Elle était arrivée en matinée.
Habillée comme une vulgaire paysanne, elle visitait la ville telle une touriste. Elle s’arrêtait de temps en temps aux remparts du château pour vérifier si elle pouvait y pénétrer discrètement de nuit.
Elle interrogea les habitants tout en restant méticuleuse dans ses propos pour ne pas paraître suspecte.
— Bonjour madame. Beau temps n’est-ce pas ?
— Bonjour ! Vous n’êtes pas d’ici vous !
Répondit-elle en la jugeant de haut en bas.
— En effet…
Elle feint l’air gêné et sourit bêtement.
— Je fais si étrangère que ca ?
— Mes yeux ne se trompent jamais ! Je connais tous les habitants du quartier, jeune fille ! Quel bon vent vous amène ?
— Et bien… Je trouve cette ville bien charmante et je songeais peut-être m’y installer…
— Vous avez bien de la chance d’arriver par ce ciel ensoleillé ! N’hésitez pas à me demander quoi que ce soit sur la ville, ma jolie !
— Merci beaucoup madame.
Elle se retourna et observa les remparts.
— Ceci vous intrigue ?
— Oui. C’est un château ?
Demanda t-elle innocemment.
— Oh que oui ! C’est le château du seigneur de la ville, Monsieur Sephyl ! Il paraît qu’il est magnifique ! Des plantes de toutes sortes y poussent !
— « Il paraît » ?
— En effet. L’accès y est interdit aux gens extérieurs. Par mesure de sécurité. Ce sont les dires de certains chanceux qui ont pu apercevoir quelque chose derrière le portail.
— Et le seigneur… Sort-il du château ?
— Ah ça. Certains disent que oui, d’autres disent que non.
— Vous l’avez déjà vu ?
— Moi ?! Bien sûr que non. Je ne sais même pas si quelqu’un de l’extérieur l’ait déjà vu…
— On ignore son visage ?!
— Oui. C’est ce qui fait le charme de ce village ma petite ! Il pourraît être n’importe qui ! Même le poissonier du quartier !
Bon, je dois y aller. À la prochaine ! Profitez bien de votre visite.
Elle était restée songeuse.
Ses recherches allaient être plus difficiles que prévues.
Elle fit le tour du quartier et des remparts en discutant avec les passants.
Elle se fit passer pour une jeune étudiante de passage.
Elle prit une chambre dans une auberge de jeunesse et attendit la nuit pour sortir.
Elle avait repéré un passage recouvert de lierres et de feuillages d’un arbre qui pourrait la camoufler.
Le jardin derrière le mur était silencieux et était éclairé par le clair de lune.
La rumeur disait vrai. Il était magnifique.
À peine eut-elle fait 5 mètres. Bien que discrète.
Elle sentit une main l’attraper par le poignet et la nuque.
Elle se fit plaquer contre l’arbre. Les deux mains liées dans le dos et la nuque maintenue.
Elle n’avait rien vu venir.
Elle ne pouvait ne s’en prendre qu’à elle même d’avoir sous estimé l’ennemi et baissé sa garde.
Elle aurait dû se douter qu’un tel silence était plus que suspect.
Elle ne se débattit pas, en sachant que cela n’arrangerait pas la situation. Elle réfléchit à un plan pour pouvoir se tirer en vie de ce mauvais pas. Elle était vraiment en mauvaise posture.
Elle n’eut pas le temps de réflechir qu’elle reçut un coup qui la fit perdre connaissance.
— Zut-
Pensa-t-elle avant de sombrer.
L’homme qui l’avait attrapée, la porta jusqu’au sous sol, où elle se fit attacher et jeter derrière des barreaux.
Lorsqu’elle reprit connaissance, elle était allongée sur de la pierre. Ses mains ainsi que ses pieds étaient liés de chaînes en métal.
— Je suis vraiment dans le pétrin.
Pensa-t-elle.
Il semblait y avoir personne et elle en profita pour reprendre ses esprits et résumer les évènements.
Un bruit retentit et des pas se rapprochèrent.
Un homme portant une capuche assez grande pour recouvrir son visage s’arrêta devant ses barreaux et l’observa sans bruit.
