Acculé

Gabriel avait été acculé.
L’adversaire contre qui il se battait était plus fort que prévu et il avait senti la présence hostile d’un second adversaire qui venait par derrière, dans son angle mort.
Aurore était pour l’instant en sécurité mais il ne savait pas pendant encore combien de temps.
Elle était sous sa bulle de protection, mais lui seul savait qu’elle n’était pas aussi solide qu’on pouvait le croire.
Tant mieux pour lui, l’ennemi avait préféré choisir l’option de le battre et d’attendre que cette barrière disparaisse d’elle-même par la suite.
Gabriel continuait de se battre, échangeant des coups avec la femme qui lui faisait face et qui semblait s’amuser plus qu’elle n’était en difficulté.
Elle souriait et bougeait avec une grande aisance, ce qui déconcertait Gabriel. Il ne savait pas s’il devait être admiratif ou si elle jouait la comédie exprès pour le perturber.
Ils étaient maintenant deux contre lui, et

*

Ils avaient finalement réussi à l’épuiser.
Même s’il était entraîné, qu’il était en très bonne forme physique, la situation et la différence de nombre n’était pas à son avantage, et fatigué par la longueur du combat, il avait fini par faire une erreur, le coup était parti et l’avait fait perdre pied une seconde.
Une seconde de trop.
Aurore s’était tout de suite alarmée. Elle n’avait pas l’habitude de le voir dans cet état, lui qui était toujours debout, droit, fier et plein d’assurance.
Il était maintenant essouflé et essayait de se relever, en faisant mine que tout allait bien, mais ce n’était pas le cas.
Ce qui devait arriver arriva, la barrière magique se fissura et fini par disparaître lentement, Ten’ accourut aux côtés de Gabriel et se positionna en grognant contre les ennemis qui pouffèrent.
Un chien, même entraîné, était loin de les effrayer.
Aurore ne tarda pas à accourir aussi, auprès de son père.

— N’approche pas, reste en arrière…
Dit-il en essayant de protéger sa fille.

— Papa…

Elle ne savait pas quoi dire. Elle voyait que cela ne se déroulait pas comme prévu pour lui.
Il était légèrement vouté et tentait de reprendre son souffle et son énergie, Aurore était à ses côtés, lui attrapant le bras et l’empêchant de continuer.
Elle ne le sentait pas, elle avait ce mauvais pressentiment qu’il n’allait pas s’en sortir s’il continuait. Elle avait peur pour lui.

— S’il te plaît… papa…
Supplia t-elle. Resserrant ses doigts fins sur le bras musclé de son père.

Les adversaires semblaient s’amuser et savourer de voir leur victoire se dessiner. Leur sourire en coin était plus que révélateur.
Alors que Gabriel et Aurore étaient en train d’attendre avec appréhension la fin.
Chloé et Nao arrivèrent et s’interposèrent.
Nao se fit une joie de prendre sa revanche et Chloé s’approcha de Gabriel pour le rassurer ainsi qu’Aurore.

— Vous n’êtes pas blessés… ?
Demanda Chloé avec sa voix douce.

Elle examina rapidement Gabriel et Aurore, qui étaient interloqués et ne savaient pas quoi dire.

— Vous… vous nous avez suivi ?
Demanda Aurore.

Son père affichait un sourire en coin.

— Et on a bien fait. Je me doutais de ce genre de situation… vous n’avez rien ?
Enchaîna Chloé.

Gabriel secoua la tête et la remercia.
Aurore l’aida à se relever.

— Ne vous en faites pas, Nao s’occupe du reste. Je vais aller voir comment il s’en sort et nous vous raccompagnerons jusqu’à chez vous. Vous n’avez pas d’inconvénients à cela… ?
S’assura Chloé en leur souriant amicalement.

Elle n’attendit pas leur réponse qu’elle leur tourna le dos et rejoignit son partenaire.
Nao avait déjà neutralisé un des deux ennemis, le plus faible, et il tenait tête au second.
Il était doué en magie et en combat rapproché, et l’adversaire l’avait sous-estimé.
De part son apparence physique très jeune et parce qu’il semblait utilser la magie, il crut à tort qu’il ne saurait pas se battre.
Nao venait de lui prouver le contraire et ils étaient en train de se jauger mutuellement. Lorsque Chloé arriva le rejoindre.

— Je vois que tu n’as pas besoin de mon aide.
Dit-elle avec une pointe de fierté envers son élève.

— Ca fait longtemps que je ne me suis pas donné à fond lors d’un combat. Je vais savourer ce moment
— Je te le laisse alors. Prudence quand même.

— Oui, je sais.
Lui sourit-il avec plein de confiance.

Elle recula et retourna auprès des deux blonds qui regardaient le combat, impressionnés par la puissance du jeune garçon.
Il était très fort et Gabriel avait de quoi complexer en voyant cette prestation devant ses yeux.
Ten’ s’était calmé et restait à côté d’Aurore.
Ils observèrent la fin prédictable de ce duel et Nao les rejoignit.

— On manque d’entraînement, papi ?
Dit-il en s’adressant à Gabriel avec un large sourire, très, trop fier de lui.

Chloe lui donna un coup de coude dans l’abdomen qu’il ne vit pas venir.
Il s’abaissa et lui jeta un regard d’excuse avant de le formuler au viel homme. À demi-mot.

— Ah ah ! Tu n’as pas tort, que dis-tu d’un duel amical à l’occasion ? Pour me dérouiller un peu, petit ?
Gabriel répondit de manière joyeuse et amusé par ce personnage.

— Nao… appelez moi Nao. Je ne suis pas aussi jeune que ça…
Dit-il gêné.

— Bien, Nao. Qu’en dis-tu ? Et je m’appelle Gabriel. Je ne suis pas encore papi.
Dit-il en jetant un regard interrogateur à Aurore.

— Papa !
S’indigna t-elle.

— Je n’ai rien dit !
Il leva ses mains en l’air, pour se défendre.

— Tu l’as pensé très fort…
Aurore bouda, outrée.

Chloé gloussa timidement et se racla la gorge pour leur rappeler dans quelle sitation ils étaient.

— Je pense qu’il ne vaut mieux pas tarder.
— Oui, vous avez raison. Allons-y.

Gabriel reprit immédiatement son sérieux
Sur le trajet ils purent discuter.

— Je ne pensais pas que vous aviez une telle force de frappe…
Avoua Gabriel à Chloé, presque déconcerté.

— Vous nous flattez ! Nous n’avons aucun intérêt à nous faire des ennemis, mais nous savons nous défendre lorsqu’on vient nous chercher. Certains pensent que notre pacifisme est une marque de faiblesse.
Chloé esquissa un sourire en coin.

— Je ne ferai pas cette erreur…
Ajouta Gabriel, en baissant d’un ton.

Si Nao avait ces capacités et qu’il avait vaincu ces ennemis avec tant de facilité, il ne pouvait qu’imaginer les pouvoirs de Chloé qui était sa mentor.

 

2021.06.18

Embuscade

Gabriel avait remercié Chloé et s’était excusé d’avoir pu douter d’un piège.
Ne souhaitant pas déranger plus, il avait écourté leur séjour de manière brève et Aurore s’était également inclinée pour remercier ses hotes.
Nao avait du mal à faire confiance et craignait une feinte, il regardait Gabriel d’un mauvais oeil et se positionnait pour protéger Chloé si jamais il tentait quelque chose.
Chloe lui attrapa sa main et lui signifia d’un regard que ce n’était pas la peine d’être aussi méfiant envers eux.
Il savait qu’il n’avait rien à craindre d’Aurore mais il n’avait pas confiance en cet homme. Il dégageait une aura imposante et cela se voyait dans ses yeux qu’il doutait de la sincérité de Chloé.

— Nous avons déjà trop abusé de votre générosité et de votre protection. Nous devons nous en aller.
— C’était un plaisir. Êtes-vous sûrs que vous n’avez pas besoin qu’on vous escorte… ?
— Cela devrait aller…

*

Chloé était inquiète et décida de les suivre pour s’assurer que tout se passe bien. Elle avait un mauvais pressentiment.
Nao avait remarqué son regard et lorsqu’elle se tourna vers lui, il comprit ce qu’elle allait faire.

— Je viens aussi.
Di-il aussitôt, sans lui laisser le choix.

— Je vais avoir besoin de ta garde robe, pour passer inaperçue.
Répondit-elle en souriant, elle s’y était attendu et ne s’opposa même pas à son intervention.

Elle était dans la chambre de Nao et elle finit par choisir un sweat sombre à capuche et un jeans, puis elle se rendit dans sa chambre pour enfiler des bottines à talons plats.

— Je te conseille de changer de tenue aussi, et on va les rattraper.
Dit-elle, en lui lançant une casquette.

Il l’attrapa et se rendit dans sa chambre pour chosir une tenue similaire à cette de Chloé.
Un T-shirt trop grand, un gilet à capuche terne mais épais, un jogging large et des paires de baskets compensées, qui le faisaient paraître un peu plus grand qu’il ne l’était. La casquette fut posée sur sa tête.
Lorsqu’il retourna voir Chloé, elle était méconnaissable.
Ses cheveux longs étaient tressés et rangés dans sa capuche, le jeans dans lequel elle était, flottait, et il était rentré dans ses chaussures au niveau des chevilles et lui donnait un certain style. Sa carrure fine avait disparu sous les couches de vêtements amples et personne n’aurait pu deviner à quel point elle était petite et maigre en dessous de cet accoutrement.
Quant à Nao, il avait une apparence très différente de d’habitude, il faisait dans ce cas précis, très jeune et jeune des rues. En temps normal il prennait soin de son apparence et préférait porter des vêtements plus adultes, sophistiqués, pour paraître d’une classe sociale un peu plus aisée et surtout, pour avoir l’air plus mature et âgé que son apparence pouvait le suggérer.
Chloe resta muette quelques secondes pour le contempler avant d’ajouter de manière très neutre, sans aucune moquerie.

— C’est vrai que je ne te vois jamais habillé comme ça.

Nao préféra garder le silence.
Chloé paraîssait également plus jeune dans ces vêtements et on aurait pu penser qu’ils étaient du même âge.
Il était même difficle de savoir si c’était un garçon ou une fille avec la capuche relevée.
Ils ne perdirent pas plus de temps.
Elle se dirigea vers la porte de sortie et accéléra le pas pour les rattraper.
Son odorat était assez développée pour qu’elle puisse suivre la trace subtile d’Aurore qui avait dormi dans la chambre de Nao.

*

Ils avaient réussi à les rattraper et ils étaient dans la forêt.
Chloé était aux aguets et Nao était loin d’être distrait.
Ils étaient à une distance assez éloignée pour ne pas se faire remarquer, se servant des arbres et des buissons pour ne pas être à portée de vue, et leur accoutrement était fait pour qu’on ne les reconnaise pas, mais également car ils leur permettaient de pouvoir se déplacer et se battre avec facilité, si besoin.
Le chien ne devait pas non plus les remarquer mais les bois étaient assez suspicieux pour qu’il ne s’intéresse à leur présence.

— Nao, prépare toi… nous ne sommes pas seuls.
Chuchota Chloé, qui s’était arrêtée et observait tout autour d’elle.

Elle restait auprès de lui pour pouvoir le protéger si besoin.
Ce geste et cette position fit plaisir à Nao, cela le toucha profondément mais il savait qu’il n’était plus aussi inexpérimenté qu’avant. Il était à même de se défendre et de la défendre. Il aurait voulu se positionner devant elle pour pouvoir lui servir de bouclier mais il préféra se raviser et analyser la situation environnante.
Cela ne servait à rien de se battre pour savoir qui protègerait qui. Il savait que s’ils se retrouvaient en danger, il réagirait et ferait en sorte de la protéger.

— Je sais.
Dit-il simplement, d’un souffle, déjà en position.

Gabriel s’était également arrêté et avait fait signe à sa fille de ne pas s’éloigner. Il avait reculé pour pouvoir se positionner à ses côtés et Ten’ grognait sans trop savoir d’où la menace venait.

— Fais revenir Ten’. Cela peut être dangereux pour lui.

Aurore appliqua les ordres de son père. D’un claquement de langue, Ten’ était revenu auprès d’Aurore et elle s’accroupit pour essayer de le calmer. Caressant son poil et en lui sussurant des mots pour le canaliser.
Gabriel essayait de garder son sang froid mais la situation ne le rassurait pas. Il n’arrivait pas à identifier la menace. Il pestait contre lui-même de ne pas être très bon dans les sorts de défense.
Il invoqua tout de meme un léger bouclier autour d’Aurore. Ce n’était pas de la même intensité et efficacité que ceux que sa femme était capable, mais cela devrait suffire.
Aurore se retrouva dans une sorte de prison de cristal avec Ten’.
Elle lui fit comprendre son étonnement. Elle le regarda dans les yeux en attendant des explications.

— Ne t’en fais pas, c’est juste une mesure de sécurité. La source est difficile à identifiier et je préfère prendre cette précaution.
Sourit-il doucement en explication.

Elle savait qu’elle était un fardeau et elle se jura intérieurement de reprendre les entraînements de manière plus sérieuse.
La silhouette ne se fit pas prier pour apparaître.

— Tu as bien fait, mais cela ne la protègera pas indéfiniment.

Une personne habillée de manière simple, les cheveux courts en carré, châtains. Descendit de la cîme des arbres, comme si un fil la maintenait en l’air depuis tout ce temps. Avec grâce, elle posa les pieds à terre.

*

Sur le chemin, Aurore était un peu à la traîne, emboîtant les pas de son père, elle réfléchissait, perdue dans ses pensées.
La silhouette de son père devant elle.
Il n’avait pas tellement changé physiquement depuis qu’elle était petite, et elle n’était pas spécialement grande.
Depuis quand n’avait-elle pas passé du temps ainsi avec lui ? À quand remontait le dernier moment complice qu’elle avait pu passer avec lui ?
Depuis quand avait-elle arrêté de chercher à lui parler ?
Qu’est-ce qui avait changé ? Etait-ce elle ?
Elle s’en voulait intérieurement. Ses parents l’avaient toujours bien traitée.

Gabriel était trop préoccupé par son mauvais pressentiment à partir du moment où ils avaient pénétré le bois, pour réfléchir à tout cela. Son esprit était occupé par autre chose.

*

Lorsqu’il aperçut l’ennemie, son mauvais pressentiment était toujours présent. Elle n’était pas seule.
Sur ses gardes, il ne répondit pas et attendit.
Il était peut-être vieux mais il n’avait pas perdu de sa force ni de son habilité au combat.
Au contraire. Et cela surprit presque son ennemie.
Il préféra laisser l’adversaire commencer l’assaut pour en profiter pour analyser son niveau et son style de combat.
Elle semblait faire la même chose, ils furent alors à portée l’un de l’autre et ils échangèrent des coups succincts et rapides, à l intensité croissante.
Jaugeant mutuellement leur force, ils semblaient juste s’échauffer. Mais Aurore pu voir l’adversaire se fatiguer petit à petit, de manière presque imperceptible.
Son père avait l’air de bien tenir.
L’attention de Ten’ fut attirée par autre chose.
Une autre silhouette apparut au loin, cette fois-ci, une forme masculine atterrit et s’approcha de son père de manière rapide.
Aurore tenta de s’interposer en utilisant le peu de magie qu’elle ne savait pas contrôler, pour forcer ce nouvel ennemi à ralentir sa course et ne pas attaquer son père.
Elle réussit à faire sortir du sol quelques racines, avec peine, qui réussirent à obliger cet homme à s’arrêter et observer cette magie, amusé par ce niveau faible d’utilisation. Il jeta un coup d’oeil rapide à l’auteure de cette blague et reprit son chemin.
Cela suffit à alerter Gabriel qui pu prévoir l’arrivée d’un autre adversaire.

 

2021.06.14

Arrosé

Gabriel avait un peu trop bu, lors d’une soirée pour fêter une occasion particulière.
Il buvait rarement et l’alcool avait rapidement fait effet.
Il n’était pas resté longtemps et était rentré avant que cela ne lui fasse trop tourner la tête. Il était un peu plus joyeux que d’habitude, plus dégrisé.
Il souriait et riait plus facilement.
Il avait senti les effets d’ébriété se manifester et avait préféré laisser ses collègues continuer la fête sans lui.
De retour à la maison, il s’était rendu dans la chambre après avoir retiré ses chaussures, et c’était directement affalé sur le lit.
La tête tournait et il se sentait plus lourd.
Il sentit la présence de quelqu’un et il l’attrapa.
Ses longs cheveux tombèrent sur son visage.
Il n’avait pas pris la peine d’allumer la lumière, son état ne lui permettait pas d’ouvrir les yeux et il la serra dans ses bras, l’enlaçant et lui sussurant des mots qu’il n’aurait jamais osé dire aussi facilement.

— Je t’aime tellement…

Aucune réponse.

