Fraternel

Ils étaient en plein cours de combat.
Tous les deux en tenue, veston et pantalon, sur leur garde et une épee en bois à la main.
La salle était vaste et lumineuse.
De grandes baies vitrées laissaient pénétrer les rayons chaleureux du soleil.
Les cheveux longs bouclés et bruns étaient attachés en queue de cheval.
Ils commencèrent le combat.
Cela fut serré mais le garçon prit le dessus rapidement.
Il était plus grand et avait plus de muscles que la jeune fille.
Il la toucha sur le côté, d’un coup assez puissant qu’il la projeta au sol.
Ce n’était pas son intention, il s’excusa et baissa son arme presque aussitôt. Il se pencha vers elle et lui tendit sa main pour qu’elle puisse se relever.

— Est-ce que ça va… ?
Demanda t-il inquiet.

Elle releva son visage vers lui, les sourcils froncés, elle lui prit sa main et la tira d’un coup sec vers elle pour qu’il perde son équilibre et qu’il la rejoigne au sol.
Le parquet brillant et tiède, les deux lâchèrent leur arme et elle profita de l’effet de surprise pour le plaquer en montant sur lui.
Le bras sur sa gorge pour l’empêcher de se débattre.
Il ne pouvait qu’empêcher sa soeur de l’étouffer avec ses deux mains.
Quelque soit sa corpulence, elle avait mis tout son poids sur ses bras et il commençait à avoir du mal à la contrer.

2013.12.26

Soirée arrosée [R-18]

Il m’avait alors invitée à dîner ce soir là. Il était de nature à être occupé et avait réussi à se libérer en cette soirée. Il était rare ces derniers temps de se trouver du temps pour discuter entre nos horaires de travail.
Il avait commandé une bouteille, pour l’occasion, je pensais qu’il avait besoin de déstresser un peu et puis on ne risquait rien, on habitait à quelques mètres du restaurant.
Moi qui bois rarement, j’avais fait exception à la règle. Pour lui faire plaisir et pour ne pas gâcher son geste.
On a beaucoup discuté et rit. Comme on le faisait autrefois. Cela nous avait manqué.
Nous sommes sortis du restaurant, il faisait nuit, les lumières de la ville semblaient irréelles devant mes yeux embués par la fatigue et le peu d’alcool que j’avais bu.
Nous étions tel un couple.
Je lui avais cramponné le bras et il était un peu chancelant tout comme moi. On était euphorique.
On s’amusait du regard des autres.

— Tu n’aurais pas du boire autant… !

Il marchait à peine droit.

— T’inquiète pas, je tiens bien l’alcool… !

Il jouait le jeu.
Il prit un air sérieux et de sa main gauche il attrapa quelques mèches de mes cheveux. Il carressa ma joue, puis tout se passa très vite, il approcha son visage du mien et m’embrassa.

— Je n’ai jamais cessé de te regarder.

Je n’arrivais plus à quitter son regard. Je rougissais.
J’avais tout autant perdu ma voix.

— Q-qu’est-ce qui te p-prend… ? Ne te moque pas de moi…

Nous n’habitions plus vraiment ensemble, il logeait dans son service pour médecin et devait être disponible à tout moment. Et il avait été plus simple pour moi d’avoir une chambre dans mon service d’infirmière.
En ce week-end il rentrait à la maison pour se reposer au calme, il avait prit un jour de repos.
Il rougissait aussi. Il ne dit rien jusqu’à ce qu’on arrive à l’appartement.
J’avais un double des clés.
Il s’allongea sur le canapé dans le salon. Encore tout habillé.

— Tu pourrais te changer au moins !
Lui dis-je pour le gronder.

J’essayais de ne plus penser à son geste, jetant la faute sur l’alcool.
Il fit semblant d’être déjà assoupi, puis il ouvrit un oeil.

— Aide-moi à enlever mes chaussures… Je suis trop fatigué…

Je poussais un soupir et l’aidais quand même à ôter ses chaussures.
Apres ceci, je m’approchais de lui.

— Tu veux pas aussi que je te porte dans le lit non plus ?
— … Et la chemise ?
Dit-il d’un air moqueur.

Comme il fermait ses yeux, je commençais à deboutonner son haut.
Je rougissais.
Il m’attrapa brusquement la main et me fixa droit dans les yeux.
Je me figeais et le regardais aussi. Il m’avait surprise.

— J’étais sérieux tout à l’heure…
– … De quoi ?…

Il me tira doucement vers lui et m’embrassa de nouveau, cette fois-ci le baiser était plus long et doux.

— Pour ça.

Il se pencha et glissa du canapé, il était tombé sur moi, j’étais au sol.
J’étais paralysée, que devais-je faire ?
Il me regardait fixement, je soutenais son regard. Sa main gauche me tenait le bras droit à terre et sa main droite était posée à gauche de mon visage.

— S… ‘il-te-plaît… Ne t’enfuis pas…

Il dit cela d’une petite voix avec une pointe de tristesse.
Il approcha de nouveau son visage. Je fermais les yeux et il m’embrassa longuement et langoureusement.
Je lui rendis son baiser.
Je me sentais bizarre. Quel étrange sentiment.
Il est vrai que j’ai toujours eu un pincement au coeur quand je le voyais discuter et rire avec d’autres jeunes filles, sur notre lieu de travail.
Nous n’étions pas liés par le sang mais j’ai toujours pensé qu’il ne me considérait que comme sa petite soeur. Refoulais-je tous ces sentiments qui n’avaient pas lieux d’être ?
Je ne devais pas me réjouir trop vite, il agissait comme cela à cause de la boisson. Je me détestais de profiter de ce moment, mais même si je n’y avais droit qu’une seule fois, une seule et dernière occasion, je la saisissais. Avec un peu de chance il oublierait tout ça le lendemain matin.
Il lâcha prise et toujours de sa main gauche, il la glissa jusqu’à ma propre main et mes doigts et la serra.
De sa main droite il descendit jusqu’à mes hanches.
Je me laissais faire.
Il me souleva et porta jusqu’à la chambre.
Il me posa délicatement sur le lit, il enleva ma culotte, ma robe puis mon soutien-gorge.
Quand il eut fini, je l’aidais à enlever sa chemise, son pantalon et son boxer.
J’étais rouge et il en était tout autant.
Chacun n’osait rien dire.
La lumiere était restée éteinte.
Il me caressa tout doucement, comme s’il avait peur de me briser.
J’étais embarassée et je n’arrivais pas à reflechir. C’était agréable.
Je lui carressais le torse, puis de sa main droite, il prit ma main et la guida jusqu’à son pénis. Il était tout dur et brûlant. À mon tour je l’ai caressé, de mes deux mains. Il poussa au soupir de plaisir.
J’étais toute rouge. Son gémissement était adorable. J’arrivais à lui donner un peu de plaisir.
En poussant ce petit soupir, il lâcha ma main et posa la sienne près de mon visage, sur lit, pour l’empêcher de s’écrouler sur moi. Je sentais qu’il avait du mal à se contrôler.
Il mit un doigt, je me crispai un peu. Alors, il prit un air surpris et me regarda dans les yeux.

