Établissement

Sylvain s’était dirigé vers l’établissement scolaire en pensant encore à sa soeur.
L’esprit non tranquille.
Il arriva enfin.

C’était une grande et vaste maison de 3 étages. Faite de bois, une grande porte d’entrée qui donnait sur le hall avec un escalier qui permettait d’y accéder.
On pouvait voir au fond du hall de petits escaliers permettant d’accéder aux étages supérieurs.
Plusieurs grandes salles sur les côtés remplies de tables et de chaises, un tableau d’ardoise pour y écrire quelques mots ou notions de cours.
Les étages supérieurs correspondaient aux classes et niveaux au dessus.
C’était le bâtiment pour ceux qui s’orientait vers une classe de support, même si les guerriers avaient tout de même quelques cours.
Tout autour de l’établissement, des petits arbustes et surtout une grande cour permettaient aux élèves de mettre en pratique leurs acquis.
Bien que plus occupée par les guerriers.

Sylvain entra. Il se fit saluer par toutes les filles et même quelques garçons qui éprouvaient du respect pour lui.
Quelques filles descendirent de leur étage pour jeter un oeil à Sylvain qui ne montait pas au troisième étage mais se rendait dans une salle au rez-de-chaussée.
Il salua la professeure de sa soeur et la tint au courant.
Elle fut informée et elle lui dit qu’Ange était un peu en avance sur cette classe, donc que ce n’était pas très grave.
En réalité les élèves suivaient un peu le cursus de leur choix. Ceux qui préféraient le terrain y allaient.
À un certain moment certains s’ennuyaient et s’en allaient.
Pour ce qui était du terrain, plusieurs maîtres étaient présents pour superviser les élèves et que ce ne soit pas le bazard.
En temps normal c’étaient les professeurs qui décidaient du niveau de l’élève.
Rien n’empêchait un élève de faire ce qu’il voulait, voire même ne pas assister à certains cours, du moment qu’il n’empêchait pas le bon fonctionnement des cours.

2012.06.22

Incident

Elle était sortit en cachette comme à l’accoutumée.
Elle prit le portail et observa le paysage nocturne autour d’elle.
Elle aimait l’ambiance qui se dégageait de cet endroit.
Elle inspira l’air, lentement, puis l’expira.
Elle allait commencer à s’entrainer.
Elle récitait à voix basse différentes formules, quand tout à coup, elle entendit des bruits de pas. Ils étaient presque inaudibles mais cela faisait un bout de temps qu’elle connaissait les bruits de cette forêt.
Elle s’arrêta net et tourna sa tête en direction du bruit.
Une fille d’à peu près son âge et qui avait le même visage qu’elle, venait d’apparaître devant elle.
Elles furent toutes les deux surprises. La lumière de la lune éclairait leurs deux faces de telle manière qu’elles pouvaient se contempler.

Un troisième bruit se fit entendre.
Un inconnu s’avanca à la lumière et observa la scène. Il fut surpris de trouver deux jeunes filles en ce lieu et souriait.
La jeune inconnue semblait aux aguets et fixait l’homme.
Lui-même jaugeait les deux filles, puis arrêta son regard sur Ange qui semblait ne pas comprendre la situation.
Il se figea et fonça sur elle.
Il avait choisi sa cible.
La jeune fille recula d’un pas et s’apprêtait à partir en courant.
Elle hésita un instant, entre fuir et donner un coup de main à Ange.
Elle lâcha un juron avant de courir vers Ange.

L’homme avait déjà atteint Ange.
Il était juste devant elle, il s’était arrêté et l’observait.
Il la mata de haut en bas puis d’un coup brut, il attrapa le cou d’Ange dans sa main droite et se mit à la soulever.
De sa main gauche il chercha son couteau dans son fourreau.

— Merde merde merde !
Murmura t-elle à elle-même.

Ange essaya de désserer l’étau avec ses deux mains.
Il avait commencé à la soulever dans les airs et riait.
Elle avait mal et avait la respiration coupée.

La fille sortit son épée de son fourreau et fonçait sur l’homme.
Il sentit le coup venir et l’avait entendue.
Il l’empoigna par le bras et lui fit lâcher son arme.
Il s’était retourné et avait lâché Ange qui s’était écroulée à terre, se massait le cou et toussait en tentant de reprendre son souffle.
Il avait attrapé l’autre fille et semblait s’amuser.
Elle tentait de se dégager mais il était bien plus fort.
Elle tenta de lui donner un coup de genou dans le bas du ventre et le point faible de tout homme.
Il dégaina une dague et coupa devant lui pour éviter l’attaque.
Elle fut assez vive pour éviter un coup fatal, elle se décala sur le côté mais elle prit tout de même un coup sur le flanc droit.
Elle était à terre et se tenait le ventre pour soulager sa douleur et le saignement.
Ange reprit peu à peu ses esprits, elle vit l’homme se diriger vers l’autre fille avec une dague à la main. Il allait mettre fin au combat.
Elle était à terre, regardait avec désespoir l’homme et tentait de se déplacer, de se relever.
Ange lança alors un sort d’enchaînement. L’homme s’immobilisa, il ne sembla pas comprendre ce qu’il lui arrivait.
Elle lança un sort d’anesthésie et de revigoremment à la jeune fille.
Un cercle apparut autour d’elle et un courant d’air chaud l’entoura.
Elle se sentit beaucoup mieux, en une fraction de seconde, elle vit qu’elle devait profiter de la situation et de l’avantage dont elle disposait actuellement.
Elle se releva, ramassa son arme à terre, fonça sur l’homme, enfonça son épée dans son torse, la retira tout de suite après et lui trancha la gorge.
Il ne comprit pas ce qu’il lui arrivait, son corps qui se vidait de toute vie tomba telle une masse, à terre.
Les différents sorts se dissipèrent peu à peu.
Ange se releva et s’avanca vers sa sauveuse.
Après avoir donné le coup fatal, elle sentit sa force la quitter, elle regarda Ange et ses jambes semblaient s’écrouler sous son poids.
Ange courut vers elle et la rattrapa.
Elle saignait.
Elle était en train de perdre connaissance.
Ses vêtements commençaient à être imbibés du fluide rouge qui s’écoulait de son corps.
Elle la posa lentement devant elle, posa sa main sur sa blessure et cantonna une formule.
Le sang restait mais la blessure se refermait peu à peu.
Une certaine chaleur se dégageait de sa main.
Elle ouvrit les yeux peu à peu.
Elle vit le visage pâle d’Ange.

— … Merci…
Dit-elle d’une faible voix.

— Comment te sens-tu… ?

Elle tenta de se redresser, par réflexe elle toucha sa blessure qui avait disparu.

— … Comment ?!

Elle se tourna vers Ange qui la souriait gentiment.

— C’est à moi de te remercier. Tu m’as sauvée.

Elle se rendit compte de l’heure.
Elle enleva sa cape et la posa sur le dos de la jeune fille qui était sans voix.

— Merci encore, accepte ce modeste présent. Est-ce que ça ira ?

Je m’excuse mais je dois partir.

— … Comment appelles-tu ?
— Ange. J’espère que nous nous reverrons dans d’autres circonstances.
— Ange… ? Je m’en souviendrai … Hélène. C’est mon nom.

Elle lui adressa un dernier sourire avant de partir furtivement.
Hélène resta encore assise avec la cape sur son dos qui était d’une agréable tiédeur en cette nuit agitée et froide.

Ange partit en trottinant.
Le temps était passe trop vite.
Elle ne devait pas rentrer trop tard ou on risquait de découvrir ses escapades nocturnes.
Elle avait des sueurs froides.
Un tâche rouge commençait à apparaître et s’étendre sur son flanc droit.

Elle arriva à la cascade, sa respiration était sacadée, elle se raffraîchit un instant le visage dans l’eau glacée.
Elle passa derrière le rideau aqueux.
Elle posa sa main sur une paroie de roches, l’autre main sur une autre roche que sa main traversa, elle s’avanca et traversa la paroie pour arriver dans un autre lieu.
Il faisait encore nuit.
Son sang commençait à couler le long de son flanc jusqu’à sa cuisse. Derrière elle, elle laissait quelques gouttes rouges.
Elle arriva enfin devant chez elle. Tant bien que mal.
C’était en plein milieu de la nuit, personne ne devait être debout à cette heure-ci.
Elle ouvrit la porte lentement et silencieusement. Elle monta dans sa chambre en faisant le moins de bruit possible. Elle entra dans sa chambre et lâcha un long souffle de soulagement. Elle n’avait croisé personne.

— Où etais-tu ?
Murmura t-il.

Son frère se tenait dans sa chambre, derrière la porte. À sa gauche. Il la fixait les bras croisés et semblait contrarié.
Elle sursauta.
Elle se tourna lentement vers lui.
Il la dévisagea en attendant sa réponse.

— Je… J’étais sortie me balader… ?
— Tu ne me feras pas avaler ce mensonge. Je t’ai cherchée dans tout le village.
— …

Elle souriait bêtement.
Elle n’en pouvait plus, elle avait besoin de s’asseoir, ou de s’allonger.
Elle ne savait pas quoi inventer comme autre mensonge plausible, la douleur occupait toutes ses pensées.

— Tu étais sur la terre ferme ?
— …

Elle détourna le regard.

— Où est ta cape ?

Il venait de remarquer qu’elle était revenue sans sa cape. Il l’examina de plus près. Ses yeux s’arrêtèrent sur une tache sombre sur le haut de sa soeur.

— Mais tu saignes !

Il s’empressa de s’approcher et de vérifier de plus près.
Elle paniqua et l’empêcha de regarder. Elle l’écarta.

— … Ce n’est rien, ne regarde p-

Il prit la main gauche d’Ange dans sa main droite pour la tenir et l’empêcher de s’éloigner.
Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’elle se sentit flaibir et ses jambes cédèrent sous elle.
Heureusement que son frère la tenait par la main, il la vit perdre connaissance et la prit dans ses bras.

