Trajet

Contrairement à mon frère, j’étais plus turbulente et je n’hésitais pas à user de la violence pour me défendre.
Ainsi, souvent je me retrouvais convoquée par le proviseur de mon école et je mettais ma mère dans l’embarras.

Ma mère, c’est quelqu’un de formidable.
Elle nous élève, moi et mon frère, toute seule.
Cela fait des années que notre soit-disant père est parti on ne sait où.
La laissant seule. Il parait qu’il paye une grosse partie de nos frais et que cela nous permet de vivre correctement sans que maman soit obligée de travailler en plus de ce qu’elle fait pour nous.
Je n’aime pas spécialement mon père. Déjà, je ne le connais pas, mais je vois que son absence pèse sur le coeur de maman.
Il semblerait qu’il lui passe des appels de temps en temps.

Mon frère, c’est mon jumeau. On se ressemble comme deux gouttes d’eau. Les cheveux longs, il a un air un peu efféminé.
Il est de nature calme et bon élève.
Il est souvent de bon conseil.

Un soir, j’ai entendu maman au téléphone. Elle parlait de moi, et que cela l’inquiétait que je me batte à l’école.
Je ne compris pas tout de suite.
Peut-être que j’aurais dû interpréter cela comme un avertissement.
Cependant, comme si je ne pouvais m’en empêcher, je continuais à me battre.

Quelques semaines plus tard.
Un soir, quelqu’un vint à la maison.
C’était très rare de recevoir de la visite.
Je m’étais réveillée à cause des chuchotements, et j’utilisais comme prétexte d’aller aux toilettes pour épier leur conversation.

Je vis un homme imposant dans un manteau noir. Il me vit derrière le pan de mur et son regard s’arrêta dans ma direction.
Par surprise je me cachai. Il avait quelque chose d’intimidant.
J’entendis ses pas se rapprocher et il fut rapidement à côté de moi.
Il s’agenouilla et me parla doucement.

— Bonsoir Alexandra.
— … Bonsoir… monsieur…

J’étais effrayée. Cet homme connaissait mon prénom et me parlait. Comme paralysée je n’osais pas bouger.
Maman était dans le salon.
Je pris mon courage à deux mains pour courir dans ses bras.
Elle me sourit.

— N’aie pas peur. Ce n’est pas quelqu’un de méchant. C’est…
— Ne dis rien, Alicia.

L’homme se releva et nous rejoignit dans la salle. Il me regarda dans les yeux et commença à m’expliquer la situation.

— Tu vas venir avec moi, Alexandra.

Je restai sans voix du début jusqu’à la fin.
Mes yeux interrogeaient ma mère, mais elle ne me répondait pas.

— Tu lui causes du soucis et tu seras dans un meilleur environnement si tu viens avec moi.
Je me sentis comme trahie. Ma mère ne voulait plus de moi.
Cela n’était pas possible.
Des larmes embuèrent ma vue et commencèrent à couler le long de mes joues.

— C’est pour ton bien, ‘Xandra…
Me dit-elle, en me serrant dans ses bras.

— Je serai sage, promis…
Sanglotais-je.

C’était déjà trop tard. La décision était prise.
Cela réveilla également mon frère qui nous regardait du même endroit où j’étais quelques minutes auparavant.

— Si ‘xandra s’en va, moi aussi… !
Dit-il en courant vers moi.

— Ne laisse pas ta maman toute seule, Alexandre.
— Ne t’inquiète pas ‘xandra, tout va bien se passer. Tu seras entre de bonnes mains…

L’homme me sépara de ma mère. Tandis qu’elle gardait mon frère dans ses bras, pour l’empêcher de nous suivre.
Le monsieur ouvrit la porte et me traina par la main jusqu’à l’extérieur.
Je ne voulais pas crier mais mes larmes ne s’arrêtèrent pas.
Il m’attacha dans la voiture avec la ceinture de sécurité et s’assit à mes côtés. Sans dire un mot de plus, à part au chauffeur.
Je pleurais et réfléchissais sur mon sort durant tout le trajet.

2016.05.22

Participer

— Il est hors de question que je reste les bras croisés tandis que nos professeurs et autres personnes sont en train de se battre.

