Petits

Tout petits, il s’occupait déjà de moi.
Marianne et ses parents étaient assez proches.
Ils avaient pris Marianne sous leur aile dès son arrivée. Entre gens de la plèbe, il falait se serrer les coudes. De plus elle avait un enfant à sa charge et ils se prirent de sympathie pour cette jeune femme.
Marianne était toujours souriante et accomplissait les tâches qu’on lui confiait sans se plaindre.
Ils lui enseignèrent les règles et les lois d’ici et elle leurs en fut très reconnaissante.
Ils avaient un fils plus âgé que moi.
Nous avions l’habitude de passer du temps ensemble lorsque ses parents étaient occupés par leur travail.
C’était également réciproque lorsque Marianne était occupée.
Nous fûment élevés comme frère et soeur.
Étrangement nous nous sommes jamais disputés. Avec l’âge nous passions moins en moins de temps ensemble. Lui, avait ses amis et jouait souvent à l’extérieur.
Moi, dès que je fus en âge de donner un coup de main, j’aidais Marianne dans ses tâches et j’en faisais même un peu plus.

Il rentrait parfois totalement recouvert de boue et n’osait pas le dire à ses parents.
Du coup, il frappait à notre porte et je le couvrais.
Il avait sa manière de toquer, il regardait légèrement de côté parce qu’il savait qu’il abusait, puis il me souriait en se grattant le visage.
Marianne ne disait rien, on lui prêtait des vêtements de rechange, et il se douchait chez nous.
Ses parents n’étaient pas dupes, ils étaient au courant.
Ils lui en parlèrent et malgré le savon qu’il reçu, il garda l’habitude de passer nous voir lorsqu’il était blessé. J’apportais la trousse de soin et je lui appliquais des pommades.
Marianne en discuta avec ses parents et les rassurèrent que cela ne nous gênait pas le moins du monde.
Lorsque j’avais fini d’aider Marianne dans ses tâches, je me rendais souvent chez Syfal et j’aidais sa mère.
Elle m’adorait. Je comprennais un peu mieux le sens d’avoir une mère mais je ne regrettais rien. Marianne était comme une mère pour moi et je ne l’échangerai pour rien au monde.

Nous nous voyions avec Syfal de manière toujours ponctuelle.
Il vivait sa vie et j’avais la mienne.
Lorsqu’il rentrait chez ses parents, je m’exclipsais discrètement pour les laisser tranquille. Même si sa mère insistait pour que je dîne chez eux.
Je refusais poliment, Marianne m’attendait.

De temps en temps, lorsque je sortais prendre l’air dehors, je le croisais, assis dans l’herbe.
Je m’incrustais et je tapais la discute.

— Ça va ?
— Ouais…
— Tu réfléchis à quoi ?
— Hmm…
— D’accord.

Et nous regardions le ciel ensemble.

— Tu sais ce que tu veux faire plus tard ?
— Non, pas vraiment.
— Moi non plus. Ça me travaille. Mes parents me le demandent souvent, ils disent que c’est important d’y réflechir.
— Ah.
— Tu verras quand ça t’arrivera.
— Tant que je reste avec Marianne, ça me va.
— Vous êtes vraiment inséparables vous deux.
— C’est un reproche ?
— C’est un constat.

Nous avions eu l’habitude de nous retrouver par hasard à cet endroit et discuter de temps en temps.
Il avait commencé la formation d’école avant moi et me racontait certaines déboires. Pourtant il était plutôt bon élève et il sortait du lot.

— J’essaye de faire de mon mieux, j’aimerais bien que mon père soit un peu fier de moi.
— T’inquiète, je suis sûre qu’il est déjà fier de toi. En tout cas, moi je le suis.
— … T’es bête.
Ria t-il.

Nous restions assez distants en temps normal.

2015.06.08

Bras

Elle jetait de temps en temps des regards derrière elle.
Syfal s’arrêta net. Elle n’eut pas le temps de le prévoir, et lui rentra dedans. Elle leva les yeux vers lui.
Son regard était fixe, devant lui.
Elle vit la tête blonde de son professeur.

— Qu’est-ce que tu nous veux ?
Avait demandé Syfal de manière très froide.

— Je te prierais de me parler sur un autre ton.

Il le regardait de haut.
Je détestais sa manie qu’il avait de regarder les gens de haut.
Son regard s’arrêta sur moi.
J’étais gênée.
Je serrais de plus en plus le bras de Syfal.

— Si vous le permettez, nous sommes assez pressés !
Ajouta Syfal.

Il commença à bouger et continuer de l’avant.
Le professeur m’attrapa le bras que j’avais de libre.
J’eus tellement peur que je crus avoir arraché le bras de Syfal.
Il se retourna et vit la scène.

