Précieuse

Les souvenirs de la veille étaient encore flous mais je m’étais endormie sereine et le sourire aux lèvres. J’étais comme apaisée.
Le soleil se levait tout doucement et les rayons pénétraient les rideaux lentement.
Je me réveillais en douceur, les yeux encore fermés, je sentais qu’il commençait à faire jour.
J’essayais de me rappeler où j’étais.
Cela me revenait peu à peu.
J’étais dans mon lit, je reconnaissais les draps douillets dans lesquels j’avais l’habitude de dormir.
Je sentais la présence de quelqu’un derrière moi, surement Gabriel qui m’enlaçait durant son sommeil.
La manière dont il posait ses mains contre mon ventre et dont ses bras attrapaient mes flancs, c’était bien lui.
Cependant je ressentais la présence d’une autre personne dans notre lit.
Je baladais grossièrement mes mains devant moi, lorsqu’il me prit la main et l’approcha de son visage.
De surprise, j’ouvris les yeux.
C’était Chris.
Je n’avais plus peur de lui, cependant tous les souvenirs de la veille me revinrent à l’esprit.
Je me mis à rougir.

— Bien dormi ?
Demanda t il, en esquissant un sourire.

Il caressait ma main comme si c’était la chose la plus précieuse au monde.

2017.12.18

Permission

Après la question de Gabriel, j’étais confuse.
Je ne souhaitais pas le blesser dans ses sentiments mais mon temps de réponse en disait long sur mon égarement.
Je ressentais les sentiments profonds que Chris avait pour moi. Ses gestes, son souffle, ses lèvres contre les miennes et son baiser tendre ne me laissaient pas indifférente.
Mon corps réagissait, et était attiré par Chris.
Ses longs cheveux lisses attachés en queue de cheval, retombaient gracieusement sur ses épaules.
Quelques mèches rebelles et trop courtes recouvraient partiellement son visage.
Je ne voulais pas qu’il s’arrête.
Mais est-ce que je voulais pour autant qu’il continue ?
Gabriel était à mes côtés et n’osait pas intervenir, ou ne voulait pas nous interrompre.

— Je reste là, si jamais tu veux arrêter, dis le, et je m’assurerai que cela s’arrête.

Ces quelques mots m’avaient appaisée.
Chris semblait plus stressé que je ne l’étais.

— Tu es sûre ? Je peux… ?

Il me demandait la permission pour chacun de ses faits et gestes. Je ne pouvais m’empêcher de le trouver mignon et je détournais le regard lorsque je me rendis compte que je rougissais un peu trop.

2017.11.24

Réparer

J’entendis la porte s’ouvrir.
J’étais devant la coiffeuse en train de me brosser les cheveux d’une main, et de l’autre j’attrapais un élastique pour maintenir ma chevelure en queue de cheval.
Je tournais mon visage vers sa direction, pensant que Gabriel avait oublié quelque chose.
Quelle fut ma surprise lorsque je vis Chris, se tenant devant moi.
J’étais pétrifiée. Je savais qu’il ne me ferait aucun mal mais une partie de moi avait peur de lui. Peur de ce qu’il m’avait fait contre sa volonté.
En essayant de ne rien laisser paraître je bégayais à moitié.

— Qu-qu’est-ce que tu fais là… ?

Nos regards s’étaient croisés un instant avant que je ne detourne mes yeux totalement.

— Il faut qu’on parle.

Mon silence en disait long. Je ne savais plus du tout où regarder.

— Je sais que tu m’évites, et j’ai besoin de savoir certaines choses que toi seule peut me dire.

Il s’approcha et par réflexe je reculais, à petits pas.
Il m’attrapa par le poignet et me tira vers lui.

— Qu’est-ce que tu fais ?! Lâche-moi !
Lui criais je. Toujours sans le regarder.

— Il s’est passé quelque chose d’autre pour que tu m’évites ainsi, je ne te lâcherai pas tant que tu ne m’auras pas tout dit !
— Ce n’était pas de ta faute…

Comme si je le disais également pour moi. Je me forçais à croiser de nouveau son regard.
C’était le Chris que je connaissais, sans aucun doute.
Il me regardait avec son air fâché.
Sans m’en rendre compte, je tremblais.

— Tu… as froid… ? Non. Tu as peur de… moi… ?

Lorsqu’il remarqua que je frissonnais dans ses mains, je vis son visage se décomposer.
J’essayais de retrouver mon calme en respirant profondément mais des larmes apparurent au coin de mes yeux et je n’arrivais pas à diminuer ni arrêter mes tremblements.

— Ce n’est rien. Je vais bien… !
Le rassurais-je.

Il me lâcha. J’essayais de m’approcher de lui pour le prendre dans mes bras mais mon esprit me repassait les images de Chris possédé, sur le lit, sur moi.
Je m’arrêtai à quelques centimètres de Chris, sans le toucher. Je ne pouvais pas.
Il observait la scène et je pouvais voir la profonde tristesse sur son visage.
Je reculais alors, les mains se portant sur mon propre visage, sur ma bouche, pour étouffer mes pleurs mais c’était inutile.

— Je suis… désolée…
Arrivais-je à murmurer entre mes sanglots. J’étais pitoyable.

— Excuse-moi pour ce que je vais faire, mais je dois savoir.
Dit-il d’un calmement.

