Crise d’adolescence

Elle était partie.
Elle s’était enfuie.
Elle en avait marre.
Marre de jouer le rôle de la petite fille modèle. C’est ce qu’elle avait fait toute sa scolarité et son père lui avait proposé de reprendre sa suite.
C’était trop de responsabilité pour elle et elle avait fui.
Parce qu’une part d’elle la poussait à écouter ses parents, continuer à essayer de les rendre fiers d’elle, de faire de son mieux pour valoir quelque chose à leurs yeux, mais. Elle était fatiguée, de devoir porter ce fardeau, de faire son possible pour eux et pas pour elle. C’était trop de pression. Son père avait trop d’espoir dans ses yeux lorsqu’il la regardait et qu’il voyait quelque chose en elle qu’elle n’arrivait pas à comprendre.
Elle ne voulait plus de ce cadre. Elle voulait juste être tranquille. Penser à elle.
C’était égoïste, mais elle en avait marre de devoir faire attention à ses faits et gestes, que tout le monde la regarde en la considérant comme quelqu’un qu’elle n’était pas, qu’au moindre faux-pas cela risquait de porter tort à sa famille, ou juste la blesser elle-même dans son for intérieur. Elle avait peur de ne pas être à la hauteur, alors elle était partie.
Elle avait fugué, chez son cousin sur qui elle pouvait compter, à qui elle s’était un peu confiée, à qui elle avait demandé de l’aide.
Avec un petit sac à dos avec le stricte minimum, elle s’était rendue chez lui et il l’avait serrée dans ses bras. Ten’ l’avait également suivie. Elle avait essayé de lui faire entendre raison mais il avait insisté pour venir avec elle et elle n’avait rien pu faire pour l’en empêcher.

Jasper n’était pas regardant sur la situation. Il avait accepté Aurore tout comme Ten.
Elle lui avait assuré qu’il n’aurait pas à se charger de son animal, et il lui avait proposé de dormir dans son lit. Il avait un petit appartement plutôt bien agencé et assez grand pour deux.
Le lit était double et Aurore pouvait dormir dedans avec Jasper mais elle avait insisté pour dormir sur le canapé.
Jasper réussit à la convaincre de dormir ensemble puisqu’il n’était pas gêné et cela lui permettrait de discuter avec elle de ce qui n’allait pas.

— Tu sais… je vais devoir prévenir tes parents que tu es ici. Ils risquent de s’inquiéter si tu ne rentres pas…

Ils étaient allongés sur le lit, l’un à côté de l’autre et il jouait avec les mèches de cheveux de sa cousine.
Il voyait qu’elle réfléchissait et qu’elle craignait les conséquences, alors il la rassura.

— Ne t’inquiète pas, tu restes ici et personne ne te forcera à partir. Je ne te forcerai pas à partir non plus. Tu restes autant de temps que tu veux chez moi, d’accord ?

Elle hocha timidement la tête, rassurée mais pas convaincue.

— Mais je dois les prévenir sinon ils risquent de vraiment s’inquiéter et lancer des recherches pour te retrouver, n’est-ce pas ?

Elle aquiesça lentement. Il avait raison, même si l’idée ne l’enchantait pas.
Elle resta en boule avec Ten’ à ses côtés qu’elle caressait tout en étant perdue dans ses pensées. Elle entendait Jasper au téléphone et elle appréhendait la suite.

— Aurore est chez moi.

Il entendit un soupir de soulagement à l’autre bout du téléphone.

— Ah. Est-ce qu’il y a un problème ? On a pas réussi à la joindre sur son téléphone.
— Hm… je voulais juste vous prévenir qu’elle est en sécurité. Ten’ est avec elle. Je raccroche.

Il n’avait pas voulu s’éterniser alors qu’Aurore écoutait.
Il était revenu dans la chambre et elle le remercia même s’il était encore sur ses gardes.
Elle avait peur que d’un moment à un autre on vienne la forcer à rentrer mais Jasper lui avait assuré qu’il n’autoriserait pas ça.

Son père avait raccroché et était resté bouche bée.

— C’était Jasper. Aurore est chez lui.

Elle avait quitté la maison comme si elle sortait se promener en plein milieu d’après-midi.
Ils ne s’étaient pas inquiétés jusqu’à l’heure du dîner, lorsqu’ils ne la virent nulle part et qu’ils n’arrivaient pas à la contacter. Son téléphone était coupé.
Ils avaient demandé à Vlad’ si elle n’était pas avec lui, il ne l’avait pas vue non plus.
Ils allaient appeler les cousins lorsque l’appel de Jasper retentit. Ils étaient rassurés mais dans l’incompréhension. Pourquoi Aurore était partie sans prévenir ?

— Oh, elle passe la nuit là-bas ? Okay.

La voix d’Alexandra était neutre, c’était normal pour elle. Elle était soulagée que ce ne soit rien de grave mais le visage de Gabriel était resté dur.

— C’est étrange… cela ne lui ressemble pas de ne pas nous prévenir.
— Si elle est avec Jasper, c’est que ça va. Elle a peut-être voulu fêter l’obtention de son baccalauréat avec son cousin préféré. Elle est grande tu sais.
— Hm… tu as raison…

Gabriel avait défroncé ses sourcils, enfin.

— Son téléphone ne doit plus avoir de batterie.

Son smartphone était resté dans sa chambre.
La batterie retirée, sur la table de son bureau.
Elle savait qu’elle pouvait être traquée.
Elle avait à peine des vêtements de rechange.
Il faisait encore doux dehors et elle avait un gros bomber qui lui tenait chaud et son jeans.
La premiere semaine, c’était comme si elle etait en vacances chez son cousin.
Ils avaient rattrapé le temps perdu puis Jasper lui avait prêté quelques vêtements de rechange et un pyjama.
Elle était dans un T-shirt un peu trop large et un boxer.
Ten’ dormait au pied du lit.
Jasper n’était pas à l’appartement en journée et il en profita pour téléphoner aux parents d’Aurore.

— Bonjour, c’est Jasper… j’espère que je ne vous dérange pas ?
Sa voix était hésitante mais il devait avoir cette conversation.

Gabriel décrocha et lui repondit.

— Bonjour Jasper, merci pour ton appel, tu ne déranges pas.
— Hm… est-ce qu’il s’est passé quelque chose récemment ? Je crois qu’Aurore ne souhaite pas rentrer à la maison pour l’instant…
— Quoi… ? Euh, je ne crois pas, excuse-moi mais c’est un peu soudain… elle a dit ça ? Je ne comprends pas.
— Elle n’a pas exactement dit ces mots mais elle n’a pas l’intention de rentrer tout de suite… elle avait l’air assez déprimée lorsqu’elle est venue frapper à ma porte…

*

Elle avait sonné chez lui en plein milieu de la nuit.
Les yeux rouges, elle avait forcé un sourire.

— Euh… salut… désolée de venir à l’improviste… est-ce que je peux entrer… ?

Il ne savait pas ce qu’il se passait mais il savait ce qu’il pouvait faire. Il l’invita aussitôt à entrer et il la metta à l’aise. Elle n’avait pas l’air bien.
Son chien l’accompagnait et elle s’installa timidement dans le canapé lorsqu’il lui dit de s’asseoir.
Il lui apporta de quoi boire et un plaid sur les épaules.
Elle avait l’air frigorifiée. Depuis combien de temps elle était dehors, à cette heure-ci ? Que faisait-elle dehors ?
Il n’osa pas la brusquer et la noyer de question, alors il réfléchit à la meilleure phrase qu’il pouvait dire pour briser ce silence.

— Est-ce que tout va bien … ?
— Pardon Jasper… je… je ne veux pas rentrer chez moi…

Il s’assit à côté d’elle et l’encouragea à lui raconter ce qui n’allait pas. Elle lui avoua ses craintes et elle pleura. Il la serra dans ses bras et la rassura du mieux qu’il put. Qu’il ne voyait pas d’inconvénient à ce qu’elle reste mais qu’il allait devoir prévenir ses parents.
Elle l’avait regardé avec des yeux paniqués mais il la rassura.
Elle avait fini par s’endormir enroulée dans le plaid et sur le canapé. Elle devait être épuisée pour s’endormir ainsi toute habillée.
Il en profita pour passer un coup de fil.

— Bonsoir… excusez-moi de vous déranger à cette heure-ci… mais Aurore est chez moi.

— Qui est-ce ?
Avait demandé la voix, sur ses gardes.

— Ah, c’est Jasper à l’appareil.
— Bonsoir Jasper… est-ce qu’elle va bien ?
— Oui, elle s’est endormie. Je me charge du reste, vous pouvez vous rassurer. Elle est en sécurité ici.
— Merci pour ton appel.

Il entendit un soupir de soulagement à l’autre bout du fil.

*

Elle avait disparu pendant plusieurs jours.
Personne ne savait où elle était.
Ten’ était parti avec elle.
Elle avait fini par franchir le pas et fuguer.
Elle ne pouvait pas compter sur sa soeur, elle aurait été prise dans ses problèmes. Puis elle était trop proche de la famille.
Au bout de quelques nuits dehors, à dormir à la belle étoile et survivre avec Ten à ses côtés.
Elle avait fini par arriver à court de nourriture et avoir froid. Elle n’avait pas de quoi payer, acheter de quoi manger.
Elle avait fait exprès de laisser son téléphone chez elle.
Elle ne voulait pas être suivie.
Elle se rappela l’adresse de son cousin et elle alla chez lui en dernier recours.
Elle ne pouvait demander de l’aide qu’à lui.
Il était assez éloigné de la famille pour ne pas être influencé par ses parents. Elle l’espérait.
Il l’avait reçue les bras grands ouverts.
Elle s’en doutait mais il ne chercha pas à la duper.
Il lui dit la vérité sur l’inquiétude de la famille, et qu’il devait prévenir ses parents.
Elle fit la moue lorsqu’il la tint au courant.
Il comprit qu’il s’était passé quelque chose.
Il voulait savoir le pourquoi du comment.
Après avoir regardé si elle allait bien et lui avoir posé plusieurs fois la question et qu’elle le rassure, ils s’asseyèrent et elle tenta de lui expliquer rapidement la situation.

*

Elle était fatiguée mais voir son cousin lui mit du baume au coeur. Elle avait les yeux rouges, des cernes et elle n’était pas fraîche. Cela faisait plusieurs jours qu’elle n’avait pas pu se laver, ni dormir correctement dehors.
Elle avait ses affaires de toilette dans son sac à dos mais elle n’avait pas pu souvent les utiliser.
Puis elle était gelée. Ses vêtements étaient chauds mais la nuit était froide et même avec Ten’ à ses côtés et blottie dans ses poils, elle avait froid. La fatigue et la faim n’aidant pas.
Elle lui sourit timidement et il ne la fit pas attendre, il la tira dans son appartement et la serra dans ses bras tout en regardant si elle n’était pas blessée.

— Tu n’as rien ? Où étais-tu… ?! La famille est morte d’inquiètude !

Elle ne savait pas quoi répondre à part sourire de manière crispée, tristement.

— Que s’est-il passé ? On t’a fait du mal ?
— Non, non… je… suis juste partie.
— Oh.

Elle baissa la tête et il ne sut pas quoi ajouter de plus.

— Tu as l’air frigorifiée, est-ce que tu as besoin de quelque chose ?

Elle le remercia de ne pas insister d’avantage.
Et il essaya de la mettre le plus à l’aise possible. Il ne comprenait pas encore bien la situation, mais si elle avait besoin d aide, il serait de son côté.

*

Elle avait eu son baccalauréat.
Lorsque ses parents la félicitèrent et qu’ils discutèrent avec elle de ses résultats autour de la table. Elle était anxieuse. Elle était heureuse que ses parents soient fiers d’elle et d’un autre côté, elle était tiraillée par d’autres sentiments.
Son père avait fait part de sa volonté qu’elle reprenne sa suite, et quelque chose s’était resserré dans sa poitrine.
Elle pourrait suivre cette voie, faire ce que ses parents attendaient d’elle, peut-être la seule chose dont elle était capable.
Contrairement à ses frères et sa soeur, elle n’avait pas de réel talent dans un domaine, ni de rêve, ni de passion. Tout ce qu elle avait c’étaient ses bonnes notes lors de son cursus scolaire, et même cela, son frère avait été un bien meilleur élève qu’elle, dans son cas on pouvait parler d’excellent élève. Elle faisait pâle figure à côté de lui, mais les notes sur son bulletin étaient au dessus de la moyenne, et même bien au dessus de la simple moyenne.
Elle rougissait un peu parce qu’elle ne se sentait pas particulièrement spéciale mais elle avait travaillé dur pour atteindre ce niveau et que ses parents le remarquent, cela la touchait. Elle ne pouvait pas le nier.

— Qu’en penses-tu ?
Avait demandé son père, avec beaucoup trop d’espoir dans ses yeux et dans sa voix pour qu’elle refuse.

Mais elle n’en avait pas envie. Cela lui faisait peur d’accepter. C’était trop de pression sur ses petites épaules et elle en avait déjà un peu marre de faire tant d’efforts pour être reconnue, pour ses parents, pour autrui.
Est-ce que c’est ce qu’elle voulait pour la suite ? Continuer à faire des efforts pour correspondre aux attentes de ses parents ?
Non.
Et pourtant, ses parents ne l’avaient jamais poussée à faire tous ces efforts. Au contraire, ils n’attendaient pas grand chose d’elle, sans pour autant la dénigrer. Ils la laissaient faire ce qu’elle voulait sans lui mettre la pression. Sans aucun doute, c’était elle-même qui se mettait cette pression, cette exigeance, que tout soit fait au mieux, pour surprendre ses parents. Qu’ils la regardent et qu’elle se demarque de la fratrie.
C’était tout ce qu’elle avait pour elle.

En voyant qu’elle n’osait pas répondre. Sa mère remarqua son hésitation et donna un coup de coude dans les côtes de son époux, une manière de le rappeler à l’ordre qu’il ne fallait pas qu il lui forcer la main.
Il toussa tout en se massant le flanc qui venait de se prendre un coude bien placé.

— Enfin, prends ton temps pour réfléchir à ma proposition.

*

Elle était retournée dans sa chambre.
Elle avait quitté ses parents sans se prononcer et ils l’avaient laissée réfléchir à leur proposition.
Après avoir fermé la porte de sa chambre, elle s’était jetée dans son lit, la tête dans enfouie dans son oreiller.
Elle pleurait. Elle ne savait pas exactement pourquoi mais elle se sentait piégée. Est-ce qu’elle aurait du parler à ses parents de son envie d’aller étudier en ville ? D’aller travailler en ville et d’être indépendante là-bas. Peut-être pas entièrement indépendante, mais au moins essayer de se débrouiller par elle-même. Pourquoi même pas quitter la maison familiale.
Elle avait trop peur de la réaction de ses parents.
Elle était encore colère contre elle-même de n’avoir pas eu le courage de s’exprimer. Et en colère parce qu’elle n’avait jamais osé s’interposer et refuser les propositions de ses parents.
Alors les larmes s’étaient mises à couler sur ses joues, absorbées par son oreiller.

Elle était seule à la maison.
Son frère était à son travail et ne rentrerait pas avant le soir. Sa soeur et son autre frère étaient en ville à leur boutique, et ne rentreraient certainement pas avant la fin de la semaine, s’ils n’étaient pas trop occupés par des projets.
Il ne restait qu’Aurore dans la maison familiale. La petite dernière de tout juste 18 ans.
Elle avait envie de hurler, crier.
Elle avait beau être mature sur certains points, elle restait une jeune fille sans réelle expérience et sans recul sur ses émotions et son ressenti.
Et comme toute jeune personne, elle devait faire ses propres choix et des erreurs pour en apprendre plus sur elle-même et la vie.
Elle se sentait trop mal pour rester ici et elle n’avait personne à qui se confier.
William ne pourrait pas l’aider. Ses parents et lui étaient beaucoup trop influençables par les parents d’Aurore et ses frères et soeur ne comprendraient pas son mal être, ils seraient certainement du côté des parents. Elle serait incomprise.
Elle prit sa décision.
Elle ravala et essuya ses larmes.
Elle ne pouvait pas se plaindre intérieurement éternellement et pleurer en silence sans rien faire.
Elle éteint son téléphone et le posa sur son bureau.
Elle prit quelques nécessaires : sous-vêtements et trousse de toilette, qu’elle jeta dans un petit sac à dos, puis elle sortit de sa chambre.
Ten’ se doutant de quelque chose, était venu la voir.
Elle s’était agenouillée et malgreé ses efforts pour le faire rester à la maison, il n’avait pas obéit.
Il savait qu’elle allait partir et il ne pouvait pas la laisser partir seule.
Alors elle sourit et soupira. Il la suivit.

Elle se réfugia chez son cousin.
Quelle fut sa surprise lorsqu’elle arriva devant sa porte.
Elle était anxieuse. Elle ne l’avait pas prévenu, elle ne savait pas s’il était chez lui.
Il l’accueilli les bras ouvert.

— Est-ce qu’il faut qu’on vienne la chercher… ?
— Non, je ne pense pas. Elle est en sécurité ici. Ne vous inquiétez pas. Je garde un oeil sur elle.

Aurore n’était pas dupe.
Même si les premiers jours étaient amusants pour elle et Jasper. Agréables. Ils avaient rattrapé une partie du temps. Elle savait que Jasper avait besoin d’intimité et juste de se reposer sans à avoir à s’occuper ni se soucier d’elle.
Il sentit qu’elle allait partir et il lui laissa un double des clés.

— Reviens quand tu veux, si tu as besoin.

Il ne pouvait pas lui mentir. Même s’ils s’appréciaient énormément, il avait l’habitude de vivre seul et elle, elle ressentait son besoin d’être seul.
Elle avait alors prit le double de ses clés. Au cas où.

*

Elle errait dans les rues, dans la ville en plein milieu de la nuit.
C’était calme et elle appréciait ce silence pour réfléchir.
Elle était libre, en quelque sorte.
Ni ses frères ni sa soeur, ni ses parents étaient venues la raisonner. Jasper avait été convainquant et, même sans cela. Elle n’avait pas envie de les voir, pas tout de suite.
Elle voulait profiter encore de cet instant de liberté sans qu’on la rappelle à l’ordre.
Sans qu’elle se sente coupable et rabaissée par ce qu’elle était incapable d’accomplir comparé à sa fratrie.
Perdue dans ses pensées, elle ne remarqua pas tout de suite les personnes qui étaient à quelques mètres d’elle.
Elle était dans un petit bois, et un groupe de 3 jeunes d’à peu près son âge, d’après leur acoutrement et leur manière de parler, discutaient sans trop se soucier de déranger les alentours.
À cette heure-ci, il n’y avait personne et les feuillages des arbres étouffaient le bruit qu’ils faisaient.
Puis, ils remarquèrent sa présence.
Ils s’arrêtèrent et Aurore aussi. Se regardant dans le blanc des yeux, sans trop savoir quoi faire.
Elle aurait pu avoir peur, peut-être avait-elle l’air sur ses gardes et le groupe de jeunes hommes s’échangèrent un regard et l’un d’eux se rendit compte qu’ils effrayaient peut-être la jeune fille qui avait l’air plus jeune, et surtout qui était seule, même accompagnée de son chien.
Le chien était sur ses gardes et elle dut lui faire signe de se calmer et de ne pas grogner tant qu’il n’y avait pas de danger imminent.