— Fai…tes attention…

Et il me relâcha comme si de rien n’était et continua son chemin également.
Syfal resta un moment bouche bée et il reprit la marche.

— Il en pince pour toi.
— Pardon ?! Il me met super mal à l’aise, j’ai l’impression qu’il cherche à me bizuter en permanence. C’est du harcèlement à ce niveau-là…

Il me jeta un regard rapide et pouffa de rire.

— Tu trouves ça drôle ?!
— La tête que tu tires… !

Je ne trouvais rien à répondre de plus.
On arrivait à destination, il y avait d’autres personnes de notre rang qui s’étaient regroupés pour décider d’un plan de défense.

2015.06.08

Yeux

Louise courait dans les couloirs, trainée par son ami qui lui avait attrapé le bras.
Il voulait assurer sa sécurité.
Lorsqu’ils passèrent non loin de sa chambre, elle jeta un coup d’oeil derrière elle, et c’est là qu’elle aperçu Marianne.

Ses cheveux courts et bouclés étaient légèrement décoiffés.
Quelques mèches rebelles revennaient devant son visage.
Elle regardait le corps à ses pieds, la tête légèrement inclinée, les bras le long de son corps.
Elle tenait au bout de sa main, un couteau taché de sang.
Sa robe de travail, ainsi que son tablier, étaient tous les deux parsemés de gouttes rouges.
Elle essuyait de son autre main quelques projections sur son visage, qui ne fit que les étaler en un trait fin et rouge foncé.
La personne à ses pieds ne semblait plus donner un signe de vie.
Elle donna un coup de pied dans ses côtes comme pour s’assurer qu’il n’allait pas se relever.
Elle tourna lentement son visage vers Louise.
Elle n’avait pas le même regard que d’habitude.
Ses yeux habituellement doux, étaient teintés d’une lueur étrange.
Elle y avait pris du plaisir.

Elle n’eut pas le temps d’être choquée ni de se poser de questions.
Leurs regards se croisèrent une seconde et son ami n’avait rien vu, il continuait son chemin à son rythme, et continuait de tirer Louise avec lui.
Elle regarda son guide, comme si elle espérait qu’il se retourne vers elle et qu’il lui confirme ce qu’elle venait de voir.
Il était bien trop occupé à regarder devant lui et guetter le moindre danger.
Elle se retourna une deuxième fois. Marianne avait disparu, laissant le corps inanimé à terre, baignant dans son propre sang.

2015.06.08

Domestique

Elle n’était pas une simple domestique.
Elle était auparavant un assassin de renom et crainte de tous.
Elle fut engagée comme femme de main, de manière tellement discrète que personne ne savait qui elle avait choisi de servir.
Elle respectait grandement le défunt maître de maison ainsi que sa femme.
Lorsqu’elle lui parla de son plan, et de la confiance de la maîtresse de maison qui avait décidé de lui confier sa fille.
Elle lui fit promettre de la considérer comme sa propre fille et de l’élever comme telle.

Plusieurs années s’écoulèrent sans que personne ne sache qui elle était vraiment.
Marianne apparut dans la vie du château comme une nouvelle domestique.
Elle travaillait bien et ne causait pas de problème.
Elle inventa un mensonge sur l’histoire de sa fille adoptive.
Elle la considérait comme sa mère mais l’appelait tout de même Marianne.
Elle lui avait avoué que ses parents, n’étaient pas morts et qu’ils avaient dû la confier à elle.

Marianne était plus que qualifiée pour se défendre et défendre Louise.
Un jour, lors d’une attaque, Louise surprit Marianne, dans un état et d’une humeur différente que d’habitude.
Elle devait partir se réfugier et son ami d’enfance l’attrapa pour l’emmener en sécurité.

Lorsqu’elle se retourna, elle vit Marianne tachée de sang.

2015.06.04

Preuves

Le comportement de sa mère en présence de la fille ainsi que de nombreux autres détails n’étaient pas une coïncidence.
Il trouva très étrange que la date marquée sur le calendrier de sa mère soit le même jour que l’anniversaire de la jeune fille.
Lorsqu’il calcula les années il se rendit compte que cela correspondait à son âge et il en tomba des nues.
Il se dit que cela n’était pas possible, elle ne pouvait pas être sa soeur.
Plus il y songeait plus les preuves étaient irrévocables.
Elle avait le même type de cheveux que sa mère et ses cheveux étaient du même teint que ceux de son défunt père. Quant à ses yeux, elle avait les mêmes yeux bleus bien que plus clairs que les siens et ceux de sa mère.
En y regardant de plus près, elle avait quelques traits de ressemblance avec sa mère.
Il n’arrivait pas à y croire et rien qu’en y repensant, il en avait le vertige. Il avait traité sa soeur de sang noble comme une vulgaire domestique à de nombreuses reprises. Il en avait honte.