— Hé, ça va ?! Ange ?

Ils continuait à parler à voix basse pour ne pas réveiller leurs parents.
Elle ne répondait pas.
Elle avait perdu trop de sang.
Il la porta jusqu’à son lit et regarda de plus près la plaie. Il souleva le haut jusqu’à voir une ouverture sur son flanc droit, toute fraîche, non traitée.
Il s’alarma.
Il regarda le visage d’Ange.
Il fallait recoudre cette plaie, elle perdait de plus en plus de sang.
Il posa sa main droite sur le front d’Ange. Elle avait des sueurs froides et commençait à avoir un peu de fièvre. Sa respiration était faible.
Il se dépêcha d’aller chercher la trousse de secours.
Il sortit les bandages, une aiguille et du fil désinfectés.
Il fallait recoudre la plaie pour éviter la grosse hémorragie.
Il coupa le fil avec ses dents.
Il enleva le haut d’Ange et épongea une grosse partie du sang avec.
Alors il put appliquer les bandages tout autour de sa taille. Pour l’instant il ne pouvait pas faire plus.
Il enleva aussi la jupe d’Ange qui était un peu tâchée de sang.
Il la reprit dans ses bras pour la mettre sous la couverture.
Elle avait besoin de repos.

— Tu ne t’en tireras pas si facilement… Tu n’éviteras pas mes questions de cette manière !

En réalite il était plus qu’inquiet.
Il se rassurait du peu qu’il le pouvait.
Il rangea la trousse et mis les vêtements tachés de sang à laver.

Son regard se dirigea vers le sol.
Il y avait quelques gouttes de sang dans toute la pièce.
Ça devait en être de même dans la maison.
Il essuya les gouttes de sang.
Ceci fait, il retourna dans la chambre de sa soeur et s’assit à côté d’elle et la veilla jusqu’à son réveil.

Quelques heures plus tard elle rouvrit peu à peu ses yeux et commença à reprendre conscience.
En tant que guérisseuse sa constitution était faite de sorte qu’elle récupère beaucoup plus vite des blessures que la normale.
Il faisait nuit, elle était allongée dans son lit, elle ne se souvenait plus trop bien de ce qui s’était passé.
Elle se souvint que son frère voulait l’osculter de plus près et qu’elle avait finit par perdre connaissance.
Sa vue était floue.
Au bout de quelques secondes elle put distinguer un peu mieux sa chambre.
Son frère était assis dans un fauteuil à sa gauche. Il s’était assoupi.
Elle toucha sa blessure de sa main gauche.
Il y avait un bandage. Elle se trouvait en sous-vêtements.
Son frère avait dû la déshabiller et lui appliquer les premiers soins.
Elle ne put s’empêcher d’être embarassée.
Elle saignait beaucoup moins, il l’avait recousue. Un peu de sang s’était répandu sur les bandages.
Elle tenta de se redresser en s’appuyant sur ses coudes.
Le bruissement des draps, de la couverture et les vibrations du lit le sortirent de son sommeil.
Il se précipita sur Ange.

— Ne bouge pas, rallonge-toi !

Elle se rallongea, faible.

— Ne force pas ou ta blessure risque de se rouvrir.
Il ne le montrait pas mais il était rassuré qu’elle se soit réveillée. La blessure n’était pas jolie, mais il semblait qu’elle avait récupéré plus vite qu’il ne l’aurait cru.
Il avait eu peur que ce soit trop tard. C’était bien la première fois qu’il voyait sa soeur dans un tel état.
Des larmes de joie apparurent aux coins des yeux. Il les essuya du rebord de sa manche.

— Ne me refais plus jamais une telle frayeur !
— … Sylvain… Je suis… Désolée.

Sa respiration était restée un peu sacadée.

— Explique-moi ce que tu faisais sur la terre.

Alors elle lui conta, lentement, ce qui s’était passé.
Elle avait voulu rentrer le plus vite possible pour que sa sauveuse ne se rende pas compte qu’elle avait prit la blessure sur elle et qu’elle s’inquiète. Et puis elle devait rentrer pour récupérer et pas s’évanouir dans la forêt.
La cape offerte parce que par sa faute, sa sauveuse avait son haut complètement abîmé.
Après un long silence du côté de Sylvain.

— Je vais prévenir maman et papa. Repose-toi. Je vais dire à ta classe que tu as attrapé froid.
Ils n’ont pas besoin d’en savoir plus.

Il s’approcha d’Ange, lui serra la main et posa un baiser sur son front.
Il jeta un dernier regard derrière lui avant de quitter la chambre d’Ange.

— Merci…

Le lendemain matin, alors que Sylvain avait à peine fermé l’oeil de la nuit, il expliqua la situation à ses parents.
Son père semblait un peu énervé contre lui même, de n’avoir rien pu faire pour éviter cela, mais il n’y pouvait rien.
Sa mère réussit à canaliser la colère de son époux.
Ils décidèrent de garder ça entre eux.

— Où est-elle ?
Dit son père inquiet.

— Dans sa chambre, elle se repose. Je lui ai déjà donné les premiers soins. Il faudra juste changer les bandages… J’y vais, je vais être en retard.

Son père et sa mère allèrent tous deux dans la chambre d’Ange.
Elle dormait à poings fermés.
Il s’avanca le premier, prit la main de sa fille et s’excusa de n’avoir pas été là pour la protéger.
Il l’embrassa sur le front.
Il serra fort la main de sa femme.

— Je te laisse t’occuper du reste Myra…

Il sortit.
Sa mère alla à gauche du lit et souleva la couverture pour voir l’ampleur de la blessure.
Ça avait un peu saigné durant la nuit.
Elle retira le bandage. Il avait été appliqué avec soin.
Les bords et quelques centimètres avaient déjà fini par cicatriser, il ne restait que quelques marques de couture.
Cela restait une grande ouverture.
Elle imaginait la taille originale.

Elle caressa de sa main droite le visage d’Ange.
Tristement en pensant que sa fille ne se rendait pas compte du danger qu’elle encourait, à prendre ce genre de décision.

La trousse de secours était sur la table de chevet. Elle put changer les bandages sans problème.

2012.06.19

Description

Son père partit au travail. Il jouait un rôle en tant que bûcheron dans la ville céleste et celle terrestre.
Il coupait une majorité d’arbres morts dans la forêt, c’était un métier dangereux car de nombreux voleurs tentaient de prendre des voyageurs non-avertis en ambuscade.
Il les apportait alors à la ville terreste dans laquelle il avait un petit commerce.
Il ne vendait pas tout, le surplus finissait par être ramené dans sa ville.
Il servait d’intermédiaire aussi.
Il espionnait en quelque sorte la ville terrestre. Innocemment, il récoltait quelques informations importantes sur l’évolution de la vie sur terre.

Sa mère, la plupart du temps elle restait chez elle à s’occuper de la maison et du bien-être de sa famille.
Son métier consistait à préparer des potions. Elle descendait sur terre, récupérait quelques ingrédients et herbes et rentrait.
C’était de cette manière qu’elle avait rencontré son époux.
À cette époque elle avait eu la chance de n’avoir fait aucune mauvaise rencontre.

Dans le village, une école était présente, elle enseignait la magie et l’auto-défense.
On y entrait à partir de quand on voulait puis on choisissait dans quelle branche s’orienter.
Quelques professeurs et maîtres étaient présents.
Le village ne craignait pas grand chose, perché dans les cieux et caché entre les nuages, mais on n’était jamais trop prudent, et il fallait bien qu’un jour les gens allant sur terre, sachent se défendre pour survivre.

À un certain moment de leur vie, les personne agées ou ceux le souhaitant, se rendaient dans la demeure centrale du village.
C’était une demeure un peu plus imposante que les autres et c’était un chemin sans retour.
La prêtresse y vivait.
Elle y résidait avec quelques autres personnes qui sortaient rarement et assurait la sécurite et la lévitation du village flottant.
Cela pouvait être un prêtre.

Un portail se trouvait à l’extrêmité du village permettait aux habitants de se rendre sur la terre ferme.
Ce n’était qu’à partir d’un certain âge qu’on avait le droit d’y accéder.

2012.06.13

Deux gouttes d’eau

Elle sortait souvent la nuit en cachette. Elle attendait que son frère et ses parents dorment à poings fermés.
Alors elle se glissait lentement et à pas de feutre hors de son lit et de la maison.

Elle était attisée par la curiosité de la Terre.
Elle emprunta le portail qui y amenait. Elle n’avait pas peur et ne craignait rien.
Elle se disait qu’au pire des cas elle arriverait à s’enfuir et rentrer rapidement au moindre problème. Elle ne s’éloignerait pas.

Elle arriva dans une grotte derrière une cascade.
Il faisait nuit sombre et elle devinait la cascade au son qui résonnait à ses oreilles. La lumière de la lune se reflètait sur l’eau et éclairait légèrement l’intérieur de la grotte.
Elle réussit à sortir sans se mouiller.

Elle restait là à observer la lune. Elle voyait la lune d’un autre point de vue.
Les arbres, le vent. La terre.
Le vent n’était pas aussi fort qu’en haut. Il était plus doux, ainsi que le bruit des feuilles des arbres.

Elle trouvait ça raffraîchissant.
Elle réfléchissait.
Ça faisait plusieurs nuits qu’elle faisait cela.
Son frère ne l’avait pas encore découvert.
Elle ne pouvait pas le dire à ses parents, ils ne la laisseraient pas y aller seule. Trop dangereux.
Ils auraient demandé à son frère de la surveiller et de l’accompagner.
Elle ne pouvait se résoudre à l’imposer à l’accompagner et perdre des heures de sommeil précieuses.

C’était aussi une occasion de se sentir un peu libre et réviser quelques chants sans déranger les gens.
Sans qu’on la remarque.
Elle aurait pu faire cela chez elle, dans son jardin. Ou alors retourner au terrain d’entraînement. Mais elle risquait d’être vue par les voisins et déranger leur sommeil. Puis ils la prendraient pour une folle.
Une nuit, elle fredonnait, au bord du lac et de la cascade. Soudain, elle entendit une voix.

