Succession

Assise dans sa chambre, devant la baie vitrée qui donnaient sur l’ensemble de l’Arbre, le regard perdu dans le vide.
Elle pleurait en silence la mort de sa mère.
Elle était restée forte devant son père mais maintenant qu’elle était seule, elle pouvait pleurer de tout son saoul la perte de sa mère, bien qu’elle faisait maintenant partie de l’Arbre.

Il était resté dehors, il savait qu’elle était triste et souhaitait plus que tout la serrer dans ses bras et la réconforter.
Il hésitait devant la porte, le poing levé, prêt à frapper.

Il avait choisi de la protéger toute sa vie.
Les relations amoureuses n’étaient pas interdites mais juste déconseillées.
Faire partie de l’élite n’était pas un environnement adapté pour fonder une famille.
Les quelques cas qui le souhaitaient, devaient alors quitter cet endroit et redescendre vivre avec les autres, en gardant secret toutes les informations concernant l’Arbre.
Bien entendu, la Mère ou le Père ne souhaitait pas avoir de descendance, c’était choisir de vivre séparé de ceux qu’elle aimait et les voir vieillir et mourir, sans jamais pouvoir passer du temps ensemble.

Décider de prendre la succession était un choix lourd et important.
Il n’y avait pas de réels points positifs, il n’y avait que des inconvénients mais c’était une nécessité.
L’héritier devait parfois attendre plusieurs siècles avant de trouver et de choisir quelqu’un qu’il considérerait apte à prendre la suite.
Sans compter que cette personne devait accepter.
Elle était en droit de refuser.

Lorsque la précédente avait pris sa décision, elle était tombée amoureuse de l’Héritier.
C’était un jeune homme aux cheveux blonds foncés aux airs doux.
De taille moyenne, il était musclé mais pas intimidant.
Il regardait la jeune fille très chaleureusement.
Elle était tout de suite tombée sous son charme.
Il lui expliqua la situation, et avant qu’elle ne prenne une décision, lui proposa de passer quelques jours avec lui pour qu’elle se rende compte de ce que cela allait être.
Elle accepta et réfléchit pendant tout ce temps.
Elle avait vu qu’il était à bout.
Il n’avait plus personne de cher à son coeur à ses côtés, mais il s’était attaché à la fille.
À force de passer son temps à l’observer de sa pièce, et à se demander si elle était la bonne pour prendre sa suite.
Cela la faisait également souffrir de le voir dans cet état.
Elle prit la décision de lui succéder et il la forma durant plusieurs semaines avant de quitter son poste.
Cette cérémonie était plus que triste.
Ils étaient conscients des sentiments éprouvés l’un pour l’autre, mais ils n’avaient pas pu se le dire ni se l’avouer.
Ils furent accompagnés jusqu’aux racines de l’Arbre.
Il l’embrassa sur le front, lui sourit, une larme au coin de l’oeil, et l’embrassa avant de disparaître dans un nuage étincellant.
Elle entendit un « merci » avant de ne plus ressentir sa présence.

Elle sentit un vent souffler sur elle, et des voix l’encercler.
Son corps brûlait de l’intérieur et commençait à s’illuminer.
Elle tomba à genoux, les mains sur ses tympans.
Puis quelques minutes plus tard, tout s’arrêta et elle vit la vie à travers les yeux d’une Mère, avec le coeur de l’Arbre.
Elle n’avait pas le temps de pleurer son amour perdu, elle devait lui succéder.

2015.03.14

Départ

Ma mère avait eu une vie ni trop longue, ni trop courte.
Mon père avait découvert la lettre qu’elle lui avait laissé, ainsi qu’une autre qui m’était adressée.
Elle le remerciait de tout ce qu’il avait fait pour elle jusqu’à aujourd’hui.

Il essayait de se retenir, sa grande main essuyaient le flot de ses larmes.
L’autre serrait de plus en plus fort le papier.
Sa vue se troublait. rendant sa lecture encore plus difficile.

Ma mère était allongée, ses mains avaient été ramenés sur son torse.
Elle semblait dormir. Ses longs cheveux bruns étaient parsemés de quelques fils argentés qui accusaient l’âge qu’elle avait.
Mon père attendait mon arrivée et le début du rituel funéraire.