— Euh, salut. T’es toute seule… ?
Finit par prononcer celui qui semblait mieux lire l’atmosphère que ses compagnons.

Ces derniers avaient l’air déjà un peu trop joyeux et peut-être plus alcoolisés que lui.
Elle hocha la tête.

— C’est un peu dangereux de te balader toute seule… non ?

Ses amis n’avaient pas l’air de vouloir le soutenir ni l’aider. Ils se chamaillaient gentillement. Et ne prêtaient même plus attention à Aurore.
Elle put se relâcher un peu, elle n’avait vraisemblablement rien à craindre et elle caressa doucement Ten’ qui se détendit également.
Son interlocuteur jeta un oeil au chien et se sentit idiot de n’avoir pas plus intelligent à dire.
Ses deux amis étaient en train de continuer leur chemin en titubant et blaguant, mangeant à moitié leurs mots.
Il soupira.

— Fais attention à toi.
Ajouta t-il avant de lui jeter un dernier regard et rattraper les deux autres garçons qui ne l’avaient pas attendu.

Quelques jours plus tard, elle les recroisa dans le bois mais à un autre endroit.
L’heure n’était pas la même.
Il faisait encore jour et les garçons étaient beaucoup plus sobres. Sauf celui qui la reconnut et la salua timidement.
Les deux autres furent surpris qu’ils se saluent.

— Quoi ? Tu la connais et tu nous présentes pas ?
— Vous étiez trop torchés pour vous en souvenir !?

*

Au fil de la discussion il lui proposa de venir avec eux à une petite fête et comme elle n’avait rien de mieux à faire, elle accepta de les suivre.

— T’as qu’à l’inviter à venir avec nous.
Dit un de ses amis, qui voyait qu’il regardait d’un oeil intéressé la jeune fille. Peut-être pour l’aider à franchir le pas et le pousser à se rapprocher d’elle si elle l’intéressait.

— C’est pas bête, plus on est de fou, plus on rit.
Appuya son autre ami.

Les deux amis s’échangèrent un regard complice tandis qu’ils attendaient de voir sa réaction.

— C’est qu’elle a p’tre mieux à faire…
Il n’osa pas croiser son regard.

Elle n’avait effectivement rien d’autre à faire. Elle était libre comme l’air et maintenant qu’elle les observait discuter, en plein jour et sobres, ils n’avaientt pas l’air dangereux, mais plutôt sympathiques.
Puis elle était curieuse. Ten’ était avec elle dans le pire des cas et elle savait un peu se défendre.
Alors elle se décida à les suivre.
Ils étaient joyeux, et c’était peut-être cela qui l’attira.
Durant le trajet elle discuta ou plutôt, il discuta avec elle.
Celui qui était le plus mal à l’aise du groupe.

— Tu sais, ne te sens pas forcée de venir… mes potes sont du genre à forcer un peu la main…
Dit-il pour essayer d’alléger l’ambiance.

*

Ils arrivèrent à une demeure, au fin fond de la forêt, derrière des arbres et des buissons, du lierre et des vestiges d’un muret.
Il y avait une maison, et elle était occupée.
Des gens discutaient et ne s’étaient pas interrompus lorsqu’ils arrivèrent.
Ils étaient attendus et les personnes déjà présentes leurs jetèrent un regard pour les saluer ou juste un signe de tête ou de main. Tout en continuant leur conversation.
Elle entra en dernier et cela les interpela.

— Bah, vous avez amené une nouvelle tête ?
S’exprima une jeune femme à peu près du même âge qu’Aurore.

Elle se présenta rapidement et on l’invita à s’asseoir.
Ils déposèrent sur la table basse de la nourriture et des boissons et elle se sentit mal de n’avoir rien amené.

— Ah… excusez-moi, je suis venue les mains vides…
Dit-elle en baissant la tête, vraiment confuse.

Le jeune homme qui l’avait invitée s’installa à côté d’elle et la rassura, tout en expliquant aux autres.

— Ne t’en fais pas, il y en aura assez pour tout le monde puis tu ne pouvais pas savoir.
Dit-il en lui jetant un clin d’oeil.

C’était étrange comme ces inconnus étaient chaleureux avec elle alors qu’ils ne s’étaient jamais vus. Il était facile de leur parler.
Ou bien c’était elle qui était agréable de compagnie mais elle s’entendit tout de suite bien avec eux.
Ils étaient à l’aise, et ils l’acceptèrent dans leur cercle d’amis aussitôt.
Elle se sentait bien avec eux.
Ils ne savaient pas son passé et elle pouvait se comporter librement sans craindre de regards ou de jugement. Elle voyait que tout le monde faisait cela et cela convenait.
Ils étaient presque tous du même âge. Ils étaient étudiants ou travaillaient dans un boulot alimentaire, encore chez leurs parents ou dans une colocation pour survivre en ville.
C’était ici leur petit havre de paix. Ils avaient apporté quelques meubles et affaires pour rendre l’endroit plus confortable. C’était une sorte de cabane dans les ruines d’une maison plein pied.
Tout le monde ne s’entendait pas forcément mais ils se toléraient, c’était ainsi.
Ten’ fut également accepté mais Aurore les prévint quil ne fallait pas lui chercher des problèmes. Que son chien pouvait être dangereux.

— Il ne devrait pas avoir une musolière ton chien… ? Il est grand et je me demandais si c’était pas un chien de catégorie.
— Si… mais, il a toujours été libre quand je vivais à la campagne, je me sens mal de lui imposer ça…
— Tu n’as pas peur qu’il attaque quelqu’un un jour ? Tu risques pas d’avoir des problèmes ?
— … Il attaque que s’il sent que je suis en danger.
— C’est pour ça que tu viens dans les bois pour le promener ?
— Oui, parce qu’il y a moins de monde et que je risque pas de croiser des gens, normalement. Surtout quand je viens le promener en plein milieu de la nuit.
—  » as pas peur ?
— De quoi ?
— Bah, de te faire agresser, surtout en pleine nuit.

— J’ai Ten’.
Dit-elle, tout en le caressant. Et en souriant doucement

— J’avais pas remarqué hier soir, mais tu as les yeux verrons !
— O… oui…
— C’est pas commun, c’est la première fois que je vois ça, c’est

 

2020.12.14

Hiatus

Elle lui en avait déjà parlé mais il avait préféré ignorer l’échéance.
Il savait qu’elle avait d’autres projets après le lycée et à l’époque, il lui restait encore quelques années devant eux pour qu’elle change d’avis.
Il ne restait que quelques mois avant le baccalauréat et il se voilait la face, il l’évitait parce qu’il savait qu’elle allait lui en reparler et il n’était pas prêt.
Il ne voulait pas l’entendre.
Il en avait discuté avec son meilleur ami qui lui avait donné de l’espoir lorsqu’il lui avait dit que leur père avait suggéré à Aurore de reprendre sa suite.
Mais elle avait refusé. Le faisant tomber de haut.
Elle n’avait pas totalement rejeté la proposition mais elle tenait à partir et elle était déterminée.
Cean ne pouvait pas faire grand chose pour son ami bien trop amoureux.
Il ne pouvait pas l’ignorer infiniment et elle réussit, avec mal, à se retrouver avec lui dans sa chambre, elle avait débarqué chez lui à l’improviste et elle avait fermé la porte derrière elle pour lui parler.

— Salut…

Elle avait les mains derrière son dos, ne sachant pas trop comment amener le sujet sans le blesser.

Il n’avait pas daigné répondre, il était assis à son bureau, en train de finir de rédiger quelque chose et lorsqu’il la vit pénétrer dans sa chambre, il serra son crayon un peu plus fort entre ses doigts.
Quelque chose en lui se crispa, une once de colère et surtout, de la crainte.
Il ne savait pas comment gérer ces nouvelles émotions.

Elle s’était assise sur son lit, et l’invitait à venir à côté d’elle pour commencer la conversation.
Elle le connaissait et elle n’osait pas parler mais il n’allait pas l’aider. Il fallait qu’elle le fasse.
Voyant qu’il ne bougeait pas de sa place. Elle prit une inspiration.

— Je sais que tu m’évites depuis un moment… mais il faut qu’on en discute… je ne veux pas partir comme ça…

— Pourtant, c’est ce que tu vas faire.
Son ton était dur, sec, empli de reproches.

Elle se crispa, elle ressentait sa colère et elle avait peur. Peur que sa rage éclate. Mais elle ne pouvait pas le laisser dire n’importe quoi.

— C’est ce qu’on avait convenu. Tu te souviens ? Quand on s’est mis ensemble… ?
Elle essayait de rester calme, rationnelle, lui rappeler.

— Les choses ont changé. Tu ne penses qu’à toi !
Il avait tapé du poing sur la table.

— Arrête… tu crois que ça me fait plaisir de te quitter ?
— Dans ce cas, reste.
— Ce n est pas aussi simple que ça… !
— Si, ça l’est.
— Et toi, tu ne penses pas qu’à toi, en me demandant ça ?! Si je ne fais pas ça maintenant, je n’aurais peut-être pas l’occasion de le faire plus tard ! J’ai besoin de savoir ces choses, expérimenter…

Il s’était tu.

— Puis… je ne te demande pas de m’attendre. J’ai mon idée sur les relations à longue distance et j’y crois pas. Sois heureux avec quelqu’un d’autre…

Elle tremblait, les larmes lui venaient aux yeux, même si c’était sa décision, elle l’aimait encore, même s’il était énervé contre elle en cet instant précis. Cela lui brisait le coeur de tirer un trait sur leur relation si particulière, passionnelle, fusionnelle.

— Je ne te comprends pas… si tu m’aimes encore.. pourquoi me quitter… ?
— Parce que ce n’est pas juste. Je ne peux pas te garder pour moi alors que je ne serai presque plus là…
— Je m’en fiche… rien que de savoir que tu reviendras…
— C’est ce que tu dis maintenant. Je n’y crois pas. Tu finiras par être frustré de mon absence.

Il se retourna et il la vit, les yeux mouillés.
Elle s’était promis de ne pas pleurer mais c’était trop dur.
Quelque chose dans son coeur se resserra et il se leva.
Il était encore en colère mais il ne pouvait pas la laisser en pleurs sans rien faire.
Elle se forçait à sourire tout en essuyant ses larmes qui continuaient à s’écouler sur ses joues.
Il hésita un instant et s’approcha d’elle, la prit dans ses bras.

— Regarde dans quel état ça te met…
Se moqua t-il gentiment, en la serrant fort contre lui.

— Tu crois toujours que ça me fait rien… ?
Sanglotait-elle, avec un éclat de rire dans sa voix.

— Je n’ai pas envie que ce soit fini entre nous…
Avoua t-il.

Il recula et la regarda dans ses yeux.

— Je t’aime tellement… je ne veux pas que tu partes… mais je sais que je ne peux pas te forcer…

Il passa ses mains derrière sa tete, dans les cheveux d’Aurore, et il l’embrassa sur ses joues, sur son front, sur le coin de sa bouche, dans le cou.
Ses baisers étaient sensuels, avec fougue et passion.

— Regarde… à quel point je t’aime…
Dit-il tout en continuant à l’embrasser jusqu’à trouver ses lèvres et coller les siennes dessus.

Il la bascula sur son lit.
Il la surplombait.

— Moi aussi… mais…
— Je sais… ça me brise le coeur mais parfois j’oublie à quel point tu es plus jeune que moi… tu as des projets, des rêves… je suis égoïste parce que je te veux pour moi. Que tu restes à mes côtés…

Il avait réussi à exprimer une partie de ce qu’il ressentait.
Elle était émue et elle l’attrapa par le col pour l’attirer à elle.
Et ils firent l’amour.

— Je t’aimerai toujours.
Avait-il murmuré. Dans un souffle, après l’effort.

— Moi aussi…

— Tu seras toujours la bienvenue ici… surtout si c’est pour te rouler sous mes draps.
Dit-il en souriant comme un idiot.

Elle le repoussa.

— Ça serait vraiment horrible de ma part de te garder en plan cul et t’empêcher de trouver une autre relation…
Bouda t-elle. Véxée.

— Et si c’est moi qui te le demande… ? Tu sais… je ne pense pas réussir à t’oublier, ni me mettre avec quelqu’un d’autre… ça va être dur de trouver quelqu’un à ta hauteur…

Elle rougit jusqu’aux oreilles.

— Et puis, il nous reste encore un peu de temps avant que tu prennes ton envol…

*

Il était inquiet, plus que son propre frère.
Est-ce qu’elle savait se défendre ?
Quels étaient les dangers de la ville ?
Et il apprit pour le travail qu’elle prit.
Il était vert de rage.
Cean avait dû le calmer.

— Comment tu peux rester aussi calme ?
— Elle sait ce qu’elle fait. Elle est venue en parler aux parents tout de suite et elle avait de bons arguments. Le lieu est propre, les gérants ont l’air d’être des gens biens, bref, Hélène et Alain ne sont pas loin du lieu de travail.
— Je suis…
— Jaloux. C’est ça ?
— Ça doit être ça… qu’elle montre son corps à tous ces gens… !
— Je te signale que c’est un peu de ta faute si ma soeur est aussi… dévergondée…

Cela n’arrangeait rien. Il prit ses cheveux dans ses mains et Will’ semblait être en train de lutter intérieurement.

— Je crois que t’es même plus inquiet que mes parents.
Se moqua t-il, en riant doucement.

*

Il crut faire une attaque lorsqu’il apprit pour l’incident.
Aurore s’était faite poignarder et elle était hospitalisée.

— Rassure-toi, elle va bien maintenant.

Cean lui avait tout de même dit et partageait son inquiétude mais voir son ami blême l’avait fait sourire.
Will’ avait alors prit des jours pour aller voir Aurore et l’accompagner en ville.
Depuis le temps qu’elle lui en parlait, il avait envie de voir.
Elle était venue lui rendre visite parce que son frère lui avait rapporté à quel point il était inquiet.

— Surprise !
Elle avait débarqué à l’improviste et William l’avait inspectée tout en lui demandant si elle n’avait mal nulle part.

— Mais t’inquiète pas, je vais bien… maintenant.

Elle ne pouvait s’empêcher de sourire. Il était attentionné et beaucoup trop inquiet.
Elle lui montra la cicatrice sur son ventre qui était déjà en train de disparaitre.

— Ma mere en a une beaucoup plus impressionnante.
Dit-elle. Presque un peu déçue.

*

Il rencontra alors celui qui avait sauvé Aurore en appelant les secours et il eut tout de suite des étincelles dans leurs échanges de regard.
William marquait son territoire et voyait que cet inconnu regardait un peu trop intensément sa petite protégée.

— Il a un crush sur toi.
— Qui ?
— Vlad. Ton pote là.
— Arrête, tu en vois partout… ça en devient ridicule…

*

— William… c’est ton petit ami… ?
— … Hein ? Euh… non, c’est un ami.. d’enfance… enfin on est sorti ensemble mais on a rompu…
— J’imagine que c’est toi qui a rompu.
— Pourquoi tu dis ça ?
— La manière qu’il a de te regarder et de te parler. Ca crève les yeux. Il est encore amoureux de toi.
— … Comment tu peux en être aussi sûr ?
— Parce que je le comprends.

*

Effectivement, son père n’avait pas pu cacher sa surprise et sa joie.
Il la serra dans ses bras et était heureux.
Aurore était un peu d

 

2020.11.26

Réflexion

Il fait partie de la famille.
Il a très vite grandi et il a rapidement pris la place du gardien de maison.
Suivant sa maîtresse n’importe où quand il était petit.
Maintenant qu’il avait pris de l’âge.
Il était un peu plus autonome et il lui arrivait de juste rester à la maison au lieu d’accompagner Aurore.

Elle dormait sur le canapé et il s’était posé sur elle.
Elle s’était assoupie dans cette position pendant qu’elle le caressait dans ses bras.

Il était alors resté comme ça en attendant que sa maitresse se réveille.

Alain, voulut la réveiller pour lui dire d’aller s’allonger dans son lit mais Ten’ se mit à grogner lorsqu’il approcha sa main pour atteindre Aurore.
Il recula tout de suite, ne voulant pas énerver le toutou qui faisait son poids de muscles et en terme de taille.

Alexandra rit.

— Il a raison, tu devrais la laisser se reposer encore un peu, elle ne gêne personne.
Dit elle en rassurant Alain.

Les grognements de Ten’ finirent par la sortir de son sommeil profond.
Elle le réprimanda.

— Ten ! On ne grogne pas sur la famille !
Dit elle sur le ton d’un sermont, elle leva le doigt pour appuyer ses dires.

Ten chouina une demie seconde et ses oreilles s’applatirent sur sa tête.

— Pardon Alain…
Bailla t-elle en se relevant.

— Non, t’en fais pas…

*

Aurore était rentrée chez ses parents après l’agression et elle avait fini par démissionner pour ne pas causer du tort au club.
Ses parents préféraient qu’elle reste encore quelques jours voir des semaines à la maison pour sa sécurité mais en réalité elle ne savait pas combien de temps ça allait durer.
Ten’ était aux anges de l’avoir plus souvent à la maison familiale. Il ne pouvait pas l’accompagner en ville pour pratiquement toutes ses sorties.
Elle en profita pour passer du temps avec lui, l’accompagner aux entrainements chez les parents de William.
Lui aussi fut content de la revoir.
Il eut une lueur d’espoir qu’ils se remettent ensemble.

— Je pense que je vais accepter la proposition de mon père…

Ils discutaient sur le terrain tout en regardant les chiens avec les parents de William.

— Tu veux pas qu’on aille en discuter dans ma chambre ?
— Non… je sais comment ça va finir si on est seul tous les deux… et je suis avec Vlad’. Je ne veux pas trahir sa confiance…
— Ah…
— C’est quoi ce soupir ?
— Je pensais que tu allais peut-être rompre avec lui si tu ne retournes pas en ville…
— C’est ce que je pensais aussi… mais il a insisté pour me rendre visite aussi souvent qu’il pourrait.
— Ça serait idiot de te laisser filer… il a raison…
— Ne fais pas cette tête…

William rangea une mèche derrière l’oreille d’Aurore et la regarda longuement.
Elle rougit instantanément.
Il sourit. De son sourire charmeur qui faisait fondre le coeur d’Aurore.

