Retour

Elle entra dans le hall de l’hôpital et se dirigea lentement vers le bureau d’accueil.
Elle observait chaque détail du bâtiment.
Cela faisait si longtemps qu’elle n’était pas retournée dans le monde des humains.
L’architecture lui avait manquée.
L’employée la dévisagea un peu.

— Est-ce qu’Alexandre est là, s’il-vous-plaît ?
— Veuillez patienter un instant s’il-vous-plaît.

Elle pianota sur le télephone posé sur sa table.

— Alexandre ? Quelqu’un te demande à l’accueil.

Quelques minutes après, il apparu, habillé d’une tenue d’infirmier.
Il avait grandit, évidemment. Cela faisait plusieurs années qu’elle ne l’avait pas vu.
Lorsqu’il la vit, ses pas s’arrêtèrent et il la fixa, comme s’il avait sous ses yeux un fantôme.
Alexandra resta également sans voix.
Elle senti l’émotion monter à ses yeux.
Elle serra ses mains entre elles pour les empêcher de trembler.
Il fit le premier pas.
Il s’approcha d’elle, s’arrêta à quelques centimètres et lui caressa la joue.

— Je ne suis pas en train de rêver… ?

2014.11.04

Infirmerie

Il venait passer la plupart de son temps libre dans la salle de recherche de l’infirmière.
Dès qu’il en avait l’occasion, serait plus juste.
Il ne restait qu’une semaine, il avait réussi à poser des congés au dernier moment.
Étrangement, il se sentait bien à ses côtés.
Elle avait des airs de fille forte, elle incarnait le rôle de la grande soeur ou de la mère avec perfection, pourtant, il lui arrivait de prendre un air un peu plus enfantin. Elle arrivait à se détendre à ses côtés.
Il ne la connaissait pas depuis longtemps, mais il avait l’impression de passer un moment privilégié, d’avoir rien que pour lui quelque chose de plus intime, précieux.
Il l’admirait, la regardant de sa hauteur, elle était un peu plus petite que lui.
Ses gestes étaient précis et sa parole posée, elle savait ce qu’elle faisait.
Il souriait bêtement et son coeur était étrangement apaisé.

— Tu m’écoutes ?

Elle se retourna vers lui.
Elle vit son air béa et fit mine de bouder.
Il ne put s’empêcher de rire.

— Qu’est-ce qu’il y a ?
— … Rien…
— Bien sûr que si ! J’étais en train de t’expliquer des choses importantes ! Et toi tu me regardes avec cet air de demeuré !
— De demeuré… ?

Il ne riait plus.
Elle se demanda si elle était allée trop loin dans sa répartie.
Elle regarda ailleurs en espérant qu’il ne soit pas fâché.

— J’allais justement te dire que je te trouvais tres érudite dans ton explication…

Elle se tourna de nouveau vers lui, rouge d’embarras.

— Tu te moques encore de moi !
— Mais non, pas du tout !

Il souriait. Il riait intérieurement de la situation.

— Qu’est-ce qui te fait rire, alors ?
— … Toi ? Non, je veux dire… Tes réactions.

2014.10.16

Rituel

Après cette réunion, j’ai dû dire à tous les gens qui venaient vers nous que nous n’avions rien fait qui mérite le respect, nous avions juste fait ce qui nous semblait juste.
Chris eu du succès auprès de toute la gente féminine et je me retrouvais seule au milieu d’inconnus.
Charles sortit de nulle part et m’emmena ailleurs, où je retrouvais Gabriel qui semblait m’attendre.
Il avait annoncé qu’une fête serait organisée en notre honneur.
Je lui avais dit que ce n’était pas nécessaire et que je devais rentrer pour rassurer mon père.
Il insista et me conduit jusqu’à sa chambre pour me parler d’un sujet important, en privé.
Il s’assit sur son lit à baldaquin et tapota la couverture pour m’inciter à le rejoindre.
Je l’imitais, un peu intimidée.

— Pour revenir à ce que tu m’as dit plus tôt… Es-tu certaine de vouloir rester à mes côtés… ?

Je mis quelques secondes à comprendre sa question.
Je rougis et mon avis n’avait pas changé.