Elle sortit de la salle et partit chercher son père et Chris.
Elle savait que c’était une excuse pour pouvoir partir à leur recherche mais elle était également choquée que ces fils et filles de nobles se cachent en attendant la fin des conflits.
Elle vit Chris en difficultés et l’aida de justesse à s’en sortir en frappant d’un coup mortel son opposant.

— Quelle image je donne à mon élève en me laissant sauver…
Dit-il honteux.

— Merci.
Ajouta t-il.

Elle lui tendit la main.

— Tu n’as rien ?
— Qu’est ce que tu fais ici ?! Je te croyais en sécurité.
— Tu pensais vraiment que j’allais rien faire ? Où est papa… ?
— Nous avons été séparés, j’ai tenté de retenir les quelques hommes qui restaient… Tu tombes à pic.
— Je vois ça.
— On va chercher ton père ?
— Plutôt deux fois qu’une !

— Fais attention aux débris et aux intersections… Il y a peut-être des pièges…
— D’accord.

Il la rattrapa de justesse et la plaqua contre le mur en la recouvrant de son corps.
L’explosion créa de la fumée et de nombreux débris soufflèrent vers eux.

— Ça va ?
— Je…
Toussa t-elle.

Elle ne réussit plus à dire autre chose.
Les gaz étaient toxiques pour son organisme mi-humain et elle continua à tousser de plus en plus jusqu’à ne plus pouvoir respirer.
Elle sentit son dos glisser le long du mur et elle attrapa un bout de vêtement de Chris avant de perdre connaissance.
Il n’eut pas le temps de réagir assez vite.
Elle s’écroula à ses pieds et il se fit attaquer dans le dos.
Il se retourna et dut combattre.

Il arriva et l’aida.
C’était le camarade qui ne pouvait pas supporter Chris.
Il avait vu qu’il protégeait bien son élève et il était remonté dans son estime.

— Besoin d’un coup de main… ?
— Ce n’est pas de refus…

Chris retourna auprès d’elle.
Ils virent son état empirer.

— Il faut quitter cet endroit, elle ne supporte pas les fumées…

Chris la porta sur son dos et ils sortirent de la zone.
La bataille continuait.

— Emmène-la à l’infirmerie. Je vais les retenir.
— Ils sont trop nombreux, je ne vais pas te laisser tout seul ici.

Elle reprit connaissance.

— Je… vais mieux. Laissez-moi ici, dans les débris… Laissez-moi juste reprendre mon souffle… Ça va aller.
Toussait-elle, encore.

Chris était inquiet mais se sentit rassuré. Il la laissa un peu en recul.

— Je reviens tout de suite.

Ils finirent leur combat et en retournant vers elle, un ennemi l’avait vue et tentait de l’achever.
Elle se battait mais à souffle coupé.
Il l’attrapa facilement par le cou, et savourait sa victoire.
Chris et le camarade n’eurent pas le temps d’intervenir.
Son père apparut et acheva l’ennemi avant de rattraper sa fille dans ses bras.

— Pardon… de ne pas avoir été à la hauteur…
Pleurait-elle.

Chris se mit à genoux et s’excusa de ne pas avoir pu la protéger.
Le camarade ne comprenait pas, puis il tilta.
L’homme à l’aura noble en face de lui, était le seigneur.

Elle se réveilla allongée dans une chambre d’infirmerie.
Les voix de l’autre côté de la pièce lui parvenaient petit à petit.

2016.05.19

Précepteur

Elle était partie chercher Chris dans les couloirs de l’établissement.
Elle arriva pile poil au bon moment.
Elle vit un élève de sa classe s’adresser à Chris et vu le ton élevé de ses paroles, elle entendit toute la conversation.
Elle s’approcha à pas rapides pour défendre son précepteur et ami.
Chris baissait les yeux et semblait subir les insultes sans broncher.
Lorsqu’elle arriva à leurs niveaux. Elle empêcha son camarade de classe de le frapper. Il était sur le point de lui donner une giffle.

— C’est une honte que quelqu’un de ton rang soit le précepteur d’une noble !
Disait-il, avec conviction.

Lorsqu’elle apparut, il se figea.

— Retire immédiatement les propos blessants envers mon précepteur…
Grogna t-elle entre ses dents.

