Faiblesse

Sans m’en apercevoir, j’avais saigné du nez.
J’avais eu à peine le temps de réagir que l’homme en face de moi s’était rapproché et m’avait tendu un mouchoir en soie, juste sous mon nez.
Cela m’avait tellement surpris que j’étais restée là, à le fixer.
Pendant ce temps, Chris avait vu la scène de loin et s’était approché, alerté par le geste de la personne.
Il marcha rapidement vers nous.
L’homme se retourna et le fixa.

— Elle saigne du nez.
Dit-il d’un ton froid.

Chris s’arrêta net.
L’homme prit ma main et me fit comprendre de tenir moi même le mouchoir.
Je me réveillais de ma torpeur, le regard allant de Chris à l’homme.

— Merci…
Dis-je, la voix à moitié étouffée dans le tissu.

Je serrais ma narine assez fort pour couper le flux sanguin.
L’homme m’observait.

— Est-ce tu te sens bien ?

Il toucha mon front avec sa paume, en passant sa main derrière les quelques cheveux faisant office de frange.
Il approcha sa tête pour prendre ma température.
Je ne pu m’empêcher de rougir.

— O… Oui, je crois…

Chris voulu s’interposer et se rapprocher mais la femme qui m’accompagnait plus tôt, lui barra le chemin.
Elle lui fit comprendre que s’il tentait quelque chose, elle serait là pour agir et le neutraliser.
Il s’arrêta quelques secondes et l’écarta. Il marcha d’un pas calme et posé vers nous.

— Tu n’as pas l’air d’avoir de fièvre…
Dit-il, poussant un soupir de soulagement.

Chris était juste à côté de moi.

— Ça va ?

Je hochais la tête.
L’homme s’était un peu éloigné, après avoir vérifié rapidement mon état.
Chris fit la même chose, mais resta à mes côtés comme s’il craignait quelque chose.
Il se retourna vers nous et prit la parole.

— Je vais tout de même t’emmener à l’infirmerie.

Je me sentais tout à fait bien. Je n’avais pas besoin d’aller à l’infirmerie.
Lorsqu’il s’approcha de moi, je lui refusai la main qu’il me tendait.

— Cela ne sera pas nécessaire. Je vais bien. Je suis juste un peu fatiguée…

À peine ses mots prononcés, ma tête commença à tourner.
J’avais l’impression d’avoir le vertige. Je m’arrêtais de parler et je fis un pas en arrière avant de ne plus sentir mes jambes et de sombrer.
Mon corps était devenu mou, je ne contrôlais plus rien.
Chris me prit dans ses bras, il attrapa mon bras puis tâta mon pouls.

— Où se trouve l’infirmerie ?

Bellinda s’était également alarmée quand je perdis connaissance.
Gabriel lui fit signe que ça allait, il s’approcha de Chris.

— Je peux ?

Chris resta méfiant.
Gabriel s’approcha de moi et me porta.
Chris décida de lui faire confiance pour l’instant.
Il le surveillait.
Gabriel se deplaça et se dirigea vers l’infirmerie.
Chris emboita ses pas.
Pas grand monde n’assista à la scène.
Bellinda rejoint les autres soldats dans la cour, et croisa Charles, posté derrière la porte en verre qui séparait l’intérieur et le terrain.
Il avait observé la scène de loin.

2014.08.14

Interrogatoire

Elle était arrivée en matinée.
Habillée comme une vulgaire paysanne, elle visitait la ville telle une touriste. Elle s’arrêtait de temps en temps aux remparts du château pour vérifier si elle pouvait y pénétrer discrètement de nuit.
Elle interrogea les habitants tout en restant méticuleuse dans ses propos pour ne pas paraître suspecte.

— Bonjour madame. Beau temps n’est-ce pas ?
— Bonjour ! Vous n’êtes pas d’ici vous !
Répondit-elle en la jugeant de haut en bas.

— En effet…

Elle feint l’air gêné et sourit bêtement.