Il prit sa mère à part et lui fit part de ses découvertes et lui forca à lui avouer la vérité.

— … La domestique… Louise.

Sa mère se figea à la prononciation de ce prénom.

— C’est ma soeur, n’est-ce pas ?
— … Qu’est-ce que tu racontes… ?!
— Je le sais. Tu ne vas pas me dire que tu la considères comme un subtitut de ma soeur morte-née, n’est-ce pas ?
— … Qui t’as mis cette idée en tête ?
— Personne, il n’y a qu’à voir ta réaction en sa présence. Tu pensais que je n’allais pas le remarquer ? Tu la regardes d’un air particulier , et tu l’évites constamment alors qu’au fond de toi tu veux la voir le plus souvent possible. Pourquoi. Je veux des explications.
— A qui en as-tu parlé ?
— Personne.

Elle soupira.

— Tant mieux… Je vais te dire la vérité dans ce cas, et promets-moi de ne rien dire à personne, ni même à Louise.
— Pourquoi ?! Elle a le droit de savoir qu’elle ne fait pas partie de la plèbe !
— Je vais t’expliquer pourquoi je t’ai menti pendant tout ce temps.
À l’époque où j’étais enceinte d’elle et que tu étais encore un enfant… Tu ne t’en souviens plus mais, nous avions été attaqués par des ennemis dans le château.
Ton père a protégé notre demeure du mieux qu’il a pu, malheureusement il fut gravement blessé et empoisonné.
Il était trop risqué que je combatte également, pour la vie de l’enfant.
Sur son lit de mort, il m’a fait promettre de faire élever Louise loin de tout ça, pour qu’elle puisse vivre en sécurité.
Durant toute ton enfance, tu as été la cible de nombreuses attaques. Tu as eu des gardes constamment à tes côtés, discrets ou non.
Tu as vécu dans la peur et l’obligation de suivre des cours de combat dès le plus jeune âge. N’as-tu jamais eu envie de vivre normalement ?
De plus, seule je ne pouvais pas assurer la sécurité de vous deux comme ton père.
À la naissance de Louise, j’ai confié à Marianne l’éducation de ta soeur, nous avions déjà écrit le scénario. Je devais avoir fait une fausse couche et à ce moment là, Marianne devait apporter Louise comme étant une enfant abandonnée par ses parents.
Nous avions joué la comédie et tout le monde a pensé que j’étais trop généreuse d’accorder ça à une domestique, et que c’était pour noyer mon chagrin.
Personne ne connait la date d’anniversaire de la supposée mort de Louise à part moi, et Marianne. Et Louise.
Les gens ont vite oublié ma fausse couche.

2015.05.21

Robe

Il ne s’y attendait pas.
Il avait déjà des doutes lorsqu’il se rendit compte que des objets appartenant à sa mere se retrouvaient en ma possession mais il ne me posa pas plus de questions.
Un jour, je lui étais rentrée dedans alors que je portais un panier de linges sale dans la buanderie. Le panier était tellement haut que je ne le vis pas au coin du couloir et bien entendu j’en avais renversé une partie au sol.
Il s’excusa, alors que j’étais moi-même en train de m’excuser d’avoir bousculé mon professeur. Je n’imaginais même pas qu’il puisse être le prince.
Son regard se figea sur une de mes robes d’anniversaire.
Il me posa une question que je trouvais un peu vexante même si elle était légitime.

— Où est-ce que tu as eu ça ?

Je savais que j’étais trop pauvre pour avoir ce genre de vêtement mais je ne me laissais pas démonter.

— C’est un cadeau de mes parents, monsieur.

Il resta silencieux et se releva en continuant son chemin.
Je ramassais mon linge en ruminant sur son impolitesse.