Alexandra était rentrée après et lorsqu’elle se rendit dans la chambre, elle aperçut la silhouette de Gabriel sur le lit.
La porte était ouverte et laissait passer assez de lumière pour deviner qui se trouvait dans le lit.
Elle resta sans voix
Chris était dans les bras de Gabriel.
Ou plutôt, Chris semblait vouloir se dégager des bras de Gabriel tandis que ce dernier l’enlaçait par la taille.
Il ne semblait pas vouloir lâcher prise et il n’était pas totalement conscient de ses actes si on en croyait son visage à moitié endormi.
Alexandra entendit les marmonements de Gabriel, sa déclaration d’amour à Chris.
Lorsque Chris remarqua la présence d’Alexandra, il lui lança un regard de détresse, semblant lui demander de l’aide.
Elle ne sut pas comment réagir, un sourire ou un rictus sur son visage

— Bon… je crois que je vais vous laisser, hein…
Dit-elle simplement, en refermant la porte derrière elle.

Elle crut entendre la voix de Chris s’étrangler derrière la porte.

— Ce n’est pas ce que tu crois, Alexandra ! Ecoute moi !
Chris avait réussi à se sortir de cette situation et se sauver, laissant Gabriel ronfler dans la chambre.

Il était embarrassé et était dans le salon avec Alexandra.

— Non mais je te crois. Il n’y a aucun problème. Vous avez le droit de faire ce que vous voulez. Je ne voulais pas vous déranger.
Répondit-elle, en faisant mine de bouder

— … Alexandra. Il n’y a rien entre Gabriel et moi !
Chris était confus et essayait de se justifier autant qu’il pouvait.

Le voyant ainsi désemparé, elle arrêta de lui faire dos et le rassura.

— Ne fais pas cette tête, j’ai compris. Gabriel a dû boire avec ses collègues…
Lui sourit-elle.

— Tu faisais semblant de ne pas me croire… ?
— … Oui. Tu étais trop mignon à chercher à te justifier… pardon.

Il s’approcha d’elle et enfonça son visage dans son cou. Il bouda à son tour, ne voulant pas la lâcher et resserrant son étreinte encore un peu plus.

— Je… Chris… ?
— Encore un peu… pour te punir de t’être moquée de moi…

Elle baissa les bras et se laissa faire en lui carressant gentiment le dos.

— Ok… par contre, après, je vais devoir aller m’occuper de Gabriel. Il doit être encore tout habillé, j’imagine.
— Oui… et je ne veux pas m’approcher de lui dans son état. Qui aurait cru qu’il avait autant de force même à moitié conscient…
— C’est pour exprimer à quel point il t’adore.

— Oui oui, c’est ça…
Répondit-il ironiquement.

Elle pouffa et il finit par la relâcher.
Alexandra retourna dans la chambre.
Elle ouvrit la porte et la referma derrière elle.
Allumant une petite lampe de chevet, qui créa une petite ambiance feutrée, pour ne pas agresser l’homme endormi.
Elle s’assit à ses côtés et l’observa un instant.
Il avait un sourire béat sur son visage, les yeux clos, il semblait faire un doux rêve, un oreiller qu’il serrait entre ses bras.
Elle esquissa un sourire en imaginant Chris subtituant son corps contre cet oreiller qui servit de leurre.
Elle passa sa main sur les mèches de cheveux de Gabriel, attendrit par son visage si serein.
La douce lumière qui éclairait sa peau semblait le rajeunir, adoucir ses traits marqués par le temps et son âge.

— Comment faites-vous pour être si beau, mon vieux monsieur ?
Pensa t-elle, le sourire plus prononcé par le terme qu’elle avait utilisé. Imaginant très bien qu’il se vexerait s’il le savait.

Après cette contemplation, elle se décida enfin à le déshabiller.
Elle fit glisser l’oreiller pour pouvoir accéder à ses bras.
Il se tourna, ne montrant aucun signe de coopération.
Elle lâcha un léger soupir, et déboutonna la chemise de Gabriel.
Elle passa ses doigts lentement, n’osant pas le toucher pour perturber son sommeil, sur le col du tissu, puis méticuleusement, elle passa les boutons dans leurs ouvertures respectives.
Au premier contact, il ne réagit pas spécialement, alors elle continua, avec moins de scrupule.
Cela finit par le réveiller et il entrouvrit à peine ses paupières avant d’attraper les poignets d’Alexandra pour la blottir contre son torse.

— Non non non… Gabriel… si tu es réveillé, déshabille toi pour dormir…
Lui murmura t-elle, comme si elle parlait à un enfant.

*

Il roula pour surplomber sa femme et le sourire aux lèvres, il l’embrassa. Ses gestes montraient qu’il souhaitait plus.

— Tu empestes l’alcool, Gabriel ! Je ne ferai rien avec toi dans cet état ! Tu ne t’en souviendras certainement pas demain, en plus…

Il l’ignora et continua à l’embrasser dans le cou et ailleurs.
Il ne semblait pas l’entendre et agacée, elle finit par s’extirper de son emprise et éteindre la lumière pour le laisser désaouler et dormir.

— Bonne nuit.
Dit-elle avant de refermer la porte derrière elle, presque en claquant.

Chris la vit revenir les sourcils froncés et contrariée. Il s’en enquérit.

— Tout va bien… ?
— Oui. Non. Gabriel est saoul.
— Oui… je m’en doutais… et ?

Cette nuit-là.
Alexandra s’endormit dans les bras de Chris.
Le lit était assez grand pour trois personnes.
Le lendemain matin.
Gabriel se réveilla avec l’esprit un peu plus embrumé que d’habitude, même s’il avait passé une nuit plutôt agréable, puisqu’il ne se souvenait pas d’être rentré et qu’il avait souvenir d’avoir dormi d’une traite.
Il vit Alexandra du côté de Chris.
Il essaya de se remémorer les évènements de la veille, puis il se souvint de la soirée avec ses collègues.

-— Je suis rentré emmêché… ?
Se demanda t-il, la main sur sa tête, essayant de se rappeler la suite.

— Tu ne te souviens de rien… ?
Demanda Alexandra, encore un peu boudeuse.

— Non… pourquoi… ? Est-ce que j’ai fait quelque chose… ?
— Non… tu as juste essayé…
— Ah… pardonne moi, Alexandra…
— Tu devrais aussi demander pardon à Chris, je crois…
— Comment ça… ?

— Tu m’as pris pour Alexandra, hier soir…
Expliqua Chris, en detournant le regard, embarrassé.

— Q-quoi… ?! Je- je suis vraiment confus, pardon Chris… ! Il faut vraiment que je fasse attention à l’alcool… j’étais certain d’avoir été raisonnable en plus…
— C’était drôle de te voir dans cet état… mais la prochaine fois on saura qu’il ne faut pas t’approcher et garder nos distances.

2021.07.13

Cassée

Elle ouvrit lentement les yeux, comme si elle se réveillait d’un mauvais rêve mais elle avait encore en mémoire le corps étranger qui l’avait pénétré, la douleur ressentie et l’impuissance face à son agresseur.
Elle aurait tellement préféré que tout ceci ne soit qu’un cauchemar mais les sensations et sa mémoire l’empêchaient de balayer ça d’un revers de la main.
Elle ne savait pas comment réagir ni où elle était.
Elle se souvenait vaguement de ce qu’il s’était passé avant qu’elle ne perde connaissance et son premier réflexe fut de penser à sa soeur.
Elle pencha la tête lentement pour observer ce qu’il y avait autour d’elle.
Elle reconnut une infirmerie, peut-être celle du domaine de ses parents, puis elle vit, un peu flou mais elle discerna, sa soeur sur le lit d’à côté, en compagnie du médecin en chef.
Elle rassembla les pièces du puzzle et elle sourit timidement, rassurée que sa soeur était avec elle.
Elle referma ses paupières.
Il lui était encore difficile de les garder ouverts longtemps, mais son ouïe était intacte.
La voix et le ton d’Hélène laissaient penser qu’elle était en meilleure forme.

— Aurore… !

Helene remarqua les mouvements faibles du lit d’à côté et s’exclama. Elle bondit en dehors de sa couverture pour aller la voir de plus près.
Elle entendit le médecin soupirer et s’exaspérer, puis la rejoindre.
Il examina Aurore, tâtant son pouls, vérifiant les perfusions.

— Comment te sens-tu, Aurore… ?

Ce à quoi elle ne répondit pas.
Elle ne savait pas quoi répondre.
Elle serra les draps avec ses poings.
Elle se sentait souillée, salie, honteuse. Elle n’avait rien pu faire. Elle n’arrivait pas à exprimer ce qu’elle ressentait.
Elle savait que sa question concernait son état physique mais elle était trop préoccupée par son état mental.

— Est-ce que tu as mal quelque part… ? Tu as faim ? On peut t’apporter ce que tu veux, n’hésite pas à nous le dire.

— … Non… merci.
Réussit-elle à répondre, faiblement.

Elle avait envie de vomir, elle se dégoutait, ce qu’on lui avait fait la dégoutait. Elle n’avait certainement pas faim.

— Il faut que tu avales quelque chose, c’est pour ton bien…
Insista t-il, sans succès.

Aurore ne dit rien de plus.
Elle détourna le visage et perdit son regard sur un point imaginaire de la pièce.

— … Je sais que tu viens de te réveiller, mais Hélène m’a raconté ce qu’il s’est passé là-bas… j’ai besoin de ton autorisation pour vérifier que tu n’as pas été infectée par une maladie sexuellement transmissible… et te faire prendre un équivalent de pilule du lendemain, mais un peu plus efficace, puisque ça fait un peu plus de 24h…

— D’accord…
Murmura Aurore, toujours perdue dans ses pensées.

— Dans ce cas, je vous laisse quelques minutes, je reviens après.
Annonca t-il, laissant les deux soeurs ensemble.

*

Au bout de plusieurs jours. Hélène put quitter l’infirmerie, à contre-coeur. Elle voyait qu’Aurore n’allait pas bien.
Le médecin la rassura, mais elle n’était pas sereine.
Sa mère et Chris étaient passés le lendemain matin.
Alexandra se fondit en excuses, de précautions qu’elle aurait dû prendre pour éviter cela mais Hélène n’était pas du même avis.

— Maman… nous sommes grandes et nous ne pouvons pas vivre dans une cage dorée et tu ne peux pas nous protéger de tous les dangers… on fera plus attention la prochaine fois. Ce n’est pas de ta faute… ni la faute de personne…

Il eut beaucoup d’étreintes.
Puis lorsqu’ils discutèrent avec Aurore, ils sentirent que cela n’allait pas.
Alexandra continua à s’excuser mais Aurore sourit pour la rassurer, puis Chris proposa à Aurore de voir un médecin psychologue spécialisé pour pouvoir l’aider à surmonter cette expérience traumatisante.
Elle déclina poliment cette offre.
Elle mit un peu plus longtemps avant d’avoir l’autorisation à quitter le cadre de l’infirmerie.

— Aurore… il faut que tu manges. Je sais que je t’en demande beaucoup mais je ne peux pas te laisser partir en sachant que tu ne te nourris pas assez. Tu as déjà perdu énormément de poids… le traitement que je t’ai donné a en plus déclenché tes règles…
Le médecin en chef était inquiet et ce n’était pas le seul.

Elle essaya de se forcer et manger.
Lorsqu’elle put quitter l’infirmerie, toute sa famille et ses amis la surveillaient de près et de loin.
Ten’ fut plus qu’heureux de pouvoir veiller sur sa maîtresse. Il fut au pied du lit dès qu’elle fut à l’infirmerie et ne la quitta plus après.
William était également passé la voir.
Elle avait terriblement maigri. Elle n’était pas spécialement épaisse avant mais là, c’était frappant.
Il n’avait pas pu feindre et il lui dit.
Elle afficha un sourire timide sur son visage sans aucune émotion, en guise de réponse.

— Aurore… tu m’inquiètes vraiment… je te le dis sincèrement parce qu’on se connait et que tu sais que je ne te mentirais jamais… tu dois consulter et reprendre une alimentation suffisante.
— …
— Tu ne travailles plus, j’imagine ?
— Non… j’ai prévenu mon patron et je suis actuellement en arrêt maladie jusqu’à nouvel ordre…
— Ok, ça me rassure…
— Tu crois que je le fais exprès… ? Je… j’ai la nausée… lorsque je me vois dans le miroir, j’ai envie de vomir… ! J’aimerai retrouver ma forme d’avant… !
— Je ne sais pas… je te dis juste à quel point je m’inquiète et on s’inquiète pour toi.

Alors que Hélène et Alain s’étaient remis sérieusement aux entraînements sur leur temps libre, Aurore souhaita également se mettre sérieusement à la pratique de la magie. Elle voulait être assez forte pour se protéger et protéger les autres.
Ce fut Alexandra qui fut sa professeure , c’était la plus qualifiée pour la magie et ainsi elle pouvait vérifier qu’Aurore se nourissait bien.
Elle avait fini par passer à une alimentation principalement liquide, tout ce qui était soupe, jus et boissons énergétiques, pour tenter de reprendre goût à la nourrriture.

*

Rêve cauchemar pas canon de Hélène au sujet de leur séjour.
Elle se réveille en sursaut, en sueurs en plein milieu de la nuit, après avoir vu l’expression morte d’Aurore à l’infirmerie, après leur retour chez elles.
La culpabilité est encrée en Hélène.
Elle souffle de soulagement de savoir que ce n’est qu’un mauvais rêve.

Par acquis de conscience, elle va s’entraîner plus dur et plus régulièrement, revenant assister aux cours de son père.
Elle demandera à son père de l’entraîner plus sérieusement en plus des cours réguliers.
Il sourira en repensant à Alexandra à son âge, avec la fouge de l’époque.

— Pourquoi tu souris comme ça, papa ? J’ai fait quelque chose mal… ?
— Non non… je me disais que tu ressemblais vraiment à ta mère, ainsi… avec cette énergie à revendre… lorsqu’elle était beaucoup plus jeune.
— … C’est flatteur mais… elle était comment maman, à cette epoque… ? À mon âge, elle avait déjà Cean, non ?
— C’est vrai. Tu me rappelles ta mère quand elle avait 16-17 ans et que je l’entrainais.
— Elle avait quel niveau à cet âge ?
— Hm… à peu près le tien, actuellement. Si je me rappelle bien…
— La vache ! Mais elle était super précoce ou quoi ?!
— Elle passait ses journées à s’entraîner… pour que son père soit fier d’elle. Ils n’étaient pas très proches. Il était trop occupé par ses responsabilités.
— Ah… je ne me rends pas trop compte parce que… on passe quand même beaucoup de temps ensemble, nous… tous ensemble.
— Oui. Tu pourras demander à papi Phyl la prochaine fois que tu le vois. Ce n’était pas facile, il était tout seul à tout gérer et je l’aidais de temps en temps, dans l’ombre. Rien à voir avec comment Gabriel gère ça aujourd’hui. Il peut compter sur maman et il reste proche de Cean et Aurore.
— Ca a l’air compliqué quand même…
— Ca, c’est sûr. P’tre que maman a eut son motà dire sur cette relation, pour ne pas recréer le cadre dans lequel elle a grandit avec son père. Enfin, maintenant ça va mieux, mais à l’époque elle en a souffert de son absence.
— Je vois…
— Allez, assez parlé. Tu commences ou je commence ?
— Ah… !

Prisonnières [R-18]

Hélène et Aurore se soutenaient et se serraient tandis que les hommes les emmenaient. Ils étaient assez nombreux pour les encercler et les empêcher de s’enfuir, et elles n’osaient rien tenter de dangereux.
Elles avaient appris à leur dépend, et Hélène ne voulait pas risquer de faire souffrir Aurore encore plus.
Sans oublier qu’elles étaient affaiblies. Elles n’avaient rien mangé et elles n’avaient pas dormi. Somnoler, c’est tout ce qu’elles avaient pu faire.
Elles avaient froid de leur douche et de la fatigue accumulée.
Elles frissonnaient dans leurs vêtements et Hélène était inquiète. Aurore était plus pâle que d’habitude et ses mains étaient gelées.
Elle la regarda, les yeux emplis de peine. Elle n’était pas en meilleure forme mais sa soeur était dans un tel état qu’elle oubliait sa propre fatigue.

Elles arrivèrent enfin à destination.
Une porte qu’on ouvrit devant elle et on les poussa dedans avant de refermer.
Elles n’eurent pas le temps de se retourner que la porte était déjà verrouillée.
Sans aucun mot, sans aucune instruction.
Cette fois-ci, c’était une chambre plutôt somptueuse.
Un lit double à baldaquin était là, elles avaient l’impression d’être dans une chambre d’hôtel de luxe.
Il n’y avait pas de fenêtre mais une fente en hauteur, telle une bouche d’aération de cave, laissait entrer un filet de lumière qui suffisait pour éclairer les lieux et deviner ce qu’il s’y trouvait.
Hélène n’hésita pas et dirigea Aurore sur le rebord du lit pour qu’elle puisse s’y asseoir.