— … Tu es vierge ?!

La lumière de la ville qui se réfléchissait à travers la fenêtre et dans la chambre.
J’étais tellement embarassée que je n’ai pas eu le courage de répondre, alors je fixais un coin de la chambre.
Il se redressa et de sa main droite, il caressa mes cheveux et mon visage.

— Je te promets que je serai doux. N’aie pas peur. Je ferai en sorte que tu aies le moins mal possible.

Il continua de me caresser, je n’en pouvais plus, c’était trop agréable, j’avais joui. Il s’en était rendu compte. En même temps il m’embrassait et me caressait le long de mes hanches. De ses grandes mains chaleureuses.

(Elle a jouit… Elle est si mignonne… Adorable… )

— Je vais te donner plus de plaisir…

Il retira sa main.
Ma main sur son pénis ne faisait plus grand chose. Je ne faisais que le tenir. Puis je le tenais par la taille. De ma petite main sur son beau corps. Il était un peu musclé. Sa peau était douce. Je l’aimais.
Il me prit par la main et la serra.
De sa main droite il prit son pénis et le caressa contre mes lèvres inférieures.
C’était humide. C’était moi qui était aussi humide. La chaleur de son pénis était agréable. C’était si doux.
Il s’allongea sur moi, sa tête à côté de la mienne, je sentais son souffle sur mes tempes et j’entendais sa respiration saccadée.
Il écarta un peu mes jambes de sa main.

— Relaxe-toi. Je ne te ferai pas mal, si c’est le cas dis le moi.

Il pénétra petit à petit. Je poussais un petit gémissement.
Je sentais que ca n’entrait pas.
Il me regarda.

— Je suis désolé, je te fais mal ?

Je secouais la tête.

— … Continue… Je suis heureuse que ce soit toi…

Je crus voir une larme au coin de son oeil.
Il finit par me pénétrer. Je le sentais à l’intérieur de moi.
Je le serrais de ma main droite.
Nous ne faisions plus qu’un.
Il essaya de bouger. Très lentement.
De ses deux mains il me porta et m’embrassa encore.
Il était extraordinairement doux.
Il se retira à sa limite et jouit sur mon corps.
Comme pour se faire pardonner, il fit couler un bain et revint vers moi.
J’étais épuisée, il m’avait fait jouir plusieurs fois. Il s’assit à côté et m’embrassa encore.
Il était là, à m’observer. Sous tous les angles, j’étais littéralement à nue. Tout comme lui.
Il me porta jusqu’à la baignoire.
C’était une grande baignoire qui pouvait faire jacuzzi. Je me demandais s’il avait déjà utilisé cette fonction.
Cet appartement dans un grand immeuble de luxe était un peu son caprice. N’ayant que peu de temps pour lui il avait décidé de le prendre pour la belle vue et pour son plaisir personnel bien qu’il n’y passait pas souvent de temps. C’était bien trop spacieux pour lui seul.
Mon corps tremblait encore d’émotion, il me posa doucement dans l’eau à température parfaite. Il avait même fait mousser.
Il entra à son tour et me prit dans ses bras.
Tout cela me semblait si irréel.
Cet appartement ressemblait tellement à un hotel pour couple.
J’étais fatiguée.
Il m’aida à me nettoyer puis alla chercher quelques vêtements dans la penderie.
C’est vrai que j’y avais amené et laissé quelques affaires que je ne pouvais garder dans ma petite chambre de service.
Je me levais pour me sécher lorsque je perdis un peu l’équilibre. Il me rattrapa. Il était tout nu. J’étais enveloppée dans ma serviette.
On mit notre pyjama.
Il me prit par surprise et me porta telle une princesse jusqu’à son lit.

2012.08.07

Travail

L’histoire commence avec un homme qui entre dans une taverne pour manger.
On voit l’homme de dos.
On voit une partie de la taverne.
Il aperçoit de loin une jeune fille un peu frêle, le gérant semble la pousser un peu à faire certaines tâches et lui crit dessus.

Plan : sur le fond de la salle : le comptoir, le bar et la cuisine.

On voit la fille, zoom sur son visage.
Elle jette un regard vif au client.
Le gérant la pousse d’une tape dans le dos.

— Allez, plus vite que ça !

Elle obéit sans discuter.
L’homme s’assied et prend commande. Il observe la décoration de la maison et jette quelques regards au fond, là où la jeune employée s’est dirigée.
Il mange et va au comptoir pour payer et adresse quelques mots au patron, d’un ton un peu détaché.

— Votre petite employée là, vous devriez faire attention, elle a l’air d’avoir du mal à supporter son propre poids…

Il sort de sa bourse de quoi payer.

— Vous parlez de la petite jeunette là ? M’en parlez pas, elle est toute récente et nous a supplié de la prendre, en échange de quoi manger et un endroit où dormir, mais quoi qu’on lui donne aà manger, elle reste faible… Une vraie plaie sans compter ses maladresses…

La déception et l’énervement se lit sur son visage.

— Je vois… Merci patron.

Il jeta un dernier regard vers la cuisine et s’en alla.
Il regarde la porte d’entrée de l’auberge.
Il allait partir avec ses bagages lorsqu’il passa devant une petite ruelle, elle semblait donner sur le côté de la taverne.
Il entendit du bruit. Des voix.

— T’en a pas marre de faire des conneries ?!

Il reconnaissait cette voix. C’était le gérant.
Il s’approcha. Il vit la jeune employée à terre, il semblait que le gérant l’avait poussée et elle était tombée en emmenant avec elle une poubelle.

— Relève-toi. Tu vas finir par me coûter plus cher que ce que tu m’apportes. Qu’est-ce que je vais faire de toi ?!

Il est debout, la regarde de haut et semble en avoir marre et ne sait plus quoi faire de son employée.
Elle tente de se relever, avec difficultés.
Elle réussit à se lever en s’aidant du mur.
Le patron la jauge de haut en bas.
Elle a un moment de faiblesse et perd connaissance.
Il arrive à temps et cours la rattraper.

— Que faites vous là ?!

Le gérant surpris de le voir débouler.

— Je passais par là.

Il prend la fille dans ses bras et l’observe. Elle est faible et fébrile. Il doute de l’encadrement de cette employée par son gérant.