— Qui est là ?

Une voix grave, féminine.
Elle se tourna dans sa direction. Elle ne voyait pas très bien.
La personne s’avanca.
C’était une fille.
Elle avait une chemise trop grande pour elle, raccommodée comme elle le pouvait avec des ficelles pour ne pas top gêner ses mouvements, elle avait un pantalon et des bottes.
Elle était habillée comme un homme. Ses cheveux, sombres et attachés en queue de cheval.
Si sa voix et sa poitrine ne l’avaient pas trahie, on aurait pu croire à un jeune garcon.

Son visage, ressemblait étrangement à celui qu’elle avait.
Elles se fixèrent mutuellement.

Elles n’étaient pas seules.
Un bruit dans les bois se fit entendre.
Quelqu’un approchait.

Un homme d’âge moyen s’approcha.

— Je ne pensais pas que je tomberai sur deux desserts ce soir.
Dit une voix sarcastique grave.

La jeune fille mystérieuse sentit l’aura hostile de cet étranger.
Elle recula.

Elle posa sa main sur l’arbre le plus proche et aurait pu s’enfuir en courant.
Elle vit l’homme s’avancer non chalemment dans la lumiere lunaire.
Il ne semblait pas marcher tres droit.
Il marqua une pause, observa les jeunes filles alternativement et fonca sur celle qui avait l’air le moins dur a attraper. Celle qui semblait ailleurs, celle a la pleine lueur et pres de l’eau.

Elle ne comprit pas tout fait la situation.
Elle vit l’autre jeune fille reculer, un homme venait d’apparaitre et l’observait.
Il fonca subitement sur elle.
Elle se figea de surprise et de peur.

— Va-t-en !
Cria l’inconnue.

Enfin, ses jambes se décidèrent à bouger.
Elle se mit à courir dans la direction opposée, vers la forêt.

— Merde !
Jura l’autre fille.

Elle courut vers elle, lui attrapa la main et lui indiqua de la suivre.
Celle qui avait les cheveux lachés n’était pas très endurante, elle commençait à peine de courir qu’elle était essouflée.
Elle n’osait pas jeter un regard derrière elle.
Elle ne voulait pas être un fardeau.
Elle décida de lancer un sort d’endurance sur le groupe, même si elle savait que ça n’aurait pas d’effet sur elle. C’était sa condition physique.
Elle chanta un autre sort de rapidité.
Elle posa des barrières de force derrière elles.
Elles s’étaient arrêtées un instant derrière un arbre.
Celle à la queue de cheval avait remarqué qu’elle faiblissait.

— Hé, ça va aller ?
— … Ah… Ah… Oui, ça va, on peut continuer…

Elle était complètement essoufflée.
À moitié courbée, les mains sur ses jambes.
Cela se voyait qu’elle luttait.
Elle lui reprit la main et la guida.
Soudain, l’homme se retrouva devant elles.

— C-Comment ?!
— J’avais pourtant… Mis… Des pièges…
— Alors, c’est toi la sorcière… ?

L’homme semblait aussi avoir couru et était essouflé.
Elle fit reculer la faible derrière elle, et semblait vouloir engager le combat.

— Amusons-nous !
Il riait.

Il engaga, elle riposta du mieux qu’elle put.
Celle en retrait reprit son souffle, observa le combat et commença a cantonner faiblement mais rapidement des formules.
Elle ne pouvait pas rester là sans rien faire.

Elle ressentit une chaleur à ses pieds qui finit par l’englober. Ce n’était pas une chaleur comme une autre, elle était douce et agréable.
Elle tourna sa tête furtivement vers elle.
Elle devait rester concentrée.
C’était un avantage considérable de l’avoir à ses côtés.
Elle était beaucoup plus rapide, elle fut protégée par une sorte de bouclier invisible lorsqu’il fut sur le point de la blesser
Elle en profita et mis fin au combat.
Elle planta son épée dans le ventre puis la ressortit et lui trancha la gorge.
Elle put souffler.
Elle fouilla le cadavre. Rien d’intéressant.
Elle se retourna vers l’autre qui la ressemblait étrangement.

— Ça va ?
— Oui… Merci de m’avoir aidée…
— C’est à moi de te remercier.

Elles s’observèrent.

— Comment t’appelles-tu ?
Finit par demander la farouche.

— Ange.
— Hélène.
— Je… Merci beaucoup. Je te suis infiniment reconnaissante. Je ne sais pas quoi faire pour te remercier…

Elle la regarda sans rien dire.

— Ah… ! Prends ceci en guise de remerciement…
Elle retira sa cape et lui donna.

— … Merci mais je.
— Je suis désolée, je dois rentrer tout de suite. Accepte ceci, jusqu’à notre prochaine rencontre !
— Att-

Ange partit en courant dans la direction d’où elles venaient.

Quelle étrange rencontre.
Pensèrent-elles toutes les deux.

Hélène rentra chez elle.
C’était une cabane cachée sous des branches et des feuilles.
Lorsqu’elle arriva devant la porte, elle était entrouverte.
Elle s’inquiéta. Elle était sûre d’avoir fermé la porte avant de partir faire une balade.
Un homme sortit et alla à son encontre.
Elle se figea.

— Que faisais-tu ?
— Papa… Je.
— Je t’ai déjà dit que c’était dangereux de sortir la nuit.

Il la jaugea.

— D’où vient cette cape ?
— Je… J’étais allée jusqu’au lac… Il y avait une fille qui me ressemblait… Et un rôdeur…
— Un rodeur ?! Hélène !
— Papa… Je suis désolée…

Il soupira.

— Tu n’es pas bléssée ?
— Non… La fille avec qui j’étais m’a donnée cette cape…

La cape lui allait comme un gant, comme si elle avait été taillée pour elle.

— Elle te ressemblait dis-tu ?

Cela l’intriguait.

Ange essouflée, prit le portail.
Elle arriva dans son monde, il ne faisait pas encore jour.
Elle était sauvée, il fallait qu’elle rentre sans que sa famille le remarque.
Elle marcha normalement jusqu’à chez elle.
Elle entra par la porte d’entrée et la referma avec le moins de bruit possible, puis monta les escaliers à pas de feutre jusqu’à la chambre qu’elle partageait avec son frère.
Elle ouvrit la porte, tout doucement et pris soin de la refermer sans bruit.
Elle se retourna et se retrouva nez à nez avec son frère.
Elle sursauta. Elle était dans de mauvais draps.

— Où etais-tu ?
Murmura t-il.

Elle était en sueurs et n’avait plus sa cape.

— Où est ta cape ?

2012.05.30

Entraînement

Son grand frère étant l’un des plus compétents, le maître d’armes lui demanda de bien vouloir prendre en charge les plus jeunes, et de les former.

Ce jour là, les prêtresses, guérisseurs et toutes classes de soutien devaient choisir pour l’exercice, un partenaire. Pour l’instant non définitif.

Tout le monde la connaissait pour ses résultats plus que bons en tant que partenaire de soutient. Plus que cela, elle était dôtée d’une gentillesse sans faille. Les guerriers se seraient tous précipités vers elle pour lui demander d’être leur partenaire, s’il n’y avait pas eu son frère.
Contrairement à sa soeur, il était de nature froide et taciturne. Il fusillait déjà du regard les nombreux hommes qui étaient sur le point de se diriger vers elle.
Bien entendu, il y avait aussi de nombreuses guerrières et quelques prêtres.
Les jeunes guérisseuses, pour la plupart, se dirigèrent vers leurs aînées.
Tout le monde finit par se disperser, tant bien qu’elle finit sans partenaire.
Il restait aussi un guerrier solitaire.
D’un air pas très commode, il nettoyait son épée dans un coin.
Elle regarda autour d’elle s’il ne restait pas quelqu’un d’autre, et se dirigea vers cet inconnu.

Sylvain, son frère, avait dû s’occuper d’autres choses entre temps, revint et vit de loin Ange qui allait choisir comme partenaire.
Il ne pouvait pas imaginer pire.

— Bonjour, excusez-moi, vous n’avez pas de partenaire… ?
Demanda t-elle en s’approchant de cet homme, elle s’arrêta à quelques mètres de lui.

Il leva la tête dans sa direction lorsqu’il entendit les bruits de pas qui s’approchaient, puis le son de sa voix.
Il fut surpris.

— … Non.
Dit-il un peu hésitant.

Il baissa sa tête à nouveau, retournant à sa tâche.

— … Est-ce que ca ne vous dérange pas d’être mon partenaire… Pour l’exercice d’aujourd’hui… ?
Demanda t-elle d’une petite voix.

— … Comme tu veux.

Il s’était arrêté de frotter son arme à la question de la jeune fille. Puis repris son affaire quelques secondes après.
Toujours d’une voix sèche.

— Merci beaucoup… !

Elle resta à ses côtés.
Le maître d’armes et son frère commencèrent à regrouper tout le monde.
Elle vit le mouvement de foule.

— Nous devrions y aller aussi… Je pense…

Elle était un peu intimidée par cet inconnu.

— … Je m’appelle Ange. Enchantée.
Dit-elle en s’inclinant.

Il finit par ranger l’épée dans son fourreau, se leva et se dirigea vers l’endroit ou ils s’étaient regroupés.

— … Jean. Enchanté.

Il jeta un rapide regard vers elle.
Il avait beaucoup entendu parle d’elle. Il ne l’imaginait pas du tout comme cela. Il décida de se forger sa propre opinion. Il continua sa route sans s’arrêter.
Elle emboîta son pas.

