Coup de feu

Elle avait déployé ses ailes pour le protéger.
Un coup de feu retentit, puis plusieurs.
Elle sentit les balles transpercer l’armature de ses ailes et passer à travers ses plumes.
Elle le serrait dans ses bras, mais malgré ses efforts, lorsque les coups cessèrent, il était blessé.
Elle avait failli à le protéger, ils étaient tous les deux à terre, elle se releva tant bien que mal.
Il avait reçu une seule balle au niveau de ses côtes.
Il perdait beaucoup de sang.
Il la regardait en souriant, il n’avait pas spécialement peur de la mort.
Il sentait sa conscience partir.

— Ne te soucies pas de moi… Enfuis-toi…
Dit-il en adressant un visage tendre à l’immortelle.

Elle le sentait partir.
Elle fit tout pour le garder conscient, elle lui prit la main et continua à lui parler.

Il apparut devant elle, d’un battement d’ailes.
Il descendit du ciel et s’approcha d’elle.
Elle était en pleurs devant le corps d’un humain, blessée, épuisée.
Elle ne s’était même pas demandée pourquoi les tirs avaient cessés.
Elle leva les yeux et essuya ses larmes d’un revers de la main.
Elle le reconnu, et se sentit rassurée.

— Ne t’inquiète plus, on rentre à la maison.

Derrière lui, son équipe s’était occupée de sécuriser la zone.

— On ne peut pas partir sans lui… il m’a sauvée et m’a permis de m’échapper, il a activé le système d’alarme-

Elle parlait à toute vitesse, sous l’émotion.
Il lui dit de se calmer et de reprendre son souffle.
Il eut à peine le temps de se retourner pour jeter un coup d’oeil derrière lui, lorsqu’il revint sur elle, elle était sur le point de s’évanouir.
Elle ne s’était pas rendue compte qu’une balle avait traversé son épaule ainsi que ses propres côtes.
Le cumul de tout, elle eut le vertige et tourna de l’oeil.
Son ami la rattrapa et la porta dans ses bras.
Il ordonna de ramener également le petit humain.

2015.11.08

Hypothèse

Il se réveilla en sursaut.
Il était certain d’avoir été gravement blessé et qu’il était en train de mourir.
Il ressentait et se rappelait encore la douleur de ses blessures.
Il posa ses mains sur son torse comme s’il voulait vérifier qu’il était bien vivant.

L’endroit lui était inconnu et il se méfia tout de suite.
Était-ce son patron qui avait récupéré son corps au seuil de la mort, avant d’expérimenter sur lui de nombreux tests ?
Mille hypothèses se bousculèrent dans sa tête.
La porte s’ouvrit, le sortant de sa gymnastique mentale.

2015.11.06

Immortelle

Les chercheurs avaient mené de nombreuses expériences toutes plus horribles les unes que les autres.
Il avait d’abord décidé de lui couper les cheveux et tenter de les analyser.
Chaque parcelle qui quittait son corps se mettait à brûler et s’évaporait dans l’air.
Les scies et autres outils se mettaient à fondre au contact de sa peau.
Ses cheveux à l’origine longs, étaient maintenant un champs d’épis sens dessus dessous.
Il était impossible de lui couper le moindre membre mais on pouvait lui briser les os de manière brève.
Ils supposaient qu’elle ressentait la douleur puisqu’elle criait puis pleurait.
Du moins, au début.
Ses larmes s’évaporaient au contact d’un support, le sol ou ses vêtements, puis disparaissaient sous forme de poussière.
Au bout de quelques minutes, ses os se reconstituaient et la blessure se soignait d’elle-même.
Nombre de personnes avait été blessé lorsqu’ils avaient tenté de lui couper un bras ou une jambe avec une scie sauteuse.
La lâme de l’appareil avait comme disparu dans un trou noir, en prenant la forme du membre. La machine continuait à tourner ce qui posa des problèmes, les boulons et les vis furent projetés et les personnes présentes prirent des débris dans leur corps.
Les moins chanceux y perdèrent la vie puisque leur organes vitaux furent touchés, d’autres survécurent mais gardèrent des séquelles.