— Bon, tu disais que tu vas finalement écouter ton papa ? Ça veut dire qu’on se verra plus souvent ?
— Oui, en tout cas je continuerai d’accompagner Ten’ chez toi. Ça faisait si longtemps… maintenant que je suis rentrée, je vais pouvoir passer plus de temps avec lui aussi.
— Mes parents sont contents de te revoir aussi. Ils risquent de te proposer de rester manger à la maison.
— Merci, ça me fait plaisir !

Ses sentiments pour William étaient encore forts, elle ne s’en était pas rendue compte lorsqu’elle était loin mais maintenant qu’ils étaient réunis. Tout son corps lui criait qu’elle avait envie de lui, de l’embrasser, de le serrer dans ses bras, de le sentir contre elle.
Son esprit était parti loin et elle dut se reprendre pour revenir au présent.

Quant à William. Il aurait souhaité qu’avec Vlad cela ne marche pas, mais il ne pouvait pas le formuler. Il se sentait mal de souhaiter le malheur de quelqu’un. Mais il était extrêmement jaloux. Il s’en voulait de n’avoir pas lutté pour garder Aurore. Pour continuer à la voir.
C’était lui qui devait être à ses côtés. Et il le voyait dans les yeux d’Aurore, qu’elle aussi avait encore des sentiments pour lui. Sinon elle n’aurait pas refusé son offre d’aller dans sa chambre. Elle aussi en avait envie.
Il aurait souhaité forcer Vlad à la quitter mais il n’était pas de ce genre là.

— J’en ai pas encore parlé à mon père… je sais pas comment il va le prendre…
— De… Vlad ?
— Non ! De sa formation pour reprendre sa suite !
— Ah. Je pense qu’il va sauter de joie, ton père. Je peux même te l’assurer.
— Je sais pas si je serais à la hauteur de ses attentes…
— De quoi tu t’inquiètes ? Il va te former. C’est normal de ne pas réussir du premier coup !

 

2020.11.22

Ver de cauchemar

Elle sortait de la salle de bain des enfants et se dirigeait vers le salon.
La maison était plongée dans le noir, il était tard, au milieu de la nuit certainement, et le peu de lumière qu’elle avait provenait des reflets des rayons de la lune.
Il était calme, beaucoup trop calme.
Elle appréhendait quelque chose.
Les portes des chambres des enfants étaient grandes ouvertes et personne dedans.
Elle arriva dans le salon et la cuisine.
Hélène et Alain étaient allongés au sol près de la table à manger, le ventre au sol. Leur corps semblait baigner dans une mare noire, et à sa gauche, dans la cuisine, Cean et Aurore étaient dans les bras l’un de l’autre, comme s’ils avaient essayé de se protéger avant de tous les deux succomber à l’assaillant.
Elle commençait à hyperventiler. C’était une vision d’effroi, de terreur, elle ne savait pas quoi faire.
Le corps de ses deux derniers enfants était également teinté d’une peinture sombre.
Il n’y avait aucune arme, comme si c’était un simple tableau morbide ou une représentation.
Elle continua à marcher, cherchant des yeux le reste de la famille.
En face d’elle, au sol également mais le dos contre le mur, la tête baissée, Gabriel était là. Sans aucun signe de vie non plus, il ne bougeait plus.
Et dans l’entrée le corps de Chris gisait là.
Elle avait de plus en plus de mal à respirer, elle avait envie de hurler, et à la fois de fondre en larmes.
Que s’était-il passe ici ? Pourquoi était elle seule encore en vie ?
Une ombre humanoïde apparut alors, s’adressant à elle.

— C’est de ta faute. Regarde ce que tu as fait.

Et elle crut cette voix. En cet instant, elle savait que la voix disait la vérité et que tout était de sa faute, c’était logique. Tout faisait sens après que cette voix ait prononcé ces mots.
Alors des perles de larmes roulèrent sur ses joues pour s’écraser au sol.
Sol recouvert d’une épaisse substance sombre et pâteuse à certains endroits, surtout ceux près des corps.
Elle était démunie, que pouvait-elle faire ? Cela ne la ressemblait pas de ne rien faire et s’appitoyer sur son sort, pourtant en cet instant précis, elle était submergée par sa culpabilité.
Elle était prisonière de cette émotion.

*

Elle se réveilla avec cette terrible sensation de culpabilité et de tristesse, les larmes mouillaient déjà son oreiller. Elle ne bougea pas tout de suite, ne réalisant pas qu’elle venait de faire un cauchemar.

— Pourquoi ce cauchemar.
Se demandait-elle.

Elle mit un certain temps avant de réaliser que ce n’était qu’un mauvais rêve, mais les émotions qu’elle avait ressenti étaient encore palpables.

Il eut fallu que Gabriel ouvre les yeux à ce moment précis et la voit en larmes.

— Mais… tu pleures ?
Avait-il chuchoté, ne voulant pas réveiller Chris.

Il passa ses doigts sur ses joues pour attester qu’elle pleurait bien. C’était si inhabituel.
Il s’approcha un peu plus d’elle pour qu’elle puisse se blottir dans le creux de ses bras.

— Quelque chose ne va pas… ?
S’enquit-il, inquiet et lui caressant sa chevelure tout en cherchant à la rassurer.

— … Juste un cauchemar… j’ai rêvé que… vous étiez tous morts… toi, Chris… les enfants… et que c’était ma faute…

Elle réussit à s’exprimer, comme pour exorciser ce mauvais rêve.

— Là, là… ce n’était qu’un cauchemar, regarde. Je suis bien en vie et on entend Chris respirer juste à côté… on ne se laisse pas mourir si facilement, non ? Puis les enfants sont grands et savent se défendre maintenant. Tu n’as pas à avoir cette inquiétude.

Il tenta de la rassurer comme il put et elle se calma peu a peu.

— Je sais… mais c’était si réel… j’étais la seule fautive et j’en étais convaicue… c’était horrible comme situation…

Leur discussion réveilla Chris qui se tourna vers elle et la prit dans ses bras également, parlant à moitié somnolant.

— … Que se passe t-il… ?
Marmona t-il les yeux encore clos, mais la tête enfouie dans les cheveux d’Alexandra.

— Juste un cauchemar. Rendormez-vous, il est encore tôt.
Repondit Gabriel.

Ils se rendormirent ainsi, jusqu’au petit matin.

*

Les jours, les semaines passèrent et elle continua à faire ce cauchemar.
Elle se réveillait en pleine nuit et n’arrivait plus à se rendormir, ou plutôt, elle n’osait plus dormir.
Le cauchemar devenait de plus en plus fréquent et bientôt elle était trop épuisée pour réussir à rester éveillée en pleine journée, et cela ne passa pas inaperçu.

— Tu es pâle… et ces cernes… tu es sûre que ça va… ?
Avait demandé Gabriel, dans le bureau.

Il était inquiet et ces cauchemars récurrents n’étaient pas normaux. Il avait fini par enquêter sans réel réponse ou solution.
Elle avait des absences, l’esprit trop embrouillé et fatigué pour être efficace au travail, elle se frottait les yeux, buvait du café ou du thé pour réussir à tenir.

— Ça va aller… encore une mauvaise nuit…

Son coeur battait trop vite et elle ne se sentait pas au meilleur de sa forme.

— Repose-toi un peu, allonge-toi sur le divan, tu m’inquiètes vraiment.

Il l’avait accompagnée et forcée à s’asseoir sur le divan, puis elle avait bien voulu s’allonger.

— Juste une petite minute… je reviens t’aider après…
Avait-elle dit, en fermant complètement les yeux et en s’assoupissant sur le divan plutôt confortable.

Dans la minute qui suivit elle avait sombré et il apporta sa veste pour la recouvrir.
Il ne la réveilla pas et continua le travail pour deux.

Au bout d’un petit quart d’heure elle se réveilla en sursaut, les sueurs froides et encore plus épuisée qu’avant.
Cela le fit sursauter quand elle se releva subitement et la respiration forte.
Il se précipita à ses côtés.

— Alexandra… ?

Il la cherchait dans ses pupilles mais elle était encore à moitié somnolante, le regard dans le vide et la respiration prononcée.

— Je suis là, ce n’était qu’un cauchemar… encore un…
— Gabriel…

Elle se jeta dans ses bras et l’enlaça.

— Tu ne peux pas continuer comme ça, tu es épuisée et ces cauchemars ne sont pas de simples mauvais rêves… il va falloir qu’on trouve la cause et rapidement. Ton corps ne pas va tenir à ce rythme là.
— Je… excuse-moi…
— Ce n’est pas de ta faute.

L’infirmier médecin n’avait rien trouvé dans son examen. Cela relevait de l’ordre du psychique et ce n’était pas de son ressort.

Les enfants étaient égalemet inquiets.
Il arrivait que leur mère s’endorme subitement pour se réveiller en sursaut et en panique. Ils étaient alors à la rassurer du mieux qu’ils pouvaient lorsqu’ils étaient à proximité.
Elle était en repos à la maison, mais ils n’étaient pas rassurés de la savoir seule.

Aurore qui avait le plus de disponibilité, restait avec elle en journée. Elle parla de son inquiétude à son petit ami Vlad qui en parla à Chloé.
Chloé eut plus de retours sur cet état particulier et insista pour venir les aider.

— Chloé m’a dit que cça ressemblait plutôt à de la magie noire, elle viendra dès qu’elle peut mais l’état de ta mère l’inquiète aussi.
— Merci Vlad. Je préviens mon père.
— Oui, elle devrait arriver en début de soirée, le temps de s’occuper des urgences ici.
— D’accord. Tu viens aussi ?
— Bien sûr. À plus !
— Bisou.

Elle était allongée sur le canapé, près d’Aurore sur un oreiller, qui lui caressait les cheveux.
Elle ne dormait pas vraiment mais elle se reposait.
Elle se rendait compte de sa condition qui inquiétait ses proches et surtout qui les incommodait, ils étaient obligés de s’occuper d’elle et cela la dérangeait

— Pardon, aurore…
Chuchota t-elle, les yeux clos.

— Pourquoi… ?
Repondit-elle surprise.

— Que tu doives t’occuper de moi… je me sens tellement—
— Chut. C’est normal et puis j’aime bien te chouchouter, maman.

De sa voix douce, et elle continua de jouer avec les boucles de ses cheveux bruns.

— Merci… merci beaucoup…
Elle sombra à nouveau dans un sommeil léger.

Aurore envoya un message à son père au sujet de Chloé et Vlad, puis se leva un instant pour aller chercher un verre d’eau.
Ten’ était au pied du canapé et avait posé sa tête sur ses pattes. Il semblait dormir d’une seule oreille.

Il se mit à grogner et recula sur le tapis.
Une bulle d’aura sombre venait d’apparaître autour d’Alexandra : elle se leva, les yeux ouverts mais elle ne semblait pas consciente de ce qui l’entourait.

— Maman… ?

Aurore était également restée en retrait.
Elle appela immédiatement son père pour le prévenir.
Sa mère marchait en direction de la baie vitrée et allait sortir. Elle ne répondait pas et ne semblait pas être consciente de ce qui se passait autour d’elle.
Ten’ la pourchassa sans trop s’approcher de la bulle et Aurore fit pareil pour ne pas la perdre de vue.
L’extérieur donnait sur un petit bois et une forêt.
Elle s’enfonça dans la forêt alors que Ten’ et Aurore tentaient de la réveiller et l’appeler de nombreuses fois.
Ils finirent par arrêter de s’époumoner et la suivirent en silence. Aurore envoyant leur position géographique à son père régulièrement.
Elle tenta de s’approcher, d’invoquer ses branches pour l’attraper, maladroitement.
Lorsqu’elles touchèrent la surface de l’aura, elles se firent projeter à plusieurs mètres.
Sa mère s’enfonçait dangereusement au fin fond de la forêt et cela ne présageait rien de bon.

Ten’ aboya, un étranger était en train de s’approcher deux. Une sorte d’ombre enflammée noire menaçante.
Aurore fit signe à Ten’ de ne pas s’approcher. Elle sentait cette aura malfaisante dégager de lui à plusieurs dizaines de mètres.
Sa mère s’avançait vers cette chose et elle était impuissante.
Elle tenta de s’interposer pour raisonner sa mère mais l’aura la projeta.
Des racines sortirent de terre pour la rattraper au vol et amortir sa chute. Ten’ s’approcha d’elle pour vérifier qu’elle allait bien, elle le rassura, un peu sonnée.
Elle n’eut pas le temps de se relever, l’ombre était aux côtés de sa mère.
L’aura ne lui faisait rien. Elle était de la même couleur que ses flammes.

— Belle créature… mes efforts ont été récompensés…

Il sembla absorber l’aura d’une main.

— Délicieux… ces cauchemars sont un délice.

Alexandra sembla se vider de cette énergie qui l’avait dirigée jusqu’ici et les forces la quittèrent, elle s’écroula.
La chose la rattrapa et caressa son visage de ses longs doigts sombres.
Ten’ grognait et cela le dérangea assez pour qu’il se rende compte de leur présence.
Il pointa Ten’ et une aiguille noire se dirigea à une grande vitesse vers Ten’.
Aurore cria et tendit sa main vers lui. Un bouclier de terre et de racines apparut à temps pour le protéger.

— Tu es sa fille, c’est ça… ?
Demanda la voix un peu brouillée de l’ombre.

Elle préféra ne pas répondre.

— Que voulez-vous ?!
— Moi… ? Rien, rien…

2020.10.20

Appartement

Elle vivait seule et travaillait en tant que serveuse dans un petit restaurant.
Ses parents étaient décédés en lui laissant leurs dettes et elle avait préféré repartir de zéro en se débrouillant seule comme elle l’avait toujours fait.
Alors elle avait pu louer un petit studio après avoir réussi à trouver un travail.
C’était difficile sans aucun diplôme, elle n’avait pas pu finir sa scolarité et elle avait déposé sa candidature à plusieurs endroits avant qu’on ne l’embauche.
Elle eut de la chance de tomber sur des employeurs sympathiques qui décidèrent de lui laisser une chance, puis au fil des jours, des semaines puis des mois. Ils s’étaient attachés à elle.
Elle bossait bien, faisait de son mieux sans rechigner à la tâche et surtout, elle apprenait vite.
Elle se raccrochait à ce qu’elle pouvait pour continuer à vivre et tenter de s’en sortir.

Elle était devenue la petite serveuse du bar restaurant.
Ses cheveux bruns ondulaient sur sa tête, elle les attachait toujours en queue de cheval ou en chignon pour le service. Quelques mèches retombaient devant son visage.
Un petit tablier noir par dessus ses vêtements et elle était prête pour commencer.

Elle était maintenant habituée à cette routine.
Elle habitait à quelques rues de là, et c’était très bien.
Elle arrivait à mettre quelques sous de côté pour économiser, mais trois fois rien.

Ce soir là, elle croisa quelqu’un en rentrant chez elle.
Il pleuvait et elle n’avait pas pris son parapluie. Elle courait pour éviter d’être trop trempée avant de rentrer enfin chez elle, et elle faillit le renverser.
Un homme d’à peu près son âge marchait en traînant des pieds et la tête baissée.
Elle le percuta, s’excusant confuse, il la regarda à peine et continua son chemin.
Elle vit dans ses yeux le désespoir.
Cela lui fit mal au coeur mais elle ne voulait pas déranger.
Elle était partie pour continuer son chemin lorsqu’elle rebroussa chemin et l’interpela.
Il y avait quelque chose dans son attitude qui lui rappelait beaucoup trop son propre vécu.
Elle avait connu le désespoir. De ne rien avoir et de ne pas savoir où aller.

— Est-ce que tout va bien… ?
Demanda t-elle.

Elle devait presque crier avec le bruit de l’averse.
Il s’arrêta mais ne répondit pas.

Il semblait perdu dans sa réflexion et elle allait continuer son chemin lorsqu’elle le vit traverser sans regarder, alors que le feu était vert pour les voitures.
Un véhicule arrivait à toutes vitesses et elle courut le rattraper et le tirer vers elle.

— Ça va pas non ? Regardez avant de traverser !
Cria t-elle, cette fois-ci, en colère contre son comportement.

Il était sonné, ne réalisant pas encore ce qui venait de se passer. La voiture le frôla et klaxonna.
Il remarqua alors la jeune femme et ne sut quoi répondre.
Elle n’attendit pas un mot de sa part et continua de l’interroger.

— Vous allez où comme ça ?
Soupira t-elle, exaspérée.

Elle n’était pas rassurée de le laisser errer ainsi dans les rues et sur la route. Comment avait-il fait pour ne pas se faire renverser jusque ici ? Elle ne savait pas depuis combien de temps il arpentait la ville mais elle ne pouvait pas le laisser ainsi, dans cet état, seul.

Aucune réponse.

— Si vous n’avez nulle part où aller. Suivez moi.

Elle l’attrapa par le bras et l’emmena avec elle, dans son appartement, qui se trouvait à quelques mètres de là.

— Ce n’est pas grand chose, mais restez pour la nuit, au moins.

Elle se mit à faire la conversation, seule.
C’était quelque chose qu’elle avait finit par apprendre et apprécier : discuter avec les gens. Même si cela s’apparentait à un monologue, elle essayait de le mettre à l’aise et combler le silence qui pouvait être gênant.

L’immeuble était vétuste, la porte d’entrée était rongée par le temps et les gongs grincèrent lorsqu’elle la poussa pour les laisser entrer.
Il n’y avait pas d’interphone, de mot de passe, ou de serrure. Tout le monde aurait pu pénétrer dans le hall.
Il n’y avait que des personnes au revenu modeste qui habitaient ici, aucune sécurité parce que les potentiels voleurs n’auraient rien eu à dérober dans ces appartements.
L’entrée n’était pas éclairée, mais par chance l’ampoule dans l’escalier n’était pas morte même si la lumière crépitait de temps en temps.

— Je suis au deuxième étage, désolée, pas d’ascenseur ici…

Elle avait finit par le lâcher et elle se tourna vers lui pour vérifier qu’il la suivait toujours.
Elle gravit les marches et elle ouvrit la porte avec sa clé.
Vu l’état de la porte, une simple porte en bois avec une serrure toute aussi rudimentaire. Un simple coup de pied aurait pu suffir à l’ouvrir, ou un coup d’épaule.
Elle l’invita à entrer et referma la porte derrière lui.

— Fais comme chez toi. Tu peux aller prendre une douche… je ne vais pas avoir grand chose à te prêter comme vêtements propres…

Elle le poussa sans sa salle de bain et lui tendit une serviette de bain pliée, certainement propre.
Il resta là sans rien dire, ni rien faire.

— Lave toi. T’es trempé par la pluie, tu vas attraper froid.
Ordonna t-elle en refermant la porte pour lui laisser une certaine intimité.

