visage.

— D’ailleurs, excuse-moi pour la dernière fois, c’est moi qui aurais dû venir te sauver quand tu as été poignardée.
Elle marqua une pause.

2018.09.16

Clouer

Vlad ne réussit pas à tenir tête longtemps. Néanmoins il put faire gagner quelques secondes de répit à Cean, ce qui était le but de son action.
L’ennemie changea de comportement lorsqu’elle le vit.
Elle sembla beaucoup plus agressive et fonça directement sur Vlad sans même hésiter un instant.
Son effet de surprise ne fut pas très efficace, son attaque par derrière fut un échec cuisant.
Elle sentit sa présence et se retourna presque immédiatement.
Elle le contra et retourna l’effet contre lui, et en profita pour le projeter quelques mètres plus loin, contre une bibliothèque. Quelques livres tombèrent sous le choc provoqué.
Vlad essaya de se relever le plus rapidement possible mais l’impact l’avait sonné.
Elle était déjà en face de lui et elle l’avait immobilisé en s’asseyant sur lui et en maintenant ses poignets bien contre le meuble.
Ses longs cheveux noirs jonchaient le sol et commençaient à se transformer en tentacules. Ils se mouvèrent et enlacèrent le cou et le torse de Vlad.
Il était pris au piège.

— Toi, je te réserve un traitement spécial.

Vlad essayait de ne rien laisser paraître mais l’étreinte était de plus en plus forte et il savait qu’il allait y rester à ce rythme.

— Si tu n’avais pas gâché mes plans, nous n’en serions peut-être pas là, mais passons.

Quelques tentacules firent leur chemin vers ses bras et ses poignets.
Elle les lâcha, et dans l’instant d’après. Elle enfonça deux dagues dans les mains de Vlad pour les clouer sur la bibliothèque.
Il se mit à hurler de douleur lors du premier coup, puis tenta de réprimer son cri lors du second.
Elle se délectait de son mal.

— Qu’est-ce que je pourrais faire d’autre ? Tant que je ne touche pas au coeur je peux m’amuser, n’est-ce pas ?
Disait-elle comme si elle se parlait à elle-même.

— Je sais comment vous fonctionnez, vous, les vampires. Un tout petit peu.

Cean ne savait pas quoi faire pour le sortir de cette situation. Il n’était pas en super état et sauter la tête la première n’était pas un plan viable.

— Réfléchis, réfléchis !
Se répétait-il à tue-tête.

Adossé à une autre bibliothèque, à quelques mètres.
Aurore entendit le cri de Vlad et son coeur se resserra.
Elle se sentait minable de ne pouvoir rien faire à part faire souffrir ses proches.

2018.09.15

Cheveux

Maintenant qu’elle était en face de lui, il pouvait l’observer plus en détails.
Elle devait avoir des origines asiatiques vu son teint de peau un peu jaune et ses yeux en amandes.
Ses longs cheveux noirs étaient attachés mais l’élastique semblait avoir glissé bien bas, ou que ce soit fait exprès.
Elle portait une sorte de justaucorps aux manches courtes et au bas 3/4, et par dessus une sorte de sari en lin qui était maintenu à sa ceinture par une cordelette bien serrée.

Cean réussit à eviter le coup, la chevelure de son adversaire revint vers lui et les pointes se transformèrent en plusieurs tentacules qui essayèrent de l’attraper.
D’abord surpris puis en tentant de garder son sang froid, il réussit à agir par réflexe et donna un coup de son épée courte qui trancha ces tentacules qui tombèrent au sol et redevinrent cheveux.
Il prit beaucoup plus de recul et essaya de calmer son coeur qui battait la chamade.

— Pas mal.
Dit-elle, en regardant tristement ses cheveux tombés au sol.

Ils échangèrent des coups, il ne réussit pas à casser sa garde. C’était une adversaire redoutable, encore plus avec ses cheveux étranges.
De son côté, elle lui avait déjà fait quelques éraflures sur le corps sans qu’il ne s’en plaignent.
À force d’effort, les petites plaies commençaient à saigner et tacher ses vêtements.
Il était déjà difficile de penser à éviter les coups, en plus il devait prendre en compte la physique des cheveux piégés, il ne s’en sortait pas.
Il avait pu couper quelques centimètres de cheveux mais il restait encore beaucoup de marge.
Il savait qu’il n’allait pas durer longtemps.
Vlad essayait de trouver le bon timing pour intervenir mais il voyait bien qu’il n’allait pas non plus faire le poids. Voyant Cean dans une impasse, il pensa que c’était le bon moment et se jeta derrière.

