Sombre

Dans la forêt.
Une douce odeur l’interpela.
Elle suivit son odorat jusqu’à une entrée de grotte, l’odeur était encore plus forte.
C’était une odeur qui était alléchante, mais cela ne ressemblait en rien à ce qu’elle connaissait.
Pourtant, une certaine nostalgie s’en dégageait.
Cela faisait plusieurs jours qu’elle s’était aventurée dans cet endroit, en ayant aucun espoir de survivre.
Mais cette odeur l’avait intriguée, son ventre criait famine.
Elle pénétra dans la grotte, la lumière du jour s’y engouffrait un peu. L’odeur était de plus en plus forte, elle continua de s’approcher, sans se méfier.
Une voix retentit et la força à s’arrêter.

*

C’était une forme inhumaine qui se tenait devant elle.

*

Elle dormait dans ses bras.
Ce qui lui servait de bras, car il n’avait rien d’humain.
Blottie contre lui, contre sa peau gluante, légèrement tiède. Sa tête avait des énormes globes occulaires et les muscles de sa mâchoire visibles, ses dents étaient pointues et beaucoup plus nombreuses.
Acerés comme des couteaux.
Il n’avait pas de nez, simplement des nasaux.
Les oreilles étaient également absentes, ce qui ne signifiait pas qu’il ne pouvait pas entendre. Des cavités discrètes servaient à cela.
Il n’avait pas un seul poil. Sa peau était lisse par endroit et luisante mais au toucher, elle était moelleuse et collante. C’était sa manière d’attraper ses proies avant de les consommer.
Et elle, elle était collée à lui, enveloppée dans ce qui lui servait de bras ou de tentacules, elle se maintenait au chaud de cette manière, grâce à lui.
Seule sa tête dépassait pour lui permettre de respirer.
Il ne l’avait pas dévorée.

*

Lorsqu’elle le vit la première fois, c’était une masse énorme immobile mais qui semblait respirer, grossissant et se rétractant faiblement.
Il faisait trop sombre pour réussir à distinguer les détails et la couleur. C’était sombre, et à la fois brillant parce qu’elle pouvait voir le reflet de la lumière derrière elle. Elle ne savait pas ce que c’était et elle était trop curieuse, ne craignant pas le danger, elle se rapprocha. Etait-ce vivant ? Si c’était le cas, c’était en train de dormir.

*

Une sorte de bête.
Sa gueule, ses crocs, ses griffes, ses pattes.
Sa fourrure.
Il sentit l’odeur humaine pénétrer son antre.

Elle cherchait un endroit où s’abriter. La pluie s’était mise à tomber comme des cordes, elle avait été surprise.
Habillée d’un pull à col roulé, un pantalon rentré dans ses chaussures mi-hautes, un gros manteau qu’elle avait entrouvert.
Elle portait un bonnet qu’elle retira aussitôt qu’elle entra dans la grotte.
Elle était trempée et se mit à retirer ses chaussures, son manteau.
Elle se trouva un endroit sec et s’endormit.
Trop fatiguée de ses quelques jours en extérieur.
Elle se recroquevilla sur elle-même et tenta de se réchauffer comme elle put.

La forme de vie étrange était immense.
Elle se rapprocha lentement et tenta de sentir si cet humain était comestible.
Sa patte faisait la taille de la moitié de son corps, il aurait pu l’écraser et la tuer.
Elle avait l’air vulnérable.
C’est ce qui l’intrigua.
Peu de personnes s’aventuraient par ici, et ceux qu’il avait pu voir avaient cherché à le blesser, le tuer, effrayés par son apparence.
Depuis, il avait eu beaucoup moins de visite. Etrangement.
Il hésitait, peut-être devait-il la tuer avant qu’elle ne se réveille, mais il resta là, à la contempler.
Elle dégageait une légère odeur alléchante.

Elle se réveilla, elle avait sentit une présence et elle ouvrit les yeux.
Elle vit une ombre au dessus d’elle et elle paniqua, ne sachant pas si elle était encore en train de rêver ou si c’était la réalité. Elle n’osa pas bouger, ses yeux observant ce qui la surplombait.
C’était fascinant, elle n’avait jamais rien vu de tel.
Etait-ce un animal ?
Il ne semblait pas méchant ni vouloir la dévorer mais il l’observait et elle faisait de même.

Sa fourrure, ses crocs, ses babines, ses pupilles, la respiration qu’il dégageait.
Il se rapprocha d’elle et posa son museau sur ses vêtements pour la renifler.
Elle essaya de ne pas bouger mais son coeur battait à tout rompre, elle avait peur, peur de faire un geste brusque.
Puis le museau remonta jusqu’à son visage, et les poils la chatouillèrent, elle ne put s’empêcher de sourire, de laisser échapper un petit rire.
C’était la première fois qu’il entendait cela, cela le surprit et il la regarda avec des yeux étonnés.
Elle craignit de lui avoir fait peur, alors elle lui tendit sa main, se relevant légèrement.
Il avait senti, elle n’avait aucune arme sur elle, il n’avait rien à craindre, normalement.

— Est-ce que je peux te caresser… ?
Avait-elle demandé, comme elle l’aurait fait à un animal.

D’une voix douce et fluette, qui résonna dans la grotte.
Il avait été enchanté par ce son.
Il se rapprocha, et elle glissa doucement ses mains dans sa fourrure.
Il frissonna. C’était bien la première fois qu’il recevait un contact de la sorte, c’était loin d’être désagréable, au contraire. Ces endroits qu’il ne pouvait lui-même atteindre et pas avec une telle douceur.
Ses petits doigts le chatouillaient presque.
Elle vit quel effet cela lui faisait et elle continua, timidement, en cherchant d’autres endroits qui pourraient lui plaire. C’était amusant.
Elle entendit un certain ronronnement, c’était étrange, un son qui résonnait à l’intérieur du corps de l’animal.

Soudain, il ouvrit sa gueule et attrapa le corps de la jeune fille dedans, sans fermer ses crocs sur elle.
Il l’emmena au fond de la grotte, où il faisait noir intense, il la déposa et s’en alla.
Il avait sentit une autre présence, mais cette fois-ci, c’était hostile.

Des humains étaient venus avec des armes, et ils cherchaient quelque chose.
Ils virent les vêtements laissés par la fille à l’entrée et ils paniquèrent.
Quand la bête revint vers eux, ils cherchèrent à la blesser avec leurs armes. Il ne se laissa pas faire et il les attaqua avec ses griffes, déchiquetant leur corps, ils furent projetés contre une paroi et il n’hésita pas à les achever en les écrasant d’une patte, de tout son poids.
Il savait que s’il les laissait en vie, ils risquaient de revenir et avec plus de force pour chercher à le tuer.
Il ne voulait pas risquer sa tranquilité.

