Sofa

Après cette nouvelle, elle essayait de garder la tête froide et haute devant tout le monde.
Elle se retira dans sa chambre pour réfléchir et chacun comprenaient très bien la situation.

Je ne pouvais supporter de la voir dans cet état et je me rendais dans le bureau de Gabriel pour lui en toucher deux mots.
Il n’avait pas l’air surpris lorsque je débarquai en ouvrant sa porte avec fracas.
Il semblait même m’attendre.
Il me demanda de bien refermer la porte derrière moi et de m’approcher pour discuter.

— Je t attendais.

Il lut dans mon regard l’incompréhension et de la colère.

— Je ne vais pas te demander comment elle va… je me doute très bien dans quel état elle se trouve…
Continua t-il.

— Approche donc.

J’obéis, dubitatif.
Il invoqua une bulle de protection autour de nous et me chuchota.

— Je prends cette précaution car je ne veux pas que mon plan échoue. Je souhaiterais que tu redoubles de vigilance sur sa protection. Je suis en train d’essayer de déjouer un autre plan. Alexandra est en danger et je n’ai pas eu de meilleure solution que de faire croire que je n’éprouvais plus rien pour elle pour prendre les coupables la main dans le sac. Je crois bien que la fille avec qui je fais semblant d’être en couple fait partie de ces personnes. Je me doute qu’Alexandra doit être dévastée, mais je ne veux pas que tu lui en parles. Elle a le droit de me détester, et si jamais durant ce plan, elle éprouve des sentiments à ton égard, ou quelqu’un d’autre. Je n’aurais rien à ajouter, si c’est toi, tu auras toute ma bénédiction. Je ne veux que sa sécurité et son bonheur.

J’écoutais son discours et je ne savais pas quoi répondre à ces révélations.

— N’en parle à personne d’autre, je sais que tu n’es pas sous mes ordres mais je te le demande en tant qu’ami. Protège et prends soin d’Alexandra pour moi.
J’ai deux autres personnes proches à qui je peux faire confiance et qui sont au courant de mon plan. Ils ont pour ordre de surveiller ma nouvelle compagne et Alexandra, mais ils ne pourront pas être aussi proche d’elle que tu ne l’es, sans éveiller des soupçons. Je vais retirer la bulle de protection et tu pourras me frapper si tu le souhaites. Je te le recommande, même.

Je hochais la tête pour acquiescer et il détruit la bulle.
Le temps que mon cerveau analyse tout ce qu’il venait de me dire, je restais tout de même en colère, parce qu’Alexandra ne pourra pas connaître cette vérité avant que le vil plan n’éclate.
Nous allions devoir porter ce fardeau pendant une durée inconnue.
Je serrais le poing et donnais un coup dans la mâchoire de Gabriel avant de retourner sur mes pas, sans dire un mot de plus.

Les jours et les semaines passèrent.
Elle expliqua la situation calmement à ses enfants qui n’étaient qu’incomprehension et colère contre leur père. Elle continua de leur sourire et de leur expliquer que ce n’était pas grave et que c’était la vie.
Leur père restait leur père et ils devaient continuer à le considérer comme tel.
Elle n’était pas en colère contre lui.
J’assistais à la scène, et je ne pouvais qu’encore plus la respecter.
Cependant elle n’était pas sans faille.
Elle évitait de croiser son chemin.
Le peu de fois qu’elle le voyait par hasard, elle essayait de garder son sang froid et le saluait comme un simple ami. Mais il était souvent en compagnie de sa nouvelle compagne, qui ne se gênait pas pour ignorer Alexandra et la regarder de haut.
Il lui adressait à peine un regard, un mouvement de tête pour lui rendre son salut, et il l’ignorait également, continuant sa route avec son amante.
Je voyais et je comprenais qu’il n’avait pas le choix que de jouer ce rôle, et je pouvais percevoir une pointe de tristesse dans son regard lorsqu’il lui tournait le dos.
Alexandra gardait la tête haute et continuait également son chemin. C’était toujours dur pour elle, qui éprouvait encore des sentiments pour lui, de le voir et se comporter ainsi envers elle, mais elle essayait de se faire une raison.
Elle prenait sur elle et me faisait même la conversation.

