Succession

Assise dans sa chambre, devant la baie vitrée qui donnaient sur l’ensemble de l’Arbre, le regard perdu dans le vide.
Elle pleurait en silence la mort de sa mère.
Elle était restée forte devant son père mais maintenant qu’elle était seule, elle pouvait pleurer de tout son saoul la perte de sa mère, bien qu’elle faisait maintenant partie de l’Arbre.

Il était resté dehors, il savait qu’elle était triste et souhaitait plus que tout la serrer dans ses bras et la réconforter.
Il hésitait devant la porte, le poing levé, prêt à frapper.

Il avait choisi de la protéger toute sa vie.
Les relations amoureuses n’étaient pas interdites mais juste déconseillées.
Faire partie de l’élite n’était pas un environnement adapté pour fonder une famille.
Les quelques cas qui le souhaitaient, devaient alors quitter cet endroit et redescendre vivre avec les autres, en gardant secret toutes les informations concernant l’Arbre.
Bien entendu, la Mère ou le Père ne souhaitait pas avoir de descendance, c’était choisir de vivre séparé de ceux qu’elle aimait et les voir vieillir et mourir, sans jamais pouvoir passer du temps ensemble.

Décider de prendre la succession était un choix lourd et important.
Il n’y avait pas de réels points positifs, il n’y avait que des inconvénients mais c’était une nécessité.
L’héritier devait parfois attendre plusieurs siècles avant de trouver et de choisir quelqu’un qu’il considérerait apte à prendre la suite.
Sans compter que cette personne devait accepter.
Elle était en droit de refuser.

Lorsque la précédente avait pris sa décision, elle était tombée amoureuse de l’Héritier.
C’était un jeune homme aux cheveux blonds foncés aux airs doux.
De taille moyenne, il était musclé mais pas intimidant.
Il regardait la jeune fille très chaleureusement.
Elle était tout de suite tombée sous son charme.
Il lui expliqua la situation, et avant qu’elle ne prenne une décision, lui proposa de passer quelques jours avec lui pour qu’elle se rende compte de ce que cela allait être.
Elle accepta et réfléchit pendant tout ce temps.
Elle avait vu qu’il était à bout.
Il n’avait plus personne de cher à son coeur à ses côtés, mais il s’était attaché à la fille.
À force de passer son temps à l’observer de sa pièce, et à se demander si elle était la bonne pour prendre sa suite.
Cela la faisait également souffrir de le voir dans cet état.
Elle prit la décision de lui succéder et il la forma durant plusieurs semaines avant de quitter son poste.
Cette cérémonie était plus que triste.
Ils étaient conscients des sentiments éprouvés l’un pour l’autre, mais ils n’avaient pas pu se le dire ni se l’avouer.
Ils furent accompagnés jusqu’aux racines de l’Arbre.
Il l’embrassa sur le front, lui sourit, une larme au coin de l’oeil, et l’embrassa avant de disparaître dans un nuage étincellant.
Elle entendit un « merci » avant de ne plus ressentir sa présence.

Elle sentit un vent souffler sur elle, et des voix l’encercler.
Son corps brûlait de l’intérieur et commençait à s’illuminer.
Elle tomba à genoux, les mains sur ses tympans.
Puis quelques minutes plus tard, tout s’arrêta et elle vit la vie à travers les yeux d’une Mère, avec le coeur de l’Arbre.
Elle n’avait pas le temps de pleurer son amour perdu, elle devait lui succéder.

2015.03.14

Départ

Ma mère avait eu une vie ni trop longue, ni trop courte.
Mon père avait découvert la lettre qu’elle lui avait laissé, ainsi qu’une autre qui m’était adressée.
Elle le remerciait de tout ce qu’il avait fait pour elle jusqu’à aujourd’hui.

Il essayait de se retenir, sa grande main essuyaient le flot de ses larmes.
L’autre serrait de plus en plus fort le papier.
Sa vue se troublait. rendant sa lecture encore plus difficile.

Ma mère était allongée, ses mains avaient été ramenés sur son torse.
Elle semblait dormir. Ses longs cheveux bruns étaient parsemés de quelques fils argentés qui accusaient l’âge qu’elle avait.
Mon père attendait mon arrivée et le début du rituel funéraire.