(Elle est faible et toute légère…)
(Une personne peut-elle être aussi légère ?)

— Qu’est-ce que vous comptez faire ?
— Pardon ?

Il ne comprennait pas le sens de la question, d’un air interrogateur.

— Vous comptez faire quoi de cette fille ?
Dit il en soupirant.

— Je ne sais pas.
— Je n’ai pas les moyens de la prendre en charge surtout qu’elle semble avoir des problèmes de santé. Je ne roule pas sur l’or, vous voyez…

Il regarda le gérant et la jeune fille qu’il avait dans ses bras. Il ne savait pas.

— Je n’ai pas le coeur à la renvoyer mais je n’ai pas le choix…
— …

(Réfléchis, réfléchis… )
(Je sais !)

— Justement, j’aurais besoin d’une aide ménagère chez moi, si elle ne me coûte rien à part le logis et la nourriture, je veux bien l’embaucher !
— Dans ce cas, emmenez-la.

Il rentra en empruntant la porte et la referma derrière lui.
Vue sur la porte fermée et l’homme et la fille dans ses bras.
Il avait un sac à dos assez remplit.
Il reste bouche bée par la situation dans laquelle il s’est mis.

(Pourquoi ai-je menti ?!)
(Dans quoi me suis-je embarqué ?!)
(Je n’habite même pas dans cette ville… )

Il se frotte la tête.
Il porte la fille de ses deux bras.

(Tout d’abord, prendre une chambre pour la nuit… )

Il marche un moment avec la fille endormie.
Il trouve une auberge.
Il entre, pousse la porte de son pied et de son épaule.
À l’acceuil une femme.

— Bonsoir, une chambre pour deux ?

Un peu surprise de voir un homme porter une fille dans ses bras.

— Une chambre seule devrait suffir, s’il-vous-plaît.
— Comme il vous plaira.

Elle décroche une clé du mur, avec un numéro.
Elle la pose sur la table.
Il la prend de sa main gauche.

— C’est à l’étage.
— Apportez-moi une soupe chaude et du pain s’il-vous-plaît.
— Compris monsieur.

L’auberge était en bois.
Les escaliers grinçaient.
Il arrive devant la porte, il ne peut pas ouvrir la porte. Il posa délicatement les pieds de la fille au sol pour pouvoir se libérer la main gauche et ouvrir.
Il pose la fille dans le lit. Retourne sur ses pas pour fermer la porte et poser ses affaires.
Le lit est près de la fenêtre. Enleve sa cape et la pose sur elle.
Il prend une chaise et s’assied devant elle.
À droite du lit, une commode, table.
Il s’assied et prend sa tête dans ses mains. Il réfléchit.
On vient frapper à la porte. Il se lève et va ouvrir, c’est un majordome qui est venu apporter la soupe et le pain sur un petit plateau.

— Bonsoir. Monsieur. Votre soupe.
— Merci, jeune homme.

Il referme la porte et pose le plateau sur la commode.
Il tourne en rond puis s’arrête devant elle.
Il la regarde. Elle semble dormir.
Il pose sa main sur son front.
Elle n’a pas de fièvre mais son corps est froid.
Il lui touche sa main. Froide.
Elle commence à se réveiller.
Elle plisse des yeux.
Elle ressent une chaleur.
Elle ouvre les yeux.

Vue première personne.
Elle voit le plafond.
Puis tout devient un peu plus clair, elle voit un homme à sa gauche qui lui tient la main.
Lui, surpris, relâche sa main.
Elle essaie de se relever.
Elle s’appuie sur ses bras.

— Ne te force pas !

Il l’aide à s’asseoir en calant l’oreiller derrière elle.

— Où suis-je… ?
— Dans une chambre d’auberge. Je suis… Ton nouvel employeur.

Elle ne dit rien.
Elle observait la salle. Elle n’avait jamais eu un tel confort depuis son arrivée ici.
Il la regardait et ne savait pas quoi dire, il regarda la commode.

— Tiens, mange pendant que c’est encore chaud.

Il lui porta le plat jusqu’à ses genoux.
Elle fit les yeux ronds. Et regarda le plateau et l’homme.

— Reprends des forces. Tu en auras besoin.

Il lui fit signe de commencer à manger.

— J… Je ne peux pas accepter. Mangez, vous.
Dit-elle d’un air géné.

— J’ai déjà mangé, si tu ne le manges pas ça sera du gâchis.

Elle regarda le plateau et dû accepter.

— Merci beaucoup…

Elle prit la cuillère, la posa dans la soupe et la souleva. Elle tremblait.
Il approcha sa chaise à la droite du lit et proposa son aide.

— Merci…

Des larmes coulèrent sur son visage.
Elle mangea le pain seule.
Elle commençait à se réchauffer.

— Comment t’appelles-tu ?

Elle secoua la tête.
Elle lui raconta tout ce dont elle se souvenait.

Elle s’était réveillée au bord d’une route, dans un champs.
Elle avait mal à la tête, elle se rendit compte qu’elle s’était cognée sur une grosse pierre, un peu de sang restait et avait séché.
Elle se leva, et vit qu’elle était entourée de grandes étendues d’herbe et de blé.
Et du vent.
Elle avait une robe semi longue aux manches courtes. Elle commençait à avoir froid.
Elle cru voir une ville au loin, des bâtiments. Il faisait encore jour.
Elle s’y dirigea à pieds.
Elle ne savait pas qui elle était, ce qu’elle devait faire, mais elle devait faire quelque chose.
Elle arriva et observa les gens autour d’elle.
C’était une grande ville avec de grands bâtiments et des routes très encombrées, des charettes, des chevaux.
Les gens passaient sans la voir.
Elle esperait que quelqu’un la reconnaisse.
Elle commençait à avoir faim.
Elle vit des boutiques.
Des boulangeries, à travers la vitre elle voyait la nourriture, cela sentait bon.
Elle vit les gens qui entraient, commandaient, puis en échange donnaient des pièces.
Elle n’avait pas de pièces.
N’osant pas entrer elle partit et erra dans les ruelles.
Elle se réfugia dans une petite ruelle, il y avait des caisses, elle s’y cacha pour se protéger du vent.
Une porte derrière elle s’ouvrit et elle sursauta.
Un homme sorti, il était costaud.
Elle prit peur.
Il la vit entre ses caisses et la fixa.

— Qu’est-ce que tu fais ici ? Rentre chez toi. Oust.

Elle continua de le regarder puis regarda le sol, les jambes dans ses bras.

— Qu’est-ce que tu veux ?

Elle ne parla pas.
Son ventre grogna.

— Si tu n’as pas d’argent, va t’en, je ne nourris personne gratuitement. Tout le monde travaille dur ici.