Elle resta également silencieuse.
— Qui t’envoie ?
La voix était rauque et puissante.
Elle savait que son sort se déciderait ici.
Elle prit la voix la plus sûre qu’elle possédait et parla.
— Personne.
— Dans ce cas. Que viens tu faire ici ?
Il ne se laissa pas perturber et son timbre de voix resta inchangé.
— Je fais du tourisme.
— …
Il ne répondit pas.
— Je voulais voir à quoi ressemblait le château.
Continua t-elle, en se gardant de préciser qu’elle venait de loin.
— …
— Est-ce interdit de vouloir observer un château ?
Demanda t-elle sans expression. Fixant la capuche.
— Tu as pénétré un domaine privé.
Il reprit enfin la parole, tout en gardant le même timbre de voix.
— …
C’était à son tour de se taire.
— Il paraît que tu cherches à t’installer dans notre ville.
— … C’est vrai.
Elle contrôla sa voix pour la garder neutre.
Elle se doutait que depuis son arrivée, ses faits et gestes étaient surveilllés.
— Que comptes-tu faire ?
— … Chercher du travail.
Elle fixait toujours sa direction. Elle devait feindre la franchise la plus totale tout en réflechissant à la meilleure réponse a donner.
— Quel genre de travail ?
Le ton dans sa voix avait légèrement changé. Elle perçut de l’amusement.
Elle ne se laissa pas déconcentrer par ce détail et chercha une réponse à lui donner. Cette question piège pourrait mettre fin à sa vie selon sa réponse.
— Je veux faire partie de la garde.
— Après t’être fait attraper aussi facilement ?
Elle cru entendre un rire étouffé.
Elle garda son calme et continua.
— J’ai baissé ma garde. Laissez-moi une deuxième chance.
— Quelles sont tes motivations ?
Elle reprit confiance en elle. Toutes les recherches faites sur cette ville allaient porter ses fruits. Voire lui sauver la vie.
De plus elle était convaincue de ce qu’elle allait dire.
— Depuis mon enfance j’admire cette ville et la manière dont vous la gouvernez. Maintenant que je suis ici. Après avoir discuté avec les villageois, cela confirme encore plus l’idée que j’en avais. Ils vivent heureux et ne manquent de rien. Vous êtes à la fois respecté et aimé.
Je souhaiterai pouvoir travailler sous vos ordres et protéger votre gouvernement.
Elle avait tout donné. Elle s’excusa au fond d’elle auprès de son maître. De toute manière elle n’avait plus d’autre échappatoire. Si elle échouait maintenant, elle serait exécutée en tant qu’intrus et ennemie.
— …
Il semblait réfléchir à la véracité de ses propos.
Elle continua sans lui laisser le temps de répondre.
— Je m’excuse de m’être introduite de cette manière chez vous, mais je voulais tenter ma chance.
Il serait de votre droit de vouloir m’exécuter pour mon intrusion dans votre demeure… Mais vous feriez une grave erreur. Contrairement à ce que vous croyez, je me débrouille bien sur le terrain.
Sur ces paroles elle ferma les yeux et attendit le verdict.
— Qui penses-tu que je suis ?
— Monsieur Sephyl.
Elle rouvrit les yeux.
— Qu’est-ce qui te fait penser cela ?
— La dame avec qui j’ai discuté ce matin m’a dit que personne de l’extérieur ne connaissait le visage du seigneur.
En vous voyant avec cette capuche. J’en ai déduit que vous étiez le maître des lieux.
D’autre part, votre voix ainsi que votre assurance… Vous ne pouvez qu’être monsieur Sephyl.
De plus qui d’autre que le maitre des lieux voudrait discuter avec un intrus ?
2014.08.01
« Repondit-elle en la jugeant de haut en bas » : « répondit » (manque l’accent)
« Il pourraît être n’importe qui ! Même le poisssonier du quartier ! »: y’a beaucoup de s à poissonnier
« Elle ne se debattit pas »: débattit (accent)
« Pensa t-elle »: pensa-t-elle
Meeerdeuuh… pour les ssss !!
Meeercii pour ta relecture !