— Je fais si étrangère que ca ?
— Mes yeux ne se trompent jamais ! Je connais tous les habitants du quartier, jeune fille ! Quel bon vent vous amène ?
— Et bien… Je trouve cette ville bien charmante et je songeais peut-être m’y installer…
— Vous avez bien de la chance d’arriver par ce ciel ensoleillé ! N’hésitez pas à me demander quoi que ce soit sur la ville, ma jolie !
— Merci beaucoup madame.

Elle se retourna et observa les remparts.

— Ceci vous intrigue ?
— Oui. C’est un château ?
Demanda t-elle innocemment.

— Oh que oui ! C’est le château du seigneur de la ville, Monsieur Sephyl ! Il paraît qu’il est magnifique ! Des plantes de toutes sortes y poussent !
— « Il paraît » ?
— En effet. L’accès y est interdit aux gens extérieurs. Par mesure de sécurité. Ce sont les dires de certains chanceux qui ont pu apercevoir quelque chose derrière le portail.
— Et le seigneur… Sort-il du château ?
— Ah ça. Certains disent que oui, d’autres disent que non.
— Vous l’avez déjà vu ?
— Moi ?! Bien sûr que non. Je ne sais même pas si quelqu’un de l’extérieur l’ait déjà vu…
— On ignore son visage ?!
— Oui. C’est ce qui fait le charme de ce village ma petite ! Il pourraît être n’importe qui ! Même le poissonier du quartier !
Bon, je dois y aller. À la prochaine ! Profitez bien de votre visite.

Elle était restée songeuse.
Ses recherches allaient être plus difficiles que prévues.
Elle fit le tour du quartier et des remparts en discutant avec les passants.
Elle se fit passer pour une jeune étudiante de passage.
Elle prit une chambre dans une auberge de jeunesse et attendit la nuit pour sortir.
Elle avait repéré un passage recouvert de lierres et de feuillages d’un arbre qui pourrait la camoufler.
Le jardin derrière le mur était silencieux et était éclairé par le clair de lune.
La rumeur disait vrai. Il était magnifique.
À peine eut-elle fait 5 mètres. Bien que discrète.
Elle sentit une main l’attraper par le poignet et la nuque.
Elle se fit plaquer contre l’arbre. Les deux mains liées dans le dos et la nuque maintenue.
Elle n’avait rien vu venir.
Elle ne pouvait ne s’en prendre qu’à elle même d’avoir sous estimé l’ennemi et baissé sa garde.
Elle aurait dû se douter qu’un tel silence était plus que suspect.
Elle ne se débattit pas, en sachant que cela n’arrangerait pas la situation. Elle réfléchit à un plan pour pouvoir se tirer en vie de ce mauvais pas. Elle était vraiment en mauvaise posture.
Elle n’eut pas le temps de réflechir qu’elle reçut un coup qui la fit perdre connaissance.

— Zut-
Pensa-t-elle avant de sombrer.

L’homme qui l’avait attrapée, la porta jusqu’au sous sol, où elle se fit attacher et jeter derrière des barreaux.
Lorsqu’elle reprit connaissance, elle était allongée sur de la pierre. Ses mains ainsi que ses pieds étaient liés de chaînes en métal.

— Je suis vraiment dans le pétrin.
Pensa-t-elle.

Il semblait y avoir personne et elle en profita pour reprendre ses esprits et résumer les évènements.

Un bruit retentit et des pas se rapprochèrent.
Un homme portant une capuche assez grande pour recouvrir son visage s’arrêta devant ses barreaux et l’observa sans bruit.
Elle resta également silencieuse.

— Qui t’envoie ?
La voix était rauque et puissante.

Elle savait que son sort se déciderait ici.
Elle prit la voix la plus sûre qu’elle possédait et parla.

— Personne.
— Dans ce cas. Que viens tu faire ici ?

Il ne se laissa pas perturber et son timbre de voix resta inchangé.

— Je fais du tourisme.
— …

Il ne répondit pas.

— Je voulais voir à quoi ressemblait le château.
Continua t-elle, en se gardant de préciser qu’elle venait de loin.

— …
— Est-ce interdit de vouloir observer un château ?
Demanda t-elle sans expression. Fixant la capuche.

— Tu as pénétré un domaine privé.
Il reprit enfin la parole, tout en gardant le même timbre de voix.