Il marcha d’un pas sûr vers moi.
Il prit mon visage dans ses deux mains et posa son front contre le mien.
C’était un sort pour lire dans ma mémoire.
Je ne pouvais pas le lui cacher indéfiniment.
Je fermais les yeux, comme si j’attendais ma sentence.

Cela dura que quelques secondes, il vit à travers mes yeux tout ce qui s’était passé à partir du moment où il m’avait attaquée, jusqu’à ce qu’il se fasse projeter par Gabriel.

La scène où il l’embrassait de force, puis allant en crescendo, lorsqu’il la caressait et faillit la pénétrer.
Il aurait voulu arrêter de regarder bien avant mais il se força à rester jusqu’à la fin.

Je le vis rouvrir les yeux et s’éloigner de moi.
Il était en colere contre lui-même et à la fois terriblement navré de m’avoir fait subir cela.

— Je te demande pardon…
Murmura t-il.

Il baissa la tête et recula. Je le voyais serrer ses poings, je le connaissais et je savais exactement dans quel état d’esprit il se trouvait.
Je pleurais de plus belle, parce que je n’arriverai pas à l’empêcher de partir pour le rassurer.
Il tourna ses talons et quitta la pièce, me laissant seule, avec mes larmes.
Désemparée, je m’assis par terre et je me mis à pleurer de plus belle.
Je ne voulais pas qu’il sache tout cela. Il n’était pas fautif. Je ne voulais pas lui infliger ça.

Chris sortit en rogne. Il cherchait quelqu’un et ne tourna pas en rond très longtemps.
Gabriel était dans les parages, il se doutait de ce qu’il venait de se passer.
Chris marcha vers lui rapidement et lui empoigna le col.

— Pourquoi vous ne m’avez rien dit ?!
Lui cria t-il.

Gabriel gardant tout son calme.

— C’était la décision d’Alexandra. Justement, elle avait peur que tu réagisses ainsi si tu l’apprenais.

Sur ces paroles, Chris dessera un peu son emprise et essaya de se calmer.

— Maintenant que tu sais. Qu’est-ce que tu veux faire ?
Demanda Gabriel, innocemment.

Chris se frotta la tête.

— Je veux… lui montrer que je ne suis pas ce genre de brute…
— Je veux bien, tant qu’elle est d’accord avec ça.

— Pardon ?!
Chris releva la tête et le regarda avec des yeux écarquillés.

— Je te donne la possibilité d’essayer de réparer le mal qui a été fait. Je resterai pour la rassurer, mais j’ai confiance en toi, et je veux l’aider à surmonter son traumatisme. D’ailleurs. Comment elle va ?

— … Lorsque je suis parti, elle pleurait…
Répondit-il, honteux.

Gabriel soupira et pressa le pas pour la voir.

— Suis-moi, je vais aller lui parler.

Lorsque j’entendis la porte se rouvrir, je levai la tête.
Mes larmes embuaient un peu ma vision.
Cette fois-ci, c’était bien Gabriel.
Je crus apercevoir la silhouette de Chris derrière lui.
Gabriel accourut vers moi et me serra dans ses bras.
Il me releva et m’aida à m’asseoir sur le lit.
Il s’accroupit devant moi pour que nos regards soient à la même hauteur et me tint le visage dans ses mains.

— Chris souhaiterait essayer quelque chose… Te prouver qu’il n’est pas celui dont tu as peur. Qu’est ce que tu en penses ?

Gabriel pesait et mesurait ses mots.
Je hochais de la tête pour acquiescer.
La relation de confiance que j’entretenais avec Chris était détruite et ce n’est pas ce que je voulais.
Gabriel savait également que cela signifiait beaucoup pour nous et voulait nous aider.

— Je vais rester près de toi, ne t’inquiète pas.

Il m’embrassa sur le front.
Il fit signe à Chris derrière lui, d’avancer, puis il s’écarta pour lui laissa la place.
Chris s’avança et s’accroupit à la place de Gabriel.
Je m’étais un peu calmée et la présence de Gabriel dans la pièce me rassurait inconsciemment.

— Je… si…

Il préféra ne rien dire et il m’embrassa sur les lèvres.
Cela me surprit et je jetais un regard interrogateur à Gabriel. Il nous observait, debout adossé au mur. Il semblait être au courant et je me dis qu’il avait dû approuver.
Je fermais donc les yeux et je me concentrais de nouveau sur ce que Chris faisait.
Ce qui me surprit le plus fut tout d’abord la chaleur de son baiser.
C’était totalement différent.
C’était un long baiser doux, ses mains avaient enveloppé l’arrière de ma tête et étaient plongées dans mes cheveux.
Ses lèvres étaient légèrement humides contre les miennes.
Je ressentais toute la passion et tout l’amour qu’il éprouvait pour moi. C’était sa seule et unique occasion de me montrer ce qu’il ressentait pour moi durant toutes ces années.
Sans m’en rendre compte, j’avais entrouvert ma bouche, mon souffle s’infiltrait de manière infime dans celle de Chris.
Un peu hésitant, il entrouvrit également ses lèvres pour y glisser sa langue, et timidement me caresser mes lèvres.
Comme si c’était naturel, je répondis à son appel, et je sortis ma langue pour caresser la sienne.
Son baiser tendre et doux se transforma en baiser passionné et charnel.
Mon pas vers lui, lui redonna confiance. Comme si je lui avais donné le feu vert, il se lança.
Il se releva doucement, en prenant soin de garder son visage près du mien.
Il retira ses mains de mes cheveux pour les placer dans mon dos. Il me porta et m’allongea sur le lit.

