Querelle

Elle l’attendait inconsciemment parce que c’était généralement à peu près à ce moment de la journée qu’il frappait à sa porte et qu’ils passaient un peu de temps seuls.
Elle se surprit elle-même à penser à lui.
Une demi-heure passa et elle commença à s’inquiéter.
Ce n’était pas dans ses habitudes d’arriver en retard.
Puis elle se souvint qu’ils n’avaient jamais qualifiés ces moments comme de rendez-vous, et jamais aucune obligation de sa part n’avait ete fixée.
Il pouvait avoir autre chose de prévu.
Elle reprit ses esprits et continua ses activités comme si de rien n’était.
À ce moment là, quelqu’un frappa à la porte et elle se retourna souriante vers la personne.
Ce n’était qu’une amie qui passait par là.
Elle avait l’air essouflé.

— Tu es là… Je… Tu sais… Le gars… Enfin la personne qui passe ici ces derniers temps… Aah… Je crois qu’il est en train de se battre avec d’autres gars…

Elle reprit son souffle peu a peu.

— Hein ?
— Au bout du couloir. J’ai couru aussi vite que j’ai pu pour te prévenir, mais je pense que ça va mal finir…

Intriguée, elle sortit et se dirigea vers l’endroit où se passait l’action.
Plus elle avançait et plus ses pas s’accéléraient.
Elle était inquiète.

Quelques minutes auparavant.
Deux hommes vinrent à sa rencontre et l’un lui adressa la parole d’une manière un peu rude.

— Hey. Toi là.

Il resta calme et répondit poliment.

— Oui ? Que puis-je faire pour vous ?
— Tu n’as aucun droit de t’approprier Chrystal.

Il n’y avait qu’un seul des deux hommes qui parlait. Le second semblait un peu dépassé par la situation.

— Pardon ?
— Tu m’as très bien compris. Tu la déranges. Arrête de la voir.
— Je crois qu’il y a méprise. Si je la dérangeais, je pense qu’elle me l’aurait dit d’elle-même. Et je n’ai pas d’ordre à recevoir de… vous.
— Je crois que tu n’as pas compris. On te l’a pourtant dit gentiment. Mais si tu y tiens, on peut décider de ça par la force.
— Si vous voulez vous battre, il fallait le dire plus tôt.

L’ami silencieux lui tira le bras pour lui dire que ce n’était pas une bonne idée.

— On se degonfle ?

Il attisait son agresseur, qui mordit à l’hameçon.

— Non, pas du tout.

Il repoussa son ami et lui demanda de s’ecarter.
Il sourit.

— Elle n’a pas de temps à perdre avec un minable comme toi !
— Qu’est-ce que tu en sais ?
— Tu te crois tout permis parce que tu viens d’ailleurs, c’est ca ?! De quel droit tu la monopolises ?!
— C’est à elle de décider.
— Elle est trop gentille pour te le dire !

Il en avait assez entendu, des jalousies d’un jeune qui ne supportait pas que la fille qu’il aime passe son temps avec un autre.
La discussion allait nulle part.

— Tu veux savoir ce qu’on fait, dans sa salle ? Rien que nous deux ?
— … !
— Si tu savais, tu ne dirais pas qu’elle perd son temps…
— TAIS-TOI !

Il lui donna un coup de poing sur sa joue.

À ce moment là, elle arriva.
Elle vit la scène et elle reconnut les deux personnes.

— Qu’est-ce que vous faites… ?

Elle ne comprennait pas du tout la situation.
Ils se tournèrent tous vers elle.
Ils baissèrent la tete, de honte.
L’humain se frotta la joue. Son adversaire avait tapé assez fort pour le faire saigner. Il s’était mordu la joue intérieure.
Lorsqu’il toucha ses dents pour vérifier qu’elles étaient en place, il étala un peu de sang sur ses doigts.
Inquiète, elle s’approcha de lui et lui demanda si tout allait bien.
Elle jugea les deux hommes et celui un peu à l’écart.
Elle les embarqua avec elle jusqu’à l’infirmerie et leur demanda de lui expliquer.

— Je veux des explications maintenant. Ou vous préferez que je remonte ça à la Reine ?

Ils firent tous une grimace.
Elle apporta une petite compresse pour soulager l’humain et s’assit sur un des lits de la pièce.
Personne n’osait avouer quoi que ce soit.

— Que se passe t-il ici ?!

La troisième personne prit la parole.

— C’est moi-

L’humain lui coupa la parole.

— J’ai provoqué son ami et il m’a frappé. Je m’excuse. Cela ne se reproduira plus. Je m’expliquerai avec la Reine s’il le faut.

Les deux autres, étonnés, restèrent muets.
Elle soupira et les laissa partir.
Seul l’humain resta.

— Tu sais. Ils sont amoureux de toi.

Elle se figea.

— Qu’est-ce que tu racontes ?
— Et je crois que moi aussi.

Elle se tu.
Elle resta assise, le regard dans le vide en réflechissant quoi répondre.
Elle ne savait pas ce qui se passait en elle.

Il était assis sur le bord du lit, elle lui tendit la compresse et il lui attrapa la main.
Surprise, elle le fixa sans rien dire.

— Je crois que je suis tombé amoureux de toi.

