Protecteurs

Son accompagnateur n’était pas très bavard et ne semblait pas ému par ces séparations.
Elle essaya de rester forte et de ne laisser rien paraître.
On lui donnait une seconde chance, sa vie ne s’arrêterait pas là. Elle devait être reconnaissante.
Après que la supérieure lui ai insufflé son souffle, elle avait retrouvé de l’énergie, plus qu’auparavent mais pas autant qu’une personne normalement constituée.
Ne voulant pas l’inquiéter, elle fit mine que tout allait bien pour terminer le trajet jusque chez les Protecteurs.
Il n’était pas dupe et il l’attrapa pour la porter sur son dos.

— Mon rôle est de t’escorter. Si ça ne va pas, il faut me le dire.
Dit-il d’un ton neutre, presque ennuyé par cette situation.

Elle préféra garder le silence.
Bercée sur son dos et par ses pas, elle finit par s’assoupir.
Elle se réveilla dans un lit, et une chambre inconnue.
Elle se demanda si cela n’était qu’un rêve, encore une fois.
Il y avait une table basse au milieu de la pièce et la mère supérieure était assise au sol. Elle se tourna vers elle et se leva pour s’approcher.

— Cela a dû être éprouvant. Excuse le Protecteur, il peut être froid mais il n’a pas un mauvais fond. Reste assise dans le lit. Je vais t’expliquer plus en détails ce qu’il va se passer.

Elle avait une voix douce et dégageait une chaleur agréable.
Elle s’assit sur le coin du lit et continua.

— Ici, c’est ma chambre. Je suis la mère supérieure actuelle. Comme je souhaite te former pour que tu prennes ma place, cette chambre t’appartiendra également.
Tu dois te demander ce qu’implique d’avoir ce rôle.
Notre rôle principal est de protéger l’Arbre et ses habitants. Pour cela, il faut certaines qualités, que j’ai vu en toi. La passation ne se fait pas souvent, c’est pour cela que tu es là… j’aurais dû être plus prévenante et m’y prendre plus tôt…
enfin soit, je vais aussi t’expliquer les enjeux.
Si je souhaite te passer le flambeau c’est que je suis fatiguée… je vais être honnête avec toi, c’est un statut très éprouvant. Lorsqu’on devient Supérieur, on ne vieillit plus, l’Arbre nous confère sa mémoire ainsi que sa vitalité. Nous entrons en symbiose avec lui.
Cela doit faire plus de 300 ans que je suis Supérieure. Ça veut aussi dire que j’ai vu mes proches vieillir et partir avant moi.
Je vais t’enseigner les bases, tout le reste te sera transmis lors de la cérémonie de passation. Tu auras accès à ma mémoire, ainsi que tous les prédécesseurs.
Si tu acceptes, bien entendu.
Tu as le droit de refuser. C’est une grande responsabilité et je le sais. Une fois la décision prise, tu ne pourras pas revenir en arrière.

— Et si je ne conviens pas au rôle… ?

— Tu seras très bien. J’en suis certaine. Et je ne dis pas ça pour me débarrasser de ce statut.
Dit-elle en lui faisant un large sourire pour détendre l’atmosphère.

— C’est à toi de choisir.
— Je… je veux bien essayer.

Elle partagèrent la chambre pour qu’elle puisse lui montrer les différents documents et où se trouvaient les vêtements.

*

Les cheveux longs et bouclés, clairs, rayonnants.
Les cheveux longs noirs, raides.
Elle, lui tressant les cheveux.
Elles, dormant dans le même lit, en boule.
Telle une mère et son enfant.

Elle lui avait prêté un vêtement de la garde-robe des Supérieurs.
Ce n’était pas exactement le même que le sien, mais il était assez différent de celui des Protecteurs pour être différencié.
C’était devenue la petite protégée.

Elle se sentait beaucoup mieux depuis que la supérieure lui avait insufflé un peu de son essence de vie en elle.

— C’est l’essence de vie de l’Arbre que j’ai insufflé en toi. Ce n’est qu’une infime quantité mais cela devrait suffire durant la période d’apprentissage.

Elle pouvait ressentir l’amour d’une mère en elle.

— Tu peux m’appeler par mon prénom. Alexia.

— Je te présente mon amie et ma garde rapprochée : Anna. Elle est très compétente, il y a aussi Olivier que tu as vu la dernière fois, celui qui t’a accompagné.
Ce sont actuellement les délégués du recrutement. Il y a peu de volontaires et c’est souvent eux qui repèrent sur le terrain les meilleurs éléments, sans leur forcer la main.

2019.05.19

Parquet

Rose l’enlaça de toute sa fougue.
Elle ne voulait pas qu’elle parte, et son étreinte était douloureuse. Après avoir bien voulu relâcher Alys, elle l’embrassa d’un baiser tout aussi long et emplit de passion, mais également de tristesse.
Ses larmes glissaient sur ses joues et finissaient par se diriger vers ses lèvres, donnant à ce baiser un goût légèrement salé.

— Sois heureuse Rose, vis ta vie.
Répondit Alys d’un sourire.

Ce sourire habituel qu’elle arborait lorsque qu’elle savait qu’il n’y avait pas d’autres moyens pour améliorer les choses.

— Merci pour tout, je ne t’oublierai pas…

Elle partit en laissant Rose sur le palier de sa maison.

Il lui restait une dernière personne à aller voir.
Elle se rendit au bâtiment des entraînements.
Le lieu dégageait une autre ambiance de nuit. Il n’y avait plus personne et aucune lumière à part celle du clair de lune qui éclairait la cour. Les quelques rayons qui pénétraient à l’intérieur, se reflétaient sur le parquet ciré.
Elle marcha lentement jusqu’à la porte de l’instructeur.
Une faible lumière était visible sous la porte fermée.
Elle frappa timidement, toujours accompagnée de l’homme qui lui servait d’escorte.
Cendre ouvrit dans la minute, surprit de la voir ici, et pas seule.

— Bonsoir, en quoi puis-je t’aider… ? N’étais-tu pas censée te reposer chez toi… ?
Dit-il, déconcerté.

— Si… les circonstances sont un peu particulières… je suis venue te dire au revoir.

— Comment ça ?