*

Elle s’éloigna de ses amis pour se poser dans un petit bois.
Après avoir profité de cet endroit calme, elle décida de repartir en deployant ses ailes.
Elle ne s’était pas rendue compte de la présence d’un enfant qui avait assisté à toute la scène.
Elle garda cet endroit précieusement dans son coeur et décida d’y faire des visites plus ou moins régulières.
Après plusieurs visites, l’enfant avait grandi et était devenu un jeune homme.
Il osa l’approcher.
Elle ne prit pas peur.
C’était la première fois qu’elle voyait un humain.
Il s’assit à côté d’elle et l’observait.
Elle tendit sa main et lui caressa la joue.
Il fit de même.
Ils ne se parlèrent pas.
Elle lui sourit et s’en alla.
De temps en temps, elle le recroisait au même endroit et ils passaient du temps ensemble, sans échanger un mot.
Il était tombé amoureux de cet ange.
Les cheveux longs et noirs, sa peau douce et claire, sa robe à volants blanche.
À chaque fois qu’elle s’en allait, il ne savait pas quand il pourrait la revoir.
Le temps passait pour lui et elle, elle restait la même, sans prendre la moindre ride.

Un jour, lorsqu’il eut la chance de la revoir, au moment ou elle allait repartir, il prit son courage à deux mains et l’en empêcha.
Il lui attrapa le bras.
Elle se retourna vers lui et il l’assoma.
Elle perdit connaissance.
Alors que sa blessure était déjà sur le point de guérir, elle restait inconsciente.
Il fut surpris qu’elle guérisse et eut peur qu’elle se réveille sur le champ.
Il l’assoma une deuxième fois mais elle ne réagit pas.
Il s’approcha de son visage et lui murmura dans l’oreille.

— Je suis désolé.

Il était grand maintenant, il devait avoir 25 ans, tout au plus.
Il la porta dans ses bras et l’emmena chez lui.
Il avait une grande maison, celle de ses grand-parents maintenant décédés.
Il avait décidé de l’occuper et d’y passer son temps pour ses recherches.
Il l’emmena à la cave qui avait été aménagée au préalable.
Il l’allongea sur le ventre et décida de lui couper les ailes.
Il prit une mini scie. L’appareil dysfonctionna et il faillit y perdre sa main.
Il l’attacha sur un lit avec des sangles et procéda à des dizaines et des centaines de tests.
Elle se réveilla et le suplia de la détacher.
Il se rendit compte que les outils arrivaient à pénétrer sa chair mais arrivés à l’os, ils ne pouvaient pas le découper et l’appareil se brisait.
Ce qui n’empêchait pas le sujet d’avoir mal et de saigner.
Le sang s’écoulait jusqu’à ce que la blessure se referme et que le liquide s’évapore.
N’importe quel tissu qui se détachait du sujet finissait par disparaître.
Il était impossible de faire une analyse ADN.

Il la viola dès le premier soir.
Il faillit perdre son organe reproducteur, les parois de son vagin sécrétaient un liquide protecteur qui brûla l’épiderme de son pénis.
Il ne s’en rendit compte qu’après avoir prit son pied.
La chair de son membre était à vif et il saignait à certains endroits.
Il crut tout d’abord que ce sang venait de l’ange.

Elle n’avait ni besoin de manger, ni d’aller aux toilettes, ni de se laver, sa peau se régénérait d’elle-même.
Ce qui ne l’empêcha pas de l’emmener sous la douche avec lui, et d’assouvir ses fantasmes.
C’était la bonne époque.

Il décida de monter un laboratoire plus grand pour faire des tests plus poussés avec du personnel.
Personne ne savait comment il gagnait sa vie.
Son amour pour l’ange devint maladif.