Elle n’avait pas vraiment réfléchi à la suite. Elle avait invité cet inconnu à se réfugier chez elle mais son appartement n’avait qu’un seul lit.
Elle n’avait que le stricte minimum, une table à manger, une cuisine et une salle de bain.
Elle soupira, elle pensait déjà à lui laisser son lit pour la nuit.
Elle-même trempée de la tête jusqu’aux pieds, elle tenta de se sécher avant de pouvoir également aller se laver.
Elle se dirigea vers le frigo et l’ouvrit.
Elle attrapa quelques restes et les fit réchauffer dans une poêle avant de les servir dans une assiette creuse sur la table, accompagné d’un verre d’eau.
Une bonne odeur embauma toute la pièce principale.
La porte de la salle de bain s’ouvrit et il en sortit.
Torse nu et juste en caleçon et la serviette sur lui, cette douche avait eu l’air de lui faire du bien malgré son expression encore morose et perdu.
Elle l’invita à s’asseoir et manger. Il n’y avait qu’une paire de couverts et il la fixa.

— J’ai déjà mangé à mon travail. C’est pour toi, tu dois avoir faim, non… ?

Il baissa son visage vers l’assiette et hocha la tête. Il prit en main la fourchette et commença à manger, de bon coeur.

— Prends ton temps. Je vais aussi me doucher.

Il était assis là, chez une inconnue et il ne savait pas quoi penser. Ce plat de restes réchauffé n’était pas spécialement bien présenté ni délicieux mais il lui réchauffait un peu le coeur et le corps. Cela faisait quelques bonnes heures qu’il arpentait dehors sans avoir rien avalé ni bu, et ce que son hôte lui avait présenté sur la table, aussi modeste soit-il, était salvateur.
Il se ressassait ce qu’il avait fait tout en mâchant et continuant d’apporter de la nourriture à sa bouche.
Il avait quitté la maison familiale de manière dramatique. Ses parents n’avaient pas cherché à le rattraper ni le ramener de force à la maison. Après tout, il était majeur depuis quelques années et c’était sa décision. Tout juste vingt ans, il était parti.
Sans rien. Juste avec ses vêtements sur lui, pas même un sac à dos rempli du stricte nécessaire.
Il avait erré et était arrivé dans cette ville. Il n’y connaissait rien.
Il avait vécu dans une bulle de privilèges dont il ne se rendait compte qu’à peine maintenant.
Cela lui avait frappé, tout d’abord l’endroit où vivait cette personne.
Les murs étaient fissurés et la peinture s’écaillait par endroits. Le plafond avait le même traitement et dans les recoins, l’humidité s’était accumulée à certains endroits, formant des petites cloques sous la peinture et des petites taches sombres de moisissures, discrètes encore mais cela ne lui avait pas échappé.
Le sol était en bois, fait de planches qui avaient gondolées à l’usure et grinçaient plus ou moins fort selon l’endroit où on posait les pieds. À se demander comment il tenait sans qu’ils passent à travers.
La fenêtre était également en bois et les vitres si fines qu’on entendait les grosses gouttes de pluies s’écraser sur la surface du verre lorsque des bourrasques venaient souffler un peu trop fort contre celles-ci. D’ailleurs le vent s’engouffraient à travers le cadre et sifflait un peu. Ce qui comblait le silence un peu pesant depuis qu’elle était partie dans la salle de bain.
S’il n’y avait eu personne il aurait tout simplement pensé que cet endroit était abandonné.
L’appartement n’était pas très grand et bientôt il entendit l’eau couler dans la baignoire.
Il serait bien parti mais aussi insouciant qu’il pouvait l’être, il ne se sentait pas de s’éclipser sans remercier la jeune femme. Et il devait le reconnaître, il n’avait nulle part où aller. Par ce temps, il commençait à avoir froid à l’intérieur de ses os, et même s’il était à moitié absent, il lui semblait qu’elle l’avait sauvé lorsqu’il manqua de se faire renverser.
Quoi qu’il en soit, il était trop impoli de s’en aller sans rien dire, surtout qu’il ne savait pas où il serait allé par la suite.
Perdu dans ses réflexions, le temps passa plus vite que prévu et elle fut déjà sortie, en T-shirt et un pantalon léger de pyjama sur les hanches. En train de se sécher grossièrement les cheveux, la serviette posée sur ses épaules.

Elle s’assit devant lui après avoir débarrassé le plat vide. Un miracle qu’elle ait une seconde chaise.

— Tu as encore faim ? Besoin d’autre chose… ? Désolée, je n’ai pas grand chose à offrir…
S’excusa t-elle un peu gênée, elle savait que son petit cocon était quelque peu rudimentaire.

— Merci…
Répondit-il, sans savoir trop quoi ajouter.

— Oh, c’est rien. Je t’en prie…

Elle entendait enfin sa voix. Elle eut du mal à cacher sa joie qu’il commence à s’exprimer.

— Hm, tu veux p’tre en parler… ? De ce que tu faisais dehors dans cet état… ?

Il hésitait encore. Il se sentait idiot.
Elle qui avait l’habitude de vivre seule, avait un besoin de communiquer, et elle ne se rendait pas compte qu’elle commençait à occuper l’espace.

— Je peux peut-être t’aider… ? Si tu ne me dis pas quels sont tes problèmes, je ne peux pas deviner…

Elle avait raison mais il ne savait pas par où commencer. Il ne s’était pas demandé ce qu’étaient ses problèmes actuellement, ni comment les gérer.

— Je… je n’ai nulle part où aller… je n’ai rien…
Dit-il simplement.

— Comment ca… ?
— Je suis parti de la maison familiale…
— Ah…

Il eut un long silence.

— Je peux t’héberger un moment ici, si tu n’as nulle part où aller… ce n’est pas grand chose mais au moins tu n’auras pas à dormir dehors. Est-ce que tu as un travail… ?

Elle essayait de trouver une solution pour l’aider à s’en sortir. Elle savait ce que c’était d’être livré à soi-même.

Il n’en revenait pas. Comment une personne aussi modeste pouvait lui proposer de l’aider ? C’était mieux que rien, il n’allait pas cracher sur un toit.
Un travail… ? Il n’avait jamais eu besoin d’avoir un travail. Il sentait que ça allait être nécessaire s’il souhaitait quitter ce taudis et voler de ses propres ailes… mais comment faire pour en trouver un, et dans quel domaine …?

Il prenait du temps pour répondre et elle vit son hésitation.
Elle-même s’était trouvée dans cette situation et le voir ainsi lui rappela sa situation, lorsqu’elle avait perdu ses parents. Elle eut un pincement au coeur. Elle souhaitait lui apporter l’aide qu’elle n’avait pas eu quand elle avait été dans cet état.

— Si tu n’as rien, je peux demander là où je travaille pour te prendre en période d’essai. Qu’est-ce que tu en dis… ?
Proposa t-elle, pour lui donner de l’espoir et lui remonter le moral.

Il releva le visage et la regarda.
Elle était inquiète, cela se voyait mais elle souriait. Elle avait une expression douce qui le rassurait.
Comment pouvait-elle être aussi positive alors qu’il pouvait deviner qu’elle n’avait pas grand chose.

— Il se fait tard, tu as l’air fatigué. Viens, je te montre le lit. Repose-toi, on pourra discuter d’avantage demain, d’accord ?

Elle se leva et désigna la chambre.
Il n’y avait même pas de porte, c’était une ouverture plutôt large qui donnait accès à une autre pièce.
Le lit n’était pas très large et il comprit qu’ils n’allaient pas le partager. Un peu rassuré de ne pas devoir dormir avec une inconnue.
Elle fouilla dans un placard pour en sortir une autre couverture qu’elle prit dans ses bras.
Il s’allongea dedans et elle retourna dans la salle avec sa couverture.
Elle jeta quelques regards dans sa direction pour vérifier qu’il dormait bien et débarrassa la table.
Elle ferait la vaisselle demain.
Il s’etait endormi presque aussitôt, éreinté de sa journée.

Elle posa la couverture dans un coin de la salle et se roula dedans pour également dormir.

*

L’appartement n’avait pas de rideaux et ils furent réveillés par le lever du soleil.
Elle prépara de l’eau chaude.

— Au fait, comment tu t’appelles ? J’ai totalement oublié de te demander ton prénom hier soir…
— Sephyl…
— Moi c’est Alicia. T’as quel âge… ? Tu m’as dit que t’étais parti de chez toi… mais si tu es mineur tu vas devoir rentrer chez tes parents… je veux pas avoir de problèmes… tu comprends ?
— 20 ans.

Il la dévisagea l’air de lui demander si elle pensait vraiment qu’il était mineur avec sa dégaine, presque vexé.

— C’est pas un peu tard pour fuguer… ?

Elle parla un peu trop vite, et elle mit sa main devant sa bouche trop tard. Elle s’excusa maladroitement.
Elle lui arracha un pouffement puis un sourire.

— Si.

Soulagée qu’il ne lui en veuille pas pour son franc parler, elle continua son petit interrogatoire.

— Tu veux en parler ?

Il soupira.

— Mes parents voulaient décider de mon futur, de ce que je devais faire dans la vie. J’en ai eu marre… j’ai préféré partir.

Sa voix était lasse mais la nuit de sommeil lui avait fait du bien, au moins pour délier sa langue et il était moins froid, même s’il restait distant.

*

Les cheveux attachés grossièrement en chignon haut, des mèches retombaient de tous les côtés, mais son visage était dégagé et c’était le principal.
Avec son petit tablier noir dans lequel elle rangeait un stylo et un bloc notes pour les commandes, dans la poche juste devant.
Elle les sortit et s’arrêta devant une table avec des gens assis autour.

— Bien le bonsoir, qu’est-ce que je vous sers ce soir ?
— Bonsoir ma petite Alicia ! Comme d’habitude !

Trois hommes d’âge mûr étaient assis à la table ovale et discutaient joyeusement.

— Pareil.
Dirent les deux autres d’une seule voix.

Ils la saluèrent et retournèrent à leur conversation, faisant à peine attention à sa présence.
C’étaient des habitués et elle repartit sans demander son reste après avoir gratté la pointe du stylo sur le papier qu’elle arracha et posa sur le passe-plat, à destination du cuisinier.

La cloche au dessus de la porte d’entrée tinta.
Elle se retourna et se dirigea vers les nouveaux clients.
En les dirigeant vers une table libre, elle revint les voir aussitôt avec la carte du restaurant et leur demander s’ils souhaitaient un apéritif.
Elle contourna le comptoir pour aller chercher leur commande et quelques amuse-gueules offerts par la maison.

La barmaid et gérante la regardait faire tout en s’occupant de surveiller la salle et intervenir si besoin.
Alicia avait vite appris les bases du métier et elle travaillait bien, malgré quelques erreurs au début. Maintenant que cela faisait des années qu’elle était employée ici, elle avait pris ses marques et ses aises.
La clientèle habituée l’appréciait et avait vu ses progrès en tant que serveuse. Elle faisait partie du décor et il aurait été étrange qu’elle ne soit plus là tellement sa présence faisait également partie des murs.

Elle était majoritairement enjouée et lorsqu’elle pouvait se le permettre, elle discutait avec les clients dont elle connaissait le nom et leur petit train de vie.
Lorsqu’un client posait problème, elle avait encore un peu de mal à gérer ces situations. C’était alors la gérante ou le gérant aux cuisines qui s’en chargeaient, ils s’interposaient et imposaient leur décision s’il y avait besoin de faire quitter les lieux aux trouble-fêtes.

*

Elle leur parla du jeune homme qu’elle avait recueilli, sans leur dire qu’il était hébergé chez elle, elle leur demanda s’ils étaient interessés par un autre employé.
Ils s’étaient échangés des regards et avaient réfléchi sérieusement à cette idée. Leur restaurant commençait à avoir une clientèle régulière et parfois il arrivait qu’ils se retrouvent débordés. Ils étaient conscients qu’Alicia ne pouvait pas tenir la salle seule dans certains cas, mais ils n’avaient pas non plus le budget nécessaire pour embaucher quelqu’un à temps plein.
Ils finirent par accepter de le prendre à l’essai en attendant de voir si cela allait fonctionner.

Il accepta de travailler à mi-temps, pour commencer.
C’était mieux que rien et elle ne lui faisait pas payer de loyer alors qu’il squattait littéralement chez elle.

— Oh, t’en fais pas pour ça. Tu me paieras quand tu pourras et si tu as envie. Ça ne me coûte pas grand chose de t’héberger.
Avait-elle rétorqué alors qu’elle lui avait laissé son lit et qu’elle avait dormi par terre la première nuit.

— Non, mais ça va pas ?! Tu dors dans ton lit et je dormirai par terre.
— Hors de question, tu es mon invité !

Ils s’étaient disputés ainsi pour savoir comment gérer la problèmatique du coucher.
Ils avaient fini par faire un roulement pour que chacun leur tour dorme dans le lit et par terre.
Ce n’était pas aussi désagréable qu’il l’aurait cru de dormir au sol, surtout avec une couette assez épaisse, mais il avouait que le lit était plus confortable.
Ce n’était qu’un simple lit une place, c’est pour cela qu’il était impossible de le partager en y dormant à deux.
Il serait allé ailleurs s’il en avait eu la possibilité mais son salaire ne lui permettait pas de trouver un autre logement. Il n’avait pas d’autre choix que d’accepter son offre généreuse et attendre de mettre assez d’économies de côté pour pouvoir quitter ces lieux.

Il travailla dur. C’était la première fois qu’il travaillait mais il n’était pas complètement incompétent.
Il avait une certaine rigueur qu’il pouvait appliquer dans n’importe quel domaine et faire la plonge ou bien faire serveur était dans ses cordes.
Il gagna en maturité de faire pour la première fois ces tâches qui auraient pu être considerées comme ingrates.
Alicia l’aida à apprendre les ficelles du métier et en quelques jours, il en avait maitrisé les bases.
Les gérants étaient plutôt contents de ce nouvel employé bien dégourdi et pas très cher à payer.
Il pouvait même gérer les clients récalcitrants.

Ce soir là, il y avait du monde et une table était plus joyeuse que les autres. Des hommes d’âge moyen riaient à gorges déployées sans faire attention à ce qui les entourait.
Elle était alors allée les raisonner et tenter de les calmer, avec sa diplomatie légendaire, malheureusement ils étaient trop alcoolisés pour entendre raison et l’un deux l’attrapa par la taille et se mit à la tripoter.
Sephyl intervint plus que rapidement et s’interposa aussitôt alors qu’elle s’était crispée et n’avait d’autre choix que de se laisser faire sans faire de vagues.
Il la sépara du client et de son regard noir, le dévisagea et l’obligea à quitter les lieux s’il réiterait un comportement de ce genre.

Dans les vestiaires, hors de vue des clients.

— Euh… merci… d’être intervenu…

Elle ne savait pas comment le remercier et elle n’osait pas croiser son regard, et elle se frottait le bras avec sa main. Fixant un point sur le sol.

— Réagis, bon sang ! Ne reste pas plantée là, à te laisser faire !
Dit-il agacé par sa passivité.

Elle évita son regard et les larmes lui montèrent aux yeux mais elle se retint de pleurer.

Il remarqua à quel point elle était désemparée et il se calma, changeant son approche. Il se gratta la tête, gêné. Ce n’était pas sur elle qu’il devait passer ses nerfs.

— Laisse tomber… la prochaine fois, fais une scène au lieu de laisser ces porcs te toucher comme ça.
Dit-il simplement.

Il s’en alla, la laissant regagner composition.

La gérante avait assisté à la scène et avait été satisfaite de la réaction de Sephyl.

*

Elle n’osait pas trop parler de son passé. Elle ne voulait pas de la pitié des gens et elle préférait se concentrer sur le positif.
Il l’avait appris des gérants, au détour d’une conversation puis il avait fini par lui demander.

— Au fait, t’es orpheline… ?

Ils étaient dans l’appartement, autour de la table et il avait engagé la conversation. Elle ne s’y attendait pas.

— Euh oui… pourquoi cette question… ?

Il se sentait idiot. Il squattait chez elle et il ne s’était pas plus intéressé à elle et ses problèmes auparavant. Il ne pensait qu’à lui et à son propre confort personnel.

— Je… je suis désolé de te parler de mes parents ainsi alors que tu n’en as plus…

Elle sourit et le rassura d’un regard bienveillant, doux.

— Ne t’en fais pas pour ça. Ça fait des années qu’ils ne sont plus là et je n’ai jamais été très proches d’eux…

*

Ils avaient à peu près le même âge mais il se sentait si immature à côté d’elle. Elle était même un peu plus jeune que lui, de peu.
Il ne savait rien de la vie.
Elle lui avait appris tout ce qu’elle savait sans le juger, avec sa bonne humeur habituelle et elle ne l’avait jamais pressé à partir de chez elle.
Peut-être qu’elle recherchait finalement un peu de compagnie, peu importe qui, mais au moins, la sienne n’avait pas l’air de la gêner.
Il voulait faire quelque chose pour elle.
Après tout, elle lui avait tant donné, sans rien demander en retour. Parce que c’était dans sa nature.
Alors il fit le peu qu’il put : acheter quelques objets et améliorations pour l’appartement.
De son vécu il savait que l’endroit pouvait être plus confortable. Cela restait insalubre mais c’était plus agréable avec quelques détails et remplacement. Cela faisait une certaine différence.
Elle l’avait remercié, parce qu’elle n’y avait jamais songé, aussi.
Et sans s’en rendre compte, l’appartement était également devenu le sien, en partie. Il se sentait chez lui.

*

Il s’était habitué à ce quotidien, cette routine.
Ils ne s’entendaient pas spécialement et il l’avait peut-être jugée trop vite.
De son côté, elle ne l’avait jamais considéré plus qu’un ami. Elle savait qu’elle ne le méritait pas, au fond d’elle, elle n’avait pas d’ambition, elle était ce qu’elle était et elle vivotait et avait à peine de quoi se faire plaisir de temps en temps, avec son pauvre salaire.
Mais elle appréciait sa petite vie parce qu’il fallait continuer de vivre.
Elle n’était pas assez bien pour lui, c’était son constat depuis le début et cela n’avait pas bougé pour elle. Si elle pouvait l’aider, si son existence avait pu l’aider, lui. Cela lui suffisait. Elle était reconnaissante qu’il reste chez elle et qu’il lui tienne compagnie. C’était ce qui lui manquait, d’avoir quelqu’un auprès d’elle, avec qui échanger, même s’il était loin d’être bavard. Sa présence était mieux que rien pour lutter contre la solitude.
Lui non plus, s’était fait à l’idée qu’il n’était pas assez bien pour elle. Il n’avait plus rien, il repartait de zéro, il ne savait rien et elle avait dû tout lui apprendre.
Même à son travail, il avait pu appliquer rapidement et effectuer efficacement les tâches mais il se sentait encore redevable, il se sentait encore si insignifiant et dépendant d’ elle. De son logement.
Il y avait autre chose, il aurait pu partir mais il était inquiet de la laisser vivre seule. Elle était si candide, elle l’avait accueilli lui, un inconnu, à venir chez elle.
Que pourrait-il arriver si elle proposait à un autre inconnu mal intentionné. Il n’était pas serein.
Il était exaspéré par son comportement mais il était également protecteur envers elle.
Quoi qu’il en soit, il ne se sentait pas légitime d’être plus intime avec elle, il se disait qu’elle méritait mieux que lui.