Il revint vers l’inconnue qui était restée l’attendre au fond de la grotte.
Elle n’avait pas le choix, elle ne s’était pas encore habituée à l’obscurité.
Elle entendit le bruit se rapprocher, et la chaleur se blottir contre elle. Il demandait des câlins.
Elle avait entendu des cris et des grognements mais elle ne s’en inquiéta pas plus, elle aurait dû avoir peur mais non.
Elle avait un problème, elle ignorait le danger qu’était cette forme de vie qui aurait pu la tuer d’un seul coup.

Ils étaient devenus amis.

Lorsqu’elle se dirigea pour récupérer ses affaires.
Elle vit les corps sans vie. Elle comprit aussitôt.
Elle vit les armes.
Elle en ramassa une, et la bête se mit sur ses gardes.
Elle débarrassa les affaires et les corps pour les enterrer dans la forêt et elle revint. Les mains vides.
L’animal craignait qu’elle retourne les armes contre lui, mais elle n’en fit rien.
Elle s’approcha de lui et tenta de le consoler, comme si elle comprenait sa douleur d’être seul, d’être traqué.

— Je resterai à tes côtés.
Dit-elle, en le serrant comme elle pouvait dans ses bras.

— Es-tu sûre… ?
Répondit-il. Sa voix était grave, grondante, résonnant au fin fond de lui.

C’était la première fois qu’elle entendait une telle voix, comme si elle entrait en résonnance avec tout son être, elle était magnifique et à la fois si triste.
Elle resserra son étreinte.
Comme si sa destinée était de le trouver.
Elle qui n’avait aucun but particulier dans la vie, elle venait de rencontrer cet être qui semblait donner un sens à son existence. Le début d’une amitié, bien plus qu’une simple amitié.
Elle ressentait cette attirance, comme s’il comblait le vide qu’elle ressentait dans son coeur.
On lui avait toujours dit qu’elle était étrange, bizarre, et elle se remémora ces mots. Elle sourit. Ils avaient raison. Son coeur s’était mis à battre plus fort pour cet être solitaire, juste un instant. Elle s’était sentie bien. Acceptée avec toute son étrangeté.

Le temps passa et elle se défit de ses vêtements.
Ils avaient fini par s’abîmer et elle n’avait que ceux-là.
Elle vivait avec lui maintenant et il faisait tout pour la protéger. Elle lui était précieuse.
Il était heureux, il n’était plus seul, il avait de la compagnie.
Elle s’endormait dans sa fourrure.

*

— Il y a quelqu un.
Il était sur le point de se lever pour défendre la grotte.

— Attends. Laisse-moi leur parler.
— … Je ne suis pas confiant.
— Laisse-moi essayer, pour une fois.
— … D’accord, mais je reste aux aguets.

Elle sortit de l’obscurité pour les accueillir.

— Il y a quelqu’un ?
Demanda les intrus.

— Tu crois vraiment que le monstre va te répondre ?
— Bah… qui sait ?

— Je peux vous aider… ?
Demanda la jeune fille, qui sortit progressivement, nue.

— Wow, pardon, euh, on ne voulait pas-
Ils détournèrent le regard, surpris.

— On ne s’attendait pas…

— Vous cherchez quelque chose… ?
Demanda t-elle, en ignorant leur réaction.

— Eh bien… vous n’auriez pas vu un monstre dans les parages… ?
— Un monstre… ? De quoi parlez-vous… ?

— On s’est trompé de grotte, j’en étais sûr !
Répondit son ami.

— Tais-toi ! Et bien, une rumeur court qu’il y a une bête féroce qui vit dans les environs, vous devriez faire attention. Cela ne nous regarde pas, mais… que faites-vous ici ?
— Je… je vis ici. Et je n’ai pas vu de bête féroce ni de monstre.
— C’est dangereux, surtout pour une fille seule… vous vivez ici depuis longtemps ?
— Allez-vous-en.
— Hey, on cherchait juste à être sympathique, pas besoin d’être désagréable.
— Je n’ai pas besoin de votre sympathie.
— Et si on a pas envie de s’en aller… ?

Ils commençaient à trouver cela étrange. Une personne seule en plein milieu de la forêt. Ce n’était pas commun et une jeune fille, qui plus est.
Un des deux avait une idée derrière la tête, il comptait profiter de cette situation et assouvir ses pulsions.
L’autre ne semblait pas comprendre ce que son compagnait avait comme idée.

Il sentit le danger pour son amie.
Elle commençait à perdre le contrôle de la situation.

— Je vous recommande de partir…
Dit-elle, en reculant dans la pénombre.

— Sinon quoi ?
Renchérit celui qui s’approchait d’elle.

Ils n’avaient pas l’air bien costaud mais ils étaient jeunes et en forme, comparé à elle, chétive et sans rien pour se défendre.

— Elle vous a dit de partir !
La voix gronda et résonna dans la grotte.

Les deux garçons se figèrent.

— Qui est là ?
— Montrez-vous !
Dirent-ils, en tremblant et pointant leurs armes devant eux.

Il savait que c’était peine perdue.
Même s’il ne se montrait pas, ils risquaient de revenir.
Il sortit de sa cachette et les hommes effrayés, lachèrent leurs armes pour s’enfuir.
Il faisait facilement le double voire le triple de leur taille.
Elle resta sans bouger tandis qu’il fonça sur eux pour les dévorer.
Elle avait l’air maussade.

— Je t’avais dit qu’ils ne t’écouteraient pas…
— Je sais… je suis désolée…
— Je ne t’en veux pas d’avoir essayé.

Elle enfouit son visage dans la fourrure de son ami.

*

Ils souhaitaient simplement vivre en paix, sans qu’on les dérange, sans avoir besoin de se cacher.

2022.02.28

IRL

Cela faisait des semaines et des mois qu’ils conversaient via une messagerie et ils avaient accroché.
Le hasard avait fait qu’elle passait par la ville où il habitait et elle lui en avait fait part.
C’était l’occasion et une chance de se rencontrer en vrai.
Ils se donnèrent rendez-vous dans un café.

Elle venait de finir sa journée.
Dans sa tenue de travail, une chemise aux manches courtes, une jupe crayon cintrée et un sac à dos.
Elle était érintée par son travail et elle avait à peine eu le temps de passer aux toilettes se recoiffer rapidement, ainsi que se rafraîchir le visage.

C’était l’été et le soleil était encore présent, donnant une teinte légèrement rosée dans le ciel.
Il faisait bon sans trop faire chaud, une légère brise sur la terrasse.
Elle était arrivée un peu en avance, ne connaissant pas la ville, elle avait eu peur de se perdre.
Finalement, elle était arrivée à temps, et elle en profita pour se poser.
Ses mèches de cheveux étaient encore humides aux pointes, elle choisit une table à l’écart dans un coin, puis se posa en sortant son téléphone de sa poche.
Elle était déjà en train de tapoter sur l’écran lorsqu’un jeune homme s’assit devant elle.
Elle ne cacha pas sa surprise.
Elle ne s’attendait pas à ce qu’on vienne à sa table et elle était déjà sur le point d’ordonner à cet inconnu de bien s’en aller, quand elle le reconnut.
Ils ne s’étaient jamais vu mais elle sut que c’était lui.