Gabriel s’était déplacé et s’assit dans un fauteuil.
Les jambes légèrement écartées, les coudes appuyés sur ses genoux, et sa tête posée sur le dos de ses mains croisées. Il observait sans broncher, avec une once de jalousie.
Il semblait perdu dans ses pensées.

Chris continuait de m’embrasser de manière sensuelle. Les bras d’une part et d’autre de moi, ainsi que ses genoux.
Je n’avais plus peur de lui. J’étais totalement sous son charme et excitée.
Il me regarda.
Je rougissais.

— Si tu veux arrêter, je m’arrêterai.
Dit-il tout aussi gêné que moi.

— … continue, s’il-te-plaît.

Il se souvint de la suite de ce qu’il m’avait fait lorsqu’il était possédé et décida de suivre cet ordre mais en l’effectuant à sa vraie manière.
Il me souffla dans la nuque et m’embrassa.
Mon corps frissona.
C’était mon point faible.
Il insista pour me laisser mes vêtements et il me caressa les hanches et les jambes sans jamais toucher à ma poitrine ni à mon entre-jambe.
Il m’embrassa le front et recula.

— Je n’irai pas plus loin. Est-ce que tu as encore peur de moi ?

— Non.
Lui répondis-je.

— Est-ce que tu as encore envie de Chris ?

C’était la voix de Gabriel, après tout ce silence.

2017.11.11

Paume

Alors que je venais d’achever quelqu’un au sol, accroupit, un peu de sang ayant giclé sur ma joue.
Je m’essuyais rapidement d’un geste du dos de ma main. Je savais que je ne faisais que l’étaler mais je ne supportais pas la sensation de la goutte de sang en train de sécher sur ma peau.
J’étais sur le point de me relever lorsque je sentis, trop tard, une présence derrière moi.
J’esquivais au dernier moment l’attaque sur ma personne mais je ne fis qu’éviter une blessure mortelle. J’avais réussi à bloquer une partie du coup.
Je me fis projeter à quelques mètres de là, faisant une roulade sur moi-même.
Encore secouée par l’onde de choc.
Je cherchais déjà à me relever et analyser mon adversaire.
Un peu de poussière avait été soulevé et j’avais du mal à discerner mon ennemi.

— Alexandra ?!
Cria Chris, lui-même en plein combat.

— Je vais bien !
Lui répondis-je. Essayant de ne pas l’inquiéter.

Je m’avançais trop vite.
J’avais réussi à éviter cette premiere attaque mais je ne savais pas si j’arriverai à le battre dans l’état que j’étais actuellement.
La poussière n’avait pas fini de se dissiper que l’adversaire me chargeait déjà.
J’essayais de me défendre et de lui porter des coups mais sans succès.
Il avait une carrure imposante et était également rapide.
Mes coups de dague ne lui faisaient rien. Je lui effleurait la peau, il ne bronchait pas.
Comme ennuyé par mes chatouilles, il finit par m’attraper par le cou, de sa grosse paume, j’étais très mal.
Il me soulevait avec la force de son bras.
Je n’avais déjà plus pied.
J’essayais de lui planter ma dague dans une de ses poignées. Il envoya valser mon arme d’un revers de son autre main, et continua son oeuvre.

2017.10.23

Contre-jour

Il était là, debout devant la fenêtre, de dos, une chemise blanche froissée et ouverte.
Il se retourna lorsqu il m’entendit ouvrir la porte.
Je ne savais pas quoi dire, je restais sur le palier à l’observer, la lumière extérieure en contre-jour dans cette pièce sombre, l’éclat de son teint, de ses cheveux courts poivre et sel attachés grossièrement en queue de cheval. Sa barbe de quelques jours qui avait repoussé brillait un peu aux rayons.
Il s’attendait à me voir mais il ne put cacher toute sa surprise.
Il me souriait timidement. Comme pris la main dans le sac après avoir fait une bêtise.
Je remarquais les bandages sur son torse et ses côtes musclées. Elles étaient bien serrées et je pouvais deviner ses tablettes de chocolat sous ses bandelettes en tissu.
Il ne semblait pas aller mal.

J’étais bien trop heureuse de le voir en vie et sur pieds.
Je finis par faire un pas vers lui, avant de le serrer dans mes bras, mes mains l’enlaçant sous sa chemise.
Je ne voulais plus le lâcher.
Mon visage contre son torse, il ne savait pas comment réagir.

Je lui avais pratiquement sauté dessus.

— Doucement, je ne suis pas encore totalement remis.
Me dit-il en souriant, sa main droite me carressait la chevelure tandis que l’autre hésitait à me serrer fort contre lui.

Je relevais la tête pour le regarder, droit dans les yeux.
Les miens étaient mouillés.
Je ne savais pas par quoi commencer la discusion.
Est-ce que j’avais le droit d’avoir des sentiments pour lui après tout ce temps ?

2017.10.21

Grand Hall

Chris et moi approchions du grand hall qui nous séparait de la sortie.
Nous y étions presque mais nous n’étions pas seuls.
Des gens nous attendaient.
Chris ralentit le pas, et semblait compter les présences qu’il ressentait aux alentours. Il finit par s’arrêter et se tourna vers moi.
Il m’attrapa le bras.