Le maître d’armes décida de choisir Jean et un autre élève pour montrer l’exemple et le but de cet exercice.
Sylvain fit la grimace.
Ils s’avancèrent, les autres élèves reculèrent laissant un cercle hétérogène autour des deux élèves combattants.
Ils commencèrent.
Jean semblait avoir l’avantage. En force brute il était largement supérieur à son adversaire mais sa dexterité était inférieure.
Antoine parait tant bien que mal les nombreux assauts de Jean.
Ils commencèrent tous les deux à s’essouffler.
Sylvain arrêta l’affrontement et fit entrer les partenaires.
Ange et Anna lancèrent toutes les deux des sorts de vigueur.
Ils se sentirent beaucoup mieux et moins essoufflés.
Un deuxième combat fut lancé, en prenant en compte le soutient des partenaires.
Les jeunes filles s’approchèrent de leur partenaire respectif avec une serviette et essuyèrent les gouttelettes de sueurs.
Jean écarquilla ses yeux un instant. Il les referma et fit mine d’ignorer ce geste, il était gêné.
Sylvain fit signe aux filles de s’éloigner des guerriers et de les soutenir à distance.
Elles s’exécutèrent.
Le combat repris à zéro.

Ange, bonne observatrice, avait analysé le premier tour et savait très bien les points faibles et forts de Jean.
Ainsi, elle augmenta sa force de frappe par des chants et augmenta grandement sa dextérité, sa faiblesse.
De cette manière, avant que Jean et Antoine ne se rencontrent.
Au premier coup d’épee de Jean, Antoine fut submergé. Il jeta des regards à Anne.
Anne ne savait pas quoi faire, elle était prise au dépourvu, elle utilisa des chants de garde, de défense et de résistance.
Jean qui avait toujours réflechi en solitaire ne pensait pas qu’une partenaire pouvait lui proccurer autant d’avantages dans un combat.

Les élèves spectacteurs étaient muets de surprise.
Personne n’osait approcher Jean à cause de son mauvais caractère, et personne ne connaissait ses compétences.
Ils furent tous surpris.
Antoine étant un élève plutôt modèle et bon. Ils s’imaginaient tous que le maître avait voulu humulier Jean en l’envoyant à sa perte.
Personne n’aurait cru que Jean aurait tenu tête à Antoine, et encore moins avoir l’avantage sur lui.

Ange chantait et priait constamment. Elle utilisait au maximum le temps pour que Jean ait le plus l’avantage.
Anne ne pouvait suivre le rythme.
Jean finit par désarmer Antoine.
L’épee fut éjectée et se dirigeait droit vers Ange qui n’eut pas le temps de réagir.

Sylvain vit le coup venir et courru dans le cercle de combat en écartant les élèves.

— ATTENTION… !

Il attrapa sa soeur dans ses bras, tendit le bras, et lança un sort qui arrêta l’épée net.

— STOP ! Ceci était la 3 ème étape : faire attention à son partenaire.

Il s’adressa à Ange.

— Tu n’as rien ?
— … Non… Merci

Encore un peu sous le choc.
Il écarta sa soeur du cercle et fit un geste aux combattants de reprendre leur place et continuer mais sans elle.

Le troisième tour commenca.
Sylvain laissa sa soeur et retourna à sa place d’arbitre.
Le maître qui n’était pas loin, lui lanca un regard.

— Belle réaction.

Il répondit d’un hochement de tête.

Jean était destabilisé.
Il culpabilisait d’avoir failli à protéger sa partenaire.
Antoine l’était aussi un peu.
Ils durent reprendre leur esprit et commencer le troisième tour.
Jean n’avait plus sa partenaire, c’était la chance d’Antoine s’il voulait reprendre le dessus.
Il comptait sur sa partenaire.
Jean devait se concentrer. Il n’avait pas le droit à l’erreur.
Ils finirent tous deux à bout de souffle, bien qu’Antoine avait le dessus, Jean se défendait bien.
Sylvain finit par arrêter le combat.

Jean s’appuya sur son épee pour rester debout, il essuya d’un revers de la main la sueur de son front.
Anne était elle aussi essouflée.
Antoine rangea son épée dans son fourreau et s’approcha de Jean en lui tendant sa main.
Jean fut tout d’abord surpris, puis, rangea aussi son épée dans son fourreau, et essuyant sa main moite grossièrement sur son vêtement, il tendit sa main et serra la main de son adversaire.
Ange, se rapprocha de Jean et récita quelques chants pour lui redonner de l’énergie.
Elle sorti de son petit sac une serviette, et essuya les quelques goutes de sueur sur son visage.
Il n’était pas au bout de ses surprises.
Anne qui était au loin, reprenant son souffle, était perdue dans ses pensées.
Lorsqu’elle vit la scène, elle se rappela son devoir en tant que partenaire et, gênée, elle s’approcha lentement d’Antoine.
Ange lança un sort de groupe, qui revigora Antoine et Anne.

Antoine fixait Ange.
Il la remercia et s’excusa pour l’accident de l’épée.

Il l’observait depuis longtemps.
Il avait voulu la choisir en tant que partenaire, il ne craignait pas son frère.
Malheureusement, lors de la sélection, le succès qu’il avait auprès des filles lui porta préjudice.
Il avait refusé la plupart des propositions, essayant de sortir de la foule et cherchant Ange des yeux. Il la vit seule.
Elle regardait dans sa direction, mais voyant que personne n’était plus seul, elle se détourna et se dirigea vers Jean.
Il savait qu’il avait raté sa chance.
Il accepta la demande de la fille suivante, sans même la regarder.
Il était ailleurs.
La fille en question était aux anges.
Elle perdit son sourire lorsqu’elle se rendit compte qu’il n’avait d’yeux que pour Ange.

Il était jaloux, envieux.
Elle s’occupait de Jean avec un tel intérêt.
Jean remarqua l’attention d’Antoine.
Il proposa de changer de partenaire.

— Antoine, changeons de partenaire.
Dit-il d’un trait. Sans sentiments.

Ange se figea de surprise.

— Pardon ?

Antoine fixait Jean.
Ils se fixèrent mutuellement.
Antoine comprit où Jean voulait en venir.

— Je ne la veux plus comme partenaire. Elle ne me convient pas.
Dit-il d’un ton froid en la désignant d’un mouvement de tête.

Tel un objet.
Il écarta la main d’Ange qui tenait la serviette vers son visage et s’approcha d’Antoine.

— Qu’en dis-tu ?
Ajouta t-il.

Antoine ne savait pas quoi répondre.
Son regard passa d’Ange à Jean, puis il se tourna vers Anne.

— Anne… ?

Elle ne voulait en aucun cas aller avec Jean.
Pendant ce temps, la foule se rapprocha et ils félicitèrent les deux combattants.

— Tu étais impressionnant Jean !
— Personne aurait parié sur toi !
— Tu as tenu tête à Antoine !
— Tu as été génial Antoine !

Les voix cessèrent un instant en voyant l’ambiance tendue entre Jean et Antoine.

— Que se passe t-il ?

Anne prit la parole.

— Je ne veux pas faire équipe avec Jean…
Dit-elle d’une petite voix en se cachant derrière Antoine.

Elle ne voulait surtout pas quitter Antoine.

— Quoi ? Jean veut changer de co-équipière ?
— Tu as pris peur de son frère ?
— Son frère… ?

Il se tourna vers Ange.
Elle croisa son regard et baissa les yeux.

— Il ne le savait pas… ?
— Tu sais : Sylvain !

Il jetta un regard vers Sylvain qui était au loin, puis regarda à nouveau Ange.
Il n’aurait jamais imaginé qu’ils puissent être de la même famille.

— Ils n’en n’ont pas l’air, n’est-ce pas?
— Si ce n’est pas pour ca, pourquoi veux-tu changer de partenaire ?

— Puisqu’Anne s’y oppose j’imagine que la réponse est non.
Finit-il par souffler.

— Je veux bien changer de partenaire avec toi, mais s’il arrive quelque chose à Ange, je risque ma vie.
Dit un homme dans la foule, sur un ton blagueur.

— Sylvain est effrayant… !

Jean se retira sans demander son reste.
Ange resta, le suivant du regard, tristement.
Elle culpabilisait.

— Ne t’inquiète pas Ange, il est toujours comme ça. Tu as été géniale.

Un guerrière plutôt sympathique, en armure et les cheveux attachés en queue de cheval s’approcha d’elle et posa sa main sur son épaule.

— Jeanne, tu ne vas pas non plus changer de partenaire pour Ange… !

Une jeune fille, arriva derrière la combattante et lui attrapa le bras.

— Ah ah ! Ne t’en fais pas, je reste avec toi !

Elle lui tapota la tête avec la main qu’elle avait de libre.
Ange s’inclina et s’excusa.
L’entraînement n’était pas terminé.
Sylvain s’adressa aux groupes.

— Il y aura des roulements, faites des combats entres vous en changeant de partenaire et faites des commentaires constructifs. Faites attention à ne pas vous blesser.
Il jeta un regard à Ange.

Sylvain remarqua l’absence de Jean, et alla à sa rencontre pour lui parler.

— Tu t’es bien débrouillé lors du combat d’échauffement, mais tu ne peux pas rester dans ton coin, seul.
Intègre-toi un peu plus. Sois plus sociable.

Jean lui jeta un rapide regard et retourna à entretenir son épée.

— Tu privilégies trop la force, éviter les coups et la dextérité sont primordials aussi. Je te l’ai déjà dit.
Retourne à l’entraînement. Le cours n’est pas fini.

Il rangea son épée, se leva nonchalamment et revint sur ses pas.

Ange vit Jean revenir, suivi de son frère.

— J’imagine qu’on va s’entraîner ensemble. On est à peu près du même niveau…
Dit Antoine en se grattant la tête.

Jean resta silencieux. Il se sentait déolé pour Antoine de n’avoir pu choisir son partenaire.
Il acquiesça. Il savait qu’au fond, cela lui permettait de passer du temps avec Ange.
Sylvain s’approcha d’eux et leur suggéra de changer de partenaire. Cela permettrait d’avoir un autre point de vue sur l’ensemble.
Anne fit un peu la moue mais n’avait pas le choix.

