Choix

Le château était encore en partie en ruines, mais le temps semblait s’être arrêté pour eux.
Ils venaient de s’avouer l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre.
Ses bandages étaient visibles à travers sa chemise blanche. Des petites taches de rouge étaient également visibles.
Il s’appliquait à reconstruire et remettre en place les structures les plus importantes des lieux. Il tentait de ne laisser rien paraître mais elle voyait qu’il se forçait et qu’il s’épuisait petit à petit.
Elle se sentait complètement inutile, elle était à ses côtes mais ne pouvait rien faire de plus pour l’aider.
Non loin, son ami et garde du corps observait les alentours et se tenait aux aguêts.
Le maître des lieux donnait des instructions à certaines personnes pour avancer au mieux les réparations.
Il eut un moment de faiblesse et vacilla.
Elle se précipita pour le soutenir.
Il la remercia et reprit lentement ses esprits.

— Ce n’est pas beau de vieillir…

Même dans un moment aussi critique il semblait avoir gardé son sens de l’humour.
Ses hommes s’inquiétèrent également de son état physique.
Il leur assura que ça allait. Il reprit son souffle et ordonna à tout le monde de faire une pause.
Il avait assuré la sécurité minimale en s’occupant des remparts.
L’ordre était de se reposer et se détendre aux bains.
Ensuite, une annonce générale serait faite dans le hall, aux alentours de l’heure du dîner. Jusque là, c’était quartier libre.
Elle insista pour rester à ses côtés.
Deux femmes marchèrent dans leur direction.
C’était l’infirmière et une guerrière.
Le maître confia la jeune fille à ces deux femmes de confiance et partit de son côté pour faire avancer les préparatifs de la soirée.
Chris, le garde rapproché de la princesse, partit avec le vieil homme en le soutenant. Ils se rendirent chacun de leur côté, vers leur bain respectif.

L’endroit était immense.
Bien entendu, tout le monde tirait des têtes d’enterrement, certaines personnes avaient perdu leur vie dans cet affrontement.
Alexandra ne passa pas inaperçue. Certaines se rappelaient d’elle lorsqu’elle était venue plusieurs années auparavant, mais la plupart ne la connaissait pas et la dévisageait d’une manière peu polie.
Tout d’abord parce que c’était une étrangère, mais également à cause de sa cicatrice sur l’abdomen qui était bien marquée.
Elles ignoraient qu’elle était mi-humaine et pour elles, il était normal que les cicatrices disparaissent grâce à leur regénération cellulaire accélérée.
Le seul cas et exception était une blessure infligée par du poison.
Elle ne dit rien à ce sujet et les autres filles chuchottaient en la dévisageant.
À son passage : des réactions de respect mêlées à la frayeur rien qu’en immaginant la douleur qu’elle avait dû ressentir pour avoir gardé une telle cicatrice.
Elle rejoignit rapidement les deux seules personnes qu’elle connaissait et s’enfonça dans le bain géant jusqu’au menton.
Ses cheveux longs, bruns et ondulés flottèrent sur l’eau.
L’infirmière toussa pour attirer l’attention des filles.
Cela arrêta le flot de paroles qui avait constitué un fond sonore lorsqu’Alexandra était entrée dans la salle.
Elles regardèrent toutes en direction de la blonde qui avait l’habitude de porter une blouse blanche.

— Un peu de silence, s’il-vous-plaît.

Elle et son amie, étaient reconnaissantes envers l’intervention d’Alexandra et elles la respectaient autant que leur maître.
Elles ne disaient rien pour ne point la gêner, mais elles agissaient en conséquence.
Le flot de paroles ne cessa pas complètement mais les gens se taisaient lorsqu’ils croisaient le regard des deux femmes qui accompagnaient et maternaient Alexandra.

Quant au bain des hommes, l’ambiance était toute autre.
Dès que le maître arriva, le silence se fut et ils approchèrent tous pour s’enquérir de son état.
Chris était à ses côtés et l’aida à rester debout.
Gabriel avait retiré ses bandages et ses blessures étaient en train de cicatriser.
Ils dévisagèrent Chris. Ils ne le connaissaient pas.