C’était la première fois qu’elle s’opposait à quelqu’un de sa classe.
Il baissa sa main et la regarda sans rien dire.
Elle le relâcha et attendait des excuses.
Il ne broncha pas.

— Je ne te permets pas d’insulter mon précepteur de la sorte. Quelque soit son rang ou ses origines.

Chris était estomaqué. Il voulait l’empêcher d’envenimer la situation, mais elle le retint de faire quoi que ce soit, d’un geste bref.
Il se rangea derrière elle, avec le respect qu’il devait à une noble.
Le camarade continuait à le fixer avec un air de dédain et n’avait aucune attention de s’excuser.
Elle s’énerva et lui donna une belle claque.
Comme si cela venait de le réveiller, il la regarda avec surprise en se massant la joue.
Elle retourna ses talons et attrapa la main de Chris pour partir dans la direction opposée.

— Tu ne vois pas qu’il profite de ta gentillesse ? De ton statut ?!
— Chris ne ferait jamais ça ! Je le sais !

Il ne pouvait supporter Chris et il profita de cette occasion pour l’attaquer.
Cela serait mentir que de dire que Chris n’avait rien vu venir.
Il connaissait son rang et il ne pouvait pas se permettre de griller sa couverture, ni manquer de respect à un noble en contre-attaquant en premier.
Il comptait encaisser le premier coup et enfin pouvoir se défendre et lui donner une leçon, même petite.
Il ne s’attendait pas à ce qu’elle intervienne et le protège.
Elle prit le coup de plein fouet, s’écroulant dans les bras de Chris qui la rattrapa. Elle savait ce qu’elle faisait, elle avait également vu venir l’attaque. Elle n’était pas son élève pour rien.
Son camarade de classe s’excusa à plusieurs reprises.
Il ne savait plus quoi faire.

— Je ne te permettrai pas de toucher à un seul cheveu de mon précepteur en ma présence…
Souffla t-elle.

Il s’en alla sans demander son reste.
Elle avait prit un bon coup de poing dans la côte et toussa un peu avant de pouvoir se relever et tituber.
Chris n’en revenait pas.

— Il n’y est pas allé de main morte…
Plaisanta t-elle

— Tu n’avais pas à faire ça…

Il se sentait coupable.

— Tu n’es pas en tort. Je ne supporte pas qu’on puisse te parler de la sorte… J’espère qu’il ne reviendra pas te chercher des noises.

Elle ne pensait pas avoir si mal. Il avait vraiment eu l’intention de blesser Chris et elle avait sous-estimé cela.
Chris vit ses grimaces et insista pour regarder l’impact.
Avec embaras, elle ne put refuser.
Il souleva son haut et vit un énorme hématome au niveau de son abdomen. Il s’alarma et l’attrapa par dessous ses genoux et la porta.

— Je t’emmène à l’infirmerie.
— Hein ?! Mais-

Elle dut rester plusieurs jours en soin.
Cela resta secret, elle fut toujours pris en charge par Chrystal l’infirmière atitrée. Son corps de mi-humaine n’encaissait pas de la même manière qu’un non-humain et cela nécessitait une prise en charge particulière.
Seul son camarade comprit qu’elle avait été hospitalisée à cause de lui et eut l’audace de lui rendre visite pour s’excuser.

— Je ne l’aurais jamais choisi s’il n’était pas un aussi bon précepteur.
— … Je vois. Est-ce que tu permets que je le défis de manière non officielle, par exemple sous le cadre d’un entraînement ?

Chris apparut et lui répondit en personne.

— J’en serai ravi.
— Si… si je perds, je reconnaîtrai mon erreur et je retirerai mes propos…
Par contre, si je gagne, tu devras choisir un précepteur digne de ton rang.

Elle ne voulait pas avoir quelqu’un d’autre que Chris en tant que professeur et elle ne sut pas quoi répondre. Cela le concernait plus qu’elle et il accepta son challenge.

Le jour du combat.
Elle était guérie mais la bataille était serrée et chacun ne voulait pas s’avouer vaincu.
Chris gagna, en feintant de presque perdre.
Elle l’engueula avec les larmes aux yeux.