— Qu’as-tu de prévu pour aujourd’hui ?
— Pas grand chose, je suis tout à toi.

Elle savait les sentiments que j’avais pour elle et m’avait déjà répondu qu’elle ne pouvait pas se mettre en couple avec moi alors qu’elle n’éprouvait pas le même genre de sentiment.
Cela m’avait rendu un peu triste, mais rien de nouveau, et j’appréciais sa franchise à mon egard.
Rien qu’être en sa compagnie, me comblait.
J’étais comme un grand-frère pour elle, et cela me convenait, pour l’instant.
Elle me sourit et me proposa d’aller voir ce que faisaient ses enfants, vu qu’aujourd’hui elle était de repos.

Elle avait fini par avoir une autre chambre, vu qu’elle ne partageait plus le lit de son époux.
Par sécurité et aussi parce qu’il était trop compliqué de lui attribuer une chambre à un autre étage.
Je partageais ma chambre avec elle.
Il y avait un petit sofa et elle insista pour dormir dedans la première fois.

— Tu ne vas pas me laisser ton lit, c’est hors de question !
— Je ne vais pas te laisser dormir dans ce vieux sofa non plus !

On se disputa comme des enfants et elle remporta la bataille. Elle s’allongea dedans, ne me laissant pas le choix que de m’installer dans le lit.
Les gens pouvaient bien jaser, ils étaient tous de son côté et souhaitaient même qu’on se mette ensemble parce qu’elle méritait d’être heureuse.
S’ils savaient que mon amour n’était qu’à sens unique et que notre relation était simplement platonique…
En pleine nuit, j’entendis comme des reniflements.
Je me rendis compte qu’elle pleurait.
Je ressentis un énorme pincement au coeur, ne sachant pas comment réagir.
Je ne voulais pas la mettre mal à l’aise en lui disant que je ne dormais pas, et d’un autre côté je ne pouvais pas la laisser seule sur le sofa à vider ses larmes.
Je l’entendis se lever, peut-être pour aller chercher un mouchoir, et j’en profitais pour me lever également et la serrer dans mes bras.
Elle pleura encore plus fort, comme si j’avais ouvert la vanne de sécurité.
Elle finit par se calmer et sécher ses larmes, à moitié sur moi.

— Viens dormir dans mon lit, ce soir. Regarde dans quel état tu es. Je te rassure, je ne vais rien te faire.

Elle se mit à rire.

— Je me doute bien. Je crois que je te connais assez bien.
Renifla t-elle.

— T’es sûr… ? Je peux… ?
Demanda t-elle, limite en me suppliant, avec ses yeux larmoyants et rouges.

Nous étions tous les deux debout, dans les bras l’un de l’autre .

— Oui, bien sûr. Allez viens, avant que tu n’attrapes froid.

Je l’attrapais par la manche de sa robe de chambre.
Elle s’allongea à côté de moi, mon coeur battait à mille à l’heure.
Elle se mit en boule à mes côtés, tel un chat.

— Merci…
Murmura t-elle.

Et elle s’endormit, fatiguée de sa journée.

2017.07.19

Présenter

Il insista pour rencontrer ses parents et elle n’eut pas le choix que de leur en parler.

Elle réussit à croiser sa mère dans les couloirs, par hasard et en profita pour l’interpeler.

— Maman, est-ce que je peux te parler ?

Sa mère s’arrêta et alla à l’encontre de sa fille.

— Oui, bien sûr. Qu’il y a t-il ?
— Est-ce qu’on peut parler seules ? Dans ma chambre, par exemple ?

Elle s’installa sur le lit et fit signe à sa mère d’en faire autant. Un peu gênée, le visage baissée.
Sa mère ne la pressa pas et attendit qu’elle soit assez prête et à l’aise pour qu’elle commence la conversation d’elle-même.

— Je… qu’est-ce que tu penses si je vois quelqu’un… ?

Elle ne put cacher sa joie.