Deux gardes étaient restés dehors.
Deux m’avaient suivie.
Mon père ouvrit la porte.
Ses yeux étaient rouges.
Cela faisait plusieurs années que nous nous étions pas vus.
Il s’approcha de moi lentement, hésitant, puis me serra dans ses bras, de plus en plus fort.
Je lui rendais également son étreinte.
Je n’avais pas changé depuis que j’étais devenue la doyenne.
Mon père avait définitivement vieilli.
Ses rides, ses cheveux grisonnants.
Je le regardais tendrement mais il n’était pas l’heure aux retrouvailles.
Mon ami de longue date était également à mes côtés. Il porta ma mère.
Mon père resta dans la pièce, tristement vide.
Notre petit cortège nocturne continua sa route jusqu’au pied de l’Arbre.
Nous descendîmes vers les racines profondes.
Mes gardes n’étaient pas là uniquement pour le rituel mais assuraient ma sécurité.
Cet étage était dangereux, même si les bêtes, en tant normal féroces, se comportaient différemment à mon égard, cela n’empêchait pas un incident.

Arrivés aux racines, cet étage était lumineux.
Je me souviens vaguement de la première ici.
Des fleurs blanches de toutes sortes poussaient ici, un halo éclairait exactement cet endroit.
Il venait d’espèces de champignons luminescents.
Les fleurs elles-mêmes semblaient dégager des rayons lumineux.
On se serait cru en plein jour.
Ma mère fut allongée au milieu du champs floral.
Je m’en approchais et je déposais un baiser sur son front.
Elle illumina, sa peau semblait briller.
Elle devint peu à peu transparente et une explosion de projections luminescentes se fit.
Les particules flottaient dans l’air et restaient en suspension. Elles rejoignirent les racines au ralenti.
Les racines absorbèrent ces lumières.
J’ai eu l’impression que ma mère deposa un baiser invisible sur mon front avant de partir.

2015.03.10

Statut

— Je préfère encore que les gens m’ignorent si c’est pour passer leur temps à se moquer de moi…
Je ne suis plus à cela près…

Je repensais encore à ses paroles.
Le lendemain même, elle me salua et toute la classe se retourna vers nous.
J’hésitais à lui repondre, puis elle me dit :

— Ne t’inquiète pas pour moi, j’ai fait mon choix.

Elle me souriait et ignorait totalement la réaction des autres élèves.
Je lui rendis son salut timidement.

— Je ne veux pas me servir de toi pour éviter les autres !
Je veux dire… Je te trouve intéressante… Et je voudrais devenir ton amie… Apprendre à te connaitre… Je suis prête à sacrifier mon statut ! Ce n’est pas très cher payé pour avoir la possibilité d’être en ta compagnie…
— Je suis très heureuse de pouvoir discuter avec toi ! Tu es la première personne avec qui je deviens amie…

Je ne sais pas si on se servait d’excuse l’une l’autre, mais plus le temps passait et plus nous nous rapprochions. Nous étions différentes sur plusieurs points mais cela ne nous empêchait pas de nous apprécier à notre juste valeur. J’appréciais sa force d’esprit et de corps, elle n’en restait pas moins féminine bien qu’elle ne voulait pas se l’avouer. La faute aux remarques mesquines de nos camarades de classe. Elle faisait mine de ne pas en souffrir mais je savais que cela la blessait au fond d’elle.
Je voulais lui montrer qu’elle était belle et forte, qu’elle s’en rende compte et se sente mieux.
Je souhaitais également lui rendre toute cette sympathie qu’elle avait envers moi.
Ses parents ne l’avaient pas empêché de me parler. Il lui avait laissée le libre choix tout en lui expliquant les enjeux de son acte.
Nous étions jeunes mais nous étions assez vifs d’esprit pour comprendre cela.

Tout cela commençait bien, sauf que mon état de santé se dégrada quelques semaines plus tard et je ne pus plus retourner à l’école.
Cela passa inaperçu dans la classe, sauf pour elle.
Elle demanda des informations à l’institutrice qui refusa de les lui donner et elle lui dit d’arrêter de garder contact avec moi.
Je ne pouvais pas lui en vouloir, elle avait raison, c’était pour son bien.
Je pensais que j’allais quitter ce monde, entre la vie et la mort dans mon lit.
Je suis restée fiévreuse pendant plusieurs jours avant de me remettre doucement de mon état.
J’étais trop faible pour sortir et je passais la plupart de mon temps sous ma couette, avec quelques livres.

