Déclaration

Il faisait parti des gardes du château et il s’entraînait régulièrement dans la cour intérieure avec ses collègues.
Son moment favori : lorsqu’une des petites mains venait lui apporter une serviette humide après l’effort.
Ce n’était pas qu’à lui. Les employés qui s’occupaient du bien-être des lieux venaient encourager ces soldats après leur entraînement : cela leur faisait une pause puis cela leur permettait de faire plus amples connaissances.
Des petites serviettes humides et fraîches leur était apportés ainsi qu’un plateau de verres et des carafes d’eau.

Il n’était pas le seul à apprécier ce moment, mais c’était particulier pour lui.
Il y avait cette jeune fille qui le faisait se sentir spécial.
La première fois que leurs regards se croisèrent, ses yeux ne purent la quittter.
Elle était timide, les joues légèrement rosées et un sourire gêné.
Il avait eu le coup de foudre.

À chaque fois qu’il finissait son entraînement.
Il attendait ce moment avec impatience.
Ses collègues avaient remarqué son béguin pour cette fille et se moquait gentiment de lui.
Le poussant à se déclarer.
Tout comme elle.
Cela se voyait sur le milieu de sa figure qu’elle ressentait quelque chose pour ce jeune soldat, et ses collègues la poussaient tout autant à être plus explicite.

*

Leur entraînement était fini et les soldats étaient de bonne humeur, se chamaillant gentiment et en riant.
Ils attendaient ce moment d’échange avec les petites mains du château.
Lorsqu’ils virent les employés s’approcher avec des serviettes et des boissons rafraîchissantes, leurs visages s’éclaircirent.

Ils étaient dans leur uniforme qui était constitué de vêtements sobres mais surtout d’un tablier.
Cétait aussi leur moment privilégié de pouvoir mixer leurs classes, sortir de leur quotidien de tâches d’entretien du château et du bien-être global des lieux.

Il souriait et était un peu plus retenu, il avait de l’intérêt pour une seule personne qui semblait rayonner à ses yeux. Elle était agréable, chaleureuse, et son petit rire timide illuminait sa journée.
Elle lui tendit une serviette et il l’accepta avec gratitude. Il faisait en sorte que ce soit elle qui lui donne cette serviette.
Les autres employés étaient loin d’être aveugles et ils avaient tout de suite compris qu’il se passait quelque chose entre ces deux protagonistes, et ils faisaient en sorte de ne pas les gêner.
Ils n’avaient pas l’occasion de se croiser ni de se parler en dehors de ces moments, alors ils en profitaient réciproquement.

Il y avait des soldats femmes, très peu mais il y en avait. Tout comme les employés d’entretien, il y avait des hommes mais très peu.
Il était alors intéressant de mettre en contact ces deux groupes de mixité de genre différents.
Des couples se formaient inévitablement : des femmes avec des hommes, des femmes avec des femmes, ou bien des hommes avec des hommes.

Un homme musclé avec une femme soldat, une femme soldat avec une femme frêle, un homme soldat avec un homme d’entretien. Il y avait de tout.
Et il y avait ce soldat qui était tombé amoureux de cette jeune employée populaire.
Elle était connue de tous par son charisme. Elle était joyeuse, souriante, positive mais également attentionnée, dévouée à son travail.
Le soldat se doutait qu’il y aurait des concurrents et ne se trouvant pas assez bien pour elle, était resté à l’état d’observateur. Attendant et en acceptant de la voir avec quelqu’un d’autre, la voir s’épanouir sans lui et être heureuse.
Cependant, elle n’avait pas de prétendants officiels, et elle ne s’était jamais intéressée à avoir un compagnon, ni une compagne.
Elle savait juste qu’elle se sentait à l’aise à côté de ce soldat en particulier, elle avait du mal à expliquer ce qu’elle ressentait mais elle profitait du court temps qu’ils partageaient.

*

— Ca se voit qu’il y a quelque chose entre vous deux. Tu attends quoi ?
Ses collègues lui avaient dit.

— Mais non… vous vous faites des idées, il est sympathique avec tout le monde… !
Avait-elle répondu, se persuadant qu’elle n’était pas spéciale à ses yeux.

Ce jour-ci, un de ses collègues fit exprès de la bousculer pour qu’elle se rapproche un peu plus de ce soldat. Il n’y était pas allé de main morte et elle trébucha et manqua de tomber.
Le soldat la rattrapa avant, tendant ses bras pour la soutenir, et ainsi, ils se retrouvèrent dans les bras l’un de l’autre.

— Ah… pardon, je ne t’avais pas vue… !
S’excusa son collègue, qui jouait plutôt bien la comédie.