C’était un jeune homme plutôt sûr de lui, son sourire charmeur, ses cheveux mi-longs bouclés qui étaient attachés derrière sa nuque. Il portait une chemise à manches longues retroussées et d’un pantalon de costume. Un sac cartable qu’il posa entre ses jambes.
Sa peau foncée lui avait soufflé la puce à l’oreille.
Et cette expression sur son visage.

Il avait également deviné au premier coup d’oeil que c’était bien elle.

— Hey, how are you? It’s you, right…?
Dit-il.

Son enthousiasme avait laissé place à une once de doute. Et s’il s’était trompé ?

Elle sentit le rouge monter à ses joues.

Cela faisait un petit moment qu’elle travaillait dans ce pays, l’histoire de quelques semaines, elle avait fini par prendre ses aises mais en cet instant précis, elle perdit ses moyens et son anglais.

— Ah… y-yes, I guess… ? K… right ?
Répondit-elle en forçant un sourire gené et en essayant de calmer les battements de son coeur qui s’accéleraient.

Peut-être entendait-il le bruit que cela faisait, en tout cas, elle, elle l’entendait très bien dans ses oreilles.

— Thanks God. I was afraid I made a mistake.
Rit-il, en soufflant de soulagement.

2021.06.09

Déclaration

Il faisait parti des gardes du château et il s’entraînait régulièrement dans la cour intérieure avec ses collègues.
Son moment favori : lorsqu’une des petites mains venait lui apporter une serviette humide après l’effort.
Ce n’était pas qu’à lui. Les employés qui s’occupaient du bien-être des lieux venaient encourager ces soldats après leur entraînement : cela leur faisait une pause puis cela leur permettait de faire plus amples connaissances.
Des petites serviettes humides et fraîches leur était apportés ainsi qu’un plateau de verres et des carafes d’eau.

Il n’était pas le seul à apprécier ce moment, mais c’était particulier pour lui.
Il y avait cette jeune fille qui le faisait se sentir spécial.
La première fois que leurs regards se croisèrent, ses yeux ne purent la quittter.
Elle était timide, les joues légèrement rosées et un sourire gêné.
Il avait eu le coup de foudre.

À chaque fois qu’il finissait son entraînement.
Il attendait ce moment avec impatience.
Ses collègues avaient remarqué son béguin pour cette fille et se moquait gentiment de lui.
Le poussant à se déclarer.
Tout comme elle.
Cela se voyait sur le milieu de sa figure qu’elle ressentait quelque chose pour ce jeune soldat, et ses collègues la poussaient tout autant à être plus explicite.

*

Leur entraînement était fini et les soldats étaient de bonne humeur, se chamaillant gentiment et en riant.
Ils attendaient ce moment d’échange avec les petites mains du château.
Lorsqu’ils virent les employés s’approcher avec des serviettes et des boissons rafraîchissantes, leurs visages s’éclaircirent.

Ils étaient dans leur uniforme qui était constitué de vêtements sobres mais surtout d’un tablier.
Cétait aussi leur moment privilégié de pouvoir mixer leurs classes, sortir de leur quotidien de tâches d’entretien du château et du bien-être global des lieux.

Il souriait et était un peu plus retenu, il avait de l’intérêt pour une seule personne qui semblait rayonner à ses yeux. Elle était agréable, chaleureuse, et son petit rire timide illuminait sa journée.
Elle lui tendit une serviette et il l’accepta avec gratitude. Il faisait en sorte que ce soit elle qui lui donne cette serviette.
Les autres employés étaient loin d’être aveugles et ils avaient tout de suite compris qu’il se passait quelque chose entre ces deux protagonistes, et ils faisaient en sorte de ne pas les gêner.
Ils n’avaient pas l’occasion de se croiser ni de se parler en dehors de ces moments, alors ils en profitaient réciproquement.

Il y avait des soldats femmes, très peu mais il y en avait. Tout comme les employés d’entretien, il y avait des hommes mais très peu.
Il était alors intéressant de mettre en contact ces deux groupes de mixité de genre différents.
Des couples se formaient inévitablement : des femmes avec des hommes, des femmes avec des femmes, ou bien des hommes avec des hommes.

Un homme musclé avec une femme soldat, une femme soldat avec une femme frêle, un homme soldat avec un homme d’entretien. Il y avait de tout.
Et il y avait ce soldat qui était tombé amoureux de cette jeune employée populaire.
Elle était connue de tous par son charisme. Elle était joyeuse, souriante, positive mais également attentionnée, dévouée à son travail.
Le soldat se doutait qu’il y aurait des concurrents et ne se trouvant pas assez bien pour elle, était resté à l’état d’observateur. Attendant et en acceptant de la voir avec quelqu’un d’autre, la voir s’épanouir sans lui et être heureuse.
Cependant, elle n’avait pas de prétendants officiels, et elle ne s’était jamais intéressée à avoir un compagnon, ni une compagne.
Elle savait juste qu’elle se sentait à l’aise à côté de ce soldat en particulier, elle avait du mal à expliquer ce qu’elle ressentait mais elle profitait du court temps qu’ils partageaient.

*

— Ca se voit qu’il y a quelque chose entre vous deux. Tu attends quoi ?
Ses collègues lui avaient dit.

— Mais non… vous vous faites des idées, il est sympathique avec tout le monde… !
Avait-elle répondu, se persuadant qu’elle n’était pas spéciale à ses yeux.

Ce jour-ci, un de ses collègues fit exprès de la bousculer pour qu’elle se rapproche un peu plus de ce soldat. Il n’y était pas allé de main morte et elle trébucha et manqua de tomber.
Le soldat la rattrapa avant, tendant ses bras pour la soutenir, et ainsi, ils se retrouvèrent dans les bras l’un de l’autre.

— Ah… pardon, je ne t’avais pas vue… !
S’excusa son collègue, qui jouait plutôt bien la comédie.

Ils ne relevèrent pas, étant trop gênés par cette situation. Tous les deux les joues rouges, ils n’osaient pas se regarder.

— Est-ce que ça va… ?
Demanda t-il, bégueyant à moitié, et ne sachant comment réagir en la voyant encore plus maladroite.

— Je… euh… oui… ça m’a juste un peu surprise…
Répondit-elle sans relever sa tête, elle sentait ses joues chaudes et ne voulait pas qu’il remarque à quel point cette proximité la chamboulait.

— Ca va, les tourtereaux ?
Une voix s’éleva autour d’eux.