Ils avaient fini leur service.
Ce jour là, il pleuvait des cordes et lorsqu’ils sortirent du restaurant, ils s’arrêtèrent sur les marches devant la porte et elle observa les trompes d’eau s’abattrent sur le paysage devant eux.
Elle sourit.

— Ça me rappelle la première fois qu’on s’est vu. Il pleuvait comme aujourd’hui…

Elle avait les yeux perdus dans cette pluie.

— Ça fait presque un an… déjà… j’ai l’impression que c’était hier…
Ajouta t-il songeur.

Il lui jeta un regard.

— Ah. J’ai un parapluie mais… je pense qu’on va tout de même finir trempés jusqu’aux os…

Ils partagèrent le même parapluie, serrés en dessous.

Arrivés à l’appartement, leurs vêtements étaient à tordre. Même avec le parapluie, le vent et la pluie torentielle avaient eu raison d’eux.

*

— Est-ce que ça te dérange de partager le même lit… ?
Il avait osé poser cette question, sans arrières pensées, juste parce que c’était plus pratique.

— Je me disais… enfin, je pensais à acheter un lit plus grand pour remplacer le tien… juste que ça serait peut-être plus simple qu’on puisse tous les deux dormir sur un vrai matelas, et ne pas faire ce roulement de dormir à tour de rôle par terre…

Elle réfléchissait sérieusement. Ce n’était pas bête, mais elle ne pensait pas que cette proposition viendrait de lui.

— Ah, tu ne vas pas acheter ça tout seul, quand même… ça doit être hors de prix… si on compte le sommier et le matelas…

— Là n’est pas la question. J’ai mis assez de côté pour, quitte à acheter un lit, je ne vais pas en prendre un autre de la même taille, surtout qu’on n’aurait pas la place pour le mettre ailleurs… enfin, je comprendrai que tu refuses qu’on dorme ensemble.

— Ah, ça ne me dérange pas qu’on partage le même lit.
Répondit-elle de manière directe, sans aucune gêne ni réaction particulière.

C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent à dormir dans le même lit, avec chacun leur couverture et cela se passait très bien. Ils étaient trop fatigués pour être gênés, ils s’endormaient comme des masses et le lendemain, il arrivaient qu’ils se réveillent l’un en face de l’autre, avec seulement quelques centimètres séparant leur visage.

— Pourquoi tu es si gentille avec moi ?
— …Je ne trouve pas, spécialement…
— Tu me laisses vivre avec toi sans me presser à partir…
— Je ne vais pas te jeter dehors quand même.
— … Tu n’en as pas marre de m’avoir dans les parages… ?
— Ça va… tu n’es pas trop désagréable comme compagnie…
— Et si je restais plus longtemps que prévu… ?

Il avait posé cette question en souhaitant sonder sa réaction.

— Pas de problème.
— Et pour toujours… ?
— D’accord.

*

Il l’avait alors serrée dans ses bras.
Ils s’étaient donnés une raison de vivre, mutuellement.
L’appartement était devenu leur petit nid, il était modeste mais c’était leur petit nid à eux, leur havre de paix et de bonheur.
Puis ils décidèrent de fonder une famille.
Ils se sentaient capables de créer cela ensemble, ils s’étaient convaincus que cela serait possible. Il avait prévu de trouver un autre travail pour pouvoir avoir un salaire plus conséquent et par la suite déménager.
Déménager pour un plus grand appartement et accueillir un enfant. C’était leur souhait.
Dans ses bras et dans ses yeux, elle se sentait capable de réaliser cela, elle y croyait.

Il ne pensait pas qu’il se ferait rattraper par son passé. Son rêve se craquela lorsqu’on vint frapper à leur porte.
C’était un employé de ses parents, et pas n’importe lequel. Un conseiller proche et il avait réussit à trouver où il était.

— Bonsoir… je suis désolé de vous déranger mais je dois vous parler d’un sujet extrêmement important…

Il l’avait fait entrer, mais la femme avec qui il partageait maintenant sa vie était à ses côtés, et elle était enceinte.
Ils étaient encore dans leur vieil appartement.
La personne regarda de manière insistante Sephyl avant de s’exprimer.

— Je n’ai rien à lui cacher, parlez.

Il dut s’asseoir lorsqu’il apprit pour le décès de ses parents. Ce n’était pas une mort naturelle. Ils avaient été assassinés et il y a avait actuellement une lutte pour récupérer le pouvoir du domaine.
Ce conseiller fidèle avait pu s’échapper de manière discrète pour prévenir le jeune maître sans éveiller les soupçons mais le temps était compté.

— Vos parents auraient préféré que je vous laisse dans l’ignorance… mais il m’est difficile de ne rien dire quand je vois le gâchis que cela va être si tout ce qu’ils ont bâti finissent entre de mauvaises mains… c’est une requête égoïste que je vous fais présentement… pensez-vous pouvoir reprendre le pouvoir et les venger… ?

Il tremblait d’émotion mais il ne s’arrêta pas pour autant.

— Je sais que c’est beaucoup demander, mais le temps presse… je dois repartir avant qu’on ne me trace et qu’on découvre votre localisation. Même si vous avez quitté les lieux, il est possible qu’on en ait après votre vie à cause de votre lignée…

Il hésitait et il était envahi de nombreuses émotions.
La colère, la tristesse d’avoir perdu ses parents sans avoir pu se réconcilier avec eux. Puis la vengence.
La responsabilité de tout ce qu’ils avaient construits, et qu’il se devait de protéger.
Il avait autre chose à protéger : sa femme et ses futurs enfants, mais dans cette situation ils étaient également en danger.
Elle posa alors une main sur son épaule.

— Vas-y. C’est important pour toi. Je t’attendrai.
Avait-elle dit, de sa voix rassurante et son regard plein de confiance et d’amour envers l’homme qui partageait sa vie.

Il avait alors attrapé ses doigts et les avait resserrés dans sa main, d’un regard triste, il ne savait pas quoi dire.

— Attends-moi, je reviendrai, je ne sais pas quand mais je reviendrai. Je te le promets. Et je te raconterai tout.

Il l’embrassa et s’en alla avec l’autre personne.

C’était dur de la laisser seule. Elle portait en elle la vie et il ne savait pas s’il reviendrait en vie. Cela faisait bien trop longtemps qu’il n’avait pas pratiqué et il avait certainement perdu en dextérité de combat, même s’il avait de bons restes génétiques.
Le conseiller lui fit un rapide résume détaillé de la situation sur le trajet.
Il était heureux d’avoir réussi à le convaincre.
Il eut quelques mots sur ses parents.

— Ils étaient fiers et contents pour vous… pour votre vie que vous meniez… pour votre bonheur… vraiment. Je sais qu’ils m’en voudront de vous avoir trouvé. Ils ne souhaitaient plus vous imposer leurs choix… mais…

— Je sais. J’ai mûri aussi, grâce à… Alicia… c’est mon rôle de sauver ce que mes parents ont laissé… je dois prendre cette responsabilté… je vais déloger ceux qui ont fait ça, vite fait bien fait. Comment cela a pu arriver… mes parents… je pensais qu’ils étaient appréciés… aimés…

— Ils l’étaient. Je vous l’assure…

*

Ils avaient été séparés, ou plutot piégés.
Elle, s’était retrouvée seule dans son bureau à étudier des dossiers qu’elle trouvait étranges. Certains détails ne coïncidaient pas. Elle lui en avait parlé mais il l’avait rassurée en disant que ça devait être une erreur de rapport. Malgré ses mots, elle n’était pas rassurée, elle avait un mauvais pressentiment.
Lorsqu’elle put mettre le doigt sur ce qui clochait, il était trop tard.
Quelqu’un frappa à la porte et entra sans même attendre qu’on lui dise d’entrer.
Elle sut tout de suite que ça n’allait pas.
La personne ferma la porte derrière elle et s’approcha prudemment d’elle, qui était derrière son bureau.
Même si elle était moins redoutable seule, elle le restait même à son âge.

— Les temps changent… et le vôtre est fini…

Ils livrèrent bataille dans le bureau qui fut mis sens dessus dessous.
Il n’y avait pas eu de temps pour la parlotte.
Le corps de l’espion gisait au sol dans une position anormale, et elle, essayait de tenir debout, le souffle court, elle s’appuyait sur ce qu’elle pouvait.
Il fallait faire vite, elle ne pouvait pas rester là à attendre qu’une autre vague d’ennemis viennent la cueillir. Elle était inquiète pour son époux.
Elle jeta un regard à la porte et se tourna vers la baie vitrée.
Les deux étaient probablement gardés mais elle devait choisir. Et son choix se porta sur la fenêtre. Elle regarda prudemment à l’extérieur avant d’ouvrir et s’aventurer dehors.
Elle avait réussi à reprendre son souffle et elle se dépêcha pour ne pas rester au même endroit trop longtemps.
Elle ne rencontra personne et fit le maximum pour ne pas être vue.
Où était son mari ?

Il était allé dans les sous-sols du château pour un contrôle. Quelqu’un lui avait signalé une présence de nuisibles, et il n’avait pas fait plus attention à cette information. Cela arrivait qu’il y ait des rats, des petits animaux ou gros insectes, rien de très dangereux tant que la population restait stable.
Rien d’anormal mais il sentit la présence de quelqu’un, et ceci éveilla ses soupcons.
Sa femme avait peut-être raison. Il resta sur ses gardes et interrogea cet intrus avant de tenter quoi que ce soit.
Cela pouvait être quelqu’un qui s’était égaré, même si cela aurait été plus qu’étonnant.
Aucune réponse.
Il posa sa main sur son arme, prêt à dégainer.
Il faisait sombre mais il s’était rapidement habitué au lieu et sa vision était suffisante pour deviner les contours de la silhouette qui sortit de sa cachette.

— Je te reconnais…
Avait-il dit.

Sa femme avait eu raison. Il se sentait idiot de n’avoir pas donné de l’intérêt à son pressentiment mais il était trop tard maintenant pour regretter.
Tout ce qu’il espérait c’est qu’elle aille bien, mais dans l’instant présent c’était à lui de faire attention à son adversaire.

— Quel honneur que vous vous souveniez de moi, monsieur…
L’amusement était perceptible dans sa voix.

Il approchait doucement, comme pour faire durer ce plaisir, cet instant avant que leurs armes soient dégainées.

— Que veux-tu ?

Il recula de quelques pas, se positionnant et essayant de sonder les alentours. Ils étaient seuls, ce qui le surprit.

— Pas grand chose… juste votre mort ? Votre domaine sera entre de bonnes mains…
— Laisse-moi en douter. Je ne meurs pas si facilement, même seul.
— Nous sommes au courant de vos capacités… votre duo est renommé mais sans votre partenaire… vous n’êtes pas aussi redoutable que vous pouvez le croire.
— C’est ce qu’on va voir.

Les tintements des lames qui s’entrecroisent résonnaient entre les murs mais personne n’aurait pu en être témoin ni alerté par ces bruits. Ils étaient à l’écart et ce lieu avait été choisit pour cela.

Elle avait pu retourner à l’intérieur du château mais elle ne savait plus à qui elle pouvait faire confiance parmi ses employés. Elle était encore dans le flou.
Elle se cacha et chercha une seule personne, autre que son époux. Elle essayait d’écouter les conversations pour deviner où il pouvait bien être.
Leur conseiller, majordome et ami. Il fallait qu’elle réussisse à le trouver pour le prévenir de la situation. Et vite. Il était formé pour se battre mais elle craignait qu’il n’ait été éliminé.
Elle entendit un bruit qui l’interpela. Il aurait été imperceptible et anodin pour les autres mais dans cette situation, elle savait qu’elle devait se rendre à la source de ce son.
Sa chambre.
Lorsqu’elle ouvrit, le corps d’un employé était à terre, et celui de son ami se tenait accroupi à ses côtés, vérifiant que l’intrus ne se réveillerait pas.
Elle lâcha un soupir de soulagement.

— Madame… je suis profondément confus…
— Je suis au courant de la situation. J’ai été également attaquée, je dois à tout prix savoir où est mon mari.
— Je l’ai vu se diriger vers les sous-sols. Il m’a dit que ce n’était qu’un contrôle de routine… mais…
— Merci. J’y vais de ce pas. Ce sera le chaos bientôt ici. Je ne vais pas te dire que je te confie le reste… cela serait beaucoup trop de poids sur tes épaules et égoïste de ma part. Si jamais nous ne nous revoyons pas. Pars. Enfuis-toi. Merci pour ces années de bons et loyaux services. Ne cherche pas à nous venger… je pense qu’effectivement, notre ère se termine ici…

Elle ravala une larme et se dirigea vers la porte, prête à l’ouvrir et s’en aller.

— Madame… et votre fils… ?
— Non… qu’il reste en dehors de tout ça. Rien que de savoir qu’il vit heureux quelque part, me suffit amplement.
— Madame… prenez soin de vous. Cela a été un honneur de vous servir avec Monsieur durant ces années. Permettez-moi de ne pas obéir à vos derniers ordres…
— Ça m’aurait étonnée de ta part. Sache que nous ne t’en voudrons pas de sauver ta peau. Tu mérites de continuer à vivre.

Et elle s’en alla, ouvrant la porte et courant vers les sous-sols. Elle avait déjà perdu trop de temps mais cette conversation était nécessaire.
Elle sourit malgré elle, en pensant qu’elle avait été cruelle de le laisser à ce choix, mais elle ne voulait pas l’entraîner dans leur chute. Il n’était pas obligé de prendre part à ce conflit.

Il y avait des employés suspicieux qui surveillaient l’entree des caveaux et elle les assoma avant de descendre.

Il était en train de reprendre son souffle adossé à un mur. N’osant pas sortir parce qu’il savait que d’autres adversaires risquaient de l’y attendre.
Il n’avait pas été blessé mais la bataille n’avait pas été simple à gagner. Qui qu’ils soient, ils avaient choisi des combattants à la hauteur, il leur reconnaissait ça.
Ses pensées fusaient. Et si tous les employés étaient dans le coup ? Non, ce n’était pas possible.
Comment faire pour savoir et surtout, est-ce que sa femme allait bien ? Avait-elle été attaquée également ?

Elle lui sauta dans les bras.

— Tu n’as rien ?
— Non, et toi ?

Ils se jaugèrent et soupirèrent de soulagement.

— Il est trop tôt pour se réjouir.
— Je sais.
— Que faire ?
— J’ai pu croiser notre cher majordome et je l’ai démis de ses fonctions.
— Ok, c’est une bonne chose.
— Je viens d’assomer quelques employés qui t’attendaient dehors. L’alerte doit être lancée depuis, nous devons évacuer ceux qui ne sont pas concernés…
— C’est ce qu’ils attentent de nous. Qu’on se mette à découvert en protégeant les civils.
— Je sais… mais nous ne pouvons pas les impliquer. Tout le château va devenir un champs de bataille.
— J’en suis conscient.

Il soupira.

— Trahison ! Fuyez !
— Rentrez chez vous !

Ils entendirent les cris. L’alerte avait été lancée et ils esquissèrent un sourire. C’était leur ami qui était derrière cet avertissement. Cela les aiderait à gagner du temps et se concentrer sur autre chose.
Les bruits de pas saccadés sur le sol, les gens courraient dans tous les sens et bientôt, le domaine se vida peu à peu, laissant que ceux derrière ce coup monté.

Ils étaient agacés. Leur plan de chantage civil tombait à l’eau mais ce n’était que partie remise.
Le domaine leur appartenait maintenant, techniquement seulement.
Ils savaient qu’ils devaient voir les corps sans vie du vieux couple avant de le déclarer officiellement.
Ils sentaient encore leur présence mais ils ne savaient pas où ils étaient exactement.

— Sortez de votre cachette… vous ne faites que reculer l’inévitable. Votre domaine ne vous appartient plus.

Elle était au milieu du hall et sa voix portait grâce à l’architecture de la salle.
À ses côtés, ses fidèles et espions qui étaient encore dans leur uniforme du château.

Ils avaient eu le temps d’aller revêtir leur tenue de combat. Ils savaient qu’ils livraient certainement leur dernière bataille.

Ils arrivèrent dans le hall, côte à côte, ils étaient prêts à se battre.
L’ennemie sourit et donna le feu vert à ses sbires pour les attaquer.
Ils étaient nombreux et tous forts à leur manière, mais surtout jeunes.
Le couple se défendit du mieux qu’ils purent mais l’endurance leur faisait défaut.
Quand ils repoussèrent les premières vagues d’ennemis, ils étaient en sueurs et, même s’ils n’étaient pas blessés, leurs vêtements étaient abîmés par dessus leur tenue spéciale. Et ils étaient décoiffés.
Elle, avec ses cheveux courts noirs, et lisses. Lui de ses longs cheveux châtins foncés attachés en queue de cheval. Avec quelques cheveux grisonnants pour les deux.

Ils reprenaient leur respiration tout en maintenant leur position de défense. Leur regard était rivé sur l’ennemie qui avait l’air contrarié qu’ils tiennent encore debout. Elle fit un autre geste et une seconde vague d’ennemis arrivèrent sur eux.
Elle se tenait encore en retrait, attendant patiemment que le couple soit assez affaibli pour qu’elle puisse tenter de les achever.
Elle savait qu’elle n’avait pas grandes chances de les battre s’ils étaient encore en duo.
La durée de leurs efforts finit par leur causer du tort et l’erreur survint.
À force de les observer, l’ennemi put également déterminer quelques points faibles et l’homme reçut un coup au visage. Sa partenaire vit le coup venir venir et elle lança un coup de pied en direction de son adversaire qui partit valser au loin, avant de percuter le sol.
Elle écarta les autres ennemis et s’enquit de son état qui était simplement sonné mais le coup qui lui avait été porté lui avait ouvert l’arcade sourcilière et il était en train de saigner.
Queques minutes fut nécessaire avant qu’il ne reprenne ses esprits.

— Ça va… ?!
Dit-elle paniquée de le voir tant saigner.

Elle n’osa pas toucher sa plaie mais se sentie rassurée qu’elle n’était que superficielle. Le sang était toujours impressionnant à cet endroit.

— … Oui, oui… laisse-moi quelques secondes…
Il la rassura mais il ne faisait pas le fier.

Elle devait rester sur ses gardes et continua à les défendre tous les deux.