— Oui… Je. J’ai bien réfléchi pendant ces années, et je pense que j’ai mûri. Je comprends mieux les sentiments que je ressens… Je crois que je vous aime…
— Cela me fait extrêmement plaisir… J’éprouve des sentiments très forts à ton égard, cependant, te rends-tu compte de l’âge qui nous sépare… ? Je pourrais être ton père…
— Et alors ? L’amour n’a pas d’âge… !
— Ce que je vais te demander, c’est… est-ce que tu souhaites vraiment t’unir à moi… ? Comment t’expliquer… ? Dans ton monde cela est proche d’un mariage… Sauf qu’ici, cela implique que nous allons partager une partie de nos pouvoirs, et si l’un de nous meurt, les pouvoirs rejoindront sa moitié… C’est quelque chose de très important. Cela décide du futur de notre peuple.

Je n’avais jamais entendu parlé de ça, sauf pour la famille. Je savais que si mon père mourrait, j’hériterais presque instantanément de tous ces pouvoirs. Cela impliquait de très grandes responsabilités.
Malgré tout cela, j’étais sûre de mes sentiments.
Je ne changeais pas d’avis.
Il souffla, rassuré mais inquiet.

— Je. Comment t’expliquer le rituel…

Il passa sa main dans ses cheveux, songeur.
Puis il s’approcha de moi et m’embrassa.
Il me demanda encore une fois.

— Tu es sûre ? Tu te sens prête ?

Après m’avoir allongée dans le lit, ses doigts glissèrent entre les miens.

— Oui.

Il construit une bulle de protection autour de nous.
Il m’expliqua que le rituel était une phase assez risquée puisque nous serions vulnérables.
Ses mains resserrèrent leur étreinte un peu plus fort.
La bulle permettait également d’isoler le son.
Une décharge électrique envahit tout mon corps.
Mes cellules humaines ne comprennaient pas ce qui leurs arrivaient tandis que l’autre moitié assimilait le processus.
Je convulsais et transpirais de douleur.
J’essayais de contenir ma voix pour ne pas inquiéter Gabriel.
Après les minutes les plus longues de ma vie, c’était à mon tour de transférer et partager mes pouvoirs.
Gabriel emmagasina le tout, en bronchant à peine. Quelques gouttes de sueurs apparurent sur son corps.
Epuisée, mes paupières se fermèrent d’eux-mêmes.
La bulle s’ouvrit et je sentis ses bras m’envelopper et m’installer confortablement dans le lit.
Le pacte était fait.
Nous étions liés.

Après avoir annoncé la nouvelle lors de la fête, que j’étais sa promise.
Les gens à moitié étonnés, se réjouirent et applaudirent.

2014.09.20

Discours

Chris m’avait rejoint un peu plus tard.
Nous attendions tous dans le grand hall.
Les personnes arrivaient petit à petit et remplissaient à vue d’oeil la salle.
Chrystal et Bellinda restaient à mes côtés.
Je n’avais pas spécialement besoin de garde du corps, mais les inconnus qui venaient vers moi pour me remercier me mettait dans l’embarras.
Il m’emmena auprès de Gabriel, laissant mes amies derrière moi.
Apparemment, Chris subissait le même traitement à cause des rumeurs qui circulaient.
Les regards étaient rivés sur nous, et à notre passage, le peu de gens qui n’avait pas eu vent des dernières nouvelles étaient rapidement mis au courant par des messes basses.
Nous nous dépêchâmes de rejoindre Gabriel et de nous retrouver un peu plus au calme.
Gabriel s’avanca vers son trône.
Au bout de la pièce, un fauteuil était installé au dessus de quelques marches.
Les cadavres avaient été évacués.
Les ennemis avaient été incinérés et le reste des corps des résidents avaient été emmenés dans une pièce spéciale pour qu’ils soient enterrés en bonne et dûe forme.
Gabriel s’adressa à toute la salle.
À peine il se racla la gorge que toutes les voix se turent et chaque personne attendait religieusement qu’il s’exprime.

— Merci à tous de vous être réunis dans ce hall.
Je vous dois des excuses d’avoir failli à protéger cette demeure. Nous avons perdus beaucoup de personnes chères à notre coeur. Moi-même, ici présent, aurais pu faire parti de cette tragédie.
Je comptais remercier en public nos deux sauveurs et invités.

Il fit une pause dans son discours, et nous fit signe de le rejoindre.
Tout le monde se retourna vers nous.
Nous n’avions plus le choix.
Il reprit la parole.

— Ils sont venus de loin et m’ont sauvé. S’ils n’avaient pas été là, il n’y aurait que des ruines à l’heure actuelle, et ce qui serait resté aurait été aux mains de l’ennemi.
Bien qu’étant étrangers, ils ont apporté leur aide à notre peuple.
Je leur dois ma vie.