*

Un des employés ne supportait plus le traitement fait au patient.
Elle était laissée sur le fauteuil de test, nue.
Ses vêtements avaient été retirés depuis un moment, elle était le plus souvent dans une blouse d’hôpital, ou sans rien.
Alors que tout le monde était parti, il entra dans la salle et décida de la rhabiller et la ramener dans sa chambre.
Elle était épuisée.
Ses cheveux repoussaient avec le temps mais pas de manière avancée.
Elle était recouverte de bleus qui étaient en train de disparaître à vue d’oeil.
Elle rouvrit les yeux et lui sourit…
Il était payé pour être chercheur mais il était contre toute cette violence.

*

— Arrêtez ! Vous voyez qu’elle souffre, non ?!
Cria t-il.

— … Continuez.
Dit-il, en ignorant l’employé.

— Vous ne vous rendez pas compte-

L’ange essayait de ne pas crier de douleur durant les tests.
Le chef s’approcha de lui et l’attrapa par la gorge.

— Si tu n’es pas coopératif, tu dégages.
Dit-il sans sentiments, les yeux ornés de cernes.

Il s’arrêta de gigoter. Il était nouveau et il chercha le soutien de ses collègues, sans succès. Tout le monde l’ignora.
Ce job était plus que bien payé, il ravala sa salive et obéit.
Il aurait bien voulu quitter cet endroit mais il ne voulait pas laisser le sujet souffrir encore plus longtemps.
Personne n’avait le droit de sortir du bâtiment de recherches.

*

Il détacha ses liens.
Son visage était à quelques centimètres du sien.
Sa respiration la réveilla à moitié.
Alors qu’il l’observait, elle entrouvrit ses yeux, et ils se retrouvèrent face à face. Ils se regardèrent quelques secondes qui parurent des minutes, sans se dire un mot.
Il reprit sa tâche et elle détourna les yeux.
Elle était epuisée. Les tests qu’elle subissait puisaient dans son énergie pour qu’elle se régénère.

— Excusez-moi…
Dit-il.

Ayant fini de la détacher, il passa sa main derrière son cou et ses hanches pour pouvoir la soulever et la porter.

*

Elle dormait à poings fermés sur son lit.
Il s’assit sur le rebord du lit et lui caressa légèrement le visage.
Elle avait perdu l’éclat des premiers jours mais il continuait à l’aimer inconditionnellement.
Il avait conservé la robe qu’elle portait dans un endroit sûr et connu que de lui.
Elle était généralement nue, ou avec une blouse.
Elle ne réagissait plus, elle avait déjà montré de la tristesse et de la peine, mais elle ne souriait plus. Il n’avait encore jamais vu de la colère sur son visage.
Elle ne pouvait même pas le blesser. Ce n’était pas dans sa nature.
Il s’allongeait et s’endormait à ses côtés en rêvant du bon temps.
L’époque où il s’amusait innocemment avec elle, qu’il s’allongeait sur ses genoux, et qu’elle lui souriait.
Maintenant, elle ne souriait plus mais elle lui appartenait.

*

Durant son absence, ses amis s’inquiétèrent, et ils partirent tous à sa recherche.
Cela faisait des semaines, des mois, des années peut-être, qu’elle n’était pas revenue et certains avaient déjà abandonné les recherches, pensant qu’elle s’en était juste allée, sans prévenir personne.
Sauf un, qui savait qu’elle n’aurait jamais fait une telle chose, il avait dû lui arriver quelque chose.
Il mit plusieurs mois avant de retrouver quelques traces d’elle dans les bois, puis il réussit à remonter jusqu’à une demeure.
Lorsqu’il entra, la maison n’était plus habitée mais il sentait des particules de son amie. Son flair l’amena jusqu’à la cave.
Les particules parlaient d’elles-mêmes et il revoyait presque les évènements qui avaient dû se dérouler ici.
Il vit rouge. Il fallait à tout prix qu’il la retrouve.
Il fit appel à ses amis pour relancer les recherches.
Les filles furent prévenus et certaines ne purent rester dans la pièce plus longtemps. Les hommes étaient plus qu’en colère.
Ils repartirent pour la retrouver le plus rapidement possible.