Il faut travailler pour manger ?
Elle releva la tête, et s’adressa au monsieur.

— Travailler !
— Quoi ?

Il fut surpris de sa prise de parole spontannée.

— Tu veux travailler ?

Elle hocha la tête.

— Manger !

Il rit.

— … Je n’ai pas grand chose à t’offrir… que des restes !

Elle le regardait avec détermination.

— Ça te va ?
— Oui !
— Tu as intérêt à travailler très dur. Il n’y a pas de place pour les tire-au-flanc ici.

2012.07.30

Chat

Elle habitait seule dans une petite maison.
Elle avait l’habitude de laisser la porte ouverte.
Un chat noir passait souvent, ils s’étaient liés d’amitié.
Elle ne voulait pas le garder enfermé chez elle rien que pour son plaisir. Elle s’était résolue à le laisser partir et venir comme bon lui semblait.
Elle préparait de temps à autre une gamelle rien que pour lui.
Elle s’accroupissait et lui caressait gentiment la tête.
Il posait alors sa patte sur sa cuisse, un geste qui signifiait qu’il demandait un repas.
Elle souriait, le trouvait mignon et apportait sa petite gamelle.
Il mangeait et repartait comme il était venu.
À peine retournée pour faire un peu de rangement, il était déjà parti.
C’était toujours ainsi.
Quand il revenait blessé, elle sortait alors sa trousse de soins et lui appliquait de petits bandages.
Elle le laissait se reposer sur son canapé.
Elle s’endormait à ses côtés, à son réveil, il était déjà reparti.
Ainsi était leur relation.
Elle vivait en dehors du monde, recluse.
Elle cultivait même un petit potager.
Espérait-elle en secret qu’un prince vienne l’enlever et lui fasse découvrir un tout autre monde.

Un beau jour, elle était fièvreuse, elle fit un malaise.
Elle se retrouva allongée a même le sol.
La fraîcheur de la surface lui faisait du bien, elle était restée ainsi, trop faible pour bouger et s’était endormie brulante.
Personne ne la connaissait, personne ne pouvait lui venir en aide.
Le chat vint.
Il se figea.
Il s’approcha.
Se frotta la tête contre la jeune fille qui le nourissait.
Il posa sa patte sur sa chevelure.
Elle ne bougea pas.

Il tourna plusieurs fois autour d’elle.
Elle ne se réveillait toujours pas.
Il sortit.
Il se ballada entre le linge et draps étendus à sécher.
Il se transforma en un jeune homme nu.
Il emprunta un drap propre et l’utilisa comme toge.
Il retourna à l’intérieur de la maison.
Il s’approcha de la jeune fille.
Il la porta.
Elle était brulante.
Il l’allongea sur le canapé.
Il ressortit chercher un gant de toilette ou une serviette.
Il trempa ce qu’il avait pu trouver dans l’eau du puit.
La fraîcheur devrait la soulager.
Il posa délicatement la serviette pliée sur son front.
Il approcha son visage du sien.
Elle entrouvrit ses yeux.
Il fut surpris.
Elle lui attrapa faiblement la main.

— Est-ce un rêve… ?

Et se rendormit.
Il lui rattrapa la main dans la sienne et la colla tendrement sur sa propre joue.

2012.07.12

Chute

Elle ne se souvenait plus de son nom.
On l’avait aidée à se laver et à mettre une longue robe.

Un homme âgé et aux traits durs était alors entré dans la pièce et avait ordonné aux femmes de partir, d’un geste rapide.
Il claqua des doigts et fit entrer deux hommes.
Ils tenaient tous les deux des cordes dans leurs mains.
Alors qu’elle était assise dans sa chaise, encore trop faible pour bouger, sans sa robe légère, ils s’approchèrent et lui attachèrent les poignets et les pieds.
Comme si cela était nécessaire.
Ils l’emmenèrent en la portant tel un sac de sable, à l’extérieur.
Ils la jetèrent derrière une charette couverte et ils montèrent devant.
Un des hommes s’assit au milieu en tant que cocher et son coéquipier était à ses côtés.
Ils partirent.
La route était cabossée, ils empruntaient un sentier parsemés de pierres.
Les cheveaux s’arrêtèrent brusquement un moment.

— Que se passe t-il ?
— Rien… Demande leur de repartir !

Lors du freinage, elle fut projetée en dehors de la voiture. Elle étouffa un cri et percuta le sol.
Elle pensa que c’était sa chance. Elle ne savait pas ce qu’ils allaient faire d’elle mais cela ne présageait rien de bon. Elle ne devait surtout pas faire de bruit pour qu’ils ne la remarquent pas.

— T’as rien entendu ?
— Quoi donc ?
— J’ai cru entendre un bruit…
— On est en plein milieu de la forêt, ca doit être un animal sauvage.
— …
— Bon, dépêchons-nous de reprendre le chemin. Si on arrive en retard…

2012.07.05

Amnésie

Elle se réveilla dans une salle sombre. Elle était attachée par les poignets à un mur de pierres.
Elle avait froid.
Ses vêtements étaient en lambeaux.
Qu’est-ce qu’elle faisait là ?
Comment s’appelait-elle ?
Quelle heure était-il?
Quel jour on était ?
Toutes ces questions arrivèrent dans son esprit.
Elle paniqua.
Elle aperçut une silhouette devant elle.
Un homme.
Il se tenait devant elle, la porte était fermée mais la lumière de dehors s’y infiltrait par les interstices.
Elle plissa les yeux en essayant de deviner qui était cet inconnu.

— Tu sais qui je suis ?

Une voix rauque se fit entendre.
Elle sursauta.
Elle ne comprit pas tout de suite la question.
Elle continua à le dévisager.
Il s’accroupit et elle le sentit s’approcher d’elle. Par réflexe elle recula.
Il lui prit le visage dans ses mains.
Il faisait trop sombre pour y voir clair.
Il la relâcha et sortit.
Elle l’entendit derrière la porte donner des ordres à d’autres personnes.

— Détachez-la, faites-lui prendre un bain et habillez-la avec des vêtements propres. Emmenez-la moi ensuite.

Ses pas s’éloignèrent.
La porte se rouvrit, deux silhouettes s’approchèrent d’elle.
C’étaient des femmes.
Une avec une clé dans ses mains, libéra les chaînes qui lui emprisonnaient les poignets et la détacha.

— Tu peux te lever ?

