Éclair

Son corps lui était étranger.
Il était devenu plus discret de se couper les cheveux.
C’était moins voyant lorsque ses cheveux décidaient de se mouvoir de leur propre volonté.
Selon le jour, son corps décidait d’arborer des attributs de femme ou d’homme, si ce n’étaient les deux, dans la même journée.
Sam portait des vêtements amples qui cachaient le plus possible ses formes.

Lorsque que Sam décida d’en parler à ses parents, ils furent dépassés par cette situation.
Sam était le fruit d’une adoption et on ignorait tout de ses origines, et de ses parents biologiques.
Ils firent leur possible pour lui apporter du soutien mais Sam ne se sentait pas à sa place.

— Même si nous ne sommes pas tes vrais parents, nous t’aimons et nous voulons être là pour toi.
Avait dit sa mère.

Ces mots étaient gravés dans son coeur.
Le collège n’était pas très clément envers lui.
L’adolescence encore moins.
Parfois avec des traits féminins, parfois un peu plus masculins.
Sam était un peu la bête de foire de la cour et avait fini par se réfugier au CDI lors des récréations.
En tapant quelques mots-clés et le hasard des clics sur l’ordinateur connecté à internet, Sam trouva des informations très intéressantes sur le survivalisme.
Ne voulant pas être un fardeau pour ses parents, qui ne comprenaient pas non plus ce qu’il lui arrivait, Sam voulait partir loin de tout.

Après des mois de recherche, Sam réussit à se procurer un nécessaire d’outils pour enfin partir.
Laissant une lettre à ses parents.

Chers parents bien aimés,
Je pars loin, ne me cherchez pas.
Je sais que je ne suis pas humain et je ne veux pas vous causer plus de souci.
Portez vous bien,
Je vous aime.

Sam

Voyageant clandestinement.
Partir dans un lieu le plus reculé.
Sam n’avait même pas fini le collège.
Avec son sac de randonnée et son jeune âge, Sam avait l’air suspect.

*

Sam arriva au pied d’une montagne et décida de pénétrer dans la forêt.
Il se mit à pleuvoir et un éclair d’orage éclata non loin.
Sam sursauta et vit devant lui une silhouette dans une grande cape, qui le fixait.
Sam eut un moment de recul.
Cette silhouette avait l’air de sortir de nulle part et il faisait nuit.
Plus Sam reculait et plus la silouhette avançait vers lui.
Sam finit par tomber sur les fesses et essaya de se relever aussi vite que possible.
La silhouette s’abaissa sur lui.

— Intéressant… qu’est-ce qu’un changeforme fait ici ? Tu t’es perdu… ?
Sa voix était rauque et malicieuse.

Sam décida de ne pas répondre, et essaya d’analyser les informations.

— Un changeforme… ?
Répéta t-il, perturbé.

— Tu ignores ce que tu es ?!

L’intéret de l’inconnu était suscité.

*

— Tu n’as rien à faire ici, petit.
Dit la silhouette hostile.

Sam garda sa position.
La silhouette s’approcha de lui pour l’intimider et Sam finit par reculer et tomber, sa capuche tombant également vers l’arrière avec l’impact, laissant à découvert son visage.

— Un changeforme ?!
S’exclama t-il.

La silhouette l’attrapa par le bras et le souleva pour le voir de plus près.

— Intéressant…

— Je ne veux pas t’entendre pleurer ou chouiner. Si tu n’es pas content, tu t’en vas.
Si je ne suis pas satisfait, je te vire. Est-ce que c’est clair ?

Sam fut pris comme élève par cet inconnu qui lui apprit énormément de choses sur le monde parallèle au sien.
Il avait de toute manière nulle part où aller.

2019.07.21

Califourchon

Alexandra frappa à la porte de Chris après le dîner.
Elle savait qu’il était dans sa chambre dans ces horaires-là.
Il ne cacha pas sa surprise lorsqu’il la vit en ouvrant.
Il la jaugea l’air de lui demander ce qu’elle faisait là.
Espiègle comme elle l’était, mais tout de même gênée par la situation. Elle n’osa pas le regarder dans les yeux.