2014.09.20

Bain

Il était épuisé et faisait de son mieux pour ne rien laisser paraître, mais je le voyais. Des gouttes de sueur apparaissaient sur son front et sa respiration était plus forte.
Après le dernier endroit à inspecter, un homme vint vers nous et semblait avoir des nouvelles à divulguer.
Il lui fit signe qu’il pouvait parler.
Il me jugea de son regard et s’exprima.

— Maître, les lieux sont sécurisés. Nous attendons vos instructions.
— Que tout le monde se détende dans les bains. Vous avez quartier libre. Préparez-vous et réunissez-vous dans la grande salle d’ici deux, trois heures. Ce sera tout.
— Bien, maître.

Il s’inclina et repartit aussi vite qu’il était venu.
Le maître posa sur moi son regard bienveillant et me fit signe de le suivre.
Arrivés devant ses appartements, il m’emmena dans une pièce cachée. Il y avait dans un placard, un téléphone fixe.

— C’est ma ligne privée. Tu peux joindre ton père et le tenir au courant de la situation sans inquiétude. Je t’attends à l’extérieur de la pièce. Prends ton temps.

Après avoir composé le numéro privé de mon père, j’apportais l’engin à mon oreille.

— Oui ?

J’entendis sa voix que je reconnaîtrai entre mille. Il était méfiant.

— Papa ?
Demandais-je timidement, pour m’en assurer.

— Alexandra ?! C’est bien toi ?!
— Oui, c’est moi. Je vais bien, Gabriel va bien, nous sommes arrivés a temps. Je vais rester un moment ici pour l’instant. Ne t’inquiète pas trop, Chris n’est pas loin.

J’essayais d’être succinte et de rassurer mon père du mieux que je le pouvais.

— … D’accord. Surtout fais attention à toi. Tu es assez grande pour savoir ce que tu fais… Peux-tu me passer Gabriel ?

J’appelais Gabriel pour qu’il prenne l’appareil.
À moitié surpris, il répondit à mon père.

— Oui ? … Oui… Ne vous inquiétez pas. Oui. Merci.

Je n’entendais que les réponses.
Il raccrocha.
Mon regard interrogateur l’amusa et nous quittâmes la pièce et sa chambre.
Nous nous dirigeâmes vers les bains publics.
Je retrouvais Chrystal et Bellinda sur le chemin.
Gabriel me confia à elles, pendant que Chris et Charles partaient avec Gabriel en direction de leurs bains pour hommes.

Elles me prirent sous leurs ailes et nous entrâmes une à une dans le grand bain public réservé aux femmes.
De nombreuses personnes étaient déjà présentes dans l’eau.
Il y faisait chaud et bon.
Difficile de croire que le château avait été à moitié détruit quelques heures auparavant.
Cependant. Les personnes étaient plus au moins blessées. Les bandages étaient retirés et Chrystal m’expliquait que des substances curatives étaient présentes dans cette eau et dans la vapeur.
À mon arrivée, les femmes se retournèrent toutes dans ma direction.
J’étais consciente qu’elles me considéraient comme une étrangère, et je pensais que c’était pour cela qu’elles me fixaient si intensément.
Puis, je me rendis compte qu’elles me saluaient de manière très respectueuse, une à une. Je ne comprenais plus.
Bellinda s’approcha de moi et m’expliqua que les rumeurs avaient circulé très rapidement. Elles avaient entendu les dires d’un autre interne que j’étais la personne qui avait sauvé le maître des lieux.
Ce n’était pas vrai et pas faux en même temps. Chris avait également joué un rôle important. J’étais plus que gênée.
Je ne me sentais pas de faire un discours pour leur expliquer la situation.
Je me contentai de m’enfoncer le plus possible dans l’eau chaude du bain.
Bellinda et Chrystal restèrent près de moi, et je leur fus reconnaissante du plus profond de mon âme.
Je me souvins alors de la première fois que j’étais venue dans ce bain. Il était presque vide. Il n’y avait que moi et Bellinda. C’était à une période creuse.
J’étais tellement intimidée.
Bellinda regarda ma cicatrice au ventre.

— Tu as encore cette cicatrice ?

Normalement, les gens d’ici cicatrisaient assez rapidement et la marque disparaissait.
Chrystal me sauva la mise.

— C’était une blessure empoisonnée.