— Idiot ! Qu’est-ce que j’aurai fait si tu avais perdu ?!
Dit-elle en le frappant.

Il en rit et lui murmura dans l’oreille.

— Tu pensais vraiment que j’allais perdre ?

Et elle le serra dans ses bras.

— Ne me fais plus jamais ça !

Après cet épisode, personne n’osa plus jamais faire de remarque sur le précepteur de la jeune fille. Tout le monde savait qu’elle était d’origine plus ou moins noble mais on ne sait d’où.

2016.05.19

Boue

Les cheveux virevoltants dans le vent. Elle était assise sur un banc, à l’ombre d’un arbre, le regard perdu dans ses pensées.
Il l’observait de loin. Ne sachant pas s’il devait intervenir ou non.
Elle finit par remarquer sa présence et lui fit signe de la main avec son grand sourire. Elle se forçait à sourire et il le savait. Parce qu’il l’avait vue grandir, il la connaissait mieux que quiconque.
Il s’approcha alors et s’assit à ses côtés. Attendant qu’elle brise le silence en premier.

— Je sais que papa est occupé et qu’il ne peut pas me voir aussi souvent que je le voudrais… Je sais que je suis égoïste de me sentir aussi triste pour ce genre de détail…

Elle fit une pause et soupira un court instant avant de reprendre.

— Merci d’être à mes côtés.

Elle releva la tête et lui sourit. C’était un vrai sourire mais derrière cela, elle ravalait ses larmes.
Il la serra dans ses bras, enlaçant ses petites épaules et en lui caressant doucement la tête.

— C’est normal… Tu as le droit d’être triste…

Elle éclata en sanglots dans ses bras.
Il ressentit des sentiments étranges à ce moment. Il était vraiment affecté par ses pleurs au creu de son torse.
Comme épuisée par ce surplus d’émotion, elle s’endormit de fatigue dans ses bras.
Le vent commençait à souffler et le temps à se rafraîchir. Il l’allongea sur ses genoux et la recouvrit de son manteau.

*

Elle se disputait avec un élève de sa classe. Elle était une des plus jeunes de la promotion mais cela ne l’empêchait pas d’avoir son mot à dire.
Le ton commença à monter et ils finirent dans la cour, à régler cela par la force.

— Je vais te faire ravaler tes paroles… !
Disait-elle, emplit de rage.

— C’est ce qu’on va voir… Si tu arrives à me mettre à terre, j’y songerai peut-être…
Se moquait-il, d’un air arrogant.

Ce n’était pas n’importe qui. C’était l’un des meilleurs élèments de la classe et la modestie n’était pas sa meilleure qualité.

— On va voir ce que ton médiocre précepteur a pu t’apprendre pour te défendre…

Les autres élèves avaient été attirés par le bruit et s’étaient regroupés autour d’eux pour observer la bataille.
Elle d’habitude très discrète et calme, personne ne connaissait son réel niveau, ni ne savait qui elle était.

— Viens, approche… !

Il lui faisait signe d’approcher et semblait très confiant.
Elle ne se laissa pas intimider et commença par l’attaquer.
Des petites attaques pour le tester et connaître ses réactions.
Elle n’avait pas peur, elle savait qu’elle était entraînée par une personne plus que qualifiée et elle devait défendre Chris. Elle ne laisserait personne le rabaisser à sa classe sociale.

Elle réussit à lui asséner un coup droit au visage. Elle évita de justesse sa contre-attaque et s’éloigna.
Il se mit à pleuvoir des cordes et le terrain devint boueux.
Il se rattrapa et la fit manger à plusieurs reprises la terre.
Elle se releva, totalement méconnaissable à cause de la boue sur ses vêtements et sur son visage.
Elle réussit à lui faire perdre son équilibre.

Les professeurs alertés par le mouvement de foule intervinrent et ils durent arrêter le combat.
Elle se fit convoquer par le conseil des enseignant et dut s’expliquer en présence de son tuteur légal, c’est-à-dire Chris.

2016.05.12

Prolétaire

Elle suivait une scolarité comme étant noble.
Son père lui avait assignée un précepteur particulier. Il n’était pas noble mais ses compétences étaient bien au-delà. D’habitude agent secret et garde du corps pour sa propre personne, il voulait le meilleur pour sa fille et lui confia la protection de sa protegée.