2015.03.09

Longue date

Je ne me souviens plus très bien depuis combien de temps ni depuis quand nous nous connaissons.
Aussi loin que remontent mes souvenirs, je crois que nous étions à la petite école.
Nous étions dans la même classe.
J’avais très peu de contact avec mes autres camarades, je ne pouvais pas leur en vouloir.
Telle était la règle ici haut.
Ma famille faisait partie des Ignorés. Toutes les personnes de santé fragile et donc, qualifiés de faibles, étaient des cas perdus. Rien ni personne ne pouvait les aider, la sélection naturelle se faisait.
Ma mère en faisait partie. Mon père avait abandonné les privilèges de son statut pour rester auprès d’elle. Ainsi toute notre famille et sa descendance faisaient partie des Ignorés. J’aurais pu en réchapper si seulement je n’avais pas hérité des gènes de ma chère mère. Malheureusement, ce ne fut pas le cas et mon cas était assez inquiétant. Il s’aggravait de jours en jours.
J’avais à peine 12 ans que je vivais avec une épée de damoclès pointée sur moi chaque jour.
Je ne pouvais haïr ma mère de m’avoir donné un corps si faible.
Elle s’excusait en pleurs à chaque fois que j’étais clouée au lit à cause de ma maladie.
Tout ce que je pouvais faire c’était profiter de ma courte mais précieuse vie.

Ainsi, le peu de temps que je passais à l’école, mes camarades m’ignoraient.
Je me suis rendue compte que je n’étais pas la seule personne exclue du groupe.
Une autre fille était également mise à l’écart.
Elle avait les cheveux courts et était un peu garçon manqué. Elle était plus grande que la plupart des filles et même de certains garçons.
Elle n’avait pas l’air très commode. Les garcons se moquaient d’elle et les filles n’osaient pas l’approcher, intimidées par son caractère et sa carrure.
J’avais croisé son regard un instant, ses yeux étaient d’un bleu profond, et ses bouclettes blondes vénitiennes retombaient de part et d’autre de son visage légèrement carré.
À cette époque j’étais déjà plus petite et chétive que les autres, mes cheveux mi-longs s’arrêtaient au dessus de mes épaules.

J’étais bien évidemment dispensée des cours d’éducation physique, je passais mon temps à observer les autres élèves faire ce que je ne pouvais pas.
L’école servait à définir dans quels domaines nous étions doués pour choisir dans quelle branche nous irions pour notre avenir. Il était déjà clair que les postes physiques étaient incompatibles avec ma constitution. Si je restais en vie jusque là.

Ce jour là, j’étais comme d’habitude sur le banc à les observer.
J’étais étrangement intriguée par la jeune fille aux bouclettes.
Peut-être parce qu’elle était physiquement tout l’inverse de ce que j’étais.
J’avais une envie irrationnelle de lui parler, parce qu’elle était plus accessible que les autres, parce qu’elle était seule tout comme moi.

Elle était en train de se battre avec les autres, de manière assez violente. Je ne discernais pas très bien ce qu’il se passait.
Ils étaient en train discuter ou de se disputer, puis la fillette sauta sur une des personnes en face d’elle. Le garçon fut pris au dépourvu et se retrouva vite submergé par la force de son adversaire.
Elle lui avait collé une droite, bien placée.
L’institutrice avait dû intervenir et les avait séparés.
Quelques minutes plus tard, la turbulente était venue s’asseoir à côté de moi.
Elle ne dit rien.
Je réfléchissais à un moyen de commencer la conversation puis je me ravisais.
Elle risquait d’être encore plus mise à l’écart par ma faute.
Je me vis imaginer un dialogue avec elle, où je commençais à lui parler du beau temps.
Puis je ris de ma stupidité. Du ridicule de la situation.
Je réprimais un sourire.
Elle se tourna vers moi, et remarqua mon petit rire.

— Tu te moques de moi ?!

Elle avait une voix très douce et pourtant je devinais son énervement face à ma réaction.
Je me tournais à mon tour vers elle et je pus l’observer de plus près.
Elle était couverte de terre et de sable sur quelques parties de son visage, ainsi que sur ses vêtements.
Elle n’en restait pas mignonne, ses cheveux mi-courts ondulés, ses petits bouclettes s’étaient collées à sa nuque à cause de sa transpiration.
Les reflets de ses boucles dorées étaient magnifiques.
Je restais là, à l’observer, avec mon air idiot.

— T’es muette ou quoi… ?

Ses mots m’extirpèrent de ma contemplation et je dus m’excuser.

— Ça te fait rire que je sois punie ?!

Elle était agacée, cela s’entendait dans sa voix. Elle se détourna de moi et observa les autres élèves sur le terrain.

— C’est que… je ne vois pas bien de loin…
— Tu veux dire que tu ne m’as pas vu donner une leçon au gars là-bas… ?

Elle riait, à son tour.

— Tu as raté quelque chose ! … Pourquoi tu rigoles toute seule alors… ?

Elle me regardait avec un air d’incompréhension.