— …

C’était à son tour de se taire.

— Il paraît que tu cherches à t’installer dans notre ville.
— … C’est vrai.
Elle contrôla sa voix pour la garder neutre.

Elle se doutait que depuis son arrivée, ses faits et gestes étaient surveilllés.

— Que comptes-tu faire ?
— … Chercher du travail.

Elle fixait toujours sa direction. Elle devait feindre la franchise la plus totale tout en réflechissant à la meilleure réponse a donner.

— Quel genre de travail ?

Le ton dans sa voix avait légèrement changé. Elle perçut de l’amusement.
Elle ne se laissa pas déconcentrer par ce détail et chercha une réponse à lui donner. Cette question piège pourrait mettre fin à sa vie selon sa réponse.

— Je veux faire partie de la garde.
— Après t’être fait attraper aussi facilement ?

Elle cru entendre un rire étouffé.
Elle garda son calme et continua.

— J’ai baissé ma garde. Laissez-moi une deuxième chance.
— Quelles sont tes motivations ?

Elle reprit confiance en elle. Toutes les recherches faites sur cette ville allaient porter ses fruits. Voire lui sauver la vie.
De plus elle était convaincue de ce qu’elle allait dire.

— Depuis mon enfance j’admire cette ville et la manière dont vous la gouvernez. Maintenant que je suis ici. Après avoir discuté avec les villageois, cela confirme encore plus l’idée que j’en avais. Ils vivent heureux et ne manquent de rien. Vous êtes à la fois respecté et aimé.
Je souhaiterai pouvoir travailler sous vos ordres et protéger votre gouvernement.

Elle avait tout donné. Elle s’excusa au fond d’elle auprès de son maître. De toute manière elle n’avait plus d’autre échappatoire. Si elle échouait maintenant, elle serait exécutée en tant qu’intrus et ennemie.

— …

Il semblait réfléchir à la véracité de ses propos.
Elle continua sans lui laisser le temps de répondre.

— Je m’excuse de m’être introduite de cette manière chez vous, mais je voulais tenter ma chance.
Il serait de votre droit de vouloir m’exécuter pour mon intrusion dans votre demeure… Mais vous feriez une grave erreur. Contrairement à ce que vous croyez, je me débrouille bien sur le terrain.

Sur ces paroles elle ferma les yeux et attendit le verdict.

— Qui penses-tu que je suis ?
— Monsieur Sephyl.

Elle rouvrit les yeux.

— Qu’est-ce qui te fait penser cela ?
— La dame avec qui j’ai discuté ce matin m’a dit que personne de l’extérieur ne connaissait le visage du seigneur.
En vous voyant avec cette capuche. J’en ai déduit que vous étiez le maître des lieux.
D’autre part, votre voix ainsi que votre assurance… Vous ne pouvez qu’être monsieur Sephyl.
De plus qui d’autre que le maitre des lieux voudrait discuter avec un intrus ?

2014.08.01

Décision

— Je m’en vais.

Elle prit son sac déjà préparé et se dirigea vers la porte.

— Comment ça ?

Elle se figea et fixa la silhouette de la jeune fille, sur la palier de la porte.

— Je m’en vais.
Repeta t-elle, en tournant le dos à l’autre femme.

— Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

Elle lui attrapa le bras, inquiète.
L’adolescente se retourna et la regarda d’un air déterminé.

— Puisque tu ne veux pas prendre de décision. Je le fais à ta place. Je m’en vais.
— Qu’est-ce que tu racontes ?
— Tu comptes répondre à Olivier ?

Le silence se fit.

— Ça ne te regarde pas…
— Bien sûr que ça me regarde ! Je ne veux pas être le fardeau qui te retient !
— Tu ne comprends pas !
— Si je comprends très bien !
Des larmes coulèrent sur les joues de la plus jeune.
— Pourquoi tu pleures… ?!

Entre ses propres sanglots, la plus âgée fondit également en larmes.

— Et toi, pourquoi tu pleures… ?
Elle lui retourna sa question et ne put s’empêcher de rire.

— Tu es bête…

Elles rièrent entre leurs sanglots.