Elle eut a plusieurs reprises des remarques désagréables à ce sujet, que son professeur était un prolétaire et qu’il ne pouvait pas être bon.
À chaque fois, elle se mettait hors d’elle ou ignorait leurs méchancetés non fondée. Elle défendait corps et âme son ami Chris, qui était également la personne qui la connaissait le mieux et qui la soutenait dans toutes les épreuves.

Son père avait caché leur lien de parenté pour la protéger.
Elle vivait dans un studio stratégiquement placé en dessous de son bureau, et Chris n’était jamais loin.

2016.05.08

Ruelle

Elle se promenait tranquillement en ville.
Il l’attrapa par la taille et lui couvrit la bouche avec sa main.
Il l’emmena derrière un mur et lui chuchota.

— C’est moi, ne fais pas de bruit.

Elle ne savait pas comment réagir. Elle reconnaisait sa voix et ses bras qui l’enlaçaient la troublait.
Son souffle sur sa nuque n’arrangeait rien.
Un homme qui la suivait depuis un moment passa et semblait la chercher des yeux.
Il relâcha lentement la main sur sa bouche.

— Tu es en danger… et c’est en partie ma faute.

Elle était toujours aussi perdue.
Elle n’avait pas eu de nouvelles de lui depuis plusieurs semaines et il venait lui dire ça, après l’avoir attrapée par surprise dans un coin de rue.

— Si je ne t’avais pas approchée dès le départ…
— Je ne sais pas ce que tu racontes, mais est-ce que je dois appeler la police ?
— Non, ça ne servirait à rien.
— Dans ce cas, je dois faire quoi… ?
— Viens avec moi.
— Où ça ?
— Dans mon monde.
— Hein ?! Sois sérieux s’il-te-plaît.
— Je ne te mens pas. Je viens d’un autre monde et je ne pourrais te protéger que si tu me rejoins…
— Qu’est-ce que je vais devenir sinon… ?
— Ils risquent de te tuer… Voire pire…
— … ?! On se connait à peine, on s’est adressé la parole que 2 ou 3 fois et je devrais te suivre dans ton soi-disant monde… ?
— Je sais que c’est soudain et incroyable mais-
— Tu sais à quel point je me suis inquiétée… ?

*

Elle s’était interposée dans leur bataille.
Elle avait beau l’ignorer et faire comme si de rien n’était, elle éprouvait des sentiments à son égard et malgré elle, elle se jeta sur lui pour le protéger.
Elle prit l’attaque de plein fouet.
Il en profita pour contre-attaquer et tuer son adversaire. Puis se précipita sur elle.
Elle était en mauvais point mais semblait sereine.

— Toute façon, ma vie c’était de la merde.
Dit-elle en souriant.

Il la serrait dans ses bras et l’emmena dans son monde pour la soigner.

2016.02.26

Rencontre

Sephyl tomba amoureux de cette humaine.
Elle travaillait dans cet hôpital et il errait dans leur parc.
Lorsqu’elle sortit à la fin de son service, elle le croisa et le salua.
Le hasard des choses avait renouvelé leur rencontre quelques jours plus tard, lorsqu’elle allait faire ses courses.
Ils se croisèrent dans les rayons et ils se dévisagèrent pendant quelques secondes avant de se parler.
Ils s’échangèrent quelques mots maladroits.

— Bonjour… Vous travaillez aussi à l’hôpital ?
— Bonjour… Non pas vraiment…

Et ils se quittèrent.
Elle le trouvait étrange, il avait l’air perdu malgré son air solitaire et débrouillard. Il l’ignora et continua son chemin.
Elle ne le recroisa pas à la caisse et rentra chez elle.
En déposant ses affaires et commençant à préparer sa nourriture, elle jeta un regard distrait à sa fenêtre.
Elle reconnut cette silouhette, celle de l’étrange personnage, assit entre les bâtiments et recroquevillé sur lui-même.
Elle attendit quelques minutes, puis voyant qu’il ne semblait pas vouloir partir, elle décida de descendre le voir.