— Je… me parlais toute seule…

Repondais-je, à moitié dans la barbe que je n’avais pas.
Elle entendit très bien ma réponse et éclata de rire.
J’étais tellement embarassée, j’avais baissé la tête et observait intensément le bout de mes pieds.

— T’es vraiment bizarre !
Dit-elle en reprenant son souffle.

Je commençais à me dire que les gens ne m’approchaient pas, pas parce que j’étais faible, mais à cause de ma bizarrerie…

— T’es drôle…
Lâcha t-elle en essuyant ses larmes de rire.

Nous n’étions pas censées nous parler pourtant je ressentais quelque chose au fond de moi. J’étais heureuse d’avoir pu lui parler. Je me sentais étrangement bien.

— Je ne comprends pas trop pourquoi les autres t’ignorent… Je sais que c’est la règle… mais… Ça te dérange si je continue à t’adresser la parole ?

Elle m’avait demandé cela de but en blanc.

2015.03.08

Prémédité

Elle s’approcha de la jeune fille, et prenait un malin plaisir à observer la peur se dessiner sur son visage.
Elle savait qu’elle ne la voyait pas à cause de l’obscurité et elle en profita pour l’empoigner par le cou et l’amena sur le lit tout en gardant ses mains contre sa gorge.

La jeune fille n’avait pas pu se défendre, elle agrippait les poignets désespérément, en espérant qu’elle relâche son emprise.
C’était pitoyable. Sa lutte était complètement inutile.

Elle fit par la lâcher parce qu’elle ne voulait pas qu’elle meure aussi facilement.
Alors que la petite poupée blonde reprenait son souffle tout en se massant le cou, elle l’électrocuta avec sa magie. Elle fit attention à la garder vivante tout en l’empêchant de se mouvoir. La puissance du courant qu’elle avait utilisée était assez puissante pour la paraliser et la laisser en état de choc, tout en la gardant consciente.
Elle s’approcha de la lampe de chevet et la brisa sur le sol. Elle approcha les quelques étincelles des draps du lit et les aida à prendre feu.
Des flammes prirent vie et commencèrent à grignoter lentement le lit.
Elle recula et contempla la magnifique scène qu’elle avait créée.
Le corps de sa victime incapable de s’enfuir, sur son lit de mort et ne pouvant qu’observer les flammes s’approchant d’elle dangereusement.
Elle quitta la scène du crime et retourna à sa journée comme si de rien n’était.

Il était sur le point de quitter la grotte, il sentit comme une agitation.
Il demanda à ses sujets ce qu’il se passait.

— Rien de grave, Monsieur. Il semblerait qu’un incendie se soit declaré dans une chambre. Nous avons envoyé une équipe pour s’occuper de ce problème dès maintenant.

Il eut un mauvais pressentiment.
Il demanda tout de même le lieu et l’étage de la chambre.

— De la fumée est apparue à votre étage, nous faisons notre maximum pour trouver la source de-

Il eut à peine le temps de finir sa phrase qu’il fit marche arrière et se précipita à l’étage où se trouvait sa chambre.
Il avait un très mauvais pressentiment et espérait de tout coeur que sa prisonière n’avait rien.

Elle ne pouvait pas bouger. Son corps était paralysé et elle sentait des picotements partout en elle.
Elle toussait pour reprendre son soufle et était allongée sur le dos, sans pouvoir faire le moindre mouvement.
Elle sentait les flammes s’approcher, la chaleur montait rapidement.
Lorsque son agresseur quitta la chambre en claquant la porte, elle tenta par tous les moyens de se mouvoir.
Elle devait s’éloigner de ce lit le plus rapidement possible si elle ne voulait pas finir brûlée vive.
Elle se tourna sur le ventre.
Elle réussit à ramper lentement jusqu’au rebord du lit.
Elle tomba et la douleur ressentie lorsqu’elle toucha le sol lui permit de reprendre un peu plus ses esprits.
La fumée accumulée dans la pièce rendait l’air ambiant irrespirable.
Sa position au ras du sol lui était favorable pour avoir un peu d’air frais.
Elle utilisa le peu de force qu’il lui restait dans ses bras pour se déplacer tout en trainant son corps jusqu’à la sortie.
Son état semi-somnolant ne l’aidait en rien.
Elle commençait à être fatiguée, ses paupières tombaient malgré elle.
La fumée augmentait et l’air manqua rapidement.
Elle toussait et elle était qu’à quelques centimètres du lit, elle savait qu’elle n’y arriverait pas.
Elle avait beau lutter pour rester éveillée, le manque d’air n’aidant en rien, elle finit par perdre connaissance.