— C’est toi la plus bête…

2014.08.01

Cours d’eau

Elle fixa la rivière qui s’écoulait sous ses yeux.
Elle se sentait comme nostalgique.
Ce paysage lui était étrangement familier.
Elle ralentissa son pas et l’écart entre eux s’agrandit.
Elle finit par s’arrêter et admirer le paysage, elle se sentait étrangement bien dans cet endroit.
Il se retourna et revint sur ses pas pour la rejoindre.
Il était derrière elle et observait le même paysage par dessus son épaule.
Lorsqu’elle se retourna vers lui, elle vit une ombre humaine s’approcher rapidement et dangereusement.
Par réflexe et de panique, elle poussa son ami sur le côte, loin de cette forme inconnue.

2014.07.04

Goutte

— Où sont les toilettes… ?
Demandais-je timidement.

Après avoir combattu, l’exposition au soleil m’avait particulièrement fatiguée. Je commencais à sentir une légère douleur derrière la tête qui me lançait de plus en plus fort.
Je m’étais pourtant mise à l’ombre pour me reposer.

— Ça va… ?
Demanda t-elle.

Bellinda m’avait apportée une serviette pour essuyer ma sueur et une petite bouteille d’eau pour me désaltérer.
Elle me regardait d’un air inquiet.

— …Oui, oui…

Je me forçais à sourire pour ne pas l’inquiéter.
J’espérais que la fraîcheur du bâtiment et l’obscurité du château reposent mes yeux.

— Tu es un peu pâle… Tu es sûre que ça va ? Je vais t’accompagner-
— Non non ! Ça va aller ! Je reviens tout de suite !

J’insistais pour y aller seule.
Après m’avoir indiqué l’emplacement, elle me laissa m’y rendre sans elle, mais me suivit tout de même du regard.
J’ouvrais le robinet et m’aspergeais de mes deux mains d’eau froide qui s’en écoulait.
En relevant la tête, je m’observais dans le miroir.
Je vis une personne derrière moi.
Je sursautais de peur.
Ce n’était que Bellinda qui m’avait suivie.
Elle s’excusa de la frousse qu elle venait de me faire.

— Je m’inquiétais alors…

La tête me lançait encore mais la fraîcheur me fit du bien.
En sortant de là, je tombais nez à nez avec le seigneur du château.
Il me fixait et d’un regard interrogateur, il s’adressa à Bellinda.

— Quelque chose ne va pas ?

Je repondis avant qu’elle ne le fasse.

— Non, du tout. Tout va bien. Je suis simplement allée me rafraîchir.

Il questionna Bellinda de son regard pesant.
Elle acquiesça.
On se remit en route vers la cour.
Je n’avais pas pris le temps de l’observer, mais puisqu’il était devant moi, j’ai pu me rendre compte de sa carrure imposante.
Bien que ce n’était que son dos.
Il marchait d’un pas sûr.
J’étais impressionnée et admirative d’une telle noblesse.
Arrivés sur le palier donnant à la cour, je sentis mon nez couler.
Une goutte s’écrasa directement au sol.
Le bruit attira l’attention du maître et il se tourna dans ma direction.
Il vit une tâche de sang par terre et me fixa.
Il remarqua une trace rouge vive au niveau de mes lèvres.
Il s’approcha de moi.
Je ne m’étais rendue compte de rien.
En suivant son regard, je compris que je venais de saigner du nez.
Je portais mon doigt au niveau de ma lèvre pour m’en assurer.
C’était bien du sang.
Il sorti de sa poche un mouchoir en soie et le posa sous mon nez.
De loin, on aurait pu croire qu’il cherchait à me faire du mal.
Chris arriva pile à ce moment.
Voyant le maître me prendre le visage dans son mouchoir il paniqua et se précipita sur nous.
Il se retourna avant que Chris n’ait pu faire quoi que ce soit.
Il le devisagea.

— Elle saigne du nez.

Chris s’arrêta net.
Le maître lâcha le mouchoir après que je tendis ma main pour le tenir moi-même.