— Euh… vous êtes perdu monsieur ?
— … Non…
— Ne restez pas là, vous allez attraper froid. Venez. Suivez moi. Venez manger quelque chose de chaud.
— …

Elle le tira par le bras et essaya de le monter jusqu’à son appartement.

2016.02.21

Souffle

Il était encore insconscient, entre la vie et la mort. Le comble pour un démon.
Son père lui expliqua la situation.
L’identité de cet homme était maintenant révélée au grand jour.
Il n’était pas énervé ou ne se sentait pas trahi.
Deniel, le démon, éprouvait des sentiments pour Alexandra et avait donc décidé de lui rendre sa vue malgré l’enjeu de sa propre vie.
C’était un démon, mais il n’agissait pas comme les autres de son espèce. Il était bien attentionné.
Alexandra ne comprenait pas la situation.
Son père dut lui expliquer également le moyen de reproduction des démons.
Ils choisissaient leur victime et les forcent à s’accoupler avec eux pour ensuite donner descendance à un futur démon qui gardera une forme humaine à ses débuts.
Alexandra se tut.
Elle supplia son père de trouver une solution, qu’elle ne voulait pas retrouver sa vue dans ces conditions.
Il était malheureusement trop tard.
Deniel était en train de mourir et tout ce qu’elle pouvait faire maintenant, c’était rester auprès de lui jusqu’à son dernier souffle.

2016.02.17

Insomnie

Je n’arrivais absolument pas à dormir.
Impossible de trouver le sommeil.
J’étais inquiète pour mon père, j’avais besoin d’être avec quelqu’un.
Je ne pensais pas qu’être constamment dans le noir me rendrait aussi anxieuse.
Je me levais et décidais à monter les escaliers, à tâtons, marche par marche.
Je savais que j’étais à l’étage inférieur et que les dortoirs des hommes étaient au dessus.
Et encore au dessus, il y avait la chambre de mon père, et des autres employés de maison.
C’était lui qui avait décide de cette répartition. S’il subissait une attaque, il était préférable que les employés soient en sécurité, surtout ceux qui ne pourraient pas se défendre.

Alors que j’étais perdue dans mes pensées, je trébuchais et une bulle d’air chaude m’enveloppa.

— Vous allez bien ? Vous m’avez fait peur…

C’était la voix douce de Deniel. Elle était assez particulière pour que je m’en souvienne.
Il venait d’utiliser de la magie. Il était de plus en plus étrange.
Il me prit par la main et m’aida à me relever.

— Merci Deniel… Que faites-vous debout en pleine nuit… ?
— Je vous retourne la question : vous êtes en plus dans le dortoir des hommes.

J’entendis son ton mi-moqueur.

— Je cherchais à rejoindre l’étage au dessus, je… voulais voir mon père… À votre tour de répondre à la question.
— J’avais du mal à m’endormir et je m’apprêtais à faire un peu de marche quand je suis tombé sur vous. Alexandra.
— C’est plutôt moi qui ai failli tomber… Ahah…
— Vous tenez beaucoup à votre père à ce que je vois.
— Je… c’est ma seule famille qu’il me reste…

Je ne pouvais pas non pous lui avouer que j’étais à moitié humaine et que ma mère était sur la terre des humains…
Chris assista à la scène de loin et faisait de moins en moins confiance à Deniel.
Deniel enlaçait à moitié Alexandra et la tenait par la main. Il était vert de jalousie.

— Je comprends… Je vais vous accompagner dans ce cas. Cela ira plus vite.
— Je ne voudrais pas vous empêcher de dormir-

Il me souleva et me porta telle une princesse, c’est le cas de le dire, jusqu’à l’étage supérieur.
Il me reposa par terre et sembla chercher la bonne direction.
Chris apparut.

— Vous faites quoi tous les deux… ?! Si vous cherchez la chambre de Sephyl, c’est par là…

Il nous guida.
Il m’attrapa par la main et marcha à son rythme.
Je le suivais mais j’avais du mal à garder son rythme sans voir où je mettais les pieds.

— Chris, attendez un peu. Vous ne voyez pas qu’Alexandra ne peut pas vous suivre à votre vitesse… ?

Il s’arrêta net et me proposa de monter sur son dos.