Les gens couraient de toutes parts pour fuir cet étage et l’équipe de secours se hatait pour chercher la source de la fumée.
Ils étaient à quelques mètres de la porte de sa chambre.
Il les écarta de son chemin et enfonça sa porte, il entra en trombes et vit son lit à moitié en feu.
Son coeur s’arrêta et il la chercha désespérément des yeux.
L’equipe le suivit et commença à traiter le feu.
Il vit alors le corps à quelques mètres du lit, le visage contre terre.
Il courut vers elle,l’attrapa et l’éloigna de la pièce.
Elle était inconsciente.

À quelques mètres de la pièce, il était accroupi avec elle dans ses bras.
Il tentait de garder son calme mais au fond de lui, il était perdu, il s’inquiétait pour elle, c’était peut-être bien la première fois qu’il se souciait autant de quelqu’un. Il ne voulait pas la perdre. Il s’y était attachée. Il imagina le pire des cas, il retenait ses larmes et essayait de garder son calme.
Il toucha son pouls, il était faible.
Il approcha son visage du sien pour sentir si elle respirait encore.
Elle ne respirait plus.
Son coeur s’arrêta une deuxième fois.
Il l’allongea et commença à faire les gestes de premiers secours.
Il lui fit du bouche à bouche, à plusieurs reprises.
Au bout de quelques minutes elle reprit ses esprits et toussa fortement pour reprendre son souffle.
Il ne put s’empêcher de la serrer dans ses bras, et ses larmes coulèrent malgré lui.

Elle ne se rendit pas compte de ce qui venait de se passer mais il la serrait tellement fort dans ses bras.
Tous les sujets s’étaient enfuis et il ne restait qu’eux à l’étage, mis à part l’équipe qui avait maîtrisé le feu.
Ils avaient conclu à un accident, au vu de la lampe brisée qu’ils avaient retrouvée au pied du lit.
L’affaire fut classée rapidement.

Il aurait pu croire à une tentative de suicide de sa part mais ce n’était pas possible.
Il avait changé de chambre sans en donner la localisation à personne, en attendant de mettre les choses au clair.
Il avait allongé la petite pour qu’elle puisse reprendre ses esprits et lui parler de ce qu’il s’était passé.
Elle lui raconta ce dont elle se souvenait mais elle n’avait vu aucun visage. Elle ne se souvenait que des flammes.
Il en conclu que quelqu’un parmi les siens voulait tuer sa prisonière.
Il fut prit d’une colère qu’il garda au fond de lui, en espérant mettre la main sur la personne responsable.
Il allait redoubler de sécurite pour sa protégée, et ne la quitterait pas des yeux.
Il arrêta peu à peu de la droguer et décida de s’ouvrir un peu plus à elle tout en apprenant à la connaitre.

2015.03.06

Engrenage

Il souhaitait simplement s’amuser avec les sentiments de la jeune fille.
Cependant il fut rapidement prit à son propre piège
Tout d’abord froid, il ne put s’empêcher de se prendre au jeu de la fillette qui était joyeuse et qui montrait à quel point elle était heureuse d’être à ses côtés. Elle se comportait comme avec celui qu’elle aimait.
Bien qu’elle voyait qu’il était étrangement distant et froid, elle tentait de briser cette glace.
Elle l’embêtait et le taquinait.

La première fois qu’elle voulut le taquiner, elle s’approcha de lui par surprise et l’effraya. Alors qu’elle s’attendait juste à le voir sursauter et se fâcher, il fut prit au dépourvu et riposta en pensant à une attaque ennemie. Il la plaqua contre le mur avec son avant-bras.
Elle fut choquée et le chercha dans ses yeux.
Il reprit ses esprits et lorsqu’il se rendit compte de ce qu’il venait de faire, s’excusa et se détourna.
Elle pleura et demanda pardon. Il ne s’y attendait pas.
Il chercha des excuses pour son comportement et ne put se résoudre à lui mentir.

— Je suis désolé… Je suis un peu sur les nerfs à cause de mon travail…

Elle s’était mise à pleurer sous le choc, elle avait eut tellement peur.
Elle savait que c’était irrationnel et essayait de retenir ses larmes et cesser de pleurer, en vain.
Elle tremblait encore.

Il était perdu. Il pensait que cela serait drôle de recevoir de l’amour inconditionnel de la part d’une inconnue.
Ses réactions le destabilisaient.

Elle s’approcha de lui, tremblante et lui toucha la joue.
Elle essuya ses larmes.

— Je suis désolée, je ne recommencerai plus. Est-ce que je peux faire quelque chose… ?

