Le second qu’elle recueillit fut un enfant.
C’était une nuit et elle était en voyage avec Flora.
Elles parcouraient le monde et elle avait sentit sa présence. Son aura était de plus en plus proche et elles étaient sur leur garde.
Cela faisait au moins une dizaine d’années que Flora était maintenant aux côtés de Chloé, sans s’ennuyer et sans que son attachement ne faillisse.
Et elles le virent.
Ce n’était qu’un enfant, un adolescent.
Il était dans une ruelle sombre en train de se sustenter d’un corps, mais ce qui les frappa après son apparence. Ce furent ses larmes.
Chloé fut interpellée et Flora fut surprise. Elle se tint sur ses gardes et elle sut tout de suite ce qui traverserait l’esprit de Chloé.
— Chloé !
Chuchota t-elle, pour l’avertir de ne rien tenter de dangereux.
La derniere fois qu’elle avait fait une erreur qui lui avait coûté presque son existence, était loin derrière mais la douleur et la crainte étaient encore encrées dans Flora.
— Je sais, je ferai attention. Je compte sur toi.
Elle esquissa un petit sourire à l’intention de Flora, pour la taquiner mais elle savait qu’elle ne devait pas prendre ce danger à la légère.
Flora leva les yeux au ciel et resta aux aguets, la main sur son arme, à dégainer si besoin.
— Bonsoir… est-ce que tout va bien… ?
Demanda Chloé, en s’approchant tout en restant à distance.
Elle cherchait à sonder si la personne était consciente et dôté d’intelligence.
— …
Il réagit au son de sa voix et il s’arrêta d’apporter la chair à sa bouche, les larmes aux yeux, des grosses gouttes s’écoulant sur ses joues et s’écrasant au sol.
Chloé avait posé une question idiote, mais elle ne savait pas comment commencer un dialogue de manière familiere avec quelqu’un de la même race qu’elle. Surtout si elle ne savait pas s’il était hostile.
— Comment t’appelles-tu ? Tu es perdu ?
— Je… Nao… ai-aidez moi… je…
Sa voix était perdue dans ses sanglots.
— Nao… c’est ça ? Que fais-tu ici… ?
Elle avait une réponse, ce qui était une bonne nouvelle, et si ce n’était pas de la comédie, il demandait de l’aide.
Lorsqu’elle se rapprocha encore un peu plus, elle vit à quel point il était jeune. C’était un crime à ses yeux d’infliger ça à une personne aussi jeune. Un adolescent ?
C’était un jeune garçon, ses cheveux étaient longs, recouvrant à moitié son visage, sous cette pluie fine, ils avaient collé sur sa peau, et ses vêtements étaient déchirés, abîmés. Elle ne savait pas depuis combien de temps il vivait comme ça, ni comment il vivait, mais il avait l’air d’être en détresse.
Ses traits étaient fins et sa peau légèrement jaune, d’origine asiatique ?
Elle continua à l’analyser tout en se rapprochant avec précaution.
— J’ai… je… si soif… faim… j’arrive pas à calmer… c’est mal ce que je fais, hein… ? Pourquoi je fais ça… ? Pourquoi… ?!
Sa voix cassée brisa le coeur de Chloé.
— Tu… sais depuis combien de temps, tu es dans cet état… ?
— Des jours…. des semaines… ? Je ne sais plus… est-ce que c’est un cauchemar… ?
— Ce n’est malheureusement pas un cauchemar… est-ce que je peux m’approcher… ?
Demanda t-elle, en jetant un regard à Flora pour lui signifier de rester sur ses gardes mais qu’elle soit la seule à avancer.
Nao acquiesça et laissa Chloé s’agenouiller à côté de lui. Sans aucune animosité.
— Tu peux… me tuer ? C’est trop dur…
— Je peux… mais je peux aussi te donner une seconde chance. Je suis comme toi.
— Comme moi… ?
— Oui. Seulement… la personne qui t’a fait ça… n’a pas fini le travail. Je peux t’aider. Qu’en penses-tu ?
— J’aurais plus soif… ? Ma gorge… elle me brûle…
— La sensation sera atténuée mais elle ne disparaîtra pas complètement… est-ce que tu veux essayer… ? Est-ce que tu veux vivre… ?
— D’accord… si ça peut me soulager… juste un peu… mais… je n’ai pas d’argent.
— Je ne te demande rien. Fais-moi confiance et fais-toi confiance. Si ta volonté est assez forte, tu t’en sortiras.
— … D’accord… je dois faire quoi… ?
— Laisse-toi faire. Je vais finir le travail. Détends-toi.
Elle s’approcha alors jusqu’à le prendre par les épaules, elle le serra dans ses bras, et elle plongea ses canines dans la chair de son cou.
Il se laissa faire. Et étrangement, il se sentit soulagé. La douleur dans son cou fut vive mais elle disparut presque aussitôt et il se sentit envahi d’une émotion étrange. Une sorte de plénitude. Il savait ce qu’elle faisait. Elle buvait son sang et pourtant, il n’avait pas peur. Elle lui inspirait confiance. Et même si elle lui avait mentit. Sa soif brûlante s’était estompée. Peut-être qu’elle était en train de le tuer ? Il ne s’en souciait guère.