À ces mots, Bellinda blêmit.
Ils étaient tous conscient de la virulence d’une blessure infligée par poison. Pour que la cicatrice reste autant apparante, la blessure avait dû être grave.
Elle s’imagina la douleur de celle-ci et se tut.
Elle me regarda avec un certain respect d’avoir survécu à ceci.
Je m’en voulais de lui mentir sur ce point, mais cette blessure infligée à un humain était presque comparable à du poison.
Chrytal m’échangea un regard complice et je ne dis rien.
Les personnes les plus proches entendirent notre conversation et commencèrent à répandre les dires à mon propos.
Chrystal était fière d’elle.
Je soupirais et retins qu’il fallait faire attention à ce que je pouvais dire.
D’un autre point de vue, ce n’était pas une mauvaise chose de répandre des rumeurs que j’étais une dure à cuire, et que j’avais survécue à une blessure mortelle empoisonnée.
On ne pouvait se douter que j’étais une demi-humaine.

Elles m’emmenèrent dans une chambre et on changea de vêtements.
Elles insistèrent pour que je porte quelque chose de très habillé.

— Cela fera plaisir au Maître !
Disait Chrystal.

Bellinda était du même avis, mais sembla un peu gênée.
Je savais qu’elle éprouvait des sentiments à mon égard, malheureusement mon coeur battait déjà pour quelqu’un d’autre.
Elle le savait et m’en avait parlé en privé quelques minutes plus tôt.

— Je ne peux pas rivaliser avec mon Maître. Cela me rassure que c’est lui que tu aimes. Je t’aime depuis que nous nous sommes rencontrées… Je vais peut-être continuer à t’aimer encore un peu. Mais je vais pouvoir tourner la page. Merci.

Elle m’avait serrée dans ses bras et embrassée asur le front.

— Je continuerai à te protéger, encore plus que jamais.
M’avait-elle dit.

Chrystal était tellement insistante.
De plus, l’une des robes que je venais d’essayer avait tapé dans l’oeil de Bellinda.
Je refusais. Toutes ces robes gênaient mes mouvements, si une attaque survenait je ne pourrais me défendre.
Comme pour répondre à mes arguments.

— Nous serons là pour te protéger. Tu n’as aucune excuse.

La robe était beaucoup trop belle pour moi.
Chrystal me souffla que ces robes avaient été confectionnées pour que je les porte.

2014.09.18

Maquette

Il se sentait mieux et il était temps de reconstruire les remparts du château pour éviter toutes nouvelles intrusions.
Il prit la main de la jeune fille et sorti de la piece

— Je vais te montrer quelque chose.

Un homme arriva et voulu dire quelque chose mais son regard s’arrêta sur la fille.
Le maître lui fit signe de faire fit de sa présence et de continuer.

— Elle est avec moi. Tu peux continuer.

Il lui fit l’état des lieux et de la situation actuelle.
Il enregistra toutes les données et se rendit à l’entrée du château.
Il demanda à la fille de bien rester à l’ecart.
Il se concentra et fit des gestes avec ses mains.
Les débris et briques commencèrent à bouger et se soulevèrent pour revenir à leur emplacement d’origine, lorsque tout était encore intact.
Elle resta bouche bée et fixa avec admiration toute cette architecture.
Elle se rappela la fois où elle avait visité les lieux et s’était arrêtée devant une maquette.
Elle avait admiré les moindres petits détails de cette architecture minuscule.
Tout était calculé au millimètre près et il s’en était souvenu.
Elle se rendait compte maintenant que cette maquette représentait le château.

Il fit le tour des lieux et reconstruit tout ce qu’il pouvait.
Les blessés étaient évacués par d’autres personnes et étaient redirigés vers l’infirmerie.

Elle se rendit compte qu’il commençait à se fatiguer.
Après avoir passé des heures à faire le tour de sa demeure qui était immense.
Bien qu’il était puissant, il avait ses limites.

2014.09.08

Réponse

Christal était dans l’infirmerie, adossée à un coin de la pièce et était en train de se bander une blessure avec sa main et ses dents.
Elle fut tout d’abord surprise de voir quelqu’un débarquer alors qu’elle était totalement sans défense dans cette situation.
Elle soupira de soulagement puis quelques secondes après, elle se rendit compte à quel point il était étrange de me voir ici.
Je m’approchais lentement, un cadavre gisait à côté d’elle.
Elle me regarda en souriant.

— Il ne faut pas sous-estimer une infirmière.

Quelques mètres plus loin, une autre masse humaine inerte était également étalée au sol.
Des scalpels plantés à des endroits biens stratégiques.
J’ai eu un frisson dans le dos.
Je ne la sous-estimerai plus non plus.
Mon esprit revint vers les priorités et je lui parlais de l’état de Gabriel.
Je l’aidais à se relever.

— Je m’excuse des propos que je t’ai tenu la dernière fois.
— Pardon ?
— Je me suis rendu compte à quel point j’ai été idiot. C’est à elle de décider, quoique je puisse faire.