Elle eut un mouvement de recul.
Il serra son emprise sur son poignet.
Sans la regarder, il commença à parler et ne s’arrêta plus.
Il lui expliqua qu’il rentrerait chez lui demain.
Qu’il avait passé une excellente semaine en sa compagnie.
Qu’elle avait réussi à lui faire oublier qu’il était différent.
Il avait apprécié sa compagnie.

— Je m’excuse d’avoir pris sur ton temps durant cette période.

Il s’arrêta et lâcha finalement le poignet de la jeune femme.
Cela ressemblait trop à des adieux.
Elle l’observa pour essayer de deviner quelque chose, elle attendait qu’il dise autre chose.

— Est-ce que… Tu reviendras… ?

Il ne répondit pas tout de suite.

— Je ne sais pas.

Elle ouvrit grand ses yeux et sentit quelque chose se resserer dans sa poitrine.
Quelque chose en elle refusait de le voir partir à jamais.
Il reprit la parole, en évitant de croiser leurs regards.

— Contrairement à ma soeur, je n’ai rien qui me rapproche de ce monde. Ma mère va s’installer ici parce qu’elle désirait plus que tout pouvoir vivre avec mon père.
Je n’ai aucun pouvoir, de plus je suis plus que faible dans votre monde. Je suis complètement inutile ici.

Elle ne pouvait pas le laisser dire ça. Elle avait également apprécié sa compagnie et ne voulait pas qu’ils se séparent à jamais.

— Si mes sentiments envers toi étaient réciproques, je songerais peut-être également à m’installer ici. Si mes connaissances de la médecine peuvent être utiles à quelqu’un. Mais je ne vais pas m’imposer.
Ça sonne comme du chantage affectif… Ah, et je voulais également m’excuser pour ce que je leur ai dit sur toi…
— …?
— J’ai supposé qu’on apprenait à se connaître plus… intimenent, lorsqu’on était seuls dans ta salle de recherches.
— Idiot !

Elle était rouge.

— Tu aurais pu mourir s’il y était allé plus fort et t’avait lancé un sort de magie !

2014.11.14

4 réflexions sur “Querelle

  1. james dit :

    typos: « à peu pres à ce moment »: près
    « La discution allait nulle part. »: discussion

    Si l’ordre est correct dans les textes, la personne avec qui Chrystal passe du temps est Alexandre. Mais je suis pas 100% sûr : dans « Retour », j’imagine que c’est Alexandra qui va voir Alexandre, et le texte précise : « Cela faisait si longtemps qu’elle n’était pas retournée dans le monde des humains. L’architecture lui avait manquée. ». Donc c’est le monde des humains.
    Ici, le texte précise : « Je n’ai aucun pouvoir, de plus je suis plus que faible dans votre monde. Je suis complètement inutile ici. », donc un monde magique je suppose.

    Je vais supposer qu’il s’agit d’Alexandre, qui a une tenue d’infirmer dans « Retour ». Par ailleurs, Alexandre et Chrystal s’installent ensemble dans « Cousins ».

    Dans tous les cas, j’aime beaucoup ce texte.
    Elle pense à lui au début, presque instinctivement, à l’approche de son heure habituelle. Cependant, elle semble ne pas accorder d’attention à cette pensée.
    Mais alors qu’il lui déclare sa flamme, ainsi son intention de partir, elle ressent quelque chose dans sa poitrine. Je pense qu’elle réalise qu’elle des sentiments pour lui qu’elle ne soupçonnait pas jusqu’à lors. Et que c’est pour cette raison qu’elle a eu une pensée pour lui, alors même qu’aucun rendez-vous n’était prévu. J’adore ce moment où lorsque c’est lorsque tout se décide que tu te réalises que tu tiens à la personne.

    Je me demande si elle le traite d’idiot parce qu’il a failli mourir, ou car il a attendu le dernier moment pour lui dire qu’il l’aimait. je me plais à croire que c’est la deuxième option.

    Les textes étaient jusqu’à présent centrés sur Alexandra, et j’avais oublié jusqu’à l’existance d’Alexandre. Je suis pas sûr non plus de me rappeler qui est Chrystal, mais après ce texte, je vais plus les oublier.

  2. fluo dit :

    Je suis très curieux de connaître la raison qui a permis à sa mère de venir dans le monde magique. Au début de l’histoire elle ne pouvait pas pour des raisons de sécurité, etc. Est-ce que maintenant que les enfants sont grands et qu’Alexandra peut se défendre tout seul c’est plus facile de les faire tous venir ?

    Je suppose que c’est Alexandra qui a proposé à Alexandre de venir passer un peu de temps dans le monde magique. je suis quand même curieux de savoir ce qu’ils ont pu se dire depuis si longtemps séparés.

    Je suis très content que Christal et Alexandre soient amoureux ensemble. Je voulais quelqu’un de bien pour Christal et ça me fait plaisir que ce soit Alexandre. J’ai hâte de voir comment les choses vont évoluer.

    • J’avais, je crois, écrit quelque chose sur le faitqu’Alexandra avait mis en place plus tard une politique permettant aux mondes d’être connectés et qu’il y ait moins de risques pour les humains, elle fait ça après l’alliance avec Gabriel, ils sont plus stables et plus forts.

      Je te laisse découvrir ce que j’ai réservé pour Christal et Alexandre.

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