Puis elle s’arrêta. Elle se retira et l’aida à se maintenir assis.
— Ca va… ? Comment te sens-tu… ?
— Mieux… mais fatigué… ?
— Je vais te demander de faire quelque chose. Surtout écoute-moi bien. Tu vas devoir boire mon sang. Mais. T’arrêter quand je vais te le dire. Compris… ?
— … Il se passe quoi si je ne m’arrête pas… ?
— Je meurs.
— Je… je ne peux pas. C’est trop risqué… !
— Fais-toi confiance, et fais-moi confiance.
— Mais… je ne veux pas te tuer… !
— Tu ne me tueras pas. Tu vas t’arrêter à temps. Je te le dirai. Tu peux t’arrêter avant, si tu en ressens l’envie.
— D’accord… je vais essayer… je…
— Bien. Approche, et plante tes canines ici.
Et il obéit, sans trop savoir ce qu’il faisait, et il sentit la fragrance et le goût exquis de son sang, de son essence. Envahir sa bouche, son palais, il était enivré, cela le surprit. C’était trop bon, peut-être la meilleure chose qu’il ait pu goûter dans sa vie.
Sa soif était étanchée, c’était trop agréable.
Il buvait et aspirait à grandes gorgées, il n’entendit presque pas la voix de Chloé.
— Doucement… doucement…
Di-elle dans un gémissement.
Se faire boire le sang était toujours très spécial.
Et sa voix, sa supplication, le fit revenir à la raison. Il ralentit la cadence. Lentement. Sa soif était longtemps étanchée et le fait de boire plus était juste plus satisfaisant, de la pure gourmandise, puis… il se dit qu’il devait arrêter. Il ne devait pas la tuer.
Elle le sentit lutter parce qu’il s’arrêtait un instant avsnt de reprendre une gorgée.
Elle le laissa faire, elle le laissa apprendre.
Il devait gérer ses pulsions et elle savait qu’il lui restait encore un peu de marge avant que cela ne soit critique pour elle.
Il continuait à lutter intérieurement, il ne savait plus si c’était trop tard mais il devait s’arrêter, alors que c’était un délice, alors que tout son corps le poussait à continuer. Il s’arrêtait puis il avalait une petite gorgée pour palier à son désir, puis il s’arrêtait à nouveau.
Et au bout de plusieurs longues minutes. Il réussit à complètement s’arrêter. Il se retira.
Pendant ce temps, Flora était inquiète, plus qu’inquiète. Cela lui faisait quelque chose de voir un autre individu s’abreuver de Chloé. Elle ne put s’empêcher de penser à sa propre première fois. Elle se rendit compte à quel point Chloé lui fit confiance et à quel point c’était une situation dangereuse pour elle.
Elle attendait le signal de Chloé.
Si jamais cela devenait hors de contrôle, elle savait ce qu’elle devait faire. Eliminer le nouveau né.
Flora était à par précaution. Chloé aurait pu s’en charger seule mais Flora insistait pour venir.
Les fois précédentes, Chloé s’était faite agresser avant même qu’elle ne propose de boire son sang. Et une rare fois, à cette étape précise, quelqu’un n’avait pas eu assez de volonté pour s’arêter et Chloé l’avait repoussé avant même d’atteindre la limite. Elle avait sentit qu’il ne s’arrêterait pas.
Et elle avait détruit le nouveau né avant même que Flora n’intervienne.
Mais cela rassurait Flora d’être là. Parce qu’elle avait peur d’une infime erreur de jugement. Elle avait trop peur de la perdre.
Chloé était affaiblie mais cela allait encore.
La tête encore un peu dans les vapes, d’avoir été vidée de tout ce sang. Elle vérifia que les trous dans son cou s’étaient refermés.
— Je… pardon… je suis…
— Bravo. Tu t’es arrêté juste avant la limite. Sans que je ne te le dise… ce n’est vraiment pas mal.
— Mais je…
— C’était très bien. Bienvenue parmi nous. Je vais avoir beaucoup de choses à t’apprendre à partir de maintenant.
Flora les rejoignit et il sursauta presque. Il avait sentit sa présence mais jusque là, elle était restée à distance. Elle s’était rapprochée très rapidement et sans un bruit.
— Je te présente Flora. Tu peux la considérer comme une grande soeur. Je m’appelle Chloé.
— Chloé ! Est-ce que ça va… ? Tu es pâle !
— Comme d’habitude, tu veux dire ?
Blagua t-elle.
— Sérieusement.
Flora fit les gros yeux et jeta un regard rapide à Nao, le saluant mais son attention était sur Chloé.
Comme en réponse aux questions silencieuses de Nao.
— Je suis la plus vieille, et Flora est plus jeune. En terme d’années d’existence. Maintenant, c’est toi le plus jeune, Nao.
Sourit-elle, en l’accueillant parmi elles.