— Merci Chris… Désolée..
— C’est à moi de m’excuser, je n’ai pas fait attention.

La fatigue me rattrapa et je m’assoupis sur son dos avant même d’arriver devant la chambre de mon père.

— Qu’est-ce que vous fichez devant ma chambre à cette heure-ci ?
— Alexandra semblait vouloir vous voir… Ah, elle s’est endormie…
— Je pense qu’elle n’est pas très rassurée malgré les airs qu’elle se donne.
— Quelle enfant elle fait… Demain les médecins l’auraient laissée retourner dans sa chambre…Merci d’avoir fait le chemin pour elle, je vais la prendre.

*

— Je t’ai vu faire de la magie tout à l’heure, pour aider Alexandra. Tu nous caches des choses et je n’aime pas ça.
— …
— Je garde un oeil sur toi.

*

— Arrêtons de nous vouvoyer. Tu n’es pas vraiment un aventurier n’est-ce pas ?
— Qu’est-ce que tu racontes… ?
— Je le sens. Quand tu m’as aidée dans les escaliers… Cette chaleur… C’était la même quand on m’a prit ma vue. J’avais des doutes avec ta voix et la manière dont tu me parlais.
Exactement le même ton qu’avec le démon qui m’a proposée le pacte… Tu es ce démon n’est-ce pas ?
— …

2016.02.11

Rival

Je me réveillais en sursaut.
Le temps que je me remémore les évènements.
J’avais un bandage qui recouvrait ma vue.
Je le retirais.
J’avais beau me frotter les yeux, fermer mes paupières et les rouvrir.
Rien. Tout était noir.
Ce n’était pas un mauvais rêve, il fallait que je m’assure que mon père était vivant.
Je balaidais mes mains autour du lit pour en deviner les bords.
J’avais peur mais je devais normalement être chez moi.
Je me levais doucement, en posant prudemment mon pied par terre.
De la moquette. J’entendais des bruits mais dur de savoir d’où ils provenaient.
Je touchais le premier mur et je le longeais en faisant attention à ne rien faire tomber, ni à moi-même tomber.

La porte s’ouvrit.
Je me figeai et je regardais dans la direction du bruit, même si je ne pouvais rien voir.
J’entendis des pas se rapprocher de moi, rapidement.
Je restais sans bouger, j’étais effrayée, qui était-ce ?
Je ressentis l’étreinte, cette manière de me prendre dans ses bras.
C’était mon père.

— Qu’est-ce que je suis soulagé… Comment te sens-tu ?
— Papa ? Je-
— Je devrais te passer un savon pour ce que tu as fait… Mais ne t’inquiète pas, il m’a tout expliqué.

Je ressentais la présence d’une autre personne, j’entendis la porte se refermer alors que mon père était encore à mes côtés.

— « Il » ?
— Heureusement qu’il était là, il t’a sauvée.
— Comment ça ? Le démon t’a ramené à la vie. Je ne pense pas qu’il en avait après ma vie-
— Ne dis plus rien, c’est fini maintenant.
— Mais papa, tu vas mieux ?
— Comme tu le vois-
— …
— Oui, je vais bien, j’ai vite repris mes forces, grâce à toi… On va essayer de retrouver le démon pour qu’il te rende ta vue.
— Papa, écoute moi. C’était le pacte, ma vue contre ta vie. Ce n’était pas cher payé, alors laisse ce « démon » tranquille s’il-te-plaît, je vais bien. Regarde !
— Sandra…
— Je m’habituerai, t’inquiète pas !