— Est-ce que je connais la dite personne ?
— Non… je ne sais pas trop comment t’en parler…
— Peu importe qui c’est, je ne souhaite que ton bonheur. Je pense que ton père et moi-même seront curieux de savoir si cette personne est sérieuse et bonne envers toi. C’est tout.
— Il… Vlad’… il souhaiterait vous rencontrer…
— Oh. Il s’appelle donc Vlad ?
— Vladislaw.

*

— J’aimerais rencontrer tes parents.
— Pourquoi faire ?
— Je pense que ça serait bien qu’ils sachent que je te fréquente et que je t’apprécie beaucoup. Qu’ils ne s’inquiétent pas, et que s’il t’arrive un jour quelque chose, ils sachent où chercher. Pour ta sécurité, et pour les tenir au courant. Qu’est-ce que tu en penses ?
— Je… mais tu n’as pas peur que ça te mette la pression vis à vis de notre relation ? Mes parents vont te considérer comme leur potentiel gendre… je ne veux pas que tu te sentes mal à cause de ça…
— Au contraire, ça ne me gênerait pas !
Dit-il en riant.

— Si tu y tiens…
— Si je savais où sont mes parents, j’aurais adoré te présenter…
— Excuse-moi…
— Ce n’est pas de ta faute, je pense juste à eux de temps en temps. Ils m’ont laissé vivre ma vie.

2017.07.18

Bibliothèque

Ils se jetaient des regards.
Elle, un peu timide mais ne voulant pas passer pour quelqu’un de faible, tentait de ne pas baisser les yeux.
Lui, un peu moins gêné, ne voulait pas l’ignorer.
Il ne pouvait s’empêcher de trouver son comportement adorable.
Cela se voyait comme les yeux au milieu de la figure, elle continuait de l’observer mais se cachait, les joues légèrement rosées, derrière son livre.

En parlant de ses yeux, il constata que ses iris n’étaient pas de la même couleur.
La lumière basse de la bibliothèque et les ombres des étagères ne l’aidaient pas à bien distinguer ses couleurs, ce qui le poussa encore plus à la contempler, sans gêne.
Il s’amusait à la taquiner.
Les cheveux courts de la jeune fille, un peu ondulés, qui lui arrivaient au niveau de la nuque.
Ses sourcils un peu épais, lui donnaient un air un peu effarouchée.
Elle portait un haut un peu ample et léger qui laissait ses petites épaules un peu à découvert et cachait sa silhouette fine.
Son jeans taille haute, moulant, lui dessinait ses hanches en enveloppant la partie tombante de son haut.
Elle finit par en avoir assez de son petit jeu, et décida de se détourner de son attention.
Voyant qu’elle était sur le point de quitter le rayon dans lequel ils se trouvaient, il se réveilla de sa contemplation et l’interpela en silence, en la rattrapant et lui demandant gentiment.

— Bonjour, excusez-moi. Est-ce que je peux vous inviter à prendre un verre ?
Dit-il, à son tour un peu gêné, et se sentant un peu bête.

Il lui avait doucement tapoté l’épaule, et avait tout de suite retiré sa main, en la glissant dans ses propres cheveux. Il essayait d’avoir l’air naturel et esquissait un sourire forcé, en se disant qu’elle n’allait jamais accepter.

Elle put l’observer de plus près.
Tout d’abord surprise de son intervention, elle se retourna vers lui, les yeux ronds.
Il n’avait pas l’air méchant, et dans cette situation où il était clairement désavantagé, il avait l’air beaucoup moins espiègle que quelques minutes plus tôt.
Le voyant en position de faiblesse, malgré sa taille et son petit jeu, elle le trouva presque charmant.
Ses yeux à lui étaient d’un vert très clair, presque gris blanc, ce qui au premier abord n’était pas commun, mais ils étaient en contraste avec sa couleur de peau un peu basanée et ses cheveux bruns foncés, un peu négligé, en bataille sur sa tête.
Elle eut envie de le connaître un peu plus, ou bien juste profiter de son embarras pour se divertir un peu.
Elle le regarda et sourit malgré elle, en se cachant derrière une de ses mains, lorsqu’elle s’en rendit compte.
Elle vit le visage du garçon se décomposer.
Puis elle lui répondit.