*

Il sabota son lieux de travail.
Cela faisait plusieurs mois qu’il y réfléchissait, il ne devait pas faire d’erreurs ou il serait tué.
Il profita que le chef s’absente pendant une période donnée pour mettre son projet à exécution.
Le feu se déclencha dans l’usine. Il profita du chaos pour courir dans la chambre de l’immortelle.

— Tu crois que je ne t’avais pas vu faire ?

Il était là, tapis dans l’ombre dan un coin de la pièce.
Il l’assomma.

— Tu pensais me la voler et la garder pour toi…

Il lui donna des coups de pied sur son corps à terre.
Elle était effrayée mais elle sauta sur le bras du chef et le supplia d’arrêter. Peu importe si elle devait faire semblant, elle voulait aider le garçon qui se souciait d’elle.

— Arrête, s’il-te-plaît…
Lui dit-elle, en lui aggripant le bras.

Il s’arrêta net et tourna son visage vers elle. Son regard était empli de folie et il était effrayant.
Elle essaya de lui sourire, les larmes aux yeux, et lui prit son visage dans sa main, pour tenter de le distraire.
Il ne put cacher sa joie, il lui attrapa la main et lui sourit toutes dents dehors.

— Regarde, je suis là… Je resterai avec toi…
Dit-elle emplie de tristesse, sa voix tremblait.

Le jeune employé eut le temps de reprendre connaissance.
Il ne savait pas s’il devait fuir ou tenter de tuer son chef qui était obnibulé par son ange, tant qu’il ne se rendit compte de rien.
L’employé ramassa un objet lourd et l’assoma à son tour.
Il saignait du crâne mais il continua de marcher vers la jeune fille.
Son séquestreur s’était affalé dans ses bras, totalement inconscient.
Elle était à genoux, sa tête dans ses bras.
Qu’avait-il bien pu se passer dans sa tête pour en arriver là ?
Son sauveur l’attrapa par la main et lui fit signe de le suivre pour s’enfuir.

Les anges qui faisaient des rondes pour la retrouver passèrent au dessus du bâtiment étrange et ils virent de la fumée.
Le bruit de l’alarme était inhabituel et certains s’approchèrent, attirés par la curiosité.
C’est là qu’ils virent sortir par la porte de secours un homme qui tenait par la main leur amie.
Ils entendirent un coup de feu.
Il visait les deux fuyards.
Ils prévinrent leur ami qui vola à toute vitesse vers eux pour sauver son amie.
Il se souvint des particules et il tua le sequestreur en le faisant souffrir.

L’ange et son sauveur prirent quelques balles.
Elle déploya ses ailes pour le protéger, elle le serra dans ses bras et l’enveloppa de ses ailes.
Malheureusement certaines balles traversèrent les plumes et il fut gravement touché.
Il vit au loin d’autres anges.

— Je crois que vos amis sont venus vous chercher.
Dit-il, en lui souriant.

Elle tentait de lui sourire mais ses larmes coulaient sur sa joue.
Son ami avait terminé sa vengeance, et il la rejoignit.

— Je suis désolé qu’on vous ait fait subir tout ça…

Il avait de plus en plus de mal à parler.
Il finit par fermer les yeux.

— Il faut partir…
Dit son ami.

Elle le regarda et le supplia.

— On ne peut pas le laisser ici… Il m’a sauvée… S’il n’avait pas fait tout ça, vous ne m’aurez jamais retrouvée…

Elle sanglotait.
Elle ne se rendit pas compte que la balle avait également transpercé son épaule avant de se loger dans le corps de son sauveur.
Son ami la rattrapa avant qu’elle ne tourne de l’oeil.
Elle était totalement épuisée.

— On va rentrer à la maison…

Il la porta.
Il fit signe à ses amis de porter et ramener également l’humain.

— Ce sera à Mère de décider s’il pourra devenir l’un des nôtres.