Un ami qui était également de la même classe sociale que moi, mais d’un niveau au dessus, me croisa par hasard et me tendit un sous-vêtement.
Je lui arrachais des mains en rougissant.
Il était bronzé comme Marianne, peut-être un peu plus encore, à force de trainer sur le terrain d’entraînement.
Ses parents connaissaient bien Marianne et il jouait de temps en temps avec moi lorsque nous étions petits.
Disons que nous étions comme frère et soeur ou plutôt de bons amis.
Bien que pas très proches, nous ne passions pas beaucoup de temps ensemble, mais nous avons toujours été là l’un pour l’autre dans le besoin. Même si c’est plutôt lui qui a le plus souvent été mon soutien que l’inverse.
J’écoutais ses soucis sans le juger et il savait qu’il pouvait compter sur moi pour dire ce que je pense sincèrement.
Les cheveux bruns foncés et un peu ondulés, c’était un beau garçon. De plus son caractère était adorable, tout le temps souriant et blagueur.
Il s’était bien moqué de moi lorsque je lui avais raconté mon histoire de poignet foulé en cours d’éducation physique et sportive.
Lors d’un entraînement interclasses, il avait combattu avec le fils de chevalier, je me demande encore s’il n’avait pas fait exprès de tomber contre lui, et l’avait battu à plate couture bien qu’il soit d’un rang inférieur. En lui serrant la main à la fin de la rencontre, il lui avait glissé : c’est pour le poignet. Avec un clin d’oeil en ma direction.
Je lui avais passé un savon parce que depuis cette histoire toute ma classe pensait qu’on était ensemble. Je ne pouvais que rougir et garder le silence.
Il avait ri aux éclats et avait ajouté :
— Tu aurais dû voir sa tête quand je lui ai dit ça ! C’était trop drôle !

— Ce n’est pas ici qu’on doit étendre le linge… Si ?
— Ah ah, très drôle… J’allais à la laverie, si un certain professeur ne m’avait pas percutée…

Je lui racontais ma mésaventure.

— Tu veux que je t’accompagne ? J’ai rien d’autre à faire. Je vais t’aider à porter ton panier. Si quelqu’un me rentre dedans, c’est lui qui finira par terre.

Je refusais et portais moi-même mes vêtements.
Il s’était assis sur le banc et discutait avec moi, de tout et de rien mais surtout de rien pendant que je mettais à tremper mon linge et que je les frottais un à un pour les laver.

*

Il avait débarqué dans le bureau de sa mère, sans prévenir.
Il n’avait pas tourné autour du pot et lui avait directement posé sa question.

— J’ai vu une gamine de la plèbe avec une des robes que tu avais commandé pour toi. Qu’est-ce que cela signifie ? Est-ce que je dois la faire venir ici pour qu’elle s’excuse de te l’avoir prise ?

Son ton était plutot calme, quoique survolté.
Son interlocutrice sursauta.

— Que veux-tu dire par là ?
— Je l’ai vue avec l’exacte même robe que tu avais dans ton bureau il y a quelques mois.
— Il se peut qu’elle ait acheté la même…

Sa voix était tremblante.

— Ne te moque pas de moi ! Je sais que tu l’avais commandée sur-mesure. Tu sais aussi bien que moi que le modèle de cette robe est unique !

Elle devint pâle.

— Calme-toi. Je vais t’expliquer…
— Pourquoi tu tiens à la défendre ? Si elle te l’a volée, il suffit de la réprimander-
— Elle n’a rien volé, je lui ai offert.

Il resta bouche bée.

— S’il-te-plaît, ne m’en demande pas plus et ne lui dis rien. Elle ignore que je suis sa bienfaitrice. Je ne peux pas t’en dire plus maintenant…Je suis occupée je dois y aller.

Elle évita le regard de son fils et s’en alla.

Un garde lui emboîta le pas lorsqu elle sortit de la pièce.
Au coin du couloir, la jeune fille arriva en marchant et faillit percuter la reine. Le garde du corps faisant son travail, il avait senti sa présence et s’arrêta juste avant, avec la reine à ses côtés.
Leurs regards se croisèrent.
C’était peut-être la première fois qu’elles se rencontraient.
Elle ne savait pas à qui elle avait affaire et elle était restée admiratrice devant la beauté de cette personne.

— Ah, bonjour.
Avait-elle dit maldroitement.

La dame lui sourit en retour et lui répondit d’une voix très douce.
Elle avait les cheveux legèrement bouclés et blonds. Ils étaient réunis en chignon et quelques mèches rebelles se baladaient un peu autour de sa tête.
Sa peau était d’un blanc pur, on aurait dit un ange. Elle avait de magnifiques yeux bleus profonds.
Sans aucun doute c’était une noble au vue de la qualité de sa tenue.

— Qu’est-ce que tu fais ici ?
Lui dit l’homme.

— Ah euh, on m’a dit qu’il fallait que je récupère un panier de linge sale…
— … Tu t’es trompée d’escalier, c’est de l’autre côté du bâtiment !
Soupira t-il avant de la réprimander.

— Je… Oui ! Pardon, monsieur !
S’excusa t-elle.

— Tu n’as rien à faire dans cette aile, dépêche-toi de filer !
— Oui… !
Elle s’excusa encore avant de déguerpir.

— Ma Reine, excusez-moi, nous pouvons continuer notre chemin.

Son comportement était le jour et la nuit selon son interlocutrice.
Puis elle se rendit compte qu’elle venait de rencontrer la reine en personne, celle qui lui avait permis de vivre ici.