— Pourquoi pas ?

Il passa de la déception au bonheur, en quelques secondes.
Ils se rendirent dans un petit café, aux alentours.
Ils discutèrent de tout et de rien.
Il faisait le pitre, ne sachant pas trop comment bien faire pour la mettre à l’aise.
Elle ne parlait pas beaucoup mais semblait s’amuser de leurs conversations. Elle souriait et riait doucement.
Il reprit un peu son sérieux lorsqu’ils commencèrent à parler de leurs livres favoris.
Traînant dans les mêmes rayons de livres, il était presque pas étonnant qu’ils apprécient des oeuvres similaires.

*

Ils étaient restés plus tard que d’habitude à la bibliothèque.
Ne pouvant pas parler trop fort, ils étaient obligés de chuchoter, ce qui les rapprocha physiquement.
Il était obligé de se baisser pour qu’elle puisse lui parler dans son oreille. Ou pour qu’il puisse juste lui répondre à son tour.
Ils avaient fini par s’accommoder de cette proximité.
Vint l’heure où la voix annonça que la bibliothèque allait bientôt fermer.
Elle invitait tous les visiteurs à regagner la sortie.
Lorsqu’elle se dirigea vers la sortie du rayon, il l’attrapa par le bras et la bascula lentement vers lui.
Ils étaient dans les bras, l’un de l’autre et se regardaient dans les yeux, plus gêné l’un que l’autre. Attendant que l’autre fasse le premier pas.

Elle essaya de s’élever un peu plus, en se mettant sur la pointe des pieds, et il se baissa un peu pour que ses lèvres atteignent les siennes.
Ils s’embrassèrent tendrement mais ce fut rapide.

— Et si on restait après la fermeture ?
Lui chuchota t-il.

Elle le regarda avec incompréhension.
Il la guida derrière le rayon de livres. Il y avait un petit creux hors de la vue normalement.
Ils s’y glissèrent et attendirent que l’employé finisse sa ronde.
Il était en position de force, avec son bras au dessus de sa tête et l’autre à côté de sa taille.
L’endroit exigu n’était pas très confortable.
Il était gêné de la situation et à la fois excité.
Il réussit à chuchoter une formule magique, sans qu’elle ne le remarque, pour invoquer un discret voile d’invisibilité.
Le soleil se couchait et les ombres des étagères et des fenêtres dessinaient un peu plus les pénombres.

Ils se regardaient dans les yeux, tous les deux embarassés, attendant que la ronde soit terminée et qu’ils ne soient plus que tous les deux.

— Comment on va faire pour rentrez chez nous si on est enfermé… ?
Finit-elle par demander.

— Ne t’inquiète pas, j’ai une solution.

Lorsqu’il n’eut plus personne.
Elle détourna le regard vers l’extérieur et se dégagea de leur cachette.
Observant attentivement cet endroit auquel elle était habituée en plein jour, maintenant en mode nuit.
Elle avait du mal à le reconnaître.
Le clair de lune était magnifique et donnait un air fantastique à ce lieu commun.

Il s’approcha d’elle lentement et la serra dans ses bras, en l’enlaçant par la taille, puis en collant son souffle contre sa nuque.
Elle frissonna et se figea.
C’était sa première relation avec quelqu’un et elle ne savait pas quoi faire et ne savait pas vers quel chemin ils s’aventuraient.

Ils se retrouvèrent au sol, elle allongée sur cette moquette plutôt propre et confortable.
Il balada ses mains de manière sensuelle et sur ses vêtements, son corps et en dessous.

— Laisse-toi faire, je vais prendre soin de toi…
Murmura t-il, de manière sérieuse.
Elle se laissa aller et profiter de ce massage érotique.