Ils ne relevèrent pas, étant trop gênés par cette situation. Tous les deux les joues rouges, ils n’osaient pas se regarder.

— Est-ce que ça va… ?
Demanda t-il, bégueyant à moitié, et ne sachant comment réagir en la voyant encore plus maladroite.

— Je… euh… oui… ça m’a juste un peu surprise…
Répondit-elle sans relever sa tête, elle sentait ses joues chaudes et ne voulait pas qu’il remarque à quel point cette proximité la chamboulait.

— Ca va, les tourtereaux ?
Une voix s’éleva autour d’eux.

Ils relevèrent la tête pour savoir qui avait pu dire cela.
Le groupe de personnes les fixait et lorsqu’elle remarqua cela, elle fut encore plus embarrassée d’être le centre d’intéret de la foule.
Il remarqua qu’il la serait encore de ses mains et il relâcha son emprise en s’excusant.
Elle ne put supporter plus longtemps les regards et elle s’enfuit, de honte, se réfugiant dans un endroit plus calme.
Il fut pris de panique lorsqu’il la vit partir en se précipitant, à peine qu’il la relâcha.
Se retrouvant penaud, au milieu de ses pairs et des collègues de la jeune fille.

— Oh non, regardez ce que vous avez fait… Vous n’avez pas honte ?!
S’exclama une autre voix, provenant d’un de ses pairs.

— Qu’est ce que tu attends ? Rattrape-la !
Une autre voix des employés du château, le sermona.

— Sauf si tu n’épprouves rien pour elle.
Un autre de ses pairs s’exprima, souhaitant presque prendre sa place s’il avouait qu’il ne ressentait rien.

Il n’attendit pas bien longtemps avant de se mettre en chemin et se précipita pour essayer de la retrouver.
Elle avait quitté la cour intérieure, et il ne la voyait plus.

— Vous êtes vraiment vaches.
— C’est leur donner un petit coup de pouce.
— Il va réussir à se déclarer, vous croyez ?
— Elle est partie où ? On l’a rarement vue dans cet état, quand même. J’espère qu’elle va bien.

Il entendit un petit bruit d’halètement et de respiration plus prononcé.
Elle était derrière un pillier du château, à l’ombre.
Il se rapprocha et l’aperçut le visage en larmes et son coeur s’arrêta.

— Est-ce que… ça va ? Je suis désolé, c’était nul comme question…
Il essaya de se rattraper et sortit un mouchoir en tissu à lui tendre.

Elle sursauta lorsqu’elle le vit.
Elle ne s’attendait pas à croiser quelqu’un et encore moins que ce soit lui en personne.
Elle sanglottait et tentait d’essuyer ses larmes chaudes du revers de sa main, sur son tablier.

— Je… oui, je… ça va… merci…
Répondit-elle en reniflant.

Elle n’osait pas se moucher dedans alors elle essaya d’essuyer ses larmes et tenter de garder une certaine composition en essuyant ce qui s’écoulait de son nez, sans succès.
Elle s’excusa finalement et détourna son visage pour se moucher une bonne fois pour toute dans le précieux mouchoir.

Elle ne pensait pas qu’elle éprouverait de tels sentiments pour lui, mais l’attention des regards posés sur eux, sur elle, et sa réalisation que cette situation la gênait bien plus que ce qu’elle imaginait, elle n’avait pu supporter cette pression, elle avait senti ses joues devenir brûlante et qu’il remarque son état dans ces conditions, elle paniqua et préféra s’enfuir d’embarras. Elle avait trop honte de s’avoir qu’elle l’aimait.

*

Ils n’osaient pas parler. Elle savait qu’elle devait dire quelque chose mais elle ne savait pas quoi.
Et il savait qu’il devait saisir cette chance de pouvoir parler avec elle en tête à tête, pour lui avouer ses sentiments. Le plus dur était de savoir si elle partageait ce qu’il ressentait. La voyant pleurer ainsi, il en doutait, et son coeur s’était resserré dans sa poitrine.
Etait-ce lui qui la rendait si triste ?
Il devait se lancer. Au pire, c’était dit et il pourrait penser à autre chose et tourner la page.

— Je… j’ai quelque chose à te dire… à t’avouer. À vrai dire, j’ai toujours repoussé ce moment parce que je me contentais du peu de temps qu’on passait ensemble, mais… je ne peux plus me voiler la face.

*

Après sa déclaration, dans la peur de se faire rejeter, il fut agréablement surpris lorsqu’elle lui adressa un sourire sincère, s’essuyant ses dernières larmes au coin de ses yeux.