Ange lança ses sorts de soutien.
Antoine ressenti la chaleur de ses sentiments et de sa volonté à le protéger du mieux qu’elle le pourrait.
Il était en position d’attaque. Le sort qui l’englobait remontait, et faisait virvolter ses cheveux mi-longs.
Il se tourna furtivement vers Ange.
Il songea.

— Je comprends mieux pourquoi les gens autour de moi disent qu’elle a le profil pour devenir prêtresse royale. Toute cette énergie dans un corps encore aussi jeune…
— Hey ! Antoine.
Appelait Jean, à quelques mètres de lui.

— Antoine… ?
Appelait Ange

Il reprit ses esprits.

— Ah- pardon. Je suis là !

Il était évident qu’Antoine et Ange prirent rapidement le dessus.
Ange savait quoi faire au bon moment pour avantager son partenaire.
À la fin du combat, Jean était de mauvais poil.

— Tu ne fais pas les bons chants ! Tu vois bien que je ne suis pas assez rapide !

Le ton commença à monter.
Antoine s’approcha rapidement.

— Oh, qu’est-ce qui se passe ?!

Anne était appeurée et n’arrêtait pas de s’excuser.
Ange suivit Antoine, rassura Anne en la prenant dans ses bras.
Jean était assez effrayant.
Antoine le calma comme il le pouvait.

— C’est pas une manière de dire les choses ! Dis lui gentiment ce qu’il aurait fallu qu’elle fasse pour s’améliorer en tant que support. Tu n’arriveras à rien à t’emporter et dire ce genre de critiques méchantes et faciles. La faute ne peut être reportée que sur elle.

Jean finit par se calmer, et s’excuser auprès d’Anne.
Antoine ne savait pas quoi dire à part complimenter Ange. Elle était la. Elle avait tout fait bien comme il fallait. L’enchaînement des différents chants était assez impressionnant, elle le faisait avec une telle facilité.
Ils s’assirent autour d’une table, Anne s’etait assise le plus loin possible de Jean.
Ange s’était mise à côté d’elle.
Jean, qui avait repris son attitude normale, qui n’était pas plus rassurante mais beaucoup plus que quelques minutes avant.

— Anne… Tu aurais dû mieux comprendre mes points faibles, j’étais trop lent, il aurait fallu un chant de rapidité.

Elle acquiesça et s’excusa de nouveau.

— … Ne t’excuse pas… C’est aussi ma faute de n’avoir pas communiqué lors du combat, et en n’étant pas assez rapide…

Anne était au bord des larmes.
Ange s’approcha d’elle.

— Ce n’est pas grave, ne t’inquiète pas. Ce n’est pas ta faute, tu feras mieux la prochaine fois et tu lui prouveras que tu es meilleure !
Dit-elle en souriant pour la consoler et lui rendre le sourire.

— Merci Ange… Mais… Toi… Comment tu fais pour être aussi forte ?
— Ah, ça… Je ne suis pas plus forte, je me suis beaucoup entraînée… Seule, jusqu’à en perdre ma voix. Ah ah… Parfois. Je passe mon temps à la bibliothèque… Tu vois ?…
Ah ! Regarde, je vais t’apprendre quelques trucs !

Elle chanta quelque chose.
Anne senti comme une chaleur dans sa poitrine.

— Si tu ne connais pas un sort, n’hésite pas à me demander ! Que je serve à quelque chose… !

Elle souriait timidement. Rien que son sourire réchauffa le coeur d’Anne.
Le regard des deux hommes s’arrêtèrent sur la scène.
Antoine regardait Ange.
Jean observait Antoine et Ange.
Ange illuminait, rayonnait.
Il comprenait pourquoi Antoine était attiré par elle.
Elle n’était pas si populaire que cela.
Elle était assez neutre. Timide. Effacée, mais le peu de personnes qui la connaissait l’adorait.

Ils s’entraînèrent encore un peu ensemble.
Antoine prit Jean à part et lui appris quelques attaques et défenses pour s’améliorer.
De l’autre côté, Ange expliquait quelques sorts à Anne.
Le cours était fini, les gens rentraient peu à peu chacun chez eux.
Ange resta s’entraîner un peu, Anne rentra avant que la nuit tombe et qu’il fasse trop sombre.
Jean et Antoine étaient aussi restés pour s’entraîner
Quand Ange se rendit compte qu’il faisait trop sombre pour y voir quelque chose.
Elle regarda autour d’elle.
Antoine et Jean firent pareil.
Jean remercia Antoine.

— C’est moi qui te remercie.

En temps normal les gens n’osent pas s’entraîner avec moi car ils ont trop peur de l’écart de force. Je me retrouve généralement seul, ou avec Sylvain…
— Je vois… Je me retrouve généralement seul, mais pour d’autres raisons…

Jean regarda autour de lui.

— Je pense qu’il est temps de rentrer- … Il reste quelqu’un d’autre. Je pensais qu’on serait les seuls assez fous pour s’entraîner aussi tard.

Antoine se retourna.
Il vit Ange.

— Il paraît qu’elle s’entraîne vraiment beaucoup. Pas étonnant que les professeurs pensent qu’elle a le profil pour être prêtresse alors qu’elle est encore si jeune. Tu n’as pas senti l’essence de sa force quand elle te supportait ?
— Je n’ai jamais eu de partenaire avant. Je ne peux pas dire si elle était forte ou non.
Mais il est vrai qu’Anne m’a semblé moins forte…
— Il fait tard, et la visibilité est faible. Je vais la racompagner chez elle.
— Je suis désolé qu’Anne ne veuille pas changer d’équipe.
— Qu’est-ce que tu racontes ? T’excuse pas pour ca !

Ils rangèrent leurs affaires.
Ange était aussi en train de ranger. Elle sorti une serviette et s’essuya le visage dedans.
Elle ne vit pas arriver les deux autres.
Antoine s’approcha d’elle et s’arrêta à quelques pas, en l’observant.
Il ne savait pas comment l’aborder.
Il réfléchissait à la manière de commencer la conversation et de donner une bonne impression.

Elle retira sa serviette, elle ne l’avait pas entendu se rapprocher.
Elle sursauta quand elle le vit en face d’elle.

Elle ravala son souffle.

Il était confus, il ne voulait pas l’effrayer.

— Pa… Pardon ! Je..

Elle le regarda quelques secondes, du comique de situation, elle finit par rire.

— Tu m’as fait peur… !

Il rougissait. Il la trouvait vraiment mignonne. Elle souriait en disant cela.

— Ah, tu t’es aussi essuyé le visage ?

— J… Je n’y ai pas pensé…

Elle lui tendit sa serviette, timidement, pour lui demander s’il voulait s’essuyer rapidement dedans.

— Je suis désolée, je me suis deja essuyée dedans, mais… Tu peux utiliser l’autre côté…
Comme ça…

Elle s’avanca vers lui, et de sa taille un peu plus grande. Elle se mis sur la pointe des pieds et lui étala sa serviette du côté propre, sur son visage.

— M… Merci.

Elle vit ensuite Jean derrière, qui avait fini de ranger ses affaires et venait vers eux.
Il jeta un regard derriere lui, pour vérifier qu’il n’avait rien oublié.
Lorsqu’il regarda devant lui, voyant qu’Antoine était seul avec Ange.
Il voulu faire demi-tour et rentrer seul.
Il croisa le regard d’Ange, puis elle marcha vers lui.

Elle ne semblait pas très bien voir.
Elle trébucha à quelques mètres de lui. Par réflexe, il coura vers elle.

— Fais attention où tu marches !

À ce moment, il souhaita être plus rapide pour la première fois. Il se rendit compte que la force n’était pas tout.
Elle n’était pas tombée.

— Ah… Pardon.

Elle s’inclina et s’excusa.

— Je… voulais m’excuser, pour aujourd’hui. De n’avoir pas été à la hauteur… De tes attentes… Je ferai de mon mieux… !

Il ne savait pas quoi lui répondre.
Elle avait été irréprochable. Il voulait juste aider Antoine.
Il regarda ailleurs et lui répondit.

— Ah… C’est pas grave… Faisons de notre mieux ensemble…

Antoine finit de s’essuyer le visage. Il renifla doucement la serviette après, en pensant à Ange.
Il ne la vit plus.

— Ange ?
— Je suis là !

Elle était quelques mètres plus loin. Derrière lui.
Il se retourna et vit Jean.
Il ressenti une pointe de jalousie.
Elle s’inclina une nouvelle fois devant Jean, et retourna auprès d’Antoine, ranger ses affaires et s’apprêter à rentrer.
Antoine lui rendit sa serviette.

— Rentrons ensemble. Il fait nuit et ton frère ne me pardonnera pas s’il t’arrivait quelque chose alors que j’étais dans le coin…
Proposa t-il. Innocemment, en prenant pour excuse son frère.

— Hm ! Rentrons ensemble tous les trois dans ce cas !
Dit-elle en prenant ses affaires.

Antoine fut surpris.
Il avait complètement oublié Jean.
Elle s’apprêtait à porter son sac, quand Antoine le prit à sa place.

— Je vais le porte- ouah. Tu as quoi dedans ?! Des briques ?!
— Ah- pardon… Ce sont mes livres de sorts…
— C’est pas quelques livres ! C’est la bibliothèque entière que tu as emmennée… !
— Pardon pardon… !

Jean était reste un peu à l’écart.
Il ne voulait pas être une gêne pour Antoine mais il habitait sur le chemin.

Sylvain attendait impatiemment sa soeur.
Il avait dû quitter le camp d’entraînement pour d’autres affaires.
Il tournait en rond dans la pièce.
Sa mère préparait à manger pour Ange, et semblait tranquille et fredonnait.
Sylvain jetait quelques regards à la fenêtre.
Son père attendait à table.

— Assis-toi Sylvain. Tu vas finir par me donner le tourni si tu continues ainsi.

Il finit par s’asseoir, à contrecoeur.