Ils relevèrent la tête pour savoir qui avait pu dire cela.
Le groupe de personnes les fixait et lorsqu’elle remarqua cela, elle fut encore plus embarrassée d’être le centre d’intéret de la foule.
Il remarqua qu’il la serait encore de ses mains et il relâcha son emprise en s’excusant.
Elle ne put supporter plus longtemps les regards et elle s’enfuit, de honte, se réfugiant dans un endroit plus calme.
Il fut pris de panique lorsqu’il la vit partir en se précipitant, à peine qu’il la relâcha.
Se retrouvant penaud, au milieu de ses pairs et des collègues de la jeune fille.

— Oh non, regardez ce que vous avez fait… Vous n’avez pas honte ?!
S’exclama une autre voix, provenant d’un de ses pairs.

— Qu’est ce que tu attends ? Rattrape-la !
Une autre voix des employés du château, le sermona.

— Sauf si tu n’épprouves rien pour elle.
Un autre de ses pairs s’exprima, souhaitant presque prendre sa place s’il avouait qu’il ne ressentait rien.

Il n’attendit pas bien longtemps avant de se mettre en chemin et se précipita pour essayer de la retrouver.
Elle avait quitté la cour intérieure, et il ne la voyait plus.

— Vous êtes vraiment vaches.
— C’est leur donner un petit coup de pouce.
— Il va réussir à se déclarer, vous croyez ?
— Elle est partie où ? On l’a rarement vue dans cet état, quand même. J’espère qu’elle va bien.

Il entendit un petit bruit d’halètement et de respiration plus prononcé.
Elle était derrière un pillier du château, à l’ombre.
Il se rapprocha et l’aperçut le visage en larmes et son coeur s’arrêta.

— Est-ce que… ça va ? Je suis désolé, c’était nul comme question…
Il essaya de se rattraper et sortit un mouchoir en tissu à lui tendre.

Elle sursauta lorsqu’elle le vit.
Elle ne s’attendait pas à croiser quelqu’un et encore moins que ce soit lui en personne.
Elle sanglottait et tentait d’essuyer ses larmes chaudes du revers de sa main, sur son tablier.

— Je… oui, je… ça va… merci…
Répondit-elle en reniflant.

Elle n’osait pas se moucher dedans alors elle essaya d’essuyer ses larmes et tenter de garder une certaine composition en essuyant ce qui s’écoulait de son nez, sans succès.
Elle s’excusa finalement et détourna son visage pour se moucher une bonne fois pour toute dans le précieux mouchoir.

Elle ne pensait pas qu’elle éprouverait de tels sentiments pour lui, mais l’attention des regards posés sur eux, sur elle, et sa réalisation que cette situation la gênait bien plus que ce qu’elle imaginait, elle n’avait pu supporter cette pression, elle avait senti ses joues devenir brûlante et qu’il remarque son état dans ces conditions, elle paniqua et préféra s’enfuir d’embarras. Elle avait trop honte de s’avoir qu’elle l’aimait.

*

Ils n’osaient pas parler. Elle savait qu’elle devait dire quelque chose mais elle ne savait pas quoi.
Et il savait qu’il devait saisir cette chance de pouvoir parler avec elle en tête à tête, pour lui avouer ses sentiments. Le plus dur était de savoir si elle partageait ce qu’il ressentait. La voyant pleurer ainsi, il en doutait, et son coeur s’était resserré dans sa poitrine.
Etait-ce lui qui la rendait si triste ?
Il devait se lancer. Au pire, c’était dit et il pourrait penser à autre chose et tourner la page.

— Je… j’ai quelque chose à te dire… à t’avouer. À vrai dire, j’ai toujours repoussé ce moment parce que je me contentais du peu de temps qu’on passait ensemble, mais… je ne peux plus me voiler la face.

*

Après sa déclaration, dans la peur de se faire rejeter, il fut agréablement surpris lorsqu’elle lui adressa un sourire sincère, s’essuyant ses dernières larmes au coin de ses yeux.

— je crois que… je suis amoureux… de toi.
Avoua t-il, ne réussissant pas à trouver de meilleurs mots pour exprimer ce qu’il avait sur le coeur, et la nature de ses sentiments.

Il ne savait pas à quoi s’attendre mais il craignait sa réaction et il appréhendait un rejet, même s’il avait imaginé cette probabilité.

— Je crois… que moi aussi.
Avait-elle répondu, timidement, en le regardant dans les yeux. Le coeur battant à tout rompre.

Il avait du mal à réaliser ce qu’elle venait de dire, et cela semblait trop beau pour être vrai.
Elle qui était si populaire et qui avait plusieurs admirateurs, elle venait de lui dire qu’elle était peut-être amoureuse de lui. Cela semblait incroyable.
Les joues encore humides, elle lui souriait.
Il s’approcha et de sa main droite, il la passa dans les cheveux de la jeune femme, puis ses lèvres se posèrent sur les siennes.
Il avait hésité une seconde avant de se lancer, mais elle ne l’avait pas repoussé, elle n’avait pas fui.
Elle l’avait aggripé sur ses vêtements et s’était approchée de lui pour coller sa bouche sur la sienne.
Ils étaient tous les deux derrière un pillier, à l’ombre, à l’abri des regards indiscrets.
Cet instant magique sembla durer une éternité mais ils durent revenir à la réalité.

— Qu’est-ce qu’on fait maintenant… ?
— … Je leur en veux un peu… j’aimerai me venger gentiment en leur faisant croire que ça n’a pas marché comme ils le pensaient. Qu’en dis-tu ?

Elle sourit timidement et acquiesça.
Ils retournèrent sur le terrain mais séparément.
D’abord lui, bredouille, puis elle, quelques minutes après.

— Bah alors… ? Que s’est-il passé… ?
Demanda l’un d’entre eux, en le voyant revenir la tête baissée.

Il secoua la tête et ne préfera pas répondre.

*

Un chevalier serrant dans ses bras et en portant une jeune femme, tous les deux souriants.

2021.06.04

Nuages

Les ailes déployées, elle était assise au bord d’un nuage et contemplait le paysage qui défilait en dessous d’elle.
Les cheveux virevoltants au vent.
L’air frais de la nuit lui caressait le visage et le corps tout entier.
Elle était dans une tenue blanche ample, les manches longues étaient légèrement bouffantes mais se resserraient au niveau du poignet, et le bas du haut était rentré dans un pantalon trois-quart porte-feuille cintré à la taille. Le tout dans des tons crème.
Elle était pieds nus, dans le vide.
La peau claire et les cheveux blonds lisses et longs qui lui arrivaient jusqu’en bas du dos.
Un ruban les attachait au niveau de sa nuque.
Ses ailes étaient éclatantes de blancheur, elles étaient ouvertes et les plumes prenaient les petites bourrasques de vent qui soufflaient à cette hauteur.
Si elle se décidait à sauter, elle s’envolerait sans aucun problème.
Elle semblait perdue dans ses pensées.