— J’aurais souhaité que tu n’aies pas à te salir les mains mais je pense que je n’aurais pas le choix.

Il fit une pause, soupira puis reprit.
Je l’écoutais attentivement.

— Ca sera presque comme durant nos entraînements, sauf que tu ne devras pas hésiter une seconde et porter le coup fatal. Ne sous estime pas tes adversaires et n’hésite pas à prendre du recul pour te mettre en sécurité.

Il sortit ma dague de mon fourreau, me la posa dans ma main, et referma mes doigts dessus.

— Ne la perds pas. Il n’y aura pas de seconde chance. Si tu peux t’enfuir sans moi, fonce.

Cette dague qui servait jusqu’à présent que d’ornement à ma tenue, j’allais m’en servir pour tuer.
J’étais anxieuse mais je ne devais pas y penser.
Il fallait que je me concentre sur les paroles de Chris.
Ce n’était plus un jeu. Le danger était réel et au moindre faux pas, je pouvais ne plus me relever, ni moi, ni Chris.
La boule au ventre, je regardais Chris droit dans les yeux et déterminée.
Il me sourit.

— Tout ira bien.
Dit-il pour nous rassurer.

Il se tourna vers le hall et nous marchâmes dans la gueule du loup.

— Reste près de moi.
Murmura t-il.

Coude à coude, je commençais à sentir les présences hostiles se rapprocher de nous.
Ils étaient nombreux. Que faisaient-ils ici ?

— Ils ne pourront pas nous attaquer à plus de 3, ils risquent de se gêner.

On s’échangea un regard et on se comprit. Nous allons leur montrer de quel bois on allait se chauffer.
Ils ne se firent pas attendre.
Chris avait raison et ils n’étaient pas plus de 3 à nous attaquer en même temps et on arrivait à les repousser.
Je portais mon premier coup mortel dans la jugulaire. Je suivis le conseil de Chris à la lettre, je n’allais pas les sous-estimer et je visais un point vital directement. Il n’eut pas le temps de réagir.
Je retirais la lame de mon coutelet d’un geste vif. Le sang tiède sortit en petit jet et quelques éclaboussures finirent sur ma joue et mon haut. Je bronchais à peine.
Sans sentiment. Je voyais le corps tomber.

2017.10.20

Gercées

J’etais allée voir l’état de Chris lorsque je m’étais suffisament reposer.
Gabriel était aux petits soins avec moi, même si je lui disais que ça allait beaucoup mieux, il sentait que quelque chose avait changé en moi.
J’étais distante, avec tout le monde.
Je n’arrêtais pas de penser à Chris et à son baiser.
J’étais perturbée et le contact physique d’un homme, même Gabriel que j’aimais de tout mon être, m’effrayait. Je me mettais à trembler et à avoir un rejet.

Perdue dans mes pensées, je me retrouvais finalement devant la salle de soin de Chris.
Il y avait une baie vitrée qui donnait sur une vue en plongée sur la pièce.
Chris était allongé sur la table de soin.
Il avait les cheveux lâchés et emmêlés.
Des tuyaux et des câbles couraient un peu partout sur son corps, je voyais bien ses bleus et ses autres blessures.
Il était examiné et bien pris en charge.
J’étais rassurée de voir que son état était stable.
Chrystal me vit et vint à ma rencontre pour m’en parler.
M’expliquant la situation, que Chris avait perdu la mémoire à partir de quand il avait été contrôlé. Il avait un black out de quelques semaines.
Je discutais avec Chrystal.
Chris ouvrit doucement les yeux et me vit derrière la vitre. Rapidement. Je n’avais pas fait attention, mon regard était concentré sur Chrystal.
Il me vit repartir.
Il aurait voulu se relever pour m’empêcher de m’en aller, mais il était encore trop faible.

*

Lorsqu’il se rétablit, la vie reprit son cours normal.
Sauf qu’il finit par remarquer que je l’évitais.
Il en avait parlé avec Gabriel mais il lui avait dit qu’il devait me poser la question lui-même, au sujet de ce qui s’était exactement passé.
La version officielle des faits disait qu’il m’avait juste attaquée.
Je ne pouvais m’empêcher d’être mal à l’aise en sa présence, mais je ne pouvais pas lui reprocher ses gestes alors qu’il n’était pas conscient de ce qu’il faisait.
Le soir, il m’arrivait de tremblotter et être distante envers Gabriel. Je voyais qu’il était également atteint par ma peine.

*

Ce jour-là, Gabriel était sorti plus tôt que moi de notre chambre. Il me dit qu’il avait des choses à régler.
Il me jeta un dernier regard avant de refermer la porte derrière lui.
J’étais assise devant ma coiffeuse pour me rendre présentable.
J’entendis la porte se rouvrir.
Je pensais que Gabriel avait oublié quelque chose.
Je me figeai lorsque je vis Chris.
Il verrouilla la porte de l’intérieur et me chercha du regard dans la chambre.
J’avais fini de me préparer et je me levais rapidement.

— Qu’est-ce que tu fais ici ?
Demandais-je, sèchement.

— J’ai quelque chose à te demander.
Dit-il, en ne bougeant pas de sa position.

Je ne voulais pas être plus longtemps dans la même pièce que lui, j’étais mal à l’aise, je ne savais pas comment réagir.
Je me précipitais vers la porte et lui demandai de me laisser sortir.