— Tu n’as pas à t’inquiéter, je suis sure qu’elle va rentrer. Elle n’a rien à craindre ici, il ne va rien lui arriver.
Dit sa mère.

— Au fait, Ange doit avoir un certain succès auprès des garcons. Non ?
Je me demande si elle a déjà un petit copain…
Blaguait-elle, dans la cuisine.

Son père se crispa.

— Elle est encore trop jeune maman ! Papa, dis quelque chose !

Il toussa.

— On y peut rien, c’est la jeunesse.

Ils entendirent des bruits de pas s’approcher et des voix.
Sylvain se précipita à la fenêtre, puis à la porte.
Il sortit et attendit sa soeur sur le palier. Il voulait surtout savoir avec qui elle était rentrée.

Ange vit son frère.
Il avait l’air fâché.
Elle se retourna vers Jean et Antoine et les remercia de l’avoir raccompagnée.

— … J’habite deux maisons plus loin… C’est juste le chemin que je prends pour rentrer.
Répondit Jean.

— Je t’en prie, Ange.
— Je m’excuse d’avance pour mon frère, s’il vous dit des choses blessantes.
— T’inquiète pas. On a l’habitude.
Dit Antoine, en souriant.

Ils continuèrent leur chemin jusqu’à la maison d’Ange.

— Bonsoir.
Dit froidement Sylvain.

Il regardait alternativement Jean et Antoine.

— Sylvain… Sois pas aussi froid… Ils m’ont raccompagnée…
Dit sa soeur gênée.

— Bonsoir Sylvain. Bonne soirée Ange. À la prochaine !
Dit-il en partant de là où il venait.

— Bonne soirée.
Dit Jean, qui continua sa route.

Avant qu’ils ne partent tous, Sylvain ajouta timidement.

— Attendez !… Merci… D’avoir raccompagné ma soeur…

Ils se retournèrent quelque peu surpris.
Antoine fit un signe de la main, et Jean fit un mouvement de tête, ils continuèrent ensuite leur chemin.

— Pardon d’être rentrée aussi tard…
Dit-elle en regardant Sylvain avec de petits yeux.

— Rentre, on va manger…

Il la prit par la taille et s’installèrent à table.

— C’est prêt !
— Tu étais avec… des garçons?… Sylvain. Qui c’étaient ?
Demanda son père. Un peu inquiet.

— Antoine et Jean. Deux garcons de mon cours d’armes…
Dit-elle en appréhendant la réaction de son frère.

Il ne dit rien.

— Ah, d’accord. Tu les connais bien, Sylvain ?

— Qu’est-ce que c’est que cet interrogatoire Pierre ! Ils finiront par venir à la maison et ils se présenteront d’eux-mêmes !
Réagit son épouse.

Elle servit les plats sur la table et s’asseya. Ils commencèrent à manger.

— Je vais aller prendre un bain, tu viens avec moi Ange ?
Demanda Sylvain, à la fin du repas.

Elle acquiesça.

— Attends, je prends mes affaires et j’arrive !

Elle vida son sac de livres et échangea le contenu par des vêtements de rechange et serviettes de bain.
Elle accourut au rez-de-chaussée, elle failli tomber en ratant une marche.
Son frère l’attendait en bas des escaliers.
Il la rattrapa à temps.

— Aaah !
— Hé !

Il tendit les bras.

— Fais attention !

Ils s’entendaient plus que bien.

— Désolée, je ne voulais pas te faire attendre.

— Maman, Papa, nous y allons !
— Ne rentrez pas trop tard.

Une famille normale, qui vivait sans réels problèmes.

Ils marchèrent tranquillement jusqu’à la source chaude.
Les bains étaient séparés.

— Bonsoir !
— Bonsoir vous deux ! Vous n’êtes pas les derniers apparemment…

Derrière eux, Antoine arriva et feignit la surprise.
Suivi de Jean.
Sylvain lâcha un soupir.

Ce n’était pas une surprise.
Ils allaient au bain après une longue journée d’entraînement.

Ange partit dans le bain des filles. Elle était la seule.
Elle se déshabilla, se lava et se rinça avant d’entrer dans le bain chaud.
C’était une source thermale ouverte en plein air.
Une palissade en bois séparait les deux bains.
Elle fredonnait un petit air joyeux.

Elle écoutait furtivement la conversation des garçons.
Se sentant un peu fatiguée, elle failli s’endormir, bercée par les paroles des hommes.

Sylvain fit comme si de rien n’était et se déshabilla, se rinça et alla dans le bain.
Jean fit de même.
Antoine essayait de converser et de se lier un peu plus à Sylvain qui était son aîné.
Ce dernier avait quelques cicatrices sur son corps. Dûes à un entraînement intensif. Il se surmenait.

Jean resta silencieux et se dirigea vers le bain.
Antoine, ne trouvant pas comment commencer la conversation, dû faire pareil.

Finalement Sylvain s’adressa à eux.

— Comment s’est passé l’entraînement ?
— …
— Plutôt bien !

2012.05.17

Choix

Le château était encore en partie en ruines, mais le temps semblait s’être arrêté pour eux.
Ils venaient de s’avouer l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre.
Ses bandages étaient visibles à travers sa chemise blanche. Des petites taches de rouge étaient également visibles.
Il s’appliquait à reconstruire et remettre en place les structures les plus importantes des lieux. Il tentait de ne laisser rien paraître mais elle voyait qu’il se forçait et qu’il s’épuisait petit à petit.
Elle se sentait complètement inutile, elle était à ses côtes mais ne pouvait rien faire de plus pour l’aider.
Non loin, son ami et garde du corps observait les alentours et se tenait aux aguêts.
Le maître des lieux donnait des instructions à certaines personnes pour avancer au mieux les réparations.
Il eut un moment de faiblesse et vacilla.
Elle se précipita pour le soutenir.
Il la remercia et reprit lentement ses esprits.

— Ce n’est pas beau de vieillir…

Même dans un moment aussi critique il semblait avoir gardé son sens de l’humour.
Ses hommes s’inquiétèrent également de son état physique.
Il leur assura que ça allait. Il reprit son souffle et ordonna à tout le monde de faire une pause.
Il avait assuré la sécurité minimale en s’occupant des remparts.
L’ordre était de se reposer et se détendre aux bains.
Ensuite, une annonce générale serait faite dans le hall, aux alentours de l’heure du dîner. Jusque là, c’était quartier libre.
Elle insista pour rester à ses côtés.
Deux femmes marchèrent dans leur direction.
C’était l’infirmière et une guerrière.
Le maître confia la jeune fille à ces deux femmes de confiance et partit de son côté pour faire avancer les préparatifs de la soirée.
Chris, le garde rapproché de la princesse, partit avec le vieil homme en le soutenant. Ils se rendirent chacun de leur côté, vers leur bain respectif.

L’endroit était immense.
Bien entendu, tout le monde tirait des têtes d’enterrement, certaines personnes avaient perdu leur vie dans cet affrontement.
Alexandra ne passa pas inaperçue. Certaines se rappelaient d’elle lorsqu’elle était venue plusieurs années auparavant, mais la plupart ne la connaissait pas et la dévisageait d’une manière peu polie.
Tout d’abord parce que c’était une étrangère, mais également à cause de sa cicatrice sur l’abdomen qui était bien marquée.
Elles ignoraient qu’elle était mi-humaine et pour elles, il était normal que les cicatrices disparaissent grâce à leur regénération cellulaire accélérée.
Le seul cas et exception était une blessure infligée par du poison.
Elle ne dit rien à ce sujet et les autres filles chuchottaient en la dévisageant.
À son passage : des réactions de respect mêlées à la frayeur rien qu’en immaginant la douleur qu’elle avait dû ressentir pour avoir gardé une telle cicatrice.
Elle rejoignit rapidement les deux seules personnes qu’elle connaissait et s’enfonça dans le bain géant jusqu’au menton.
Ses cheveux longs, bruns et ondulés flottèrent sur l’eau.
L’infirmière toussa pour attirer l’attention des filles.
Cela arrêta le flot de paroles qui avait constitué un fond sonore lorsqu’Alexandra était entrée dans la salle.
Elles regardèrent toutes en direction de la blonde qui avait l’habitude de porter une blouse blanche.

— Un peu de silence, s’il-vous-plaît.

Elle et son amie, étaient reconnaissantes envers l’intervention d’Alexandra et elles la respectaient autant que leur maître.
Elles ne disaient rien pour ne point la gêner, mais elles agissaient en conséquence.
Le flot de paroles ne cessa pas complètement mais les gens se taisaient lorsqu’ils croisaient le regard des deux femmes qui accompagnaient et maternaient Alexandra.

Quant au bain des hommes, l’ambiance était toute autre.
Dès que le maître arriva, le silence se fut et ils approchèrent tous pour s’enquérir de son état.
Chris était à ses côtés et l’aida à rester debout.
Gabriel avait retiré ses bandages et ses blessures étaient en train de cicatriser.
Ils dévisagèrent Chris. Ils ne le connaissaient pas.

— Cet étranger est venu nous venir en aide, je vous demande de le traiter avec autant de respect que vous auriez pour un des vôtres.
Expliqua Gabriel.

L’humeur était beaucoup plus joyeuse.
Tous étaient heureux de savoir leur maître en vie.
Il allait bien mais était épuisé.
Il sorti du bain bien avant les autres. Il leur dit de profiter encore et qu’il devait aller préparer des choses pour ce soir.
Chris l’accompagna.
Le garde du corps rapproché de Gabriel en profita pour les rejoindre.

Les rumeurs circulaient vite.
Qu’elles soient fondées ou non, tout le monde parlait d’Alexandra et de sa cicatrice. Les personnes s’imaginaient tout un tas de choses.
Elle rejoignit le plus rapidement possible Gabriel.
Ils se retrouvèrent dans le bureau du maître.
Il ordonna alors à tout le monde de sortir pour s’entretenir en privé avec Alexandra.