— Est-ce que je peux entrer… ?

Il se décala pour lui laisser la place de pénétrer dans son antre.
C’était une pièce assez modeste et simple. Rien de superflu. Le connaissant, ce n’était pas étonnant que rien ne traîne et que sa chambre soit impeccable.
À une exception près, son bureau. Il restait un carnet ouvert avec un crayon qui était posé là, comme s’il avait été interrompu.
Il soupira en refermant la porte et se retourna vers son élève qui était en train d’inspecter avec curiosité les alentours.

— Je peux t’aider ?
Dit-il avec impatience.

Elle s’assit, sans gêne, sur le rebord de son lit une place.
Elle tapota l’espace qu’il restait en invitant Chris à la rejoindre.

— Il est tard, ça ne pouvait pas attendre demain ?
Demanda t-il agacé.

Elle s’allongea sur ses genoux et ne tourna pas autour du pot.

— Est-ce que tu m’aimes ?
Demanda t-elle en le regardant droit dans les yeux.

Totalement prit de court par cette question, il bafouilla.

— P-pardon ? Si c’est une blague, ça n’a rien de drôle. Retourne dans ta chambre.

Il aurait voulu se lever et la forcer à sortir mais elle était allongée sur lui.

— Je suis sérieuse. Elle se releva et s’asseya sur lui à califourchon, le laissant dépassé par la situation.

— Qu’est-ce que tu fais ?!
Dit-il paniqué.

Elle avait passé ses bras autour de son cou et ses jambes autour de son torse.
Elle se pencha dans le creux de sa nuque pour l’embrasser.
Elle le sentit frissonner.
Il posa une de ses mains sur le bras d’Alexandra et l’autre sur sa cuisse, et la força à se dégager mais elle tenait bon. Il tenta de rester impassible.

— Arrête ça tout de suite.

Son ton était grave.
Alexandra ne se laissa pas décourager et elle profita de cette position pour se pencher de tout son poids sur Chris et le faire tomber dos au lit.
Son visage s’arrêta juste en face de celui du jeune homme qui la stoppa avant qu’elle ne se cogne contre lui.
Les yeux dans les yeux, Chris n’était pas à l’aise.
Elle le dévorait de son regard, attendant un pas de sa part.
Il n’aimait pas être ainsi en position de faiblesse.
Il prit un minuscule élan pour pivoter et faire rouler son élève sur le lit et qu’elle se retrouve dans la position où il se trouvait.
Il plaqua ses deux bras avec ses grandes mains de combattant, contre le lit, l’empêchant de se déplacer ou de tenter autre chose.
Il avait l’avantage d’être plus lourd. Ainsi sur Alexandra, elle était également immobilisée du bas du corps.
Il fit l’erreur d’approcher son visage et lui dire de se calmer.
Elle saisit l’occasion et avança sa tête pour l’embrasser.

2019.07.14

Torse

Elle le poussa dans son lit, puis s’allongea sur lui telle une prédatrice.
Elle y alla de manière sensuelle.

*

Il lui attrapa le poignet droit avec sa poigne.

— Ne fais pas ça…
Dit-il en la suppliant de sa voix tremblante et de son regard plus expressif que jamais.

Lui qui était d’habitude si sûr de lui, à cet instant il semblait n’être qu’un simple enfant prisonnier de ses sentiments.
Il la regarda droit dans les yeux et elle vit à quel point il luttait pour ne pas franchir le pas.
Elle était allongée sur lui, dans son lit. Bien qu’entièrement habillés, la tension sexuelle était palpable.
Elle ignora ses mots et n’écouta que son corps.
Elle avait envie de Chris. Elle lui faisait confiance.
C’était lui qu’elle voulait et personne d’autre.
Elle voulait découvrir cette expérience avec lui.
Elle se colla torse contre lui, ou plutôt poitrine sur son torse.
Elle sentait les pulsations de son coeur battre fort et vite au contact qu’elle venait de créer.