*

Ils vivaient au dessus des nuages, une vie éternelle, sans souci, juste faite de plénitude et de sérénité.
Il n’y avait pas de hiérarchie et chacun faisait ce qui lui plaisait.
Ils ignoraient comment ils étaient arrivés là, ni quand leur existence prendrait fin.

*

Elle se baladait dans les ruelles, observant les passants sans qu’ils ne puissent la voir.
C’était une grande ville et les passages piétons étaient noirs de monde.
Elle marchait sans but, lorsqu’elle vit une autre personne mais avec des ailes d’une autre couleur, mais surtout d’une autre forme. Elles ne comportaient pas de plumes. Ils se dévisagèrent tout en continuant de marcher.

2021.02.27

Bruine

Elle regardait par la fenêtre le temps pluvieux.
Entre la pluie et la brume qui créait un brouillard froid et humide.
Les mains sur ses bras, elle se frottait la peau pour tenter de se réchauffer sans aucun succès.
Il faisait nuit et les faibles lueurs lui parvenaient sans réussir à lui apporter une once de réconfort.
Perdue dans ses pensées.

Il vint la voir et lui apporta une petite laine pour lui recouvrir les épaules.
De sa grande carrure, il l’enveloppa de ses bras imposants, restant derrière elle et il lui apporta sa chaleur corporelle.

2020.09.28

Patates

Elle travaillait dans un petit restaurant en tant qu’aide cuisinière et lui en tant que serveur.
Ils se sont rencontrés ainsi, sur leur lieu de travail.
Il était tombé sous son charme, elle était plutôt mignonne quoiqu’un peu masculine mais c’était aussi ce qu’il appréciait chez elle.
Elle pouvait être féminine et adorable, et à la fois être dure et savait se défendre. Elle ne se laissait pas marcher sur les pieds. Sa franchise l’avait un peu pris au dépourvu la première fois, il avait alors éclaté de rire en lui disant que c’était la première fois qu’il rencontrait quelqu’un d’aussi original.

Elle, de son côté, n’avait pas particulièrement remarqué Charles. Elle avait juste trouvé ça drôle que leurs prénoms soient si proches.
Elle avait l’habitude des garçons. Sous son air de fillette, elle savait se battre et n’hésitait pas à frapper là où cela faisait mal. Ils fuyaient dès qu’ils voyaient qu’ils avaient affaire à une dure à cuire. Ils ne recherchaient pas un garçon manqué. Très vite tous les hommes la considéraient comme une amie et non comme une fiancée potentielle.
Elle vivait chez sa grand-mère qui s’inquiétait pour son avenir.
Depuis qu’elle avait été rejetée par plusieurs garçons dont elle s’était éprise, à cause de son caractère, elle s’était forgée une carapace, elle ne chercherait plus à avoir un petit ami. Elle s’était également questionnée sur sa sexualité mais ses parents ne se seraient jamais remis de cette nouvelle.

Lors des pauses, ils avaient l’occasion de discuter un peu pour mieux se connaître.
Elle, les cheveux bruns clairs, mi-long, légèrement ondulés jusqu’à ses épaules. Elle les attachait pour l’hygiène dans la cuisine. Les yeux verts, elle était plutôt jolie.
Elle n’était pas fine mais avait une corpulence bien équilibrée et un peu musclée.
Souvent en T-shirt et en jupe longue foncée, elle portait son tablier blanc par dessus.
Les gérants étaient des gens plutôt sympathiques bien qu’un peu âgés.
Le restaurant était structuré de la salle à manger, d’une double porte ouverte pour y poser les plats prêts à servir, de la cuisine. Un escalier entre la salle et la cuisine permettait de monter et donnait accès aux chambres des propriétaires. C’était l’espace de vie.
Le bar était juste en face de cet escalier.

Charles, était chauve et un peu baraqué, déjà pour son âge, il faisait grand protecteur. Sa peau était un peu bronzée, les gens pouvaient penser qu’il était métisse. En réalite il avait fait beaucoup de travaux extérieurs avant de venir travailler dans un restaurant. Il avait presque 25 ans et il voulait changer d’air pour avoir un travail un peu plus reposant.

Le propriétaire s’occupait de la salle et son épouse des plats.
L’ambiance était plutôt calme et reposante.
C’était un petit restaurant modeste avec les habitués.
Charlotte avait appris toutes les recettes de la gérante et tenait même un petit carnet où elle y notait les détails importants. Elle faisait tout ce qu’ils demandaient sans réchigner.
Lorsque Charles arriva, elle portait un cageot de patates, il la croisa et fut surpris de voir qu’une telle jeune fille avait tant de force. Il lui proposa de l’aider. Elle rit doucement et refusa avec politesse.

— Ah, j’oubliais de me présenter. Je m’appelle Charles, je suis nouveau et j’aiderai en salle. Enchanté.

— Charles… ? Bienvenue parmi nous alors ! Moi, c’est Charlotte. Enchantée de même.
Répondit-elle avec un large sourire.

Il écarquilla ses yeux lorsqu’il entendit son prénom.

— Charlotte ? Bah dis donc. Charles, Charlotte, on croirait entendre un duo de comiques… ou bien des frères et soeurs.

— N’est-ce pas ?!
Dit-elle en riant.

Le contact avait bien commencé.

2013.7.15

Pivoine [Fanfic] Guild Wars 2

Bloqués dans une crevasse en attendant que le blizzard se calme.
Ils n’avaient pas trop le choix que d’être assis l’un à côté de l’autre, serrés dans cette position.
Elle tremblait un peu, très peu habituée à ce climat.
Il lui avait pourtant prêté sa cape.

Je me retrouvais donc bloquée avec lui dans cette grotte qui ressemblait plus à une crevasse.

En voulant continuer notre chemin.
Il s’était arrêté net en voyant le vent se lever et une vague de neige se rapprocher de nous.
Avec sa grande carrure il se positionna en face de moi, faisant office de pare-vent, et de sa voix au grand coffre, il me fit comprendre qu’on devait se réfugier rapidement.
Si même lui, qui était bâti comme une montagne, craignait cette tempête, c’est que je ne devais pas la sous-estimer.
Il se déplaça en faisant attention à ce que je ne subisse pas trop le souffle du blizzard qui se levait. Je le voyais bien.
On arriva à cet endroit modeste mais nous n’avions pas le luxe de nous plaindre.

Nous étions donc assis l’un à côté de l’autre.
Nos épaules se touchaient.
Je ne pouvais m’empêcher de trembler par ce temps, malgré la cape-manteau qu’il m’avait gentiment prêtée.
Je me frottais la peau des bras pour essayer de me réchauffer le plus possible.
J’avais beau tenter d’être discrète et de ne pas me plaindre, il le remarqua et se rapprocha de moi pour me serrer dans ses grands bras musclés et surtout, chauds.
Trop gênée pour prononcer le moindre mot.

Bercée par le rythme du vent qui s’engouffrait dedans.
Et par la chaleur des bras qui l’enlaçaient.
Elle finit par somnoler et s’endormir.
Elle se sentait étrangement en sécurité près de cette personne qu’elle ne connaissait que depuis quelques jours.