Il souriait en admettant sa défaite.
Chris garda le silence.
Il comprit de quel sujet il était en train de parler.
Il étouffa un rire et finalement prit la parole.

— Je pense qu’elle a déjà fait son choix. Vous vous en rendrez compte assez rapidement, cependant j’accepte vos excuses.

Ils entrèrent dans l’infirmerie.
Chris senti le corps de Gabriel s’allourdir.
Il venait de perdre connaissance sur le palier de l’infirmerie.

— Hey !
Cria t-il.

Les deux femmes se retournèrent vers lui.
Alexandra se précipita pour aider Chris à porter Gabriel, tandis que Christal dégageait rapidement le bazard de la pièce pour libérer un lit.

— Reste avec nous…
Murmura Alexandra en retenant ses larmes.

Ils montèrent la garde pendant que Christal s’occupait de soigner les blessures de Gabriel.

Quelques heures plus tard, qui semblèrent interminables.
Christal sorti finalement.
Alexandra, qui était assise contre le mur, le regard perdu dans ses pensées, se leva aussitôt et avant même qu’elle ne puisse poser de question, Christal lui sourit.

— Il est hors de danger, tu peux entrer.

La joie fut telle que des larmes lui montèrent aux yeux et elle faillit enfoncer la porte.
Elle reprit ses esprits, remplit ses poumons d’air et ouvrit la porte calmement, et la referma aussi délicatement que possible derrière elle.
Le soleil était en train de se coucher et les rayons tapaient droit sur la fenêtre en face d’elle.
Il était là, debout, lui faisant dos.
Il reboutonnait sa chemise sur les bandages sur son torse et ses bras.
Il remarqua sa présence et se retourna.
La lumière l’empêchait de bien voir le visage de Gabriel, contrairement à lui, il pouvait reconnaître sa sauveuse.
Il n’eut pas le temps de se réjouir, elle couru vers lui et lui sauta dans les bras.
Elle le serra fort.

— Je suis heureux que tu me prennes dans tes bras… Mais je suis blessé…
Dit il à la fois joyeux et embarassé.

Elle s’éloigna sur le champ et s’excusa.
Les larmes coulèrent sur ses joues.
Il fut ému et s’approcha d’elle lentement, et lui essuya ses larmes avec sa main.

— Je…
Elle n’arrivait pas à trouver ses mots.

— Merci de m’avoir sauvé la vie.
Dit-il, comme pour continuer ses paroles.

Elle le regarda dans les yeux et prit tendrement la main sur sa joue. Elle la tint de ses deux petites mains et frotta le dos de la main contre sa joue.

— Ta main est chaude.

Elle ravala ses larmes et profita de ce moment privilégié.
Elle se rendit compte à quel point elle aimait cette personne.
Comme s’il lisait dans ses pensées.

— Je souhaiterai que tu restes à mes côtés…

Il eut un silence.
Elle rouvrit les yeux et fixa le regard de son interlocuteur.
Intimidé, il détourna le sien.

— Excuse-moi, oubl-
— Moi aussi.
— … ?

Il s’arrêta et prit conscience du sens de ses mots.

— Pardon ?
— Moi aussi !

Son regard était tout d’abord déterminé, puis à la seconde fois, embarassée, elle détourna ses yeux et fixa le sol.
Elle lâcha sa main, et ne sachant que faire, elle fit mine de retirer de la saleté sur son short.
Il n’en revenait pas.
Il attrapa son menton et lui demanda en prenant en compte d’avoir toute son attention. Les yeux dans les yeux.

— Tu veux bien rester à mes côtés ?
— … Oui… Ce n’est pas possible… ?

Elle était consciente qu’elle faisait son égoïste. Elle se pointait deux ans plus tard et lui déclarait ses sentiments. Il avait certainemet tourné la page.
Il approcha son visage lentement et lui déposa un baiser sur ses lèvres.

— Est-ce que cette réponse est suffisante ?

Elle devint rouge pivoine et murmura des bouts de mots incompréhensibles.

2014.09.04

Monnaie rendue

Des années plus tard, je pensais encore à Gabriel.
À tout ce qu’il avait fait pour moi, de sa gentillesse. De toutes ses qualités.
Mon père m’avait toujours laissé le libre arbitre pour mes relations amoureuses.
Chris était toujours à mes côtés, mais je ne pouvais accepter ses sentiments alors que je pensais à un autre homme.
Ce qui ne nous empêchait pas de nous entendre comme des amis.
Je lui avais dit que je nourissais des sentiments pour une autre personne et il m’avait répondu qu’il attendrait. Si un jour je changeais d’avis.
Alors que j’étais dans ma chambre, perdue dans mes pensées.
Pensant à ma mère, mon frère et à ce qu’ils devenaient, Chris entra en trombe dans la pièce.