— Tu n’as pas été un peu dur avec elle… ?
— Non, ma Reine, nous devons rappeler aux gens leur rang et leur place. Vous êtes bien trop gentille, ma Reine.

Son regard était empli d’une certaine tristesse lorsqu’elle jeta un coup d’oeil dans la direction de la fillette.
Son fils assista à la scène sans le vouloir et commença à mener son enquête.

2015.05.17

Château

Aussi loin que je me souvienne, j’ai vécu dans ce château.
Je ne sais pas où je suis née, ni qui sont mes parents mais mon enfance fut heureuse.
C’est Marianne qui m’a élevée, je la considère comme ma mère, même si c’est ma mère adoptive.
Elle m’avait expliquée la situation dès mon plus jeune âge et elle avait insisté pour que je l’appelle par son prénom, même si cela ne m’aurait pas dérangée de l’appeler « maman ».
Elle avait tenu à ce que je comprenne que mes parents ne m’avaient pas abandonnée, que des circonstances les avaient obligés à me laisser sous sa garde. Au moins, je savais qu’ils n’étaient pas morts et qu’ils pensaient à moi, d’une certaine manière…
En effet, à chaque anniversaire, je reçois un présent, et ce depuis mon plus jeune âge. C’était généralement quelque chose à l’apparence sobre mais lorsqu’on y regardait de plus près, on se rendait compte de la vraie valeur de cet objet.
Chaque cadeau est conservé dans un placard de notre chambre.
Ces boîtes ne contenaient aucun mot, mais je les appréciais. C’était le seul lien que j’avais avec mes parents.
Plus jeune je m’étais fait plusieurs scénario dans ma tête.
Peut-être que mes parents étaient des bandits qui avaient fait fortune et étaient poursuivis par des forces de l’ordre.
Ils étaient peut-être de riches commerçants qui faisaient fortune dans un pays dangereux.
Mon imagination ne tarissait pas.
Je finis par me faire à leur absence, et à chaque anniversaire c’est en recevant mon paquet que je me souvenais de leur existence.

Marianne est une jeune femme à la peau un peu bronzée, à force de passer du temps sur les champs et dehors de manière générale. Ses cheveux bruns foncés et bouclés étaient souvent coiffés légèrement en arrière. Ses yeux sont d’un vert clair et contrastaient un peu avec ses couleurs chaudes.
Moi, je ne lui ressemble pas vraiment.
Les cheveux assez longs, bouclés, châtain clair, faisant leur vie sur ma tête. Ils étaient lâchés, au naturel. Les yeux bleu clair, et ma peau était blanche.
Nos bouclettes étaient notre seul point de ressemblance, bien que mes cheveux soient beaucoup plus fins que les siens.
Elle travaille comme aide-ménagère dans le château.
Les maîtres des lieux avaient autorisé à ce qu’elle me garde.
En échange, ou plutôt par bon sens, je m’étais également attelée aux tâches pour aider, et ceci dès mon plus jeune âge.
Nous partagions une chambre de taille raisonnable, il n’y avait qu’un seul grand lit où nous dormions toutes les deux.

Je menais la belle vie, insouciante, si on peut le dire.
À partir d’un certain âge, j’ai commencé à suivre des cours du château.
Étant résidente, j’avais le droit et le devoir d’assister aux leçons de combat, de mathématiques et autres matières que je considérais intéressantes.
Nous étions très peu de mon rang social, c’est-à-dire, en bas de l’échelle, à pouvoir profiter de cette opportunité.
J’étais la fille adoptive d’une servante, tandis que la majorité des autres élèves étaient fils ou fille de chevaliers, officiers, tailleur luxueux. Ils vivaient dans des appartements de leur rang, situés dans les hauts étages du château, tandis que nous, nous vivions au rez-de-chaussée. Un reflet de notre position sociale.

Les autres élèves nous regardaient de haut mais je les ignorais.
Il faut dire que je n’étais pas passée inaperçue.
Depuis que je m’étais faite ridiculiser en cours de combat, j’essayais d’être plutôt discrète.

______
Je savais que je n’étais pas vraiment sportive, mais pas à ce point là.
Les groupes s’étaient formés en un clin d’oeil et je me suis retrouvée en duo avec un fils de chevalier.
Il m’avait regardée d’un air moqueur, comme s’il avait pitié de moi, le sourire au coin des lèvres.
L’échauffement consistait à tenter de mettre son adversaire à terre.
Il y avait une trop grande différence de force, les groupes n’étaient pas du tout équilibrés, c’était un premier test pour évaluer le niveau de tout le monde et ensuite former des groupes plus justes.
Donc, ce fils de chevalier, avait l’habitude des combats, il était déjà en position et moi je ne savais pas quoi faire alors j’avais  imité sa position, il s’est approché de moi, il a regardé où il pouvait m’attraper.