Il esquissait un sourire gêné, le regard questionnant l’accompagnant et revenant vers elle.
Il reconnu l’uniforme qu’il portait et son sourire disparut.

— Je ne pense pas qu’on se reverra… merci pour tout.

Cela se passait de longs discours.
Quelque chose en lui s’effondrait mais il ne pouvait pas le laisser paraître. Il avait l’impression que c’était encore plus dur pour elle. Ignorant l’homme à côté d’elle, il respira un grand coup et s’avança vers elle pour l’enlacer.
Elle n’avait pas besoin de s’attarder en explications.
Prise de court, elle resta un instant sans bouger avant de se laisser aller et lui rendre son étreinte.

— Est-ce que je peux t’embrasser une dernière fois ?
Demanda t-il d’un murmure, et avec une tristesse profonde.

Cette fois-ci, ce fut elle qui fit le premier pas.
Elle leva ses mains vers son visage comme pour le cueillir et déposa ses lèvres sur les siennes.

— Rencontrons-nous dans une autre vie.
Dit-il, avant de se reculer et la laisser partir.

Il referma la porte et resta adossé à celle ci, tentant de contenir la peine qu’il éprouvait au fond de lui.

2019.05.16

Patates

Elle travaillait dans un petit restaurant en tant qu’aide cuisinière et lui en tant que serveur.
Ils se sont rencontrés ainsi, sur leur lieu de travail.
Il était tombé sous son charme, elle était plutôt mignonne quoiqu’un peu masculine mais c’était aussi ce qu’il appréciait chez elle.
Elle pouvait être féminine et adorable, et à la fois être dure et savait se défendre. Elle ne se laissait pas marcher sur les pieds. Sa franchise l’avait un peu pris au dépourvu la première fois, il avait alors éclaté de rire en lui disant que c’était la première fois qu’il rencontrait quelqu’un d’aussi original.

Elle, de son côté, n’avait pas particulièrement remarqué Charles. Elle avait juste trouvé ça drôle que leurs prénoms soient si proches.
Elle avait l’habitude des garçons. Sous son air de fillette, elle savait se battre et n’hésitait pas à frapper là où cela faisait mal. Ils fuyaient dès qu’ils voyaient qu’ils avaient affaire à une dure à cuire. Ils ne recherchaient pas un garçon manqué. Très vite tous les hommes la considéraient comme une amie et non comme une fiancée potentielle.
Elle vivait chez sa grand-mère qui s’inquiétait pour son avenir.
Depuis qu’elle avait été rejetée par plusieurs garçons dont elle s’était éprise, à cause de son caractère, elle s’était forgée une carapace, elle ne chercherait plus à avoir un petit ami. Elle s’était également questionnée sur sa sexualité mais ses parents ne se seraient jamais remis de cette nouvelle.

Lors des pauses, ils avaient l’occasion de discuter un peu pour mieux se connaître.
Elle, les cheveux bruns clairs, mi-long, légèrement ondulés jusqu’à ses épaules. Elle les attachait pour l’hygiène dans la cuisine. Les yeux verts, elle était plutôt jolie.
Elle n’était pas fine mais avait une corpulence bien équilibrée et un peu musclée.
Souvent en T-shirt et en jupe longue foncée, elle portait son tablier blanc par dessus.
Les gérants étaient des gens plutôt sympathiques bien qu’un peu âgés.
Le restaurant était structuré de la salle à manger, d’une double porte ouverte pour y poser les plats prêts à servir, de la cuisine. Un escalier entre la salle et la cuisine permettait de monter et donnait accès aux chambres des propriétaires. C’était l’espace de vie.
Le bar était juste en face de cet escalier.

Charles, était chauve et un peu baraqué, déjà pour son âge, il faisait grand protecteur. Sa peau était un peu bronzée, les gens pouvaient penser qu’il était métisse. En réalite il avait fait beaucoup de travaux extérieurs avant de venir travailler dans un restaurant. Il avait presque 25 ans et il voulait changer d’air pour avoir un travail un peu plus reposant.

Le propriétaire s’occupait de la salle et son épouse des plats.
L’ambiance était plutôt calme et reposante.
C’était un petit restaurant modeste avec les habitués.
Charlotte avait appris toutes les recettes de la gérante et tenait même un petit carnet où elle y notait les détails importants. Elle faisait tout ce qu’ils demandaient sans réchigner.
Lorsque Charles arriva, elle portait un cageot de patates, il la croisa et fut surpris de voir qu’une telle jeune fille avait tant de force. Il lui proposa de l’aider. Elle rit doucement et refusa avec politesse.

— Ah, j’oubliais de me présenter. Je m’appelle Charles, je suis nouveau et j’aiderai en salle. Enchanté.

— Charles… ? Bienvenue parmi nous alors ! Moi, c’est Charlotte. Enchantée de même.
Répondit-elle avec un large sourire.

Il écarquilla ses yeux lorsqu’il entendit son prénom.

— Charlotte ? Bah dis donc. Charles, Charlotte, on croirait entendre un duo de comiques… ou bien des frères et soeurs.

— N’est-ce pas ?!
Dit-elle en riant.

Le contact avait bien commencé.

2013.7.15

Au revoir

La mère supérieure se releva lentement.
Elle se pencha sur le visage d’Alys, prit sa tête entre ses deux mains et abaissa son front jusqu’à leur contact.
Elle murmura quelques mots et une lumière chaude apparut autour d’elles. Tout d’abord un halo qui provenait de la mère supérieure, puis il se déplaça pour rejoindre le corps d’Alys jusqu’à diminuer et se dissiper.
Alys put rouvrir progressivement ses paupières pour s’assurer que cela ne faisait pas partie d’un rêve.
La mère supérieure semblait un peu épuisée par cette magie. La garde l’aida à se relever et se maintenir correctement debout.

— Ça va mieux, merci Anne.
Chuchota t-elle.

Ses parents n’en croyaient pas leurs yeux.
Alys fut aidée par le garde qui se tint à ses côtés pour l’aider à se relever.
Elle se sentait mieux mais sa condition était encore fragile.

— Je vais rentrer. Je te laisse avec Olivier pour dire au revoir à tes amis et ta famille. Il te racompagnera vers nous ensuite.
Expliqua la supérieure.