*

Des grosses larmes coulèrent de ses yeux et vinrent s’écraser directement sur la joue de Chris.
Son visage juste au dessus du sien, ses cheveux en tresse retombaient grossièrement d’un côté et pendaient dans le vide.

— Mes sentiments sont sincères…
Dit-elle en se forçant à garder une contenance.

Chris ne put rester insensible à ce liquide inutilement versé et qui s’était écrasé sur son visage.
Il resta sans voix et ne sachant pas quoi dire, ni trouver les mots justes.

— Pourquoi tu refuses mes sentiments ?
Sanglota t-elle.

— Tu me mets dans une situation délicate…
Finit-il par dire, en soupirant.

Il se releva et s’assit en continuant à lui tenir le poignet.
Il prit soin de la regarder dans les yeux. Le visage à quelques centimètres du sien.

— Je suis ton professeur, ton tuteur et ton père est mon supérieur. Est-ce que tu es consciente dans quel position tu me mets ?
Soupira t-il, sur le ton du sermont.

2019.07.12

Interpeler

Je sortais de chez moi, prévenant mes parents que je m’absentais rapidement.
Je ne craignais rien mais ils étaient toujours trop inquiets à mon sujet, surtout pour mon état de santé qui était une bombe à retardement.

Cela faisait quelques semaines que j’étais en formation chez la mère supérieure, déjà.
J’avais le droit de sortir me balader sans trop m’éloigner de la zone des Protecteurs.
Malgré sa magie guérisseuse pour tenter de stabiliser mon état, je n’étais pas au meilleur de ma forme mais cela suffisait pour que je puisse être indépendante, du moins pour l’instant. J’étais consciente de la chance d’être encore en vie et de ne pas être dans un état de mourante.

Je me rendais à mon endroit préféré. Une petite passerelle qui surplombait une partie de l’Arbre. J’adorais me pencher légèrement sur le rebord et respirer l’air frais.
Mes cheveux virevoltaient alors dans le vent.

Cet endroit me rappelait quand je profitais du paysage un peu plus bas.
J’étais toujours aussi myope, cela n’avait pas changé.
Je voyais toute cette masse de verdure bouger au gré du vent, ainsi que des mouvements des passants en aval.
Quelqu’un m’interpela.

2019.06.22

Retranchements

Chris avait de plus en plus de mal à gérer ses sentiments lorsqu’il entraînait sa protégée.
Il voulait l’entraîner sérieusement mais l’amour qu’il éprouvait pour elle l’empêchait de se donner à fond et il retenait ses coups.
Elle apprenait vite et ses capacités arrivèrent à acculer Chris. Elle le poussa dans ses retranchements et il finit par se laisser porter par les échanges de coups.
Alors qu’elle allait lui asséner un coup violent, il contre attaqua après avoir évité de justesse. Il avait réagit par réflexe et ne se rendit compte qu’après qu’il y était peut-être allé un peu fort.
Il projeta Alexandra à quelques mètres de lui. Elle était à terre et il se précipita aussitôt à ses côtés pour s’enquérir de son état.

— Excuse-moi, ça va… ?
— Oui oui…

Reprenant ses esprits, un peu sonnée, elle tenta de se relever en s’aidant de ses coudes.
Il l’aida en passant sa main derrière son dos.
Elle eut un moment de faiblesse et Chris la soutint d’une main dans le dos.

— Tu es sûre que tout va bien ?!
S’inquiéta t-il.

— Oui oui, juste un moment d’inattention.
Dit-elle en se forçant à sourire.

— Arrête ton cinéma et dis-moi où tu as mal.
Dit-il sur le ton du sermont.