— Sandra ! Le château de Gabriel se fait attaquer !

Il avait courru et son souffle était court.
Je me levais et courais vers lui.

— C’est vrai ?! Où est mon père ?
— Il est dans son bureau, va vite le voir !
— Merci, Chris !

Je courais à toute vitesse vers mon père.
J’espérais du fond du coeur que Gabriel allait bien.
La porte du bureau de mon père était grande ouverte, il discutait avec ses conseillers et informateurs.
Ils se tournèrent dans ma direction lorsque j’entrai dans la pièce.
Il fit sortir ses hommes et me dit d’approcher.

— Papa… Pour Gabriel-
— Respire, Sandra. Je viens d’avoir l’information que son château est attaqué. Cela semble être une grosse offensive…
— Il faut faire quelque chose !
Je m’emportais.

— Calme-toi, Sandra.
Je ne peux pas envoyer toutes nos troupes, l’ennemi pourrait en profiter pour prendre également notre domaine.
— Laisse-moi y aller !

Il eut un silence.

— Tu ne peux pas y aller seule.
— Il y a quelques années il m’a protégée pendant que nous étions dans une situation délicate. Nous devons faire quelque chose…
— Je n’ai pas dit que nous n’irons pas. Je te laisse y aller à condition que tu n’y ailles pas seule.
— Je suis partant.

Chris était à la porte et avait entendu notre conversation.

— Je veux que tu y ailles en tant qu’éclaireur. Rentre immédiatement si cela devient trop dangereux.
Chris, je te laisse surveiller le tempérament de ma fille.
Il s’inclina.

— Oui, monsieur. Comptez sur moi.
— Papa, merci.

Je le serrais dans mes bras et je partais en courant vers l’écurie.

— Sois prudente !
Cria t-il !

Je ne pensais plus qu’à Gabriel.
Pourvu qu’il aille bien.
Chris m’arrêta deux secondes.

— Calme-toi, nous allons arriver à temps. Garde ton sang froid.

Je respirais profondément et pris en compte les conseils de Chris.

— Oui, tu as raison… Merci Chris.

On chevaucha nos chevaux respectifs et nous avons galopé jusqu’au château de Gabriel.
Il y avait environ une heure de trajet.
Nous avons pris soin de désaltérer nos montures avant de partir.

Arrivés devant le château, il était en ruines.
Nous y sommes entrés comme dans du gruyère.
Il n’y avait presque plus personne, à part des cadavres par terre.
Je commençais à courir jusqu’à la salle principale. Celle tout au fond.
J’entendais du bruit.
Je sentis une présence et quelqu’un m’attaqua.
J’évitais au dernier moment et Chris me rejoignit.

— Va dans la grande salle. Je m’occupe de lui.
— Je ne vous laisserai pas passer !

C’était une femme qui maîtrisait le combat rapproché avec des dagues.

— Fais attention à toi Chris.

Je passais en évitant les coups de la femme.
Je lui donnais un coup de pied pour la repousser vers Chris.
Il l’attrapa.

— C’est moi ton adversaire !

Arrivée dans la grande salle, des soldats jonchaient sur le sol.
Je voyais au loin sur le trône, Gabriel qui se maintenait sur l’accoudoir, le sang coulait sur son abdomen et recouvrait une partie de son visage.
L’ennemi était en face de lui et était également amoché mais plus jeune et vif.
Il s’approchait de Gabriel et comptait mettre fin au combat.
Leurs paroles résonnaient avec l’acoustique de la salle.

— Tu tiens plutôt bien pour un vieux…
— …
— Je vais te finir…

À la vue de Gabriel dans cet état, j’ai commencé à voir rouge.
Je courais vers l’adversaire et le repoussait loin de Gabriel.
J’avais une épee et je me rendis compte que l’ennemi avait une lame empoisonnée.
Gabriel me vit et fut surpris.

— Qu’est-ce que tu fais là… ?! Va-t-en !

La lâme empoisonéee m’avait refroidie mais je faisais mine de n’avoir rien vu ni entendu.
Tant qu’elle ne me touchait pas, c’était bon.
Je me battais à l’épee contre cet homme.
Des gouttelettes de poison, dû au choc des lames, tombaient au sol.
Je faisais attention à ne pas en prendre sur le visage ni dans les yeux.