*

Alys se força à sourire et marcha jusqu’à ses parents.
Ils vinrent vers elle pour la serrer dans leurs bras.

— Tu vas nous manquer…
Dit son père.

Sa mère resta silencieuse, ne trouvant pas les mots.

Elle se rendit chez Rose qui habitait pas très loin.
Son père ouvrit et proposa à Alys de rentrer. Elle dut décliner l’invitation. Elle préférait discuter avec Rose sur le palier de porte.
Elle remarqua le garde et reconnut son uniforme.
Elle ne comprit pas ce que son amie faisait avec lui.
Alys lui sourit et fut directe.

— Je viens te dire au revoir…

2019.04.30

Proposition

La mère supérieure avait eu vent de l’état critique d’Alys. Elle avait sondé son esprit et elle était la potentielle personne parfaite à lui succéder, cependant le temps n’était pas en sa faveur.
Elle était dans un corps encore trop jeune et trop fragile.
Cependant elle était tiraillée entre laisser passer cette héritière et peut-être attendre encore une centaine d’années avant de tomber sur la prochaine personne compatible, ou bien presser le pas.
Cela faisait déjà des centaines d’années qu’elle était à la tête de l’A.
Elle était fatiguée de voir les gens qu’elle appréciait partir un à un.

Elle se décida et convoqua sa garde rapprochée pour aller rendre visite à la famille d’Alys.
Elle était composée de son amie la plus proche et d’un autre garde en qui elle avait entièrement confiance.
C’était une petite escorte mais suffisante.
Ils décidèrent de sortir la nuit.
Elle avait sa toge particulière, avec une capuche très large.
Il y avait moins de monde le soir mais cela ne les empêcha pas d’êtres reconnus.
Arrivés devant la maison, ils frappèrent.
Le père fut frappé de stupeur.
On voit la garde d’aussi près assez rarement.

— Pouvons-nous entrer ?
Demanda le garde.

— O-oui… bien sûr.

— Excusez-nous de vous déranger à une heure aussi tardive.

La mère supérieure retira sa capuche lorsqu’elle fut à l’intérieur.
Elle dégageait une aura bienveillante.
Elle leur sourit puis prit un air plus que sérieux.

— Nous n’allons pas perdre de temps. Nous sommes ici pour parler de votre fille Alys. Vous êtes ses parents, vous avez le droit de savoir, mais le choix sera celui d’Alys.
Je souhaiterai qu’elle me succède.

Elle s’arrêta pour qu’ils puissent digérer l’information.

— Je suis au courant de son état de santé, je peux exceptionnellement faire quelque chose, mais seulement si elle accepte ma proposition.
Dans ce seul cas, elle viendrait avec moi, j’ai énormement de choses à lui enseigner avant de pouvoir me retirer. Vous comprenez ce que cela signifie ? Elle ne pourra plus vivre dans cette maison. Elle devra dire adieu à ses amis.

Les parents se regardèrent sans pouvoir répondre.

— Où se trouve t-elle ?
Demanda le garde.

Les parents lui montrèrent l’escalier qui menait à sa chambre.

— Merci.

Et ils montèrent ensemble.
En effet, son état était critique.
La mère supérieure s’accroupit au pied du lit et lui prit la main pour communiquer avec elle.
Elles discutèrent par télépathie pour ne pas l’épuiser plus.

— Bonsoir Alys.
— Bonsoir… ? Qui êtes vous ?
— Je suis la mère supérieure. Je suis la personne à la tête de l’Arbre.
— Que puis-je pour vous… ?
— Je t’ai désignée comme mon successeur.
— Pardon ? Je suis en train de rêver ?
— Non, c’est bien la réalité. Tu n’y es pas obligée, mais si tu acceptes, tu viendras avec moi pour que je puisse assurer ta formation.
— Mais… en quoi suis-je… ? Je veux dire, je pense que vous vous êtes trompée de personne.
— Je suis certaine que tu feras une excellente supérieure.
— Si j’accepte…
— Je te laisserai le temps de faire tes adieux à tes proches.
— J’imagine que je n’ai pas vraiment le temps de réfléchir à une réponse…
— Je suis navrée que cela précipite les choses. Je ne t’en avais pas parlé plus tôt parce qu’en temps normal, on laisse les successeurs profiter de leur vie avant d’entamer leur formation… ton cas est particulier…
— Et si je ne suis pas faite pour vous succéder… ?
— Tu le seras, je te rassure, on se trompe rarement pour ces choses là. Si cela te rassure, si jamais tu ne conviens pas, tu pourras retourner à ta vie, cependant, tu retrouveras ta santé actuelle.
— Je crois que je n’ai pas vraiment le choix. Si vous êtes ici c’est qu’il ne doit plus me rester longtemps à vivre…
— C’est exact.
— J’accepte.

2019.04.24

Désirs

Assise en boule sur le canapé du salon.
Elle était perdue dans ses pensées.
Elle se passait en boucle la courte scène qu’elle venait de vivre avec cet homme.

Ils se promenaient. Il lui avait proposé de l’accompagner faire une balade.Étrangement son amie n’était pas présente. Pensant qu’elle n’était peut-être pas disponible, elle ne se posa pas plus de questions et lui tint compagnie.
Elle se sentait bien, il lui inspirait confiance.
Alors qu’elle le suivait, il la guida vers une partie de branche qu’elle ne connaissait pas.
Il la rassura et lui expliqua qu’il vivait dans ces embranchements là, à l’époque, et qu’il avait une petite course à faire de ce côté là.
Son pas assuré, la manière qu’il avait de vérifier si elle le suivait bien. Malgré son visage impassible, il était attentionné à sa façon.
Quelque chose en lui, lui rappelait le caractère de son amie qu’elle appréciait tant.
Déjà perdue dans ses pensées, en train d’analyser pourquoi il lui inspirait tant confiance, il la ramena à la réalité.

— C’est juste ici.
Dit-il avec son attitude neutre habituelle.

— C’est une petite boutique qui vend des gâteaux délicieux.

En effet, il y avait une petite devanture mignonne à quelques mètres. Les propriétaires avaient l’air adorables. Ils reconnurent tout de suite le jeune homme qui leur faisait un signe timide de la main.
Ils se rapprochèrent et il passa commande.
Il prit deux gourmandises différentes.