— Tu es sure que ça va… ? Tu es vraiment très blanche…
Demanda Hélène, les mains resserrant celles d’Aurore pour tenter de la réchauffer.

— O…oui… je… ça doit être la fatigue… je…

Aurore mentait. Elle tremblait et elle avait du mal à se réchauffer. Elle ne savait pas comment elle faisait pour garder conscience.

— Allonge toi, repose toi. Je resterai te veiller.

Insista Hélène en la poussant gentiment dans le lit, la bordant sous l’immense couverture.
Aurore ne se fit pas prier, elle était dans un sale état et elle s’endormit presque aussitôt.
Hélène qui devait la surveiller, s’installa également sous la couverture pour se réchauffer et observa Aurore s’endormir, jusqu’à elle-même sombrer dans un sommeil agité.

Elle rêvait, ou plutôt était-ce un cauchemar, que sa soeur se faisait martyriser devant ses yeux sans qu’elle ne puisse rien faire. Elle revivait la scène altérée de manière horrible.
Elle se réveilla en sueurs, le coeur battant, et elle se rendit compte qu elle s etait assoupie.

Elle eut un moment d’hésitation, elle aurait préféré que tout ceci ne soit qu’un mauvais rêve. Malheureusement, ce n’était pas le cas. Elles étaient encore dans cet endroit.
Aurore dormait paisiblement et Hélène pria intérieurement qu’elle ne fasse pas de cauchemars.
Elle se leva du lit, en ne perturbant pas le sommeil d’Aurore.
Encore chamboulée de son rêve, elle faisait les cents pas dans la chambre. Observant la décoration, les meubles, elle cherchait à se changer les idées et penser à autre chose.
Elle était en colère, cette situation la mettait dans un état de rage. Elle ne savait pas quoi faire pour se sortir de ce pétrin. Elles étaient prisonnières.
Elle était en train de pester en silence lorsqu’elle entendit le verrou de la porte.
Elle se figea et recula, elle se rapprocha du lit où se trouvait Aurore.

L’homme qui semblait commander ici, entra dans la chambre et referma la porte sans la verrouiller.
Il sourit lorsqu’il vit Hélène.
Il s’approcha d’elle, tandis qu’elle tremblait.
Elle était terrorisée. Elle se souvenait de sa force, et de sa faiblesse.
Il l’empoigna par le cou l’empêchant de parler ni de sortir aucun son de sa bouche.

— Ne fais pas la maline avec moi. Je te garde en vie pour une seule raison. Reste à ta place et ta soeur ne souffrira pas, trop.

Il avait un sourire satisfait et relâcha Hélène qui s’écroula par terre. Essayant de reprendre sa respiration et se massant le cou
Il se dirigea vers le lit et regarda Aurore avec des yeux brillants et un sourire lubrique.

— Elle portera mes enfants.
Dit-il, comme à lui-même.

Hélène retint sa respiration. Elle n’était pas sûre de ce qu’elle venait d’entendre et elle aurait préféré ne pas l’entendre. Quelque chose se brisa dans sa poitrine.
Elle avait envie d’hurler et d’étriper l’homme, le monstre qui était à quelques mètres d’elle.
Mais elle savait qu’elle n’avait ni la force, ni la magie.
Elle ne pouvait que pleurer de désespoir.
Pourquoi ne pouvait-elle pas subir à la place de sa soeur.

Aurore dormait encore. Epuisée, son corps tentait de récupérer.

Il revint vers Hélène et la força à se déshabiller.
Il se dirigea vers une armoire et en sorti une tenue qu’il lui lança.
Elle n’avait pas d’autre choix.
Ce n’était qu’une simple robe blanche qui ressemblait plus à une nuisette.
Il lui enfila ensuite une boule dans la bouche pour qu’elle ne puisse pas parler et qu’elle se mette à baver.
Des larmes apparurent au coin de ses yeux. Elle était humiliée.
Il sortit ensuite des chaînes qu’il posa sur ses poignets et ses chevilles et l’attacha au pied d’un meuble ancien.
La longueur de la chaîne était courte. Elle se retrouva à genoux, près du meuble trop lourd.
Il la regarda, satisfait et l’ignora en retournant auprès d’Aurore.
Cette dernière commençait à sortir de son état de sommeil et lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle aperçut avec effroi la présence de l’homme, de l’ennemi, qui était beaucoup trop proche de son visage.

— Bien dormi, princesse ?

Il la bloquait de son poids et de son bras, sous la couverture, elle ne pouvait pas s’extirper du lit.
Il avait un large sourire, il s’amusait de cette situation, de voir la peur et la frayeur sur le visage d’Aurore. La surprise. Elle essayait de se débattre pour s’éloigner mais elle était trop faible. Petite et fragile, une proie parfaite.
Elle était à sa merci.
Curieux de voir ce qu’elle allait faire s’il la laissait sortir du lit, il retira son bras qui bloquait la couverture et l’observa.
Elle n’attendit pas et elle se précipita vers le rebord extérieur du lit, à l’opposé. S’emmêlant à moitié les pieds dans les draps, elle chuta par terre et se releva en vitesse.
Il ne chercha pas à cacher son rire moqueur qui résonna dans la pièce.
Aurore remarqua Hélène baillonnée et attachée au sol et courut vers elle.
Héène avait les larmes aux yeux.

— Pourquoi… ? Pourquoi faites vous ça… ? Que voulez-vous de nous… ?!

La voix d’Aurore tremblait, elle essayait de garder une certaine maîtrise d’elle-même, mais elle était secouée de voir sa soeur ainsi et de se sentir si menacée. Elles étaient en danger, elle le savait.
Ce qu’elle ignorait, c’est jusqu’où la personne devant elle, comptait aller.

— Laisse donc ta soeur. Si tu obéis, il ne lui arrivera rien. Par contre… si tu te comportes comme une vilaine fille… ça serait dommage qu’elle se blesse… ou que je décide de m’en débarrasser.

Hélène n’était pas d’accord, elle se débattait et essayait de s’exprimer pour qu’Aurore ne cède pas au chantage. Avec la boule dans sa bouche, elle ne pouvait rien dire de compréhensible.
Elle secouait la tête et produisait des sons, pour empêcher Aurore de se laisser manipuler.
Elle s’en fichait si elle devait elle-même être abîmée ou même mourir. Elle ne voulait plus que sa soeur encaisse des traitements ignobles à cause d’elle.
Elle savait ce qu’il souhaitait : qu’elle soit plus docile.
Aurore était déterminée. Elle empêcha sa soeur d’intervenir et s’interposa.
Pour une fois qu’elle pouvait faire quelque chose pour protéger sa soeur, elle se fichait du traitement qu’elle pouvait recevoir. Elle fonçait tête baissée dans la gueule du loup et dans le piège qui lui était tendu.

— Que voulez-vous de moi.. ?
La voix d’Aurore tremblait d’une certaine colère, contenue.

Il s’approcha d’elle et la souleva par le menton.
Elle suivit le mouvement, à contre-coeur. Laissant sa soeur au sol, qui la suppliait du regard de ne pas le laisser la manipuler. Elle fermait les yeux pour ne pas voir ce qui allait suivre, et parce que sa vision était trop embuée de ses larmes.

— Laisse toi faire, ma jolie…
La voix suave et lubrique de l’homme était malsaine.

Aurore en avait des sueurs froides et il la dégoutait, mais quel choix avait elle.
Elle détourna le regard et ferma les yeux lorsque son visage s’approcha du sien.
Elle était réticente.
Il eut un rictus et n’apprécia pas de voir qu’elle se refusait. Son égo était blessé, il n’avait pas l’habitude qu’on se refuse à ce point à lui. Lui qui n’était pas désagréable à l’oeil, qui était puissant. Tous les partenaires qu’il avait pu avoir, se jetaient à ses pieds et obéissaient à ses moindres désirs.
Cela le fit sourire, lorsqu’il réalisa cette pensée.
Ce n’était pas si désagréable d’avoir un peu de résistance. Cela lui suscitait une certaine excitation de savoir qu’elle n’était pas consentente, mais qu’elle n’avait pas le droit de le repousser.
Il était aux commandes.
Il la jeta sur le lit et s’amusa de la voir s’écraser comme une poupée sur les draps.
Surprise par ce geste, elle essaya de se relever mais il la rejoint et la plaqua en lui montant dessus.
Ses mains se baladaient sur son corps tandit qu’elle était sur le ventre, le dos à moitié relevé.
Il la maintenait par le cou d’une main, et l’autre s’aventurait sur les courbes de son corps.
Aurore avait posé une main sur la sienne, celle qui serrait son cou, pour l’empêcher de l’étrangler, mais il contrôlait sa force et sa poigne était juste suffisante pour l’empêcher de bouger, tout en lui permettant de respirer. Aurore avait peur qu’il ne lui brise la nuque, contractée, elle s’aidait de sa main pour se maintenir et tenter de lui faire desserrer même un peu, son emprise.
Tandis que l’autre main s’était posée sur celle qui parcourait son corps. Elle n’avait pas la force nécessaire pour l’empêcher de balader ses doigts et sa main sur elle, mais par réflexe, sa main avait agrippé son poignet. C’était inutile.
Ces petits gestes n’avaient pas l’air de le déranger. Cela semblait susciter encore plus d’excitation en lui. Elle sentait son érection contre sa peau et la panique montait encore plus en elle.

Très rapidement, sa main passa sous ses vêtements et frôla sa chair fraîche, douce et claire.
Il avait l’impression de violer un sanctuaire sacré et c’était d’autant plus exaltant.
Le petit jeu était amusant mais il devait la déshabiller.
Il la retourna pour qu’elle soit sur le dos, à sa merci, il lui retira ses vêtements un à un, avant de retirer les siens.
Elle regardait ailleurs, se mordant la lèvre. Elle avait passé ses mains sur son corps pour se cacher, serrant ses cuisses.
Il se délectait de cette vision et il ne lui suffit que d’un seul geste pour lui écarter les genoux.
Il était imposant et puissant. Faisant facilement le double de la taille de la jeune fille.

— Je ne suis pas un monstre, je vais te préparer avant…
Sourit-il, en glissant sa main dans son entre-jambe.

Ce fut ensuite son visage qu’il dirigea vers son intimité et il commença à la lécher. Il s’en léchait les babines.
Aurore avait honte, ses jambes se contractèrent et elle ressentit du plaisir mais elle ne le voulait pas. Pas avec lui. Pas en cet instant.
Elle se cacha derrière ses mains et pleura.
Le plaisir qu’elle ressentait ‘tait contradictoire avec la situation et pour pouvoir supporter cela, son esprit se brisa.
Elle se laissa faire, la force de lutter l’avait quittée.

Elle était trempée, assez préparée. Il enfonça un doigt pour vérifier qu’elle était bien prête. Se léchant le bout du doigt, il la regarda et se prit en main lui-même.
Il était bien dressé et un simple geste de son poignet sur son membre l’aida à être bien dur pour elle.
Il y alla avec précaution, il souhaitait profiter de chaque seconde où il la pénétrerait.
Ses subordonnés étaient passés par là, mais lui seul serait à la féconder. En cet instant, elle était à lui, et il ne la prêterait à aucun autre à présent.
Il grogna de plaisir lorsqu’il réussit à entrer son engin dans sa petite fente. Lentement, il glissa jusqu’à atteindre le fond.

Aurore ne réagissait déja plus. Elle expira un peu plus fort lorsqu’il tapa au fond d’elle.

Il la viola. Son corps à elle, était immobile et sans aucune expression. Elle n’était plus là.
Il prit son temps et son plaisir, ses gémissements et ses râles retentissaient dans la pièce, jusqu’à son éjaculation à l’intérieur d’elle.
Il la laissa comme pour morte.
Il s’allongea à ses côtés.

— Tu m appartiens désormais. Tu porteras mes enfants. Sois en honorée.
Dit il, à peine essouflé. Satisfait.

Il se rhabilla et la laissa sur le lit. Il s’en alla sans rien dire.
Un moment après, quelqu’un entra et apporta un plateau de nourriture. Cela ressemblait à des restes mais Aurore et Hélène étaient tellement affamées qu’elles se jetèrent dessus sans se poser de questions.
Aurore devait porter le plateau jusqu’à Hélène et elle lui avait retiré la boule dans sa bouche.

— Aurore… je suis tellement… tellement désolée…
Avait-elle prononcé, entrecoupée de sanglots.

— Tu n’as pas à être désolée… mange. On va s’en sortir… je ne sais pas comment encore… mais il faut que ça cesse…

Sans couvert, elles mangeaient à quatre pattes dans le plateau qui leur avait été apporté. La nourriture n’était pas mauvaise. L’apparence laissait un peu à désirer mais le principal c’est que cela restait comestible.
Elles ne s’étaient même pas demandées si cela était drogué ou empoisonné. Au point où elles en étaient, leur instinct de survie primait et peut-être même qu’elles auraient préféré mourir que de continuer à vivre ça encore des jours, des semaines, peut-être des mois.
Aurore eut soudainement sommeil et elle s’écroula par terre, juste à côté du plateau.
Hélène vit cela et commença à paniquer mais elle-même, s’écroula de fatigue juste à côté du plateau.
Dans un sommeil profond.
Finalement, il y avait bien quelque chose dans leur repas.

Des hommes et des femmes vinrent les récupérer. Hélène fut détachée.
Elles furent emmenées dans une autre salle de bain où elles furent nettoyées
Habillées.
Et on les recoucha dans un lit propre.
Elles étaient droguées, endormies, préférant peut-être ne pas se réveiller que de subir encore ce cauchemar.
Elles étaient toutes les deux affaiblies et cela faisait parti de leur plan.
Elles étaient dangereuses si elles étaient en pleine forme. Ils ne savaient pas à quel point Aurore pouvait être puissante avec ses pouvoirs et Hélène savait se battre.
Aurore était nourrie parce que l’ennemi voulait qu’elle tombe enceinte de lui, mais sa nourriture contenait toujours une substance qui inhibait ses pouvoirs.
Il revint à plusieurs reprises pour la remplir de sa semence, plus pour le plaisir que par nécessité.

Elles n’avaient plus aucune notion du temps.
S’était-il déjà écoulé une journée ? Elle ne le savait pas.

2021.06.09

Soin

Cean emmena sa mère à l’infirmerie et l’y déposa avant de retourner voir son père et le tenir au courant de la situation.
Elle s’assit en attendant que le médecin en chef soit de nouveau disponible. Elle savait qu’elle n’allait pas se faire examiner immédiatement mais rien que de pouvoir s’asseoir, lui était agréable.
Le temps passait, puis elle se mit à avoir un gros coup de fatigue.
Le lit sur lequel elle était assise, était acceuillant, elle se dit qu’elle pouvait s’allonger quelques minutes en attendant que sa migraine et son vertige passe.
Elle s’assoupit.

Pendant ce temps, le médecin était en train de mobiliser ses infirmiers et infirmières pour prendre soin d’Aurore et Hélène.
Elles furent mises sous perfusion et dyalise pour pouvoir nettoyer leur sang de la drogue qu’elles avaient ingérée.
Il en profita pour faire une prise de sang aux deux filles, puis il dut les osculter.
Hélène avait quelques fractures minimes, il pouvait deviner ce qui avait pu arriver avec les bleus sur sa peau. Il soupira mais il l’avait déjà vu dans un état plus grave.
Lorsqu’il examina Aurore, il pâlit.
Ce qui lui mit la puce à l’oreille, ce fut les nombreux bleus sur sa peau entre ses cuisses. Contrairement à Hélène, elle avait la peau très claire et elle marquait. Lors de ses analyses, il comprit qu’elle avait été violée, à plusieurs reprises.

Lorsqu’il sortit de la zone avec les filles, il remarqua la présence d’Alexandra.
Il l’examina rapidement et sut tout de suite qu’elle avait trop usé de sa magie.
Son corps réagissait de cette manière parce qu’elle était demi-humaine, mais surtout à cause du contre coup violent dut à l’utilisation du portail. La consommation en magie avait été sous-estimée par son utilisatrice.
Elle était un peu fièvreuse mais cela pouvait passer inaperçu. Une extrême fatigue, physiquement.
Il passa sa main sur son front et son pouls.
Et il la réveilla doucement.

— Hmm…
— Dame Alexandra…
— … Toutes mes excuses !

Elle était embarrassée et se releva trop vite.

— Ne vous précipitez pas, vous devriez aller vous reposer. Vous avez trop puisé dans vos réserves de magie… vous pouvez rester ici… mais je pense que vous seriez peut-être plus à l’aise dans vos quartiers. Juste du sommeil devrait suffire.
Dit-il en posant ses mains sur ses épaules, pour l’empêcher de tomber ou de se presser plus. Sa voix se voulait douce.

— Ah… je…
Elle était encore déboussolée.

— Qu’avez-vous fait pour vous retrouver dans cet état… ?
Demanda t-il curieux.