— Je sais que cela peut paraître précipité…
Je ne veux pas perdre plus de temps, je souhaiterai m’unir avec toi.
Si tu refuses, je comprendrai parfaitement.

Elle l’écouta sans rien dire, puis en voyant qu’il avait fini, elle prit la parole à son tour.

— J’accepte. Je ne pense pas faire d’erreur en choisissant de rester à vos côtés jusqu’à la fin de mes jours.
— Je veux que tu saches que cela implique certaines choses.
Es-tu sûre que j’annonce cela ce soir même, à mes sujets ?
Avant toute chose, ton père devra également être mis au courant. Et un rituel aura lieu, mais ça je t’expliquerai les détails plus tard.
Je ne dis pas que le divorce n’existe pas en ce monde, mais les règles sont différentes.
Si je te choisis aujourd’hui, c’est que je souhaite te confier ma vie ainsi que mes pouvoirs.
Cet échange est réciproque. Cela signifie que si je meurs, tous mes pouvoirs t’appartiendront.
C’est une lourde charge.
— … J’ai réflechi pendant tout le temps ou nous étions séparés, et meme si je pense que cette décision est hâtive, je maintiens ma position. Je vous aime de tout mon coeur et je ne veux pas risquer de vous perdre.

Il s’approcha d’elle et la serra dans ses bras.

— Est-ce ton dernier mot ? Tout cela va s’enchaîner très rapidement.
— Oui.

Il l’embrassa sur le front et l’emmena dans une petite pièce au fond du bureau.
Il ouvrit une armoire et en sorti un combiné de télephone.

— C’est une ligne privée, je vais joindre ton père pour lui annoncer ton choix.

Il composa les coordonnées de chez elle et attendit.
Il passa l’appareil à Alexandra.

— Allo ? Papa ?
— Sandra ?! C’est bien toi ?!
— Oui, tout va bien maintenant, je suis avec Gabriel… Je…

Elle ne savait pas par où commencer pour expliquer la situation.
Il tendit la main vers elle pour reprendre le télephone.

— Attends, je te le passe.
— Bonjour, votre fille va bien, grâce à elle je suis en vie. Je voudrais tout d’abord vous remercier de cette aide. Ensuite, je souhaiterai m’unir avec elle.

Il eu un long silence puis un soupir.

— Je n’ai pas de raison de m’y opposer si c’est ce qu’elle désire également. Je vous demanderai juste de faire attention à sa condition physique. Actuellement je ne peux pas venir pour vous donner ma bénédiction, mais le coeur y est. Je vous confie ma fille.

Il raccrocha et Gabriel fit « o » avec ses doigts pour signifier que tout était ok.

— Je tiens à te prévenir une dernière fois.
Es-tu vraiment sure ?
— Oui…

Il la confia à ses deux amies gardes et leur demanda de lui montrer la tenue à porter pour l’annonce.
Alexandra commença à paniquer, elle se demanda si la tenue n’était pas une robe de mariée.
Arrivée à l’endroit indiqué, on l’emmena devant un mannequin qui portait une sorte d’uniforme militaire avec une jupe droite et fendue sur le côté.
Elle dû porter cette tenue, et se coiffer d’un chignon pour être présentable.
Le moment tant attendu par les sujets arriva.
Gabriel s’avança et parla.

— Comme vous avez pu le remarquer, aujourd’hui est un jour spécial.
Notre château a failli tomber aux mains de l’ennemi. De nombreux sacrifices ont été faits… J’ai moi-même failli mourir, et c’est grâce à nos deux invités ici présents que je me tiens devant vous.

La foule se tourna vers Chris et Alexandra.
Alexandra attirait déjà l’attention à cause de sa tenue vestimentaire.
Elle ne savait plus où se mettre, elle était encerclée.
Gabriel reprit son discours.

— J’ai une nouvelle à vous annoncer.

Il fit signe à Alexandra de venir vers lui.
Elle avança en essayant de ne pas trébucher.
Il lui prit sa main et la serra fort tout en continuant à parler.

— Pour les gens qui ne la connaissent pas encore, c’est la princesse du royaume voisin, et je vous annonce que nous allons nous unir.
Ceci n’est pas un pacte de paix, mais bien d’amour.

Alexandra était rouge d’embarras et fixait ses chaussures.
Les sujets applaudirent et le festin commença.
Gabriel avait prévu le banquet, il profita de la fête pour se retirer et se reposer dans sa chambre.
Il avait donné les instructions pour la suite de la fête.
Le nouveau couple fut le sujet de discussion de toute la soirée.

— Tu as vu comme elle est jeune comparée à notre maître !
— Elle n’en est pas moins forte ! Qui aurait cru que c’était une princesse ?!
— Il a fait le bon choix ! Quel chanceux !
— Elle lui a sauvé la vie, c’est trop romantique !

Chris s’éloigna de la fête. Il avait besoin de remettre ses idées et ses sentiments en place.
Il éprouvait encore des sentiments pour Alexandra et il devait les refouler. Il savait qu’il avait perdu.

— Tu as vu comme il était beau le jeune étranger ? Tu crois qu’il a déjà une copine ?
— Tu penses qu’il a quel âge… ?

Il était également au centre de la conversation.

— Alors, beau gosse, on profite pas de la soirée pour draguer ?

Bellinda sorti de l’ombre et aborda Chris.
Il fut surpris puis soupira.

— Si c’est pour m’emmerder, tu peux partir. Je ne suis pas d’humeur à blaguer ce soir.
— … Problème de coeur ?
— Si on veut.
— Tu sais. Je crois que depuis le premier jour ou je l’ai rencontrée, j’en suis tombée amoureuse. C’est idiot n’est-ce pas. Je suis une fille et pourtant mon coeur bat pour Alexandra.
Je suis heureuse qu’elle soit avec mon maître, j’espère qu’ils seront heureux ensemble. Mais ça ne m’empêche pas d’être un peu triste… C’est ton cas aussi, n’est-ce pas ?

Il avait perdu sa voix. Cette révélation, il ne s’y attendait pas.

— Tu sais pourquoi le seigneur Gabriel ne s’est pas encore marié à son age ? Il a perdu ses parents à cause d’une de ses prétendantes qui l’a berné pour tenter de prendre le pouvoir.
Depuis, il s’est méfié de toutes les femmes qui s’intéressaient à lui.
Le pire, c’est que toutes les femmes après cette triste histoire, n’en avaient qu’après ses pouvoirs.
Cela l’a rendu plus méfiant, mais aussi plus triste.
C’est la premiere fois depuis presque 10 ans, que je le vois si serein et heureux. En fait, je suis heureuse que ce soit avec Alexandra.
Elle a le coeur bon et pur. Elle ne profitera jamais de Gabriel.
Je parle trop, allez, je te laisse. Ne te morfonds pas trop !

Et elle partit comme elle était venue.

2015.01.06

Foudre

La jeune fille appris tout ce qu’il falait savoir sur le royaume de son aime.
En peu de temps, elle assimila tout le savoir nécessaire et décida de mettre en place un système permettant de lier leur deux royaumes.
Un portal fut construit dans l’enceinte du château, permettant d’aller d’un domaine à un autre en quelques secondes.
Un autre changement fut mis en place pour que les humains et demi-humains soient autorisés dans leur monde.
Cela s’appliquerait tout d’abord aux couples et aux familles qui étaient conscients des risques encourus. Une protection leur serait fournie pour les rassurer, cela concernerait d’abord ceux qui résidaient dans l’enceinte du château.
Leur statut serait connu que des proches.
Ils seraient considéres comme des habitants natifs.
Sur ce, elle fit venir son frère jumeau ainsi que sa mère.
Son frère travaillait dans un hôpital en tant qu’interne et avait un avenir prometteur.
Sa mere accepta sans sourciller, quant à son frère, bien qu’heureux de revoir sa soeur et de rattraper le temps perdu, il ne savait quoi décider entre abandonner sa future carrière et rejoindre sa famille dans un monde encore inconnu et régit par d’autres règles.
Cependant, lorsqu’elle lui fit visiter les lieux et lui expliqua ses projets, il hésita.
Par la suite, il rencontra l’infirmière par hasard.
Contrairement à sa soeur, il portait des lunettes, il était également plus grand qu’elle.
Moins sportif, il n’était pas moins intelligent.
Ils eurent le coup de foudre.

— Vous êtes… Le frère de sa majestée, n’est-ce pas ?

Elle reconnu tout de suite leur lien de parenté : il lui ressemblait comme deux gouttes d’eau.
Il fut surpris par le respect adressé à sa soeur.

— Elle m’a dit que vous étiez étudiant en médecine.
— C’est exact.
Dit-il quelque peu perturbé.

— Elle n’a que d’éloges à votre égard.
— Je ne suis qu’un simple étudiant. Elle exagère toujours. Je vois qu’elle n’a pas changé.
Soupira t-il.

L’infirmère souria.

— Voulez-vous que je vous présente la médecine de notre monde ?

Il ne put refuser sa charmante proposition.

— Quelque chose vous tourmente ?

Il était perdu dans ses pensées.

— Non, excusez-moi… Je me demandais juste quelle genre de vie ma soeur menait ici.
— Il n’y a pas de mal. Elle mène une vie très respectable. Elle est admirée de tous pour sa générosité et l’amour quelle porte à tous ces sujets. Pour son jeune âge, cela est rare.
— … Cela ne m’étonne pas d’elle, elle n’a vraiment pas changé…
Je vous demande pardon, vous me parliez de sujets plus qu’intéressants et j’ai la tête ailleurs…
— Je vous en prie. N’hésitez pas à venir me parler de la médecine de votre monde, la prochaine fois.
Je crois que votre soeur vous cherche.