— Je te fais un paquet ?
Demanda la tenancière.

— Pas besoin, on va consommer sur place.
Répondit-il, en se tournant vers son accompagnatrice.

Elle le regarda les yeux tous ronds. Elle ne s’attendait pas du tout à cette issue.
Elle était plus que surprise.
Il prit les deux gâteaux et l’invita à s’assoir à côté de lui, sur un banc à l’écart du passage.

— Ne fais pas cette tête, c’est pour te remercier d’avoir bien voulu m’accompagner. Dit-il en esquissant un petit sourire.

Elle ne savait pas quoi dire.
Il ne se laissa pas abattre par la soudaine perte de voix de la jeune fille. Il fit comme si de rien n’était et continua.

— J’ai pris deux sortes de gâteaux différents mais ils sont tous les deux délicieux. Si tu n’aimes pas, on peut échanger ou je peux tous les manger.
Dit-il, en lui tendant les deux pâtisseries.

— Choisis.

Elle en accepta un, et le remercia.
Il attendait qu’elle goûte pour lui faire part de son avis.
Elle ne se fit pas prier et croqua une bouchée.
C’était croquant et fondant à l’intérieur, sans être trop sucré. Sa réaction le fit sourire. Chose qui devait être rare.

— Alors ? Est-ce que tu es d’accord avec moi ?

Elle rit et acquiesça de la tête.
Il sentit quelque chose dans sa poitrine se resserrer.
Cet éclat de rire lui était adressé.
Elle avait un peu perdu pied à cause de cette situation, elle n’avait pas l’habitude qu’on la surprenne de cette manière. Elle reprit son attitude normale et légère.

— Est-ce que je peux goûter le tien… ?
Demanda t-elle, timidement en pointant du doigt ce qu’il y avait dans sa main.

Il lui tendit, mais ne s’attendait pas à ce qu’elle morde dans le gâteau avec sa bouche en attrapant sa main, pour stabiliser le tout.
Son coeur fit un second bond.
Elle avait déjà repris sa position initiale, c’était quelque chose de normal pour elle.
La bouche à moitié pleine, elle le regarda pour lui signifier que c’était aussi très bon, en approuvant de sa petite tête et ses yeux souriants.
Elle lui proposa alors de goûter au sien, tout naturellement, en lui tendant sa main avec le gâteau.
Ils avaient totalement l’air d’un petit couple et il souhaitait un environnement neutre pour elle, qu’elle ne se fasse pas reconnaître en tant qu’Ignorée, ni tomber sur des connaissances à eux.
Il lui tint la main pour prendre une bouchée du sien.
Il tenta de garder son calme et juste profiter du moment.
Lorsqu’ils finirent. Elle se leva et enleva les quelques miettes rescapées de sa bouche, d’un revers de la main, et observa les alentours.

— C’est vrai que c’est sympa comme embranchement… d’ailleurs, pour quelles raisons tu es parti d’ici… ?

Il pensait intérieurement « pour te rencontrer » sans vouloir le formuler parce que la réelle raison était toute autre.

— J’ai été sélectionné par l’école qui est juste à côté de la bibliothèque centrale. Mes parents sont encore dans le coin, mais je suis principalement dans l’école. Le poste que j’occupe me permet d’avoir une petite chambre là-bas.

Il se leva aussi du banc et s’approcha d’elle.

— Il te reste une miette dans les cheveux…

Il tendit la main pour lui retirer la petite chose prise dans ses longs cheveux, au niveau du cou.
Elle ressentit quelque chose lorsqu’il s’approcha d’elle, et qu’elle fut face à lui.
Il était plus grand que son amie.
Elle lisait une once de tristesse dans ses yeux.
Il avait le regard fixé sur la miette qu’il retira.
Pendant qu’elle était perdue dans ses yeux sombres, cherchant à deviner ou comprendre ce qu’il avait au fond de lui.
Lorsqu’il se rendit compte qu’elle le regardait, leurs regards se croisèrent.
Il ne put s’empêcher de tenter quelque chose.
Il passa ses mains dans ses cheveux, s’avança plus près, se baissa jusqu’à sa taille et l’embrassa sur la bouche.
Elle ne bougea pas, surprise de cette initiative.
Elle fut également surprise de ressentir quelque chose de nouveau et de très fort dans son ventre.
Elle eut envie de lui rendre ce baiser.
Alors qu’il était en train de se reculer, elle approcha son visage pour reduire l’écart et l’embrassa de sa propre initiative.
Il l’enlaça passionnément et caressa sa langue avec la sienne, son désir prenait le dessus.
Elle sentait le désir monter en elle, mais elle pensa à son amie et après quelques minutes intenses, elle s’arrêta et recula.
Prenant la main du jeune homme dans la sienne. Elle évita son regard.

— Je suis désolée… je crois qu’on devrait s’arrêter là.

Il recula également.

— Non, c’est à moi de m’excuser. Je sais que tu as des sentiments pour quelqu’un d’autre… et j’ai quand meme tenté… pardonne-moi.

Elle releva les yeux vers lui. Était-ce peut-être la raison de sa tristesse.
Elle voulut le consoler mais elle commença à se sentir mal. Elle se maudit que cela arrive à ce moment-là.
Sa respiration était de plus en plus saccadée, une douleur intense l’envahit à la poitrine.
À chaque respiration, cette douleur était plus forte.
Il la vit blanchir d’un coup et s’inquiéta immédiatement.
Elle lui fit signe d’attendre un moment, avec ses mains.
Elle se recroquevilla un peu sur elle-même et se tint la poitrine comme si cela pouvait la soulager.
Il ne put la laisser dans cet état et s’approcha d’elle.

— Dis-moi ce que je dois faire.
Murmura t-il calmement.

Elle n’avait pas assez de souffle pour s’exprimer.
Elle souffrait tellement.
Elle s’accrocha au devant de son vêtement avec ses doigts qui se resserrèrent.

— Ça va… passer…
Réussit-elle à épeler avant de perdre connaissance dans ses bras.