2017.06.30

Pincement

Après l’avoir sauvée de l’attaque, ils ne s’étaient pas revus.
Il avait dévoilé sa vraie nature et il comprenait qu’elle n’était pas du même monde que lui et qu’elle ne veuille pas le revoir.
C’était trop dangereux pour elle.
Il avait fini par se faire une raison et essayer de l’oublier, sans y arriver.
Il n’arrivait pas à bien comprendre lui-même cet étrange sentiment qu’il éprouvait pour elle.
Elle l’attirait physiquement, mais elle avait également une personnalité qu’il appréciait particulièrement, il avait l’impression d’être sur la même longueur d’onde qu’elle.
Il se rendit compte de tout cela après cet incident.
Il n’était pas autant à l’aise avec les personnes dans son monde, aucune autre personne ne le faisait sentir comme il l’était lorsqu’il passait du temps avec elle.

De son côté, elle avait dû dire la vérité à ses parents.
C’était important de ne pas leur mentir sur le danger qu’elle avait encourru.
Elle préféra tout de même omettre les choses en rapport avec Vlad.
Ombre était mort dans la bataille et l’assaillant avait été tué. C’étaient les faits qui importaient.
Ses parents décidèrent qu’il valait mieux qu’elle diminue ses sorties, et que si elle voulait tout de même y aller de temps en temps, elle devait être accompagnée.
Bien entendu, Chris se proposa. Il était son parrain et ils s’adoraient. Elle le considérait comme son oncle.
Il n’avait pas l’habitude de sortir dans l’autre monde et il en profita pour lui demander de lui faire un cours particulier durant leurs sorties.

Tout d’abord. Il la vit et ne pu cacher sa joie de la revoir. Il s’apprêtait à courir vers elle et l’interpeler, avant de voir qu’elle était accompagnée d’un autre homme.
Il eut un pincement au coeur.
Qui était-il ?
Quelle était leur relation ?
Il décida de les suivre, pour tenter d’en apprendre plus.
Il la voyait rire et s’amuser, elle ne se comportait pas de la même manière avec lui et il ressentit une pointe de jalousie et de tristesse.
L’avait t-elle déjà oublié ?
Il en vit assez et décida de faire demi-tour et de les laisser tranquille.
Elle avait peut-être préféré l’oublier et passer à autre chose.

2017.06.29

Penaud

Lorsqu’ils le débusquèrent, Vlad le reconnut et ne put cacher sa surprise. C’était quelqu’un de son monde et plus précisément de sa région.
Vlad s’arrêta et laissa Hélène le poursuivre et l’attaquer.

Il finit d’analyser rapidement la situation et alla les rejoindre.
Ils étaient en train de se battre au corps à corps.

L’ennemi avait une cape noire, la capuche était retombée sur ses épaules et dans son dos avec les échanges qu’il étaient en train d’avoir avec Hélène.
Vlad tenta de les arrêter, en vain.
Elle voulait venger Ombre.

Elle bouillait de rage et Vlad l’arrêta, l’empêchant de bouger, il l’attrapa par derrière et bloqua ses bras, la forçant à se mettre à genoux.

— Cela ne rendra pas la vie à Ombre.

Elle se mit à pleurer à chaudes larmes et crier.
Il fit signe à l’ennemi de se retirer.
Il essaya de dire quelque chose.

— On en discutera plus tard. Retire-toi.
Dit-il d’un ton froid.

— Je m’excuse pour Ombre. Cela ne le fera pas revenir…

Il s’était assis à genoux en face d’elle et essayait de la consoler.
Elle le regarda dans les yeux, avec ses yeux rouges et plein de larmes. Le nez coulant et les joues trempées. Elle ne trouva rien à ajouter.
Elle le giffla, se leva et s’en alla.
Le laissant penaud.

2017.06.22

Caverne

Elle hésitait à ne pas dévoiler sa véritable identité.
Elle ne l’appréciait pas plus que ça et trouvait plaisant d’avoir en quelque sorte l’avantage par rapport à lui, qu’il ignore encore tout d’elle.

Elle était perdue dans ses réflexions et il crut qu’elle était juste un peu perplexe face à ses révélations.

Ombre était mort et elle ne pouvait pas rester à pleurer alors que quelque chose de dangereux rodait autour d’elle.
Elle sécha ses larmes et insista pour tout de même lui offrir une sépulture digne de lui.
Il l’aida à trouver un endroit adéquate.
Elle creusa et l’enterra toute seule, car tel était sa volonté.
Il lui fit signe qu’il fallait partir et se mettre à l’abri.
Se renseigner sur leur ennemi.