Elle lui avait adressé un regard tellement empli d’amour qu’il était resté muet, le temps qu’il traite ces informations.
Il ressentit naître au fond de lui un nouveau sentiment encore inconnu.
Il lui attrapa la main et l’attira vers lui pour la serrer contre lui.
Il voulait arrêter son petit corps frêle de trembler.
Il sentit qu’il pourrait peut-être lui faire confiance.
Elle lui apportait de la chaleur humaine.

Il lui arrivait de poser une couverture sur ses épaules lorsqu’il travaillait sur son bureau.
Elle s’approchait de lui doucement, et posait sa chevelure blonde sur son épaule.
Lorsqu’il était absent, elle passait son temps à dormir.
Elle était heureuse de passer un peu de temps à ses côtés lors de ses réunions publiques.

Il commençait à éprouver des sentiments pour elle.
Il comprenait pourquoi son homme était tombé amoureux d’elle.
Il était jaloux de lui et à la fois triste qu’elle ne l’aime pas pour de vrai.
Son amour pour lui était fictif.

Lorsqu’il faillit la perdre à cause de l’incendie.
Il se rendit compte que peu importait si elle ne l’aimait pas réellement.
Il ferait tout pour la protéger. Il souhaitait la chérir.
Quitte à l’intégrer dans sa société et la faire gouverner avec lui son monde.

2015.03.06

Rambarde

J’étais appuyée contre la rambarde et j’avais le regard perdu dans les feuillages en hauteur.
Une brise tiède carressait mon visage et mes longs cheveux couleur charbon.
Je fermais les yeux et profitais de ce court instant.
De nombreuses lianes aux couleurs chattoyantes pendaient et me faisaient penser à des guirlandes de festival.
À cause de ma myopie, j’observais tout ce décor flou tel un tableau abstrait.
De temps en temps je fermais les yeux pour les reposer et tenter d’imaginer cette scène de manière plus nette.

Je sentis un regard se poser sur moi et je me retournais dans sa direction.
Un homme me fixait. Il était de carrure athlétique, rien qu’à observer ses muscles qui moulaient son débardeur.
Il avait quelques bandages, mais je pouvais deviner qu’il faisait partie d’une école de combat. Il était plutôt grand, et avait les cheveux courts un peu moins sombres que les miens. Ses yeux étaient d’un noir sans fond. Je crus m’y perdre dans ces ténèbres.
Je n’avais pas le souvenir de l’avoir déjà vu.
Il était trop loin de mon champ de vision pour que je puisse décrire plus précisement ses traits de visage, et il commença à me trouver étrange parce que je m’étais mise à plisser les yeux.
Il se rendit compte du ridicule de la situation et sortit de sa torpeur. Il commença à bouger et reprendre son chemin, comme si de rien n’était.
Il avait dû également se tromper et me confondre avec une autre personne.

Je vis mon amie arriver au loin. Je reconnaitrais sa démarche et ses couleurs entre plusieurs personnes.
Elle me fit un signe de la main.
Elle fut intriguée par la personne qui s’était arrêtée devant moi et me questionna.
Je n’en savais pas plus qu’elle.
Elle me prit par la main et nous partîmes nous promener.

2015.03.04

Manipulation

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, elle était allongée dans un lit, elle ne reconnaissait pas le lieu. Il faisait sombre et la seule source de lumière était une petite lampe qui se trouvait à son chevet, qui diffusait une teinte rouge bordeaux autour d’elle.
Il y avait une personne à moitié affalée à côté d’elle, les jambes par terre et le haut de son torse ainsi que sa tête, étaient allongés près d’elle.
Il s’était endormi de cette manière.
Elle se pencha un peu pour voir qui était cet inconnu, et le reconnu.
Étrangement, elle le connaissait, elle savait que c’était une personne chère à son coeur, qu’il s’appelait Ruslan, il lui était familier. Elle passa ses doigts dans ses longs cheveux blancs et joua avec ses mèches.
Elle trouvait cela étrange, elle avait l’impression de ne pas le connaitre alors qu’elle se souvenait de tous les moments qu’ils avaient passés ensemble et de ses sentiments envers lui.

Il ne dormait pas vraiment, lorsqu’il sentit qu’elle jouait avec ses cheveux, il fut prit d’une certaine panique et par réflexe, il lui attrapa le poignet comme s’il se sentait menacé, puis il reprit ses esprits assez rapidement et mesura sa force, et la traita avec un peu plus de douceur.
Il caressa sa propre joue avec la main de Varvara, et observa sa réaction.
Il était épuisé d’avoir altéré sa mémoire, et devait s’assurer que cela avait marché.