Lorsqu’elle se réveilla, elle était chez elle.
Ses parents étaient inquiets mais ne la questionnèrent pas plus que ça.
Ils étaient au courant que ses crises étaient de plus en plus rapprochées et qu’elle finirait par ne plus être de ce monde.
Elle était cependant dans un état second.
Cela faisait plusieurs minutes qu’elle méditait sur le canapé et sa mère finit par s’asseoir à côté d’elle pour discuter.

— Est-ce que ça va… ? Tu es différente aujourd’hui…
— Je crois…
— Je veux pas m’immiscer dans ta vie… mais le garçon qui t’a ramenée à la maison… il a l’air de beaucoup tenir à toi… ton père l’a remarqué aussi… si tu veux en parler, n’hésite pas. Je ne suis pas forcément de bon conseil mais je peux t’écouter.

— Merci maman…
Dit-elle en enlaçant sa mère dans ses bras.

2019.02.10

Calme

Chronologie
Fête des saisons.
Alys perd connaissance.
La mère supérieure la remarque.
Cendre s’intéresse à Alys.
Alys visite l’école des entraînements.
Basile se déclare à Cendre.
Cendre invite Alys en dehors.
Cendre et Alys s’embrassent.
Alys reperd connaissance.
Rose se rend dans la chambre de Cendre.
La mère supérieure intervient au sujet d’Alys.

*

Rose avait appris que Cendre avait vu Alys seule et qu’il avait dû la ramener chez elle en urgence parce qu’elle avait fait un malaise.
Ce sont les parents d’Alys qui lui avaient parlé de cet évènement.

— Excuse-moi Rose, l’état d’Alys empire, et je préfère qu’elle ne sorte pas trop prochainement…
S’était expliqué sa mère.

Elles étaient toutes les deux sur le canapé dans la salle.

— Je comprends…
— C’est ton ami, Cendre, qui l’a ramenée l’autre jour. Alys s’en veut encore de lui avoir imposé ça…
— Pardon ? Qu’est-ce qu’il faisait avec elle ?

Rose était interloquée.

— Il l’avait invitée à sortir, tu n’étais pas au courant… ? J’ai peut-être dit une bêtise-
Sa mère était confuse.

— Non, mais est-ce qu’il est repassé la voir, depuis ?

Ce qui intéressait Rose, c’était les sentiments d’Alys.

— Non, effectivement…

— J’ai compris, je vais avoir des choses à lui dire. Merci de m’en avoir parlé.
Coupa Rose.

Rose partit de la maison, en laissant la mère d’Alys sur le canapé, elle n’avait rien compris.

*

Rose arriva en trombes devant la chambre de Cendre.
Elle frappa à la porte et Cendre pensait que Basile serait derrière. Il fut totalement surpris.

— Qu’est-ce que je peux faire pour toi ?
Demanda t-il interrogateur.

— Nous avons des choses à nous dire.

Rose le poussa dans sa chambre et referma la porte derrière elle.
Cendre se laissa faire, prit par surprise.

— Ok, calme-toi d’abord.
Dit-il sur la défensive.

— Comment tu as pu lui faire ça !?
S’écria Rose.

— Lui faire quoi, à qui ?

— Alys.

À ces mots, Cendre se figea.

— Est-ce qu elle va bien ?
Demanda t-il, vraiment inquiet.

— Si cela te préoccupe, pourquoi tu n’es pas allé lui rendre visite ?

Le regard de Cendre évita Rose.

— Tu ne te rends pas compte de ce que tu fais. Est-ce que tu penses à ce qu’elle ressent ? Si c’était pour fuir, il aurait mieux fallu ne pas te lier d’amitié avec elle.

— Ce n’est pas ça… je pensais qu elle préférerait t’en parler avant…

— Qu’elle me parle de quoi ?! Elle ne peut pas me parler… actuellement…

Rose avait les yeux mouillés.

— Comment ça ?
Cendre changea de tête.

— Elle… son état s’est empiré… elle préfère que je ne la vois pas pour l’instant…
Rose se mit à pleurer.

Cendre s’avança prudemment vers elle pour la prendre dans ses bras et la consoler.

Le moins que je puisse faire, c’est de lui montrer que je suis là pour elle…
Sanglotait Rose.

*

Cendre alla en soirée frapper chez Alys.
Son père ouvrit et l’invita à entrer.

— Bonsoir, je sais que ça peut être rude de ma part, mais est-ce que je peux voir Alys ? J’ai des choses à lui dire.

Sa mère n’était pas loin et en apercevant Cendre, elle s’approcha pour lui dire quelques mots.

— Elle ne pourra pas te répondre dans son état, mais si tu as des choses importantes à lui dire, tu peux la voir.
Cependant, elle n’est vraiment pas en forme. Est-ce que tu es sûr ?
Expliqua t-elle d’une voix basse.

— Oui.
Répondit-il préparé.

Lorsqu’il entra dans sa chambre.
Il vit le lit sur lequel elle était allongée.
Elle semblait encore plus frêle et blanche que d’habitude.
Un mouchoir en tissu était dans sa main, plein de sang. D’ailleurs, quelques gouttes séchées étaient au coin de sa bouche.
Cette vision lui resserra le coeur, on aurait pu croire qu’elle était déjà dans l’autre monde.
Il s’assit sur le bord du lit, en prenant soin de ne pas s’assoir sur elle.
Puis il commença à lui parler.

— Bonsoir Alys… c’est moi, Cendre.

Il n’avait pas l’habitude de parler seul. Il reprit sa respiration et continua.

— J’arrive un peu tard mais je n’osais pas venir te voir. Ce ne sont que des excuses, j’en suis conscient… Je crois que je t’aime, et je sais que tu aimes Rose…

Il marqua une pause.

— Je t’aime, Alys.
Se corrigea t-il.

Elle avait senti une présence.
Elle reconnut sa voix lorsqu’il se mit à parler.
Elle pur entrouvrir ses paupières pour voir sa silhouette puis son dos sur le rebord du lit.
À ces derniers mots, elle put bouger ses bras pour lui attraper sa main.

— M…e…r….c…..i.
Prononça t-elle avec mal.

Cendre se retourna instantanément pour la voir.

— Ne te force pas à parler.
L’arrêta t-il, il avait entendu sa voix enrouée et rauque.