2018.09.14

Dent

Ils couraient dans l’aile la plus proche.
Aurore était essouflée, n’arrivant pas à se calmer de ce qu’elle venait de voir et d’avoir laissé son grand-père seul face à l’intrus.
Cean s’arrêta devant une porte et l’ouvrit calmement.

— Entrez vite.

Il ferma derrière eux.
Ils étaient maintenant dans une énorme bibliothèque. Des étagères plein les murs et au milieu de la pièce, ainsi que des tables et des chaises.

— Ça va, Aurore ?
Demanda Vlad.

— … Je crois…
Dit-elle en reprenant son souffle.

— Suis moi, nous n’avons pas de temps à perdre.
Dit Cean en attrapant la main d’Aurore.

Vlad leur emboîta le pas.
Ils arrivèrent devant une bibliothèque.
Cean se plaça sur le côté pour activer un mécanisme et le meuble se déplaça comme une porte, vers eux, laissant apparaître une petite ouverture donnant sur un espace restreint, telle une cachette.
Ce n’était pas très profond mais cela suffisait pour une corpulance comme celle d’Aurore.

— Aurore, reste là et ne faid pas de bruit. On se charge du reste. C’est compris ?
Dit son frère.

— Mais !

— Ne discute pas, elle va arriver d’un moment à l’autre, dépêche-toi !
Dit-il pour la presser.

Elle n’opposa aucune résistance et se cacha derrière l’étagère.
Cean referma le meuble sur elle.
Il y avait une petite grille qui laissait passer très peu de lumière et d’air. Assez pour voir l’extérieur comme à travers un filtre, et respirer.
Heureusement on ne pouvait deviner sa présence ici.
Les livres cachaient en grande partie la façade.
Elle avait juste assez de place pour s’assoir, l’endroit n’était pas très confortable mais elle pouvait s’en accomoder.
Cean et Vlad s’éloignèrent d’elle et se positionnèrent pour tendre une embuscade à l’ennemie.
Quelques minutes après, la porte de la bibliothèque s’ouvrit avec fracas.
Aurore sursauta face au bruit.
L’ennemie venait de donner un énorme coup de pied et la porte sortit de ses gonds pour finir quelques mètres plus loin.

— Je sais que vous êtes là, sortez de votre cachette.

C’est Cean qui essaya de l’avoir par surprise en premier.

— Je n’ai rien contre toi, dis moi où est ta petite soeur et je vous laisse tranquille.

Elle évitait avec facilité toutes les attaques et arrivait à les contrer, malgré le combat avec Sephyl.

— Je ne crois pas, non.

Cean se prit quelques coups mais rien de sérieux.
Il commençait à perdre son souffle et son endurance.
Il battit en retraite derrière les étagères pour reprendre essayer de récupérer.
Vlad sortit à son tour pour prendre la relève.
Elle sembla changer de comportement.
Il rata son attaque et elle le contra, et le projeta contre une étagère remplie de livres.

— Par contre, toi… j’ai une dent contre toi ! Sans toi, ça ne se serait pas déroulé de cette manière ! Tant pis, mais je ne vais pas te faire de cadeaux…

2018.09.14

Intrus

Cean et Aurore se dirigeaient vers la maison de leurs grands-parents.
Ils empruntèrent le passage secret qui abritait un portail qui les amènerait directement au lieu.
Les grands-parents étaient au courant de leur venue, bien que leur grand-mère Alicia n’était pas au meilleur de sa forme.
Leur grand-père Sephyl pouvait les accueillir.
Ils prirent soin de bien fermer derrière eux et s’engouffrèrent dans le vortex.

Durant leur trajet ils purent discuter.