Lorsqu’il tomba, écorché à force de se battre, elle retint sa respiration. Elle se précipita sur lui lorsqu’elle put se débarrasser des derniers adversaires et elle le prit dans ses bras. Il était trop tard.
Son adversaire lui avait porté un coup d’épée en plein dans ses organes vitaux et il ne bougeait plus.
Elle pleurait mais elle savait que c’était la fin.
Elle le prit dans ses bras comme elle put et l’ennemie s’avança vers elle avec un large sourire satisfait. Une arme blanche à la main, elle s’approchait et la pointa sur sa poitrine.
Elle attendit qu’elle s’approche pour faire exploser la boule de magie qu’elle préparait. Ils furent tous pris dans l’explosion et finirent au sol.
L’ennemie put se relever avec difficulté mais pour ce qui était du couple, ils étaient dans les bras l’un de l’autre, ils ne bougeaient plus.

Elle se dépoussiera et se releva et regarda autour d’elle. L’impact était visible et elle avait été projetée à une dizaine de mètres mais le combat était fini.

Quelqu’un vint lui signaler que l’héritier légitime était de retour.

— Parfait, je n’aurai même pas à aller le chercher.
Se rejouit-elle.

*

Les souvenirs lui revinrent de son foyer et il eut un énorme pincement au coeur de retrouver le château de ses parents dans cet état.
Il ne pouvait pas pénétrer dans les lieux sans être un minimum préparé et le majordome lui fit un rapide brief de la situation.
En arrivant aux abords, des employés avaient reconnu le conseiller et l’abordèrent pour lui demander ce qu’ils pouvaient faire pour aider à reprendre les lieux.
Ils entendirent et ressentirent l’explosion, ce qui les fit tous sursauter et se retourner vers la source du bruit.
Les fidèles se greffèrent au petit groupe pour tenter de reprendre les lieux.

Le majordome expliqua rapidement la situation et qui était le jeune homme à ses côtés.

Il vit deux corps au sol, dans les bras l’un de l’autre, et il aurait préféré ne pas y reconnaître ses parents.
L’ennemie n’avait pratiquement plus de soldats à ses côtés et elle était elle-même bien blessée par l’explosion et les combats auxquels elle avait participé avant.
Ses pouvoirs étaient là depuis toujours mais juste endormis depuis tout ce temps.
Il ressentait d’étranges sentiments en lui mais il se concentra pour battre son adversaire.
Les employés étaient derrière lui pour le soutenir si besoin et intercepter les autres espions restants.
Le majordome alla voir l’état des corps de ses maîtres.
Seule sa maitresse était encore en vie mais plus pour très longtemps.
Il ne la toucha pas pour ne pas agraver son état et s’approcha juste assez pour entendre ce qu’elle disait.

— Tu es encore là… ?
Réussit-elle à prononcer, avec difficulté.

Elle était allongée, les paupières presque fermées. L’étincelle de vie encore présente dans ses yeux était en train de s’éteindre, son regard était presque vitreux.
Elle reconnut tout de même la silhouette de son ami.
Elle était immobile, seules ses lèvres bougeaient de manière imperceptible, et un son glutural sortait de sa bouche.

— Oui… nous allons reprendre les lieux.

Il choisit ses mots avec précaution pour aller au plus simple, de peur qu’elle n’entende pas la suite si elle venait à quitter ce monde, d’un moment à un autre.
Le maître ne bougeait plus, son coeur ne battait plus et il n’y avait plus aucun souffle de vie en lui, mais elle lui serrait tout de même la main.

— Sephyl… il…
— Oui… il est là…

Il n’osait pas lui demander de le pardonner, il savait ce qu’elle pensait de son fait.
Un sourire apparut sur son visage sale mais pâle.

Il eut de la chance que son adversaire fut aussi affaiblie et qu’il ait des renforts pour assurer ses arrières.
Il put la vaincre et reprendre ce qui lui était de droit.
Dès qu’il sut que la voie était dégagée et qu’il ne craignait plus rien. Il se précipita auprès de ses parents, de ce qu’il en restait.
Le majordome était immobile, près de sa mère qui semblait faire un doux rêve, si on faisait fi de son état physique.
Il comprit qu’il était trop tard.
Son père était déjà parti et sa mère venait de le rejoindre.

— Elle… il… ils seraient fier de vous.
Prononça le majordome, l’émotion dans sa voix, il se retenait de pleurer mais la tristesse était plus forte.

Il avait la main de sa maîtresse dans la sienne et il le lui embrassa une dernière fois avant de la reposer sur sa poitrine.
Il prit la main de son maître et y apposa son front avant de faire la même chose, réunissant ses deux mains sur son torse.
Sephyl n’arrivait pas à réaliser la mort de ses parents.
Il espérait qu’ils se réveillent, qu’ils le réprimandent sur sa longue absence. Qu’ils le regardent durement comme ils avaient l’habitude de faire.
Il avait imaginé de nombreuses fois la scène de leurs retrouvailles et de ses excuses. Du savon qu’il recevrait et du pardon de ses parents.
De la présentation de sa chère et tendre. Il était certain qu’elle aurait été appréciée.
Il s’agenouilla devant eux, la pression, l’adrénaline, la rage de vaincre, tout retombait et il se laissa tomber à moitié, les mains devant lui, soutenant son poids.
Les larmes de sortaient pas. Il était dans le déni.
Cela ne pouvait pas se passer comme ça.

« Réveillez-vous ! »
Avait-il envie de crier, mais aucun son ne sortait de sa gorge.
Tout ce qu il arriva à prononcer fut.

« Pardon. »

Pardon de ne pas avoir été là, de ne pas avoir pu être là plus tôt, d’avoir été un fils si égoïste, pensant à son propre bonheur, n’ayant compris l’ampleur de ses responsabilités que trop tard. Beaucoup trop tard.

Les fidèles employés s’étaient approchés tout en laissant un cercle autour de leurs maîtres. Ils faisaient leur deuil silencieusement et certains pleuraient dans les bras de leurs collègues pour chercher du réconfort.
Le majordome se reprit, c’était son côté professionnel et il prit en main les évènements à suivre.
Il dirigea les employés qui restaient à vérifier l’état des lieux, réunir ceux qui voulaient continuer avec eux, avec l’héritier.
Il fallait s’occuper des autres corps, et tous les préparatifs pour les funérailles de leurs anciens maîtres.
Sephyl exécuta comme il put les conseils du conseiller.
Il prenait ses nouvelles responsabilités à coeur. Il n’y avait personne pour prendre sa place, il n’avait pas le choix.

Certains employés n’étaient pas confiants et connaissaient le passé de Sephyl et les circonstances de son départ. Il ne leur en voulut pas de déposer leur tablier.

— Je sais que j’ai été puéril et égoïste, mais je ne suis plus le même qu’avant. Je ferai de mon mieux pour reprendre en main ce que mes parents m’ont légué.

Il s’était exprimé pour faire taire le brouhaha de la foule qui désaprouvait son retour.

— Je ne force personne à me suivre. Je suis encore jeune et je manque d’experience mais je ferai tout en mon pouvoir pour mériter ce dont j’ai hérité.

Il avait tout mis en oeuvre pour mériter l’acceptation de ses sujets.
Sa femme et ses enfants durent passer en second plan.
Il avait appris les ficelles de la gestion très rapidement et il était efficace. Malgré quelques maladresses ou erreurs, le majordome l’aida énormement et le forma à tout cela.

— Quel est votre nom… ?
Avait-il demandé, timidement.

Il avait oublié depuis le temps et il n’avait pas eu le temps de se présenter correctement avec tout ce qui venait de se passer.

— Francis.

*

Elle attendit patiemment.
Des semaines, des mois.
Il était revenu mais il ne pouvait pas rester et il lui avait tout raconté.
Elle l’avait plutôt bien pris. Elle lui faisait confiance, elle croyait à son histoire, même si elle ne put s’empêcher de rire nerveusement.
C’était ridicule, si jamais il avait voulu la quitter, il n’aurait pas inventé des faits aussi absurdes.
Il fut présent à son accouchement et pendant quelques jours, et il repartit.
Elle savait qu’il faisait de son mieux pour passer du temps avec elle et endosser ses nouvelles responsabilités, mais c’était douloureux.
Il lui manquait trop. Elle avait besoin de sa présence.
Il lui avait assuré qu’elle n’aurait pas besoin de travailler pendant un moment, qu’il s’en chargeait, qu’il pouvait au moins s’occuper de la décharger de ce poids au vue de la situation.
Elle s’était énervée.

— Je m’occupe de ça, tu n’auras plus à t’inquiéter de ce point.

Ses parents lui avaient crée un compte bancaire et il avait été généreusement approvisionné. Il l’avait découvert sur leur testament et il ne savait pas quoi dire ni comment réagir, mais une chose était sure, il allait l’utiliser pour sa petite famille.
Elle était enceinte de bientôt 7 mois et son ventre était bien rond.

— C’est pas le problème… je…
— J’ai déjà réglé la paperasse pour que tu puisses déménager dans un autre appartement. Tu verras, c’est tout autre chose.
— C’est pas ça…
— Des déménageurs passeront pour que tu n’aies à t’occuper de rien.
— À quoi bon si tu n’es pas là ?!

Elle avait fondu en larmes.

— Ce n’est pas ce que je te demande… je n’ai pas besoin de tout ça… la seule chose dont j’ai besoin, c’est toi… !

— Pardon…

Il avait tenté de la consoler comme il put mais sans succès puis elle avait serré ses poings pour bourriner sa poitrine.
Il l’avait laissée faire et l’avait enlacée.
Il n’avait pas d’excuse. Il était sincèrement désolé.
Elle finit par se calmer et elle s’excusa également.

— Pardonne moi… je sais que c’est difficile pour toi… je sais que tu fais de ton mieux… moi aussi je vais faire de du mieux que je peux… pour élever nos enfants…

Elle essuyait ses larmes et essayait de se reprendre pour le rassurer.

— Je veux que tu saches que j’aurai toujours un oeil sur vous. Je suis désolé… j’aurais tellement souhaité rester à tes côtés…

— Je sais…

— Je te ferai un virement tous les mois pour payer les factures et les courses. Si besoin, n’hésite pas à me le dire, je pourrais toujours faire un virement supplémentaire.

Ce n’était pas qu’il n’avait pas confiance mais ils n’étaient pas mariés et la banque n’autorisait pas certaines choses. Il avait choisi la méthode la plus simple.
Plus le temps passa et moins il ne put retourner la voir.
Lorsqu’elle accoucha, il prit tout de même le temps d’aller déclarer la naissance de leurs enfants et de les reconnaître en tant que père.
Des jumeaux : Alexandre et Alexandra.

Puis les années passèrent.
Il avait préféré ne pas se présenter aux enfants parce qu’il était trop absent et ils grandirent sans connaître l’idendité de leur père.

2020.10.12

Carrelage [R-18]

Ses muscles saillants, sa carrure imposante.
Malgré son âge, il avait un corps en bonne forme dut à ses entraînements réguliers.
Il lui arrivait d’être parfois un peu bestial.
Profitant de sa corpulence pour surplomber sa femme.

Une journée érintante pour lui. Il n’avait pas vraiment eu le temps de souffler et il n’avait pas vu sa moitié durant son travail. Pas aujourd’hui.
Rentrant chez lui, il l’enlaça de toute sa force et de tout son poids sur le corps de sa bien aimée qui était venue l’accueillir dans l’entrée, après avoir entendu la porte s’ouvrir.

— Tout va bien… ?
S’inquiéta t-elle.

Il la serrait encore dans ses bras, le visage enfouit dans son cou.

— Laisse-moi rester encore un peu ainsi…
Murmura t-il dans le creu de son oreille. Un souffle rauque, tel un soupir.

— Est-ce que tu veux prendre une douche… avant de me raconter ta journée ?
Demanda t-elle, innocemment.

Il ne répondit pas tout de suite.

— Je n’ai pas encore pris la mienne.
Ajouta t-elle.

Il hocha sa tête et se décida enfin à la relâcher pour se diriger d’un pas sûr vers la salle de bain de leur chambre.

Elle esquissa un sourire moqueur et emboîta ses pas.
La maison était calme et les enfants ne semblaient pas être dans les parages. Quand bien même, cela ne les auraient pas dérangé, la demeure était assez grande pour qu’ils ne se marchent pas dessus.
Il s’était déjà déshabillé dans la salle de bain, attendant de mettre en route la douche à l’italienne.
Il y avait également une baignoire mais aujourd’hui il ne l’utiliserait pas.
Elle ferma la porte de leur chambre, au cas où quelqu’un viendrait les chercher, et rejoignit son époux.
Elle ferma la porte de la salle de bain derrière elle.
Même si quelqu’un venait, la personne se douterait qu’ils seraient occupés.
Elle se déshabilla presque aussi vite et passa devant lui pour enclencher l’eau chaude et commencer à se rincer, lui offrant en spectacle son corps presque aussi bien entretenu que le sien, malgré ses plusieurs grossesses. Elle était musclée sans avoir les épaules très larges. Son corps avait quelques marques et cicatrices du passé comme cette balafre sur le flanc droit qui ne partirait sans doute jamais et qui lui rappelait sa condition et sa fragilité.
Cela ne la rendait pas moins belle ni moins désirable aux yeux de son partenaire.
Elle restait une femme avec un certain charisme et avec son charme qu’elle exploitait à cet instant précis.
Elle attrapa un savon et une rose de bain qu’elle frotta sur les différentes parties de son anatomie, tout en lenteur et sensualité, en le regardant ou non dans les yeux.
Il en appréciait chaque seconde et resta figé un instant pour la contempler et savourer ce moment.
Il avait besoin de ça pour décompresser et penser à autre chose. Ses soucis s’étaient envolés provisoirement. Il ne pensait plus qu’à elle.
Il ne la fit pas attendre plus longtemps et se glissa près d’elle.

— Tu veux jouer à ça… ?
Dit-il, en la regardant de haut.

Il lui attrapa la main avec laquelle elle frottait et faisait mousser le savon. Il la collait de son corps nu, même si elle avait levé son visage pour le regarder dans les yeux, elle pouvait deviner et sentir son désir contre son corps et sa chaleur, les battements de son coeur.

— Je ne vois pas de quoi vous parlez, monsieur.
Repondit-elle, avec son sarcasme habituel.

Elle approcha ses lèvres des siennes, mais de la différence de taille, elle dut se mettre sur la pointe des pieds pour pouvoir l’embrasser sans qu’il ait à se baisser. Ce qu’il résultat qu’il l’attrapa par la taille contre lui, pour qu’elle ne glissa pas et ne se blesse pas sur le carrelage.
Elle dégagea doucement son poignet de son emprise pour atteindre le mitigeur et enclencher l’eau qui s’écoula au dessus d’eux et le surprit.

— Commencez donc par vous rincer.
Ajouta t-elle, le sourire aux lèvres.

Il l’aimait pour ça. Elle était la seule personne qui pouvait se permettre de s’adresser à lui de cette manière.
Il grogna pour la forme, maintenant trempé de la tête jusqu’aux pieds. Elle coupa le jet et passa ses mains sur les bras bien fermes de son mari. Avec le savon, d’abord, dans son dos, le bas du dos, puis les ramenant sur son torse, pour descendre plus bas dans son intimité.
Il ferma les yeux et se laissa faire, profitant de se faire savonner de manière assez douce et sensuelle.
Il ne pouvait pas cacher son érection et elle s’appliqua à bien le nettoyer dans tous les recoins.
Le prenant bien en main, elle massa la base comme ses testicules et elle passa ses doigts délicats sur chaque bourse pour ensuite remonter sur la hampe pour finir par le gland. Elle fit ce mouvement plusieurs fois pour s’assurer qu’elle n’avait rien oublié et pour également savourer les râles de plaisir qu’elle entendait de la bouche de son partenaire.
Il était bien doté par la nature, elle devait utiliser ses deux mains pour bien le masser. Elle lui jetait des regards de temps en temps pour revenir sur ce qu’elle faisait, admirant ce qu’elle avait sous ses yeux.
De belles veines bien apparantes traversaient son pénis montrant que son membre était bien irrigé en afflux sanguin.
Elle ne s’attarda pas plus que nécessaire à cet endroit et finit sa tâche en frottant ses cuisses et ses mollets, jusqu’à ses pieds.
Elle se releva pour attraper la rose de bain et le mousser.
Il rouvrit les yeux et prit son visage dans ses grandes mains pour l’embrasser langoureusement.
Ce fut à son tour de lui attraper le visage de ses deux mains qui paraîssaient petites aux côtés des siennes.

— Lavons-nous correctement.
Ordonna t-elle essoufflée. L’envie d’aller plus loin brûlait en elle mais la raison prit le dessus.

Il arbora un large sourire et acquiesça.
Il aimait cette part un peu autoritaire qu’elle avait, souvent raisonnable, plus que lui quant il s’agissait de pulsions à apaiser.
Ce fut son tour d’enclencher le ruissellement de la douche.
Elle poussa un cri de surprise et se mit à rire aux éclats.
Le jet d’eau froid devint rapidement tiède puis chaud à la bonne temperature, elle tourna sur elle-même pour se rincer entièrement, s’arrêtant dos à lui, elle recula pour se coller contre lui, et presser son membre entre ses fesses musclées.
Apres s’être tous les deux débarrassés de la mousse de savon sur leurs corps, il coupa le jet d’eau et attrapa sa femme par les hanches.
D’un mouvement de bassin, il bascula son pénis entre les cuisses de sa compagne, de sorte qu’il frotte sur ses lèvres inférieures et son clitoris.
Elle contracta et resserra ses jambes pour le garder contre sa peau.
Il balada ses mains sur ses abdominaux pour remonter jusqu’en dessous de sa poitrine.
Elle se cambra tout en balançant doucement ses fesses pour masser ce qu’elle maintenait entre et qui commençait tout doucement à être recouvert de sa cyprine.
Il recouvrit la gorge de sa femme de ses paumes pour incliner son visage et l’embrasser sur sa bouche.
Elle posa ses mains sur ses avant-bras, accompagnant son geste tout en le caressant.
Elle finit par se tourner vers lui pour lui faire face.