La voix était douce.
Elle tenta de se lever mais elle faillit s’écrouler sous son propre poids.
La deuxième femme la rattrapa et l’aida à se déplacer.
Elle fut aveuglée dès qu’elle mit les pieds en dehors de la pièce.
C’était un couloir luxueux, cet endroit était certainement un château.
Heureusement que les jeunes femmes étaient là pour l’aider. Ses jambes étaient faibles.
Les muscles de ses bras étaient atrophiés.
Elles l’emmenèrent dans une autre pièce, puis dans une salle de bain.
Elles l’aidèrent à s’asseoir sur une chaise. Une des femmes alla faire couler le bain et préparer des vêtements propres.

2012.07.04

Cueillette

Charles travaillait dans une forge depuis son plus jeune âge.
Il était orphelin et le forgeron de la ville vivant seul décida de l’adopter et le prendre en tant qu’apprenti.
Quand il grandit et que son maître trépassa, il continua son activité et reprit la boutique.

Un jour, il manquait de plantes pour le rhume et se rendit dans la forêt après la fermeture.
Il vivait à l’étage au dessus.
Il s’apprêtait à ceuillir la plante qu’il recherchait quand derrière l’arbre devant lui, une main depassa et la cueillit au même moment.
Quand elle aperçut aussi la main de Charles, cette personne s’immobilisa.
Méfiant, Charles s’exprima le premier.

— Qui est là ?!

La main trembla, retourna derrière l’arbre et une jeune fille avec un gros gilet et une grande capuche qui lui descendait jusqu’au visage sortit de sa cachette.
Elle avait de longs cheveux et sa capuche cachait une partie de son visage.
Sous son gros gilet, elle portait une longue jupe qui lui descendait jusqu’aux genoux.
Elle portait des bottes, elle tremblait un peu.
Elle n’osa pas parler.
Il fut surpris.
Il ne s’attendait pas à cette rencontre.
Il savait qu’il ne devait pas se fier aux apparences.
Elle avait un gros sac en bandoulière sur son épaule.
Elle pouvait cacher des armes.
Il dégaina son épée.

— Qui es-tu ?
Dit-il d’une voix menaçante.

Elle prit peur et s’enfuit.
Il la coursa, elle se prit les pieds dans une racine et s’étala au sol, son sac s’ouvrit et le contenu se vida à ses côtés.
Il y avait là des livres et un pot en verre.
Charles s’approcha et ramassa un livre sans lâcher son épée.
Il le feuilleta, ce n’était que des descriptions de plantes et des esquisses.
Il observa la jeune fille. Il s’était trompé sur son compte.
Il ramassa les autres livres et s’avanca vers la fille à terre.
Il lui tendit les livres d’un air gêné.

Elle releva la tête et ne savait pas comment réagir. Si elle devait avoir peur de cet homme.
Elle tendit une main hésitante et reprit ses bouquins.
Elle se releva, frappa sur ses vêtements pour faire partir la terre et rangea ses livres dans son sac.

— Merci…
— Pourquoi t’es-tu enfuie ?
— …
— Tu ne devrais pas traîner dans cette forêt. C’est dangereux par là.

Elle acquiesça d’un mouvement de tête, encore un peu tremblante.

C’était la première fois qu’elle rencontrait quelqu’un. D’habitude elle faisait toujours attention à n’approcher personne. Cette fois-ci elle n’avait pas été assez prudente et ne pensait pas qu’il y aurait quelqu’un derrière l’arbre.

— Comment t’appelles-tu ?
— … Myra…
— Myra… ? … Je m’appelle Charles. Tu habites en ville ? Je vais te raccompagner.

Elle agita frénétiquement la tête de gauche à droite.

— Je vais rentrer chez moi, ça va aller.

Elle bougea et courut dans la direction opposée.

— Hé-

Il n’eut pas le coeur à la rattraper.
Il ramassa la plante qu’il voulait et rebroussa chemin.

Myra emprunta de petits chemins parsemés d’arbres et fit attention à ne pas être suivie.
Elle arriva à une cascade et s’engouffra derrière par un petit espace.
Elle posa sa main sur la pierre et un passage s’ouvrit.

Il faisait déjà un peu nuit.
Elle se dirigea vers sa maison.
Elle vivait seule depuis un moment.
Ses parents étaient partis dans la demeure de la prêtresse.
C’était signe qu’ils estimaient qu’ils avaient assez bien vécu et qu’ils donnaient leur vie pour que le petit coin de paradis dans lequel ils avaient passé toute leur vie et qui les avait accueillis, perdure.
Elle s’y était faite, elle savait que la vie et la mort faisaient partie du cours du temps.
Elle avait été triste que ses parents décident de partir mais ils avaient fait leur choix, ils avaient réfléchi et été partis l’esprit tranquille.

Myra ne se mêlait pas aux autres.
Elle restait la plupart du temps seule à lire dans la grande bibliothèque et sur terre pour ramener des plantes sur l’île. Elle entreposait chez elle des centaines de plantes différentes et cultivait d’autres dans le jardin et dans les serres non loin de chez elle.
Sa mère avait commencé cela bien avant elle. Petite, de santé fragile, elle restait déjà souvent à la maison. Sa mère, dont elle avait hérité la constitution, lui avait appris beaucoup de choses.

— Myra, c’est dangereux de sortir et descendre sur la terre ferme. Promets-moi de faire attention quand tu en auras le droit.

L’âge à laquelle on pouvait quitter l’île était 18 ans.
La prêtresse vérrouillait la porte d’accès à tous les plus jeunes.
Myra n’était pas guerrière et ne savait pas se défendre mais elle prenait toujours le plus de précautions possibles quand elle s’y aventurait.

2012.07.04

Hiver

C’était un soir d’hiver, Charles se promenait dans la ville, lorsqu’il entendit des pleurs au loin. Il entra dans une petite ruelle.
L’endroit était malfamé, c’était le quartier des maisons closes.
Il commençait à neiger.
Il s’approcha de l’endroit d’où provenait les pleurs.
Il y avait là une caisse, une couverture au fond et un nouveau-né dedans, enveloppé dans du tissu.
Il regarda autour de lui, il faisait nuit noire et il ne semblait y avoir personne.
Il ne pouvait pas laisser cet enfant là.
Il le prit dans ses bras pour le consoler. Les pleurs cessèrent peu à peu.
Il se retourna une dernière fois avant de partir en emportant l’enfant.

Il se dirigea vers la forêt, le bruit d’une cascade se fit entendre de plus en plus proche.
Il finit par arriver devant le point d’eau et traversa le rideau d’eau pour se retrouver dans une sorte de grotte.
Il tapota les murs d’une main et de l’autre il tenait l’enfant serré contre lui.
Sa main s’arrêta sur une surface de la roche et il sembla traverser la matière.
Il la pénétra et se retrouva de l’autre côté.
Un village verdoyant, éclairé par la lumière de la lune.
La lune était bizarrement plus proche.
Il se hâta jusqu’à sa demeure.
Il poussa la porte de chez lui.