2015.10.30

Dos

Dos à dos, ils avaient l’habitude de se laver ainsi.
Les soirs où le clair de lune permettait d’apercevoir plus de détails, il lui arrivait de jeter un coup d’oeil rapide derrière lui, et ainsi faisait-elle également discrètement.
Elle voyait son dos musclé parsemé de quelques blessures légères, ses muscles mouillés brillaient grâce aux rayons lunaires.
Tandis que lui, la première fois qu’il la vit de dos, il resta sans voix.
Son dos était petit et fragile, il était recouvert de bleus et de cicatrices imposantes.

Lorsqu’il s’approcha d’elle, elle prit peur et ferma les yeux, comme si elle avait peur qu’il la frappe.

— Qui est-ce qui t’a fait ça ?
Demanda t-il sans réussir à camoufler la colère dans sa voix.

2015.10.29

Au cou

— Je ne te laisserai pas la toucher.
Dit-il déterminé plus que jamais.

— Et que comptes-tu faire si je me fiche de tes paroles ?
Repondit-elle avec arrogance, les cheveux bouclés, courts, blonds et noirs à la racine.

La couleur de sa robe était appareillée à celle de son abdomen d’arachnide.
Elle ne pensait pas qu’il viendrait exprès pour lui dire cela, elle était déçue et triste mais ne sachant pas comment gérer ses sentiments, elle ressentait de la colère envers cet homme, et de la jalousie à l’égard de la jeune fille qu’il protégeait.

— Tu comptes me tuer ?
Ajouta t-elle en se forçant à rire.

Il ne broncha pas.

— S’il le faut.

Sur ce, il dégaina son épée.
Elle ne pu cacher sa profonde tristesse et dut ravaler ses sentiments et raisonner autrement.

— Dans ce cas, si je ne peux pas t’avoir, personne ne le pourra.
Murmura t-elle à elle-même.

Elle lui cracha dessus instantanément une toile collante de soie, il n’eut pas le temps de réagir, il était en train de se libérer avec son épée qu’elle ne lui laissa aucun répit, elle était déjà sur lui et le mordit au cou.
Son poison paralysant agit sur le champ. Il trembla puis s’imobilisa. Et il perdit connaissance.
Elle s’arrêta là, elle ne voulait pas le consommer.
Elle ne pouvait se résigner à tuer l’humain pour qui elle éprouvait de l’amour.
Elle l’accrocha en réfléchissant à son destin et à ce qu’elle devait en faire.
Elle entendit du bruit à l’entrée de sa grotte.

2015.10.17

Seule

Vivant seule dans la petite cabane que j’avais construite avec la force de mes petits bras, je menais une vie plus que paisible.
Jusque là, je n’avais eu aucune mauvaise rencontre.
Je ne dérangeais personne et je respectais mes propres horaires de vie.
J’avais bien choisi mon endroit, j’étais dans un endroit en plein coeur d’une forêt, elle-même située sur un flanc de montagne peu fréquentée.
Je n’étais pas loin d’un point d’eau et les vivres étaient suffisants.
Cela faisait déjà plusieurs saisons que j’étais là, et j’avais pris mes petites habitudes, des sortes de rituels quotidiens.

Je me nourissais de légumes et fruits et je m’occupais d’un petit potager que je cultivais du mieux que je le pouvais.

Je fis également la rencontre d’espèces rares, comme les mi-arachnides.
Il y en avait un qui passait parfois à côté de ma demeure, intrigué par cette structure, il rôdait aux alentours et on avait fini par se croiser.
Aux premiers abords, nous ne savions pas comment se comporter l’un envers l’autre, si nous étions ennemis ou non.
Il n’aurait fait qu’une bouchée de moi, je ne savais absolument pas me défendre.
Il était surpris que je ne m’enfuis pas en criant, en le traitant de monstre.