— Des portails de téléportation… ?
— … Vous savez que ce n’est pas un art à la portée de tout le monde… ? Même les plus doués sont parfois obligés de consommer certaines potions pour…
— Je pensais…
— Combien ? Pour combien de personnes ?
— Aujourd hui… ? 2 fois… pour deux, puis 5 si je me compte… ?
— … Et si on compte depuis hier… ?
— Un peu plus… ?
— Ok, vous restez ici pour l’instant. Allongez vous, vous ne vous déplacez pas seule. Compris ?
— Mais—
— Non, pas de « mais ». Je vous garde sous surveillance. Personne ne vous a prévenu pour les portails ?! On ne se met pas à créer des portails à tout va, bon sang !
— Je…
— Imaginez, si vous étiez restée là-bas, après que tout le monde ait passé votre dernier portail ?! Vous ne vous rendez pas compte de la chance que vous avez pu avoir.

— … Je ne savais pas…
Répondit-elle honteuse.

— Excusez moi, mais comprenez mon inquiétude. Reposez vous. Je préviendrai monsieur Gabriel et Chris.
Répliqua t-il, exaspéré. Il ajouta ces derniers mots pour la rassurer.

— Et Hélène et Aurore… ?
Pensa t-elle à demander.

Ce fut à son tour de prendre une expression gênée.

— Hélène a quelques contusions mais elle devrait s’en remettre d’ici peu. Par contre… Aurore a été abusée… sexuellement. Elle aura besoin d’un traitement après son réveil pour être sûr…

Alexandra avait sa main sur le bas de son visage, figée par la stupeur et horrifiée.

— Nous nous occuperons bien d’elles, n’ayez crainte.

Il recula et tira un rideau pour la laisser se reposer.
Elle était avec ses pensées, réfléchissant au malheur qui s’était abattu sur ses filles.
Elle finit par s’endormir, dans sa tristesse.

Hélène fut la première à se réveiller.
Elle ouvrit les yeux et paniqua.
La respiration rapide, elle ne savait pas où elle était, puis elle remarqua les perfusions dans ses deux poignets intérieurs.
De quoi respirer dans ses narines.
Elle était assise sur le lit et regardait autour d’elle, pas rassurée. Elle réussit à se calmer lorsqu’elle reconnut l’infirmerie de chez elle.
Ce qu’elle voulut croire.
Puis la présence d’Aurore dans le même état qu’elle, mais encore endormie ou inconsciente dans le lit à côté d’elle.
Elle était à la fois rassurée et pas sûre de l’endroit où elle se trouvait.
Puis elle entendit et reconnut la voix du médecin.
Elle aurait voulu retirer tout ce qu’elle avait sur ses bras et sur son visage mais elle devait être patiente.
Elle se détendit au fond du lit.
Elles avaient été déshabillées et elles étaient dans une tenue neutre.

Chris et Alain étaient dans le bureau de Gabriel et faisaient leur rapport.
Cean venait de les prévenir qu’Alexandra n’était pas en forme et qu’elle était à l’infirmerie aussi.
Alain s’éclipsa pour s’entraîner, pour extérioriser toute sa frustration et sa colère.
Cean le rejoignit laissant les adultes ensemble.

— Alain… ménage toi, prends donc un bain et repose toi. Tu as fait de ton mieux…

Alain l’ignorait puis finit par répondre.

— Tu ne sais pas… à quel point c’est énervant… j’ai servi à rien. Pire… j’ai été un fardeau… et nos soeurs… elles ont eté abusées et je n’ai rien pu faire !
— Tu crois que ça m’a fait plaisir de rester ici les bras croisés ? À vous attendre ? Tu as fait ce que tu as pu et je suis sûr que tu as été d’une grande aide. Chris et maman n’étaient pas que tous les deux. Arrête de te torturer l’esprit, calme toi et rentre à la maison. Hélène et Aurore sont entre de bonnes mains, on doit juste attendre.
— Et maman…
— Ca n’a pas l’air très grave, de la fatigue, le médecin va s’occuper d’elle et je suis sûr que nos pères vont aller la voir pour s’en assurer.
— … Je ne m’en suis pas rendu compte.
— Tu t’occupais d’Aurore, et tu connais maman, elle cache toujours auand ça va mal et elle force trop… même ton père ne s’en est pas rendu compte, alors arrête de t’accabler, ok ?
— … Merci Cean…
— Allez viens, on rentre.

Pendant ce temps là, au bureau

— Excuse moi, je ne m’en suis pas rendu compte pour Alexandra…
Chris s’en voulait.

— La connaissant, elle a dû rien laissé paraître. Tu n’as pas à t’excuser. Tu devrais aller te reposer aussi… je vais passer la voir.

Gabriel se leva de son fauteuil et eut un moment d’inattention, de vertige et posa sa main sur le bureau pour soutenir son poids. Il s’arrêta un court instant et Chris le connaissait assez bien pour le remarquer.

— Hé… t’es sûr que ça va… ? Tu as fait une pause depuis… ?
— Ca va… je me suis relevé trop vite.
— Je mettrais bien ça sur le dos de ton âge, mais je ne pense pas que cela soit ça. Tu en as encore trop fait ?
— Fanfaronne tant que tu le peux encore… ça va. J’ai eu des dossiers urgents à traiter ces derniers temps, pas trop le temps pour couper.
— N’hésite pas, si je peux aider… enfin, ce qui est admnistratif et de ton ressort, je ne vais pas pouvoir… mais tu sais que je suis là, si besoin…
— Merci… Alexandra m’aide beaucoup d’habitude, mais à cause des derniers éènements, j’ai pris un peu de retard… dur de se concentrer.
— Ménage toi un peu. C’est facile pour moi de te dire ça…
— Non, tu as raison. Normalement j’ai pu finaliser les derniers documents, je vais passer la voir. Et voir les filles…
— Je sais que le médecin est en train de les examiner et d’en prendre soin. Je vais suivre ton conseil et rentrer un moment… je reviens vite.
— Prends ton temps. Cas exceptionnel, tu as le droit de te reposer et si besoin je préviendrai tes classes.
— Ca ne devrait pas être nécessaire. Merci quand même.

Gabriel se rendit à l’infirmerie et le médecin l’accueillit et lui expliqua la situation.
Il l’emmena auprès d’Alexandra.

— Elle a juste besoin de repos, elle a trop utilisé de magie pour les portails, cela ressemble à des effets secondaires de consommation abusive de magie. Elle ne s’en est pas rendue compte tout de suite, les portails sont particuliers et le coût en magie est complexe à calculer… elle peut rester ici ou bien si vous préférez, la ramener chez vous.
— Mis a part ça, tout va bien pour elle ?
— Oui, j’en ai profité pour l’examiner et tout est en ordre.
— Dans ce cas, si c’est juste du repos, je ne vais pas utiliser un lit ici pour ça. Je vais l’emmener. Merci pour les soins.

Gabriel s’approcha d’elle et passa ses bras sous son corps pour la transporter.
Malgré son âge, il avait encore la force de la porter sans problème. La magie aidant.

— Je vous en prie, et dame Alexandra n’utilise pas un lit de trop ici…
Essaya de se rattraper le médecin, pour ne pas paraître impoli.

Gabriel coupa court à ce sujet.

— Comment vont les filles… ?
— Comme je vous l’ai expliqué… mis à part Aurore… elles sont en cours de rétablissement et devraient se réveiller sous peu.
— Je vois…
— Nous avons les résultats d’analyse et ils sont bons. Mis à part la dose de drogue trop présente dans le sang. Cela est en constante diminution, même s’il en reste des résidus.

— Bien… je reviens. À tout de suite.
Ajouta Gabriel en embarquant sa femme.

Elle grommela dans son sommeil, et se réveilla à moitié.
Elle reconnaissait les bras de Gabriel et sa chaleur, sa démarche.

— Excuse moi, je t’ai réveillée… je pense que tu seras mieux à la maison. Je suis sur le chemin.
— Hmm… désolée.

— Ne le sois pas. Repose toi et reviens moi en forme. J’ai encore besoin de toi.
Dit-il en l’embrassant sur le front.

Lorsqu’ils arriverent chez eux, Chris etait dans la salle de bain en train de se secher et fut a moitie surprit de les voir.

Gabriel déposa Alexandra sur leur lit et commença à la déshabiller. Chris les observa d’un air amusé.

— Qu’a dit le médecin ?
— Cette idiote a abusé des sorts de portail. Tout simplement. Juste besoin de repos et ça devrait aller.

Elle fut ensuite installée au fond du lit avec la couverture.
Les rideaux étaient ouverts alors Gabriel les tira pour que la pièce soit léèrement dans l’obscurité.

— Je te la confie, je retourne voir le médecin au sujet des filles.
— Je vais m’allonger un instant et je te rejoins.
— Prends ton temps, on se voit plus tard.

Gabriel s’en alla et croisa Alain et Cean qui rentraient.

— Maman se repose dans sa chambre, essayez de ne pas trop faire de bruit.
Dit-il avant de prendre la porte et les laisser.

— C’est moi ou il est de mauvaise humeur… ?
— Non, je ne pense pas. Il est toujours un peu comme ça mais ça veut pas dire qu’il fait la tête…
— C’est ton père… j’imagine que tu dois le connaître mieux que moi… même en ayant vécu avec lui, j’ai toujours du mal à deviner ce qu’il pense…
— Oh, ça… moi aussi. Je pense que maman doit être la seuleàa le comprendre réellement et encore… pas facile d’être le chef et de montrer ses émotions. J’imagine…
— Ca doit être ça…
— Il est préoccupé, c’est sûr, j’étais avec lui et il fait son maximum. Ca, c’est certain. Bref, va te laver et te reposer. Tu en as besoin.

*

— Oh, tu es déjà réveillée, tant mieux. Aurore ne devrait pas tarder alors.
S’exprima le médecin à moitié surpris de voir Hélène assise dans son lit.

— Je… que s’est-il passé… ?
— Ca serait plutôt à toi de nous raconter cela… pour répondre à ta question, on a réussit à vous retrouver. Je laisserai les détails à tes parents.

Il s’avança vers elle et examina le reste en tâtant son pouls et vérifiant ses yeux.
Elle se rappela vaguement de sa première fois à l’infirmerie suite à une agression, sauf que cette fois-ci, c’était pire. Elle se souvenait de ce qu’elle avait subi et vu.

— Qu’est ce que tu souhaiterais manger ? Tu dois avoir faim, je vais demander à ce qu’on t’apporte quelque chose. Je vais pouvoir te retirer les perfusions.
— Peu importe…

Elle était là tout en n’étant pas là, elle était perdue dans ses pensées.
Gabriel arriva et il fut rassuré de la voir éveillée.
Le médecin s’en alla pour les laisser et il partit s’occuper du reste.
Gabriel vint la voir pour la serrer dans ses bras.
Il avait été inquiet. Elle lui rendit l’étreinte.
Elle n’avait jamais été très tactile avec Gabriel mais ce contact chaleureux lui faisait un bien fou.

— Est-ce que tu te souviens de ce qu’il s’est passé… ?
— … Oui… sauf sur la fin. Je ne sais pas comment on s’est retrouvé à l’infirmerie.
— Tu peux me raconter comment vous vous êtes retrouvées là-bas… ?

Il essayait de ne pas la brusquer.
Elle aquiesça de la tête et commença à lui raconter tout ce dont elle se souvenait. Elle s’arrêta à plusieurs reprises, pour décrire le traitement qu’elles avaient reçu. Gabriel lui avait tendu un verre d eau.
Elle tremblait lors de son récit, son corps et son esprit se rappelèrent de la terreur qu’elles avaient subi.
Gabriel la rassura, la main dans la sienne, pour lui rappeler que tout était fini. Qu’elles étaient de retour à la maison.

— Aurore… elle a voulu me protéger, et… je n’ai rien fait pour elle… je suis tellement désolée.
— Chut… tu as été là pour elle, ne te blâme pas. Ce qu’on sait c’est que vous avez été droguées. Lorsque ton père, maman et Alain vous ont trouvées, vous étiez dans un sommeil profond. Ils vous ont ramené et depuis vous êtes ici.
— Je ne suis pas en train de rêver, hein.. ? On est de retour à la maison… ?
— Oui, je te l’assure.

Gabriel était bouleversé de la voir dans cet état, la boule au ventre, il la serra dans ses bras. Fort.

— Prends le temps qu’il faut et repose toi. On s’occupe du reste.
Murmura t-il en lui caressant ses cheveux châtains.

— Je… je vais bien… je vais beaucoup mieux maintenant… j’espère juste qu’Aurore…

— On va s’occuper d’elle, ne t’en fais pas. Pense à toi d’abord.
Essaya t-il de la rassurer.

Il savait qu’Hélène était proche d’Aurore mais la voir aussi concernée par Aurore était touchant.
Hélène préféra garder le silence par la suite. Elle voulait rentrer chez elle mais elle voulait aussi veiller sa soeur.
Peu de temps après, le médecin revint avec le plateau-repas.
Il l’aida a retirer les tuyaux respiratoires et les perfusions avant qu’elle ne mange.
Elle fit la grimace pour les tuyaux dans ses narines, et détourna la tête lorsqu’il retira l’aiguille des perfusions dans ses veines.
Il lui essuya le sang avec du coton imbibé d’alcool et lui mit des pansements pour cacher la cicatrice et absorber le sang.

— Je vais te laisser Hélène, tu es entre de bonnes mains. N’en fais pas trop, ne force pas. D’accord ? Ton père devrait passer te voir plus tard.

— Il va bien… ? Maman aussi… ? Alain était là ?
Sembla t-elle se réveiller, en lui posant toutes ces questions.

Gabriel lui sourit.

— Oui, ils vont bien. Maman est juste un peu fatiguée, elle se repose aussi, mais je suis sûr que, dès qu’elle sera sur pieds, elle accourra te voir.
— Que s’est-il passé… ? C’est rien de grave… ?
— Non, rien du tout. Elle en a trop fait, comme d’habitude. Petit retour de bâton de sa sur-utilisation de magie.

Expliqua Gabriel en levant les yeux au ciel.
Ce qui arracha un demi sourire à Hélène.
Elle avait hérite du même caractère après tout.
Gabriel lui adressa un dernier sourire et un geste de la main avant de passer de l’autre côté du rideau et s’en aller.
Le médecin avait fini de retirer ce qui pourrait gêner Hélène et qui n’était plus nécessaire et lui posa son plateau-repas devant elle.

— Régale toi mais pense à bien prendre ton temps. Ton estomac n’a rien avalé depuis un moment et tu risques de le malmener si tu manges trop vite.
Expliqua t-il, sans aucune émotion. Il était froid.

Elle l’écouta sans lui répondre et commença à déguster son repas.
Elle en eut les larmes aux yeux tellement c’était bon de manger.

— Je vais te couper durant ton repas mais c’est assez urgent et important. Est-ce que tu sais ce qui est arrivé exactement à Aurore ?

Elle se figea puis après un court instant, elle reprit ce qu’elle était en train de faire, avala ce qu’elle avait dans sa bouche après avoir mâché, puis elle lui expliqua tout ce qu’elle savait.
Il prit un bloc-note et commença à écrire dedans certains termes.

*

Lorsqu’Aurore se réveilla.
Ce sont les machines qui le détectèrent, parce qu’elle était restée silencieuse.
Une simple inspiration un peu plus forte et elle avait le regard dans le vide.

2021.04.14

Piste

Ten’ reniflait les traces.
William avait insisté pour venir et superviser Ten’ si besoin. En réalité, c’était une excuse pour pouvoir participer et aider à retrouver Aurore et Hélène.
Il savait qu’il n’aurait jamais eu l’aval si la présence de Ten’ n’était pas si importante.
Chris n’était pas loin, guettant le moindre signe hostile. Il semblait inquiet et protégeait de loin William.
Il savait se battre, juste les bases, mais il n’était pas formé pour une vraie attaque ennemie. Il le considérait comme un fils, il avait un âge proche d’Alain et il l’avait côtoyé un moment comme compagnon d’Aurore.
Alain n’était pas loin et restait en retrait, il observait également les alentours.
Ne souhaitant pas être dans les pattes de son père.
Alexandra était derrière et fermait la marche.
Aux aguets, tout était trop calme.
Une des équipes d’éclaireurs n’était pas revenue, l’autre avait confirmé qu’ils avaient vu des individus et entendu des bribes de conversation.
Par chance, ils ne s’étaient pas fait repérer et ils étaient rentrés aussitôt qu’ils avaient pu.

Gabriel était resté au domaine pour gérer les affaires importantes, à contre-coeur. Il avait embrassé Alexandra sur le front en la priant d’être prudente.