J’ai essayé de me débattre, comme une enfant, il m’avait maintenue les mains, paumes contre paumes, alors que je m’efforçais de ne pas reculer en tentant de le repousser de toutes mes forces, il me fit juste un croche-pattes et je me retrouvais par terre.
J’avais continué à serrer mes mains dans les siennes, et il fut entraîné par mon poids.
Je tombais en arrière sur la droite, et comme je ne lâchais pas ses mains, j’étais restée accrochée désespérément en tentant me rattraper et me relever, sans succès.
Je le vis tomber avec moi.
Je craignais que nos têtes s’entrechoquent.
Il avait de bons réflexes et il plia ses genoux pour qu’ils prennent le choc et qu’il reste stable.
Nous nous étions retrouvés dans une position plus que gênante.

J’étais à terre, les mains plaquées au sol, et un de ses genoux entre mes jambes.
Son visage était juste au dessus du mien.
Il avait au air surpris, puis il ria.
Tous les autres nous regardaient.
Le professeur nous avait vus et prenait des notes.
Je continuais à serrer mes doigts et il me demanda de le lâcher.

J’étais morte de honte et je ne pensais pas que la situation pouvait être pire.

Durant notre chute j’avais dû faire un faux mouvement. Une douleur horrible au poignet droit me fit grimacer.
Bien entendu, personne ne m’aida à me relever, et j’entendais déjà certains dire que la poussière me seyait à ravir.
Lorsque je voulus me remettre debout, je posai mon poignet au sol et là, ce fut l’horreur.J’entendis un « crac » dans mon corps et une douleur aiguë parcouru de mon poignet.
Je levais aussitôt mon poignet, en restant à terre, je regardais de plus près ma main pour identifier la source de la douleur.
Je me relevais doucement et la douleur était telle que je commençais à avoir un rire nerveux.
Mon poignet devenait rouge et un peu gonflé.
Pendant que mon partenaire se vantait et que certaines filles lui jetaient des fleurs, je m’étais relevée et je détournais mon visage.
Des larmes coulèrent sur ma joue, j’avais trop mal.
D’un point de vue extérieur, tout le monde cru que j’étais en train de pleurer à cause de la chute et de ma défaite.

Le professeur vint me voir.
Il observa mon poignet et m’ordonna d’aller à l’infirmerie.

Le fils de chevalier s’étonna de voir le s’approcher, il pensa qu’il avait fait une bêtise. Il put lâcher un soupir lorsqu’il s’adressa à moi.
Je me dirigeais vers la sortie du terrain, je ne pus même pas me réjouir de quitter ce cours tellement la douleur était terrible.

Qu’est ce qu’il y a ?
Demanda t-il quand même, au professeur.

C’est rien, elle a juste une entorse au poignet.

Les filles le regardèrent avec de grands yeux ronds.
Il couru pour me rattraper et me proposa de m’accompagner vu que c’était en partie sa faute.
Je refusais poliment. Il remonta un peu dans mon estime même si je savais que c’était pour garder la tête haute auprès de ses amis.

Moi qui m’attendais à une infirmière je me retrouvais nez à nez avec un infirmier. La peau blanche et les cheveux noirs courts.
Il se tourna vers moi et me demanda ce qu’il n’allait pas.
Je levais mon poignet et il fit une grimace lorsque ses yeux se posèrent sur la jolie bosse violette que j’avais.Il me fit asseoir dans un fauteuil et parti chercher de quoi désinfecter, me mettre de la pommade et enrouler le tout dans du bandage et une attelle.

C’était mon premier cours de physique et j’étais déjà dispensée, et j’allais avoir du mal à prendre des notes, tant qu’à faire c’était ma main à tout faire qui était en panne.
Le médecin m’interdit de faire quoi que soit qui pourrait aggraver l’état de mon poignet.

En retournant sur le terrain, le fils de chevalier, avait déjà rejoint un autre groupe, me laissant à mon sort.
Je m’assis sur un banc et j’attendis la fin du cours.
Le professeur me regarda d’un air condescendant.
Les autres élèves de mon rang étaient désolés pour moi, mais ils voulaient éviter d’être eux-mêmes la cible de railleries. Ils finirent pas m’éviter.
Je ne pouvais pas leur en vouloir.
_____

J’essayais tant bien que mal de prendre mes notes de la main gauche mais c’était encore plus illisible que mon écriture normale qui n’était pas fameuse.