2015.10.15

Curiosité

Les cheveux en bataille, tressés et arrivant jusqu’en bas de son dos.
Elle avait l’air perdu dans ses pensées. Quelque chose avait attiré son regard au dessus des arbres.
Le temps s’était raffraîchi, l’écharpe qu’elle avait sur épaules était tellement imposante qu’il aurait pu faire guise de poncho. Elle recouvrait la moitié de son visage et une partie de son haut.
Elle ne risquait pas d’avoir froid.
Elle marchait à son rythme, les yeux rivés vers le ciel.
Le bas de sa robe qui dépassait de son manteau, ondulait à chaque pas et dévoilait ses petites bottines à lacets.

Elle inspira une grande bouchée d’air après avoir dégagé son visage de sa douce écharpe.
L’air frais carressa la partie de son visage précédemment gardée au chaud.
Elle frissonna puis sembla apprécier ce petit choc thermique.
Elle s’amusait à réguler ainsi sa température, de temps à autres.

— Tu as les mains gelées.

Il prit ses petites mains dans les siennes sans vraiment lui demander son avis.

— Tes mains sont toutes chaudes.

Elle prononca ces paroles de manière si candide et enjouée qu’il resta sans voix.

Cela faisait déjà plusieurs mois qu’ils vivaient ensemble et ils ne semblaient pas s’être habitués à cette situation.
Ils étaient à la fois étrangers et proches.
Lui, avec sa grande carrure d’ours, et son caractère dur, il ne lui adressait pas souvent la parole et la laissait se débrouiller en évitant la moindre intéraction.
C’était déjà étrange qu’il décide de lui-même d’entrer en contact avec elle.
Et elle, essayait d’être la plus discrète possible et de se débrouiller sans trop demander de l’aide.
Ils avaient réussi à trouver un terrain d’entente. Elle ne voulait pas rentrer en ville, et lui ne voulait pas être dérangé dans son quotidien. Du moins, ne pas être trop chamboulé dans ses habitues et son emploi du temps.
Il lui expliqua certaines règles et la laissa prendre ses aises.

Ils se lavaient dans la seule et même source d’eau, en gardant leurs distances et de nuit de préférence pour ne pas interférer avec leur intimité.
Elle ne pouvait pas se défendre contre les dangers possibles et ils en conclurent que c’était la meilleure solution pour ne pas le déranger.
Cela ne la dérangeait pas trop qu’il la voit en partie nue, et elle avait une entière confiance en sa personne.
Lui, n’était pas du tout pudique et cela ne lui posa aucun soucis.

Cette forêt était dangereuse et jusque là, elle n’avait fait aucune mauvaise rencontre.
Ce jour là, elle eut le malheur de s’approcher de la tanière d’un mi-arachnide. Elle suivait des araignées de taille moyenne, c’est à dire non-dangereuses pour sa personne.
Elles avaient plus peur des humains que l’inverse. Elle resta assez en retrait pour ne pas les effrayer et les suivit par curiosité, en faisant bien attention à pouvoir retrouver le chemin du retour et ne pas se perdre.
Elle était en admiration devant cette espece si complexe à ses yeux.
Arrivée devant la tanière, elle resta à l’extérieur.
L’intérieur n’inspirait pas confiance, des toiles épaises tapissaient l’entrée et elle ne pouvait pas en voir le fond.

Le mi-arachnide qui y vivait l’avait déjà remarquée et se préparait à sauter sur cette proie.
Elle retourna sur ses pas, et s’en alla.
Elle savait qu’elle risquait de se faire dévorer si elle tentait quelque chose d’irréfléchi.
Le lendemain, elle revint sur les lieux. Certaines araignées avaient tissé leur toile en hauteur, au niveau des arbres.
L’une d’entre elles était justement en train de tisser son piège.
Elle s’accroupit et l’admira en silence.
Une voix retentit derrière elle, ce qui la fit sursauter.

— Que fais-tu ?

Elle crut que c’était son hôte, mais le timbre de voix était différent.
Lorsqu’elle se retourna, elle ne vit personne.

— Au dessus.