Leur calme fut de courte durée.
Alexandra regardait les alentours, guettant le moindre bruit, en l’air, derrière la forêt dense.
Ten’ s’arrêta au milieu d’une clairière.
William avait suivi, Ten’ était perdu et ne comprenait pas pourquoi les traces s’arrêtaient ici.
Chris n’eut pas le temps de prévenir William de rester à couvert.
Une personne s’abattit sur William, descendant du ciel à toute vitesse.
Chris se précipita et réussit à s’interposer juste à temps, son arme s’entrechoqua avec celle de l’ennemi.
C’était un piège.
William avait sursauté et par réflexe, s’était protégé de son bras avant l’impact.
Alexandra s’était arrêtée avant d’être à découvert, elle avait fait signe à Alain de ne pas intervenir, de rester caché derrière un buisson avec elle, et ils observaient si d’autres personnes étaient en embuscade en les attendant.

— Joli réflexe.
Prononça une voix féminine qui était encapuchonnée.

L’impact avait rejeté sa capuche en arrière, laissant voir ses cheveux courts, d’un noir brillant.
Sa peau était pâle, et un sourire parcourait son visage.
Il n’y avait pas de bonne réaction, Chris ne pouvait pas demander à Ten’ et William de s’enfuir. Il ne savait pas s’il y avait d’autres dangers ailleurs.
Le mieux était qu’ils restent derrière lui pour qu’il puisse les protéger.
Pendant ce temps, il jaugeait la force de l’adversaire.
Sur la défensive, il encaissait.
Il savait qu’Alexandra et Alain étaient en sécurité, il pouvait et devait leur faire confiance.
L’adversaire enchaîna les attaques.

— Bah alors, on a que ça dans le ventre ? Même les gamines avaient plus de mordant.

Chris eut une poussée de rage en entendant ces derniers mots. Elle le provoquait. Elle savait qu’ils étaient là pour elles.
Il se retint mais il attendit encore un peu avant d’attaquer et l’immobiliser.
Elle ne sembla même pas surprise.

— Que vas tu faire ? Me tuer ?
Demanda t-elle avec son sourire habituel, comme si tout ceci n’était qu’un jeu.

— Où sont-elles ?
Chris garda une voix calme, contrôlée, pour ne pas la laisser prendre le dessus.

— Qui ça ? Les gamines ? Qui sait…

Chris resserra son emprise, l’ennemie était à terre, sur le ventre, et il bloquait ses bras derrière son dos.
Les articulations avaient du mal mais la personne ne semblait pas s’en plaindre.

— Tu peux me briser les membres, je ne dirai rien. Et votre toutou ne sera d’aucune utilité. Quelle facilité de leurrer son odorat, ç’en est ridicule. On savait qu’il reviendrait chercher sa maîtresse. Pitoyable.

Chris mit un peu plus de force et un crac se fit entendre, il venait de déboîter une épaule à la femme sous lui.

— Ah. C’est embêtant, tu m’as cassée. De toute facon, vous arrivez trop tard, elles sont à notre maître maintenant. Il doit déjà être au courant de votre présence. Nous allons venir à vous et vous détruire.

Elle avait à peine réagit, son sourire s’était légèrement effacé mais elle continuait de parler, et ne pas répondre à la question.
Chris ne réagit pas.

— Tu pensais que j’allais te supplier de me laisser en vie ? Pour qui nous prends-tu.

Elle se mit à rire et Chris lui donna une giffle qui la fit se taire et l’assoma, au sol.
Il n’eut pas d’autres vagues d’ennemi mais il savait que cela n’allait pas tarder.
Il fit signe à William et Ten’ de se remettre dans la forêt et rejoindre Alexandra et ils discutèrent de la situation.
Chris n’avait rien, à peine essoufflé, quelques froissements sur ses vêtements.

— William, tu rentres avec Ten’. Si les mots de cette garce sont vrais, nous fonçons droit dans des pièges avec Ten’. Ce n’est pas de sa faute mais mieux vaut que vous rentriez.
Chris avait prononcé, froidement.

William avait eu le coeur qui s’était resserré mais il savait que ce n’était pas contre lui. Il prit sur lui.

— D’accord…

Il avait garde Ten’ auprès de lui et le consolait, Ten’ chouinait et savait qu’il avait été dupé.
Chris s’était alors accroupi pour caresser Ten’ à son tour.

— Je sais mon grand. On va ramener Aurore et Hélène. T’as fait de ton mieux. Tu nous as déjà bien aidés.

Alexandra et Alain le caressèrent aussi avant qu’il ne s’en aille.

— C’est plus sûr pour vous. On ne sait pas encore ce qui nous attend et vous serez en securité au moins.
Dit Alexandra.

Elle se concentra et forma un portail pour William et Ten’.

— Préviens Gabriel pour nous, on continue nos recherches. Merci William.
Sourit timidement Alexandra avant de refermer le portail derrière eux.

— Ca va aller ?
S’enquit chris. C’était subtile mais la création d’un portail utilisait une dose conséquente de magie.

Elle lui sourit et reprit sa respiration.

— Ca devrait aller. À force de créer des portails, je sens que je vais bientôt devenir pro en la matière.
Blagua t-elle.

Alain soupira.

— Continuons, à couvert. Je sens qu’on se rapproche de quelque chose si on continue dans cette direction.
— J’ai la même impression.

— Si la clairière était un piège, est-ce qu’on devrait aller dans la direction opposée ?
Demanda Alain.

— C’est ce que j’aurais pensé mais je sens des présences lointaines, dans cette direction.
— De même… dépêchons nous avant la tombée de la nuit.

Ils étaient en train de perdre espoir lorsqu’ils entendirent des voix. Ils se cachèrent et camouflèrent leur présence.
Alexandra connaissait un sort.

— Il parait qu’on va bientôt recevoir de la visite.
— S’ils arrivent à nous trouver et passer notre garde ailée.
— Il y en a une qui n’est pas rentrée, ça t’inquiète pas ?
— Si c’est qu’une seule, c’est rien.
— On devrait pas faire gaffe, nous aussi ?
— C’est la pause, on a le droit de prendre un peu l’air, non ? On rentre tout de suite. Arrête de faire ta rabat-joie.
— Je suis prudente, c’est tout.
— Je serai là pour te protéger.

Il pouffa de rire.

— Tu seras le premier à te tirer pour sauver ton cul ! Ouais ! Je sais même pas pourquoi je continue à te parler… je me tire.
— Ne me laisse pas, si je me fais attaquer, qui va me défendre ?!
— Démerde toi. Ca nous fera des vacances.
— T’es de mauvaise humeur parce que le maître tringle les gamines, ou quoi ?
— Je vois pas le rapport ?!
— C’est vrai qu’elles ont l’air bonnes…
— Tu me dégoûtes.
— J’ai une petite préference pour la blanche, elle a l’air docile comme une poupée.
— Ok, j’en ai assez entendu. Va te faire bouffer par un ours.
— Jalouse, va…

Chris et Alain tremblaient de rage derrière leur cachette mais ils avaient tous bien entendus.
Alexandra les avait maintenus pour les calmer et attendre de pouvoir suivre les voix pour trouver une entrée.
Lorsque les voix cessèrent, ils sortirent avec précaution de leur cachette et Chris chercha un passage.
Ils y passèrent un certain temps avant de découvrir l’entrée camoufflée par de la magie.
Une illusion parfaite et subtile derrière un buisson.
Ils se regardèrent dans les yeux.

— On l’explose ?
— Ou on attend que quelqu’un en sort et on s’infiltre de manière plus discrète.
— Je sais pas si j’ai envie de perdre du temps… elles sont quelque part à l’intérieur et je sens qu’elles ont besoin de nous.
— Je suis assez d accord mais ça risque d’être plus dangereux. On ne sait pas combien ni quelle force de frappe ils ont.

Après l’explosion.
Des gardes sortirent paniqués et ils furent maîtrises par la magie, tandis qu’Alexandra, Chris et Alain étaient bien à l’abri.
Le flux s’arrêta et on entendit des voix sortir de l’entrée.

— Ils sont où ces foutus gardes ailés quand on a besoin d’eux ?!
— Ils sont combien dehors ?
— Aucune idée, tu veux y aller pour voir ?!
— Non merci !

Alexandra créa un bouclier et ils décidèrent de pénétrer dans la gueule du loup.
L’entrée descendait dans une sorte de galerie souterraine mais éclairée par des cristaux magiques dans les murs, incrustés.
Les attaques étaient absorbées ou rebondissaient sur le bouclier d’Alexandra. C’était un simple bouclier sans effort qu’elle avait créé.
Chris put en sortir pour attaquer et mettre hors d’état de nuire les gardes et Alain restait en retrait, à côté de sa mère.
Alain avait rarement l’occasion de voir ses parents en combat, sur le terrain ou pour de vrai.
Les yeux ébahis devant les pouvoirs magiques de sa mère et des capacités de son père.
Alexandra remarqua son attitude et lui sourit une fraction de seconde avant de retourner son attention sur leur défense.
Il savait que son père était doué en combats mais pas à ce point. Ce qu’il montrait à ses cours n’étaient qu’une infime partie de ses compétences réelles.
Il était à peine essoufflé de ce qu’il faisait actuellement.
Alain se rendit compte de la chance qu’il eut de ne jamais avoir été pris dans un tel conflit avec son père.
C’était trop simple, les premières lignes furent faciles à passer, puis ils n’eurent qu’à attendre au compte goutte les autres défenses se manifester.
Le plus dur fut de s’orienter et de chercher où elles étaient.
Chris en attrapa quelques uns pour leur faire avouer où les filles étaient prisionnières mais ils n’en savaient rien ou préféraient ne rien dire.
Exaspéré, ils continuèrent à fouiller chaque couloir et chaque pièce. Ouvrant chaque porte en espérant qu’elles soient là.
Ils ne savaient pas à quel point les lieux étaient vastes mais il ne préféra pas y penser et continua à chercher.
Alexandra fit de même de son côté, sans avoir plus de succès et Alain prit ses aises pour en faire de même.
Les premières lignes n’étaient pas très fortes comparé à la force de frappe d’Alain, et il pouvait s’en occuper sans trop de mal.
Les couloirs finirent par se rejoindre à un carrefour et ils préférèrent rester groupés et continuèrent en remontant vers le couloir le plus large.
Ils continuèrent à se batte contre les ennemis qui se présentaient.

Alain ouvrit une porte et quelqu’un en sorti. Un peu plus large et musclé que les précédents ennemis. En un coup, il le prit par surprise et sa force prit au dépourvu Alain qui se retrouva au sol.
L’ennemi ne lui laissa pas de seconde chance ni de temps pour qu’il se relève, il l’enchaîna au sol.
Alexandra intervint et fit apparaître un bouclier sur lequel le coup s’interrompit.
L’adversaire se retourna pour voir Alexandra derrière lui, et il n’attendit pas pour foncer sur elle et la frapper.
Elle garda et dévia son attaque, pour en profiter et lui asséner un coup.
Il bougea à peine, les coups qu’Alexandra essaya de lui donner n’étaient pas assez puissants pour le faire tomber.
Les coups suivants qu’elle reçut étaient plus puissants et elle eut du mal à les contenir, il enchaîna les coups de poings qu’elle réussit à éviter, et ceux qu’elle ne réussit pas à éviter furent gardés par ses bras.
Tout son corps tremblait, tentant de résister à ne pas s’écrouler sous le poids et la force de son adversaire.
Elle regretta de n’avoir pas évité ces coups.
Puis elle dut y mettre plus de puissance elle-même, dans ses coups, à sa prochaine attaque pour le faire chanceler. Sa magie aidant, et augmentant la portée de son attaque, elle répliqua en gardant une certaine cadence, rendant les coups qu’elle venait de recevoir voire plus.
Il ne cacha pas sa surprise et il fut submergé au bout d’un certain moment, ne réussissant plus à tenir sa garde, il prit de plein fouet au visage et dans ses côtes, les coups de poings et les coups de jambes d’Alexandra.
Essoufflé et en prenant du recul, il sourit tout en la regardant.

— Pas mal pour une gonzesse.

Elle ignora son commentaire.
Alain s’était relevé et s’était mis en sécurité tout en ne gênant pas, il avait regardé toute la scène, avec une étincelle d’admiration pour sa mère.

— Où sont-elles ?
Demanda t-elle. Sans flancher.

— Qui ça… ? Oh, les gamines ? Très bonne question… qui sait.
Répondit-il avec un sourire narquois sur son visage.

Alexandra n’apprécia pas son ton et elle reprit ses attaques, plus rapide et avec plus de force.
Il finit au sol, amoché, elle était sur lui et elle l’avait attrapé par le col pour le maintenir. Prête à lui asséner un autre coup en plein visage.
Il ne daigna même pas lever ses bras pour se protéger.

— Où sont-elles ?
Répéta t-elle, avec le même ton.

— … Aucune idée.
Finit-il par répondre, il n’avait plus la force de provoquer ni de rire.

Elle le relâcha et se releva. Le laissant s’écrouler au sol, à moitié inerte.
Alain eut un frisson dans le dos en se disant qu’il avait de la chance que sa mère ne lui ait jamais donné une telle raclée.
Elle s’arrêta un instant devant lui.

— Tu n’as rien ?
— N-non. Merci m’man…

Elle posa une de ses mains sur son épaule et lui sourit.
Chris était dans un autre couloir et ne semblait pas rencontrer de difficulté. Il se retourna lorsqu’ils le rejoingnirent.

— Des nouvelles ?
Demanda t-il.

— Non. Et toi ?
— Non plus.
— On continue.
— Ca va, Alain ?
— O-oui…

Il baissa les yeux, un peu honteux de s’avouer vaincu.

— Certains gardes sont des durs à cuire. Si Aurore et Hélène sont tombées dessus, ça ne m’étonne pas qu’elles n’aient pas pu se défendre… il y en a un qui avait l’air de les connaître.
— Sois prudent, Alain. N’hésite pas à battre en retraite si tu sens la différence de force. On n’est pas sur un terrain d’entraînement, la moindre erreur est fatale.
— Je sais, p’pa…

Alexandra donna une tape amicale à son fils qui n’appréciait pas trop le ton de son père.

— Il dit ça parce qu’il s’inquiète.
Lui murmura sa mère avec un sourire tendre.

Il soupira et jeta un regard furtif au dos de Chris.
Ils remontèrent les couloirs, ouvrirent des portes et combatèrent les adversaires jusqu’à tomber sur celui qui avait l’air de commander.

— Ce sont donc vous les intrus qui mettent le bazar chez moi.

Ils restèrent silencieux.
Il avait une certaine prestance, une attitude mais physiquement, il ressemblait à n’importe quel garde, un peu musclé. Il n’était pas spécialement habillé pour le maître des lieux.

— Vous arrivez plus tôt que prévu, je suis plutôt surpris que vous ayez réussi à remonter jusqu’ici. Vos pisteurs ne sont pas mauvais, mais vous arrivez quand même trop tard. Elles m’appartiennent. La petite blonde va porter mes enfants. L’autre pourra toujours servir de servante. Un rôle qui lui siera à ravir pour la bâtarde qu’elle est.

Alexandra ne fut pas la seule à voir rouge. Chris était sur le point de bondir et Alain n’était pas loin de faire pareil. Elle les empêcha d’intervenir. Elle voyait que Chris n’avait qu’une envie : de lui faire ravaler ses mots au sujet d’Hélène.
L’ennemi rit aux éclats.

— Le chien veut aboyer ? Je vais vous chasser de mon territoire, et retourner à mes occupations. La fête a assez duré.

Il reprit son sérieux et décida de viser Alain en premier.
Il fonça sur lui, laissant tout le monde sans voix et stupéfait. Chris réussit à réagir à temps, plus rapide, il s’interposa en poussant Alain. Il fut percuté à moitié par l’attaque.
Il se revela aussitôt quelque peu déboussolé.
Alain ne savait pas comment réagir, il n’était d’aucune utilité dans ce combat et pire, il gênait.

— Alain, on le retient, essaye de trouver les filles.
Dit Alexandra en revenant auprès de Chris pour vérifier qu’il n’était pas trop blessé.

— Laisse moi quelques secondes ‘Xandra, je vais bien. Jaugeons sa force, si un de nous deux suffit, l’autre te rejoindra, Alain.
— Pas de risques inutiles, d’accord ?

Elle lança un sort de bouclier sur Alain pendant qu’il passa. Un projectile lui fut envoyé mais rebondit sur la protection. Ce qui agaça l’ennemi, mais qui n’insista pas. Pour lui ce n’était pas une grande menace.
Alain s’était figé une seconde lorsqu’il vit le projectile arriver dans sa direction. Lorsqu’il comprit que sa mère le protégeait, ils s’échangèrent un regard et il continua son chemin.

Des portes s’ouvraient mais celle des filles restait fermée. Elles étaient dans un sommeil profond et artificiel.

Alexandra affronta le chef, ou celui qui semblait être aux commandes.
L’empêchant de prendre pour cible Alain une nouvelle fois et permettant à Chris de reprendre ses esprits.
L’adversaire sourit et ne la prit pas au sérieux, moqueur, il pensait déjà la vaincre jusqu’à ce qu’elle lui donne un coup qui le fit vibrer. Elle avait beaucoup plus de force qu’il ne pensait.