— Désolée que tu aies à m’escorter…
— Qu’est-ce que tu racontes… ? C’est tout à fait normal. Mieux vaut être prudent et que tu ne sois pas enlevée, ou quoi que ce soit d’autre. Cette histoire ne me dit rien qui vaille… Et au pire, on sera allé rendre visite à papi et mamie.
— … Tu as raison… je ne comprends pas ce que j’ai pu faire pour qu’on m’en veuille…
— Tu sais, c’est fort possible qu’on t’aie pris pour cible parce que tu es la fille de maman et papa. Juste à cause du lien de sang. Tout simplement.
— Mais… je n’ai aucun pouvoir ?!
— Peut-être qu’ils ne le savent même pas ! Dans tous les cas, on te protégera parce que tu es de la famille.
Je ne veux pas que tu subisses ce que j’ai pu subir quand j’étais plus jeune…
— Vous ne m’en avez jamais parlé… ?
— C’est que… ça explique pourquoi maman et papa on tout fait pour éviter de faire les mêmes erreurs. Pour éviter ça…
— Et maintenant… ?
— Je sais me défendre, je suis un adulte. Enfin presque. Je peux même essayer de te protéger ! Bon, on arrive au portail de téléportation.

— Il y a personne ?
— Pour éviter d’éveiller les soupçons, je pense. Papi doit être dans les parages.

Sephyl était en train de discuter avec quelqu’un.

— Ah, vous voilà. J’étais justement en train de parler de vous.

— Bonjour, quel plaisir de te revoir Aurore.
Dit Chloé.

— Bonjour madame !

Vlad était juste à côté.

— Bonjour madame, je suis Cean, le frère d’Aurore.
— Bonjour Cean. Je suis Chloé, la tutrice de Vlad.

Il fit un signe de tête pour le saluer.

— Sur ce, je vais retourner retrouver mes hommes qui sont postés aux alentours. Je vous laisse Vlad qui tenait à se charger de la protection rapprochée de votre petite fille.

— Merci, dame Chloé.
Dit Sephyl.

— Bonjour papi Phyl.

Aurore le serra dans ses bras.

— Excuse-moi de te déranger…
— Bonjour Cean.

Il lui fit un signe de tête.

— Je rencontre enfin ton petit copain. Enchanté, je suis Sephyl, leur grand-père.
— B-bonjour monsieur Sephyl.
— Appelle-moi Phyl, va. Je vais les laisser te faire visiter ma demeure. Je dois retourner surveiller que tout est en ordre.

— Comment va mamie Cia… ?
Demanda Aurore.

— … Pas très bien, si tu veux, nous en parlerons plus tard.
— Je vois…

— Tu comptes m’ignorer encore longtemps ?
S’exprima Vlad.

— C-ce n’était pas mon intention !
Répondit-elle gênée.

Il serra la main de Cean qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de rencontrer.

— Merci d’avoir sauvé ma soeur. Enchanté de te rencontrer Vlad.
Dit il en rendant la poigne.

— Enchanté, Cean.

Discrètement, elle lui prit sa main et ils continuèrent la visite des lieux.
Cean s’arrêta net puis leva les yeux et regarda autour de lui. Vlad fit de même.

— Tu entends ça, aussi ?

Aurore était perdue.

— C’est beaucoup trop silencieux… quelque chose cloche.
— On est dans une aile, retournons dans le hall principal où on va se faire piéger.

Ils parlaient dans un calme surprenant.
Cean attrapa la main d’Aurore.

— On va courir un peu, ne lâche pas ma main et suis nous.
Lui dit-il.

Ils coururent jusqu’à la salle principale, Sephyl était déjà là et était sur le point d’aller les chercher.
Aurore était à bout de souffle.
Sephyl soupira de soulagement.
La porte s’ouvrit tout doucement de l’extérieur.
Ils se retournèrent vers le bruit.
Une silhouette s’approchait avec une ombre derrière elle. Elle trainait un paquet étrange.

— Bonjour la compagnie !
Dit une voix grave mais féminine, de manière enjouée.

— Je crois que ceci est à vous ?

Elle leur lança le paquet enficelé qui glissa sur le sol jusqu’à s’arrêter à quelques mètres d’eux.
Assez pour qu’ils puissent distinguer que c’était de forme humanoïde. Ils reconnurent les vêtements et Vlad cria.