Comme un chat qui se met à faire la sieste sur les genoux de quelqu’un.
Il fut surpris de sentir son poids contre lui, et il se rendit compte qu’elle s’était tout simplement endormie.
La balade avait été longue et elle n’avait pas bronché une seconde.
De plus par ce climat qu’elle ne connaissait pas.
Il n’osa pas bouger de peur de la réveiller.
Il profita de cette petite humaine blottit contre lui et se positionna pour faire une petite sieste également.
Puisqu’il ne pouvait pas faire autre chose.

Elle se rendit compte qu’elle s’était assoupie et elle reprit ses esprits doucement, elle était beaucoup trop bien dans la chaleur de ce manteau et les bras de ce Norn.
Elle se sentait gênée de s’être endormie de cette manière et sur lui. Elle releva lentement la tête pour voir sa réaction.
Il dormait également, il semblait serein.
Elle ne put s’empêcher de sourire, elle se sentait moins honteuse d’avoir perdu face à Morphée.
Elle se surprit à apprécier le regarder sous toutes ses coutures sans qu’il puisse le savoir.

Au bout de quelques minutes, il finit par bouger et se réveiller.
Elle fit mine de rien et cacha sa bouille dans le col du manteau.

— Tu es réveillée ?
Dit-il en voyant qu’elle s’était un peu éloignée de ses bras qui avaient servi d’oreiller.

Elle hocha la tête pour répondre.

— Le blizzard est passé, on va pouvoir continuer notre route.
Dit-il en jetant un regard à travers la fissure qui donnait sur l’extérieur.

— Bien dormi ?
Demanda t-il, d’un air taquin.

— Oui… merci.
Répondit-elle en sentant le rouge monter à ses joues.

*

Elle était capable de plus, plus ce qu’elle ne pensait d’elle.
Il avait dû lui rappeler plus d’une fois.
Il avait presque dû lui forcer la main pour qu’ils se mettent en groupe.

Lui, d’habitude solitaire, il avait dû ravaler sa fierté lorsqu’il fut mis au pied du mur, en tombant sur un adversaire plus fort et en s’étant mis en danger. Ce jour là, il fut reconnaissant envers les esprits d’avoir mis cette humaine sur son chemin.
Elle passait par là, et le voyant à terre, elle se précipita pour repousser la bête et le relever.
Ils purent combattre à deux sans encombre.
Il ressentit une certaine alchimie parce que leurs styles de combat étaient compatible et fluide. Ils ne se gênaient pas et elle était là pour le couvrir si jamais il y avait un imprévu.
Après la bataille, elle le salua timidement et était sur le point de partir lorsqu’il la retint.
Il lui demanda son nom pour pouvoir la remercier à une prochaine occasion.

Elle était plutôt du genre à se mettre en retrait et apporter du support même si cela arrivait qu’elle se mette en première ligne pour attaquer.
Elle avait un style qui lui plaisait et qui était en accord le sien.
Lui qui était beaucoup plus rentre-dedans, il avait besoin de quelqu’un qui avait ce style de combat.
Ce n’était pas par hasard qu’il était solitaire, il ne supportait pas le caractère de ses anciens coéquipiers.
Bizarrement, il n’avait pas ressenti cette gêne lorsqu’il était à ses côtés.

Il réfléchit un bon moment avant de se décider à la rattraper.
Ce qui ne fut pas très long vu la différence de taille de leurs foulées.

— Excuse-moi, est-ce que tu as déjà des coéquipiers ?…

Sa demande était maladroite.
Elle fit non de la tête. Ce n’était pas une bavarde.
Il sembla soulagé après avoir eu cette réponse.

— Tu ne voudrais pas faire équipe avec moi… ? Je pense qu’on pourrait s’entraider.

Elle semblait réfléchir.

— Non merci. Je ne vous connais pas.

Elle avait raison de refuser cette demande incongrue.
Son visage se décomposa puis il se rendit compte de sa position.

— Je comprends… on peut peut-être faire un bout de chemin ensemble… ? Je t’accompagne. C’est pour te remercier de m’avoir aidé tantôt.
Proposa t-il.

Encore songeuse, elle accepta en hochant doucement la tête, se demandant ce que ce Norn lui voulait.

En la regardant commencer les combats contre les monstres, il put admirer à quel point elle se débrouillait.
Cela durait plus longtemps mais elle s’en sortait en solo.
Il participa pour l’aider à terminer plus rapidement.
Sans un mot.

Son regard envers lui changea un peu.
Elle put cerner un peu plus son personnage.
Il était plus bavard qu’elle et il était curieux.

— Tu te balades toujours seule ?
— Tu viens du Promontoire Divin ?

Puis il finit par parler de lui.

— Je viens d’Hoelbrak, tu y es déjà allé ?

Elle fit non de la tête, mais semblait intriguée.

— Il y fait froid mais les gens sont chaleureux. Est-ce que je peux au moins t’inviter à prendre un verre ou à manger pour te remercier de ton geste, tout à l’heure ?

*

— Fais équipe avec moi. J’ai besoin de toi.

*

Elle avait accepté l’invitation d’aller chez lui en toutes connaissances de cause.

*

Elle avait fait une erreur de calcul et ils s’étaient frottés à plus fort qu’eux.
Il était en danger et elle accourut pour le relever à temps.

— Va t-en !
Lui avait-elle crié avant de s’attaquer à l’ennemi qui fonçait droit sur eux.

Elle le poussa au dernier moment en sachant que s’il restait à ses côtés, ils allaient y passer tous les deux.
Le coup de l’ennemi la mit à terre.
Son coéquipier se releva pour voir ce qu’il venait de se passer, et la voyant dans cette posture, il vit rouge et entra dans une grande rage.
Son sang bouillonait et il retourna vers elle pour enchaîner et rouer de coups l’ennemi avant de le tuer définitivement.
Il était arrivé quelques secondes trop tard.
Le corps de sa coéquipière jonchait sur le sol.
Elle était blessée et inconsciente.
Il tenta de la soigner brièvement avec le peu de connaissances qu’il avait et la porta jusqu’à la ville.
Son coeur battait encore mais elle était en piteux état.

Lorsqu’elle se réveilla.
Elle était sur un lit énorme en bois.
Elle reconnut instantanément l’odeur de son coéquipier qui n’était pas spécialement désagreable.
Il la serra dans ses énormes bras musclés.

— Ne me refais plus jamais ça !
Dit-il avec une voix tremblante.

Elle était elle-même surprise d’être encore vivante.

— Je vais bien, regarde… merci.. ça n’a pas dû être facile…

— Je t aime, idiote… !
Finit-il par lâcher.

— … Moi aussi, je t’aime…
Avoua t-elle.

Ils s’embrassèrent et il s’allongea à côté d’elle pour la veiller.