Son visage était qu’à quelques centimètres de celui de son élève. Elle semblait lui tenir tête.
Il n’avait qu’une seule envie, celui d’embrasser ses lèvres.
Il était dans un conflit intérieur parce qu’il ne pouvait pas embrasser la fille du patron sans penser aux conséquences.
Elle l’observait, perdu dans sa bataille psychologique.
Elle s’approcha encore plus de lui.
Il paniqua et prit le recul nécessaire en se relevant.

— Si tu ne veux rien me dire, débrouille-toi toute seule.
Dit-il, en essayant de garder un ton neutre.

Elle se jouait de lui et de ses réactions.

— Je crois que je me suis cassé le coude.
Finit-elle par dire.

Il soupira et l’aida à se relever en lui soutenant l’autre bras.
Elle ne lui lâcha pas la main et atterrit dans ses bras.
Il tenta de ne pas la regarder dans les yeux, il évitait son regard.
Alexandra se doutait de quelque chose mais fit l’innocente.
Elle en profita pour le serrer dans ses bras en le remerciant pour l’aide.

2019.06.20

Douche [R-18]

Aurore était à moitié consciente.
Allongée sur le lit, un peu affaiblie, ne sachant pas où elle se trouvait.
Sam profita de cette occasion en or d’avoir Aurore aussi près d’elle. Elle se pencha sur le visage de la jeune fille aux traits d’ange.
Les longs cheveux de Sam, dont quelques mèches tressées étaient réunies derrière sa tête, retombaient légèrement sur le corps d’Aurore et semblaient prendre vie. Ils se glissaient sensuellement entre sa peau pâle et ses vêtements.
Aurore était partagée entre la sensation de chatouilles et l’excitation.
Sam contemplait le visage endormi d’Aurore.
Puis se rapprocha un peu plus en plongeant entre ses cheveux blonds et sa nuque. Elle respira la douce odeur de la jeune fille qui l’enivra.
Son souffle caressant la nuque jusqu’à ses épaules.
Se rendant compte de son indélicatesse, elle se releva et resta assise à ses côtés, la main posée sur le lit, l’autre se posant sur son visage pour l’aider à reprendre ses esprits.
Aurore avait apprécié ce moment et fut un peu frustrée lorsqu’elle s’arrêta.
Elle ouvrit ses paupières et attrapa le poignet de l’inconnue.

— Encore…
Murmura t-elle, un peu embarrassée par la situation.

Sam se retourna, surprise.
Aurore la regardait dans les yeux, les joues légèrement roses.
Sam approcha son visage jusqu’au sien, elles se scrutèrent un petit moment et Aurore avança ses lèvres pour frôler celles de l’inconnue.
Elles étaient douces, Aurore ressentit la passion qu’elle avait en elle et elles se caressèrent tendrement le bout de la langue.
Sam passa ses doigts entre les siens et de l’autre main, elle déshabilla minutieusement son otage.
Elle passa lentement sa main et en caressant la chair du ventre tout en épluchant le tissu pour le séparer de son corps.
Aurore réagissait en frissonnant et gémissant doucement, son corps bougeait lentement.
Sam retira sa main de la sienne et s’attaqua au bas.
Aurore l’aida en bougeant légèrement ses hanches pour pouvoir retirer son jeans.
Sam en profita pour retirer sa culotte également.
Aurore l’arrêta.

— … Je ne suis pas propre…
Dit-elle gênée.

— On peut aller prendre une douche, si tu veux.

Aurore acquiesça.
Sam l’aida à se relever et l’escorta jusqu’à la douche.
Elle se rincèrent et Sam prit un plaisir à savonner Aurore dans les moindres recoins.
Sam la rinça puis laissant couler légèrement le plafonnier d’eau chaude, elle l’attrapa dans le dos et la colla contre son corps chaud. D’une main elle caressait le bas des seins d’Aurore, de l’autre, elle l’avait entre les cuisses pour caresser ses lèvres du bas et de temps à autres, glissait ses doigts dans son intimité.