— Pas mal… mais combien de temps tu vas tenir ?

Elle préféra économiser sa salive. Restant concentrée.
Il semblait s’amuser.

— Tu as un partenaire bien inutile… si seulement tu étais encore fertile, je t’aurais pris en tant qu’épouse.
Semblait-il réfléchir à haute voix.

Elle l’ignorait.
Il ne semblait pas vouloir l’attaquer sérieusement alors elle en profita pour le repousser dans ses retranchements.
Il attrapa sa taille, elle le repoussa et le frappa.
Il posa ses mains sur sa poitrine, elle le giffla, fort.
Chris était dans une bulle de protection et voyait la scène, il se remettait de l’attaque qu’il avait prit de plein fouet, mais il n’avait rien de grave.
L’ennemi le provoquait. Il le voyait lui jeter des regards en sous-entendant qu’il voulait s’approprier Alexandra.
Il était plus jeune. Cela se voyait qu’il cherchait la partenaire parfaite avec qui s’accoupler pour avoir des descendants. Il jouait et était trop confiant contre Alexandra.
Elle n’y allait pas encore avec toute sa force mais au bout de quelques minutes, elle avait réussit à jauger sa puissance et son potentiel d’attaque.
Elle prit du recul et rejoignit Chris qui était sur pieds, attendant de voir avec elle la stratégie à employer.
Il avait vu qu’elle ne s’était pas donnée à 100%, le combat allait être bientôt fini.
Un peu essoufflée, elle lui dit ce qu’il devait savoir sur ses points faibles ou forts.

— Si tu veux, je te le laisse, il ne devrait pas te causer de souci.
— Avec plaisir… mais je crois que ça sera plus humiliant pour lui si c’est toi qui t’en occupes…
— T’es sûr que tu ne veux pas lui clouer le bec ?
— La tentation est grande…
— Allons y tous les deux, ca sera vite fini et on pourra rejoindre Alain.

Elle le laissa d’abord attaquer
L’ennemi ne faisait plus le fanfaron. Tentant de reprendre sa respiration lorsqu’elle avait prit ses distances, il déchanta lorsqu’il réalisa qu’il affronterait les deux en même temps.
Il n’y avait pas de règles sur le champs de bataille.

— On ne se frotte pas à notre famille sans en subir les conséquences.
Prononça Alexandra avant de donner un dernier coup qui le fit tomber.

Ils le laissèrent inconscient sur le sol.
Alain ne rencontra pas d’autres adversaires coriaces et finit par ouvrir toutes les portes avant de tomber sur la bonne pièce.
Une porte annodine.
Elles étaient là, dans le lit. Endormies comme si de rien n’était.
La joie qu’il ressentit en les voyant enfin était incommensurable, puis elle s’évapora.
Quelque chose n’allait pas.
Elles n’avaient pas réagit au bruit. Elles étaient dans des vêtements différents et on aurait pu penser qu’elles étaient inconscientes ou pire, mortes.
Il s’approcha d’elles en espérant qu’elles respirent encore. Leur pouls était faible ainsi que leur respiration mais elles étaient vivantes. Il lâcha un soupir de soulagement.

— Hélène, Aurore…

Il essaya de les secouer doucement, pour les réveiller, puis plus vivement.
Elles ne bougeaient pas. Il se questionna sur leur état. Etaient-elles juste endormies ? C’était trop étrange.
Puis il paniqua. Que devait-il faire dans cette situation ?
Ne disait-on pas qu’il ne fallait pas réveiller un somnambule ? Est-ce qu’il faisait bien d’essayer de les réveiller ?
Il vérifia rapidement si elles n’étaient pas blessées, mais il n’osa pas les toucher plus.
Une voix s’éleva derrière lui.

— Elles ont été droguées.

Il sursauta.

— Qui es-tu ?!
Demanda t-il sur ses gardes, prêt à l’attaquer.

C’était une femme à l’apparence jeune, adossée sur le cadre de la porte, qui ne semblait pas alarmée par Alain.

— Personne, je voulais juste être sure qu’elles soient entre de bonnes mains.

— … Pourquoi ?
Se méfia Alain.

— Dans ce bazar ambiant, j’avais peur que quelqu’un en profite pour les embarquer. Il ne faut pas sous estimer ces hommes…
Soupira t-elle.

Voyant Alain dubitatif, elle continua ses explications.

— Je compte en profiter pour me barrer d’ici. Les femmes n’étaient pas spécialement bien traitées et nous étions vues comme inférieures en tous points. Ca m’a toujours dérangé et quand j’ai vu le traitement de ces filles, je ne pouvais pas m’en aller en les laissant à la merci de n’importe quel pervers. Je ne vais pas t’attaquer, je ne suis pas ton ennemie et je n’ai rien à gagner à me battre.
— Merci… ?
— Pas besoin de me remercier. Je n’ai rien pu faire pour empêcher ce qu’elles ont subi…

Elle était sur le point de partir.

— Hé, tu sais où tu vas aller ? Ce n’est pas grand chose, mais si un jour tu as besoin d’aide… j’habite dans une autre région, mais si tu peux me trouver, je te rendrai la pareille…
— T’es mignon. Je note. Pour l’instant je vais juste me balader… retrouver un peu de liberté. Salut.

Elle sourit timidement puis tourna les talons pour s’en aller.

Peu de temps après, Chris et Alexandra arrivèrent.
Alexandra se précipita dans la pièce et s’approcha des filles, tandis que Chris jetait un dernier coup d’oeil aux alentours, au cas où il y aurait un autre danger.

— On m’a dit qu’elles étaient droguées… elles ne réagissent pas et je ne sais pas si on doit essayer de les réveiller…

La voix d’Alain était emplie d’émotions. Il essayait de garder la tête froide mais voir ses soeurs dans cet état et l’adrénaline des combats retombée, il avait une boule dans la gorge qui ne demandait qu’à éclater.

— Ca va aller, on va les ramener à la maison. Elles sont en vie, c’est déjà énorme.

Alexandra posa sa main réconfortante sur le bras d’Alain, sa voix était douce et posée, même si elle-même avait du mal à garder une consistence face à ce qu’elle voyait.
Elles étaient dans des tenues provoquantes et humiliantes.
Chris s’approcha et serra son poing sans rien dire.

— Je vais ouvrir le portail directement ici.
— Ok. Alain, est-ce que tu peux porter Aurore ? Je vais prendre Hélène.

Alain s’exécuta. Aurore était la plus légère. Plus petite, un peu plus menue. Il la porta dans ses bras, il fut presque surprit qu’elle soit si légère.
Chris fit de même avec Hélène.

— Elles respirent. C’est très faible mais elles sont en vie, c’est le principal…
Ajouta Chris, en pensant à voix haute.

Alexandra se concentra quelques minutes et ouvrit un portail devant leurs yeux.
Ils pénétrèrent le flux magique, et à chacun de leur passage, elle sentit sa magie à elle se consumer considérablement.
C’étaient quatre personnes qui venaient de voyager, elle se dépêcha d’elle-même prendre le portail, qui se referma derrière elle, presque aussitôt.
La sortie était sur le point d’encrage dans le même monde mais à la sortie de celui qui menait à la boutique. Cela était plus simple de choisir un point existant que de devoir recréer une sortie.
Elle avait chronométré pour qu’elle ne soit pas trop érintée par ce sort.
Le mal était fait.
Elle était pâle, le contrecoup de la consomation magique était trop importante.
Elle eut une palpitation et le souffle court pendant un instant.
Chris s’inquiéta et savait ce qu’il se passait.
Elle l’interrompit avant qu’il ne dise quoi que ce soit.

— Allez à l’infirmerie tout de suite. Je… j’arrive tout de suite.
Dit-elle, à leur direction.

Elle les força à y aller et elle put tenter de reprendre son souffle.
Elle croisa par hasard Cean qui s’alarma tout de suite.

— Maman, mais… tu es vraiment pas dans ton assiette… je savais pas que vous étiez rentrés… ?
— Ils sont partis à l’infirmerie, les filles ont besoin de soin en priorité… je vais bien, ça va passer… j’ai un peu sous-estimé les portails…

Elle se redressa et sourit à son fils, et elle se remit à marcher d’un pas pressé jusqu’à l’infirmerie mais ses pas flanchèrent.
Cean la rattrapa pile poil au bon moment.

— Maman ! Tu forces trop… viens, je t’accompagne, il faut qu’on t’examine aussi…

— Tu as peut-être raison…
Avoua t-elle, l’esprit embrumé, elle se sentait faible. Le contre-coup était violent.

2021.06.09

Disparition

Il avait pu retrouver le chemin du retour jusqu’à la ville et il se dirigea vers la boutique de vêtements.
Le sens de l’orientation des animaux est parfois impressionnant.
Il se faufila dans la galerie, effrayant à moitié les passants et touristes qui ne l’avaient jamais vu. Les autres savaient qu’il était le chien de la famille qui tenait la petite boutique de vêtements.
Ils levèrent tout de même un sourcil, étonnés qu’il ne soit pas accompagné de sa maîtresse. Mais continuèrent leur chemin, retournant à leur balade.
Il aboya et tenta de pousser la porte du magasin, sans y parvenir, lorsqu’une cliente à l’intérieur le vit.
Elle s’adressa au gérant, soucieuse de savoir s’il connaissait ce chien, qui rentrait panique et surtout un peu sale.
Alain s’excusa auprès de sa cliente et ouvrit la porte pour laisser entrer Ten’ qui l’ignora pour se rendre directement dans l’arrière boutique.
Alain lâcha un soupir et attendit de voir arriver les deux filles, mais rien. Un peu inquiet, il revint vers sa cliente pour la servir de son mieux mais décida de fermer boutique juste après.
Il était déjà presque le soir et de toute facon, la galerie était également sur le point de fermer.
Il jeta un coup d’oeil à sa montre. Elles auraient dû rentrer il y a un moment et Ten’ n’était jamais loin d’Aurore. C’était étrange.
Il alla voir dans l’arrière boutique pour rejoindre Ten’, qui grattait à la porte qui menait dans l’autre monde.

— Mais qu’est-ce qu’il t’arrive ? Où sont Hélène et Aurore ?
Questionna t-il en sachant qu’il n’allait avoir aucune réponse.

Ten’ chouina, désespéremment en lui tournant autour pour qu’il ouvre et le laisse partir.

— Bon, attends encore un peu. Je finis de fermer et je t’accompagne, d’accord ?

Impatient, Ten’ n’avait pas d’autre choix, et arrêta au moins de gratter à la porte.
Alain ne prit pas trop de temps, il vérifia que la porte du magasin était bien verrouillée ainsi que celle menant à l’arrière boutique et le sas. Double précaution.
À peine il ouvrit, Ten’ se faufila et courut droit devant, sachant déjà où il devait se rendre.
Alain eut du mal à le suivre.
La porte menait à une sorte de débarras, et derrière les tas de cartons et étagères, il y avait un rideau qui cachait un mur non palpable.
Encore une précaution de plus. Le mur faisait illusion mais lorsqu’on tendait la main, elle passait à travers.
Après ce mur, il y avait un couloir et une seconde porte qui menait vers le château de Gabriel et Alexandra.
Ce portail avait été installé peu de temps après l’achat des murs de la boutique, et il était bien pratique pour retourner à la maison en cas de problème.
Ten’ fonça vers l’extérieur et se rendit chez William.
Alain dut courir pour tenter de le rattraper, ne sachant pas ce qu’il se passait, il ne craignait qu’une chose, qu’il s’en aille et ne revienne jamais. Il ne savait pas ce qu il aurait dit à Aurore. Il n’avait jamais été très proche de Ten’ et il ne comprenait pas son comportement. Il n’avait pas la patience avec les animaux.
Il se souvenait de William et il le salua, gêné, lorsque Ten’ vint lui sauter dessus, dans le jardin de ses parents.

— Wow, doucement mon grand, qu’est-ce qu’il se passe ?
Répondit-il, souriant et caressant Ten’ avec affection.

— Salut William, désolé, je ne sais pas ce qui lui prend… il est rentré seul et je n’ai pas vu Aurore ni Hélène…
— Salut Alain.

William remarqua l’état de Ten’ et l’ausculta tout en le caressant.

— Il y a un problème… ?
Demanda Alain, le voyant songeur.

— Il est rentré il y a longtemps… ? Tu sais où il était… ? Ca sent… la magie et il est blessé légèrement à quelques endroits.
— Il y a moins d’une demi-heure, je dirais… bah dis donc, ça l’a pas gêne pour tracer, apparemment, ses blessures. Il était avec elles pour une balade en montagnes, mais il me semble qu’elles étaient en voiture. C’est pas la porte à côté…

Il sortit son téléphone pour tenter de les appeler ou de leur envoyer un message.
Sans succès.
Ten’ aboya.

— Mon grand… Aurore et Hélène… est-ce qu’elles sont en danger… ?

William le regarda dans les yeux et Ten’ aboya une seconde fois, il le tira avec sa gueule, par son pull, pour qu’il se lève et le suive.
Alain commença à s’inquiéter réellement.

— Est-ce que tu crois… ?
— Je ne sais pas… mais suivons le. Il n’est pas dans son état habituel… je crois qu’il veut nous emmener quelque part.
— J’appelle mes parents, j’ai un mauvais pressentiment…

*

— Aurore ? Hélène ?

Alexandra était dans son bureau et Gabriel était dans la même pièce, elle répondait au téléphone et le ton qu’elle avait, fit lever le visage de son époux vers elle.

— Il y a un problème ?
Demanda t-il, sans attendre de réponse immédiate.

Elle lui fit signe d’attendre.

— Ok, j’arrive tout de suite, je m’occupe de prévenir Chris. On se rejoint dans la boutique.

Elle raccrocha et attrapa son manteau avant d’ouvrir la porte.

— Aurore et Hélène ne sont pas rentrées, Ten’ est avec Alain. J’y vais, je te préviendrai. William est là aussi.
— Quoi ? Et tu me laisses là ?
— Il faut que quelqu’un reste ici.
— Ok, laisse moi voir si j’ai des infos ici, à ce sujet… on ne sait jamais. Mais tu n’y vas pas seule !
— Je prends Chris au passage, ne t’en fais pas.
— Si elles ont vraiment disparu… merde !

— Ca va aller… on va les retrouver… elles ne doivent pas être très loin. Ca ne fait même pas 24h…
Dit-elle, pour se rassurer.

Elle lui sourit, avant de franchir la porte.
Le coeur battant, serré, elle était morte d’inquiétude.
Elle tenta de contrôler ses émotions et se rendit directement sur le lieu de travail de Chris qui fut surpris de la voir arriver à moitié essoufflée.

— Alexandra ?
— Chris, prends le minimum et suis moi. Alain nous attend à la boutique.
— Pardon ?
— Hélène et Aurore ne sont pas rentrées… Ten’ semble savoir où elles sont, ils nous attendent avant de faire le trajet.
— Ok, laisse moi 2 minutes, j’arrive.

Il prit sa veste et y rangea ses armes favorites avant de suivre Alexandra jusqu’à la porte de téléportation.
Il remarqua son inquiètude et ce fut à son tour de la rassurer.

— Hé… on va les retrouver, d’accord ?
Dit-il en serrant sa main dans la sienne.

Elle sourit timidement, sans être convaincue mais ses mots la réconforterent un peu.
Elle savait qu’elle ne devait pas céder à la panique, mais elle s’imaginait le pire.
Un accident de voiture ?
William avait dû calmer Ten’ et lui donner de l’eau et de quoi manger, par chance Aurore avait laissé un sac de croquettes dans la réserve, au cas où.

— Là, là… reprends des forces, on en a pas pour longtemps, on va te suivre après, je sais que le temps presse mais on doit prendre nos précautions et s’organiser.

William caressa Ten’ tout en lui parlant, accroupi à ses côtés. Comme s’il pouvait comprendre ses mots.
Alain le regardait faire et il était rassuré qu’il soit là. Il n’aurait jamais pu gérer Ten’ seul. Il se sentit idiot et inutile. Il n’eut pas trop le temps d’y penser, que la porte de la réserve s’ouvrit.
Ils arrivèrent dans la boutique et ils remarquèrent la présence de William.

— Bonjour…
Salua t-il timidement, son coeur fit un bond à la vue de Chris.

— William… ah… avec Ten’, j’aurais dû m’en douter.
Dit Chris, compréhensif.

— Si, ça concerne Aurore…
Précisa t-il, gêné.

— Je sais que tu connais mieux Ten’ que nous, mais tu n’es pas obligé de nous accompagner.. je ne sais pas ce qui nous attend.
Dit Chris.

— J’y tiens.
Répondit-il, d’une voix assurée.