Une femme l’attendait avec un repas et un jeune garcon était assis à table et lui souriait.

— Papa !
— Charles, tu as tardé- qu’amènes-tu ?
— Sylvain, Myra, je suis rentré. Vous n’allez pas me croire, ce que j’ai trouvé en ville…

Il s’approcha de Myra et lui montra ce qu’il avait dans ses bras.

— Mais-…
Myra s’approcha et regarda l’enfant et son époux attentivement.
Charles finit par reprendre la parole.

— Je l’ai trouvé abandonné dans une caisse dans une ruelle… Il n’y avait personne aux alentours.
— Sa mère doit avoir ses raisons…
— Papa, qu’est-ce que c’est ?
— Sylvain… C’est un bébé.

Myra réfléchit quelques secondes. Son regard et celui de son mari se croisèrent et ils se mirent d’accord sur une décision.

— Nous allons le garder.
Dit Myra.

C’était une fille. Vu la couleur de peau, la taille et la forme de ses yeux, l’enfant venait à peine de naître.
Charles avait sauvé ce bébé. S’il l’avait laissé dans le caisson, il serait certainement mort de froid.
Sylvain ne comprenait pas vraiment la situation. Son père venait d’amener un enfant.
Il s’approcha de sa mère pour observer l’intrus de plus près.
Il avait en cette année un peu moins de 10 ans.

— Sylvain, tu vois, tu étais pareil quand tu es né.
Dit Myra en montrant l’enfant endormi dans ses bras.

— Elle sera à présent ta petite soeur, tu la considéreras comme ta propre petite soeur, tu comprends ? À partir de ce soir elle fera partie de la famille.
— Il faut lui trouver un nom. Que dirais-tu de « Ange » ? Elle est tel un ange qui est tombé du ciel.

Charles s’approcha de son épouse et posa sa main sur son épaule.
Elle acquiesça.

— Dans ce cas, Ange.
— Ange…
Répéta Sylvain.

— Mettons-nous à table à présent.

Après le dîner, Sylvain retourna dans sa chambre et se coucha. Il ne savait pas exactement ce qui venait de se passer mais il venait de faire la connaissance d’Ange et elle serait à présent sa petite soeur.
Dans son esprit innocent, il se demandait si c’était aussi ainsi qu’il était arrivé ici.
Ses parents ressortirent un petit berceau qui était à Sylvain et l’installa dans leur chambre et y coucha Ange.
Ils se couchèrent à leur tour.
Pendant que Charles enlevait ses vêtements, Myra était déjà dans le lit, sous la couette et réfléchissait.
Etait-ce bien de garder cet enfant ?
Charles se mit sous la couette et devina les pensées de sa femme.

— Je retournerai en ville demain pour me renseigner sur cet enfant et ses parents. Ne t’inquiète pas. Pour l’instant gardons-le et occupons-nous de lui comme si c’était le nôtre.

Elle se tourna vers Charles.

— J’irai voir la prêtresse demain, pour lui en parler. Si on doit garder cet enfant, faisons bien les choses.

Au lever du jour Charles se réveilla et s’assit sur le rebord du lit.
Sylvain était aussi réveillé, il courut dans la chambre de ses parents pour les réveiller.

— Papa, maman !
Cria t-il en ouvrant la porte de leur chambre.

— Chut. Ange dort encore.
Chuchota son père avec son index sur la bouche.

Sylvain se tut et son regard fut attiré par le berceau qui lui était familier. Il s’en approcha en silence et se pencha au bord pour y observer Ange.
Son père s’avança vers son fils et lui chuchota.

— Laissons-les dormir encore un peu. Va prendre ton petit déjeuner, j’arrive.

Il hocha la tête et sortit en jettant un dernier regard à sa nouvelle petite soeur.

2012.07.02

Établissement

Sylvain s’était dirigé vers l’établissement scolaire en pensant encore à sa soeur.
L’esprit non tranquille.
Il arriva enfin.

C’était une grande et vaste maison de 3 étages. Faite de bois, une grande porte d’entrée qui donnait sur le hall avec un escalier qui permettait d’y accéder.
On pouvait voir au fond du hall de petits escaliers permettant d’accéder aux étages supérieurs.
Plusieurs grandes salles sur les côtés remplies de tables et de chaises, un tableau d’ardoise pour y écrire quelques mots ou notions de cours.
Les étages supérieurs correspondaient aux classes et niveaux au dessus.
C’était le bâtiment pour ceux qui s’orientait vers une classe de support, même si les guerriers avaient tout de même quelques cours.
Tout autour de l’établissement, des petits arbustes et surtout une grande cour permettaient aux élèves de mettre en pratique leurs acquis.
Bien que plus occupée par les guerriers.

Sylvain entra. Il se fit saluer par toutes les filles et même quelques garçons qui éprouvaient du respect pour lui.
Quelques filles descendirent de leur étage pour jeter un oeil à Sylvain qui ne montait pas au troisième étage mais se rendait dans une salle au rez-de-chaussée.
Il salua la professeure de sa soeur et la tint au courant.
Elle fut informée et elle lui dit qu’Ange était un peu en avance sur cette classe, donc que ce n’était pas très grave.
En réalité les élèves suivaient un peu le cursus de leur choix. Ceux qui préféraient le terrain y allaient.
À un certain moment certains s’ennuyaient et s’en allaient.
Pour ce qui était du terrain, plusieurs maîtres étaient présents pour superviser les élèves et que ce ne soit pas le bazard.
En temps normal c’étaient les professeurs qui décidaient du niveau de l’élève.
Rien n’empêchait un élève de faire ce qu’il voulait, voire même ne pas assister à certains cours, du moment qu’il n’empêchait pas le bon fonctionnement des cours.

2012.06.22

Incident

Elle était sortit en cachette comme à l’accoutumée.
Elle prit le portail et observa le paysage nocturne autour d’elle.
Elle aimait l’ambiance qui se dégageait de cet endroit.
Elle inspira l’air, lentement, puis l’expira.
Elle allait commencer à s’entrainer.
Elle récitait à voix basse différentes formules, quand tout à coup, elle entendit des bruits de pas. Ils étaient presque inaudibles mais cela faisait un bout de temps qu’elle connaissait les bruits de cette forêt.
Elle s’arrêta net et tourna sa tête en direction du bruit.
Une fille d’à peu près son âge et qui avait le même visage qu’elle, venait d’apparaître devant elle.
Elles furent toutes les deux surprises. La lumière de la lune éclairait leurs deux faces de telle manière qu’elles pouvaient se contempler.