2014.12.12

Contact

Elle ne se souvenait plus de rien.
Ses souvenirs étaient flous.
Une explosion avait eu lieu.
Elle était sur un trottoir et attendait que le feu passe au vert pour les piétons.
Elle avait alors tourné ses yeux vers un inconnu en face d’elle.
Il attendait également, sur la rue de l’autre côté.
Elle le trouvait intriguant.
Il était plutot grand, les cheveux noirs lisses, mi-courts, attachés en queue de cheval.
Il avait les yeux bleus et gris, presque blancs. Elle trouvait ça très peu commun.
Elle était comme hypnotysée par ce contraste.
Puis, il eut une explosion.
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle était à terre.
La fumée et les débris avaient recouvert la route et elle ne voyait qu’à quelques mètres.
Elle toussa.
Elle devait bouger d’ici.
Les conflits de ce monde ne la concernaient pas.
Elle se leva avec difficulté, un peu déboussolée par l’impact.
Elle allait rebrousser chemin lorsque qu’une silhouette sorti de la brume de poussière et couru vers elle.
Elle paniqua et s’apprêtait à se défendre.
Lorsqu’ils furent assez proche pour se reconnaître, il fut surpris et lui cria de courir.
Il l’attrapa par le bras et la tira devant lui, avant de l’enlacer et se jeter au sol.
Une seconde explosion eut lieu derrière lui.
Elle n’eut même pas le temps de comprendre ce qu’il venait de se passer.
C’était l’homme au yeux gris.
Il se dégagea et l’aida à se relever.

— Je suis desolé. Est-ce que ça va ?
— … Je crois… ?
— Il ne faut pas rester ici, des gens sont en train de lancer des grenades à l’aveugle…

2014.12.12

Benjamine

Elle avait hérite de la couleur claire et blonde de son père, ainsi que des cheveux magnifiquement ondulés de sa mère.
Ses yeux avaient la particularité d’être de deux couleurs différentes.
Son oeil droit était marron, comme ceux de sa grandmère, tandis que son oeil gauche était d’un bleu clair comme ceux de son père.

Elle s’était tout de suite intéressée aux livres et au savoir qu’ils contenaient.
Toute petite, elle suivait son père partout, et trainait dans les rayons de la bibliothèque.
Elle avait suivi quelques cours de self-défense, mais sans plus. Elle n’était pas sportive et sa mère ne l’avait pas forcée à continuer cette activité contre son gré.

Sa tenue favorite pour flâner au milieu des livres : un long pull en coll V, qui lui arrivait aux cuisses, et aux manches 3/4.
Elle portait une petite jupe en dentelle, qui laissait dépasser quelques froufrous blancs.

Elle pouvait passer des heures à lire et s’instruire.
Son père lui avait déjà tout enseigné sur l’administration pour la sucession, mais ce qui l’intriguait le plus, c’était le monde humain.
Très peu de livres en parlait et elle était de plus en plus curieuse.
Il lui arrivait d’en discuter avec sa mère, lorsqu’elle avait le temps, ou alors son oncle.

2014.12.02

Querelle

Elle l’attendait inconsciemment parce que c’était généralement à peu près à ce moment de la journée qu’il frappait à sa porte et qu’ils passaient un peu de temps seuls.
Elle se surprit elle-même à penser à lui.
Une demi-heure passa et elle commença à s’inquiéter.
Ce n’était pas dans ses habitudes d’arriver en retard.
Puis elle se souvint qu’ils n’avaient jamais qualifiés ces moments comme de rendez-vous, et jamais aucune obligation de sa part n’avait ete fixée.
Il pouvait avoir autre chose de prévu.
Elle reprit ses esprits et continua ses activités comme si de rien n’était.
À ce moment là, quelqu’un frappa à la porte et elle se retourna souriante vers la personne.
Ce n’était qu’une amie qui passait par là.
Elle avait l’air essouflé.

— Tu es là… Je… Tu sais… Le gars… Enfin la personne qui passe ici ces derniers temps… Aah… Je crois qu’il est en train de se battre avec d’autres gars…

Elle reprit son souffle peu a peu.

— Hein ?
— Au bout du couloir. J’ai couru aussi vite que j’ai pu pour te prévenir, mais je pense que ça va mal finir…

Intriguée, elle sortit et se dirigea vers l’endroit où se passait l’action.
Plus elle avançait et plus ses pas s’accéléraient.
Elle était inquiète.

Quelques minutes auparavant.
Deux hommes vinrent à sa rencontre et l’un lui adressa la parole d’une manière un peu rude.

— Hey. Toi là.

Il resta calme et répondit poliment.

— Oui ? Que puis-je faire pour vous ?
— Tu n’as aucun droit de t’approprier Chrystal.

Il n’y avait qu’un seul des deux hommes qui parlait. Le second semblait un peu dépassé par la situation.

— Pardon ?
— Tu m’as très bien compris. Tu la déranges. Arrête de la voir.
— Je crois qu’il y a méprise. Si je la dérangeais, je pense qu’elle me l’aurait dit d’elle-même. Et je n’ai pas d’ordre à recevoir de… vous.
— Je crois que tu n’as pas compris. On te l’a pourtant dit gentiment. Mais si tu y tiens, on peut décider de ça par la force.
— Si vous voulez vous battre, il fallait le dire plus tôt.

L’ami silencieux lui tira le bras pour lui dire que ce n’était pas une bonne idée.

— On se degonfle ?

Il attisait son agresseur, qui mordit à l’hameçon.

— Non, pas du tout.

Il repoussa son ami et lui demanda de s’ecarter.
Il sourit.

— Elle n’a pas de temps à perdre avec un minable comme toi !
— Qu’est-ce que tu en sais ?
— Tu te crois tout permis parce que tu viens d’ailleurs, c’est ca ?! De quel droit tu la monopolises ?!
— C’est à elle de décider.
— Elle est trop gentille pour te le dire !

Il en avait assez entendu, des jalousies d’un jeune qui ne supportait pas que la fille qu’il aime passe son temps avec un autre.
La discussion allait nulle part.

— Tu veux savoir ce qu’on fait, dans sa salle ? Rien que nous deux ?
— … !
— Si tu savais, tu ne dirais pas qu’elle perd son temps…
— TAIS-TOI !

Il lui donna un coup de poing sur sa joue.

À ce moment là, elle arriva.
Elle vit la scène et elle reconnut les deux personnes.

— Qu’est-ce que vous faites… ?

Elle ne comprennait pas du tout la situation.
Ils se tournèrent tous vers elle.
Ils baissèrent la tete, de honte.
L’humain se frotta la joue. Son adversaire avait tapé assez fort pour le faire saigner. Il s’était mordu la joue intérieure.
Lorsqu’il toucha ses dents pour vérifier qu’elles étaient en place, il étala un peu de sang sur ses doigts.
Inquiète, elle s’approcha de lui et lui demanda si tout allait bien.
Elle jugea les deux hommes et celui un peu à l’écart.
Elle les embarqua avec elle jusqu’à l’infirmerie et leur demanda de lui expliquer.

— Je veux des explications maintenant. Ou vous préferez que je remonte ça à la Reine ?

Ils firent tous une grimace.
Elle apporta une petite compresse pour soulager l’humain et s’assit sur un des lits de la pièce.
Personne n’osait avouer quoi que ce soit.

— Que se passe t-il ici ?!

La troisième personne prit la parole.

— C’est moi-

L’humain lui coupa la parole.

— J’ai provoqué son ami et il m’a frappé. Je m’excuse. Cela ne se reproduira plus. Je m’expliquerai avec la Reine s’il le faut.

Les deux autres, étonnés, restèrent muets.
Elle soupira et les laissa partir.
Seul l’humain resta.

— Tu sais. Ils sont amoureux de toi.

Elle se figea.

— Qu’est-ce que tu racontes ?
— Et je crois que moi aussi.

Elle se tu.
Elle resta assise, le regard dans le vide en réflechissant quoi répondre.
Elle ne savait pas ce qui se passait en elle.

Il était assis sur le bord du lit, elle lui tendit la compresse et il lui attrapa la main.
Surprise, elle le fixa sans rien dire.

— Je crois que je suis tombé amoureux de toi.

Elle eut un mouvement de recul.
Il serra son emprise sur son poignet.
Sans la regarder, il commença à parler et ne s’arrêta plus.
Il lui expliqua qu’il rentrerait chez lui demain.
Qu’il avait passé une excellente semaine en sa compagnie.
Qu’elle avait réussi à lui faire oublier qu’il était différent.
Il avait apprécié sa compagnie.

— Je m’excuse d’avoir pris sur ton temps durant cette période.

Il s’arrêta et lâcha finalement le poignet de la jeune femme.
Cela ressemblait trop à des adieux.
Elle l’observa pour essayer de deviner quelque chose, elle attendait qu’il dise autre chose.

— Est-ce que… Tu reviendras… ?

Il ne répondit pas tout de suite.

— Je ne sais pas.

Elle ouvrit grand ses yeux et sentit quelque chose se resserer dans sa poitrine.
Quelque chose en elle refusait de le voir partir à jamais.
Il reprit la parole, en évitant de croiser leurs regards.

— Contrairement à ma soeur, je n’ai rien qui me rapproche de ce monde. Ma mère va s’installer ici parce qu’elle désirait plus que tout pouvoir vivre avec mon père.
Je n’ai aucun pouvoir, de plus je suis plus que faible dans votre monde. Je suis complètement inutile ici.

Elle ne pouvait pas le laisser dire ça. Elle avait également apprécié sa compagnie et ne voulait pas qu’ils se séparent à jamais.

— Si mes sentiments envers toi étaient réciproques, je songerais peut-être également à m’installer ici. Si mes connaissances de la médecine peuvent être utiles à quelqu’un. Mais je ne vais pas m’imposer.
Ça sonne comme du chantage affectif… Ah, et je voulais également m’excuser pour ce que je leur ai dit sur toi…
— …?
— J’ai supposé qu’on apprenait à se connaître plus… intimenent, lorsqu’on était seuls dans ta salle de recherches.
— Idiot !

Elle était rouge.

— Tu aurais pu mourir s’il y était allé plus fort et t’avait lancé un sort de magie !

2014.11.14