J’entendis la porte s’ouvrir.
J’étais devant la coiffeuse en train de me brosser les cheveux d’une main, et de l’autre j’attrapais un élastique pour maintenir ma chevelure en queue de cheval.
Je tournais mon visage vers sa direction, pensant que Gabriel avait oublié quelque chose.
Quelle fut ma surprise lorsque je vis Chris, se tenant devant moi.
J’étais pétrifiée. Je savais qu’il ne me ferait aucun mal mais une partie de moi avait peur de lui. Peur de ce qu’il m’avait fait contre sa volonté.
En essayant de ne rien laisser paraître je bégayais à moitié.
— Qu-qu’est-ce que tu fais là… ?
Nos regards s’étaient croisés un instant avant que je ne detourne mes yeux totalement.
— Il faut qu’on parle.
Mon silence en disait long. Je ne savais plus du tout où regarder.
— Je sais que tu m’évites, et j’ai besoin de savoir certaines choses que toi seule peut me dire.
Il s’approcha et par réflexe je reculais, à petits pas.
Il m’attrapa par le poignet et me tira vers lui.
— Qu’est-ce que tu fais ?! Lâche-moi !
Lui criais je. Toujours sans le regarder.
— Il s’est passé quelque chose d’autre pour que tu m’évites ainsi, je ne te lâcherai pas tant que tu ne m’auras pas tout dit !
— Ce n’était pas de ta faute…
Comme si je le disais également pour moi. Je me forçais à croiser de nouveau son regard.
C’était le Chris que je connaissais, sans aucun doute.
Il me regardait avec son air fâché.
Sans m’en rendre compte, je tremblais.
— Tu… as froid… ? Non. Tu as peur de… moi… ?
Lorsqu’il remarqua que je frissonnais dans ses mains, je vis son visage se décomposer.
J’essayais de retrouver mon calme en respirant profondément mais des larmes apparurent au coin de mes yeux et je n’arrivais pas à diminuer ni arrêter mes tremblements.
— Ce n’est rien. Je vais bien… !
Le rassurais-je.
Il me lâcha. J’essayais de m’approcher de lui pour le prendre dans mes bras mais mon esprit me repassait les images de Chris possédé, sur le lit, sur moi.
Je m’arrêtai à quelques centimètres de Chris, sans le toucher. Je ne pouvais pas.
Il observait la scène et je pouvais voir la profonde tristesse sur son visage.
Je reculais alors, les mains se portant sur mon propre visage, sur ma bouche, pour étouffer mes pleurs mais c’était inutile.
— Je suis… désolée…
Arrivais-je à murmurer entre mes sanglots. J’étais pitoyable.
— Excuse-moi pour ce que je vais faire, mais je dois savoir.
Dit-il d’un calmement.
Il marcha d’un pas sûr vers moi.
Il prit mon visage dans ses deux mains et posa son front contre le mien.
C’était un sort pour lire dans ma mémoire.
Je ne pouvais pas le lui cacher indéfiniment.
Je fermais les yeux, comme si j’attendais ma sentence.
Cela dura que quelques secondes, il vit à travers mes yeux tout ce qui s’était passé à partir du moment où il m’avait attaquée, jusqu’à ce qu’il se fasse projeter par Gabriel.
La scène où il l’embrassait de force, puis allant en crescendo, lorsqu’il la caressait et faillit la pénétrer.
Il aurait voulu arrêter de regarder bien avant mais il se força à rester jusqu’à la fin.
Je le vis rouvrir les yeux et s’éloigner de moi.
Il était en colere contre lui-même et à la fois terriblement navré de m’avoir fait subir cela.
— Je te demande pardon…
Murmura t-il.
Il baissa la tête et recula. Je le voyais serrer ses poings, je le connaissais et je savais exactement dans quel état d’esprit il se trouvait.
Je pleurais de plus belle, parce que je n’arriverai pas à l’empêcher de partir pour le rassurer.
Il tourna ses talons et quitta la pièce, me laissant seule, avec mes larmes.
Désemparée, je m’assis par terre et je me mis à pleurer de plus belle.
Je ne voulais pas qu’il sache tout cela. Il n’était pas fautif. Je ne voulais pas lui infliger ça.
Chris sortit en rogne. Il cherchait quelqu’un et ne tourna pas en rond très longtemps.
Gabriel était dans les parages, il se doutait de ce qu’il venait de se passer.
Chris marcha vers lui rapidement et lui empoigna le col.
— Pourquoi vous ne m’avez rien dit ?!
Lui cria t-il.
Gabriel gardant tout son calme.
— C’était la décision d’Alexandra. Justement, elle avait peur que tu réagisses ainsi si tu l’apprenais.
Sur ces paroles, Chris dessera un peu son emprise et essaya de se calmer.
— Maintenant que tu sais. Qu’est-ce que tu veux faire ?
Demanda Gabriel, innocemment.
Chris se frotta la tête.
— Je veux… lui montrer que je ne suis pas ce genre de brute…
— Je veux bien, tant qu’elle est d’accord avec ça.
— Pardon ?!
Chris releva la tête et le regarda avec des yeux écarquillés.
— Je te donne la possibilité d’essayer de réparer le mal qui a été fait. Je resterai pour la rassurer, mais j’ai confiance en toi, et je veux l’aider à surmonter son traumatisme. D’ailleurs. Comment elle va ?
— … Lorsque je suis parti, elle pleurait…
Répondit-il, honteux.
Gabriel soupira et pressa le pas pour la voir.
— Suis-moi, je vais aller lui parler.
Lorsque j’entendis la porte se rouvrir, je levai la tête.
Mes larmes embuaient un peu ma vision.
Cette fois-ci, c’était bien Gabriel.
Je crus apercevoir la silhouette de Chris derrière lui.