— Pas mal, jeune fille…

Il était amusé par le combat.
Gabriel commença à tousser et était sur le point de s’effondrer au sol.
Je criais intérieurement.

— Le petit vieux va finir par clamser tout seul !
Il riait.

Je perdis mon sang froid et je déchaînais une attaque magique.
Des faisceaux de laser partirent de ma main gauche.
Je trouais petit à petit le corps de cet homme malsain.
Il ne comprit pas ce qu’il se passait, puis il finit inerte, au sol.
Je courais vers Gabriel.

Il était genoux à terre. Se tenant d’une main à l’accoudoir de son trone.
Il me regarda.

— Ne t’approche pas !
Cria t-il.

Je mourais d’envie de le serrer dans mes bras.
Il lui murmura de ses forces restantes.

— J’ai été blessé avec du poison. Ne t’approche pas de moi.

Je m’arrêtais net.
Je savais que si j’entrais en contact avec le poison je mettais ma vie en danger.
À contre coeur. Je m’approchais de lui le plus possible, sans le toucher.

Quelques secondes plus tard, la femme ninja que Chris combattait, apparue dans l’entrée.
Mon coeur s’arrêta pendant quelques secondes.
Je sentais les larmes me monter aux yeux.
Où etait Chris ?
La ninja s’effondra après avoir fait quelques pas.
Chris apparu à son tour dans l’ouverture de la porte.
Pas mal amoché mais vivant.
Il enjamba le corps de son ennemie et me rejoignit.
Les larmes aux yeux, je le fixais.
Il se demanda si je pleurais pour Gabriel.
Il s’accroupit à mes côtés et examina rapidement le blessé.
Il tapota le haut de ma tête.

— Ne t’inquiète pas, il va s’en sortir.

Je lui attrapais la main.

— Ne me fais plus jamais une peur pareille !

2014.08.17

Intentions

Elle était portée dans les bras de Gabriel.
Bien qu’elle ne pouvait ni bouger ni parler, elle entendait des bribes de ce qui se passait autour d’elle.

— Ne sois pas aussi méfiant à mon sujet.
Dit-il.

Chris préféra garder le silence.

— Je m’excuse si les propos que j’ai tenu la dernière fois t’ont vexés, mais je suis sérieux.
— Laissez-moi en juger.

Ils arrivèrent devant la porte de l’infirmerie.
Chris passa devant et ouvrit.
La salle était claire et la fenêtre était ouverte.
La vue donnait sur la cour intérieure et une brise fraîche circulait dans toute la pièce.
Une jeune femme en blouse blancha vint vers eux.
Elle avait une longue tresse blonde.

— Bonjour monsieur. Quel-

Elle ne finit pas sa phrase et comprit la situation lorsque son regard s’arrêta sur elle.
Il lui fit signe de la poser sur un lit.
Il la posa délicatement.
Elle fit une rapide vérification de son état puis s’en alla chercher quelque chose dans ses placards.
Elle posa une petite serviette fraîche sur le front et tendit une tablette de chocolat à Gabriel ainsi qu’une bouteille d’eau.

— Rien de grave. Juste un peu de fatigue et d’hypoglycémie.
Son corps doit utiliser plus de ressources depuis qu’il récupère de ses blessures.

Elle se tourna vers Chris.
Gabriel fit les présentations.

— Christal, infirmière et à la tête des médecins du château. Elle s’est occupée d’Alexandra lorsqu’elle est arrivée ici.
Chris, le second invité et gardien d’Alexandra.
— Monsieur… Concernant les analyses…
— Tu peux lui dire.
— Bien, comme vous vous en doutiez, elle possède beaucoup de pouvoirs magiques dans son sang…

Chris se raidit et était sur le point d’étrangler l’infirmière.

— VOUS AVEZ ANALYSÉ SON SANG ?! DE QUEL DROIT ?

Il avait perdu son sang froid.

— Je te conseille de te calmer sur le champ. Christal n’a rien fait de mal. Elle a agit sous mes ordres.

Chris lâcha doucement le cou de Christal et se tourna vers Gabriel.
Il était anormalement calme.
Ils se regardèrent et étaient prêts à se battre.
Elle réussit à se réveiller à temps pour leur dire d’arrêter.
Ses yeux s’ouvrirent finalement et elle vit sur sa droite, les deux hommes se faisant face, Christal se massant le cou, près de son bureau.