— J’attendrai ton rétablissement pour te montrer à quel point…
Dit-il, un grand sourire aux lèvres.

— … Grand bêta…
Rétorqua t-elle, rouge comme une pivoine.

*

Il la porta et la posa sur sa table, de sorte qu’elle soit assise.
Sans arrêter de l’embrasser, ni de lui caresser ses petites courbes fines.
Il n’avait pas besoin de faire de grands gestes vu la taille de ses mains qui recouvraient la moitié de son torse.
Il avait peur de la briser en utilisant trop de force.
Elle, de ses mains, lui tenait le visage pour l’embrasser et baladait ses doigts sur son cou et ses épaules.

2019.04.23

Scènes [Fanfic] Guild Wars 2

Arche du Lion
Point de rendez-vous
Carrefour des portails
Elle attendait en jouant avec ses mèches de cheveux.
Dans son armure légère habituelle, celle qu’elle affectionnait particulièrement depuis qu’elle avait réussi à la dénicher dans les Contrées Sauvage d’Argent.
Elle n’eut pas à patienter longtemps.
Il arriva dans son armure culturelle de Norn.
Elle semblait minuscule à côté de lui, surtout qu’elle n’était pas très grande pour une humaine, mais elle ne se laissa pas intimider. Loin de là.
Il se baladèrent un peu partout à l’Arche du Lion, en continuant à marcher et discuter.

Lorsqu’ils arrivèrent à Hoelbrak.
Le climat la surprit. La beauté de la neige ainsi que le vent glacial l’avaient figée sur place.
Elle ne put s’empêcher de frissonner.
Il ne la laissa pas longtemps dans cet état.
Il sortit de son sac une énorme cape qu’il posa sur ses épaules. Elle l’enveloppa entièrement laissant dépasser juste la tête. La cape était doublée d’un duvet de poils douillet. Elle semblait assez épaisse.
Il ne se douta pas une seconde que c’était la première fois qu’elle venait dans ces contrées.

Il l’emmena visiter les Contreforts du Voyageur.
Elle semblait aimer la neige. Ils passèrent par le pont suspendu qui donnait une belle vue sur une partie de la zone.
Elle s’arrêta quelques secondes.
Il ne put s’empêcher de penser qu’elle paraîssait vulnérable et étrangement mélancolique.
Ils arrivèrent dans une source d’eau chaude.
C’était cet endroit là qu’il voulait lui faire découvrir et profiter.

*

Ils s’arrêtèrent dans une crevasse pour laisser passer la tempête de neige qui s’était levée.
La grotte n’était pas très grande mais cela suffisait pour deux personnes.

— J’ai réfléchi à ta proposition… Est-ce que tu crois qu’il y a de la place pour moi… à tes côtés ?
— Toujours.

Ce fut dans une grotte qu’il lui proposa de rester un peu à ses côtés, de vivre avec lui et partager un bout de leur vie ensemble.
Elle adorait l’odeur que dégageait son manteau.
Lorsqu’ils rentrèrent à Hoelbrak.
Il lui montra sa modeste habitation.

2019.04.16

Carrefour [Fanfic] Guild Wars 2

Alice attendait au carrefour des portails de l’Arche du Lion.
Un peu nerveuse et impatiente de revoir son ami.
Elle jouait avec une mèche de ses longs cheveux noirs. Vérifiant qu’ils étaient bien coiffés et qu’aucun épis ne rebiquait.
Elle était un poil en avance et elle vit sa carrure passer le portail d’Hoelbrak.
Il n’eut pas à la chercher longtemps des yeux.
Un sourire se dessina sur son visage lorsqu’il finit par la reconnaître, et s’avança vers elle d’un pas assuré.

— Je pensais être en avance mais tu es déjà là, je t’ai pas trop fait attendre ?
Demanda t-il de sa voix grave.

Il était grand, même pour un Norn. Il avait un tatouage discret qu’on devinait sans problème sur les parties de son corps que son armure ne recouvrait pas.
Elle se demandait toujours comment il pouvait ne pas avoir froid dans sa ville natale, habillé comme ceci.
La peau légèrement foncée, il était chauve et aux yeux clairs. Lorsqu’elle repensait à leur rencontre, elle n’arrivait pas à croire qu’un aussi grand gaillard musclé s’était retrouvé dans cette situation.

*

Il était à terre lorsqu’elle le vit.
Elle s’accroupit pour le soigner et le relever, mais elle ne vit pas l’ennemi qui était caché derrière un rocher.

— Va t-en, laisse moi !
Lui dit-il.

Elle se releva et sortit ses armes.

— Mes petits, je compte sur vous.
Murmura t-elle.

Des insectes et monstres apparurent de nulle part et foncèrent sur la bête.
Elle se rassit près de lui et finit de le soigner, comme si de rien n’était.

— M… merci ?
— Je vous en prie.

Elle se releva sans demander son reste et alla finir le combat contre la bête.

*

Elle se promenait pour récolter des composants lorsqu’elle vit un guerrier se battre contre une bête féroce, certainement un champion.
Elle le regarda de loin, en espérant ne pas le gêner, ne sachant pas s’il était bien venu de sa part de lui donner un coup de main.
Elle coupait son bois à quelques mètres de là, jetant de temps en temps un regard curieux sur la situation.
Elle n’aimait pas se battre contre des bêtes championnes seule.
Soudain, elle vit le guerrier à terre, toujours en train de lutter mais le combat n’était pas fini.
Elle réagit au quart de tour et décida de foncer sur lui pour lui apporter son aide.
Avant que la bête puisse revenir à la charge, elle s’accroupit aux côtés du guerrier et l’aida à se relever.
La bête revenait.
Elle se releva en faisant face au monstre, et elle dégaina ses armes.

— Mes petits, je compte sur vous…
Murmura t-elle.

Elle invooqua des monstres de chair qui semblaient sortir de nulle part, qui foncèrent sur la bête et leur firent gagner un peu de temps.
Elle se rebaissa pour aider le guerrier à terre qui semblait interloqué.
Elle le laissa en plan, et retourna auprès de ses invocations pour leur apporter du renfort.
Le guerrier la suivit et ils finirent la bête sans accroc.

— Merci pour le coup de main.
Dit-il.

La jeune fille renvoya ses petits monstres.

— Je vous en prie.

Elle était sur le point de repartir lorsqu’il l’interpella.

— Quel est votre nom ? On peut se tutoyer ?
Demanda t-il pataud.

— Alice. Alice Sutaren. On peut se tutoyer.
Dit-elle.

— Je peux vous aider à autre chose ?
Ajouta t-elle.

*

— On va faire nos emplettes ? Je te suis.
Dit-il.

Elle qui n’était pas très grande pour une humaine, elle se sentait encore plus petite à côté de lui.
Ils profitèrent de la grandeur de l’Arche et des nouveaux bâtiments rénovés de la place. C’était magnifique et lumineux.
Il n’avait pas grand chose à acheter et après ceci, il lui proposa de se poser pour manger quelque chose.