Gabriel accourut vers moi et me serra dans ses bras.
Il me releva et m’aida à m’asseoir sur le lit.
Il s’accroupit devant moi pour que nos regards soient à la même hauteur et me tint le visage dans ses mains.
— Chris souhaiterait essayer quelque chose… Te prouver qu’il n’est pas celui dont tu as peur. Qu’est ce que tu en penses ?
Gabriel pesait et mesurait ses mots.
Je hochais de la tête pour acquiescer.
La relation de confiance que j’entretenais avec Chris était détruite et ce n’est pas ce que je voulais.
Gabriel savait également que cela signifiait beaucoup pour nous et voulait nous aider.
— Je vais rester près de toi, ne t’inquiète pas.
Il m’embrassa sur le front.
Il fit signe à Chris derrière lui, d’avancer, puis il s’écarta pour lui laissa la place.
Chris s’avança et s’accroupit à la place de Gabriel.
Je m’étais un peu calmée et la présence de Gabriel dans la pièce me rassurait inconsciemment.
— Je… si…
Il préféra ne rien dire et il m’embrassa sur les lèvres.
Cela me surprit et je jetais un regard interrogateur à Gabriel. Il nous observait, debout adossé au mur. Il semblait être au courant et je me dis qu’il avait dû approuver.
Je fermais donc les yeux et je me concentrais de nouveau sur ce que Chris faisait.
Ce qui me surprit le plus fut tout d’abord la chaleur de son baiser.
C’était totalement différent.
C’était un long baiser doux, ses mains avaient enveloppé l’arrière de ma tête et étaient plongées dans mes cheveux.
Ses lèvres étaient légèrement humides contre les miennes.
Je ressentais toute la passion et tout l’amour qu’il éprouvait pour moi. C’était sa seule et unique occasion de me montrer ce qu’il ressentait pour moi durant toutes ces années.
Sans m’en rendre compte, j’avais entrouvert ma bouche, mon souffle s’infiltrait de manière infime dans celle de Chris.
Un peu hésitant, il entrouvrit également ses lèvres pour y glisser sa langue, et timidement me caresser mes lèvres.
Comme si c’était naturel, je répondis à son appel, et je sortis ma langue pour caresser la sienne.
Son baiser tendre et doux se transforma en baiser passionné et charnel.
Mon pas vers lui, lui redonna confiance. Comme si je lui avais donné le feu vert, il se lança.
Il se releva doucement, en prenant soin de garder son visage près du mien.
Il retira ses mains de mes cheveux pour les placer dans mon dos. Il me porta et m’allongea sur le lit.
Gabriel s’était déplacé et s’assit dans un fauteuil.
Les jambes légèrement écartées, les coudes appuyés sur ses genoux, et sa tête posée sur le dos de ses mains croisées. Il observait sans broncher, avec une once de jalousie.
Il semblait perdu dans ses pensées.
Chris continuait de m’embrasser de manière sensuelle. Les bras d’une part et d’autre de moi, ainsi que ses genoux.
Je n’avais plus peur de lui. J’étais totalement sous son charme et excitée.
Il me regarda.
Je rougissais.
— Si tu veux arrêter, je m’arrêterai.
Dit-il tout aussi gêné que moi.
— … continue, s’il-te-plaît.
Il se souvint de la suite de ce qu’il m’avait fait lorsqu’il était possédé et décida de suivre cet ordre mais en l’effectuant à sa vraie manière.
Il me souffla dans la nuque et m’embrassa.
Mon corps frissona.
C’était mon point faible.
Il insista pour me laisser mes vêtements et il me caressa les hanches et les jambes sans jamais toucher à ma poitrine ni à mon entre-jambe.
Il m’embrassa le front et recula.
— Je n’irai pas plus loin. Est-ce que tu as encore peur de moi ?
— Non.
Lui répondis-je.
— Est-ce que tu as encore envie de Chris ?
C’était la voix de Gabriel, après tout ce silence.
2017.11.11
très différent de la version « Gercées » ! dans l’autre texte, Chris est exactement cavalier, alors qu’ici on comprend clairement son intention qui est louable. en revanche, Gabriel prend un risque surprenant. ceci dit, la démarche reste compréhensible de la part de Gabriel : il ne peut pas ne pas aider Chris à faire ce qu’il est possible pour réparer ce qu’il s’est passé.
c’est très intéressant, comme situation.
comment t’es venu cette excellente idée ?
Ahahah… ahah… ah…
Version alternative intéressante de « Gercées ». Cependant quelle est la version « cannon » de l’histoire ? Celle-ci ou celle de gercée ? Peut-être faudrait-il en déplacer un des deux dans la version alternative.
J’ai du mal à me décider entre les deux laquelle est la plus intéressante. Je suis assez surpris par la réaction de Gabriel qui donne son accord pour que Chris et Alexandra puisse assumer leurs sentiments mutuels. Autant je comprend qu’il veuille aider Chris et Alexandra pour qu’ils arrêtent de se sentir mal tous les deux, autant je le pensais beaucoup plus protecteur voir exclusif avec Alexandra. En tout cas, cela le rend beaucoup plus attachant. Comme je te le disais il n’y a pas si longtemps, on apprend à aimer Gabriel au fur et à mesure des textes et c’est pas plus mal.
J’ai hâte de lire la suite de leurs histoire à tous les trois.
Ha et je crois que c’est la première fois qu’on apprend que Chris à des « pouvoirs ». Est-ce qu’il en a d’autres ?
C’est pour ça que j’ai laissé les deux textes dans la même colonne, parce que moi non plus je n’ai pas réussi à choisir quelle branche était la plus intéressante !
Et concernant les pouvoirs des Chris, j’avais même oublié que je lui avais donné des pouvoirs… !!!