Il l’embrassa sur le front en serrant fort sa main dans la sienne.
Il sourit et continua à lui raconter des choses.

— … Et rose est venue frapper à la porte de ma chambre. Heureusement que j’étais à l’école, j’imagine pas la tête qu’aurait fait mes parents si c’était chez moi. Une vraie furie, j’ai cru qu’elle allait me casser la figure. Vraiment.

Alys souriait et Cendre avait l’air heureux.

— … Je t’ai pas racontée, il y a ce garçon parmi mes élèves. Basile. Il avait totalement remarqué que je craquais pour toi… quand il est venu dans ma chambre pour me le dire, j’étais tellement gêné…

Il vit Alys somnoler et se rendormir.
Il lui embrassa une nouvelle fois le front, rajusta sa couverture, puis se décida à partir.
Lorsqu’il redescendit dans la salle, son père lui en toucha quelques mots.

— Merci d’être passé la voir.
— Merci à vous, de m’avoir autorisé à lui parler…

2019.04.24

Papillon

Alys préféra attendre Rose à l’extérieur des vestiaires.
D’autres personnes arrivèrent pour y entrer et elle les salua timidement, même si elle avait l’habitude de se faire ignorer. Cela la blessait un tout petit peu au fond d’elle mais elle essayait de ne plus y penser.
Rose lui faisait oublier sa condition particulière et elle lui en était entièrement reconnaissante.
Pour éviter de croiser d’autres personnes.
Elle s’aventura dans le jardin intérieur. Il était entretenu et magnifique. Il y avait un banc simple en bois sur lequel elle pourrait s’asseoir pour attendre son amie.
Il y avait de grands buissons et autres plantes qui l’isolaient un peu sans non plus l’empêcher d’être vue si on s’attardait un peu plus sur l’endroit.
De plus, elle s’était positionnée pour voir l’entrée du vestiaire pour guetter Rose lorsqu’elle aurait fini.
En s’avançant sur le lieu, une petite terrasse en bois légèrement surélévée était installée pour ne pas marcher directement sur les plantes.
Elle aperçut un petit papillon aux ailes abîmées, posé sur une feuille. Il avait du mal à voler et semblait à bout de forces.
Elle s’accroupit à sa hauteur et tendit sa main pour le faire monter sur ses doigts.
Elle le prit avec elle et s’assit sur le banc en continuant de l’observer tristement.
Elle se reconnaissait dans cet insecte épuisé et qui n’était plus capable de voler, qui allait certainement mourir incessament sous peu.

Cendre avait fini de donner des conseils à Basile et se dirigeait vers le vestiaire également.
Il vit tout de suite Alys dans le jardin et la vit observer le papillon sur son doigt.
Il s’arrêta inconsciemment pour l’admirer, il était comme hypnotisé.
Basile était juste derrière lui et vit la scène, il le tira de sa rêverie.

— On va aux vestiaires ?
Dit-il d’un ton neutre mais assez fort pour que Cendre entende.

Il l’avait interpelé comme si de rien n’était.
Cendre se retourna aussitôt, et continua son chemin.
Il devait se ressaisir.

*

Lorsque Basile et Cendre furent dans sa chambre et qu’ils firent leurs affaires.
Cendre commença par aborder le problème.

— Je t’apprécie mais je crois que je suis amoureux de quelqu’un d’autre…
Avoua t-il.

— Je sais…
Répondit Basile.

Les yeux écarquillés, Cendre se retourna vers lui.

— C’est l’amie de Rose, n’est-ce pas ?
Enchaîna t-il, attristé.

— Oui… je sais que c’est un amour à sens unique, mais je préfère être sincère avec toi. Je ne sais pas où notre relation va nous mener.

Cendre avait repris son air sérieux.

— Voilà dans quoi tu t’engages…

— Ça ne me fait pas peur. Rien qu’être à tes côtés me suffit.
Dit Basile.

— Pour l’instant. Le jour où cela ne te suffira plus, tu seras libre d’arrêter. Mais à quel prix ?
Cendre était pragmatique.

— Je suis prêt à en payer le prix. Je sais que je finirais peut-être blessé à la fin. Mais s’il y a une infime chance que tu oublies l’Ignorée pour être heureux avec moi. Je la prends.

Basile était déterminé.
Cendre ne savait pas quoi répondre.

— Donne-moi cette chance.
Supplia Basile.

Cendre s’avança vers lui pour lui enlacer la nuque et le serrer contre lui.

— D’accord, donnons-nous cette chance.

*

— Excuse-moi, je ne peux pas. Alys occupe toutes mes pensées et cela ne serait pas raisonnable de ma part.
Déclina Cendre.

Basile encore sur le lit, réfléchissait et avait encaissé le refus. Il s’en doutait mais voulait tenter.

— Je comprends. Je l’avais remarqué.
Se résigna t-il.

— Cela se voit tant que ça ?…>
S’inquiéta Cendre.

— Non. C’est juste que je passe mon temps à t’observer, bien sûr que je l’ai remarqué.
Rit Basile.

Cendre était extrêmement gêné.

— La seule chose que je peux te proposer, si cela t’intéresse, bien sûr. On peut coucher ensemble plus ou moins régulièrement.
Exprima Cendre en toute sincérité.

Les yeux de Basile s’écarquillèrent.

— T’es sérieux ?
Il était interloqué.

— Oui. Le moment qu’on a passé ensemble n’était pas désagréable.
Cendre se rassit sur le rebord du lit et observait avec amusement la réaction de Basile.

— Bien sûr que ça m’intéresse !
Répondit-il joyeux.

— Si cela te convient, on peut faire ça.

Cendre se pencha sur lui et commença par l’embrasser de nouveau et ils repartirent pour un second round.

*

La relation entre Cendre et Basile était bénéfique pour les deux.
Basile osait de plus en plus frapper Cendre lors des cours privés qu’il avait la chance de recevoir, parce qu’il les demandait à la fin des cours collectifs.
Cendre aimait le voir motivé et il s’améliorait.
À son rythme, mais il y a avait des progrès.
Les autres élèves se doutaient de quelque chose mais chacun avait du respect pour la vie privée des autres, tant que cela n’empiétait pas sur la vie quotidienne de l’école, il n’y avait rien de plus à ajouter.
Ainsi, ils se voyaient de temps en temps, généralement après la séance, après leurs douches, parfois dans la douche.
Cela était devenu leur quotidien.