Un de nos nombreux professeurs, un jeune qui nous enseignait les matières comme la finance, eu pitié de moi et me demanda de rester à la fin du cours. Il me tendit ses préparations de cours et me les prêta pour réviser.
Il devait avoir au moins 5 ans de plus que moi, les cheveux blonds et lisses, longs et attachés en arrière. Les yeux bleus foncés.
Plutôt jeune pour un professeur, me suis-je dit.
Il portait des lunettes de vue qu’il retirait en dehors des cours.

Marianne était morte d’inquiétude, elle s’en faisait toujours trop pour ma santé. Je n’étais pas très sportive mais je n’étais pas non plus limitée physiquement.
Elle examina plusieurs fois mon entorse, et alla même jusqu’à demander une seconde fois au médecin de lui donner plus de détails.
J’étais émue qu’elle s’inquiète à ce point mais j’étais gênée de sa réaction pour une simple entorse.

2015.05.14

Invasion

Les ennemis avaient réussi à pénétrer les remparts et arrivaient dans le hall.
Le roi était censé protéger les remparts et personne n’avait eu de nouvelles.
La reine était avec son fils et, bien qu’il soit assez grand pour se défendre, elle l’empêcha de foncer dans le tas et tint à le protéger.
Si son époux n’était pas encore revenu, c’est que l’enemi était fort et qu’elle devait faire attention à ne pas les sous-estimer.
Elle garda la tête haute, sans verser aucune larme, elle affirma que le roi reviendrait et qu’il ne fallait pas baisser les bras.
Elle confia son fils à des gardes, il avait 20 ans et n’était plus un enfant mais c’était un ordre de la reine, il devait se mettre en sécurité.

Le chef des ennemis arriva et on put facilement le reconnaître.
Il était imposant.
Il regarda en direction de la reine et éclata de rire.

— Le roi avait au moins bon goût en matière de femme !

Elle poussa les gardes à s’écarter et emmener son fils.
Elle avança vers le chef tout en ne baissant pas sa garde.
Elle se battit avec férocité.
Si l’ennemi n’avait pas autant de sbires, elle aurait pu s’en tirer mais ils se jetèrent tous sur elle, elle ne put rien faire et se fit plaquer au sol par les hommes de main.
Elle put tout de même en amocher certains.
Il riait de plus belle.

— Tu me plais, dommage que tu sois l’épouse de mon ennemi.

Il fit un signe et ses hommes la lâchèrent
Elle s’écrasa au sol, les sbires n’avaient pas fait semblant et elle était sacrément affaiblie.
Elle n’avait pas eu l’occasion de le toucher.
Il s’approcha et l’attrapa par les cheveux.
Il fit attention à garder ses distances et l’observa en savourant son trophée.
Elle ne pouvait rien faire et ne pouvait que prier pour la sécurité de son fils.
Il claqua des doigts et des hommes ramenèrent le corps de son fils, à moitié conscient.
Ils le jettèrent au sol.

— Ma… man…

Il ne pouvait plus bouger et observait sa mère avec tristesse et frustration, il n’avait rien pu faire pour se défendre ni la sauver.
Elle se brisa, elle supplia de le laisser en vie et tranquille.

— Qu’est-ce que j’y gagne, hein ? Tu me plais. Ce côté maternel est tellement touchant… Et si je montrais à ton fils quelque chose d’amusant ?
Ria t-il.

Il prit son visage dans son autre main et l’embrassa de force.
Elle ferma sa bouche mais il força la machoire à s’ouvrir et y metta sa langue.

— J’aime les femmes qui ont du caractère !

Il était en train de lui arracher les vêtements un par un, et comptait la violer publiquement.

Son fils pleurait à chaudes larmes, tous les sujets et elle-même.
Le géant maintenait son corps minuscule tandis qu’il prenait son plaisir.
Le roi revint au bout moment.
Il vit tout de suite rouge et tua tous les sbires en une fraction de seconde avant de massacrer leur chef.

Il s’occupait d’un autre rempart quand un de ses sujets l’alerta de la situation et il se dépêcha autant que possible.
Il détacha sa longue cape et recouvrit le corps de sa femme, qu’il prit et serra fort dans ses bras.
Elle lui sourit.

— Je savais que tu reviendrais…
— Excuse-moi… Je suis en retard…

Des larmes apparurent au coin de ses yeux.
Il avait assisté à toute la scène sans rien pouvoir faire et n’avait pu agir qu’à un certain moment.
Elle était froide et saignait d’un peu partout, elle ferma peu à peu les yeux pour sombrer dans un léger coma.

Le roi reprit la situation en main, il envoya son fils en soin et réorganisa les personnes pour réparer et garder les remparts au cas où il y aurait une nouvelle invasion.
Il emmena sa femme dans leur chambre qui était plus protégée.