C’était si étrange. Elle était si amicale avec lui. Alors qu’ils se connaissaient à peine.
Même si Flora restait méfiante, il voyait l’amour qu’elle avait pour Chloé, et il était observateur, envieux de cette relation.
— Flora, arrête de me couver, je vais très bien…
Dit Chloe en se dégageant de sa partenaire un peu trop collante.
— Mais tu as perdu beaucoup de sang !
— Il m’en reste assez pour t’en coller une si tu ne me lâches pas !
Son ton était un peu plus sec, ce qui laissa Flora boudeuse.
— Pardon Nao, Flora s’inquiète toujours un peu trop à mon sujet. N’hésite pas à poser les questions qui te traversent l’esprit. On va devoir nettoyer ce… dépotoir avant de rentrer. Et… mets mon manteau en attendant qu’on te trouve des vêtements en bons états.
Chloé retira sans hésiter son manteau unisexe qu’elle posa sur les épaules de Nao, encore interloqué par ce qui se passait autour de lui. Muet, il accepta tout ce qu’elle lui dit. Sa voix était envoutante et il avait envie de lui obéir.
— Tu as eu de la chance que personne ne t’ait signalé… tu aurais pu finir dans un hôpital ou pire… heureusement nous t’avons trouvé avant !
Flora était déjà en train de rassembler et détruire les éléments fâcheux. Elle eut un mouvement de recul lorsqu’elle vit les cadavres à moitié en décomposition.
Elle eut presque un haut le coeur, puis elle passa outre.
Elle continua de le regarder de travers. Elle restait méfiante. Elle craignait qu’il n’arrive plus à se contrôler et qu’il cède à ses pulsions. Qu’il finisse par se retourner contre Chloé.
Nao était mal à l’aise mais ne se laissait pas non plus faire. Il avait son caractère et il semblerait qu’il était arrogant parce qu’il soutint le regard de Flora, et eut envie de lui dire le fond de sa pensée.
Chloé remarqua leur cinéma et intervint.
— N’en veux pas à Flora. Elle reste sur ses gardes parce qu’elle craint que tu perdes l’esprit et que tu te décides à m’attaquer.
Expliqua t-elle, tout en s’approchant de lui pour lui montrer qu’elle avait confiance.
— Je sais me contrôler. Moi.
Répondit-il, défiant du regard Flora qui ne répondit même pas à son attaque. Elle soupira et finit de nettoyer les lieux.
— Heureuse de l’apprendre.
Ce fut Chloé qui s’exprima et qui lui tendit sa main en souriant. Elle était très amicale.
Il portait le manteau de Chloé qui était légèrement trop grand mais qui tenait chaud, et qui recouvrait les lambeaux qui lui servaient de vêtements.
— Nous sommes les plus proches en terme de morphologie… tu aurais flotté dans le manteau de Flora… supporte ça encore un petit moment…
— Il… il est très bien ce manteau…
Répondit-il, un peu gêné d’avouer qu’il appréciait ce manteau.
Chloé lui sourit encore une fois et eut l’air satisfaite.
— Contente qu’il te plaise. Ne t’en fais pas pour moi, nous ne ressentons pas le froid, ni le chaud. C’est vraiment juste pour le style.
Dit-elle en haussant des épaules, un sourire au coin des lèvres.
Ce qui n’empêcha pas Flora de lui déposer son propre manteau sur ses épaules.
Il était comme dans un rêve, tout lui semblait si irréel.
Lorsqu’il vit le portail qui le transporta dans un endroit différent, lorsqu’il rencontra les différentes personnes et surtout, lorsqu’il vit le domaine où ils se rendaient. Il en tomba des nues et il se dit qu’il était en train de rêver, depuis un bon moment.
Il attendait de se réveiller.
Dans le doute, il resta docile.
Il rencontra Bréto, qui l’accueillit un peu surpris, mais avec beaucoup de tact et surtout une prestance qu’il lui envia. Il était imposant mais surtout, il pouvait deviner à quel point il était compétent dans son rôle et c’était quelque chose qu’il appréciait.
Ses manières et la manière dont il se tenait était impeccable.
— Si jamais tu as des questions, n’hésite pas à lui en poser. Tu as peut-être déjà remarqué mais il est comme nous. Ah. Et la prochaine personne que tu devrais rencontrer… ne devrait pas tarder à se montrer.
Expliqua Chloé.
Il ne se fit pas attendre et les accueillit avec intérêt.
— Que nous amenez-vous ajourd’hui, les filles ? Une nouvelle recrue… ?
— On parlait justement de toi, Frekio. Je te présente Nao. Il va rester avec nous un moment. Nao, Frekio. Tu devrais le croiser assez souvent, il flâne souvent dans les couloirs du château.
Il fut pour cette fois, beaucoup plus farouche qu’avec Bréto. Il n’arrivait pas à le sentir, ce Frekio. Il était beaucoup trop à son aise. Il y avait quelque chose en lui qui ne lui plaisait pas. Il semblait tirer au flanc et Nao avait horreur de cette médiocrité. Il n’avait aucune manière ni aucune tenue.