2019.06.14

Arbre

Accroupie au pied de l’arbre, je remettais quelques mèches qui me retombaient devant le visage, en passant mes doigts derrière mes oreilles.

— Tu as oublié quelque chose ?
Demandais-je en sentant une présence derrière moi.

Rose ne répondant pas, je me retournais et constatait avec effroi que c’était un inconnu.
Je fus tellement surprise que j’en perdis l’équilibre et me retrouvais fesses à terre.
J’étais dos à l’arbre et je cherchais à me relever le plus rapidement possible.
L’attitude de la personne ne me rassurait pas du tout.
De ses habits je pouvais deviner qu’il venait de l’extérieur.
Il s’approcha de moi en sachant que je n’étais pas en mesure d’aller bien loin.
Je n’avais pas l’habitude de gérer ce genre de situation. Je n’étais qu’une simple Ignorée et mis à part encaisser, je ne savais absolument pas me défendre et encore moins attaquer.
La peur me paralysait totalement, je tentais de ne pas laisser paraître mes tremblements tant bien que mal.
L’homme en face de moi continuait à avancer vers moi de manière menaçante.

*

Il la plaqua contre l’arbre et de sa carurre imposante, la surplombant, il s’adressa à elle.

— On est intimidée ? Qu’est-ce que tu fais par ici, hein ?

Son ton et son sourire ne présageaient rien de bon.
Elle ne savait pas quoi répondre et préféra garder le silence.

— Tu es une étrangère ? Je reconnais pas tes vêtements. Peut-être ne sais-tu pas que cet endroit n’est pas très fréquentable… tu comprends ce que je te dis, au moins ?

Elle hocha la tête en guise de réponse.

— Juste timide, je présume…

2019.06.11

Étranger

Rose l’avait accompagnée pour cette sortie spéciale.
Il fallait récupérer des herbes médicinales et autres plantes aromatiques qu’on ne trouvait que dans ces parages.
Elles ne risquaient pas grand chose, mais il valait mieux être plusieurs par mesure de sécurité.
Surtout qu’Alys n’était pas de consitution à savoir se défendre seule.
La balade n’était que plus agréable à deux.
Alys se pencha au pied d’un arbre pour récupérer quelques champignons et prendre des notes dans son petit carnet.
Rose s’éclipsa un instant se rafraîchir près du point d’eau.

Alys sentit une présence s’approcher d’elle, et ne s’inquiéta pas pensant que c’était Rose. Elle avait peut-être oublié quelque chose.
La présence resta derrière elle sans rien dire.
Alys finit par se retourner et eut un sursaut en s’apercevant que ce n’était pas son amie mais un étranger.

Il n’avait pas l’air commode et l’observait de manière insistante sans rien dire.
Elle tenta de s’éloigner de lui mais elle était sur les fesses, par terre.
Plus elle reculait et plus il s’approchait d’elle.
Il s’accroupit à son niveau et s’approcha de manière menaçante.

— T’es toute seule, ma jolie ?
Susurra t-il.

Elle ne savait pas quoi répondre et elle ne voulait pas lui répondre. Aucune réponse n’était bonne.

— On m’a vraiment dit n’importe quoi sur cette forêt.

*

Il l’attrapa par le poignet et la souleva à sa hauteur et la jaugea de son regard lubrique.
Elle essaya de ne pas montrer sa panique intérieure.
Après quelques instants, il lui asséna un coup de poing dans le ventre.
Elle se plia en deux de douleur.
Il lui lâcha le bras et pendant qu’elle se tenait le ventre en essayant de reprendre une consistence, il lui donna un coup derrière la nuque pour lui faire perdre connaissance.
Il la rattrapa avant qu’elle ne touche le sol et la jeta par dessus son épaule tel un vulgaire sac à viandes.
Il repartit sans demander son reste.

— Ça fera l’affaire.