2019.04.24

Mélodie

— Si vraiment cette situation me dérangeait, je t’aurais déjà repoussé. Crois moi.

Il accula Cendre sur son bureau et le surplombait de sa carrure et de sa corpulence.

— Je peux savoir ce que tu cherches à faire… ?
Demanda Cendre, d’un ton très neutre.

— Vous embrasser.
Après avoir laissé passer un moment de silence, Cendre finit par briser le silence et la gêne qui commençait à s’installer.

— … Qu’est-ce que tu attends, alors ?
Dit-il sèchement, sur le ton de la provocation.

Basile baissa les yeux et n’osa pas continuer. Il commença par reculer.
Cendre lui attrapa le col et le tira vers lui, jusqu’à ce que leurs lèvres se frôlent.

— Va au bout de ce que tu entreprends.
Dit-il sur le ton d’un sermont.

Basile avait les yeux écarquillés et se noyait dans le regard de son supérieur.
Cendre le tira encore plus fort vers lui, Basile posa ses mains sur le bureau pour ne pas perdre l’équilibre et tomber sur Cendre.
Son torse s’était écrasé sur le sien, sans parler de son visage et ses lèvres qui étaient collées aux siennes.
Cendre ne fit pas les choses à moitié, et lui donna un long baiser plein de fougue, avant de lui relâcher le col. Et le laisser penaud.

— Est-ce que ça te suffit ?

Cendre avait détourné le regard et malgré l’assurance qu’il se donnait, il était gêné de ce qu’il venait de faire, son visage était légèrement plus rouge que d’habitude.
Basile craquait totalement devant cette expression que Cendre affichait et le prit au mot. Il avait raison, il devait prendre son courage à deux mains.
Il attrapa le visage de Cendre et l’embrassa à sa manière, avec toute sa passion, et la tendresse qu’il avait à son égard.
Il passa ses doigts sur sa nuque puis dans ses cheveux.
Cendre n’était pas indifférent, et il le devinait à la bosse dure qu’il sentait contre sa jambe, au vu de leur position.
En jetant un coup d’oeil prononcé à son entrejambes, Cendre devint écarlate.
Basile n’hésita plus. Il passa ses mains sur la taille de Cendre et commença à défaire le noeud du lacet de son pantalon.
Il lui attrapa le poignet.

— Tu n’es pas obligé de faire ça…

Cendre avait perdu son assurance et son timbre de voix était beaucoup plus doux. Ce qui faisait fondre le coeur de Basile encore un peu plus.

— Je ne me sens pas obligé, je veux le faire.
Rétorqua Basile en ignorant sa poigne, qu’il sentit faiblir, jusqu’à se transformer en une caresse.

Les gémissements de Cendre étaient une mélodie à ses oreilles, il semblait lui supplier d’arrêter et n’osait pas le regarder dans les yeux.

2019.04.24

Pivoine [Fanfic] Guild Wars 2

Bloqués dans une crevasse en attendant que le blizzard se calme.
Ils n’avaient pas trop le choix que d’être assis l’un à côté de l’autre, serrés dans cette position.
Elle tremblait un peu, très peu habituée à ce climat.
Il lui avait pourtant prêté sa cape.

Je me retrouvais donc bloquée avec lui dans cette grotte qui ressemblait plus à une crevasse.

En voulant continuer notre chemin.
Il s’était arrêté net en voyant le vent se lever et une vague de neige se rapprocher de nous.
Avec sa grande carrure il se positionna en face de moi, faisant office de pare-vent, et de sa voix au grand coffre, il me fit comprendre qu’on devait se réfugier rapidement.
Si même lui, qui était bâti comme une montagne, craignait cette tempête, c’est que je ne devais pas la sous-estimer.
Il se déplaça en faisant attention à ce que je ne subisse pas trop le souffle du blizzard qui se levait. Je le voyais bien.
On arriva à cet endroit modeste mais nous n’avions pas le luxe de nous plaindre.

Nous étions donc assis l’un à côté de l’autre.
Nos épaules se touchaient.
Je ne pouvais m’empêcher de trembler par ce temps, malgré la cape-manteau qu’il m’avait gentiment prêtée.
Je me frottais la peau des bras pour essayer de me réchauffer le plus possible.
J’avais beau tenter d’être discrète et de ne pas me plaindre, il le remarqua et se rapprocha de moi pour me serrer dans ses grands bras musclés et surtout, chauds.
Trop gênée pour prononcer le moindre mot.

Bercée par le rythme du vent qui s’engouffrait dedans.
Et par la chaleur des bras qui l’enlaçaient.
Elle finit par somnoler et s’endormir.
Elle se sentait étrangement en sécurité près de cette personne qu’elle ne connaissait que depuis quelques jours.

Comme un chat qui se met à faire la sieste sur les genoux de quelqu’un.
Il fut surpris de sentir son poids contre lui, et il se rendit compte qu’elle s’était tout simplement endormie.
La balade avait été longue et elle n’avait pas bronché une seconde.
De plus par ce climat qu’elle ne connaissait pas.
Il n’osa pas bouger de peur de la réveiller.
Il profita de cette petite humaine blottit contre lui et se positionna pour faire une petite sieste également.
Puisqu’il ne pouvait pas faire autre chose.

Elle se rendit compte qu’elle s’était assoupie et elle reprit ses esprits doucement, elle était beaucoup trop bien dans la chaleur de ce manteau et les bras de ce Norn.
Elle se sentait gênée de s’être endormie de cette manière et sur lui. Elle releva lentement la tête pour voir sa réaction.
Il dormait également, il semblait serein.
Elle ne put s’empêcher de sourire, elle se sentait moins honteuse d’avoir perdu face à Morphée.
Elle se surprit à apprécier le regarder sous toutes ses coutures sans qu’il puisse le savoir.

Au bout de quelques minutes, il finit par bouger et se réveiller.
Elle fit mine de rien et cacha sa bouille dans le col du manteau.