*

— Monsieur, laissez-moi m’ocuper de Sand-… Votre fille ! Je sais me défendre, vous connaissez mes compétences, je serai en mesure de la protéger, en toutes circonstances.
— … Chris, j’ai confiance en toi… mais c’est également pour tes compétences que je ne peux pas te laisser t’occuper de ma fille. Elle serait un fardeau pour toi, même si tu n’en penses pas un mot… Je ne peux pas sacrifier un de mes meilleurs employés comme ça…
D’après l’examen. Elle ne voit plus rien… Sa vue a été dérobée et cela ne peut pas être soigné…
— Excusez-moi de participer à votre conversation. Je suis un étranger mais du peu que j’ai vu de votre charmant village, cela ne me dérangerait pas le moins du monde de m’y installer.
Je ne veux pas paraître rude, mais, je peux être son précepteur. Même en étant aveugle, il existe des techniques pour pouvoir se défendre et s’adapter au combat. Je ne fais que proposer mes services.
— On ne peut pas faire confiance à cet inconnu, Monsieur !
— Chris, reste poli. Cet inconnu était aux côtés de Sandra lorsqu’elle était inconsciente et que j’étais une proie facile. Merci pour votre proposition… Je n’ai pas demandé votre nom ?
— Deniel, Monsieur.
— Je ne me suis pas présenté, je suis l’hôte de ses lieux, Sephyl.
Veuillez excuser Chris, il n’est pas méchant, il pense à la sécurité de ma fille et je ne peux pas lui en vouloir.
— Je comprends très bien, monsieur.
— Merci beaucoup pour votre proposition, vous avez déjà fait beaucoup pour nous, ce n’est pas grand chose dans l’état des choses mais nous avons préparé une chambre. N’hésitez pas à vous y reposer.

*

— Bonjour mademoiselle.
Il avait une voix douce.

— Je te présente Deniel. Il était là lorsque tu as perdu connaissance et il a veillé sur nous jusqu’à ce que je me réveille.
— Je suis desolé pour votre vue, mademoiselle.
— Ce n’est rien, j’étais en connaissance de cause, je m’appelle Alexandra. Vous pouvez m’appeler Sandra, c’est plus court.
— Si cela ne vous dérange pas, je souhaiterai vous appeler Alexandra. De là où je viens, le prénom dans son entièreté a une certaine importance, j’espère que vous ne m’en tiendrez pas rigueur.
— Pas du tout, Deniel.
— Deniel nous propose d’être ton précepteur et ton guardien pendant un moment, le temps que nous retrouvons notre forme d’antan. Tu sais comme Chris a insisté mais j’aurais besoin de lui ailleurs…
— D’accord papa, je suis désolée de te causer du soucis…
— Qu’est-ce que tu racontes encore. Tu m’as sauvé la vie, non ?
Allez, repose-toi. Je vais te laisser faire connaissance avec Deniel, appelle-moi si tu as besoin de quelque chose…

*

— Si vous voulez bien me donner votre bras, je vais vous guider vers votre lit.
— Merci. Vous avez l’air d’avoir l’habitude…
— J’ai fait une formation d’aide-soignant à l’époque…
— Merci.
— Comment vous sentez-vous ?

*bruit de porte qui s’ouvre*

— Sandra !
— Chris… ? Ah, tu m’étrangles…
— Je suis désolé… J’étais tellement inquiet-
— Je vais aller chercher quelque chose à boire.
— Merci Deniel…

— Ton visage était recouvert de sang… Ton père était également mal en point. Je suis arrivé trop tard…
— Mais non, je suis sûre que tu as fait du bon boulot.
— Que s’est-il passé ?
— On a été pris par surprise et papa s’est jeté sur moi… Il a prit l’attaque de plein fouet à ma place… Il a tué l’attaquant mais il ne bougeait plus… Et c’est là qu’un démon est apparu et m’a proposée le pacte. J’ai donné ma vue, et plus rien, ahaha…
— Je voi-… enfin. Désolé. Je ne fais pas confiance à ce Deniel.
— Tu dis ça parce que t’es jaloux ?
— N-Non ! Sois pas ridicule… Ton père lui fait pour l’instant confiance… Il était là quand tu étais inconsciente et il parait qu’il vous a protégé en montant la garde, le temps qu’on arrive… Mais sa tête ne me revient pas.
— Je verrai quand il s’occupera de moi. En tout cas il a l’air expérimenté avec les patients.
— Si seulement on pouvait te retrouver la vue.
— Arrête. Papa a dit la même chose mais ce n’est pas juste. J’accepte mon sort alors arrêtez de vouloir faire la peau à ce démon. C’est grâce à lui si papa est en vie…
— J’ai ramené des fruits et du jus.
— Merci beaucoup Deniel.
— Je peux vous laisser si vous préférez, je ne voudrais pas…
— Non non, nous avons fini, mais c’est gentil de votre part.

2016.02.11