Chloé écourta les présentations parce qu’elle était pressée.
— Prochaine étape, on doit aller voir dame Erinya. Elle va s’en occuper de ta tenue…
Ils pressèrent le pas jusqu’à la grande domestique, au moins aussi importante que Bréto.
Elle était gracieuse et Nao resta muet et paralysé par tant de beauté et l’aura qu’elle dégageait.
Elle se retourna vers Chloé, et il put deviner son sourire caché sous le voile au son de sa voix.
— Ma chère Chloé. Bon retour parmi nous, que puis-je faire pour toi ? Je vois que tu nous as amenés une nouvelle tête…
— Bonjour Erinya. Merci pour tes mots, j’aurai besoin de ton aide pour habiller ce jeune homme, notre nouveau poulain.
Il avait été présenté comme un nouveau membre de leur groupe. Et la dame qui gérait les tisseuses l’intimidait. Alors il resta sans bouger, sur le petit piédestal qu’elle lui indiqua, et les petites mains de ses employées venèrent le mesurer et amener des toiles et des étoffes pour voir comment cela rendait sur lui. Elle examina les différentes possibilités, ce qui prit assez de temps, avant que les couturières confectionnent sa tenue sur mesure.
— Je dois aller m’annoncer chez le maître. Rejoignez-moi lorsque cela sera fini.
Chloé s’adressa à Flora et croisa le regard de Nao pour le rassurer, et s’en alla. Le laissant avec Flora et la horde de servantes et la Dame en chef de ce petit monde.
Il se retrouva vite dans une chemise de satin marron et un pantalon crème. Et un ruban pour regrouper ses longs cheveux.
— Si vous devez aller voir le maître, il faut que tu sois présentable, jeune homme.
*
Chloé était arrivée au bureau et elle entra après avoir frappé.
— Vous ne revenez pas seules.
Dit-il, d’un ton détaché.
— C’est exact.
Elle avait une voix plutot enjouée.
Elle s’inclina et lui expliqua la situation et les différents évènements depuis qu’elles étaient parties.
— … Il est un tout petit jeune, cependant… mais il a l’air de bien contrôler et gérer son nouvel état-
— Jeune comment ?
— … Je ne lui ai pas demandé, mais c’est un adolescent… 13-14 ans… ?
— Pardon ?!
Elle avait maintenant toute son intention. Il venait de se retourner aussitôt vers elle et il ne semblait pas de bonne humeur.
— As-tu perdu la tête ?!
Son ton commençait à monter et elle ne comprit pas le problème.
— Ne fais pas mine de ne pas savoir où je veux en venir, Chloé ! C’est incensé ! Un si jeune nouveau-né ne peut être stable ! C’est un danger ! Déjà pour toi, c’était déjà un âge limite, tu étais presque trop jeune pour avoir la maturité et la force d’esprit… !
— Flora est là, et je sais me défendre ! Si jamais ça tourne mal, je sais réagir, pas besoin de s’alarmer autant…
Se défendait-elle comme elle pouvait sans monter dans les enchères de voix.
— Souviens-toi de ta dernière erreur.
— C’est différent. Cette fois-ci, il n’était pas réticent.
— Il est beaucoup trop jeune. Je ne vais pas te laisser courir ce risque. Je vais m’en occuper moi-même.
— Comment ça ?!
— Je vais devoir détruire ta création. Tu ne me laisses pas le choix.
— C’est hors de question !
Elle éleva la voix, hors d’elle.
— Tu te mets en danger ! Tu ne te rends pas compte ?! Il risque de perdre la tête dans les prochains jours et de se retourner contre toi. Son imaturité va l’entrainer et il sera hors de contrôle. Tu ne sais pas à quel point les jeunes peuvent être vivaces… même Flora ne pourra pas t’aider s’il décide de s’en prendre à toi.
Il essayait de la raisonner mais elle n’était pas du même avis.
Nao et Flora n’étaient pas encore arrivés qu’ils entendaient déjà des bribes de la conversation.
« Devoir détruire ta création »
Il avait tout entendu et Flora aussi. Elle se tourna vers lui et lui lança un regard désolé. Un sourire gêné, elle ne savait pas quoi lui dire.
Ils étaient maintenant en face de la porte et n’osaient pas entrer, tant que leurs arguments n’étaient pas taris.
— J’ai confiance. Si jamais je sens qu’il perd pieds. Alors ça sera de mon ressort et j’y mettrai fin sans hésiter. Je t’interdis de toucher un seul cheveux de Nao.
Elle lui tint tête et prononça ses paroles sans hausser plus le ton de sa voix.
Ils étaient tellement pris dans leur échange qu’ils n’eut pas le temps de remarquer qu’ils étaient enfin arrivés. Ce fut le comte qui réagit en premier lorsqu’ils finirent d’argumenter.
— Entrez.
Il ouvrit la porte d’un seul geste. Chloé se rendit compte que Nao avait entendu cette conversation, et se sentit mal pour lui.
