Après cette nouvelle, elle essayait de garder la tête froide et haute devant tout le monde.
Elle se retira dans sa chambre pour réfléchir et chacun comprenaient très bien la situation.
Je ne pouvais supporter de la voir dans cet état et je me rendais dans le bureau de Gabriel pour lui en toucher deux mots.
Il n’avait pas l’air surpris lorsque je débarquai en ouvrant sa porte avec fracas.
Il semblait même m’attendre.
Il me demanda de bien refermer la porte derrière moi et de m’approcher pour discuter.
— Je t attendais.
Il lut dans mon regard l’incompréhension et de la colère.
— Je ne vais pas te demander comment elle va… je me doute très bien dans quel état elle se trouve…
Continua t-il.
— Approche donc.
J’obéis, dubitatif.
Il invoqua une bulle de protection autour de nous et me chuchota.
— Je prends cette précaution car je ne veux pas que mon plan échoue. Je souhaiterais que tu redoubles de vigilance sur sa protection. Je suis en train d’essayer de déjouer un autre plan. Alexandra est en danger et je n’ai pas eu de meilleure solution que de faire croire que je n’éprouvais plus rien pour elle pour prendre les coupables la main dans le sac. Je crois bien que la fille avec qui je fais semblant d’être en couple fait partie de ces personnes. Je me doute qu’Alexandra doit être dévastée, mais je ne veux pas que tu lui en parles. Elle a le droit de me détester, et si jamais durant ce plan, elle éprouve des sentiments à ton égard, ou quelqu’un d’autre. Je n’aurais rien à ajouter, si c’est toi, tu auras toute ma bénédiction. Je ne veux que sa sécurité et son bonheur.
J’écoutais son discours et je ne savais pas quoi répondre à ces révélations.
— N’en parle à personne d’autre, je sais que tu n’es pas sous mes ordres mais je te le demande en tant qu’ami. Protège et prends soin d’Alexandra pour moi.
J’ai deux autres personnes proches à qui je peux faire confiance et qui sont au courant de mon plan. Ils ont pour ordre de surveiller ma nouvelle compagne et Alexandra, mais ils ne pourront pas être aussi proche d’elle que tu ne l’es, sans éveiller des soupçons. Je vais retirer la bulle de protection et tu pourras me frapper si tu le souhaites. Je te le recommande, même.
Je hochais la tête pour acquiescer et il détruit la bulle.
Le temps que mon cerveau analyse tout ce qu’il venait de me dire, je restais tout de même en colère, parce qu’Alexandra ne pourra pas connaître cette vérité avant que le vil plan n’éclate.
Nous allions devoir porter ce fardeau pendant une durée inconnue.
Je serrais le poing et donnais un coup dans la mâchoire de Gabriel avant de retourner sur mes pas, sans dire un mot de plus.
Les jours et les semaines passèrent.
Elle expliqua la situation calmement à ses enfants qui n’étaient qu’incomprehension et colère contre leur père. Elle continua de leur sourire et de leur expliquer que ce n’était pas grave et que c’était la vie.
Leur père restait leur père et ils devaient continuer à le considérer comme tel.
Elle n’était pas en colère contre lui.
J’assistais à la scène, et je ne pouvais qu’encore plus la respecter.
Cependant elle n’était pas sans faille.
Elle évitait de croiser son chemin.
Le peu de fois qu’elle le voyait par hasard, elle essayait de garder son sang froid et le saluait comme un simple ami. Mais il était souvent en compagnie de sa nouvelle compagne, qui ne se gênait pas pour ignorer Alexandra et la regarder de haut.
Il lui adressait à peine un regard, un mouvement de tête pour lui rendre son salut, et il l’ignorait également, continuant sa route avec son amante.
Je voyais et je comprenais qu’il n’avait pas le choix que de jouer ce rôle, et je pouvais percevoir une pointe de tristesse dans son regard lorsqu’il lui tournait le dos.
Alexandra gardait la tête haute et continuait également son chemin. C’était toujours dur pour elle, qui éprouvait encore des sentiments pour lui, de le voir et se comporter ainsi envers elle, mais elle essayait de se faire une raison.