Entre temps, Rose revint voir Alys et ne retrouva que son panier renversé et quelques champignons écrasés au sol.
Elle ramassa le panier et pensa qu’elle était peut-être rentrée. Elle tenta de l’appeler en vain.
À son retour à l’Arbre, elle demanda si Alys était chez elle.
La mère supérieure finit par sonder les lieux et aucune trace d’Alys.
Tout le monde pensa qu’elle avait fini par quitter d’elle-même l’Arbre.
La mère supérieure mena tout de même l’enquête.

2019.06.09

Ronds de fer

La forêt, le bois.
Pénétrer dans cet endroit était dangereux.
Pas seulement pour les bêtes sauvages qu’on pouvait y croiser, mais également pour s’y orienter.
Il n’y avait aucun sentier, les arbustes, les arbres et la végétation, rendaient l’endroit peu praticable.
On pouvait voir qu’au centre de cette forêt il y avait un arbre imposant qui dépassait et semblait percer le ciel, mais personne n’avait pu raconter à quoi il ressemblait de près.
Certains disaient que des assassins s’y cachaient et beaucoup qui s’y aventuraient avec de mauvaises intentions, finissaient par ne jamais revenir.
Cette forêt fut déclarée comme interdite, voir maudite.
Beaucoup trop dangereuse pour le commun des mortels.
Cependant certaines rumeurs disaient qu’elle abritait des remèdes miracles.

Lorsque l’état de la jeune fille empira, le jeune homme qui l’avait prise sous son aile, n’avait plus aucune solution, ni lui ni le médecin de la ville n’avaient de moyens pour l’aider. Alors le médecin lui parla d’un secret.
Il lui raconta la fois où il était allé dans la forêt pour sa défunte femme.

— Peut-être qu’Ils pourront faire quelque chose pour elle… Mais pénétrer la forêt est plus que dangereux… je ne peux rien vous promettre, vous risquez peut-être votre vie.

— Je ne la laisserai pas seule. Peu importe ce que je risque.

Il était aveuglé par ses sentiments.
La jeune fille pouvait encore marcher mais était beaucoup affaiblie.
Elle voulut insister pour y aller seule.
Étrangement elle ressentait quelque chose à l’évocation de cet endroit.
Comme si ses souvenirs lui revenaient.
Ils pénétrèrent dans cette forêt.
Les abords étaient engageants.
Dès quelques mètres, la végétation se fit dense.

— Si nous continuons tout droit, nous devrions tomber sur le tronc de l’arbre millénaire…

Il dégagea le passage pour qu’elle puisse suivre.
Les épines et ronces accrochaient légèrement ses vêtements et sa cape.
Elle reconnaissait cet endroit.
Plus ils approchaient, et plus ils entendaient des bruissements de feuilles et de bois qui craquelaient autour d’eux. Ils sentaient la présence de quelque chose.
De temps à autres, elle jetait un regard derrière elle.
Il était impossible de retrouver son chemin si elle devait retourner sur ses pas.
Son souffle était de plus en plus faible, elle sentait qu’elle n’allait de toute manière pas faire long feu.

— Tu devrais me laisser ici… je… il ne me reste plus longtemps à vivre… merci d’avoir fait autant pour moi alors qu’on se connaissait à peine…

Elle était à quelques mètres de lui, et elle sentit ses jambes fléchir et lentement son corps se rapprocher du sol.
Il se précipita vers elle mais quelque chose le retint.
Quelqu’un venait de sortir des feuillages et de le restreindre par derrière.
Il le força à se mettre à genoux, à terre.
Une autre personne s’approcha de la jeune fille qui était encore consciente mais allongée au sol, le regard perdut.
Elle venait de voir la scène et la force la quittant, elle ne pouvait presque plus bouger.
Elle sentit la présence de plusieurs personnes autour d’elle.
Elle luttait pour ne pas perdre connaissance.

— Que faites-vous ici ?