2014.06.27

Coulisses

Il avait enquêté sur Alexandra depuis son arrivée.
Quelques photos prises à la volée parsemaient son bureau.
Elles étaient pour la plupart d’assez mauvaise qualité mais il pouvait deviner les traits de la jeune fille.
Il était songeur.
Il savait le principal sur elle.
Seul son héritage génétique et les enjeux politiques l’intéressaient.
S’il pouvait mettre la main sur elle, il y aurait une alliance entre son pays et le sien.
De plus, leurs enfants seraient dôtés de pouvoirs relativement puissants entre le sien et toute la puissance du pouvoir détenu par l’autre pays qui se retrouverait en elle.
Il rassembla les photos et les rangea soignement dans un tiroir personnel fermé à clé.
Attendant le moment opportun pour agir, il avait envoyé ses meilleurs espions pour s’assurer de la sécurité de la jeune fille.

Lorsqu’il apprit que le pays adverse se faisait attaquer. Ses hommes avaient fini par se replier pour éviter d’inclure leur propre pays dans cette guerre.
Ils avaient continué à récolter quelques informations.
La nuit de l’attaque, il avait fini par agir.
Les défenses étaient au plus faible point.
Il savait qu’Alexandra avait été gravement blessée.
Il décida d’envoyer son meilleur élément accompagné d’une équipe de son choix pour enlever Alexandra et la ramener en sécurité dans son propre château.
C’était également l’occasion de la rencontrer en personne, elle et Le seigneur de l’autre pays.
Bien entendu pour ne pas envenimer les relations, il ordonna impérativement de ne tuer personne et de relever du self-defense.

Au milieu de la soirée, son meilleur élément rentra seul avec la fille dans ses bras.
Il l’observa rapidement.
Elle fut conduite immédiatement dans la chambre prévue, qui se trouvait à côté de la sienne au cas où.
Elle fut allongée et recouverte d une grosse couverture.
Un médecin fut envoyé pour vérifier que ses blessures ne s’étaient pas réouvertes et que son état était stable.

Les autres hommes avaient été capturés.

Il fut embêté et passa un appel direct à son ennemi qu’il ne considérait pas comme tel.
En échange de la vie de sa fille il voulait qu il ramène ses hommes, le lendemain main, au château.
En vie, bien entendu.

2014.06.16

Sacrifice

— Monsieur… Au sujet d’Alexandra…
Dit-elle d’une voix faible.

Il s’alarma et lui fit signe de s’asseoir et de continuer à son rythme.

— Les renseignements à son sujet sont bien plus difficiles à obtenir que prévu… Toute personne extérieure à la demeure ne sait absolument rien d’elle, jusqu’à ignorer son existence…

La tête baissée, honteuse, elle ravala sa salive et continua sans croiser le regard de son maître.

— Il est rare que tu viennes me présenter un rapport aussi mitigé…

Il observait à quel point elle était gênée.

— Il semblerait que mon vieil ami n’ait pas fait les choses a moitié pour protéger les informations concernant cette personne… Tu n’as point besoin d’être aussi sévère avec toi-même. On s’est frotté à plus fort que nous. Du moins cette fois-ci.

Sur ces mots, elle réagit et releva son visage et fixa ses yeux.

— Monsieur- !

Il sembla surpris qu’elle lui coupe la parole et l’écouta attentivement.
Elle n’aurait jamais fait un tel affront si ce n’était pas important.

— Je. J’ai pu en apprendre plus.

Il se figea. Excité.
Elle avait les informations cependant elle n’en était pas fière et sa figure se décomposa.

— Comme vous vous en doutiez. Alexandra est bel et bien la fille du seigneur Sephyl.

Le temps semblait s’etre arrêté dans la pièce et Gabriel buvait les paroles de la jeune femme.

— C’est la seule information que j’ai pu avoir… Mais…
— Mais ?
— Pour obtenir cette information. J’ai dû postuler et jurer fidélité au seigneur Sephyl, Monsieur… Je serai une des protectrices d’Alexandra…
— Annie !

Il se leva de son fauteuil et serra son poing.