— Cet étranger est venu nous venir en aide, je vous demande de le traiter avec autant de respect que vous auriez pour un des vôtres.
Expliqua Gabriel.

L’humeur était beaucoup plus joyeuse.
Tous étaient heureux de savoir leur maître en vie.
Il allait bien mais était épuisé.
Il sorti du bain bien avant les autres. Il leur dit de profiter encore et qu’il devait aller préparer des choses pour ce soir.
Chris l’accompagna.
Le garde du corps rapproché de Gabriel en profita pour les rejoindre.

Les rumeurs circulaient vite.
Qu’elles soient fondées ou non, tout le monde parlait d’Alexandra et de sa cicatrice. Les personnes s’imaginaient tout un tas de choses.
Elle rejoignit le plus rapidement possible Gabriel.
Ils se retrouvèrent dans le bureau du maître.
Il ordonna alors à tout le monde de sortir pour s’entretenir en privé avec Alexandra.

— Je sais que cela peut paraître précipité…
Je ne veux pas perdre plus de temps, je souhaiterai m’unir avec toi.
Si tu refuses, je comprendrai parfaitement.

Elle l’écouta sans rien dire, puis en voyant qu’il avait fini, elle prit la parole à son tour.

— J’accepte. Je ne pense pas faire d’erreur en choisissant de rester à vos côtés jusqu’à la fin de mes jours.
— Je veux que tu saches que cela implique certaines choses.
Es-tu sûre que j’annonce cela ce soir même, à mes sujets ?
Avant toute chose, ton père devra également être mis au courant. Et un rituel aura lieu, mais ça je t’expliquerai les détails plus tard.
Je ne dis pas que le divorce n’existe pas en ce monde, mais les règles sont différentes.
Si je te choisis aujourd’hui, c’est que je souhaite te confier ma vie ainsi que mes pouvoirs.
Cet échange est réciproque. Cela signifie que si je meurs, tous mes pouvoirs t’appartiendront.
C’est une lourde charge.
— … J’ai réflechi pendant tout le temps ou nous étions séparés, et meme si je pense que cette décision est hâtive, je maintiens ma position. Je vous aime de tout mon coeur et je ne veux pas risquer de vous perdre.

Il s’approcha d’elle et la serra dans ses bras.

— Est-ce ton dernier mot ? Tout cela va s’enchaîner très rapidement.
— Oui.

Il l’embrassa sur le front et l’emmena dans une petite pièce au fond du bureau.
Il ouvrit une armoire et en sorti un combiné de télephone.

— C’est une ligne privée, je vais joindre ton père pour lui annoncer ton choix.

Il composa les coordonnées de chez elle et attendit.
Il passa l’appareil à Alexandra.

— Allo ? Papa ?
— Sandra ?! C’est bien toi ?!
— Oui, tout va bien maintenant, je suis avec Gabriel… Je…

Elle ne savait pas par où commencer pour expliquer la situation.
Il tendit la main vers elle pour reprendre le télephone.

— Attends, je te le passe.
— Bonjour, votre fille va bien, grâce à elle je suis en vie. Je voudrais tout d’abord vous remercier de cette aide. Ensuite, je souhaiterai m’unir avec elle.

Il eu un long silence puis un soupir.

— Je n’ai pas de raison de m’y opposer si c’est ce qu’elle désire également. Je vous demanderai juste de faire attention à sa condition physique. Actuellement je ne peux pas venir pour vous donner ma bénédiction, mais le coeur y est. Je vous confie ma fille.

Il raccrocha et Gabriel fit « o » avec ses doigts pour signifier que tout était ok.

— Je tiens à te prévenir une dernière fois.
Es-tu vraiment sure ?
— Oui…

Il la confia à ses deux amies gardes et leur demanda de lui montrer la tenue à porter pour l’annonce.
Alexandra commença à paniquer, elle se demanda si la tenue n’était pas une robe de mariée.
Arrivée à l’endroit indiqué, on l’emmena devant un mannequin qui portait une sorte d’uniforme militaire avec une jupe droite et fendue sur le côté.
Elle dû porter cette tenue, et se coiffer d’un chignon pour être présentable.
Le moment tant attendu par les sujets arriva.
Gabriel s’avança et parla.