La voix n’était pas commode et semblait plus qu’irrité de leur présence ici.

— … je… cette jeune fille ne va pas bien et… on m’a dit que je pourrais peut-être trouver un remède dans la forêt…
Essaya d’expliquer le jeune homme, qui tentait de mesurer le poids de ses mots pour ne pas contrarier ces personnes.

— On s’est bien moqué de vous. Le seul remède que vous pouvez trouver dans la forêt, c’est la mort qui mettra fin à toutes vos souffrances.

— Elle est déjà mourante…
Dit-il en désignant la jeune fille d’un signe de la tête.

Sa voix n’était pas aussi sure qu’auparavant. Il baissa la tête.
Son agresseur prit en considération ses explications un peu plus sérieusement.

— Il dit qu’elle est mourante.
Dit-il haut et fort, s’adressant aux autres personnes qui étaient également sorties des feuillages.

L’une d’elle s’avança vers le corps de la fillette, s’accroupit et ota sa capuche pour mieux voir son visage.
Elle contrôla son pouls et hocha la tête d’affirmation vers ce qui semblait être le leader de la bande.
Ce dernier se figea lorsqu’il vit à découvert le visage.

— Alys…. ?
Souffla t-il.

Il attrapa son prisonnier par le col et s’emporta.

— Qu’est-ce que vous lui avez fait ?!

— R-rien du tout… ! Je l’ai rencontrée amnésique… vous la connaissez… ?Bégayait-il, craignant pour sa vie.

Il jeta le garçon après l’avoir jaugé de haut en bas, pour savoir s’il mentait. Puis se dirigea d’un pas sûr vers la supposée « Alys ».
Il lui releva la tête tendrement pour la porter au creux de son coude.
Il retira minutieusement les lunettes.
Il esquissa un sourire se rappelant qu’elle avait une mauvaise vue.
Leur regard se croisèrent mais elle ne le reconnut pas tout de suite.
Sans ses ronds de fer sur le nez, il la reconnaissait encore mieux. Cependant elle, voyait un peu moins bien.

— Qui êtes… vous… ?
Demanda t-elle avec le reste de ses forces.

Le coeur de l’homme se resserra de plus belle.
Elle avait en effet aucun souvenir de lui.
Il reprit ses esprits et se releva presque immédiatement avec elle dans ses bras.

— On rentre. Tuez-le.
Dit-il s’adressant à ses compagnons, désignant l’intrus.

La jeune fille puisa dans ses forces pour réagir.
Elle tira sur un bout de tissu du vêtement de la personne qui la portait.

— Pitié… ne le tuez pas… ! Des larmes coulèrent sur ses joues. Il a tellement fait… pour moi… !
Suppliait-elle.

— … Gardez-le en vie pour l’instant. On va le ramener, et on avisera.
Soupira t-il.

Les mots d’Alys le touchèrent et il ne put se résoudre à achever celui grâce à qui elle était retournée auprès d’eux. La mère supérieure saurait quoi faire de lui.
Les compagnons l’assomèrent et l’embarquèrent par dessus leur épaule.

— Il pèse son poids, le bougre…

— Qui est-ce… ?
Demanda l’autre compagnon désignant la captive.

Alys luttait encore pour garder ses yeux ouverts, malgré sa myopie, elle scrutait son porteur. Il dégageait quelque chose de chaleureux qui lui rappelait son passé. Elle reconnaissait ce sentiment qui emplissait sa poitrine.

— C’est une Ignorée. Elle a été choisie pour succéder à la mère supérieure.
Dit-il sans ajouter plus de détails.

— Quoi… ? Rien que ça… ? Mais comment… ?

— C’est une longue histoire, mais elle s’est faite enlever il y a plusieurs mois et on a rien pu faire…
Raconta t-il.

Ces mots furent écho avec sa mémoire.
Cet enlèvement, elle s’en souvenait.