Elle leva la tête et se figea de terreur.
Le mi-arachnide était sorti de sa grotte et était perché, la tête à l’envers, juste au dessus d’elle.
Il avait les cheveux courts noirs brillants, et les yeux couleur obsidienne avec une pointe de jaune. Les bras croisés, comme si de rien n’était, il attendait une réponse à sa question.
Elle était tétanisée, c’était la première fois qu’elle voyait un mi-arachnide. Elle n’imaginait pas qu’une telle espèce existait.
Perdant patience, il descendit en soupirant, remettant son corps dans le bon sens.
Il approcha son visage très près du sien.

2015.10.15

Message

Il lui attrapa le bras et le souleva.
Il faisait peur, comme à son habitude.
Son regard dur et ses sourcils froncés, ses mèches de cheveux qui retombaient devant ses yeux accentuaient son air méchant.
Il la plaqua contre le mur.

— Qu’est-ce que tu comprends pas ?!
Cria t-il, en contenant sa voix.

Elle le regarda sans comprendre le sens de ses paroles.
Elle tremblait et ne savait comment réagir à cette situation.

Voyant son air apeuré, il reprit peu à peu son calme et il la serra dans ses bras.
Il la serra par la taille de toute son étreinte.
Ceci eut plus d’impact et de surprise qu’elle ne l’imaginait.
Les mains sur son torse, elle ferma les yeux et profita de ce moment de tendresse.

Le message était passé.

2015.10.15

Fin

La patte fine et coupante traversa son torse.
Sans un bruit de plus, juste les gouttes de sang qui s’écoulaient le long de la lame et qui atterrissaient sur le sol, s’ajoutant à la mélodie ambiante des perles de condensation dans leur chute.

Elle ne bougea pas, la douleur mit un moment avant de se déclarer, et elle-même mit du temps avant de comprendre ce qu’il venait de lui arriver.

La bête avait choisi le moment opportun.
Elle était sur le point de délivrer son ami.
L’ascenseur émotionnel était à son comble.
L’espoir suivit du désespoir et de la fin de tout.
Déjà à genoux, ses forces étaient en train de la quitter.
Elle posa ses deux mains à terre, elle tenta de se maintenir et de continuer à le délivrer, en vain.
C’était fini.
Elle s’écroula aux côtés de son ami encore prisonnier du cocon.
Sa vision se brouilla et elle perdit connaissance, les larmes aux yeux.

2015.10.08

Cocon

Elle s’était infiltrée dans la grotte, le plus discrètement possible.
Il n’y avait eu aucune réaction ni aucun bruit, mis à part la chute de gouttes provenant de la condensation dans la taverne.
Les premieres gouttes la firent sursauter puis elle s’y habitua.

La mi-arachnide observait en silence ce que la petite humaine comptait faire. Elle s’était jetée d’elle-même dans la gueule du loup.
Perchée dans un coin de la taverne, la bête se délectait déjà de tuer ce nuisible qui avait osé pénétrer dans sa demeure.

Ne se doutant de rien, l’humaine marcha à tâtons, jusqu’à ce que ses yeux s’habituent à l’obscurité de l’endroit.
Elle réussit par repérer le visage de son ami, par le hasard des choses.

Il semblait juste endormi, enroulé tel une crêpe dans une couverture blanche de soie d’araignée.
Il était en suspension à quelques mètres du sol.
Elle se demanda comment elle allait s’y prendre pour le délivrer. Elle hésita un long moment, elle toucha avec précaution un pan de la toile.
Elle n’était pas trop collante, et elle s’en aida pour grimper jusqu’à la bonne hauteur.
Elle sortit de sa botte une dague, et elle coupa les ficelles qui maintenaient le cocon.
La première ficelle lâcha et l’équilibre chamboulé, il n’était plus lié que par quelques ficelles et il pencha doucement vers le sol.
Par chance, cela fit descendre en toute sécurité l’humain jusqu’à ce qu’il soit à terre.
Elle redescendit à toute vitesse, en limitant ses mouvements.
Elle ouvrit le cocon avec précaution.

2015.10.07