Ils s’échangèrent tous un regard approbateur et ils se mirent en route.
Ce fut long, ils durent y aller à pieds en empruntant des petits chemins dans les bois parce que Ten’ était passé par là sur le chemin du retour.
Ils lui faisait confiance mais avec la nuit et le froid, ils ne savaient pas encore combien de temps ils allaient devoir marcher.
Puis ils virent des lianes qu’ils reconnurent, surtout Alexandra, Chris et Alain.
Et la voiture d’Hélène.
Alexandra se précipita sur la voiture, vérifiant si elles étaient encore dedans.
Ten’, pista les dernières traces jusqu’à quelques mètres plus loin et s’arrêta à un endroit et chouina, et s’écroula de fatigue.

— Merci Ten’, c’est du beau boulot… tu dois te reposer maintenant.

William resta à ses côtés pour vérifier qu’il n’était pas blessé ailleurs.
Quant à Chris, ayant l’habitude du terrain, il vérifia les alentours et remarqua les traces de lutte et les indices laissés par ci et par là.
Alain resta planté là, sans pouvoir faire quelque chose, désemparé. Sa soeur n’était pas là et au vu des indices qu’il avait sous les yeux, cela ressemblait à un accident mais il n’y avait aucune trace de leur corps.
Il avait un pressentiment que sa soeur était en vie mais il ne savait pas si c’était ce qu’il essayait de se convaincre ou la fameuse intuition des jumeaux.
Voyant leur fils et son état devant la scène après bataille, Chris s’adressa à lui.

— Il se fait tard… rentrez avec William et Ten’, reposez vous. La soirée à été longue. On va continuer à chercher avec maman. Ok ?
— … Papa…
— Je préfère que tu sois en sécurite à la maison, préviens Gabriel de la situation et de ce que tu sais.
— On ne capte pas du tout ici. Impossible d’envoyer des messages sur le téléphone. Les filles ont dû se rendre compte de la même chose.
— Elles se sont battues contre quelque chose, c’est certain. Ten’ est blessé donc ça confirme cette hypothèse, et je ressens des traces de portail juste là où Ten’ s’est pose. Je pense qu’il a dû perdre leur trace à cet endroit.
— Je vais ouvrir un portail un peu plus loin, près de la voiture, venez.

Alexandra se dirigea vers l’endroit propice et se concentra avant de faire apparaître une petite fissure en diagonale assez large pour faire passer une personne. Elle n’était pas très douée pour ce genre de magie mais cela devrait suffire, elle avait posé le point de sortie dans la réserve de la boutique. Tant que le portail permettait de se déplacer dans le même monde, il n’était pas trop gourmand en terme d’énergie.

— Merci maman.

William eut du mal à relever Ten’ et tenta de le porter, mais il était trop grand et lourd.
Ten’ réussit à se remettre debout et marcher jusqu’au portail avec difficulté.

— Allez mon grand, encore un petit effort et on sera rentré. Je vais te soigner chez moi.
Dit William pour l’encourager.

— Merci William…
Remercia Alexandra avant qu’il ne passe le portail.

Il força un sourire.

— On te tiendra au courant de la suite, merci encore pour tout…

*

Chris et Alexandra étaient maintenant seuls.

— La trace s’arrête ici… difficile de dire combien ils étaient mais certainement trop forts. On peut commencer à compter par ici. C’est étrange qu’ils n’aient pas laissé de traces avant.
— C’est Aurore qui a invoqué son pouvoir pour la voiture… au vu du sens, elles sont tombées de la route au dessus mais il n’y a aucun impact. Je n’ai pas vu de trace de sang à l’intérieur, j’espère qu’elles vont bien…
— Il n’y a pas de trace de sang sur le sol non plus, peu importe leur raison, ils les voulaient en bon état… heureusement…
— Super… pour combien de temps… ?

Elle soupira et se remit en marche pour repasser l’endroit au peigne fin, la boule au ventre.
C’était certain, c’était un enlèvement.

« J’espère qu’elles vont bien, j’espère qu’elles sont encore en vie. »
Se répétait-elle, en boucle, perdue dans ses pensées, le regard à l’affut du moindre indice.

Chris, s’en rendit compte, il la connaissait trop bien. Il était également inquiet pour Hélène et Aurore, mais il réussissait à garder un certain calme. Maître de ses émotions, peut-être qu’il n’arrivait pas encore à réaliser la gravité de la situation.
Il attrapa la main d’Alexandra et la serra contre sa poitrine.

— Je suis désolée…
Lâcha t-elle, les larmes aux yeux. Ses émotions venaient de prendre le dessus et le geste de Chris venait d’ouvrir ses vannes.

— Ne sois pas désolée, on a quelques indices, on va les retrouver, et vite… rentrons pour prévenir Gabriel. Je ne pense pas qu’on puisse trouver autre chose. Les traces disparaissent avec le portail qu’ils ont posé. Il nous faudra un spécialiste pour nous en dire plus sur la distance de la sortie, ou même la destination…

— Ah… tu as raison, rentrons. Il fait trop sombre pour bien y voir… je vais rouvrir mon portail vers la boutique…
— Ca va aller… ?
— Oui… merci Chris… je sais que je ne devrais pas perdre mon calme comme ça…

Il l’embrassa sur le front.

*

Ten’ était en soin chez William.
Alain était auprès de Gabriel et Cean les avaient rejoint.
Ils étaient dans le bureau et attendaient le retour d’Alexandra et Chris.
Lorsqu’ils arrivèrent, elle s’approcha de Gabriel, Chris s’était approché de son fils pour lui parler.
Gabriel ne put s’empêcher d’attraper Alexandra et de la serrer dans ses bras.
Il avait remarqué ses yeux légèrement rouges et malgré son sourire forcé, il la connaissait trop bien pour deviner qu’intérieurement, elle était beaucoup trop inquiète.

— Alain m’a fait un résumé, est-ce qu’il y a autre chose que je dois savoir… ?
Demanda t-il, en serrant la main d’Alexandra.

— Chris a proposé qu’on demande un expert de portails de téléportation. Il doit rester des résidus qu’on peut encore analyser… aucune nouvelles de ton côté ?
— Non. C’est étrange qu’on ait rien reçu comme demande de rançon… ni aucune annonce au sujet d’enlèvement… j’ai déjà fait une demande pour l’expert, il ne devrait plus trop tarder. De mon côté… je n’ai rien trouvé, encore…

— Il n’y avait pas de trace de sang, même s’il y a eu une lutte, je pense qu’elles ont été en sous nombre et contre beaucoup plus fort. J’ai une certaine certitude qu’ils les voulaient en vie…
Expliqua Chris.

— C’est toujours ça de prit… qu’est-ce qu’ils peuvent bien leur vouloir s’ils n’en n’ont pas après nous… ?

Alain n’osait pas s’exprimer. Il se sentait coupable de n’avoir pas réagit plus vite, et compris le message lorsque Ten’ rentra seul.

— Alain… tu n’aurais rien pu faire de plus, ne te jette pas la faute. Lorsque Ten’ est rentré, je pense qu’elles avaient déjà pris le portail, depuis un long moment.
Essaya Chris, de lui remonter le moral.

Il baissait la tête, les poings serrés, en restant silencieux.
Chris n’insista pas plus.
Cean était également silencieux, il écoutait les échanges sans broncher. Sa seule forme d’expression était son poing qui était crispé et serré.
Sa soeur, ses soeurs avaient disparu et il n’arrivait pas à imaginer un scénario qui se finissait bien.
Il n’avait aucune idée de comment les retrouver, ni ses parents. Il sentait le désespoir dans cette pièce mais ils devaient y croire.
Après avoir échangé leurs informations, cela ne servait à rien d’étaler leurs hypothèses et ressasser les idées noires. Cean et Alain quittèrent la pièce, après que leurs parents les mirent en garde de faire attention et ne pas s’éloigner ni se balader seuls.

— On sait. On sait se défendre maman…
Avait répondu Cean, exaspéré.

— Hélène aussi… sait se défendre… ne sous-estimons pas l’ennemi.
Répliqua Chris, pour le mettre en garde.

— … On fera attention.
Finit par dire Cean, un peu gêné de s’être fait reprendre.

Ils ne pouvaient rien faire d’autre qu’attendre.
Les minutes et les heures passèrent et Alexandra, ne pouvant tenir sur place, se rendit dans la salle d’entraînement pour s’échauffer et laisser échapper toute cette frustration. Tenter de penser à autre chose.
Gabriel ne pouvait pas se joindre à elle, il lui restait d’autres affaires à traiter, il jeta un coup d’oeil à Chris et lui fit un léger signe de la tête pour lui demander de la suivre. Chris acquiesça, c’était ce qu’il avait prévu, et ils quittèrent le bureau, laissant Gabriel seul.
Chris servait d’adversaire et en profita pour s’échauffer également, se tenant prêt pour toute éventualité.
Alain et Cean avaient fini par avoir la même idée et, en entendant du bruit dans cette salle d’entraînement, curieux, ils y jetèrent un coup d’oeil, et ils virent leur mère se battre avec Chris qui défendait. Parant chaque coup. Il était concentré et cela ressemblait à un combat unilatéral. Ils avaient rarement l’occasion d’assister à un entraînement sérieux de leur mère.
Ils s’échangèrent un regard, puis essayèrent de se remémorer la dernière fois qu’ils avaient pu regarder leur mère se battre. Cela remontait à trop loin. Lorsqu’ils étaient encore petits et qu’ils avaient l’habitude de la suivre partout.
Ils en eurent quelques sueurs froides de voir la différence de force entre elle et eux, et se jaugèrent mutuellement. Pensant la même chose, qu’ils devraient également s’entraîner plus souvent.
Ils avaient grandi et ils avaient suivi des cours, mais il était vrai qu’ils n’avaient plus eu d’occasion ni de raison de se battre sérieusement.
Ils n’osèrent pas déranger et s’en allèrent, utiliser une autre salle d’entraînement.
Chris les avait vu, leur mère étant dos à eux, et trop concentrée, elle n’avait pas fait plus attention.
Il jeta un regard rapide vers la porte entrouverte lorsqu’ils s’en allèrent.

— Es-tu prête ? C’est à mon tour.
Dit-il, avec un sourire mesquin sur son visage.

Elle était essoufflée et voyant son attitude joueuse, elle ne put que se détendre et lâcher un petit rire.

— Pardon, je crois que j’y suis allée un peu fort… ok, à ton tour.

Elle prit un peu de recul et changea de position de son corps pour être de trois-quart en face de lui, les poings levés, elle se balançait d’un pied sur l’autre. Prête à parer quelques coups, elle hôcha la tête en sa direction.
Il n’y alla pas de main morte. Il commença fort et cela la surprit. Il sourit un peu plus, la voyant prise au dépourvu, elle se repositionna et para les coups.
Son humeur taquine l’aida à relâcher la pression un instant, se prenant au jeu, elle laissa de côté ses angoisses et sa colère face au temps qui s’écoulait.

— Ca va mieux ?
S’enquit-il.

Elle lui sourit, transpirante, en guise de réponse.
Après leur session d’échanges. Ils sortirent de la salle et entendirent des éclats de voix dans une autre salle.
Elle s’étonna et interrogea Chris d’un regard.
Il haussa les épaules et l’incita à aller voir.
Elle ne se fit pas prier, et elle vit avec surprise ses fils.

— Ils sont venus jeter un coup d’oeil lorsqu’on s’entrainait.
— Je n’ai rien remarqué…
— Tu étais trop dedans en plus d’être de dos.
— … Parfois j’oublie qu’ils sont adultes et indépendants…

— Même s’ils ont de bons restes, ils devraient clairement revenir aux cours des confirmés.
Soupira Chris.

Ce qui fit glousser Alexandra.
Après leur séance, ils se dirigèrent vers les douches.
Les garçons dans la partie du vestiaire qui leur était réservée, Alexandra préféra rentrer chez elle.

*

Ce fut en pleine nuit qu’ils eurent des nouvelles des experts. Ils avaient réussi à trouver une trace infime du lieu possible d’arrivée du portail. Le résidu était faible mais ils étaient presque certains que c’était dans leur dimension, et la distance probable était vaste mais cela leur donnait un lieu où commencer les recherches.
La carte indiquait une région qu’ils connaissaient peu, rocheuse, montagneuse. Ils ne savaient même pas quelle éthnie occupait cette zone et la probabilité qu’elle soit hostile à leur égard était forte.

— Voici donc le périmètre possible… rien ne nous dit qu’elles soient là, mais au moins, cela nous indique un endroit où on peut commencer à enquêter.
— Ce n’est pas la porte à côté…
— J’ai déjà une équipe qui est partie faire un premier repérage, je préfere attendre leur retour avant de foncer tête baissée.
— Je suis d’accord… même si j’ai du mal à ne rien faire, je sais que c’est la décision la plus sage. Toujours rien sur une potentielle rançon… ?
— Rien. Personne d’extérieur n’a cherché à me joindre. Pas de message. À croire que ça n’a aucun lien avec nous.
— Ou alors… ils n’ont aucune intention de négocier…

Chris était resté songeur.
Etudiant le dénivelé de la carte, il finit par s’exprimer après avoir écouté les arguments des deux autres.

— On va avoir besoin de Ten’… je vais aller voir William et en discuter avec lui, déjà pour savoir si son état lui permet de nous accompagner… mais j’ai peur que sans lui, on n’arrive à rien. Il y a énormément de montagnes… cela leur offre un avantage et de quoi se cacher.

Alexandra se dirigea vers lui et attrapa sa main pour la serrer dans la sienne. Sans un mot.
Il se tourna vers elle et lui sourit tristement.
Son étreinte était plus forte.
Même s’il gardait son sang-froid, il était extrêmement inquiet et essayait de ne pas le montrer.
Elle resta à ses côtés et elle le connaissait assez pour savoir que cette situation l’affectait.
Elle lui apportait du soutient.

 

2021.06.09

Réconciliation

Cela faisait des semaines qu’Aurore était à l’extérieur.
Sa mère ne semblait pas inquiète, elle était avec Jasper et elle lui faisait confiance, à lui et à sa fille.
Son père était un peu plus inquiet et aurait pu aller la chercher directement si sa femme ne l’avait pas raisonné.

— Comment tu peux rester aussi calme… ?
— Elle nous avait déjà parlé de son désir de vivre en ville, qu’elle vole un peu de ses propres ailes. Elle n’est pas sans toit. Jasper est responsable.
— Mais… elle est encore si jeune !
— Non. Elle est majeure et elle n’est plus une enfant. Tu as du mal à couper le cordon parce que tu la considères encore comme ton bébé.
— Non ! … Peut-être… je suis juste inquiet. Je veux comprendre… Est-ce qu’elle nous en veut… ?
— Je ne pense pas… tu as peut-être mis trop de pression sur elle en lui disant que tu voulais qu’elle prenne la suite…
— Je sais… on en a déjà parlé… ce n’était pas mon intention, tu le sais bien…
— Quoi qu’il en soit. Elle a juste besoin d’expérimenter et d’un peu de liberté. Tant qu’elle ne fait rien de grave, laissons la prendre la distance dont elle a besoin. Pour l’instant. William est rentré l’autre jour et nous as rassuré sur ce qu’il en était, tu te souviens ?
— Si elle est en train de faire n’importe quoi, je lui passerai un savon !
— Je ne sais pas si tu es inquiet ou en colère, parfois.
— Un peu des deux. Comprends moi, on a aucune nouvelles d’elle. Elle est partie du jour au lendemain sans aucune explication.

Ils récupérèrent un message urgent et confidentiel.
Gabriel l’ouvrit, curieux de recevoir un tel courrier.
Alexandra était à ses côtés et lorsqu’ils lurent le contenu. Plusieurs fois.

— Il a dû se passer quelque chose. Tu connais le destinataire ?
— Non, mais j’ai déjà entendu parlé d’une certaine Chloé. Si je ne me trompe pas, c’est une vampire qui est installée en ville. Je vais demander à mes informateurs de me retrouver l’adresse exacte dans les archives.
— Qu’est-ce que cela veut dire… ? Est-ce que tu penses que c’est un piège ?
— … Les probabilités sont faibles, d’après mes sources, c’est une pacifique. D’où sa planque en ville. Ce n’est qu’un tout petit clan et nous provoquer n’est pas dans son intérêt.
— J’aurais bien proposé d’y aller mais tu sembles le plus qualifié… puis je pense que vous avez besoin de discuter avec Aurore.
— … J’irai demain matin, il est trop tard maintenant. Je te confierai les affaires à traiter de manière urgente et-
— Oui, ne t’en fais pas, je sais comment ça marche, depuis le temps.

Elle posa sa main sur l’épaule de Gabriel et lui adressa un sourire rassurant.

— Ne t’inquiète pas…
— Non, je ne m’inquiète pas. Si tu me dis que cette Chloé est pacifique, je te fais confiance.