Flora s’inclina avec politesse et Nao ne broncha pas.
Il était en face d’un viel homme, décrépit, qui avait une certaine aura, mais semblait tellement fatigué par le temps et terne qu’il ne ressentit aucun respect à son égard. De plus que cet homme semblait vouloir sa mort. Ce comte qui était censé être le maître de Chloé, le sous-estimait et cela l’avait mis en rogne.
Comment pouvait-il être si certain qu’il ne serait pas à la hauteur ?
— Nao, voici le comte. C’est le seigneur de ces lieux.
Présenta Chloé.
— Nao… Quel âge as-tu ?
— … 15 ans.
— Je sais que tu as entendu ce que j’ai dit à ton sujet. Je n’ai rien à cacher. Même si Chloé ici te fait confiance, ce n’est pas mon cas. Elle est sous ma protection. Et je ne reculerai devant rien pour la mettre en sécurité.
Il avait dit ces mots en le regardant de haut et son aura était devenue lourde et menaçante.
Chloé serait intervenue si Nao n’avait pas réagit aussitôt, en rétorquant.
—Je ne sais pas qui t’es, papi, mais je ne suis pas n’importe quel gamin, et je vais te prouver que je sais me contrôler. C’est pas parce que toi t’as réussi à te gérer parce que t’étais vieux que ça doit être le cas de tout le monde.
Répondit-il, en soutenant son regard.
— Intéressant… ce garnement sait parler, mais ne connait pas l’étiquette ici. Très bien, je te prends au mot. Sache qu’à la moindre faille de ton esprit, je serai là pour te rappeler ton arrogance. Morveux.
— T’as un problème, le vieux ? Tu te prends pour qui !?
Il le provoquait.
C’était la première fois qu’on lui manquait de respect aussi ouvertement, et Flora était en train de compter les points et à la fois craignait sa réaction. Elle savait que le comte n’avait pas usurpé son titre et qu’il pouvait être effrayant. Le froid parcourut son dos en prévoyant sa réaction.
Le comte leva sa main pour l’abattre sur Nao quand Chloé intervint et lui attrapa le poignet pour l’arrêter.
Ils se regardèrent dans le blanc des yeux, il était surpris et semblait chercher un support dans les yeux se sa protégée, mais elle ne lui dit rien. Elle le regarda de manière neutre et se tourna ensuite vers Nao qui était en train de jubiler.
Elle lui donna une claque qui résonna dans le bureau.
— Je ne sais pas quel genre de vie tu avais avant, mais ici, il y a des règles. Et pour commencer, tu dois le respect au comte. Nous sommes sur son domaine. Même si vos avis divergent.
Chloé expliqua cela sans broncher.
Nao posa sa main sur sa joue et ne sut pas comme y réagir. Il resta bouche bée et ne dit rien.
C’était peut-être la première fois qu’il recevait une giffle pour ce qu’il pouvait dire, jamais personne n’avait osé lui en donner une.
Le comte, surprit, finit par sourire et Chloé se tourna vers lui, sans aucune expression particulière.
— Et… Nao a raison. Vous ne savez pas s’il en sera capable, alors laissez-lui une chance.
Il leva ses mains pour signifier qu’il s’avouait vaincu et elle sortit accompagnée de ses protégés.
Flora était restée estomaquée que Chloé ait pu intervenir et de la manière dont elle avait tenue tête au comte. Elle qui pensait, à tort, que Chloé était entièrement dévouée à son maître, eu un petit air satisfait sur son visage, que Chloé n’était pas juste une servante qui obéissait sans discuter au comte.
Et Nao, elle était si surprise que ce garçon n’ait pas froid aux yeux à ce point.
Elle ne put s’empêcher de pouffer de rire une fois la porte franchie.
Chloé afficha un large sourire et Nao ne savait toujours pas comment réagir.
— Allons dans notre chambre. Nous devons discuter.
Dit-elle en regardant Nao dans les yeux.
Pas un air sévère, juste avec assez de fermeté et de compassion.
— « Papi » ? Sérieusement ?
Répéta Flora, encore en train d’en rire aux larmes.
Nao resta silencieux.
— Tu ne te rends pas compte à quel point personne ne s’est adressé à lui de cette manière…
Chloé expliqua.
— C’est le maître des lieux, c’est mon maître, il a énormement de pouvoir… comment expliquer ça… enfin bon, ça ne lui fera pas de mal de descendre de son piédestal de temps en temps. Tu n’as pas ta langue dans ta poche, à ce que je vois…
Elle lui sourit et il rougit.
Elle lui avait fait confiance et surtout, elle croyait en lui, elle avait dit de sa propre bouche qu’elle le protègerait, et ça lui avait fait quelque chose au fond de lui.
— J’ai jamais osé l’appeler comme ça.
Continuait de pouffer Flora.
Elle lui donna une tape dans le dos et ils se rendirent dans la chambre.
Elle était toujours aussi petite, avec le lit une place rudimentaire. Le cadre était resté le même mais le matelas et le sommier avait fini par être changé aux cours des décennies.