*

Elle était avec son amie dans la forêt.
L’air avait changé.
Elles avaient décidé d’aller chercher quelques herbes médicinales et elle l’accompagnait toujours pour plus de sécurité. Elles ne risquaient pas grand chose mais quelque chose ne présageait rien de bon.

— Il y a eu des passage d’humains par ici… je peux encore sentir leur présence. Partons. Vite. Il n’y a pas de patrouilles par ici actuellement.

Elle prit sa main et prirent le chemin du retour.
Elle marcha dans quelque chose.
Elle connaissait la forêt comme sa poche, ce n’était pas dans ses habitudes de se prendre les pieds dans une racine. Ce n’en était pas une.
C’était un piège à loup.
Elle s’arrêta un instant et se figea.
Le piège avait été bien camouflé et elle aurait dû être plus prudente.

2019.06.09

Débuts

Point de vue de Chris.
C’était à l’époque où j’enseignais ce que je savais avec la rigueur que son père souhaitait, à Alexandra.
Cette petite était prometteuse, je voyais en elle les qualités de son père, le regard qu’elle avait était le sien.
Elle s’était habituée au fil des années à ce rythme de vie.
Je me souviens encore de son arrivée, débousolée, le visage triste. Ce qui était compréhensible, elle avait quitté ce qui était sa famille.
Son père distant était maintenant sa seule référence, malgré tout l’amour qu’il pouvait avoir à son égard, il était tenu par ses responsaibilités.
Sa rancoeur pouvait se libérer lors de nos cours.
Elle se défoulait, mais je pouvais déjà imaginer son potentiel.

De temps à autres il lui arrivait de se confier et de libérer ce qu’elle avait sur le coeur.
J’étais son meilleur ami et à la fois son guide dans ce nouveau monde pour elle.
Je la vis progresser, en tant que personne à part entière.
J’ai parfois eu besoin de lui expliquer les raisons de son père, et elle réussit par elle-même à briser la glace.

Ce jour là, je devais l’accompagner jusqu’au monde des humains, son père était également là. Je leur servais d’escorte. Lorsque je la vis auprès de sa famille. Ce cadre que je n’avais jamais connu. Je ressentis en moi un sentiment étrange. J’étais à la fois envieux de vouloir faire partie de son monde, et heureux de la voir si joyeuse et épanouie.

Son père était au courant des sentiments que j’éprouvais pour sa fille, il m’avait déjà avoué qu’il aurait été heureux de me faire son gendre. La décision ne lui revenait pas.

*

Alexandra et ses débuts.
Après être arrivée dans ce nouveau monde, qui ne semblait pas si différent du monde que je connaisais, pourtant, j’étais perdue. Je n’avais plus aucun repère.
Cette personne qui était mon père, était pour l’instant qu’un simple inconnu.
Très vite, nous nous sommes tenus à l’écart, contre mon gré.
J’avais tellement de questions à lui poser.
Lorsque je fus convoquée à son bureau, les ordres furent prononcés et un homme basané aux cheveux longs fut désigné comme mon tuteur.
Sans plus de précisions, il me congédia et je n’étais pas plus avancée sur ce que j’allais devenir.
Chris, ainsi s’appelait mon référent, m’expliqua la situation et fut un énorme support à mon quotidien.
Il avait l’air de comprendre mon désarroi et fut très patient à mon égard… jusqu’à ce que nous commencions les cours physiques.

— Tu peux m’appeler Chris. Je serai ton tuteur. Ce qui implique que tu es sous ma responsabilité, mais tu as également le droit de me poser toutes les questions qui te taraudent. Je serai également ton professeur de combat.

— De combat.. ?
Demandais-je, innocemment.

— Oui. On a besoin de savoir se défendre ici. Et il y a plusieurs moyens, physiquement et spirituellement.. je te guiderai en temps voulu.

— D’accord…
Acquiesçais-je sans trop avoir le choix.

Comme s’il lisait dans mon regard, il me rassura, comme il le pouvait.

2019.05.25