— Je crois qu’on ne s’est jamais présente. Je m’appelle Vladislaw, mais tu peux m’appeler Vlad.
Dit-il, en lui tendant la main pour qu’elle le suive.

— … Hélène.
Répondit-elle, en prenant sa main.

Elle n’avait pas à le craindre, il l’avait quand même aidé voire même sauvée, dans le monde des humains.

— J’imagine que tu dois prévenir tes parents… ? Ils doivent s’inquiéter pour toi…

— Où sommes-nous ?
Finit-elle par demander.

Il prit la question comme naturelle, pour un humain qui venait d’être téléporté dans un tout autre monde, un monde de magie.
Il commença à expliquer tout plein de choses. Qu’en effet il existait un monde parallèle dans lequel la magie existait.

— Nous sommes aux Terres Arides.
Dit-il enfin.

Elle put se situer à peu près, par rapport à sa région.
C’était pas très loin de chez elle, la région voisine, en somme. La demeure de ses parents se trouvaient au milieu de la Forêt Dense.

Ils marchèrent un moment avant d’arriver à une entrée de caverne. Cela ressemblait à une grotte.
Elle n’était pas très rassurée mais il ouvrit la marche et entra, et elle ne put que le suivre.

— Repose-toi un peu.

Il lui tendit un verre d’eau.
Elle mit un peu de temps avant que ses yeux ne s’habituent à l’obscurité et elle vit où il vivait.
C’était simpliste et très propre, cela la surprit. Cela ressemblait à un appartement normal et basique.
Mis à part le manque de lumière et les petites lampes magiques qui éclairaient telles des lucioles cette caverne.
Il l’observa en train de sonder chaque détail de son habitat.
Il ne pouvait expliquer cela mais il ne pouvait s’empêcher de s’intéresser à elle.
Sa peau légèrement rosée, ses cheveux clairs et ondulés. Ses yeux vairons. Il y avait tant de détails qu’il ne se lassait pas de contempler.
Pourtant il avait déjà vu des physiques différents et de tous genres dans le monde des humains, mais elle avait ce petit quelque chose en plus qu’il n’arrivait pas à pointer.
Elle s’intéressait aux mêmes thèmes que lui dans le milieu de la littérature.
Elle finit sa visite visuelle et s’arrêta sur lui.

— Qu’est-ce qu’il y a ?
Demanda t-elle innocemment, parce qu’il la fixait et semblait dans ses pensées.

Elle le sortit de sa méditation et il dut cacher son embarras.

— Tu dois rentrer chez toi, je vais te raccompagner. On ne sait toujours pas pourquoi et qui en a après toi…

— Je veux venger Ombre.
Dit-elle sous la colère et la tristesse.

— Et tu comptes faire comment ?
Dit-il avec dédain.

Elle ne voulait pas lui dire.

2017.06.22

Téléportation

Ombre était blessé, à terre, il semblait juste inconscient.
Elle s’agenouilla à ses côtés et essayait de palper s’il était gravement blessé ou non.
Tentant, tant bien que mal de ravaler ses larmes, et d’essayer de garder son calme.
Elle ne se rendit pas compte qu’elle était la cible de l’attaque.

Il observait la scène, caché derrière un arbre.
Voyant qu’elle ne semblait pas avoir vu la menace, sans défense, il décida d’intervenir.
Il apparut derrière elle et s’interposa pour intercepter l’attaque, faisant apparaître un bouclier.
Cela attira son attention, elle se retourna à peine, les yeux rouges et restant auprès de son familier.

Il repoussa l’assaillant et se mit à sa hauteur.
Elle le reconnut, mais elle n’était pas en état de l’envoyer voir ailleurs.
Elle le regarda comme si plus rien n’avait d’importance.

— Il faut qu’on s’en aille. Ça va t’attaquer à nouveau.
Dit-il, en la forçant à se relever et partir.