— Tu pourras occuper cette chambre pendant ton séjour ici. Je serai dans les quartiers du maître et Flora devrait pouvoit s’arranger avec…elle va s’arranger.
— Oui oui…
Expédia t-elle sans entrer dans les détails.
— Ah… merci…
— Repose-toi bien, évite de sortir tout seul… nous viendrons te voir demain matin.
Et elles s’en allèrent en le laissant seul.
Il s’asseya puis s’allongea dos sur le lit, scrutant le plafond.
Perdu dans ses pensées.
Ce n’était vraiment pas qu’un rêve ? Qu’allait-il devenir ?
Sa famille. Il se souvenait de sa famille, qui devaient être morts d’inquiétude à son sujet. Il ne faisait pas spécialement partie d’une famille très aisée mais il avait soif d’apprendre, il voulait réussir et ses parents l’avaient encouragé dans tout ce qu’il entreprenait.
Pourquoi, et comment avait il pu finir ainsi.
Il se souvenait de ce qui s’était passé.
Il s’était pris la tête avec un adulte, avec qui il argumentait et il savait qu’il avait raison, il ne se souvenait plus exactement de quel débat il s’agissait, mais il soutenait son avis et à un moment, l’individu en face de lui le menaça. Et il n’eut pas peur, il le mit au défi de faire quoi que ce soit.
C’est à ce moment que tout changea pour lui.
Il se souvint que quelque chose bondit sur lui, quelqu’un, certainement cet individu. Et il l’attrapa, l’immobilisa avec beaucoup de force et quelque chose s’enfonça dans sa gorge. Et puis, le vide.
Lorsqu’il reprit connaissance, il était en train de déchiqueter de la viande fraîche. Une odeur horrible se dégageait de l’endroit où il se trouvait. Et il avait fui.
Il avait pris peur. Il était recouvert de sang, de chair, et il s’était réfugié dans l’ombre de ruelles en évitant les regards. Il avait pu se voir dans le reflet d’une glace et il s’était fait peur. Une vision d’horreur.
Il ne ressemblait plus à celui qu’il était. Il était sale, décoiffé et il ressemblait à un monstre.
Il n’eut même pas l’idée de retourner chez lui. Il ne pouvait pas prendre le risque que ses parents le voient ainsi. Que diraient-ils ?
Alors il se cachait dehors. Avec cette soif incontrôlable et grandissante dans sa gorge. C’était une douleur insoutenable qui s’apaisait lorsqu’il apportait à sa bouche cette substance et texture indéfinisable. Au fond de lui il savait ce que c’était.
Et il mourrait un peu plus à chaque fois qu’il avalait cette chair humaine. Il ne se souvenait plus comment ni pourquoi il avait attaqué un humain. Etait-ce même humain ? Il ne savait plus, il ne savait pas. Il préférait ne pas savoir.
Alors, ne voulant pas réitérer cette abomination. Il avait garde le cadavre à ses côtés, et dès que la soif était trop présente, il en ingérait un bout. Il se rationnait ainsi. Sans savoir ce qu’il allait devenir, ni s’il allait enfin se réveiller de ce cauchemar.
Puis une jeune femme arriva et lui tendit sa main.
Une main salvatrice.
Qui était-elle ? Pourquoi l’avait-elle aidé ? Quel était son but ?
Pourquoi l’avait-elle amené ici ?
Qui étaient tous ces gens ? Etait-ce réel ?
Elle l’avait même protégé, et donné une gifle. Il posa sa main sur sa joue en se remémorant cette scène.
Toutes ces questions dans sa tête, il finit par s’endormir dans cette position et ne se réveilla que lorsqu’il entendit les coups sur la porte. Qui le réveilla en sursaut et il ne comprit pas tout de suite que c’était bien sur sa porte de chambre qu’on frappait.
On n’attendit pas qu’il se lève.
Flora entra sur ses gardes et le dévisagea, jaugeant s’il était encore maître de ses gestes.
— Bien dormi… ?
Demanda t-elle, en haussant un sourcil et balayant la chambre des yeux.
— Oui… je crois ?
Chloé entra et la porte se referma derrière elles.
Il eut l’impression d’être pris au piège.
Et il eut droit à toutes les explications et les réponses à ses questions.
— Excuse-nous, on avait des choses à régler hier puis je pense que tu avais besoin d’un peu de temps seul avant qu’on ne te dise tout ce que tu dois savoir.
— Aucun problème… effectivement, ça m’a fait du bien d’avoir un peu de temps tout seul…
Flora restait méfiante et semblait être là qu’en tant que garde du corps. Il la regarda sans trop s’attarder dessus et ses yeux revinrent vers la brune qui était particulièrement familière avec lui.
— Tout d’abord, je vais me représenter, je m’appelle Chloé. Voici Flora, qui est ton aînée.