— Chloé !!!

Cean lui fit signe de ne pas s’approcher.

— C’est peut-être un piège, ne tombe pas dedans.

Aurore était horrifiée.
Elle tremblait et Vlad le ressentit et lui serra la main plus fort pour la rassurer alors qu’il bouillonnait lui-même de rage.

— Votre système de sécurité est à revoir, mon cher.
Disait-elle nonchalente.

– Qu’est-ce que vous me voulez ?
Demanda t-il calmement, ne voulant pas entrer dans son jeu.

— Pas grand chose… hmmm… la petite blonde ici et je m’en vais, sans demander mon reste.
— Et pourquoi donc ?
— Hmmm… raison personnelle, m’sieur.
— Je crois que je ne vais pas pouvoir satisfaire votre requête.

— Ça serait trop facile, n’est-ce pas ?
Elle semblait rire.

— Emmenez la en lieu sûr, je m’occupe de l’intrus.
Chuchota Sephyl.

Malgre son âge avancé, il se battait et se défendait encore bien.

— Qu’est-ce que vous lui voulez ?
— Vous êtes curieux, papi.

Elle s’amusait.
Il prit du recul et commençait à s’épuiser.

— Ça dure un peu trop longtemps à mon goût, on va finir ça…
Dit-elle avec le même sourire qu’au début et sans s’essoufler.

— Je vais vous dire un petit secret, pour avoir si bien tenu face à moi, papi. Je crois qu’elle me plaît votre petite.
Dit-elle avant de foncer vers lui et l’assomer.

— Bon, où sont partis les autres…

2018.09.05

Plan

Ils montèrent alors un plan pour aller le libérer.
Les fichiers qu’avaient envoyés Jasper avant de disparaître les renseignaient sur le lieu où il pouvait se trouver et des indices sur leur but.
Aurore était visée.

— Il est hors de question que tu viennes avec nous.

Dépitée, elle s’en voulait que son cousin se retrouve dans cette situation à cause d elle.
Toute la famille proche et concernée était présente.

— Je viens. Alexandre ne peut, bien sûr, pas nous suivre mais je suis encore en état de me battre pour récupérer mon fils.
— Je peux laisser le domaine pendant une journée.

— Ne m’oublie pas, je t’accompagne.
Ajouta Alexandra.

— C’est mon neveu, tout de même. Nous ne pouvons pas y envoyer nos hommes vu le peu d’info que nous avons.
Ma force de frappe ne sera pas de refus. J’y vais aussi parce qu’Alexandre ne peut pas être présent.
— Mais-
— Si, c’est assez dangereux. Ne crois pas que je vais te laisser y aller sans personne pour assurer tes arrières.
— Je veux également y aller. Je ne suis plus une enfant.

— Moi aussi.
Rajouta Alain.

— Ce n’est pas une sortie classe verte.
Dit Chris.

— Je le sais, mais plus on apportera notre force, mieux ça sera. C’est trop dangereux d’y aller que vous. Et je me défends encore très bien, même si je ne continue plus les cours.
Argumenta Hélène.

— Il faut bien que je couvre les arrières d’Hélène vu qu’elle fonce toujours tête baissée…
Ajouta Alain.

Chris soupira.

— Raison de plus pour que j’y aille.

Aurore voulut prendre la parole mais Gabriel l’arrêta.

— Tout ceci sent le piège à plein nez, Aurore. Ils n’attendent que toi pour t’engouffrer dans la gueule du loup. De plus tu seras plus un poids pour nous.

Ils avaient raison. Elle ne savait pas aussi bien se défendre que ses cousins ou son frère.

— Je préfère qu’Azur reste avec toi pendant que nous partons chercher Jasper. Alexandra formera un duo avec moi. Chrystal et Chris, groupez avec Hélène et Alain lorsque nous arriverons là-bas.
Si besoin, séparez-vous en deux mais ne restez pas seuls. Au moindre danger, vous quittez les lieux.
Nous communiquerons via télépathie. Dès qu’on trouve Jasper, on se tire.
Azur et Aurore, le domaine sera pratiquement sans protection sans nous, je préfère que vous alliez chez Mamie Cia et Papi Phyl pendant ce temps. Je demanderai également le soutien des vampires, si jamais il se passe quelque chose durant notre absence.