— je crois que… je suis amoureux… de toi.
Avoua t-il, ne réussissant pas à trouver de meilleurs mots pour exprimer ce qu’il avait sur le coeur, et la nature de ses sentiments.

Il ne savait pas à quoi s’attendre mais il craignait sa réaction et il appréhendait un rejet, même s’il avait imaginé cette probabilité.

— Je crois… que moi aussi.
Avait-elle répondu, timidement, en le regardant dans les yeux. Le coeur battant à tout rompre.

Il avait du mal à réaliser ce qu’elle venait de dire, et cela semblait trop beau pour être vrai.
Elle qui était si populaire et qui avait plusieurs admirateurs, elle venait de lui dire qu’elle était peut-être amoureuse de lui. Cela semblait incroyable.
Les joues encore humides, elle lui souriait.
Il s’approcha et de sa main droite, il la passa dans les cheveux de la jeune femme, puis ses lèvres se posèrent sur les siennes.
Il avait hésité une seconde avant de se lancer, mais elle ne l’avait pas repoussé, elle n’avait pas fui.
Elle l’avait aggripé sur ses vêtements et s’était approchée de lui pour coller sa bouche sur la sienne.
Ils étaient tous les deux derrière un pillier, à l’ombre, à l’abri des regards indiscrets.
Cet instant magique sembla durer une éternité mais ils durent revenir à la réalité.

— Qu’est-ce qu’on fait maintenant… ?
— … Je leur en veux un peu… j’aimerai me venger gentiment en leur faisant croire que ça n’a pas marché comme ils le pensaient. Qu’en dis-tu ?

Elle sourit timidement et acquiesça.
Ils retournèrent sur le terrain mais séparément.
D’abord lui, bredouille, puis elle, quelques minutes après.

— Bah alors… ? Que s’est-il passé… ?
Demanda l’un d’entre eux, en le voyant revenir la tête baissée.

Il secoua la tête et ne préfera pas répondre.

*

Un chevalier serrant dans ses bras et en portant une jeune femme, tous les deux souriants.

2021.06.04

Nuages

Les ailes déployées, elle était assise au bord d’un nuage et contemplait le paysage qui défilait en dessous d’elle.
Les cheveux virevoltants au vent.
L’air frais de la nuit lui caressait le visage et le corps tout entier.
Elle était dans une tenue blanche ample, les manches longues étaient légèrement bouffantes mais se resserraient au niveau du poignet, et le bas du haut était rentré dans un pantalon trois-quart porte-feuille cintré à la taille. Le tout dans des tons crème.
Elle était pieds nus, dans le vide.
La peau claire et les cheveux blonds lisses et longs qui lui arrivaient jusqu’en bas du dos.
Un ruban les attachait au niveau de sa nuque.
Ses ailes étaient éclatantes de blancheur, elles étaient ouvertes et les plumes prenaient les petites bourrasques de vent qui soufflaient à cette hauteur.
Si elle se décidait à sauter, elle s’envolerait sans aucun problème.
Elle semblait perdue dans ses pensées.

*

Ils vivaient au dessus des nuages, une vie éternelle, sans souci, juste faite de plénitude et de sérénité.
Il n’y avait pas de hiérarchie et chacun faisait ce qui lui plaisait.
Ils ignoraient comment ils étaient arrivés là, ni quand leur existence prendrait fin.

*

Elle se baladait dans les ruelles, observant les passants sans qu’ils ne puissent la voir.
C’était une grande ville et les passages piétons étaient noirs de monde.
Elle marchait sans but, lorsqu’elle vit une autre personne mais avec des ailes d’une autre couleur, mais surtout d’une autre forme. Elles ne comportaient pas de plumes. Ils se dévisagèrent tout en continuant de marcher.

2021.02.27

Gala [RolePlay]

Ce soir là, elle avait proposé à Vlad de l’accompagner à un gala.
Nao avait manifesté son mécontentement pour la forme, par jalousie mais Chloé savait qu’il n’était pas tr-ès friand de ce genre d’évènement.
Il l’avait déjà accompagnée une fois et il eut du mal à justifier qu’il était majeur, et cela l’avait agacé durant la nuit entière.

Ils sétaient apprêtés en conséquence.
C’était un évènement professionnel, il y avait des directeurs de groupes, et de boutiques de toute la ville.
Quelqu’un de haut placé avait decidé d’organiser cela de manière assez régulière pour garder un bon contact avec les différents acteurs du secteur.
Chloé tenait un établissement assez réputé et il était normal qu’elle soit présente.
Cela l’arrangeait que cela se déroule après le coucher du soleil.