— Je ne peux pas laisser Ombre ici.
Dit-elle avec la voix enrouée et tremblante.

Il hésita quelques secondes avant de faire quelque chose.
Il soupira et la tint par la main, et posa son autre main sur le corps d’Ombre.
Une aura les enveloppa et le paysage devint flou, comme instable, avant de redevenir net, mais complètement différent.

— Tu n’as rien ?…
Demanda t-il, d’une petite voix.

Elle comprit tout de suite et sortit enfin de sa torpeur.
Il avait utilisé un sort de téléportation.
Il n’était pas humain, comme elle le croyait depuis si longtemps.

— Je vais tout t’expliquer…
Soupira t-il.

2017.06.22

Humilier

Elle ne parla pas de sa mésaventure dans le monde des humains.
Elle ne voulait pas que ses parents s’inquiètent, et surtout qu’ils ne l’autorisent plus à retourner dans le monde des mortels.
Elle devait gérer son problème elle-même.
Ce n’était qu’un humain de rien du tout, et elle ne se sentait pas d’avouer à quelqu’un qu’elle était en train de se faire humilier par un mortel.

Elle s’était un peu plus entraînée pendant plusieurs semaines, surprenant son frère qui n’avait pas l’habitude de la voir sur le terrain d’entraînement.
Il l’aida également à appliquer certaines techniques.
Elle partait d’un niveau très bas, n’ayant pratiqué que les bases il y a de cela fort longtemps.
Cependant il était content de passer un peu de temps avec elle, et qu’elle s’intéresse à cette activité.

Lorsqu’elle se sentit assez prête pour mieux se défendre contre cet humain, elle retourna dans le monde des mortels avec Ombre, cette fois, qui insista pour y aller avec elle.
Il pouvait passer pour un chien de là-bas, sans trop de problème, malgré sa grande taille.

Elle ne pouvait pas aller à la bibliothèque avec son familier, elle en profita pour se balader en ville et flâner dans une librairie.
Elle avait un peu d’argent de poche grâce à sa famille et l’utilisait avec parcimonie pour acheter quelques livres qui lui tenaient très à coeur.
Cela faisait si longtemps qu’elle n’était pas retournée à la surface.
Elle en profita également pour passer voir son oncle qui travaillait pas très loin, dans un hôpital.
Il était devenu directeur et sa femme avait rejoint ce monde pour s’y installer et vivre aux côtés de son mari, et apprendre des humains.
Elle occupait un appartement non-loin du lieu de travail et avait eu des jumeaux.

Elle évita d’entrer en contact avec les patients à cause d’Ombre qui pouvait effrayer et se balada dans le parc autour du bâtiment.
Alexandre, son oncle, la vit par la fenêtre avec Ombre et la reconnut.
Il s’autorisa quelques minutes de pause pour descendre lui dire bonjour et la voir.
Il en profita pour lui donner un peu d’argent de poche et l’embrassa sur le front avant de retourner à son travail.
Elle promit qu’elle passerait voir Chrystal.
Les jumeaux avaient à peu près l’âge de son grand-frère, et étaient encore dans leurs études.
Ils avaient grandi dans ce monde et avaient l’air d’avoir un avenir prometteur.
Lorsqu’elle quitta les lieux, elle se sentit observée.
Elle essaya de trouver la source de ce regard, sans succès. Il y avait trop d’humains et c’était une mauvaise idée de s’exposer devant tant de témoins.
Elle coupa court à la visite de Chrystal et retourna dans les bois.

2017.06.21

Bois

Elle se sentait suivie sur le chemin du retour.
Elle passait par ce bois parce qu’elle savait qu’il était très peu fréquenté et cela lui permettait de créer une porte dimensionnelle et rentrer chez elle sans être vue.