Elle eut un petit sursaut au début, puis lui lança un regard plein de tendresse lorsqu’il lui prit la main.
Elle avait du mal à se souvenir de ce qui s’était passé avant, tout ce qu’elle ressentait c’était la douleur dans tout son corps.
Lorsqu’elle voulut bouger, les douleurs réveillèrent les mauvais souvenirs qu’elle voulait oublier.
Ruslan se leva pour vérifier si tout allait bien.

— Ne bouge pas trop, repose-toi…

Il avait une voix douce, elle avait l’impression de ne l’avoir jamais entendue apparavant.
Il l’allongea et s’assit à côté d’elle, sur un fauteuil qu’il amena.

— Quels sont tes derniers souvenirs… ?

Il n’y allait pas de main morte. Il fit attention à bien choisir ses mots, tout de même.

— … J’étais… enfermée dans une pièce… sombre… et je…

Cela lui faisait de la peine d’en parler.
Il lui serra la main.

— Ne t’inquiète pas, tout va bien maintenant, je vais m’occuper de toi…

Il jouait relativement bien la comédie, et donnait l’impression d’être triste pour elle.
Il l’embrassa sur le front.
Il lui fit croire qu’il était en réalite le chef de cette demeure et qu’elle ne craignait rien tant qu’elle restait ici.
Elle ne devait pas sortir parce qu’il la cachait pour l’instant.
Que le méchant n’était plus ici et qu’il prendrait soin d’elle.
Il quitta ensuite la pièce.

Elle entendit une porte s’ouvrir et se refermer, puis aucun bruit.
Elle entendait quelques pas à l’extérieur mais presque aucun bruit ne pénétrait dans cette pièce, ni la lumière.
Elle commença à s’habituer à l’obscurité, petit à petit.
Elle remarqua les bandages qu’elle avait au niveau de ses poignets.
Elle avait perdu beaucoup de sang et elle ne savait plus à quand remontait son dernier repas.
Elle était encore dans sa robe en laine complètement déchirée et sale.
Ruslan revint quelques minutes après, avec une pile de vêtements sous les bras, ainsi qu’un plateau de nourriture.

— Tu dois avoir faim, n’est-ce pas ?

Il posa le plateau sur le chevet.

— Est-ce que ça ira ?
Demanda t-il.

Il avait pu se rafraîchir les idées en quittant la pièce et tenter de réfléchir à quel genre de comportement il devait avoir.

— Je t’ai également apportée de quoi te changer…
— Je… pensais que tu étais mort…
Finit-elle par dire.

Ses souvenirs revenaient petits à petits ainsi que leur chronologie. Et des larmes coulèrent sur ses joues.
Il la serra dans ses bras.

— Je vais bien, je suis là maintenant.

Il ressentait des sentiments inédits, c’était la première fois qu’il entendait la voix de Varvara dire autant de choses, en face de lui.

Elle lui rendit son étreinte et il se sentit encore plus mal. Jamais personne ne l’avait jamais étreint de cette manière.
Elle essuya ses propres larmes.
Elle n’avait jamais remarqué comme il avait de beaux cheveux.
Ils étaient longs et lisses et brillaient avec de jolis reflets rouges de la lampe.

Il avait du mal à gérer ses émotions et s’eclipsa peu après, prétexant qu’il avait des choses à faire.

Elle mangea ce qu’il avait amené sans poser de questions et porta les vêtements prévus. C’était une sorte de robe à longues manches fines et souples, le bas était également très long et recouvrait jusqu’à ses pieds. À croire qu’elle était faite sur mesure.
Malgré le tissu très fin, elle tenait chaud et les différentes couches étaient douces au toucher.
Elle eut sommeil, et s’allongea sur le lit en attendant.
Lorsqu’il revint, elle dormait à poings fermés.

Ainsi il la droguait tous les jours, avec de la nouritture pour qu’elle puisse récupérer un minimum, mais elle était prise de sommeil et passait son temps à somnoler.
Au bout de quelques jours, il la sortit et l’emmena dans la salle du trône où il donnait les ordres à ses sujets.
Il avait préparé un petit coussin assez grand pour qu’elle puisse y dormir recroquevillée, mais pas trop imposant non plus.
Elle était à côté de lui et s’endormait sur ses genoux. Ou bien même, il lui arrivait de s’endormir dans ses bras.
De temps en temps, elle dormait tel un animal de compagnie à ses pieds.