Deux gardes étaient restés dehors.
Deux m’avaient suivie.
Mon père ouvrit la porte.
Ses yeux étaient rouges.
Cela faisait plusieurs années que nous nous étions pas vus.
Il s’approcha de moi lentement, hésitant, puis me serra dans ses bras, de plus en plus fort.
Je lui rendais également son étreinte.
Je n’avais pas changé depuis que j’étais devenue la doyenne.
Mon père avait définitivement vieilli.
Ses rides, ses cheveux grisonnants.
Je le regardais tendrement mais il n’était pas l’heure aux retrouvailles.
Mon ami de longue date était également à mes côtés. Il porta ma mère.
Mon père resta dans la pièce, tristement vide.
Notre petit cortège nocturne continua sa route jusqu’au pied de l’Arbre.
Nous descendîmes vers les racines profondes.
Mes gardes n’étaient pas là uniquement pour le rituel mais assuraient ma sécurité.
Cet étage était dangereux, même si les bêtes, en tant normal féroces, se comportaient différemment à mon égard, cela n’empêchait pas un incident.

Arrivés aux racines, cet étage était lumineux.
Je me souviens vaguement de la première ici.
Des fleurs blanches de toutes sortes poussaient ici, un halo éclairait exactement cet endroit.
Il venait d’espèces de champignons luminescents.
Les fleurs elles-mêmes semblaient dégager des rayons lumineux.
On se serait cru en plein jour.
Ma mère fut allongée au milieu du champs floral.
Je m’en approchais et je déposais un baiser sur son front.
Elle illumina, sa peau semblait briller.
Elle devint peu à peu transparente et une explosion de projections luminescentes se fit.
Les particules flottaient dans l’air et restaient en suspension. Elles rejoignirent les racines au ralenti.
Les racines absorbèrent ces lumières.
J’ai eu l’impression que ma mère deposa un baiser invisible sur mon front avant de partir.

2015.03.10

Statut

— Je préfère encore que les gens m’ignorent si c’est pour passer leur temps à se moquer de moi…
Je ne suis plus à cela près…

Je repensais encore à ses paroles.
Le lendemain même, elle me salua et toute la classe se retourna vers nous.
J’hésitais à lui repondre, puis elle me dit :

— Ne t’inquiète pas pour moi, j’ai fait mon choix.

Elle me souriait et ignorait totalement la réaction des autres élèves.
Je lui rendis son salut timidement.

— Je ne veux pas me servir de toi pour éviter les autres !
Je veux dire… Je te trouve intéressante… Et je voudrais devenir ton amie… Apprendre à te connaitre… Je suis prête à sacrifier mon statut ! Ce n’est pas très cher payé pour avoir la possibilité d’être en ta compagnie…
— Je suis très heureuse de pouvoir discuter avec toi ! Tu es la première personne avec qui je deviens amie…

Je ne sais pas si on se servait d’excuse l’une l’autre, mais plus le temps passait et plus nous nous rapprochions. Nous étions différentes sur plusieurs points mais cela ne nous empêchait pas de nous apprécier à notre juste valeur. J’appréciais sa force d’esprit et de corps, elle n’en restait pas moins féminine bien qu’elle ne voulait pas se l’avouer. La faute aux remarques mesquines de nos camarades de classe. Elle faisait mine de ne pas en souffrir mais je savais que cela la blessait au fond d’elle.
Je voulais lui montrer qu’elle était belle et forte, qu’elle s’en rende compte et se sente mieux.
Je souhaitais également lui rendre toute cette sympathie qu’elle avait envers moi.
Ses parents ne l’avaient pas empêché de me parler. Il lui avait laissée le libre choix tout en lui expliquant les enjeux de son acte.
Nous étions jeunes mais nous étions assez vifs d’esprit pour comprendre cela.

Tout cela commençait bien, sauf que mon état de santé se dégrada quelques semaines plus tard et je ne pus plus retourner à l’école.
Cela passa inaperçu dans la classe, sauf pour elle.
Elle demanda des informations à l’institutrice qui refusa de les lui donner et elle lui dit d’arrêter de garder contact avec moi.
Je ne pouvais pas lui en vouloir, elle avait raison, c’était pour son bien.
Je pensais que j’allais quitter ce monde, entre la vie et la mort dans mon lit.
Je suis restée fiévreuse pendant plusieurs jours avant de me remettre doucement de mon état.
J’étais trop faible pour sortir et je passais la plupart de mon temps sous ma couette, avec quelques livres.