Elle prenait sur elle et me faisait même la conversation.
— Qu’as-tu de prévu pour aujourd’hui ?
— Pas grand chose, je suis tout à toi.
Elle savait les sentiments que j’avais pour elle et m’avait déjà répondu qu’elle ne pouvait pas se mettre en couple avec moi alors qu’elle n’éprouvait pas le même genre de sentiment.
Cela m’avait rendu un peu triste, mais rien de nouveau, et j’appréciais sa franchise à mon egard.
Rien qu’être en sa compagnie, me comblait.
J’étais comme un grand-frère pour elle, et cela me convenait, pour l’instant.
Elle me sourit et me proposa d’aller voir ce que faisaient ses enfants, vu qu’aujourd’hui elle était de repos.
Elle avait fini par avoir une autre chambre, vu qu’elle ne partageait plus le lit de son époux.
Par sécurité et aussi parce qu’il était trop compliqué de lui attribuer une chambre à un autre étage.
Je partageais ma chambre avec elle.
Il y avait un petit sofa et elle insista pour dormir dedans la première fois.
— Tu ne vas pas me laisser ton lit, c’est hors de question !
— Je ne vais pas te laisser dormir dans ce vieux sofa non plus !
On se disputa comme des enfants et elle remporta la bataille. Elle s’allongea dedans, ne me laissant pas le choix que de m’installer dans le lit.
Les gens pouvaient bien jaser, ils étaient tous de son côté et souhaitaient même qu’on se mette ensemble parce qu’elle méritait d’être heureuse.
S’ils savaient que mon amour n’était qu’à sens unique et que notre relation était simplement platonique…
En pleine nuit, j’entendis comme des reniflements.
Je me rendis compte qu’elle pleurait.
Je ressentis un énorme pincement au coeur, ne sachant pas comment réagir.
Je ne voulais pas la mettre mal à l’aise en lui disant que je ne dormais pas, et d’un autre côté je ne pouvais pas la laisser seule sur le sofa à vider ses larmes.
Je l’entendis se lever, peut-être pour aller chercher un mouchoir, et j’en profitais pour me lever également et la serrer dans mes bras.
Elle pleura encore plus fort, comme si j’avais ouvert la vanne de sécurité.
Elle finit par se calmer et sécher ses larmes, à moitié sur moi.
— Viens dormir dans mon lit, ce soir. Regarde dans quel état tu es. Je te rassure, je ne vais rien te faire.
Elle se mit à rire.
— Je me doute bien. Je crois que je te connais assez bien.
Renifla t-elle.
— T’es sûr… ? Je peux… ?
Demanda t-elle, limite en me suppliant, avec ses yeux larmoyants et rouges.
Nous étions tous les deux debout, dans les bras l’un de l’autre .
— Oui, bien sûr. Allez viens, avant que tu n’attrapes froid.
Je l’attrapais par la manche de sa robe de chambre.
Elle s’allongea à côté de moi, mon coeur battait à mille à l’heure.
Elle se mit en boule à mes côtés, tel un chat.
— Merci…
Murmura t-elle.
Et elle s’endormit, fatiguée de sa journée.
2017.07.19
ahh, c’était un plan. le mystère s’épaissit. maintenant j’ai à nouveau envie d’en savoir plus.
c’est mignon l’histoire du sofa et du lit. je l’ai déjà lu ailleurs, mais je m’en lasse pas, surtout quand c’est bien décrit.
C’est une version légèrement différente ici 🙂
Cette version alternative est intéressante mais je suis quand même assez sceptique que Gabriel n’en ai pas parlé à Alexandra, préférant se sacrifier pour résoudre le complot… Au risque que cela détruise complètement sa relation avec Alexandra. Dans ce scénario personne n’est heureux, Alexandra dévasté, Gabriel obligé de mentir, Chris avec son amour à sens unique, les enfants qui ne peuvent pas comprendre et en veulent à Gabriel… Ca me rend très triste