— Monsieur. C’était la seule solution possible. J’ai pu demander une autorisation spéciale pour rentrer sous prétexte de récupérer mes affaires… Mais je vais devoir vivre dans leur demeure et je serai sous surveillance durant un mois au moins, avant qu’ils ne m’accordent entière confiance, vis à vis de mon statut d’étrangère…

Il tenta de garder son calme. Il faisait les cents pas derrière son bureau.
Il soupira et prit enfin la parole.

— Tu n’avais pas à faire ça pour récupérer un tel renseignement…
— Monsieur, je vous remercie de tout ce que vous avez fait pour moi durant ces années. Je ne voulais pas vous décevoir…
Cependant cela sera la dernière fois que je serai sous vos ordres…
Je suis consciente que si je désobéis au seigneur Sephyl, je vous causerai des soucis. N’ayez crainte. J’ai brouillé les pistes qui mènent jusqu’ici. Je vais devoir partir…
— Annie…

Il s’approcha d’elle et posa sa main sur son épaule.

— Surtout ne fais rien qui puisse mettre ta vie en danger. Prends soin de toi.

Elle se leva et s’inclina devant son maître.
Elle le remercia, les larmes aux yeux, et s’en alla.
Il resta seul dans ses réflexions.

— Elle était consciente de l’importance de cette information et a sacrifié sa vie pour me la fournir…
J’espère de tout coeur qu’ils ne lui feront aucun mal…

Il se reprit et repensa à l’information de haute importance.

— Ainsi Alexandra est la fille de Sephyl… Ce qui veut dire qu’elle possède un pouvoir considérable…
Elle héritera automatiquement du pouvoir de son père s’il venait à mourir…

2014.06.14

Intérêt

Il était dans son bureau.
Les cheveux lisses et blonds, courts et rebelles.
Assis dans son fauteuil, il attendait le rapport de ses enquêteurs.
La porte s’ouvrit enfin, laissant apparaître une jeune femme habillée aux couleurs sombres. Les cheveux attachés en queue de cheval.
Elle referma la porte derrière elle et s’arrêta devant lui.

— Monsieur. Concernant la nouvelle au château du pays voisin.

Il lui fit signe de commencer.

— Il semblerait qu’elle s’appelle Alexandra. Elle est en train d’être formée pour potentiellement faire partie de la garde rapprochée.
Personne ne sait d’où elle vient mais le seigneur Sephyl nourrit de grands espoirs en elle et semble convaincu de son futur potentiel.

— As-tu une photo ?
— Sephyl la fait surveiller de près. Il n’a pas été facile…

Elle posa sur le bureau une photo.
On pouvait y voir une jeune fille aux cheveux longs ondulés et bruns. Ses yeux étaient d’un noir profond. Elle semblait triste.
Le cliché avait été prit derrière un feuillage.
Il prit la photo entre ses doigts et regarda de plus près les détails.

— Certains disent qu’il compte en faire son héritière si elle arrive à atteindre le niveau requis en peu de temps…
— Cette affaire est louche… Je veux que tu enquêtes sur cette fille et ses origines.
— Bien Monsieur.
— N’hésite pas à brouiller les pistes derrière toi. Que les informations au sujet de cette fille restent chez nous.
— Entendu Monsieur.

Elle sortit aussi discrètement qu’elle était venue.

— Sur cette seule photo. Bien qu’il n’y ait aucune ressemblance apparente. Ses yeux sont de la même couleur unique que Sephyl.
Si je ne me trompe pas…

2014.06.09

Culpabilité

N’arrivant pas à trouver le someil.
Elle décida de se lever et frapper à la porte de Chris.
Aucune réponse.
En pensant qu’il n’avait peut-être pas entendu.
Elle refrappa un peu plus fort.
Elle tendit l’oreille, à l’affût du moindre bruit.
Il devait s’être endormi, pensa t-elle.
Elle n’insista pas, et décida de retourner sagement dans sa chambre.
Alors qu’elle s’apprêtait à partir. La porte s’ouvrit.
Chris était là, les cheveux trempés et une serviette autour du cou.
Il fut surpris.
Elle était en pyjama.
Chris était torse nu, avec juste un pantalon.
Il avait plusieurs cicatrices discrètes sur sa peau.
Elles semblaient anciennes.
Elle n’avait pas l’habitude de le voir torse nu.
Il s’écarta et l’invita à entrer.