2015.03.09

Longue date

Je ne me souviens plus très bien depuis combien de temps ni depuis quand nous nous connaissons.
Aussi loin que remontent mes souvenirs, je crois que nous étions à la petite école.
Nous étions dans la même classe.
J’avais très peu de contact avec mes autres camarades, je ne pouvais pas leur en vouloir.
Telle était la règle ici haut.
Ma famille faisait partie des Ignorés. Toutes les personnes de santé fragile et donc, qualifiés de faibles, étaient des cas perdus. Rien ni personne ne pouvait les aider, la sélection naturelle se faisait.
Ma mère en faisait partie. Mon père avait abandonné les privilèges de son statut pour rester auprès d’elle. Ainsi toute notre famille et sa descendance faisaient partie des Ignorés. J’aurais pu en réchapper si seulement je n’avais pas hérité des gènes de ma chère mère. Malheureusement, ce ne fut pas le cas et mon cas était assez inquiétant. Il s’aggravait de jours en jours.
J’avais à peine 12 ans que je vivais avec une épée de damoclès pointée sur moi chaque jour.
Je ne pouvais haïr ma mère de m’avoir donné un corps si faible.
Elle s’excusait en pleurs à chaque fois que j’étais clouée au lit à cause de ma maladie.
Tout ce que je pouvais faire c’était profiter de ma courte mais précieuse vie.

Ainsi, le peu de temps que je passais à l’école, mes camarades m’ignoraient.
Je me suis rendue compte que je n’étais pas la seule personne exclue du groupe.
Une autre fille était également mise à l’écart.
Elle avait les cheveux courts et était un peu garçon manqué. Elle était plus grande que la plupart des filles et même de certains garçons.
Elle n’avait pas l’air très commode. Les garcons se moquaient d’elle et les filles n’osaient pas l’approcher, intimidées par son caractère et sa carrure.
J’avais croisé son regard un instant, ses yeux étaient d’un bleu profond, et ses bouclettes blondes vénitiennes retombaient de part et d’autre de son visage légèrement carré.
À cette époque j’étais déjà plus petite et chétive que les autres, mes cheveux mi-longs s’arrêtaient au dessus de mes épaules.

J’étais bien évidemment dispensée des cours d’éducation physique, je passais mon temps à observer les autres élèves faire ce que je ne pouvais pas.
L’école servait à définir dans quels domaines nous étions doués pour choisir dans quelle branche nous irions pour notre avenir. Il était déjà clair que les postes physiques étaient incompatibles avec ma constitution. Si je restais en vie jusque là.

Ce jour là, j’étais comme d’habitude sur le banc à les observer.
J’étais étrangement intriguée par la jeune fille aux bouclettes.
Peut-être parce qu’elle était physiquement tout l’inverse de ce que j’étais.
J’avais une envie irrationnelle de lui parler, parce qu’elle était plus accessible que les autres, parce qu’elle était seule tout comme moi.

Elle était en train de se battre avec les autres, de manière assez violente. Je ne discernais pas très bien ce qu’il se passait.
Ils étaient en train discuter ou de se disputer, puis la fillette sauta sur une des personnes en face d’elle. Le garçon fut pris au dépourvu et se retrouva vite submergé par la force de son adversaire.
Elle lui avait collé une droite, bien placée.
L’institutrice avait dû intervenir et les avait séparés.
Quelques minutes plus tard, la turbulente était venue s’asseoir à côté de moi.
Elle ne dit rien.
Je réfléchissais à un moyen de commencer la conversation puis je me ravisais.
Elle risquait d’être encore plus mise à l’écart par ma faute.
Je me vis imaginer un dialogue avec elle, où je commençais à lui parler du beau temps.
Puis je ris de ma stupidité. Du ridicule de la situation.
Je réprimais un sourire.
Elle se tourna vers moi, et remarqua mon petit rire.

— Tu te moques de moi ?!

Elle avait une voix très douce et pourtant je devinais son énervement face à ma réaction.
Je me tournais à mon tour vers elle et je pus l’observer de plus près.
Elle était couverte de terre et de sable sur quelques parties de son visage, ainsi que sur ses vêtements.
Elle n’en restait pas mignonne, ses cheveux mi-courts ondulés, ses petits bouclettes s’étaient collées à sa nuque à cause de sa transpiration.
Les reflets de ses boucles dorées étaient magnifiques.
Je restais là, à l’observer, avec mon air idiot.

— T’es muette ou quoi… ?

Ses mots m’extirpèrent de ma contemplation et je dus m’excuser.

— Ça te fait rire que je sois punie ?!