— Tu es réveillée ?
Dit-il en voyant qu’elle s’était un peu éloignée de ses bras qui avaient servi d’oreiller.

Elle hocha la tête pour répondre.

— Le blizzard est passé, on va pouvoir continuer notre route.
Dit-il en jetant un regard à travers la fissure qui donnait sur l’extérieur.

— Bien dormi ?
Demanda t-il, d’un air taquin.

— Oui… merci.
Répondit-elle en sentant le rouge monter à ses joues.

*

Elle était capable de plus, plus ce qu’elle ne pensait d’elle.
Il avait dû lui rappeler plus d’une fois.
Il avait presque dû lui forcer la main pour qu’ils se mettent en groupe.

Lui, d’habitude solitaire, il avait dû ravaler sa fierté lorsqu’il fut mis au pied du mur, en tombant sur un adversaire plus fort et en s’étant mis en danger. Ce jour là, il fut reconnaissant envers les esprits d’avoir mis cette humaine sur son chemin.
Elle passait par là, et le voyant à terre, elle se précipita pour repousser la bête et le relever.
Ils purent combattre à deux sans encombre.
Il ressentit une certaine alchimie parce que leurs styles de combat étaient compatible et fluide. Ils ne se gênaient pas et elle était là pour le couvrir si jamais il y avait un imprévu.
Après la bataille, elle le salua timidement et était sur le point de partir lorsqu’il la retint.
Il lui demanda son nom pour pouvoir la remercier à une prochaine occasion.

Elle était plutôt du genre à se mettre en retrait et apporter du support même si cela arrivait qu’elle se mette en première ligne pour attaquer.
Elle avait un style qui lui plaisait et qui était en accord le sien.
Lui qui était beaucoup plus rentre-dedans, il avait besoin de quelqu’un qui avait ce style de combat.
Ce n’était pas par hasard qu’il était solitaire, il ne supportait pas le caractère de ses anciens coéquipiers.
Bizarrement, il n’avait pas ressenti cette gêne lorsqu’il était à ses côtés.

Il réfléchit un bon moment avant de se décider à la rattraper.
Ce qui ne fut pas très long vu la différence de taille de leurs foulées.

— Excuse-moi, est-ce que tu as déjà des coéquipiers ?…

Sa demande était maladroite.
Elle fit non de la tête. Ce n’était pas une bavarde.
Il sembla soulagé après avoir eu cette réponse.

— Tu ne voudrais pas faire équipe avec moi… ? Je pense qu’on pourrait s’entraider.

Elle semblait réfléchir.

— Non merci. Je ne vous connais pas.

Elle avait raison de refuser cette demande incongrue.
Son visage se décomposa puis il se rendit compte de sa position.

— Je comprends… on peut peut-être faire un bout de chemin ensemble… ? Je t’accompagne. C’est pour te remercier de m’avoir aidé tantôt.
Proposa t-il.

Encore songeuse, elle accepta en hochant doucement la tête, se demandant ce que ce Norn lui voulait.

En la regardant commencer les combats contre les monstres, il put admirer à quel point elle se débrouillait.
Cela durait plus longtemps mais elle s’en sortait en solo.
Il participa pour l’aider à terminer plus rapidement.
Sans un mot.

Son regard envers lui changea un peu.
Elle put cerner un peu plus son personnage.
Il était plus bavard qu’elle et il était curieux.

— Tu te balades toujours seule ?
— Tu viens du Promontoire Divin ?

Puis il finit par parler de lui.

— Je viens d’Hoelbrak, tu y es déjà allé ?

Elle fit non de la tête, mais semblait intriguée.

— Il y fait froid mais les gens sont chaleureux. Est-ce que je peux au moins t’inviter à prendre un verre ou à manger pour te remercier de ton geste, tout à l’heure ?

*

— Fais équipe avec moi. J’ai besoin de toi.

*

Elle avait accepté l’invitation d’aller chez lui en toutes connaissances de cause.

*

Elle avait fait une erreur de calcul et ils s’étaient frottés à plus fort qu’eux.
Il était en danger et elle accourut pour le relever à temps.

— Va t-en !
Lui avait-elle crié avant de s’attaquer à l’ennemi qui fonçait droit sur eux.

Elle le poussa au dernier moment en sachant que s’il restait à ses côtés, ils allaient y passer tous les deux.
Le coup de l’ennemi la mit à terre.
Son coéquipier se releva pour voir ce qu’il venait de se passer, et la voyant dans cette posture, il vit rouge et entra dans une grande rage.
Son sang bouillonait et il retourna vers elle pour enchaîner et rouer de coups l’ennemi avant de le tuer définitivement.
Il était arrivé quelques secondes trop tard.
Le corps de sa coéquipière jonchait sur le sol.
Elle était blessée et inconsciente.
Il tenta de la soigner brièvement avec le peu de connaissances qu’il avait et la porta jusqu’à la ville.
Son coeur battait encore mais elle était en piteux état.

Lorsqu’elle se réveilla.
Elle était sur un lit énorme en bois.
Elle reconnut instantanément l’odeur de son coéquipier qui n’était pas spécialement désagreable.
Il la serra dans ses énormes bras musclés.

— Ne me refais plus jamais ça !
Dit-il avec une voix tremblante.

Elle était elle-même surprise d’être encore vivante.

— Je vais bien, regarde… merci.. ça n’a pas dû être facile…

— Je t aime, idiote… !
Finit-il par lâcher.

— … Moi aussi, je t’aime…
Avoua t-elle.

Ils s’embrassèrent et il s’allongea à côté d’elle pour la veiller.

— J’attendrai ton rétablissement pour te montrer à quel point…
Dit-il, un grand sourire aux lèvres.

— … Grand bêta…
Rétorqua t-elle, rouge comme une pivoine.

*

Il la porta et la posa sur sa table, de sorte qu’elle soit assise.
Sans arrêter de l’embrasser, ni de lui caresser ses petites courbes fines.
Il n’avait pas besoin de faire de grands gestes vu la taille de ses mains qui recouvraient la moitié de son torse.
Il avait peur de la briser en utilisant trop de force.
Elle, de ses mains, lui tenait le visage pour l’embrasser et baladait ses doigts sur son cou et ses épaules.

2019.04.23