Il empruntait ce bois pour les mêmes raisons, mais ne la connaissant pas, et pensant qu’elle était mortelle, il s’inquiétait pour elle, si elle cherchait à se perdre ou autre idée glauque.
D’un autre côté il était curieux de savoir jusqu’où elle irait.
Il la suivait discrètement jusqu’à la perdre de vue.
Il sentait sa présence mais ne la voyait plus.
Elle voulut le prendre à son propre piège et elle s’était cachée pour l’observer.
L’un sentant la présence de l’autre, le jeu n’en finissait pas.
Il s’était arrêté et regardait autour de lui, dans l’espoir de l’apercevoir derrière un arbre.
Elle finit par sortir de sa cachette et elle le prit par surprise parce qu’elle l’interpella dans son dos, à quelques mètres de lui.
Elle eut le loisir de l’observer, restant sur ses gardes.

Il avait les cheveux en bataille, bruns, plutôt grand.
Son manteau cachait un peu sa carrure.
Lorsqu’il se tourna vers elle, elle le reconnut, elle l’avait déjà croisé à la bibliothèque, mais elle n’avait pas eu le temps de s’attarder sur les détails de son physique.
Il était plutôt inexpressif, et à la fois arrogant dans son air et son regard.

— Arretez de me suivre.
Menaça t-elle, en se mettant sur ses gardes, prête à l’attaquer.

Il esquissa un sourire.

— C’est plutôt à moi de te demander cela. Qu’est-ce que tu fais dans cet endroit ?
— C’est le chemin que j’emprunte pour rentrer chez moi.
— Ne me fais pas rire…
Répondit-il.

Il bougea et continua son chemin en ignorant la jeune fille.
Elle baissa sa garde et il se retourna à ce moment précis pour lui foncer dessus et l’attaquer.
Elle fut prise au dépourvu mais eut le temps de réagir à temps et de parer son attaque.
Elle remercia intérieurement ses parents de l’avoir forcée à prendre des cours de self-defense.
Il eut également un moment de surprise lorsqu’il ne réussit pas à la mettre hors d’état de nuire avec son premier coup.
Ils s’échangèrent quelques coups, puis s’éloignèrent l’un de l’autre.
Elle, essoufflée.
Lui, surprit qu’elle réussisse à se défendre.

— Qui es-tu ?
Demanda t-il avec plein d’intérêt.

Elle n’arrivait pas à supporter son air condescendant, comme si les femmes étaient forcément faibles.
Ils n’avaient pas utilisé de magie, de toute manière elle en était incapable, contrairement à lui mais ils ignoraient tout l’un de l’autre.

Ils sentirent la présence d’autres personnes qui se rapprochaient et parlaient.
Cela coupa leur discussion et leur combat, ce qui la soulagea.
Elle n’était pas en position de force et elle en profita pour s’enfuir et ouvrir un portail dans un arbre pour rentrer dans son monde.
Il perdit sa trace.

2017.06.16

Lecture

Ayant perdu espoir en l’amour après avoir vu ses parents se séparer.
Elle continua à vivre sa vie, faisant confiance à Ombre, son animal de compagnie.
Elle décida de couper ses longs cheveux blonds ondulés, jusqu’à ses épaules.
Lui donnant un air plus adulte et sûr d’elle.

Voir son père batifoler avec sa nouvelle compagne la mettait hors d’elle.
Tandis que sa mère ne voulait même pas songer à se remettre en couple et retrouver son propre bonheur.
Bien que la relation entre elle et Chris était ambigüe, sa mère gardait la tête haute et refusait de commencer une nouvelle histoire.

Elle passait de plus en plus de temps dans le monde des mortels, à lire pour comprendre comment était régit cette dimension.
Elle lisait pas mal de romances pour essayer de comprendre ce qu’étaient ces étranges sentiments qu’elle n’avait pas encore connus.

Elle eut l’impression de voir souvent cet homme, qui semblait fréquenter régulièrement la même bibliothèque qu’elle.
C’était la plus grande bibliothèque de la ville, mais tout de même.
Leurs regards se croisèrent rapidement, gênée, elle esquissa un sourire avant de tourner la tête dans une autre direction.

— Ce n’est pas la première fois que vous venez ici, n’est-ce pas ?

Après quelques échanges froids et de malentendus, pensant réciproquement que l’autre était mortel.
Ils finirent par se lier d’amitié.
Ils étaient tous les deux intéressés par les mêmes genres de lecture.

2017.06.13