Elle était agacée, cela s’entendait dans sa voix. Elle se détourna de moi et observa les autres élèves sur le terrain.

— C’est que… je ne vois pas bien de loin…
— Tu veux dire que tu ne m’as pas vu donner une leçon au gars là-bas… ?

Elle riait, à son tour.

— Tu as raté quelque chose ! … Pourquoi tu rigoles toute seule alors… ?

Elle me regardait avec un air d’incompréhension.

— Je… me parlais toute seule…

Repondais-je, à moitié dans la barbe que je n’avais pas.
Elle entendit très bien ma réponse et éclata de rire.
J’étais tellement embarassée, j’avais baissé la tête et observait intensément le bout de mes pieds.

— T’es vraiment bizarre !
Dit-elle en reprenant son souffle.

Je commençais à me dire que les gens ne m’approchaient pas, pas parce que j’étais faible, mais à cause de ma bizarrerie…

— T’es drôle…
Lâcha t-elle en essuyant ses larmes de rire.

Nous n’étions pas censées nous parler pourtant je ressentais quelque chose au fond de moi. J’étais heureuse d’avoir pu lui parler. Je me sentais étrangement bien.

— Je ne comprends pas trop pourquoi les autres t’ignorent… Je sais que c’est la règle… mais… Ça te dérange si je continue à t’adresser la parole ?

Elle m’avait demandé cela de but en blanc.

2015.03.08

Rambarde

J’étais appuyée contre la rambarde et j’avais le regard perdu dans les feuillages en hauteur.
Une brise tiède carressait mon visage et mes longs cheveux couleur charbon.
Je fermais les yeux et profitais de ce court instant.
De nombreuses lianes aux couleurs chattoyantes pendaient et me faisaient penser à des guirlandes de festival.
À cause de ma myopie, j’observais tout ce décor flou tel un tableau abstrait.
De temps en temps je fermais les yeux pour les reposer et tenter d’imaginer cette scène de manière plus nette.

Je sentis un regard se poser sur moi et je me retournais dans sa direction.
Un homme me fixait. Il était de carrure athlétique, rien qu’à observer ses muscles qui moulaient son débardeur.
Il avait quelques bandages, mais je pouvais deviner qu’il faisait partie d’une école de combat. Il était plutôt grand, et avait les cheveux courts un peu moins sombres que les miens. Ses yeux étaient d’un noir sans fond. Je crus m’y perdre dans ces ténèbres.
Je n’avais pas le souvenir de l’avoir déjà vu.
Il était trop loin de mon champ de vision pour que je puisse décrire plus précisement ses traits de visage, et il commença à me trouver étrange parce que je m’étais mise à plisser les yeux.
Il se rendit compte du ridicule de la situation et sortit de sa torpeur. Il commença à bouger et reprendre son chemin, comme si de rien n’était.
Il avait dû également se tromper et me confondre avec une autre personne.

Je vis mon amie arriver au loin. Je reconnaitrais sa démarche et ses couleurs entre plusieurs personnes.
Elle me fit un signe de la main.
Elle fut intriguée par la personne qui s’était arrêtée devant moi et me questionna.
Je n’en savais pas plus qu’elle.
Elle me prit par la main et nous partîmes nous promener.

2015.03.04

Paroi

Elle l’avait plaquée contre la paroi sans le vouloir, ne contrôlant pas sa force.

Sa tête avait cogné, l’étourdissant un peu, elle fit une grimace.

Elle comprit qu’elle était allée un peu loin.
Elle voulut s’excuser, elle posa sa main sur son épaule.

Elles se regardèrent mutuellement.
La plus petite la regardait avec un regard triste, tendit que la plus grande, tout d’abord énervée, finit par se calmer.

— Je…

Elle n’arrivait pas à trouver les mots et ses sentiments la rendait confuse.
Elle ne supportait pas qu’elle mette sa vie en danger et encore moins que sa survie dépende d’une autre personne.
Elle se frotta la tête avec sa main gauche, cherchant ses mots.

— Tu te rends compte du danger que tu encours ?! Je ne lui fais pas confiance ! Je ne veux pas que tu partes avec lui !

L’autre fille finit par comprendre la raison de son énervement et lui sourit gentiment.

— Ne t’inquiète pas, tout va bien se passer. Je lui fais confiance.

Elle lui prit la main sur son épaule et la serra entre ses doigts.
L’autre, tendit sa main gauche vers le visage de son amie et posa sa tête sur son épaule.