— Salut…
— Moi, c’est Nao…
— J ai rencontré le comte il y a peut-être 200 ans ? Je ne me souviens plus du temps exact, mais cela fait un moment que je suis arrivée ici, il m’a accueillie à cette époque et m’a sauvée en m’offrant cette seconde chance. Je ne fais pas mon âge parce que notre corps cesse de vieillir à partir du moment où on passe de l’autre côté… ma nouvelle vie a commencé quand j’avais 19 ans. Je ne compte plus depuis combien de temps j’ai cet âge…
— Chloé m’a sauvée lorsque j’avais 23 ans. J’étais en train de mourir dans une ruelle à cause d’une bagarre qui a mal tourné… et elle m’a offert cette seconde chance. Ca doit faire bientôt 20 ans que je suis et que je reste à ses côtés.
— Ca veut dire que je ne vais pas grandir… ? Pas du tout ?…
— Non, effectivement. Tu as l’air asiatique… ? Tu peux peut-être prétendre être plus âgé mais ton corps ne se développera pas plus, je suis désolée…
— Pas grave… c’était juste une question comme ça… sinon, je suis censé faire quoi maintenant… ? Je ne peux pas retourner chez mes parents… ?
— Non… tu ne vieilliras pas et cela paraîtrait trop louche pour que tu encours le risque, donc il faut faire le deuil de ta vie passée.. une nouvelle s’écrit aujourd hui.
— Ouaip, je sais que c’est dur, j’étais en plein dans mes études lorsque ça m’est arrivée… j’ai dû tout laisser derrière moi, mais ne t’en fais pas, ça va aller. D’autres horizons s’offrent à toi.
— Ok… mais vous attendez quoi de moi… ? Je dois faire quoi maintenant… ? Je dois vous obéir… ?
— Oh. Non. Rien. En fait, nous allons te garder sous notre surveillance encore quelques temps parce que le comte est méfiant et au cas où tu perds pieds et la raison. Sinon, nous allons aussi te former et t’expliquer les enjeux de notre race dont tu fais maintenant aussi partie.
— Notre race… ?
— Oui. Nous sommes dotés d’une conscience. C’est un don, ou une chance. Moi, toi, Flora, le comte ou même Bréto, mais toutes les personnes de notre race ne le sont pas. Certains ne font que suivre leur désirs et leur instinct pour tuer et détruire tout autour d’eux. Si jamais tu devenais comme eux, nous serions obligés de te détruire… mais ne t’en fais pas, tu as l’air de bien t’en sortir jusque là.
— Je vois… super rassurant…
— C’est pour ça que je suis là. Je suis en renfort si jamais t’aurais envie de dévorer Chloé.
Flora leva sa main.
Chloé lui jeta un regard noir.
— Nous avons quelques bases à t’enseigner pour t’en sortir dans ce nouveau monde et ensuite, tu pourras, si tu le souhaites, t’en aller et vivre ta vie en respectant ces règles. Mis à part ces règles à respecter, nous ne te forcerons pas à nous obéir.
— Ou si tu veux, tu peux aussi rester avec nous. Chloé ne le dit jamais aussi clairement parce qu’elle ne veut pas qu’on lui soit reconnaissant, mais moi je le suis et je reste avec elle. Aussi parce que c est toujours amusant et on ne s’ennuie pas. P’tre que tu préfères rester ici sous les ordres du comte. Vous aviez l’air de bien vous entendre….
— Jamais !
Cette pique de Flora détendit un peu l’atmosphère.
— Rien ne t’oblige à me suivre. Mes objectifs sont principalement personnels. Je traque notre race et je détruis les individus dangereux si j’en croise. Et si jamais je peux, je cherche à sauver des humains en leur offrant cette seconde chance…
— On est beaucoup encore… ?
— … Comme tu peux le voir, le taux de succès est assez faible. Je n’ai pas réussi à sortir d’autres que toi et Flora pour l’instant…
— Comment ça se fait ?!
— Cela ne dépend pas entièrement de moi… et si cela parait simple pour toi de ne pas succomber à tes instincts. Ce n’est pas le cas de beaucoup. Ils devenaient incontrôlables et cherchaient à m’attaquer ou attaquer Flora…
Chloé était sincèrement peinée de raconter cela et elle baissa la tête, n’osant pas le regarder dans les yeux.
— Quoiqu’il en soit ! On a plein de choses à t’apprendre !
Flora reprit la parole pour casser cette ambiance maussade.
— Exactement. Déjà, nous allons te faire un tour des lieux. Puis nous t’expliquerons la suite du programme de ta formation.
— Ma formation… ?
— Tu vas devoir apprendre à te battre et te défendre. Il existe la magie et l’art du combat, mais ça, on verra plus en détails plus tard.
Après avoir monté les marches de l’aile de l’horloge et arriver dans la tour de la bibliothèque.
— Sache que j’ai dû monter ces marches lorsque j’étais encore humaine.
Raconta Chloé, avec un sourire forcé sur ses lèvres.
Arrivés devant Homa, elle le présenta.
— Je te présente Homa, le gardien de cette magnifique bibliothèque. Il possède beaucoup de connaissances dans les arcanes et il peut t’enseigner quelques bases pour commencer. Il a des méthodes un peu… à lui, mais si cela ne te convient pas, tu peux toujours demander au comte… personnellement, j’ai appris aux côtés de mon maître.