— Je dois y aller. On en discutera une prochaine fois…

J’essayais d’ouvrir le verrou, lorsqu’il bloqua la porte avec sa main et son pied.
Sa carrure recouvrant la mienne, il me surplombait.

— Je ne te laisserai pas sortir tant que tu ne m’auras pas tout dit. Je sais que tu m’évites…

Je me retournais vers lui, affrontant son regard.

— Dis-moi ce qu’il s’est passé pour que tu sois si distante avec moi. Je veux savoir la vérité.

Je détournai le regard, ne voulant pas y penser.

— Tu n’as pas besoin de le savoir, tu n’y étais pour rien. Ce n’est pas de ta faute…
— C’est moi qui décide si j’ai ou non besoin de le savoir.

Il commença à hausser le ton et cela me faisait un peu peur.

— Tu ne comptes vraiment rien me dire ? Tu sais que je ne peux pas le demander à une autre personne ?

Je le regardais dans les yeux à nouveau, déterminée.

— Dans ce cas… tu ne me laisses pas le choix. Excuse-moi d’avance pour ce que je vais te faire…

Il approcha son autre main de mon visage et posa son front sur le mien.
Il se passa une seconde et le contact se termina.

Chris venait de pénétrer dans ma mémoire pour voir l’objet de mon traumatisme.
Il n’eut pas la peine de chercher ce souvenir spécifique, sa présence l’avait ravivé et il était tombé dessus très rapidement.
Lorsque le contact prit fin, il me regarda d’un air triste.

— Comment ai-je pu… je suis terriblement désolé…
— Chris… ce n’est pas de ta faute…

J’essayais de le consoler, mais lorsque je voulus prendre son visage dans mes mains, elles se mirent à trembler.
Il m’attrapa les mains et me regarda dans les yeux, avant de déclarer.

— Je suis désolé mais je ne veux pas que tu aies ce souvenir de moi, et quitte à ce que tu me fasses la tête, je veux le faire quand je suis conscient.

Il m’embrassa sur la bouche.

Je ne m’y attendais pas du tout.
Ses lèvres étaient chaudes, douces, quoique qu’un peu gercées. Son geste était chaleureux. Rien à voir avec son baiser d’avant qui était vide de vie et de passion.

2017.08.26

Dingue [R-18]

Je ne me doutais de rien lorsque Chris s’approcha de moi.
Je le saluais comme d’habitude.
Je reçus un coup dans le ventre.
Je ne le vis pas venir. C’était Chris.
Je n’en croyais pas mes yeux.
Recroquevillée sur moi-même.
Je reculais.
Je ne comprenais pas ce qu’il se passait.
Chris n’était pas dans son état normal.
Ses cheveux attachés en queue de cheval, il avait le regard vide. Il semblait ailleurs.
Il s’approcha de moi, j’essayais de garder mes distances.

— C… Chris ?
Tentais-je de l’appeler.

Je prenais sur ma douleur pour me redresser et m’apprêter au combat.
Il fonça sur moi.
Il ne m’avait pas loupé et il ne se retiendrait pas non plus pour ses prochains coups.
Je savais que j’avais l’avantage en temps normal, mais son coup de poing m’avait surprise.
J’arrivais à me défendre, à éviter ou parer ses attaques, mais mon souffle était encore court.

— Chris ! Arrête !
Criais-je.

Je devais le neutraliser avant qu’il ne m’épuise.
Il ne m’entendait pas, ou alors est-ce qu’il m’ignorait.
Pour moi, il avait perdu la raison.
Je prenais mon courage et ma force à deux mains, et je réussis à lui donner un coup qui l’assoma, du moins un peu.
Il s’arrêta.
J’en profitais pour lui neutraliser les jambes et le frapper derrière les genoux.
Il était sur ses rotules, le visage baissé.
Il ne réagissait plus.

— Chris… ? Est-ce que ça va… ?

Je n’étais pas rassurée mais son état m’inquiétait.
Je ne savais pas si je devais m’approcher ou non.
Perdue dans ma réflexion, quelqu’un apparut à ses côtés.

Une femme que je reconnaissais puisqu’elle faisait partie des nobles qui vivaient dans le château.
Elle m’adressa à peine un regard et s’approcha de Chris, de manière très familière.
Elle souleva son menton.
Elle tourna finalement son visage vers moi et l’embrassa sur les lèvres.
Chris restait inerte, inexpressif.
Je ne comprenais plus rien à la situation.

— Vu que tu as échoué, tu mérites une punition, vilain garçon.
Dit la femme.

Elle lui parlait sensuellement, c’était malsain.
Elle sortit une dague et promena la lame sur le visage de Chris, tout en me regardant.
Cherchait-elle à me provoquer ?
Je bouillais intérieurement mais j’avais également de nombreuses questions qui se bousculaient en moi.

— Que voulez-vous ?!
Finis-je par dire.

Elle baissa la lame et coupa une partie du vêtement que portait Chris. Suffisamment pour laisser voir les blessures et les bleus sur son corps musclés.
Il ne bougeait toujours pas, tel un mannequin, une poupée qu’on manipulait.
Je vis rouge, elle le maltraitait, elle le contrôlait.
Sans me poser de question, je foçais sur elle avant qu’elle ne fasse quoi que ce soit.
Je la plaquai contre le sol et la bloquai avec mon avant-bras, la mettant hors de nuire.
Je ne savais pas quoi lui dire. J’étais enragée qu’elle puisse faire ça à Chris.
Elle ne semblait pas inquiète, elle me regardait droit dans les yeux et me souriait.
Avant même de pouvoir comprendre ou réagir, je sentis une présence derrière moi et Chris me donna un coup qui me fit perdre connaissance.