— Si tu n’as rien à faire cet après-midi, ça te dirait de faire un tour dans mes contrées ?
Proposa t-il.

— Je n’ai rien contre, mais… je n’ai pas de tenue appropriée…. tu aurais dû me le dire avant, j’aurai-

Elle n’eut pas le temps de finir qu’il posa sur le rebord de la table un manteau au duvet blanc.

— Je voulais te faire la surprise. Je l’ai fait moi-même. S’il y a besoin je peux y apporter des retouches.

Elle était bouche bée, et tentait de ne pas rougir tellement ce geste lui faisait plaisir.

— Je n’avais pas encore eu l’occasion de te remercier pour ce que tu as fait l’autre jour. Après, rien ne t’oblige de venir dans les contrées froides avec moi, mais au moins tu seras équipée.

*

— Tu es nerveuse ?
Demanda t-il pour la taquiner.

Ils étaient en face du portail.

— N non…
— Allons-y, alors.

Elle n’était encore jamais allée à Hoelbrak.
Le vent et le froid glacial lui mordirent la joue et toutes les parcelles de son corps.
Évidemment, elle était dans son armure légère, une armure carapace qu’elle affectionnait particulièrement mais qui était destiné à un climat chaud tel que les Contrées Sauvages d’Argent ou bien le désert.
Elle n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu’il sortit le manteau qui était plus une énorme cape, qu’il posa délicatement sur ses épaules et qui l’enveloppa aussitôt.
La doublure intérieure était douce et chaude.
Il y avait même une capuche également doublée.
Elle n’avait que les pieds et la tête qui dépassaient.
Cette cape était magnifique et coupait le vent comme par magie. Elle était enveloppée d’un cocon.

— Elle te plaît ?
Demanda t-il.

Elle hocha vivement sa tête pour lui signifier son appréciation. Ce à quoi il rit à gorge déployée.

Après la visite d’Hoelbrak.
Ils se posèrent dans un bar beaucoup plus chaleureux et intimiste que celui de l’Arche.
Elle appréciait toute ces décorations et mobiliers en bois.
Le feu de cheminée et ses reflets chauds sur le lieux.
Elle avait l’impression d’être dans une maison de poupée grandeur réelle tellement elle était petite par rapport aux chaises.
Elle buvait un chocolat chaud et se sentait extrêmement bien dans ce lieu.

— Tout est tellement plus chaleureux que le Promontoire Divin.
Se dit-elle à elle-même.

— Pardon, tu disais ?

— Rien d’important.
Sourit-elle.

— Non, dis moi.

Les gens riaient et avaient des conversations tout autour.

— … Je me disais qu’il y avait moins de choses à Hoelbrak, et il y fait plus froid qu’au Promontoire, mais étrangement je trouve qu’il y fait plus chaud…
Répondit-elle en rougissant et se cachant à moitié le museau dans le duvet du manteau.

— Si ça te plaît, tu peux t’installer ici.
Répondit-il du tac au tac.

— Enfin, je veux pas paraître grossier mais si tu veux commencer, j’ai de la place chez moi…. enfin… non… oublie.
Finit-il par se raviser en tentant de cacher son embarras.

Elle ne dit rien et continua de siroter sa boisson.

— Ça te dit que je te fasse visiter les environs ?

Elle acquiesça.

*

Légère comme la brise, elle sautait et courait. On aurait pu croire que le blizzard l’emporterait.

Au bord d’une rivière, le climat était moins froid.
Elle avait le regard perdu au loin, vers les montagnes enneigées.
Il l’embêta en l’éclaboussant d’eau.
Ils se chamaillèrent jusqu’à ce qu’elle se retrouve à rouler dans l’herbe avec lui, et qu’elle finisse au dessus de son torse.

— Pour une humaine de petite taille, tu caches bien ton jeu.
Dit-il, en l’observant avec admiration.

Elle se releva aussitôt, en remettant sa cape en place.

Sur le pont en bois.
Elle s’arrêta et contempla le paysage.
Le vent soufflait et la neige également.
Il resta là, à l’observer.
Elle avait l’air tellement triste pendant cet instant.

— Il t’arrive de faire des missions seules ?
— Non… je n’aime pas trop ça…
— Pourtant tu te débrouilles plus que bien. J’ai pu le voir quand tu m’as aidé.
— … Parce que je n’étais pas seule, tu te trompes.
— Je suis certain du contraire. Je peux te le prouver.
— Je préfère pas… même avec mes petits bébés… c’est trop dangereux…
— Dans ce cas, fais équipe avec moi. Je te protègerai s’il arrive quoi que ce soit.

— Tu me dis ça alors que je t’ai sauvé les miches ?
Se moqua t-elle.

2019.04.15

Aucune réponse

Ils sortirent d’un restaurant modeste.
Elle, habillée dans une robe de soirée.
Lui, dans son tuxedo.
Ils formaient un beau couple.
Elle, souriante, blaguait et s’accrochait à son bras.
Elle jouait de cette image.
Lui, les joues rosées par le vin, un sourire au coin des lèvres.
Il avait aussi profité de cette soirée.

Ils ne se voyaient pas souvent à cause du travail.
Lui, médecin.
Elle, infirmière dans le même hôpital.
Ils pouvaient se croiser mais leurs horaires étant chargés, autant l’un que pour l’autre.
Ils avaient décidé qu’ils se verraient au moins une fois par semaine pour dîner.

Ils faisaient semblant d’avoir trop bu.
Ils étaient d’humeur joyeuse.

Elle alla chez lui, il se faisait tard. Elle était entré dans son jeu et devait vérifier qu’il rentre bien chez lui.

Ils arrivèrent à un immeuble moyen, il habitait dans un bâtiment plutôt banal mais agréable.
Ils entrèrent dans l’appartement.
Il ne prit même pas la peine de retirer ses chaussures et se jeta dans le canapé du salon, tout près de l’entrée.
Allongé sur le dos, il ferma les yeux et feinta de dormir.
Elle enleva ses chaussures à petits talons en se tenant sur le mur.

— Tu pourrais quand même retirer tes chaussures !
Dit-elle sur un ton maternel.

Aucune réponse.
Elle s’approcha de lui en inspectant les alentours.
Cela faisait un moment qu’elle n’était pas revenue ici.
Depuis qu’elle avait emménagé dans les dortoirs à l’hôpital. C’était plus pratique pour les services de nuit.
C’était propre. Il avait toujours fait attention à l’hygiène. Pas étonnant pour un médecin.
Après son inspection, elle se tint en face de lui et se pencha pour l’observer.
Il était beau.
Pas étonnant que toutes ses amies essayaient d’avoir un rencart avec lui.

— Tu ne veux quand même pas que je te déshabille non plus ?
Dit-elle en blaguant.

Aucune réponse.

2013.5.12