— Enchanté, Homa… ça sera très bien. Hors de question de servir d’élève à l’autre…
Il s’inclina et marmona la seconde partie.
Ce fut avec surprise qu’il eut beaucoup de facilités et qu’il comprit tout de suite comment pratiquer la magie.
— Impressionnant… je veux dire… j’ai mis plusieurs semaines si ce n’est des mois avant de réussir ça.
S’écria Chloé, interloquée devant son don en magie.
Elle avait commencé à lui montrer quelques sorts et tester ses aptitudes avant qu’Homa ne le prenne sous son aile, et elle était vraiment surprise.
— Ah bon… ? Peut-être parce que j’ai une bonne professeure…
Répondit-il, avec beaucoup de facilité, et rougissant à peine sur le compliment qu’il venait de faire.
Il était heureux qu’elle soit si impressionnée et qu’elle parle en bien de ce qu’il arrivait à faire. C’était si étrange pour lui, de vouloir attirer son attention.
Etait-il amoureux ? Elle était plus âgée que lui, du moins en apparence, et il ne comprenait pas pourquoi il ressentait ces sentiments étranges en lui.
Il était comme sur un petit nuage douillet à ses côtés.
Elle l’encourageait et le fit tester d’autres sorts, pour connaître ses limites.
Son esprit n’était plus aussi concentré qu’au départ et le sort suivant qu’il tenta d’invoquer, prit beaucoup trop d’ampleur. Une étincelle qui devenait boule de feu, la taille augmenta de trop et lorsqu’elle l’interpela pour arrêter, il était déjà trop tard, elle s’échappa et était sur le point d’exploser sur eux.
Elle intervint, une chance que son élément de prédilection soit la glace, elle fit apparaître une sphère de glace autour de son sort pour le contenir, et la referma doucement, tout en augmentant les couches de givre. De magnifiques motifs étaient apparus tout autour, et il admirait ce qu’elle faisait tandit qu’elle tentait d’annuler son sort devenu hors de contrôle.
La boule explosa et fit fondre le sort de Chloé dans quelques éclaboussures d’eau qui les recouvrirent.
— Je… par-pardon…
— Ce n’est rien, tu es en plein apprentissage, mais tu dois rester concentré et faire attention. La magie est dangereuse lorsqu’elle n’est pas bien utilisée. Garde toujours cela en tête. Si tu peux éviter de brûler tous les précieux ouvrages ici… ça serait dommage… et il n’y a pas qu’Homa qui en serait attristé. Si tu vois ce que je veux dire.
Elle le rassura sans le gronder, mais le prévint.
Flora regardait la scène de loin, en essayant d’utiliser un peu de magie à son niveau.
Elle n’avait jamais vraiment réussi à être douée dans ce domaine. Elle faisait apparaître quelques sorts mineurs dans une de ses mains en changeant leurs éléments, pour faire passer le temps.
Elle préférait nettement plus les combats d’armes.
Une pointe de jalousie apparut en elle lorsqu’elle vit avec quelle aisance le petit Nao réussit à faire apparaître des sorts simples et même, presque de niveau intermédiaire.
Elle faillit intervenir lorsqu’elle vit qu’il perdait le contrôle mais Chloé réagit beaucoup plus rapidement.
— Homa, il semblerait que son élément prédominant soit le feu… je te préviens si jamais tu ne veux pas que l’aile entière parte en fumée…
Une grimace apparut sur son visage, accentuant ses rides, et ils s’en allèrent.
— Puisqu’on est un peu mouillé… autant aller dans la salle d’eau, et nous nettoyer. On a qu’à aller proposer à Frekio de nous rejoindre. Comme ça tu seras moins gêné d’y aller avec nous. Les bains sont mixtes…
Ajouta Chloé.
Nao devint rouge pivoine, à l’idée de voir sa protectrice nue.
Et aussi à l’idée qu’elle puisse le voir nu…
Flora pouffa dans son coin qui eut pour effet de le rendre un peu plus pourpre.
— Allons-y alors.
Chloé utilisa un petit sort de feu pour les réchauffer et sécher les petites goutelettes d’eau.
Elle lui sourit encore.
— Ce n’est pas grand chose, je sais contrôler tous les éléments mais j’ai apparemment plus d’affinité avec la glace. Mes sorts sont un peu plus puissant dans cet élément. Tu trouveras aussi tes marques assez rapidement.
Expliqua t-elle, sous ses yeux ébahis.
— Ce n’est pas à la portée de tout le monde d’avoir un don en magie. Garde les pieds sur terre.
Ajouta Flora sur le chemin, un peu vexée.
— Ca veut dire… que tu ne sais pas… ?
Demanda t-il surpris.
— Si… mais vraiment des petits sorts basiques… pas ce dont tu es capable…
— Ah… je ne pensais pas… je croyais…
— Qu’on était tous surpuissant ? Non. On a nos préférences et nos talents accrus dans certains domaines.
2021.02.20