— Je suis désolée de t’avoir fait mal…

Elle la serra dans ses bras.

— Je m’inquiète juste… Je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose…

2015.02.12

Décision

— Je m’en vais.

Elle prit son sac déjà préparé et se dirigea vers la porte.

— Comment ça ?

Elle se figea et fixa la silhouette de la jeune fille, sur la palier de la porte.

— Je m’en vais.
Repeta t-elle, en tournant le dos à l’autre femme.

— Qu’est-ce qu’il t’arrive ?

Elle lui attrapa le bras, inquiète.
L’adolescente se retourna et la regarda d’un air déterminé.

— Puisque tu ne veux pas prendre de décision. Je le fais à ta place. Je m’en vais.
— Qu’est-ce que tu racontes ?
— Tu comptes répondre à Olivier ?

Le silence se fit.

— Ça ne te regarde pas…
— Bien sûr que ça me regarde ! Je ne veux pas être le fardeau qui te retient !
— Tu ne comprends pas !
— Si je comprends très bien !
Des larmes coulèrent sur les joues de la plus jeune.
— Pourquoi tu pleures… ?!

Entre ses propres sanglots, la plus âgée fondit également en larmes.

— Et toi, pourquoi tu pleures… ?
Elle lui retourna sa question et ne put s’empêcher de rire.

— Tu es bête…

Elles rièrent entre leurs sanglots.

— C’est toi la plus bête…

2014.08.01

Cours d’eau

Elle fixa la rivière qui s’écoulait sous ses yeux.
Elle se sentait comme nostalgique.
Ce paysage lui était étrangement familier.
Elle ralentissa son pas et l’écart entre eux s’agrandit.
Elle finit par s’arrêter et admirer le paysage, elle se sentait étrangement bien dans cet endroit.
Il se retourna et revint sur ses pas pour la rejoindre.
Il était derrière elle et observait le même paysage par dessus son épaule.
Lorsqu’elle se retourna vers lui, elle vit une ombre humaine s’approcher rapidement et dangereusement.
Par réflexe et de panique, elle poussa son ami sur le côte, loin de cette forme inconnue.

2014.07.04

Retrouvailles

Suivant tant bien que mal l’homme qui marchait devant elle.
Ils se tenaient la main.
D’un pas pressé et sûr, il regardait droit devant lui.
Sa respiration était de plus en plus saccadée.
Elle avait le souffle court.
Depuis qu’elle avait pénétré dans la forêt, elle se sentait étrangement bien, comme si cet endroit lui était familier.
Les arbres, les feuillages, l’odeur, l’air qui lui caressait le visage.
Ses cheveux longs tressés lui arrivaient jusqu’en bas du dos.
Elle observait les larges épaules de l’homme devant elle.
Son regard commençait à se troubler, des petites tâches noires apparaissaient ça et là.
Ses forces la quittait. Elle lâcha sa main, ses pas rallentissèrent et ses genoux touchèrent le sol.
Elle fixait encore le dos de son ami.
Elle le vit se retourner au moment où elle s’arrêta.
Puis sa vision se troubla et elle s’écroula au sol de tout son corps.

Lorsqu’il se rendit compte qu’elle lui avait lâché sa main.
Il se retourna vers elle.
Il la vit s’écrouler devant ses yeux.
Il se précipita à ses côtés. Il la prit dans ses bras et l’appela pour qu’elle daigne ouvrir ses yeux.
Son corps se refroidissait et son coeur battait de plus en plus lentement, et son souffle était presque inexistant.
Il entendit un bruit derrière lui.
Quelqu’un ou quelque chose approchait à grands pas.
Il se préparait à se défendre ou attaquer.
Il vit un homme un peu plus âgé que lui, arriver en trombe et lui dire de s’éloigner.
Il courru vers la jeune fille et le projeta à quelques mètres.
Il l’arracha des bras de son ami.
Le temps qu’il comprenne ce qu’il se passe.

— LYSA. Lysa, tu m’entends ? Réponds-moi…

Il avait repére ces deux intrus au moment où ils avaient pénétré les lieux. Il avait alors reconnu la jeune fille.
Bien qu’elle portait des vêtements très différents, il avait reconnu son aura.
Il les avait suivis pour savoir ce qu’ils comptaient faire, de loin, en restant derrière les arbres et les buissons.
Lorsqu’il l’avait vu s’écrouler, son coeur s’était resserré dans sa poitrine. Il n’avait pas pu rester sans rien faire.
Son corps était en train de reffroidir à une grande vitesse.
Il la serrait fort dans ses bras, retenant ses larmes.
Cela faisait tellement longtemps qu’il ne l’avait revue, il pensait qu’elle était perdue à jamais.
Elle portait des lunettes et une robe longue.
Il retira doucement sa monture et la jeta agressivement au loin.