— A.. Arrêtez… V… Vous deux…

Elle avait encore la bouche pâteuse.
Ils se retournèrent vers elle.
Gabriel s’approcha et l’aida à s’adosser contre l’oreiller.
Il lui ouvrit la bouteille d’eau et lui la tendit.
Il cassa également les morceaux de chocolat avant de les poser à portée.
Chris observa la scène, un peu impressionné de l’attention qu’il lui portait.
L’infirmière se déplaça jusqu’à la fenêtre et vérifia qu’il n’y avait personne. Elle ferma les vitres ainsi que la porte.

— C’est une information que je pense que vous voulez garder secrète.

Elle se tourna vers Chris, sur ses gardes.

— L’échantillon de sang ainsi que les archives des analyses concernant Alexandra ont été surprimés pour éviter toute fuite.
Ainsi l’information n’est connue que de moi et de vous, dans cette salle aujourd’hui.
— Vous ne pouvez pas…

Chris rageait au fond de lui.
Elle était encore dans les vapes et n’avait pas compris l’importance de cette conversation.
Christal prit son souffle et dit tout bas.

— Elle a du sang humain.

Il eut un long silence puis elle est restée tétanisée.
Personne ne devait le savoir.
Elle regarda Chris avec de gros yeux ronds.
Il serrait les poings et baissait les yeux.
Gabriel se retourna et empoigna Chris.

— Et tu comptais me le dire quand ?

Sa voix était posée et calme mais on pouvait entendre la colère qui grondait dans sa poitrine.
Chris ne savait pas comment réagir à cette réaction inatendue.

Elle venait de mettre au grand jour sa plus grande faiblesse. Elle était maintenant une cible facile.
Un flacon de poison et elle était finie.

— Je crois que tu ne te rends pas compte…

Il lâcha Chris et se tourna vers moi.
Chris était encore en train d’essayer de comprendre cette réaction.
Elle était complètement appeurée, tellement vulnérable.
Il s’approcha de plus en plus.

— Est-ce vrai ? Tu es à moitié humaine ?

Il lui posa cette question d’une voix si douce.
Des larmes commencèrent à naître dans le coin de ses yeux.

— Vous allez me tuer… ?
Demanda t-elle, totalement paralysée.

Gabriel s’arrêta net à sa question.

— Mais que racontes-tu ?

Il essuya ses larmes et la serra dans ses bras.

— Je ferai de mon mieux pour te protéger.

Elle fondit en larmes.

— Durant l’attaque que nous avons subit…
L’ennemi avait utilisé du poison sans être au courant du statut d’Alexandra. Par chance, elle n’a pas été en contact avec le liquide… Si cette information arrive aux oreilles des autres…
— Christal est une personne de confiance. Elle ne divulguera jamais cette information. Cela va de même pour moi.

2014.08.12

Sujet commun

Bellinda fut à moitié surprise de voir Charles ici.
Bien qu’ils avaient une relation de commandant-capitaine, ils n’avaient aucun soucis à communiquer d’égal à égal.
Charles était assez direct.

— Que penses-tu de la petite ?

Elle se placa sur l’autre porte, et lui répondit.

— Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
Dit-elle d’un air amusé.

— Elle t’intrigue ?
Il se prit au jeu.

— Depuis qu’elle m’a battue l’autre jour, alors qu’elle était en convalescence… On peut dire ça comme ça. Elle m’impressionne.
D’ailleurs, qui est-elle ? Je sais que c’est une invitée spéciale, mais…
— Curieuse, hein ?
Il riait.

— Bien sûr que je le suis !

Elle était un peu véxée qu’il se moque d’elle.

— Et toi, tu sais qui c’est ?
— Oui.
— …
— Je préfère te garder la surprise. Tu risques de ne plus la regarder de la même manière, si je te le dis…

Il prit un air mi-sérieux, les bras croisés, un pied contre la porte.
Il était songeur.
Elle s’assit sur la première marche de l’escalier.

— C’est bon, tu ne vas pas me dire que c’est une princesse, non plus.

Il eut un long silence.
Elle se retourna et le fixa.

— Si… ?

Il hocha la tête d’un air amusé.

— Non… !

Elle n’en croyait pas ses yeux.

— Attends, attends… Sérieusement ?!
— Eh bien. Quelle réaction. Évite de le crier sur les toits. Notre mission est de la protéger jusqu’à ce qu’elle rentre chez elle.
— J’arrive pas à y croire… Ça explique tout…
Pourquoi le maître est si intéressé par la petite…
Attends. Ne me dis pas que tu t’intéresses aussi à elle ?
— Pardon ?
— Ne fais pas l’innocent. Je t’ai vu. La manière dont tu la regardes…
— Ah ah, et toi alors ?

Elle fini par rougir et se taire.

— Un point partout.
Ajouta t-il.

2014.08.12