Gabryel expliqua les différents plans pour ne mettre personne en danger.

2018.07.28

Tentacules

Ils arrivèrent à un hangar.
C’était étrange, il n’y avait presque personne.
Ils firent leur maximum pour pénétrer dans leur base sans alerter tout le monde.
Hélène et Alain s’occupèrent de faire taire les sentinelles dans la discrétion la plus totale.
Chris et Alexandra échangèrent un regard.

— Et ils ont arrêté de suivre les cours de combat… ?
Demanda Chrystal, impressionnée.

Il y avait une entrée qui ressemblait à une tanière.
Le chemin se sépara rapidement et ils durent former deux puis trois groupes.
Il y avait de moins en moins de gardes et cela les inquiétait au plus haut point.
Gabryel sentait l’angoisse d’Alexandra.

— Ça va aller. Reste près de moi.

Il faisait assez sombre malgré leur magie de lumière pour éclairer un minimum leurs pas, et des bruits inconnus se faisait entendre au loin et en écho.
Chrystal et Chris discutaient de manière décontractée du vieux temps.

— Ça va, tu stresses pas trop.
Dit Chris.

— Non, ça va. Je sais que je vais les défoncer d’avoir osé toucher à mon fils.
Repondit-elle, sûre d’elle.

— En vrai… bien sûr que si. J’espère juste qu’il est en vie.

— Ils n’ont aucune raison de le tuer, je pense…
Essaya t-il de la rassurer.

— Je sais bien mais je préfère me préparer à toutes les éventualités.

Hélène et Alain étaient au taquet.
Ils progressaient rapidement et Alain devait régulièrement réfréner sa soeur à être plus prudente.

— Je ne peux pas imaginer dans quel détresse il doit être… il ne sait pas se défendre comme nous on le fait… ça m’est insupportable qu’il soit dans cette situation.
— Je sais, moi aussi, mais nous précipiter ne l’aidera pas si on se fait avoir avant de le trouver.

Chris et Chrystal aperçurent une masse tentaculaire étrange dans une cavité au bout de leur chemin.

— C’est quoi ça… ?
— Ça ressemble beaucoup à un attrape-mange-tout, je n’ai pas eu l’occasion d’en croiser beaucoup… fais attention où tu marches. Si ça t’enlace, et si tu te débats il se resserrera sur toi. Il faudra agir vite et couper le tentacule.
— Attends, j’ai l’impression qu’il y a déjà une proie dedans.

Ils augmentèrent leur lumière éclairante et ils virent une touffe de cheveux derrière les masses de tentacules luisantes.

— Est-ce que ça ressemble à la couleur de Jasper.. ?
— Oui… un peu…

Ils se décalèrent pour mieux voir et ils tombèrent sur le visage inconscient du garçon qui dépassait.
Seulement ses mains et ses pieds étaient également encore visibles. Les tentacules de plusieurs épaisseurs différentes l’enlaçaient et bougeaient autour de son corps.
Il était à l’horizontale et l’étreinte avait l’air de le serrer de plus en plus, ainsi qu’autour du cou.

— Tu proposes qu’on commence par quoi ?
— Repérer la base pour l’en extraire… vu qu’elle a déjà une proie, elle sera moins vive pour nous attraper. Tant qu’on se dégage des prises les plus dangereuses pour nous, ça devrait le faire.

[Chrystal et Chris à vous, on a trouvé Jasper. Je répète, on a trouvé Jasper. Terminé] [Reçu, terminé]

Chris s’empêtra au milieu des tentacules et essayait d’atteindre le tentacule qui avait le corps de Jasper tandis que Chrystal coupait peu à peu les liens pour éviter qu’il ne se retrouve dans le même état que son fils.

— Ok, ça va être bon. Dès que tu récupères Jasper, tu t’éloignes le plus vite possible et le plus loin.
— C’est compris.