Ses sujets étaient impressionnés. Il avait comme dompté la jeune fille, qui, habillée de manière différente tous les jours, était un régal pour les yeux des gens qui venaient lui rendre visite.
Cependant, Robine haïssait cette petite.
Elle avait attiré l’attention de tout le monde, de plus elle avait toute l’attention de Ruslan et cela elle ne pouvait pas le supporter. Elle songeait déjà à un plan pour la tuer sans que cela ne se voit.

Varvara ne comprenait pas très bien la situation.
Elle était fatiguée mais Ruslan lui disait que c’était normal, qu’elle devait prendre le temps de se remettre de ses blessures.
Lorsqu’elle se réveillait, elle était parfois dans une salle sombre, elle entendait des voix au loin discuter de sujets qu’elle ne comprennait pas, elle ne voyait pas ce qu’il se passait.
C’était toujours Ruslan qui lui apportait à manger parce qu’il disait qu’il voulait être sûr que personne ne l’empoisonne.

Ils avaient prit l’habitude de dormir ensemble.
Elle se collait contre lui et s’assoupissait bien qu’elle dorme déjà tout le reste de la journée.
Il la serrait dans ses bras et lui disait qu’il se sentait merveilleusement bien avec elle.
Elle avait l’impression de redécouvrir quelqu’un mais elle ne fit pas attention. Elle l’aimait, même si elle avait du mal à l’appeler par son prénom. Ses lèvres ne se souvenaient pas d’avoir prononcé son prénom.

Un jour, quelqu’un entra dans la chambre qu’elle occupait avec Ruslan.
Ce jour là, elle était seule.
Ruslan l’avait laissée ici parce qu’il avait eu affaire ailleurs.
Personne n’était censé pouvoir entrer ici.
Elle crut qu’il était revenu, mais lorsqu’elle l’appela, il n’eut aucune réponse et les pas qui s’approchaient d’elle étaient inconnus.
Elle recula et s’approcha de la lampe.
Les pas se rapprochaient mais elle ne voyait toujours personne.

Robine eut l’occasion rêvée de tuer Varvara.
Elle savait que Ruslan n’était pas là pendant une courte durée ce jour-ci et elle en profita pour se faufiler dans sa chambre.
Elle savait qu’elle y trouverait Varvara.

2015.03.02

Altération

Il commençait à se lasser de cette haine qu’il recevait et se demanda s’il y avait moyen de renouveller son divertissement.
Alors que Varvara était encore inconsciente, il s’approcha d’elle et posa sa main sur sa tête.
Il pénétra dans sa mémoire et vit alors toutes les scènes avec Vuskolav et les sentiments qu’elle éprouvait pour lui.
Il était jaloux et en même temps, il comprit mieux la mort de son homme de main. Il connaissait maintenant la vérité sur sa mort.
Il eut une idée plus qu’intéressante et altéra ses souvenirs.
Pour lui c’était un jeu d’enfant.
N’ayant jamais goûté à un amour aussi fort, il voulut s’amuser en voyant Varvara se comporter ainsi avec lui.
Il changea sa place avec Vuskolav et vice-versa, faisant croire qu’elle l’aimait et que Vuskolav était le tyran qui l’avait maltraitée.
Il jubilait déjà de son plan.
Cette opération était évidemment tres épuisante, mais il savait qu’il ne craignait rien de cette jeune fille impuissante. Heureusement qu’il était dans sa chambre privée et qu’il avait demandé à ne pas être dérangé sous aucun prétexte.

2015.0213

Paroi

Elle l’avait plaquée contre la paroi sans le vouloir, ne contrôlant pas sa force.

Sa tête avait cogné, l’étourdissant un peu, elle fit une grimace.

Elle comprit qu’elle était allée un peu loin.
Elle voulut s’excuser, elle posa sa main sur son épaule.

Elles se regardèrent mutuellement.
La plus petite la regardait avec un regard triste, tendit que la plus grande, tout d’abord énervée, finit par se calmer.

— Je…

Elle n’arrivait pas à trouver les mots et ses sentiments la rendait confuse.
Elle ne supportait pas qu’elle mette sa vie en danger et encore moins que sa survie dépende d’une autre personne.
Elle se frotta la tête avec sa main gauche, cherchant ses mots.

— Tu te rends compte du danger que tu encours ?! Je ne lui fais pas confiance ! Je ne veux pas que tu partes avec lui !

L’autre fille finit par comprendre la raison de son énervement et lui sourit gentiment.

— Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer. Je lui fais confiance.

Elle lui prit la main sur son épaule et la serra entre ses doigts.
L’autre, tendit sa main gauche vers le visage de son amie et posa sa tête sur son épaule.

— Je suis désolée de t’avoir fait mal…

Elle la serra dans ses bras.

— Je m’inquiète juste… Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose…

2015.02.12