*

Je me réveillais avec un énorme mal de crâne.
J’ouvrais les yeux et j’étais dans une pièce que je ne connaissais pas.
Je suppose que j’étais encore au château.
L’ameublement était similaire et me semblait familier.
J’étais allongée sur un lit, j’essayais de bouger mais quelque chose m’en empêchait.
Je sentis tout d’abord les liens qui étaient autour de mes poignets, puis de mes chevilles.
J’étais attachée aux quatres coins du lit à baldaquin.
J’avais beau essayer de ruser, les liens étaient bien trop serrés pour que je puisse les défaire ou les retirer.
Chris était assis dans un fauteuil, près du lit, et semblait dormir les yeux ouverts tellement il était amorphe. Je ne pus m’empêcher de sursauter lorsque je remarquai sa présence.

— La petite reine est réveillée ?

La voix venait d’un autre endroit.
Elle entra dans la pièce et nous regarda tous les deux, fière d’elle.

— Les choses sérieuses vont pouvoir commencer.
Dit-elle, d’un ton solonnel.

Elle s’avança vers Chris et l’aida à enlever son haut.
Il se leva et s’approcha de moi.
Je n’étais pas du tout rassurée.

— Qu’est-ce que vous me voulez ?!
Dis-je, totalement paniquée.

— Moi ? Rien du tout, ma chère. Dis-moi qu’est-ce qu’il trouve chez toi ?
Répondit-elle avec une pointe de colère.

— De quoi parlez-vous ?!

— Fais pas la maligne. Qu’est-ce que Gabriel trouve chez toi. T’es qu’une petite gamine de rien du tout.
Cracha t-elle.

Je ne savais pas du tout quoi répondre et ma perplexité sembla l’amuser.

— Mais ne t’en fais pas. Lorsqu’il se rendra compte que tu n’es pas faite pour lui… tout ira mieux… pour moi. D’Ailleurs, tu devrais me remercier. Je vais réaliser le rêve de ce cher Chris qui semble tant t’aimer. Lorsque Gabriel verra ça, il comprendra que tu n’es rien.

Elle riait à gorge déployée.

En parlant de Gabriel, je souhaitais tellement qu’il arrive. Pourquoi cela prenait tant de temps pour que les gardes se rendent compte de la situation.
Je devais faire quelque chose pour les alerter.
Elle semblait lire dans mes pensées et parla.

— Personne ne viendra t’aider. J’ai laissé de quoi souffler la puce à l’oreille de Gabriel pour qu’il assiste au bouquet final sans que cela dérange ma magnifique mise en scène.

Elle me jeta un regard froid pour me dissuader de tenter quoi que ce soit.
Chris arriva sur le lit avec un tissu noué et me l’attacha derrière la tête pour que je ne puisse pas crier.
Avant qu’il ne finisse, j’essayais de me débattre et de me faire entendre.

— AU SECOURS ! À L’AIDE !! QUELQ-

Il m’attrapa au cou pour m’empêcher de continuer.
Il me relâcha aussitôt, pour éviter de me tuer. Elle avait tout prévu.
Je le regardais dans les yeux, cherchant une lueur de lucidité. J’avais les yeux mouillés et je le supliais du regard.

— Chris… s’il-te-plaît… réveille-toi.

Des larmes coulèrent au coin de mes yeux. J’étais incapable de me défendre. Je ne pouvais que subir.
Le tissu en place, je ne pouvais plus que prononcer des mots incompréhensibles.
Il commença à me déshabiller, lentement, comme pour me torturer.

— Oui, comme ça, prends ton temps mon chou.
Dit-elle, pleine de joie.

Elle avait pris la place de Chris dans le fauteuil et savourait son petit film, avec un petit verre de vin à la main.
Je fermais les yeux, comme si cela pouvait arrêter ce que Chris me faisait. Comme si je voulais croire que ce n’était qu’un cauchemar, qu’un mauvais moment à passer.
J’étais maintenant en sous-vêtements.

— Pff… ! C’est quoi cet ensemble d’enfant ? Tu prétends être sa femme alors que tu ne sais même pas comment t’habiller pour lui faire plaisir. Laisse-moi rire…
Se moqua t-elle.

J’étais brisée. J’avais si honte.
Chris dégaina une petite dague et me coupa les bouts de tissu restants qui recouvraient ma peau.

— Ahahahaha ! Je pensais que c’était peut-être ton physique qui l’avait charmé mais je vois que tu n’as aucune forme. Tu es si fade.

Je ne savais plus où me mettre.
Mes larmes ne s’arrêtaient pas.

— Oh, pauvre choute, tu pleures ? Ahahaha. C’est trop bon !