Elle entendit une voix appeler un prénom.

— Lysa.

Elle se demanda qui il était en train d’appeler.
Puis des souvenirs lui revinrent petit à petit.
C’était son prénom. Son vrai prénom.
La personne qui l’appelait n’était autre que son promis.
Son coeur se resserrait dans sa poitrine et ses poumons la faisait souffrir.
Elle ouvrit lentement les yeux, elle vouyait flou.
Il lui avait retiré ses lunettes.
Elle regarda dans sa direction.

— Alex… andre… ? Murmura t’elle.

Ses yeux s’illuminèrent.

— Lysa ! Je vais te ramener à la maison-

Ses yeux se refermèrent presque aussitôt.

2014.05.06

Réprimandes

Après s’être éclipsée du mouvement de foule qui accueillait l’homme qui avait porté secours à un blessé, elle voulu faire comme si de rien n’était en rentrant chez elle.
Tout ce qu’elle avait en tête à ce moment était de s’enfermer dans sa chambre pendant quelques minutes pour désinfecter sa plaie et constater l’ampleur des dégâts sur sa cheville.
Manque de chance, son père etait là, comme à son habitude, dans l’entrée en train de travailler sur le métal.
L’oeil avisé, il vit tout de suite que sa fille marchait étrangement et semblait pressée dans sa petite comédie.
Il l’interpella et lui demanda de venir le voir.
Elle venait de passer la porte et poussait un soupir de soulagement en pensant qu’elle était sauve mais, c’était crier victoire trop tôt.
Elle dû obéir et aller le voir.
Il s’occupait de son travail sans trop jeter de regards à son enfant.
Il lui dit de s’asseoir.

— Comment s’est passée ta journée ?
Demanda t-il en continuant son activité.

— … Bien… Pourquoi … ?

Elle sentait le piège venir.

— … Tu es retournée dans la forêt… ?

Il était au courant de ses escapades, mais cela ne l’empêchait pas d’être inquiet.

— Oui…

Il soupira.
Il posa ses outils et se tourna enfin vers elle.
Elle essayait de garder une posture normale et d’agir comme d’habitude.
Il l’observa attentivement et remarqua qu’elle était recouverte de terre.
Il approcha ses mains des chevilles et guetta la réaction de sa fille.
Elle ferma les yeux et grimaça.
Il s’arrêta et lui demanda de tout lui avouer.

— Que s’est-il passé ?
Son ton était dur et sévère.

Elle baissa les yeux et n’osa pas répondre.

— Je… Je suis tombée…

Elle pouvait ne pas dire toute la vérité, du moment que c’était plausible.
Elle savait que ses parents étaient au courant de sa maladresse légendaire, cela ne les étonnerait pas.
Puis il vit les tâches de sang.
Il remarqua la blessure dans sa main et lui prit directement le poignet.

— Qu’est-ce que tu t’es fait ?!
À moitié en colère et inquiet.

— Je…
Dit-elle appeurée. Elle avait peur de la réaction de son père.

— Il faut traiter ça tout de suite. Attends sagement ici, je reviens avec de la pommade.

Il revint rapidement avec des bandages, un bassin d’eau chaude et des onguants.
Il remarqua que la blessure avait été un minimum traitée, il pensa qu’elle avait du se lécher pour éviter toute infection.
Elle prit son courage à deux mains et tenta de s’expliquer.

— Je… Je me suis coupée avec… Les bocaux dans mon sac…

L’histoire de la chute et de la coupure tenait.

— Approche-toi.

Après lui avoir mis un bandage sur sa main ainsi que sur sa cheville foulée, il la porta jusqu’à sa chambre.

— Repose-toi.

Elle était réprimandée.

— Je suis privée de sortie… ?

— Oui. Tant que tu ne seras pas rétablie.

Elle comprennait sa décision mais boudait quand même.
Elle était assise au bout du lit.
Lorsqu’il partit, elle se laissa tomber sur la couverture, les bras croisés au dessus de la tête, et soupira.
Elle savait que ça allait finir ainsi.

2014.01.24