Elle arborait une toute autre expression maintenant.
Elle en demandait plus, la respiration plus haletante, elle semblait le supplier du regard.
Elle avait posé ses avant-bras sur ses épaules et ses mains jouaient avec les cheveux mi-longs et grisonnants de son compagnon. Elle s’amusait à plonger ses doigts jusqu’à la racine pour ensuite les refermer et tirer doucement dessus, ce qui avait une réaction immédiate. Il souriait et laissait échapper un autre râle de plaisir. Il aimait qu’elle lui rappelle qu’elle était aussi aux commandes.
Il avait dû retirer la partie basse de son anatomie de l’endroit chaud et humide, mais il n’avait pas fini.
Il écarta légèrement ses cuisses douces de sa main gauche pendant que sa main droite caressait sa joue qui s’était lovée dans sa paume.
De ses doigts qui se trouvaient maintenant pas loin de l’intimité de sa partenaire. Il posa cette paume contre son bas ventre, juste en dessous du nombril pour descendre et la carresser progressivement.
Ses doigts frôlèrent son clitoris pour continuer leur chemin. Il créa une ouverture pour promener un seul doigt sur les abords de son vagin.
Difficile de deviner si c’était l’eau ou l’humidité de son jus qui dégoulinait de sa fente. D’après sa pratique et la texture sur son épiderme, il pariait plutôt sur la seconde hypothèse.
Pour s’en assurer, il plongea jusqu’à sa phalange.
Son corps tout entier se crispa et elle se resserra sur son doigt.
Cela l’excitait de la voir réagir ainsi, être à sa merci en cet instant précis. Il lui procurait du plaisir et c’était exaltant.
Il ne s’arrêta pas là, il prit tout son temps pour faire des mouvements de va-et-vient en elle, puis il ajouta un second doigt. Elle ondulait au même rythme pour l’accompagner et accentuer ce bien être.
Ses joues étaient beaucoup plus roses, elle avait également fermé les yeux pour savourer ce délice que son mari lui offrait.

— Ne me laisse pas comme ça… je te veux en moi…
Finit-elle par haleter, rouvrant ses yeux et lui adressant un regard à la fois plein de désir et un peu autoritaire.

Elle arrêta de bouger et d’une main, elle attrapa la sienne pour la sommer de se retirer de là où elle se trouvait. Tout en le regardant dans les yeux.
Elle diminua la distance qui les séparait, ce qui n’était pas grand chose. Elle n’eut à faire qu’un pas pour que leurs corps se touchent et se collent l’un sur l’autre.
Elle l’empoigna de sa main libre.
Bien qu’elle l’ait délaissé pendant quelques minutes, il était encore gorgé d’un peu de sang, et elle le sentit durcir un peu plus fort entre ses doigts, lorsqu’elle le prit en main et qu’elle resserra son étreinte.
Elle avait levé sa tête pour pouvoir observer ses réactions, adaptant ses mouvements à ses expressions.

— Monsieur, je sens que vous êtes très tendu… nous allons nous occuper de ce problème de tension.
Dit-elle avec un sourire narquois, en l’empoignant un peu plus fort.

Elle avait libéré son autre main pour pouvoir masser ses testicules tout en le masturbant.
Elle pouvait sentir son liquide pré-séminal suinter de son urètre et recouvrir ses doigts d’une fine couche mi-gluante mi-fluide.

— Je veux bien voir ça… madame.
Repondit-il, avec le même sourire.

Il ceuillit le visage de sa femme de ses deux mains pour l’embrasser à nouveau. Leurs langues se caressaient et tournoyaient l’une sur l’autre.
Elle n’avait qu’une envie : s’empaler sur son membre, ce qui ne tarda pas.
Elle se colla encore plus fort contre son torse, sa poitrine s’écrasant sur ses pectoraux.
Elle inclina ce qu’elle tenait dans sa main pour l’enfourcher. Progressivement et lentement.
Savourant chaque millimètre et centimètre qui s’enfonçait et pénétrait en elle.

Dur de savoir qui désirait et attendait le plus ce moment.
Elle lâcha un soupir et il grogna et contracta ses muscles, elle ressentit sa poigne se resserrer sur elle.

— Accroche-toi.
Ordonna t-il, dans un râle.

Elle obéit immédiatement, passant ses bras autour de son cou.
Il la souleva et attrapa ses jambes.
Il plaqua le dos de sa compagne sur le mur carrelé de la douche pour avoir un point d’appui, ce qui la fit pousser un cri.
La surface froide la surprit et ils rirent tous les deux, ce qui ne dura pas longtemps.
Il donna un coup de hanche bref qui la rappela à l’ordre et à ce qu’ils faisaient.
Le gland de son pénis venait de taper dans le fond de son vagin ce qui la fit étouffer un gémissement.

Elle le laissa mener la danse.
Elle était à sa merci, de bonne volonté. Il semblait prendre son pied et c’était également agréable pour elle. Ils avaient une bonne insonorisation mais il ne fallait pas non plus abuser, elle fermait la bouche et se mordillait la lèvre pour éviter d’être trop bruyante.
Il avait une magnifique vue sur la pénétration et cela l’excitait encore plus.
Au bout de plusieurs longues minutes, elle lui suggéra de changer de position, en arrêtant son mouvement de hanche. Ils se connaissaient et lorsqu’elle changea d’attitude, il ralentit aussitôt sa cadence pour la poser délicatement, les pieds au sol.
Elle l’embrassa pour le remercier, juste au coin de ses lèvres, pour le titiller.
Et elle se retourna pour cette fois lui faire dos, et poser ses mains en appui sur le mur encore tiède grâce à son dos.
Il massa les flancs de sa femme avec ses grandes mains pour finir par lui empoigner les hanches et la positionner dans le bon angle, remontant un tout petit ses fesses, il fit entrer une nouvelle fois son membre en elle.
Cette fois-ci, elle était plus à l’aise pour contrôler la situation et elle contracta ses muscles fessiers et son périnée pour masser et serrer l’engin de son époux tout le long de sa visite intérieure.
Tout en douceur et en lenteur en premier lieu, puis elle y mit plus d’entrain, son fessier rencontrant les hanches de son partenaire de manière plus rapide et avec plus de force.
Il accorda son rythme pour que son membre atteigne bien le fond, à chaque coup de reins.
Les sensations le faisaient frissonner, tel un courant électrique parcourant son corps entier. C’était un délice, un supplice.

— Laisse-moi guider…
Souffla t-elle, après plusieurs minutes d’effort intense.

Il s’exécuta aussitôt, lâchant ses hanches pour rediriger ses mains et ses doigts vers sa poitrine et leurs sommets.
Elle gémit aux caresses qu’il effectuait sur ses mamelons, et il la sentit se resserer en bas, pendant qu’il était encore en elle, bien au chaud.
Il grogna en réponse, ce qui la fit échapper un doux son gourmant.
Elle ondulait et bougeait du bassin pour bien le masser avec ses paroies vaginales, ce qui était loin d’être désagréable pour elle.
Elle continua cet exercice pendant un moment, cherchant l’angle adéquat et le plus agréable pour elle.
Lorsqu’elle le trouva, elle sentit l’orgasme monter en elle. Cette succulente sensation l’envahit progressivement dans le bas ventre pour se libérer et elle sentit les spasmes incontrôlés de son périnée se resserrer autour de lui.
Il laissa échapper un soupir satisfait et ses mains rescendirent vers ses hanches tout en la caressant pour l’empoigner une nouvelle fois et ce fut à son tour de la dominer.
Cela ne dura pas très longtemps, il lui donna quelques coups de reins bien énergiques, et le dernier resta emboité en elle, bien au fond et il éjacula à l’intérieur, laissant sa semence l’envahir et la remplir.

Ils restèrent ainsi sans bouger pendant un court instant, reprenant leur souffle et le temps de reprendre leurs esprits. Il se retira le premier, encore à moitié dur. Son pénis était recouvert de mouille mélangé au sperme. Lorsqu’il se retira, le reste du liquide qu’il avait déposé dans sa femme coula de la fente bien gorgée de sang, pour dégouliner sur le sol de la douche et une partie trouva son chemin le long de sa jambe.

Elle se retourna pour lui faire face et l’enlacer en passant ses bras autour de son cou, collant à nouveau son corps et sa poitrine contre son torse.
Elle passa ses doigts dans ses cheveux et l’embrassa sur son cou et ses clavicules, ce qu’elle avait à portée de bouche sans se mettre sur la pointe des pieds.
Il l’embrassa sur le front et empoigna ses fesses, souriant.

— On est bon pour se relaver.
Dit-il, savourant l’instant de plénitude.

La seconde douche fut beaucoup plus rapide et ils eut fini en un rien de temps.
Elle se séchait les cheveux avec une serviette qu’elle frottait consciencieusement sur sa crinière, tout en penchant légèrement sa tête sur le côté.
Elle sortit de la salle de bain en laissant la porte ouverte pour aérer la pièce, ouvrant l’armoire dans la chambre pour choisir une culotte et un haut léger.
Il ramassa les vêtements sales au sol pour les mettre dans un bac à linge sale non loin, et la rejoint pour enfiler un boxer et un T-shirt moulant.
Au vu de sa carrure, très peu de haut ne lui moulait pas les muscles.
Elle posa sa serviette de cheveux sur un oreiller du lit et s’allongea dessus pour éviter de tremper les draps autour d’elle.

— Il nous reste un peu de temps…
Dit-elle, en soupirant et en lui jetant un regard.

Elle tapota à ses côtés pour qu’il vienne la rejoindre.
Il ne se fit pas prier.

— Pour un second round… ?
Demanda t-il avec un sourire narquois.

Elle lui donna une petite tape pour le rappeler à l’ordre.

— Pour que tu me racontes ta journée, gros bêta !

Il s’allongea sur le dos et elle se lova sur son torse.
Il lui raconta alors ses déboires de la journée.

Fatiguée de sa journée et bercée par la voix rauque et sensuelle de son mari, elle ferma les yeux et s’endormit.
Il la sentit partir au pays des songes, ses muscles se contracter et sa tête s’alourdir dans ses bras.
Il sourit, attendrit par son petit bout de femme.
Elle s’était offerte à lui pour lui changer les idées et il ne l’avait pas ménagée.
Il l’embrassa sur le haut de sa tête, sa chevelure cuivrée avait quelques fils d’argent qui la parsemaient.
Et il s’écarta pour la laisser dans le lit.
Cela la réveilla à peine, elle exprima son mécontentement lorsqu’il partit mais elle était dans un sommeil trop profond et trop agréable pour ouvrir les yeux. Elle resombra aussitôt.

— Repose-toi, je m’occupe du reste.
Lui murmura t-il. Caressant ses doux cheveux au passage.

— Hm… réveille-moi…
Répondit-elle, sans réussir à finir sa phrase, elle tendit la main vers lui sans arriver à l’attraper.

Il tira une petite couverture pour la recouvrir, et prit soin de refermer la porte de la chambre derrière lui lorsqu’il se rendit dans la salle.
Sa mauvaise humeur était passée et il se sentait d’attaque pour commencer à préparer le repas.
Il s’étira, les bras puis les doigts et se dirigea vers la cuisine.

Chris ne tarda pas à rentrer.
Il sentit la bonne odeur de nourriture dès qu’il mit les pieds dans l’entrée.
Voyant Gabriel seul, il s’enquit de leur femme.

— Alexandra n’est pas encore rentrée ?
Demanda t-il, tout en se déchaussant et retirant son manteau.

— Si, elle dort dans la chambre.
Repondit-il, en ne quittant pas des yeux sa préparation.

Il rangea ses affaires et passa voir de plus près ce que préparait son ami.

— Ça sent super bon ce que tu fais là… contrairement à moi…
Dit-il, en penchant légèrement sa tête au dessus de ses aisselles et faisant une grimace de dégout.

— Elle voulait que je la réveille mais elle a l’air d’avoir besoin de sommeil. Tu peux passer voir si elle dort encore si tu prends des affaires propres.
Il se retourna pour s’adresser à Chris, tout en continuant à mélanger et surveiller ce qu’il avait dans sa poêle d’un autre oeil.

Il ouvrit la porte tout en douceur et il la referma avec autant d’attention.
Elle était recroquevillée en boule dans la petite couverture et dormait comme un bébé, la bouche entrouverte, elle bavait à moitié sur la serviette qui était restée sous sa tête.
Il pouffa de rire, et se retint de faire plus de bruits en posant son poing devant sa bouche.
Effectivement, elle semblait avoir besoin de récupérer.

Il sortit de la chambre en emportant avec lui un change propre. Refermant lentement la porte derrière lui et marchant à pas feutrés.

— Elle dort encore, je n’ai pas osé la réveiller. J’emprunte la salle de bain des enfants.
Dit-il en traversant le salon, passant derrière Gabriel et se dirigeant vers la salle de bain au fond du couloir.

Il se déshabilla de ses vêtements imprégnés de sa sueur. Il retira l’élastique qui maintenait ses longs cheveux noirs et raides en queue de cheval.
Il pénétra dans la douche, et fit couler l’eau du pommeau sur sa peau ambrée.
Il n’était pas aussi imposant que Gabriel, mais il était grand et même si ses épaules étaient moins larges et ses muscles moins gonflés. Il était bien entretenu par son activité professionnelle et il avait un corps bien sculpté.

Il fut vite propre et habillé. Les cheveux lâchés et encore mouillés, il sortit avec une petite serviette autour du cou.

— Toujours pas réveillée ?
Demanda t-il en se séchant les pointes des cheveux.

Il avait enfilé un simple T-shirt et un pantalon en lin resserré à la taille, pour être à l’aise dans des vêtements confortables après sa journée.
Gabriel avait pratiquement fini de préparer le repas, il recouvra les poêles et casseroles pour réserver les plats et baissa la puissance de la plaque chauffante pour juste conserver la chaleur.

— Apparemment non, tu veux y aller ? Je vais envoyer un message aux enfants pour savoir s’ils rentrent pour le dîner…

Chris n’eut pas besoin de répondre, il se dirigea de nouveau dans leur chambre.
Elle était dans la même position qu’il l’avait laissée.

Il la réveilla en douceur. Il grimpa sur le lit à quatre pattes pour la surplomber.
Son poids sur le matelas la fit emmerger lentement de son sommeil.
Elle s’étira doucement, s’enfonçant sous le plaid pour se cacher.

— Bien dormi ?
— Trop… j’avais dit à Gabriel de me réveiller… il est quelle heure ?
— Bientôt l’heure de dîner.

Son visage était maintenant juste au dessus de celui d’Alexandra et il l’embrassa sur la commissure de ses lèvres.
Elle le regarda fixement, sans rien dire.

— Qu’est ce qu’il y a ?
Demanda t-il avec le sourire.

— Rien. J’adore quand tu as les cheveux lâchés, c’est tout.
Repondit-elle, en attrapant entre ses doigts quelques mèches et jouant avec ses pointes.

Elle lui rendit son sourire.

2020.07.14

Plage

Elle s’était assoupie sur le banc du train.
La fatigue accumulée de son travail et des préparatifs, même minimes.
Ils avaient souhaité organiser des vacances en famille. Pour une fois, tous ensemble.
Destination : la plage.
Chacun avait son sac à dos avec le minimum comme le maillot de bain et des serviettes de plage, de quoi construire des châteaux de sable pour certains.
Et ils avaient décidé d’y aller en train.
C’était une plage pas très fréquentée ni populaire, la voiture était vide, ils étaient seuls et cela leur convenait.
Il était encore tôt dans la matinée et ils voulaient profiter de la journée entière.

Le trajet était long.
À ses côtés, Hélène et Cean s’étaient endormis sur les épaules de leur mère.
Alain était assis à côté de son père, contemplant le paysage qui défilait par la fenêtre.
Aurore était assise sur les genoux de son père et commençait à piquer du nez, alors qu’elle imitait son frère.

2020.07.14

Nostalgie

Elle était rentrée, cela lui arrivait de retourner chez ses parents de temps en temps.
Depuis qu’elle avait décidé de faire sa vie en ville, ses passages à la maison familiale s’étaient faits rares.
Elle était envahie d’une certaine nostalgie.

Elle passa devant son école et le terrain d’entraînement de son père.
Cela raviva des souvenirs.
C’étaient à la fois des bons et mauvais moments.
Elle se rappela ces instants avec le sourire, lorsqu’elle s’entraînait avec ses frères, et quelques camarades.
Puis un pincement au coeur, lorsqu’elle se souvint des brimades. C’étaient des souvenirs avec une pointe d’amertume.
Cependant elle chérissait cet endroit, elle n’arrivait pas à le détester.
Avec l’âge et le temps. Les brimades avaient cessé et elle vivait presque une vie normale, insouciante.

Quelques têtes la reconnurent et vinrent la saluer.

— Qu’est-ce que tu deviens ?

Elle leur racontait rapidement son quotidien. Elle était épanouie.

Malgré l’amélioration de sa situation à la fin de sa scolarité, leur décision était déjà prise avec son frère. Ils avaient décidé de quitter le foyer familial pour se lancer dans leur projet professionnel.

— Tu viens échanger quelques coups avec nous ?

Elle se forçait à sourire et elle comptait refuser mais ils semblaient tellement se faire une joie de la revoir qu’elle accepta.

— Vous savez, je suis un peu rouillée…
Dit-elle, pour se dédouaner si jamais elle n’était pas à la hauteur.

C’est vrai qu’elle ne pratiquait presque plus, mais à l’époque elle avait un très bon niveau et cela ne s’oubliait pas du jour au lendemain.
Elle posa son sac dans un coin et s’échauffa rapidement avant de commencer.
Elle se défendit plutôt bien, mais elle s’épuisa vite.
La transpiration sur son visage la trahit.
Ils s’arrêtèrent là, et elle put reprendre son souffle.
Les mains sur ses cuisses, penchée en avant, elle respirait un peu plus fort.
Ses anciens camarades lui firent quelques tapes amicales dans son dos, en passant.

— Pour quelqu’un qui a arrêté de venir aux cours, tu as de bons restes !

Elle s’essuya avec le revers de sa main la transpiration qui était en train de goutter le long de sa mâchoire.
Elle se redressa et se mit à faire des étirements.

— N’exagère pas. Regardez dans quel état je suis !
Elle riait.

Cela lui avait manqué d’échanger quelques passes avec ses camarades. Elle pouvait se l’avouer.

Son père la vit et fit semblant d’être surpris.
Il s’approcha du groupe et avait dû assister à leur petit combat amical.
Il la salua d’un signe de la main, et elle lui rendit, timidement.
Elle avait honte qu’il ait assisté à cela.
Lui, professeur et entraîneur coach, et elle, sa fille ex-élève et faisant partie des meilleurs éléments.
Elle était réduite maintenant à ce niveau.
Les autres élèves adressèrent un mouvement de tête respectueux envers leur professeur et supérieur, et ils s’échangèrent quelques regards entre eux avant de décider d’un seul bloc de s’éloigner et laisser père et fille, seul à seule.

— Ne me dis pas que tu as vu ça…

Elle détourna son regard, n’osant pas affronter la réaction de son père. Elle savait le lire et elle saurait deviner ses émotions, et elle s’attendait à de la déception de sa part.

— Bien sûr que si.

Il se tint à ses côtés. Regardant sa grande fille s’étirer.
Elle faisait la taille de sa mère, un peu plus grande mais de pas grand chose.
Il réfléchissait à quel point elle avait grandit et combien de temps il ne l’avait pas vue. Quelques semaines ?
Elle finit par affronter son regard.