— Je ne m’attendais pas à recevoir de la visite à cette heure-ci.
Mets-toi à l’aise. Je vais me mettre quelque chose sur le dos, je reviens.

Lorsqu’il se retourna, elle vit l’énorme cicatrice que lui avait laissée les pics empoisonnés qu’il avait prit à sa place.
Son coeur se resserra. Elle se sentait responsable.
Elle s’assit sur le lit.
Elle réfléchissait par quoi elle allait commencer à lui parler.
Elle se sentait soulagée qu’il soit encore réveillé.
Lorsqu’il revint, il avait un t-shirt un peu moulant.

— Je m’excuse de te recevoir ainsi. Je sors tout juste de la douche…

2014.05.21

Séjour imposé

Après que son père ait discuté longuement avec le maître des lieux.
Ils avaient décidé de la laisser quelques temps ici, en compagnie de Chris assurer sa sécurité et de la fiabilité de l’hôte.
Alors qu’elle jouait dans la cour aux milieux des fleurs.
Chris à ses côtés, Julien ainsi qu’Elisa étaient adossés à un mur non loin. Ils discutaient et restaient aux aguêts.
Alexandra ne devait pas faire trop d’efforts physiques puisque ses blessures venaient à peine de cicatriser. De même pour Chris.

Son père vint vers elle, la prit dans ses bras et la serra très fort.

— Je vais te confier à ce monsieur pendant quelques temps.
Murmura t-il dans l’oreille de sa fille.

— Surtout, sois sage et prends soin de toi.
— Mais-
— C’est juste temporaire, ne t’inquiète pas. Le temps que je m’occupe de remettre sur pied notre chez nous. Chris restera avec toi.

Il regarda en direction de Chris et se metta d’accord avec lui.

— Je vais y aller…

Il embrassa sa fille sur le front et repartit, suivi des deux autres gardes du corps.
Satisfait, Gabriel raccompagna ses invités.
Lorsqu’il revint, il s’entretint avec son personnel.
Un autre homme, celui qui avait enlevé Alexandra, s’approcha d’elle et de Chris.

— Je serai votre garde rapprochée durant votre sejour.
Il s’inclina et s’éloigna.

Elle ne savait plus quoi penser de la situation.
Son père avait discuté avec Gabriel, qui lui avait fait part de son désir de la main de sa fille pour unir leur deux nations, pour créer une alliance ainsi qu’un potentiel enfant doté d’un talent immense en magie.
Son père avait bien entendu refusé en prétexant que sa fille était encore jeune, et par dessus tout, que c’était à elle de faire son choix, qu’il ne lui imposerait pas un tel dilemme.
Ainsi Gabriel avait trouvé cette réponse juste et avait tout de même insisté sur sa bonne foi de la laisser séjourner ici parce qu’il pourrait la protéger, au vu de leurs défenses affaiblies.
Il avait hésité puis avait fini par accepter.
L’hôte jura qu’il ne forcerait ni la main de sa fille, ni lui ferai de mal, puisque qu’il désirait la chérir.
Syphyl décida de laisser également Chris auprès d’elle, affaibli il ne serait qu’une cible facile, et il pourrait se reposer et se remettre en forme tout en surveillant d’un coin de l’oeil sa fille.

Gabriel se présenta succintement à Chris et il décida de le loger dans la chambre juste à côté de celle d’Alexandra, pour lui prouver qu’il n’était pas leur ennemi.
Il marqua assez rapidement son territoire en restant près d’Alexandra et en montrant clairement ses intentions auprès d’elle.
Ce qui la metta très mal à l’aise, surtout en la présence de Chris juste derrière elle.

Gabriel la couvrait de cadeaux, de robes magnifiques pour chaque jour et des chaussures appareillées de sa pointure. Il s’était également renseigné sur la taille de ses sous vêtements.
Détail qui la fit rougir jusqu’aux oreilles.
Elle avait finit par s’en plaindre dès les premiers jours.
Qu’elle ne voulait pas ce genre de présents, que ce qu’elle désirait c’étaient des vêtements de la vie de tous les jours.