Chris continuait son chemin.
Il se mit à me caresser et m’embrasser sur tout le corps.
J’essayais de me débattre mais sans réel succès.
Il finit par me plaquer avec son torse, contre le lit, son visage juste au dessus du mien, il m’embrassa longoureusement sur les lèvres, puisque le baillon gênait.
Je sentais son entre-jambe à travers son pantalon, et sa ceinture en métal froid qui me donnait des frissons au niveau du bas ventre.
Il tourna la tête et m’embrassa dans le cou.
C’était mon point faible, je ne pouvais pas le nier ni résister.
Il balada ses doigts sur mon corps jusqu’à descendre le long de mon nombril.
Je savais ce qu’il allait faire et je me débattais de plus en plus. Je gémissais, j’essayais de gémir et de crier fort, mais rien à faire.
Je n’avais que mes larmes.
Je ne sais pas combien de temps cela dura, cela me paru une éternité.
Je pensais que cela s’arrêterait là, mais c’était trop optimiste de ma part.
Chris se redressa et retira sa ceinture.
Je n’étais pas au bout de ma peine.
À travers mes larmes j’arrivais à apercevoir ses multitudes cicatrices et bleus sur tout son corps.
Essayant de me focaliser sur autre chose que son anatomie inférieure.
J’entendis des bruits de pas et un grand fracas.

— Déjà ? On va devoir accélérer les choses.
Dit-elle, à peine inquiète.

Chris m’attrapa par les hanches et s’apprêtait à me prendre lorsque Gabriel arriva dans notre pièce.
Il scruta la scène en quelque secondes.
Il envoya Chris valser à plusieurs mètres, il s’éclata contre le mur en face de moi.
Il vit la femme dans son siège, l’attendant.
Il s’approcha d’elle, la gifla d’une force qui fit tomber son verre de vin.
Je l’avais rarement vu aussi en colère.
Il l’empoigna par le cou et la souleva.
Je crus qu’il l’avait tuée.
Il la relâcha et lança un sort pour l’emprisonner à même le sol. Elle pouvait toujours entendre et parler.
Des liens avaient enchaînée son torse, ses jambes et de ses bras.
Il accourut vers moi, d’un pas certain.
Je me sentais tellement sale, honteuse et à la fois rassurée qu’il soit finalement là.

— Tu vois Gabriel. Ces deux là sont faits pour être ensemble. Je n’ai fait qu’exaucer leur souh-

Gabriel se retourna vers elle et lui envoya une rafale qui la gifla jusqu’au sang.
Je le sentais bouillir de rage.
Il était à mes côtés maintenant.
Il me détacha et retira mon baillon.

— Est-ce que je suis arrivé à temps… ?
Me demanda t-il avec ses yeux tristes et plein de culpabilité.

Il retira son manteau et mon couvrit avec.
Je ne pouvais pas me lever mais je lui souris et je me collais à lui, en pleurant.

— Merci…

Ce fut le seul mot que je pus prononcer avant de fondre en larmes, sans pouvoir m’arrêter.
Les autres gardes arrivèrent et s’occupèrent de la femme folle et de Chris.
Je me ressaisis et chercha à lui expliquer au sujet de Chris.
Il m’arrêta.

— Je sais, ne t’inquiète pas. Il n’y est pour rien, on va bien s’occuper de lui. Je suis desolé d’avoir dû l’attaquer…

Il resta auprès de moi sur le lit, pour me rassurer et me réchauffer.

*

Il me porta jusqu’à notre chambre.
Elle était sécurisée et Chrystal y avait accès.
Elle passa pour s’assurer de mon état. Je n’avais rien de cassé à part une petite côte par le coup de Chris, et une belle bosse sur la tête.
Malgré le peu de blessures physiques, elle voulait que je me repose et que je reste encore un peu au lit.
J’avais besoin de récupérer, me dit-elle.
Elle s’en alla en m’embrassant.
Je l’interpellai juste avant qu’elle ne claque la porte.

— Et Chris… ? Comment va t-il ?

Elle referma la porte et vint s’asseoir à côté de moi.

— Son état est stable, même si Gabriel y est allé un peu fort. Il a eu beaucoup de lésions sur le corps… Physiquement, il doit souffrir. On l’a mis sous anesthésiant pour le soulager. Phychologiquement c’est autre chose. Il ne s’est pas encore réveillé et Gabriel essaye d’interroger la « folle » puisqu’elle ne parle qu’à lui.
C’est compliqué… j’ai peur que Gabriel finisse par la tuer avant même qu’elle nous révèle quelque chose, …
— Est-ce que je peux aller voir Chris… ?
— … Je ne te le conseille pas. Il est vraiment dans un sale état, on l’a attaché avec des sangles, au cas où. Vraiment, je ne pense pas que tu doives voir ça…
— C’est… ma faute…

Je me remis à pleurer malgré moi.

— Non ! Absolument pas ! Alexandra ! Si quelqu’un est fautif, c’est cette dingue qui lui a fait ça.

Chrystal me prit dans ses bras.

2017.10.10

Rôle

Chrystal m’avait rassurée, Gabriel ne risquait plus rien.
Chris était reparti gérer la situation avec Charles et les autres gardes proches.
J’étais en sécurité à l’infirmerie.

Chrystal semblait sereine.
Gabriel était allongé sur le lit de patient, encore inconscient.
Elle l’avait soigné et retiré l’épine métallique.
Je n’avais plus qu’à attendre qu’il se réveille.

Beaucoup de choses se bousculaient dans mon esprit. Pendant tout ce temps, Gabriel veillait sur moi ?
Je n’arrivais pas à réaliser que tout ceci n’était qu’un mauvais rêve.
Même les enfants n’étaient pas au courant ?