— Comme vous avez pu le remarquer, aujourd’hui est un jour spécial.
Notre château a failli tomber aux mains de l’ennemi. De nombreux sacrifices ont été faits… J’ai moi-même failli mourir, et c’est grâce à nos deux invités ici présents que je me tiens devant vous.

La foule se tourna vers Chris et Alexandra.
Alexandra attirait déjà l’attention à cause de sa tenue vestimentaire.
Elle ne savait plus où se mettre, elle était encerclée.
Gabriel reprit son discours.

— J’ai une nouvelle à vous annoncer.

Il fit signe à Alexandra de venir vers lui.
Elle avança en essayant de ne pas trébucher.
Il lui prit sa main et la serra fort tout en continuant à parler.

— Pour les gens qui ne la connaissent pas encore, c’est la princesse du royaume voisin, et je vous annonce que nous allons nous unir.
Ceci n’est pas un pacte de paix, mais bien d’amour.

Alexandra était rouge d’embarras et fixait ses chaussures.
Les sujets applaudirent et le festin commença.
Gabriel avait prévu le banquet, il profita de la fête pour se retirer et se reposer dans sa chambre.
Il avait donné les instructions pour la suite de la fête.
Le nouveau couple fut le sujet de discussion de toute la soirée.

— Tu as vu comme elle est jeune comparée à notre maître !
— Elle n’en est pas moins forte ! Qui aurait cru que c’était une princesse ?!
— Il a fait le bon choix ! Quel chanceux !
— Elle lui a sauvé la vie, c’est trop romantique !

Chris s’éloigna de la fête. Il avait besoin de remettre ses idées et ses sentiments en place.
Il éprouvait encore des sentiments pour Alexandra et il devait les refouler. Il savait qu’il avait perdu.

— Tu as vu comme il était beau le jeune étranger ? Tu crois qu’il a déjà une copine ?
— Tu penses qu’il a quel âge… ?

Il était également au centre de la conversation.

— Alors, beau gosse, on profite pas de la soirée pour draguer ?

Bellinda sorti de l’ombre et aborda Chris.
Il fut surpris puis soupira.

— Si c’est pour m’emmerder, tu peux partir. Je ne suis pas d’humeur à blaguer ce soir.
— … Problème de coeur ?
— Si on veut.
— Tu sais. Je crois que depuis le premier jour ou je l’ai rencontrée, j’en suis tombée amoureuse. C’est idiot n’est-ce pas. Je suis une fille et pourtant mon coeur bat pour Alexandra.
Je suis heureuse qu’elle soit avec mon maître, j’espère qu’ils seront heureux ensemble. Mais ça ne m’empêche pas d’être un peu triste… C’est ton cas aussi, n’est-ce pas ?

Il avait perdu sa voix. Cette révélation, il ne s’y attendait pas.

— Tu sais pourquoi le seigneur Gabriel ne s’est pas encore marié à son age ? Il a perdu ses parents à cause d’une de ses prétendantes qui l’a berné pour tenter de prendre le pouvoir.
Depuis, il s’est méfié de toutes les femmes qui s’intéressaient à lui.
Le pire, c’est que toutes les femmes après cette triste histoire, n’en avaient qu’après ses pouvoirs.
Cela l’a rendu plus méfiant, mais aussi plus triste.
C’est la premiere fois depuis presque 10 ans, que je le vois si serein et heureux. En fait, je suis heureuse que ce soit avec Alexandra.
Elle a le coeur bon et pur. Elle ne profitera jamais de Gabriel.
Je parle trop, allez, je te laisse. Ne te morfonds pas trop !

Et elle partit comme elle était venue.

2015.01.06

2 réflexions sur “Choix

  1. james dit :

    « d’embaras »: embarras je crois.
    Et pour pinailler: « Si je te choisis aujourd’hui, c’est que je souhaite te confier ma vie ainsi que mes pouvoirs.
    Cet échange est réciproque. Cela signifie que si je meurs, tous mes pouvoirs t’appartiendront. »
    Je cherche la réciprocité. Je sais pas si tu vois ce que je veux dire. Ici il confie ses pouvoirs, et réciproquement, il confie ses pouvoirs.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.