Elle se réveilla quelques heures plus tard et insista pour donner un coup de main.
Les hommes de garde étaient à son chevet et l’empêchèrent de se lever.
Son fils allait mieux, ses blessures étaient superficielles comparées à celles de sa mère.
Lorsqu’il entra dans la chambre, il sauta dans les bras de celle-ci.
Quelques pansements sur le visage, elle semblait presque en forme.
Malgré les bandages sur ses bras, il restait quelques égratinures et bleus dans des endroits pas pratiques à recouvrir.
Il était plus grand et imposant que sa mère, il la serra dans ses bras presque trop fort.

En le voyant arriver avec des bandages et des compresses sur son visage, elle arrêta de se débattre et décida d’être raisonnable.
Son fils était en vie.
Elle s’en voulait encore de ne pas avoir été assez forte pour se défendre et le protéger.
Les gardes décidèrent de sortir et de les laisser entre eux. Ils restèrent toutefois devant la porte de la chambre au cas où il y aurait le moindre soucis.

2015.05.14

Traumatisme

— Où suis-je ? Qui êtes vous ?

Les questions se bousculaient dans sa tête.
Elle était totalement paniquée.
Lorsque l’homme s’approcha et voulu lui toucher le front pour prendre sa température, elle ferma les yeux de peur.
Elle cria.

— Non !

Il s’arrêta net et s’éloigna en feintant un sourire.

— Je ne te veux aucun mal. Repose-toi, je répondrai à tes questions plus tard.

Il savait qu’il s’engageait dans une situation complexe, elle avait un traumatisme et il devait faire attention à ne pas la blesser ni la brusquer.

2015.05.13

Expérimentations

Il détacha les chaînes qui la maintenaient ainsi que le bandage qu’elle avait sur yeux.
Son regard était totalement vide.
Il lui murmura des mots rassurants.
Il posa sa paume contre son ventre et des signes étranges se dessinèrent sur sa peau, comme un tatouage animé.
Le corps de la jeune fille se raidit et convulsa.
Elle attrapa ce qu’elle avait à portée de la main, c’est à dire les vêtements du garçon.
S’il lui restait encore de la force dans ses muscles, elle aurait pu arracher les coutures.
Après quelques minutes pénibles pour les deux protagonistes.
Lui, s’efforçant de garder sa concentration et finir son incantation, tout en la voyant se tordre de douleur et pousser des cris insoutenables.
Elle, ne sachant plus quoi faire pour soulager la douleur qu’elle ressentait au plus profond d’elle.
Ses mains serraient tout d’abord le tissu des vêtements de l’homme, puis petit à petit, elle lâcha prise et elle passa ses bras autour du torse musclé du garçon.
Elle finit par perdre connaissance.

— Tu aurais préféré que je la tue ?! J’ai fait ce qui me semblait le plus juste. Ces expériences ignobles n’auraient jamais dû avoir lieu !
— Que comptes-tu faire maintenant que tu l’as ramenée ici ?
— J’en prends l’entière responsabilité. Je m’occuperai d’elle jusqu’à ce qu’elle soit réhabilitée.
— … Fais ce que tu veux.

Des expériences dirigées par des scientifiques peu scrupuleux de l’éthique avaient eu lieu.
Dans un sous-sol caché de tous, ils avaient enlevé des enfants de la rue, pensant que personne ne remarquerait leur disparition.
Ils avaient élevé des bêtes génétiquement modifiées et souhaitaient connaître l’impact sur une progéniture à moitié humaine.
Se délectant d’une scène de reproduction peu commune, ainsi que des futurs fruits de leurs recherches.
Leurs pratiques avaient été dénoncées. Une équipe spéciale fut envoyée sur place pour les arrêter et détruire leurs recherches.
C’est à ce moment là que le commandant d’une petite escouade fut envoyé pour vérifier les derniers recoins du sous-sol et il la trouva.
Elle avait eu de la chance. L’accouplement avait eu lieu récemment.
La plupart des autres expériences n’avaient pas eu cette chance.
Certains étaient déjà à plusieurs semaines voire plusieurs mois de gestation, les enfants et certaines jeunes femmes ne supportaient pas les conditions de la même manière.
Certaines étaient déjà mortes, la future progéniture avait pompé toute l’énergie restante.
D’autres bêtes luttaient avec leur côté humain et semblaient ailleurs, se baladant dans les couloirs en demandant la mort.
Certaines étaient à un stade trop avancé et il était trop tard pour les sauver sans mettre leur propre vie en danger.
Ne souhaitant pas non plus voir un tel monstre naître, elles suppliaient d’en finir avec leur propre vie.
Dans un autre cas, la bête avait dévoré ou encore déchiqueté le corps de la fille pendant l’acte.
Lorsqu’il tomba sur la salle où elle était, il ne put s’empêcher de pousser un soupir de soulagement.

2015.05.12