J’entendis des pas s’approcher et ils entrèrent après que Chrystal leur ouvrit la porte.
Hélène et Ilyan se précipitèrent vers moi et leur père.
Elle était toujours un peu plus timide et en retrait, elle analysait la situation.
Son frère, un peu plus au sang chaud, m’avait attrapée les mains, inquiet.

— Tu n’as rien, maman ?

— Non, je vais bien. Ne t’inquiète pas.
Répondis-je en lui souriant.

Il s’en faisait toujours trop pour moi.

Hélène croisa mon regard et me sourit timidement.

— Chris et les autres nous ont prévenus pour ce qui s’est passé et le rôle que papa jouait…
— Je vois…

— Il va bien ?
Demanda t-elle, en culpabilisant un peu.

— Oui, Chrystal l’a osculté et il devrait se réveiller bientôt. Je pense qu’on pourra serrer papa dans nos bras, à son réveil. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Dis-je, assise dans ma chaise, pendant que Ilyan serrait encore mes mains dans les siennes.

Ils hochèrent tous les deux de la tête et s’assirent à côté de moi, en guettant le réveil de leur père.

2017.08.02

Métal

J’étais distraite, j’avais fermé les yeux pour mieux profiter de la fragrance de la fleur que je tenais du bout de mes doigts.
Je ne sentis pas, ni ne vis le danger arriver.
J’eus à peine le temps d’ouvrir les yeux et de regarder devant moi.
Je sentis la présence de quelqu’un derrière moi, et je crus en premier lieu que c’était Chris. Cependant ce n’était ni son odeur, ni son aura, ni sa carrure.
Lorsque je me rendis compte que c’était Gabriel, mon souffle s’arrêta pendant quelques secondes.
Mon coeur battait la chamade et les idées se bousculaient dans ma tête.
Que faisait-il aussi près de moi ?
Mes sentiments ne pouvaient qu’être attisés par sa présence.
Je regardais autour de moi, rapidement, pour analyser la situation.
Je repérais la présence de Chris, à quelques mètres de moi, il semblait parler avec des gardes.
Certains avaient déjà maîtrisé d’autres personnes, elles étaient à terre, les bras bloqués et immobilisés.
Gabriel fixait une autre direction.
C’était son amante. Elle était presque en face de moi, derrière un pillier et des feuillages, j’avais à peine remarqué sa présence.
Depuis le temps qu’elle vivait sous le même toit, j’avais fini par l’oublier.
Gabriel avait lancé un sort d’enchaînement et elle était immobilisée violemment par le cou.
J’avais du mal à croire qu’il pouvait lui faire cela. Je comprenais de moins en moins la situation.
Elle tentait de desserrer le lien avec ses mains, sans succès.
Charles arriva et la prit en charge en la mettant hors d’état de nuire. À partir du moment où Gabriel relâcha son emprise, il lui donna un coup derrière la nuque, l’attacha, et l’immobilisa au sol, comme les autres, par précaution.

Je me retournai vers Gabriel, en balayant le sol du regard, je remarquais qu’il y avait des pics en métal qui jonchaient à mes pieds.
Je regardais Gabriel avec mes yeux interrogateurs.
Il me regardait également, comme il avait l’habitude auparavant, avec douceur.
Mon coeur se ressera lorsque nos regards se croisèrent.

— Tu n’as rien ?
Dit-il avec sa voix posée et douce.

Il me semblait une éternité que je n’avais pas entendu le timbre de cette voix que j’aimais tant.
Je hochais la tête négativement.
J’en perdais mes mots. Je ne savais pas comment je devais réagir. Que se passait-il ? Les questions se bousculaient dans ma tête.

— Excuse-moi de t’avoir menti et fait souffrir pendant tout ce temps. Tout cela faisait partie de mon plan. Je t’expliquerai tout en details.

Je le vis grimacer, il tenta de cacher cela mais je le connaissais trop bien.
Il était blessé.
Un pic en métal était enfoncé dans la partie droite de ses côtes. Il ne saignait pas encore beaucoup, mais une tache rouge commençait à apparaître et s’étendre lentement.
Lorsque je vis cela, je m’approchais de lui pour essayer de la retirer.
Il m’en empêcha.

— Ne touche pas. Elle est peut-être empoisonnée. Ne t’en fais pas pour moi. Ça va aller.

J’avais été inutile et tout le monde semblait être au courant de la situation, sauf moi.
De plus, Gabriel avait été blessé par ma faute.
Sur ces mots, il fit quelques gestes en direction de ses hommes et me regarda de nouveau.

— Je suis content d’avoir évité le pire.
Dit-il en me souriant.

Je le vis ailleurs, ses yeux se fermèrent, et il perdit son équilibre. Ses jambes flanchèrent et il se retrouva à genoux, devant moi, avant de faillir s’écrouler. Je l’attrapais de justesse dans mes bras, en faisant attention à ne pas toucher sa blessure.
Je me mis à paniquer.

— Gabriel !
Criais-je.

Je regardais autour de moi, en cherchant de l’aide des yeux.
Chris se tourna rapidement vers moi et vint me voir.

— Que s’est-il passé ?
Demanda t-il, avec son calme habituel.

— Gabriel est blessé… il a pris un pic dans ses côtes. On doit l’emmener à l’infirmerie tout de suite. Il est peut-être empoisonné.

2017.08.02