*

Gabriel arriva en ville.
Il n’était pas à l’aise mais il n’avait pas le choix. Il était bien habillé : une chemise légère, un pantalon en jeans et un manteau long.
Il entra dans le bâtiment et se dirigea à l’accueil pour demander Chloé.
Vladislaw le reçut et il prévint de suite l’intéressée. Très peu de personnes étaient au courant de Chloé et la demander était chose rare.
Chloé arriva, aussi bien habillée que l’invité, elle se présenta et l’invita à la rejoindre dans un lieu plus approprié.
L’accueil n’était pas très éclairé, une lumière tamisée laissait voir les murs et le sol, mais les détails comme les visages n’étaient que peu visibles.
Gabriel ne se sentait pas en sécurité et il s’attendait à une embuscade, ou un piège. Il était méfiant.
Lorsqu’on lui dit d’attendre, il se tenait sur ses gardes.
Et il fut surprit, même s’il aurait dû s’y attendre, de voir une jeune fille à peine plus âgée que sa propre fille, le saluer et l’inviter à la suivre.
C’était perturbant. Il savait qu’elle était plus vieille que lui en terme d’âge, beaucoup plus âgée, mais son apparence physique était toute autre.
Elle vit sa réaction dans son regard, et ne put s’empêcher de sourire.
Ce n’était pas tous les jours qu’elle avait de voir cette surprise sur le visage des gens en sachant ce qu’elle était.

— Bonjour, vous êtes… le père, je présume ?
Demanda t-elle, avec sa politesse habituelle.

Elle le salua en lui tendant sa main pour la lui serrer.
Il eut un moment d’absence, ne sachant pas comment y répondre avant de tendre la sienne.
La poigne de la jeune femme était forte.

— Veuillez me suivre, nous allons discuter dans un lieu plus adapté.
Annonca t-elle.

En ouvrant la marche. Elle rassura Vladislaw qui était au guichet et emmena l’inconnu à l’intérieur, derrière la porte réservée au staff.
Il lui était étrange de voir cette personne si jeune, parler de manière si soutenue.
Lorsqu’ils arrivèrent dans la pièce ouverte qui ressemblait à un salon, il put enfin voir son interlocutrice avec une lumière plus forte, même si elle restait diffuse. Sa jeunesse était encore plus frappante.
Sa corpulence, la finesse de sa morphologie et de ses traits.
Elle le fit s’asseoir et commença à discuter plus amplement avec lui.

— C’est un honneur de vous rencontrer. Je suis Chloé, avant de commencer, est-ce que je peux vous offrir quelque chose à boire ?

Elle était confortablement installée dans le canapé et proposa cela sans arrière pensée mais son interlocuteur ne sembla pas le prendre ainsi.

— Enchanté. Gabriel. Non, merci. Est-ce que ma fille… ?

Il ne savait pas comment se comporter, il restait méfiant et sur ses gardes, observant ses alentours et se demandant si Aurore était vraiment là.

— Ne vous inquiétez pas, votre fille se repose dans une des chambres. Je souhaitais m’entretenir avec vous calmement au préalable.
Expliqua Chloé avec sa voix douce.

Gabriel resta silencieux et attendit, invitant Chloé à continuer.

— Je m’excuse pour cette invitation soudaine, c’est un des miens qui a pris l’initiative de ramener votre fille ici parce qu’elle était en danger.

Elle expliqua les détails puis montra la chambre de Nao et laissa Gabriel entrer et discuter avec Aurore.
Elle était réveillée, assise sur le lit, elle avait entendu leurs voix et elle appréhendait le moment où son père viendrait la récupérer.
Il fut aussi surpris de la voir, croyant que ce n’était qu’un piège, il avait eu tort.
Un peu gêné de ne pas savoir par quoi commencer leur retrouvailles, il s’avança un peu pataud jusqu’à elle.

— Est-ce que je peux m’asseoir à côté de toi… ?
Demanda t-il, craignant qu’elle ne refuse.

Elle acquiesça d’un mouvement de tête et se décala pour lui laisser la place.

— Bonjour, papa…
Répondit-elle, honteuse.

Elle ne savait pas de quoi exactement. D’avoir été confronté au danger où d’être partie de la maison ? Quel était le pire ?

— Bonjour Aurore… comment vas-tu… ?
— Ca va… mis à part… que tu aies dû venir jusqu’ici pour me chercher… je suis désolée…
— C’est rien, je peux prendre le temps de venir te voir, surtout si tu es en danger… ne sois pas désolée pour ça…
— Je… je suis aussi désolée d’être partie de la maison… sans rien vous dire…
— … Pourquoi tu nous as rien dit… ? On aurait pu en discuter sans que cela embête ton cousin… puis… est-ce qu’on a fait quelque chose ou dit quelque chose qui t’aurait fait penser le contraire… ?
— Non… c’est que… j’avais besoin de réfléchir… seule… pardon…
— … Maman a dit que je devais te laisser le temps, si elle ne m’avait pas raisonné, peut-être que je serai venu frapper chez Jasper et te ramener par la peau du cou sans tarder… je te dois peut-être des excuses… au sujet de ce que je t’ai dit sur la succession. Je ne voulais pas te mettre la pression. C’est vrai que je vois en toi les qualités pour et j’ai envie que tu prennes notre suite, mais ce n’est peut-être pas ce que tu souhaites. Tu es encore jeune et tu as le temps de choisir ta voie. Sache que si jamais tu le veux, peu importe quand, je serai ravi de te former.
— Merci… C’est vrai que j’ai eu peur… ça m’a fait peur d’avoir… de te decevoir… j’avais encore envie de vivre des nouvelles choses et des expériences… j avais peur de ne pas etre la fille modele que vous esperiez si je vous confiais ce que j avais vraiment envie de faire… puis… j avais besoin de faire le point…

*

Après s’être expliqués longuement dans la chambre, ils se serrèrent dans les bras.

— Est-ce qu’on rentre à la maison… ?
— Oui… je crois qu’il est temps…

Chloé était ravie qu’ils n’y ait pas de disputes et elle les laissa s’en aller.
Aurore s’inclina timidement et les remercia, elle et Nao qui n’était pas loin.
Inquiet pour Chloé, il s’était positionné en tant que garde à ses côtés et dévisageait Gabriel de manière intense et impolie.

 

2021.06.07

Illusion

Elle était venue dans cette maison où elle avait l’habitude de passer pour passer du bon temps et retrouver des amis, mais ce jour là, quelque chose clochait.
Elle était arrivée plus tôt dans la journée parce qu’elle n’avait ni de travail et n’était pas non plus étudiante.
Son amie avait l’habitude d’être là, c’était la propriétaire officieuse des lieux.
Elle ne travaillait pas ou peu, ce qui lui permettait de s’occuper de l’endroit, et en échange, ceux qui venaient ici lui apportaient souvent de quoi manger, des denrées alimentaires, des vivres, qu’elle pouvait consommer et ainsi continuer à mener ce train de vie.

Lorsqu’Aurore arriva, elle eut un mauvais pressentiment. Elle n’avait pas l’habitude de ressentir cela, mais aujourd’hui et en cet instant précis, elle n’était pas à l’aise et Ten’, qui l’accompagnait toujours, avait ressenti également quelque chose.
Il grognait et s’était avancé pour passer devant Aurore.
Elle avait peur.
Elle n’osait pas avancer dans ce lieu qui était d’habitude si accueillant.
Une boule dans la gorge et un poids dans l’estomac, elle s’avança prudemment pour avoir une vision d’ensemble.
Elle avait appris ça. Ce n’était vraiment pas grand chose et elle regretta de n’avoir pas suivi de manière plus assidue les cours que Chris lui avait donnée quand elle était plus jeune.
Elle observa la pièce à vivre, où se trouvait plusieurs canapés et une table basse.
Tout était rangé et propre ce qu’il signigiait que son amie était passée par là.
Aurore l’appela, à haute voix, en espérant une réponse.
Le son résonna dans la maison, sans réponse.
C’était angoissant.
Puis en s’approchant, elle aperçut le corps sur un des canapés. Il était allongé et la personne semblait s’être endormie mais quelque chose en Aurore craignait le pire.
Elle s’avança encore plus près, et elle reconnut son amie. Sa chère amie.
Elle voulut s’approcher et la toucher pour savoir si elle était encore en vie.
Elle ne savait pas comment réagir, elle avait envie de crier et hurler. Que se passait-il ?
Est-ce que c’était une mauvaise blague ?
C’était certainement le cas.
Une voix retentit derrière elle et l’arrêta.

— C’est un piège, n’approche pas.
Une voix masculine, froide et sèche prononça ces mots dans le creux de l’oreille d’Aurore, ce qui la fit sursauter.

Ten’ n’avait pas réagit, ce qui était étrange en y repensant, elle se souvenait de cette voix.
Elle se retourna et elle tomba nez à nez avec le jeune adolescent qu’elle avait croisé auparavant.
Elle était encore plus dans l’incompréhension.
Elle le regardait avec tellement de questions qui lui venaient à l’esprit qu’elle ne sut pas par quoi commencer.
Il ne l’aida pas et ne répondit en rien à ses questions non posées.

— Ne reste pas là. Sortez, et maintenant.
Dit-il, toujours aussi froid mais plus pressant.

Il lui attrapa le bras et l’entraina en dehors de la maison.
Ten’ les suivit aussitôt.
À l’extérieur, le garçon l’attira derrière un arbre et à l’écart de la maison.
Aurore était essoufflée et son coeur battait trop vite. Elle était encore secouée par les évènements.
Puis elle vit la maison prendre feu.
Elle se figea et était sur le point de s’effondrer quand le jeune homme posa sa main sur son épaule.

— Ce n’est qu’une illusion. Ce n’est pas réel. Quelqu’un en a après toi.
Aurore était en état de choc.

Est-ce qu’elle devait faire confiance à cet enfant ?
Est-ce que ce n’était pas plutôt lui, l’ennemi ? Pourtant Ten’ ne semblait pas être sur ses gardes.
Pendant qu’Aurore était perdue dans ses pensées, une attaque surgit de nulle part et allait s’abattre sur elle, Ten’ n’eut pas le temps de réagir et ne pouvait rien faire.
Le projectile magique fut dévié grâce au garçon qui poussa Aurore, il s’était jeté sur elle pour pouvoir éviter la trajectoire et il avait pu invoquer un bouclier qui dévia une partie de l’attaque.
Il ne regardait pas Aurore, il essayait de deviner d’où provenait l’assaut, malheureusement il n’avait pas eu le temps de voir et ils avaient été assez bons pour se camouffler à nouveau ou bien changer tout de suite d’endroit.
Il jura et se releva aussitôt, après avoir attendu assez pour s’assurer que la voie était libre.
Il tapa ses vêtements pour retirer les morceaux de feuilles mortes et la terre sur les tissus.

— Tu sais rien faire ?! T’as rien remarqué ? Tu n’es plus en sécurité ici.

Il continuait de guetter les environs, en craignant une autre attaque.
Il n’était pas spécialement agréable ni gentil avec Aurore et elle était trop en état de choc pour relever ses paroles.
Elle se força à se remettre debout, toute seule.
Cela ne lui était même pas venue à l’idée de lui demander de l’aide et il était trop occupé à scruter les alentours pour lui tendre la main.
Lorsqu’il la vit enfin debout.

— Suis moi.
Dit-il, aussi froidement qu’à son habitude.

Elle hésitait. Est-ce qu’elle devait vraiment le suivre… ? Il venait de la protéger, ce n’était pas rien.
Voyant son hésitation, il soupira.

— Je ne te veux rien, mais ça me ferait chier de te laisser mourir ici ou qu’on t’enlève alors que j’étais dans le coin. On discutera lorsqu’on sera arrivé.
Expliqua t-il, en essayant de paraître sympathique.

C’était le maximum de ce qu’il pouvait faire.
Elle se laissa convaincre, elle n’avait pas le choix. Elle ne pouvait pas retourner chez son cousin et le mettre également en danger.
Elle espérait qu’il allait bien. Elle ne pouvait que l’espérer.
Elle hôcha la tête et le suivit.

*

Ils faisaient presque la même taille, il était légèrement plus petit qu’elle. Il faisait si jeune même s’il se donnait des airs de grande personne. La manière dont il s’habillait pouvait le faire passer pour un jeune étudiant mais son physique était vraiment plus jeune.
Elle se demanda si ce n’était pas parce qu’il était asiatique. Elle ne voulait pas être raciste mais c’était son fil de pensée.
Elle le suivit sans rien dire, elle n’osait rien dire et Ten’ ne semblait pas s’en méfier.
Elle jeta un regard sur son chien, en pensant très fort qu’elle faisait confiance à son flair.
Ils sortirent du bois assez rapidement et se retrouvèrent dans les ruelles de la ville assez rapidement.
C’était plus rassurant d’être entouré d’autres passants mais il ne semblait pas baisser sa garde.
Ils empruntèrent une petite ruelle et entrèrent par la porte de sortie.
Enfin à l’intérieur, il faisait sombre, une lumière rouge tamisée était prédominante mais avec la soleil à l’extérieur, Aurore avait des taches sombres devant les yeux et il lui fallut quelques minutes avant de s’habituer et voir quelque chose.
Elle aurait pu avoir peur, elle était plus que vulnérable.

— Bon, maintenant qu’on est ici, on va pouvoir prendre notre temps pour parler.
— Qui es-tu, réellement… ? »
— Un vampire. Je crois qu’on nous appelle encore comme ça, dans ce monde ?
— Pourquoi tu m’aides… ?
— … J’étais dans le coin. J’ai vu que quelqu’un avait récupéré tes cheveux, et ça m’a paru assez louche pour que je mène mon enquête… on se fait chier quand on peut vivre des centaines d’années, ouais.
— Tu aurais pu me laisser…
— Oui oui, simple acquis de conscience. J’aurais eu du mal à dormir en sachant que j’aurais pu faire une bonne action… quelqu’un doit avoir une mauvaise influence sur moi… bref. Ca n’a pas l’air de t’étonner qu’on en ait après toi. T’es qui, au juste ?
— …
— Je t’ai révélé mon identité. Tu n’es pas une simple humaine, apparemment. Sinon ils n’auraient pas pris tes cheveux pour te traquer et monter ce stratagème.
— Je ne suis pas complètement humaine… est-ce que mon cousin ne risque rien… ?
— Je sais pas qui c’est, mais normalement il ne rsique pas grand chose. Avec tes cheveux ils ne peuvent traquer que toi.

Elle lâcha un soupir de soulagement.

— Pourquoi on en a après toi ? Ca n’a pas l’air de t’inquiéter alors que tu y passais si je n’étais pas intervenu.

C’était à son tour d’être curieux.
Il n’eut pas le temps d’avoir sa réponse qu’il entendit quelqu’un approcher dans sa direction.

— Hé, que vois-je ?! Tu as amené quelqu’un ?! Et tu nous la présente pas… ?
Flora arriva, mi-amusée et surprise de cette nouvelle présence.

Ten’ restait sur ses gardes mais ne montrait pas les crocs.

— Bonjour… comment s’appelle ton amie ?
Demanda Flora, curieuse.

Il ne sut pas quoi répondre.

— Ne me dis pas que tu ne sais même pas son prénom… je te pensais cavalier mais pas à ce point !
Flora semblait outrée. Il ne releva pas mais il avait déjà envie qu’elle s’en aille.

— … Aurore… je m’appelle Aurore. Excusez moi, nous ne sommes pas vraiment amis… il m’a aidé et…

— Attends. Il t’a aidé ?!
Flora était choquée au point de la faire répéter puis, après avoir jaugé son compagnon de haut en bas, laissa Aurore continuer.

— Eh bien… je n’aurais jamais cru ça de lui. Je vois que Chloé à quand même une bonne influence sur toi.
— Je… ne voudrais pas déranger.

Aurore avait vu à quel point l’arrivée de cette femme le mettait mal à l’aise, et elle préférait ne pas s’éterniser. Est-ce qu’elle était également une vampire ?

— Oh non, Aurore, c’est ça ? Tu ne déranges pas du tout, si Nao t’as emmenée ici c’est qu’il y a une bonne raison. Par contre, mieux vaut en parler avec Chloé, c’est elle qui commande ici. Suis moi. Nao, tu viens aussi.

— Il n’est pas méchant tu sais, juste un peu farouche. Pardonne lui.

Flora parlait de lui comme s’il n’était pas là et Aurore pouvait très bien l’imaginer pester intérieurement et rouler des yeux.
Elle préféra rester silencieuse.

— Oh, j’ai oublié de me présenter, tu peux m’appeler Flora.
— Merci… pour votre hospitalité…
— Ce n’est rien. Nous sommes une famille ici, c’est normal de s’entraider. Et tu seras en sécurité ici, pour le moment.

Ils se rendirent dans une pièce un peu plus éclairée, c’était au sous-sol et cela avait été amenagé comme une pièce à vivre, un salon assez grand et spacieux, confortable.
La lumière restait tamisée mais était plus douce, jaune orangée.
Cela ressemblait à un studio appartement avec 4 chambres à coucher.

 

2021.04.21