Il coupa d’un coup vif et fort, avec le poids, Jasper serait tombé au sol si Chrystal n’avait pas rattrapé le tout.
Elle appliqua ce que Chris lui avait dit et s’éloigna aussitôt.
Elle retira en premier les tentacules autour du cou.
Jasper avait des marques rouges tout autour du cou, accompagnés du suçon des ventouses. Il saignait presque.
Chris pensait avoir coupé tous ses liens et lorsqu’il voulut s’éloigner d’un bond, un tentacule l’avait retenu au niveau de la cheville.
Il trébucha au milieu d’autres pièges tentaculaires mais garda son sang froid.
Tant que ses poignets étaient libres il pouvait s’en sortir.
Il garda son calme.
Chrystal essayait d’écouter si Jasper respirait assez.
Elle réussit à le libérer complètement et jeta les tentacules au loin.
Son pouls était faible et sa respiration presque inexistante.
Il était extrêmement faible. Elle lui fit les premiers soins pour qu’il reprenne connaissance.
Elle n’avait pas vu que Chris était encore empêtré.

Les autres arrivèrent presque en même temps.
Ils avaient couru.
Hélène vit son père disparaître peu à peu dans les tentacules et paniqua.
Alain analysa la situation, Chrystal était en train de s’occuper de Jasper.
Il arrêta Hélène et l’incita à réfléchir.

— Ça va aller. Surtout pas de mouvements brusques.
Dit Chris calmement alors qu’il venait de perdre le contrôle et se faisait lentement engloutir.

— Même si je me fais attraper entièrement, ne paniquez pas.

Alexandra vit la scène et agit instantanément.

— C’est bon, je m’en occupe, je peux le faire.

Gabryel lui fit confiance.
Elle avait le bon réflexe et coupait de manière fluide, telle une dance, les tentacules.
Chris suffoquait peu à peu mais prenait garde à bouger le moins possible.

— Tiens bon…
Murmurait-elle, à elle-même et à lui.

Elle réussit à couper les liens aux poignets en priorité, après ceux sur sa nuque.
Hélène et Alain étaient morts d’inquiétude au loin, à regarder leur mère aider leur père.

— Ne vous en faites pas. Ils en ont vu d’autre, faites leur confiance.
Disait Gabryel pour les rassurer alors qu’il était lui-même inquiet pour Alexandra.

— Ils savent ce qu’ils font.

Lorsqu’Alexandra réussit à couper le tentacule qui maintenait le torse de Chris, il s’affala presque sur elle.

— Au fait, je crois que j’ai une entorse à la cheville…
Dit-il.

— T’es pas sérieux…
Souffla t-elle.

Elle l’attrapa en l’aidant à se redresser grâce à son épaule et ils s’éloignèrent avant de se faire piéger à nouveau.
À distance sécurisée, elle le déposa lentement au sol.

— C’est que tu es un peu lourd… en toute amitié, hein.
Dit-elle, haletante.

Il se massa le cou et la remercia.
Hélène et Alain purent reprendre leur respiration.

— On se réjouira tout à l’heure.

Alexandra se releva aussitôt et reprit position.
Elle aida Chris à reprendre appui.
Son visage près du sien il put lui avouer sincèrement, à voix basse.

— Merci, j’ai cru que j’allais y rester…

Gabryel les laissa et s’intéressa à Chrystal.
Jasper ouvrit difficilement les yeux.
Il avait entendu des voix familières et une douce chaleur l’envahissait alors qu’il avait froid pendant tout ce temps.
Ses souvenirs revinrent peu à peu.
Il vit sa mère et son oncle Gabryel. Cela lui raviva l’esprit.

— Ne…

La voix avait du mal à sortir.
Sa mère voulut l’arrêter mais il insista.

— C’est un piège, Aurore est en danger…
Dit-il dans un souffle.

— Il faut partir d’ici et vite…

Il eut une quinte de toux.
Chrystal se tourna vers Gabryel.

— Ok, on décolle. Immédiatement.

Hélène et Alain aidèrent Jasper à se relever et se dirigèrent vers la sortie.
Chrystal lança un sort mineur pour soulager la cheville de Chris.

— C’est temporaire mais ça devrait suffir. Tu penseras à passer à l’infirmerie plus tard.
— Oui m’dame…

2018.07.28