— Quoi… ?
Demanda t-elle, sur la défensive. Attendant un commentaire de sa part.

— Comment ça, quoi ?
Répéta t-il, ne comprenant pas la réaction de sa fille.

— Tu ne me fais pas un câlin ? Je ne t’ai pas manquée ?
Ajouta t-il, les poings sur ses hanches, et tendant les bras vers son enfant.

— Arrête papa… tout le monde nous regarde…
Repondit-elle, embarrassée.

— Et alors ?

Il lui fit une accolade et il l’attrapa pour l’enlacer.
Elle leva les bras pour les passer autour de son cou.
Elle avait oublié que son père était aussi grand.

— Tu n’as pas à rougir de ton niveau. Si tu as si honte, reviens plus souvent t’entraîner avec nous.
Lui dit-il dans le creu de son oreille, pendant qu’ils étaient en train de s’étreindre.

Sa voix était rassurante et elle pouvait entendre un peu de tristesse.
Elle en rougit.
Il n’abusa pas des effusions et la relâcha.

— Tu restes dîner avec nous ?
Demanda t-il, avec de l’espoir.

— Oui, je pense. Maman est encore au travail ?

Elle ramassa son sac qu’elle jeta sur son dos pour le remettre sur ses épaules avec les sangles du bon côté.

— Oui, je pense. Dans le bureau avec Gabriel, certainement.

— À ce soir.
Dit-elle en partant, d’un geste de la main, sans se retourner.

Elle savait que son père était encore en train de travailler et elle ne voulait pas s’attarder et le déranger plus longtemps.

Si sa mère était également occupée, elle décida d’aller embêter son grand-frère, demi-frère mais quand même son frère. Il était lui aussi devenu enseignant.
Elle se rendit à sa salle de cours.
Elle était en retrait, l’observant de loin.
Elle avait rarement l’occasion de le voir à son travail.
Ses cheveux bouclés courts, blonds et fins.
Son visage carré comme celui de son père mais ses yeux noisettes comme ceux de sa mère.
Lorsqu’il remarqua sa présence, il lui sourit brièvement sans perturber son cours.
Il avait des lunettes rectangulaires aux montures un peu épaises qui lui donnaient un air plus sévère qu’il ne l’était. Ses traits étaient doux à la base.
C’était un cours en amphithéâtre et il les avait porté pour mieux distinguer les différents élèves.
Il n’avait pas spécialement de problème de vue mais ces paires là, l’aidaient à reposer ses yeux.

Lorsqu’il finit, les étudiants quittaient déjà les lieux, quelques uns le saluèrent avant de partir.
Lui, était en train de réunir ses affaires.
Elle approcha. Il retira ses lunettes.

— Quoi de neuf ?
— La routine, t’as fini ta journée ?
— Ouaip, on peut rentrer ensemble.
— Alain dîne avec nous ce soir ?
— Je vais lui envoyer un message. Aurore est à la maison ?
— Certainement, elle doit être en train de bouquiner ou dormir.
— Cool. J’avais peur de pas la croiser aujourd’hui.
— T’en fais pas, d’habitude elle dîne à la maison avant de partir travailler.

Ils se dirigèrent vers la maison familiale tout en discutant.

— Comment va William depuis qu’ils se sont séparés ?
— Ah… ça a l’air d’aller. Il m’avait expliqué que c’était convenu comme ça. Ils se sont quittés en bons termes tu sais. Ils continuent de se voir, c’est juste qu’Aurore a préféré la séparation parce qu’elle a décidé de travailler et qu’elle savait qu’ils n’auraient plus le temps comme avant. Ou quelque chose comme ça.
— Je t’avoue que je n’ai pas trop compris non plus, ils étaient tellement biens ensemble.
— Pareil. Je pense que William est plus affecté qu’Aurore. Il m’a dit qu’il ne comptait pas se remettre avec quelqu’un d’autre. Il aimait vraiment trop Aurore, enfin il l’aime encore.
— Je vois…
— Et toi ? Tu n’as personne ?
— Haha, mon travail me suffit ! Et toi, alors ? Comment ça se passe avec Mathilde ? Elle dîne avec nous ce soir ?
— Ça va, on songe à emmenager ensemble…
— Mais c’est super ! Ah, on devrait peut-être prévenir les parents, si on est aussi nombreux à dîner…
— J’envoie un message à mon père.

Aurore était allongée sur le côté, sur son lit, un livre à la main.
Ten’ était lové contre elle, dans le creux de son ventre.
De son autre main de libre, elle le caressait de temps en temps.

2020.07.14

Palier

— Qu’est-ce qu’on fait alors ?

— Je n’ai pas le choix… on ne peut pas annuler ton voyage… je vais devoir t’accompagner.
Dit-il en faisant mine d’être contraint.

— Tu plaisantes ?

— Non, à peine. Puis ça nous ferait du bien d’avoir un peu de temps, loin du travail. Que nous deux… ça fait je ne sais combien de temps.

— … Tu n’as pas tort… mais comment on va faire ?

— On ne part pas très longtemps, puis les enfants sont grands. Et ils ne seront pas seuls. Chris sera avec eux.

— … S’il est d’accord.

— Je pense que oui.

Ils regardèrent autour d’eux.
La pièce était sans dessus dessous.
Ils se mirent à ramasser les feuilles qui avaient fini par terre et partout dans le bureau, ainsi que les livres tombés.
À la fin du rangement, le coup qu’elle avait pris contre la bibliothèque avait marqué son visage. Elle s’était cognée et assez fortement. Un petit bleu commençait à faire son apparition et une petite plaie saignait.
Elle ne remarqua rien.

— Tu saignes un peu… et tu vas avoir une belle bosse.
Dit-il, en lui montrant sur son propre visage l’endroit.

— Mince… j’oublie qu’en étant demi-humaine, mon corps est plus fragile… C’est pas grave. Ça va cicatriser et j’aurai un beau bleu…
Soupira t-elle.

— Tu es sûre que tu ne veux pas passer par l’infirmerie avant… ? C’est de ma faute—
S’inquiéta t-il.

— Arrête, c’est la mienne de n’avoir pas évite ton revers, si j’avais été plus attentive. Je passerai à l infirmerie au cas où. Pour être sûre de ne pas m’être cassé autre chose…
Soupira t-elle.

Lorsqu’elle en resortit.
Le médecin l’avait rassurée et elle avait juste un petit pansement et une pommade pour la bosse.
Les regards étaient inquiétants et les rumeurs allaient vites.
Compte tenu de sa blessure et les gens ignorant sa condition de demi-humaine, ils étaient en train de se dire que la dispute avait été violente et qu’elle avait été blessée par Gabriel.
Elle savait que c’était faux, mais elle ne pouvait pas empêcher les gens de parler.

Elle rentra chez elle et Chris l’accueilla, et vérifia qu’elle allait bien.

— Tu peux pas savoir à quel point j’étais inquiet. J’ai eu vent des rumeurs…. et de ne pas pouvoir te voir avant la fin mes heures de travail… tu vas bien… ? Lorsque gabriel va rentrer… il va voir…

— Chris, ce n’est rien et Gabriel n’y est pour rien. J’ai pas fait attention et c’est moi qui l’ai provoqué…

— Ce n’est pas une raison pour te blesser !

— On se disputait… pour des broutilles. Je me suis emportée…

Il s’approcha d’elle et regarda son petit pansement sur l’arcade sourcilière.
Il leva ses mains mais n’osait pas la toucher.

— Tu n’as vraiment rien ? Tu n’as mal nulle part ?

— Oui… ! C’est vraiment qu’une égratinure. Tu sais à quel point je marque facilement.
Le rassura t-elle.

Il soupira.

— Bon, vous vous disputiez pour quoi ?
Demanda t-il finalement.

— … Tu te souviens du voyage organisé ? Je devais y aller seule…
Dit elle en craigant sa réaction.

— Hm… vaguement… j’avais oublié à vrai dire. Ça a été confirmé ?

— Oui… et Gabriel n’a pas trop apprécié…

Chris soupira à nouveau.

— Vous avez décidé quoi ?

— Il… va m’accompagner. Si tu es d’accord… ?

Un ange passa.

— Est-ce que j’ai vraiment le choix… ?
Dit il, résigné.

— Oui…
Elle baissa les yeux.

— Bien sûr que je suis d’accord.
Se pressa t-il de dire. Se baissant pour regarder Alexandra dans les yeux.

— C’est que quelques jours, n’est-ce pas ? Les enfants sont grands maintenant, et je serai aussi plus serein de savoir que tu n’es pas seule. Je t’aurais bien accompagné à sa place, mais j’ai des obligations ces prochains jours.

Il raconta tout cela en espérant la rassurer et qu’elle ne culpabilise pas de le laisser de côté durant quelques jours.
Elle fit une moue, pas convaicue par ses arguments, même solides.

*

Lorsque Gabriel rentra, Chris ne lui laissa pas le temps de se déchausser, qu’il l’avait attrapé par le col.

— Bonsoir— ?
Dit Gabriel, avec étonnement.

Les enfants étaient dans le salon et ils se figèrent à la vue de cette scène.
Alexandra dut se lever et intervenir, rassurant les enfants et leur ordonnant de retourner dans leur chambre.
Bien entendu, ils restèrent dans le couloir des chambres, derrière le mur, regardant l’issue de la scène et inquiets pour leur mère, et de sa manière de gérer cette situation.
Elle se précipita entre Chris et Gabriel et somma Chris de lâcher Gabriel, elle s’était mise entre les deux et essayait de calmer Chris tout en gardant une distance de sécurité entre lui et Gabriel.

— Chris, calme-toi. On en a discuté…

— Laisse-moi m’expliquer avec lui. Il n’a pas à lever la main sur toi !

Elle tendait ses mains pour l’empêcher d’approcher.

— Je t’ai dit que c’était un accident ! Tu vas rester dessus longtemps ?
Elle commençait à s’impatienter.

— Je veux entendre ce qu’il a à dire pour sa défense.

Chris l’ignorait et s’était rapproché de Gabriel. Elle se retrouva coincée entre les deux hommes.

— Comme elle a dit… je ne l’ai pas fait exprès, je m’en veux déjà assez. Après si tu cherches à te battre, on peut régler ça immédiatement.
Répondit Gabriel calmement.

Il prit Alexandra par les épaules et la décala loin d’eux.
Ce fut à son tour d’hausser le ton.
De sa petite taille, elle poussa violemment les deux hommes.

— Personne ne se bat dans cette maison. Si vous voulez vous mettre dessus, faites le dehors !

Elle les tira jusqu’à l’extérieur et referma la porte derrière eux, les laissant pantois sur le paillasson.

— Les enfants, si vous ne faites rien, venez m’aider à faire à manger.
Dit-elle en reprenant une voix normale.

Elle savait qu’ils étaient dans le couloir et qu’ils avaient assisté à la scène.
Ils sortirent de leur cachette et firent un câlin à leur mère.

Dehors, Gabriel et Chris se trouvèrent bien idiots.

— On fait quoi maintenant… ?
Demanda Gabriel.

Ils s’étaient calmés et étaient punis comme des enfants.

— … Tu crois qu’on va devoir rester là longtemps ?

Gabriel se déplaça pour s’asseoir sur un rebord en pierres, et soupira.

— Le temps qu’elle ne nous en veuille plus. Au moins.

Chris le rejoignit et s’assit également.

— Bon, tu m’expliques ?

— Je te l’ai déjà dit. Je n’ai pas fait exprès. Nous étions tous les deux en colère et lorsqu’elle m’a foncé dessus pour me frapper. Genre vraiment violemment. J’ai paniqué et je l’ai repoussée. Sauf qu’elle n’a pas eu le temps d’éviter mon coup. Elle était tellement en colère… enfin bref. Je l’ai projetée contre la bibliothèque du bureau.

Il racontait ce dernier détail tout en se remémorant la scène, le visage dans ses mains, il n’en était pas fier.
Chris voyant la sincérité de son récit, et sa réaction, se mit à sa place et ne dit rien. Accepta tout simplement de lui pardonner. Sa colère n’était plus.

— On est censé la chérir et la protéger…
Dit-il sans arrière pensée.

— Je sais. Je le sais… tu te doutes bien que ça m’a vite refroidi. Et j’avais oublié qu’elle marquait aussi facilement. Je te raconte pas la honte quand on est allé à l’infirmerie. Ils ont cru que je la frappais.

Chris s’est mis à pouffer de rire.

— Tu peux rire… ils m’ont mis à l’ecart et lui ont posé plusieurs fois la question. Si ça allait et qu’elle voulait en parler. Je ne savais plus où me mettre quand elle me l’a rapporté.

Voyant son comparse rire de vive voix, il arrêta son récit et se mit également à sourire, puis rire doucement, se rendant compte du ridicule de la situation.

— Surtout qu’on a tous les deux crié et avec le boucan qu’on a fait dans le bureau… les témoins ont dû s’inquiéter.
Ajouta Gabriel, en reprenant sa respiration après avoir rit aux éclats.

— Les nouvelles, ou plutôt les rumeurs, ont vite circulé. J’ai des collègues qui sont venus en courant dans la salle des prof’ pour en parler, paniqués… certains avaient oublié que j’étais dans la même pièce. Je te dis pas comment j’avais hâte que la journée soit finie pour pouvoir avoir la vraie version des faits… la boule au ventre.
Excuse-moi… Je te dois aussi des excuses. De la voir blessée, ça a ravivé des souvenirs et j’ai vu rouge…

— Bon, puisque nous sommes reconciliés et calmes. On rentre ?

2020.05.28

— Si elle nous l’autorise…

Colère

Ils s’étaient mis à se battre dans le bureau de travail.
Les feuiilles sur la table qui formaient une pile avaient virevoltés dans la pièce puis sur le sol. Les mouvements et échanges de coups vifs et puissants les avaient emportés.

Le ton était rapidement monté à partir du moment où Gabriel avait claqué la porte derrière lui.
Laissant éclater la colère qu’ils contenaient en eux, ils profitaient d’être seul à seul pour s’exprimer.

Elle se retourna aussitôt pour lui faire face et s’adresser directement à son époux.

Il essayait de contenir sa rage et serrait le poing, levant à moitié sa main devant elle.

2020.05.06

Il était rare mais cela arrivait que le ton monte entre Alexandra et Gabriel.
Ils essayaient de ne pas s’emporter devant les enfants, mais il arrivait que cela explose malgré eux.

Cette fois-ci, elle entra dans le bureau hors d’elle, et il la suivit en claquant la porte derrière lui.
Elle sursauta et ce comportement l’énerva encore plus.

— Tu es obligé de claquer cette porte ?!
Elle haussa le ton sans s’en rendre compte.

— Et toi, es-tu obligée d’être aussi désagréable ?

— À qui la faute !
Elle leva les bras en l’air avant de les laisser retomber le long de son corps, exaspérée.

— Parce que c’est de ma faute ? Tu te mets en danger, c’est normal que je m’inquiète ! Est-ce que tu peux être moins égoïste ?

— Égoïste ? Moi ? J’ai le droit de choisir pour moi, quand même ! Je suis assez grande pour savoir si je me mets en danger, non ? Je sais me défendre !

— Je veux bien voir ça !

— Tu veux qu’on règle ça à mains nues ?! Il faut que je te batte pour que tu comprennes que tu n’as pas à me sur-protéger de la sorte ?!

Il s’approcha d’elle et tendit sa main qu’elle rejeta avec violence.

— Tu vas me parler sur un autre ton.
Sa voix était grave et grondante.

Il s’approcha encore et elle ne se démonta pas, elle le repoussa avec toute sa force.

— Tu t’es entendu, avant de me dire ça ?

— Arrête ça… !
Sa voix résonnait entre les murs.

— Toi, arrête !

Le ton et la tension montaient entre les deux.
Elle avait beau être plus petite, moins musclée, elle se défendait et il semblait l’ avoir oublié.
Cela n’arrivait pas souvent, lors de très rares occasions où ils s’entraînaient ensemble, mais elle l’attaqua.
Il fut pris par surprise, ne s’attendant pas à ce qu’elle se jette sur lui avec tant de violence.
Il réussit à éviter au dernier moment son coup, et il se reprit pour se défendre et rendre quelques attaques.
Il ressentait la colère qu’elle avait en elle et surtout qu’elle ne le ménageait pas.
Aveuglée par ses émotions, elle ne vit pas son coup venir, et elle se fit éjecter contre la bibliothèque, faisant tomber quelques ouvrages avec elle.
Il ne s’était pas non plus retenu pour la repousser.
Il s’en voulut immédiatement et s’arrêta pour demander si elle allait bien. Sa colère s’était envolée pour laisser place à l’inquiétude.
Elle se releva aussitôt et ne le laissa pas le temps de s’approcher.

— C’est ça. Ne te retiens pas et montre-moi à quel point je suis faible et fragile, que j’ai besoin d’être protégée…
S’essuyant avec le revers de sa manche, sa mâchoire.

L’étincelle de rage était encore vive dans ses yeux.

— C’est bon, j’ai compris… on peut s’arrêter là…
Capitula t-il, vraiment inquiet pour sa femme.

— Tu vas me laisser gagner, comme ça ? Sans défendre ce que tu disais plus tôt ?! Prouve-moi que je suis incapable de me défendre ! Je sais quand même de quoi je suis capable !
S’énervait-elle. Elle ne se calmait toujours pas.

— Ce n’est pas le sujet.
Dit-il exaspéré.

Elle ne le laissa pas finir et elle fonça sur lui, et il se laissa faire.
Elle l’attrapa par le col et s’apprêtait à le cogner. Elle arrêta son geste devant son visage.
Les larmes aux yeux, du surplus d’émotions.

— Je ne vaux que ça, à tes yeux ? Tu ne te donnes même plus la peine de te battre ? Sanglotait-elle.

— Je mérite que tu me frappes… Je n’aurais pas dû réagir comme ça.
Dit-il tout simplement.

Elle le relâcha, s’éloigna et s’assit sur le bord du bureau en regardant ailleurs, perdue dans ses pensées.

— C’est bon… tu t’es calmée… ?
Demanda t-il, sur ses gardes.

Elle ne répondit pas. S’essuyant rapidement ses larmes de colère.

— Est-ce que je peux regarder si je ne t’ai pas blessée… ?
Demanda t-il, en se mettant en face d’elle.

Elle haussa les épaules.
Il regarda rapidement et tâta ses côtes. Cela semblait aller. Il attrapa le menton de sa femme avec ses doigts pour qu’elle lui fasse face, et lui adressa la parole, les yeux droits dans ses yeux.

— Je suis inquiet. J’ai peur qu’il t’arrive quelque chose. Je sais que tu es forte et que tu sais te défendre, mais ça me rend malade de te savoir loin de moi…

— … Tu pouvais pas tout simplement me dire ça… ?
Dit-elle en essayant de se calmer, et arrêter ses sanglots.

2020.05.09