Un troisième bruit se fit entendre.
Un inconnu s’avanca à la lumière et observa la scène. Il fut surpris de trouver deux jeunes filles en ce lieu et souriait.
La jeune inconnue semblait aux aguets et fixait l’homme.
Lui-même jaugeait les deux filles, puis arrêta son regard sur Ange qui semblait ne pas comprendre la situation.
Il se figea et fonça sur elle.
Il avait choisi sa cible.
La jeune fille recula d’un pas et s’apprêtait à partir en courant.
Elle hésita un instant, entre fuir et donner un coup de main à Ange.
Elle lâcha un juron avant de courir vers Ange.

L’homme avait déjà atteint Ange.
Il était juste devant elle, il s’était arrêté et l’observait.
Il la mata de haut en bas puis d’un coup brut, il attrapa le cou d’Ange dans sa main droite et se mit à la soulever.
De sa main gauche il chercha son couteau dans son fourreau.

— Merde merde merde !
Murmura t-elle à elle-même.

Ange essaya de désserer l’étau avec ses deux mains.
Il avait commencé à la soulever dans les airs et riait.
Elle avait mal et avait la respiration coupée.

La fille sortit son épée de son fourreau et fonçait sur l’homme.
Il sentit le coup venir et l’avait entendue.
Il l’empoigna par le bras et lui fit lâcher son arme.
Il s’était retourné et avait lâché Ange qui s’était écroulée à terre, se massait le cou et toussait en tentant de reprendre son souffle.
Il avait attrapé l’autre fille et semblait s’amuser.
Elle tentait de se dégager mais il était bien plus fort.
Elle tenta de lui donner un coup de genou dans le bas du ventre et le point faible de tout homme.
Il dégaina une dague et coupa devant lui pour éviter l’attaque.
Elle fut assez vive pour éviter un coup fatal, elle se décala sur le côté mais elle prit tout de même un coup sur le flanc droit.
Elle était à terre et se tenait le ventre pour soulager sa douleur et le saignement.
Ange reprit peu à peu ses esprits, elle vit l’homme se diriger vers l’autre fille avec une dague à la main. Il allait mettre fin au combat.
Elle était à terre, regardait avec désespoir l’homme et tentait de se déplacer, de se relever.
Ange lança alors un sort d’enchaînement. L’homme s’immobilisa, il ne sembla pas comprendre ce qu’il lui arrivait.
Elle lança un sort d’anesthésie et de revigoremment à la jeune fille.
Un cercle apparut autour d’elle et un courant d’air chaud l’entoura.
Elle se sentit beaucoup mieux, en une fraction de seconde, elle vit qu’elle devait profiter de la situation et de l’avantage dont elle disposait actuellement.
Elle se releva, ramassa son arme à terre, fonça sur l’homme, enfonça son épée dans son torse, la retira tout de suite après et lui trancha la gorge.
Il ne comprit pas ce qu’il lui arrivait, son corps qui se vidait de toute vie tomba telle une masse, à terre.
Les différents sorts se dissipèrent peu à peu.
Ange se releva et s’avanca vers sa sauveuse.
Après avoir donné le coup fatal, elle sentit sa force la quitter, elle regarda Ange et ses jambes semblaient s’écrouler sous son poids.
Ange courut vers elle et la rattrapa.
Elle saignait.
Elle était en train de perdre connaissance.
Ses vêtements commençaient à être imbibés du fluide rouge qui s’écoulait de son corps.
Elle la posa lentement devant elle, posa sa main sur sa blessure et cantonna une formule.
Le sang restait mais la blessure se refermait peu à peu.
Une certaine chaleur se dégageait de sa main.
Elle ouvrit les yeux peu à peu.
Elle vit le visage pâle d’Ange.

— … Merci…
Dit-elle d’une faible voix.

— Comment te sens-tu… ?

Elle tenta de se redresser, par réflexe elle toucha sa blessure qui avait disparu.

— … Comment ?!

Elle se tourna vers Ange qui la souriait gentiment.

— C’est à moi de te remercier. Tu m’as sauvée.

Elle se rendit compte de l’heure.
Elle enleva sa cape et la posa sur le dos de la jeune fille qui était sans voix.

— Merci encore, accepte ce modeste présent. Est-ce que ça ira ?

Je m’excuse mais je dois partir.

— … Comment appelles-tu ?
— Ange. J’espère que nous nous reverrons dans d’autres circonstances.
— Ange… ? Je m’en souviendrai … Hélène. C’est mon nom.

Elle lui adressa un dernier sourire avant de partir furtivement.
Hélène resta encore assise avec la cape sur son dos qui était d’une agréable tiédeur en cette nuit agitée et froide.

Ange partit en trottinant.
Le temps était passe trop vite.
Elle ne devait pas rentrer trop tard ou on risquait de découvrir ses escapades nocturnes.
Elle avait des sueurs froides.
Un tâche rouge commençait à apparaître et s’étendre sur son flanc droit.

Elle arriva à la cascade, sa respiration était sacadée, elle se raffraîchit un instant le visage dans l’eau glacée.
Elle passa derrière le rideau aqueux.
Elle posa sa main sur une paroie de roches, l’autre main sur une autre roche que sa main traversa, elle s’avanca et traversa la paroie pour arriver dans un autre lieu.
Il faisait encore nuit.
Son sang commençait à couler le long de son flanc jusqu’à sa cuisse. Derrière elle, elle laissait quelques gouttes rouges.
Elle arriva enfin devant chez elle. Tant bien que mal.
C’était en plein milieu de la nuit, personne ne devait être debout à cette heure-ci.
Elle ouvrit la porte lentement et silencieusement. Elle monta dans sa chambre en faisant le moins de bruit possible. Elle entra dans sa chambre et lâcha un long souffle de soulagement. Elle n’avait croisé personne.

— Où etais-tu ?
Murmura t-il.

Son frère se tenait dans sa chambre, derrière la porte. À sa gauche. Il la fixait les bras croisés et semblait contrarié.
Elle sursauta.
Elle se tourna lentement vers lui.
Il la dévisagea en attendant sa réponse.

— Je… J’étais sortie me balader… ?
— Tu ne me feras pas avaler ce mensonge. Je t’ai cherchée dans tout le village.
— …

Elle souriait bêtement.
Elle n’en pouvait plus, elle avait besoin de s’asseoir, ou de s’allonger.
Elle ne savait pas quoi inventer comme autre mensonge plausible, la douleur occupait toutes ses pensées.

— Tu étais sur la terre ferme ?
— …

Elle détourna le regard.

— Où est ta cape ?

Il venait de remarquer qu’elle était revenue sans sa cape. Il l’examina de plus près. Ses yeux s’arrêtèrent sur une tache sombre sur le haut de sa soeur.