Gabriel avait pris Chris à part et lui avait mis les points sur les « i ».
Il lui avait expliqué la situation et son projet de demander la main d’Alexandra à son père.
Chris s’était figé sur place.

— Tu comprends ce que je pourrais lui apporter ?
J’assurerai sa sécurite, son confort, je ferai tout pour la rendre heureuse. Nous ne jouons pas dans la même cour.
Tu ferais mieux d’abandonner.

Et il s’en alla, laissant Chris à ses réflexions.
Il aimait Alexandra de tout son coeur, mais lui, que pouvait-il lui apporter de plus par rapport à cet homme ?

Alexandra était dans sa chambre, cette journée fut longue et riche en émotions.
Gabriel venait de la raccompagner sur le palier de sa chambre.
Elle se demandait ce que Chris pouvait bien faire, de l’autre côté du mur.
Elle s’était changée et ouvrit la porte vitrée pour prendre l’air sur le balcon.
La nuit était belle, sous la lune claire.
Elle ferma les yeux et respira un grand coup.
Elle sentit la présence de quelqu’un et ouvrit subitement ses paupières.
L’homme garde du corps.
Il était à quelques mètres d’elle, sur le balcon.
Il se rapprocha d’elle.

— Vous de devriez pas sortir sur le balcon, Mademoiselle.

Elle avait été tellement surprise que son coeur battait à toute vitesse.
Il lui avait fait une peur bleue.
Elle recula doucement jusqu’à l’intérieur.
Il s’excusa de la frousse qu’il venait de lui donner, ferma la porte vitrée et disparut dans l’ombre.

Comme elle s’ennuyait elle se demanda si elle n’allait pas rendre visite à Chris.
Depuis l’épisode où ils étaient tous les deux entre la vie et la mort, ils ne s’étaient pas parlés sérieusement.
Elle sorti frapper à la porte d’à côté.
Elle n’eut aucune réponse, et pensa qu’il dormait déjà.
Alors qu’elle allait rentrer bredouille, il arriva et lui ouvrit.
Il sortait de la douche, les cheveux mouillés, et la serviette sur les épaules.
Il fut surpris de la voir sur son palier.

— Qu’est ce qu’il y a ?
Demanda t-il d’un ton mi-inquiet mi-froid.

Il repensait à la discussion avec Gabriel.

— Je-… Pardon, je dérange…

Elle baissa les yeux.
Il la regarda quelques secondes avant de lui répondre.

— Tu peux entrer si tu veux…

Il ouvrit la porte et recula.
Lorsqu’elle releva la tête, elle cherchait le regard de Chris pour deviner son humeur.
Il regardait ailleurs.
Elle entra d’un pas timide.

— Assis-toi.

Il proposa son lit encore fait.
Elle y alla et fixa ses mains sur les genoux.
Il parti chercher une chemise à mettre sur ses épaules et revint la voir.
Ils ne savaient pas par quoi commencer.

— … Est-ce que tes blessures vont mieux… ?
Demanda t-elle, d’une petite voix.

— Oui. Et toi, comment ca va… ?
— … Hm… Ça va…
— … Je voulais m’excuser de ne pas avoir été à la hauteur, ce jour là…

Elle releva les yeux et le fixa d’un air choqué et triste.
Elle secoua la tete.

— Qu’est-ce que tu racontes ?! Si tu n’avais pas été là, je ne serais même pas là, aujourd’hui ! C’est à moi de m’excuser… À cause de moi… À cause de moi… Tu as failli y rester…

Des larmes coulèrent de ses yeux.
Chris était reste bouche bée de la réaction d’Alexandra.
Il ne pensait pas qu’elle s’était inquietée à ce point.
Il s’approcha d’elle et sécha ses larmes, en la prenant dans ses bras.
Il caressa doucement ses cheveux.

— Je pensais que tu étais mort…
Ajouta t-elle, entre ses pleurs.

— … Tout va bien, je vais bien…

Il continuait de la consoler.
Elle finit par sécher ses larmes.
Il s’éloigna un peu.

— Quelle pleurnicheuse tu fais.
Dit-il pour plaisanter.

— À qui la faute !
Répondit-elle, en boudant.

2014.05.14