— Mais tu saignes !

Il s’empressa de s’approcher et de vérifier de plus près.
Elle paniqua et l’empêcha de regarder. Elle l’écarta.

— … Ce n’est rien, ne regarde p-

Il prit la main gauche d’Ange dans sa main droite pour la tenir et l’empêcher de s’éloigner.
Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle se sentit flaibir et ses jambes cédèrent sous elle.
Heureusement que son frère la tenait par la main, il la vit perdre connaissance et la prit dans ses bras.

— Hé, ça va ?! Ange ?

Ils continuait à parler à voix basse pour ne pas réveiller leurs parents.
Elle ne répondait pas.
Elle avait perdu trop de sang.
Il la porta jusqu’à son lit et regarda de plus près la plaie. Il souleva le haut jusqu’à voir une ouverture sur son flanc droit, toute fraîche, non traitée.
Il s’alarma.
Il regarda le visage d’Ange.
Il fallait recoudre cette plaie, elle perdait de plus en plus de sang.
Il posa sa main droite sur le front d’Ange. Elle avait des sueurs froides et commençait à avoir un peu de fièvre. Sa respiration était faible.
Il se dépêcha d’aller chercher la trousse de secours.
Il sortit les bandages, une aiguille et du fil désinfectés.
Il fallait recoudre la plaie pour éviter la grosse hémorragie.
Il coupa le fil avec ses dents.
Il enleva le haut d’Ange et épongea une grosse partie du sang avec.
Alors il put appliquer les bandages tout autour de sa taille. Pour l’instant il ne pouvait pas faire plus.
Il enleva aussi la jupe d’Ange qui était un peu tâchée de sang.
Il la reprit dans ses bras pour la mettre sous la couverture.
Elle avait besoin de repos.

— Tu ne t’en tireras pas si facilement… Tu n’éviteras pas mes questions de cette manière !

En réalite il était plus qu’inquiet.
Il se rassurait du peu qu’il le pouvait.
Il rangea la trousse et mis les vêtements tachés de sang à laver.

Son regard se dirigea vers le sol.
Il y avait quelques gouttes de sang dans toute la pièce.
Ça devait en être de même dans la maison.
Il essuya les gouttes de sang.
Ceci fait, il retourna dans la chambre de sa soeur et s’assit à côté d’elle et la veilla jusqu’à son réveil.

Quelques heures plus tard elle rouvrit peu à peu ses yeux et commença à reprendre conscience.
En tant que guérisseuse sa constitution était faite de sorte qu’elle récupère beaucoup plus vite des blessures que la normale.
Il faisait nuit, elle était allongée dans son lit, elle ne se souvenait plus trop bien de ce qui s’était passé.
Elle se souvint que son frère voulait l’osculter de plus près et qu’elle avait finit par perdre connaissance.
Sa vue était floue.
Au bout de quelques secondes elle put distinguer un peu mieux sa chambre.
Son frère était assis dans un fauteuil à sa gauche. Il s’était assoupi.
Elle toucha sa blessure de sa main gauche.
Il y avait un bandage. Elle se trouvait en sous-vêtements.
Son frère avait dû la déshabiller et lui appliquer les premiers soins.
Elle ne put s’empêcher d’être embarassée.
Elle saignait beaucoup moins, il l’avait recousue. Un peu de sang s’était répandu sur les bandages.
Elle tenta de se redresser en s’appuyant sur ses coudes.
Le bruissement des draps, de la couverture et les vibrations du lit le sortirent de son sommeil.
Il se précipita sur Ange.

— Ne bouge pas, rallonge-toi !

Elle se rallongea, faible.

— Ne force pas ou ta blessure risque de se rouvrir.
Il ne le montrait pas mais il était rassuré qu’elle se soit réveillée. La blessure n’était pas jolie, mais il semblait qu’elle avait récupéré plus vite qu’il ne l’aurait cru.
Il avait eu peur que ce soit trop tard. C’était bien la première fois qu’il voyait sa soeur dans un tel état.
Des larmes de joie apparurent aux coins des yeux. Il les essuya du rebord de sa manche.

— Ne me refais plus jamais une telle frayeur !
— … Sylvain… Je suis… Désolée.

Sa respiration était restée un peu sacadée.

— Explique-moi ce que tu faisais sur la terre.

Alors elle lui conta, lentement, ce qui s’était passé.
Elle avait voulu rentrer le plus vite possible pour que sa sauveuse ne se rende pas compte qu’elle avait prit la blessure sur elle et qu’elle s’inquiète. Et puis elle devait rentrer pour récupérer et pas s’évanouir dans la forêt.
La cape offerte parce que par sa faute, sa sauveuse avait son haut complètement abîmé.
Après un long silence du côté de Sylvain.

— Je vais prévenir maman et papa. Repose-toi. Je vais dire à ta classe que tu as attrapé froid.
Ils n’ont pas besoin d’en savoir plus.

Il s’approcha d’Ange, lui serra la main et posa un baiser sur son front.
Il jeta un dernier regard derrière lui avant de quitter la chambre d’Ange.

— Merci…

Le lendemain matin, alors que Sylvain avait à peine fermé l’oeil de la nuit, il expliqua la situation à ses parents.
Son père semblait un peu énervé contre lui même, de n’avoir rien pu faire pour éviter cela, mais il n’y pouvait rien.
Sa mère réussit à canaliser la colère de son époux.
Ils décidèrent de garder ça entre eux.

— Où est-elle ?
Dit son père inquiet.

— Dans sa chambre, elle se repose. Je lui ai déjà donné les premiers soins. Il faudra juste changer les bandages… J’y vais, je vais être en retard.

Son père et sa mère allèrent tous deux dans la chambre d’Ange.
Elle dormait à poings fermés.
Il s’avanca le premier, prit la main de sa fille et s’excusa de n’avoir pas été là pour la protéger.
Il l’embrassa sur le front.
Il serra fort la main de sa femme.

— Je te laisse t’occuper du reste Myra…

Il sortit.
Sa mère alla à gauche du lit et souleva la couverture pour voir l’ampleur de la blessure.
Ça avait un peu saigné durant la nuit.
Elle retira le bandage. Il avait été appliqué avec soin.
Les bords et quelques centimètres avaient déjà fini par cicatriser, il ne restait que quelques marques de couture.
Cela restait une grande ouverture.
Elle imaginait la taille originale.

Elle caressa de sa main droite le visage d’Ange.
Tristement en pensant que sa fille ne se rendait pas compte du danger qu’elle encourait, à prendre ce genre de décision.

La trousse de secours était sur la table de chevet. Elle put changer les bandages sans problème.

2012.06.19