L’établissement de Chloé était un SPA hammam jacuzzi en journée et assurait un service le soir avec une ambiance plus décontractée et adulte, pour les naturistes, le libertinage ou autre.
Il arrivait qu’il y soit organisé des soirées à thèmes lors de certains évènements. BDSM, saint Valentin, Noël.
C’était un endroit propre et respectable. Chloé faisait en sorte de maintenir un certain standing.

Elle portait une robe couleur bordeaux cintrée, le style pouvait rappeler un autre temps mais il avait était modifié pour correspondre aux goûts du jour. Les matières étaient nobles, le tissu au corps était mat et épais, épousant parfaitement son torse et sa poitrine presque inexistante. Les manches étaient en tissu léger et doux, très longues tombant avec des plis.
Le bas de la robe n’était pas trop ample, juste ce qu’il faut pour ne pas gêner tout en gardant un coté esthétique.
Ses cheveux étaient lâchés, en toute simplicité. Son manteau avait été laissé au vestiaire.
Elle était de petite taille et elle avait opté pour des chaussures simples sans talon.

Vladislaw avait un costume simple : une chemise bleue très clair avec une veste et un pantalon noir.
Des chaussures de ville en cuir sombre.
Il ne souriait pas et observait sans un mot, restant auprès de Chloé tout en surveillant les alentours.

— Détends-toi, on est ici pour profiter.
Sourit Chloé, en tapotant la veste de Vladislaw.

Il lâcha un soupir.
Il y avait des boissons et des amuse-bouches sur des comptoirs, quelques serveurs étaient à disposition si certains voulaient boire un verre spécifique.
Chloé fit bonne figure en saluant ceux qu’elle connaissait, ou d’autres qu’elle connaissait moins.

Un groupe de jeunes hommes l’abordèrent en ignorant Vladislaw.
Ils avaient eu vent de son entreprise et semblaient relativement inbibé d’alcool, ils la questionnaient sur les soirées spéciales de son établissement et riaient grassement, tout en sous-entendant et assumant qu’elle était quelqu’un de très ouvert d’esprit et volage.
Vladislaw n’aimait pas leur ton, et sur le point de s’interposer et leur répondre.
Chloé attrapa la manche de sa veste et lui fit comprendre qu’il ne devait pas intervenir.

— C’est qui lui ? Ton copain ? Le gérant ? T’es pas un peu jeune pour avoir ton entreprise ?

Elle resta courtoise avec un sourire forcé.
Elle ne voulait pas mal se comporter en public et laissa couler en espérant qu’ils se ridiculisent d’eux-même.
Les autres invités semblaient désapprouver la présence de ces jeunes et ne savaient pas pourquoi ils étaient là ce soir, mais personne ne voulait intervenir.
D’autres ne remarquèrent pas qu’il y avait un problème.
Le ton commençait à monter doucement, et ils commencèrent par attirer l’attention.

Annabelle les vit, et elle fit signe à Marianne qu’il se passait quelque chose.
Elle semblait préoccupée que ce groupe de jeunes se comportent ainsi dans une soirée comme celle-ci, et surtout qu’ils importunent une jeune fille avec son petit copain. Etrangement, la jeune fille s’était interposée pour protéger son copain, ou cela semblait être sa volonté, et ce dernier ne réagissait pas.
Annabelle regardait alors cette scène, en essayant de comprendre pourquoi personne ne réagissait.
Marianne le vit dans ses yeux, et sourit doucement.
Elle rassura sa compagne et se dirigea vers le groupe, avec une assurance et une aise surprenante.

— Hey, on t’a cherché partout ! Tu étais donc là ! Ah, je vous dérange… ? Annabelle ! Ils sont là !

Marianne avait haussé le ton et faisait des grands signes à Annabelle pour qu’elle s’approche également.
Les regards étaient rivés sur elles.
Tout d’abord, Marianne était une femme métisse caucasienne asiatique, plutôt grande et musclée. Elle portait une robe cocktail noire longue et ouverte aux cuisses, elle était intimidante. Les cheveux noirs attachés en queue de cheval sans une mèche qui dépassait.
Annabelle était blonde aux cheveux blonds et fins, bouclés avec une frange. Elle avait un visage de poupée surtout qu’elle n’avait pas beaucoup d’expression. Sa peau claire accentuait son air de porcelaine. Elle portait une robe noire courte qui mettait en valeur sa poitrine génereuse et ses hanches voluptueuses.

Les jeunes hommes se retournèrent et se rendirent compte à ce moment, qu’ils étaient en plein milieu de l’attention. Ils étaient observés et ils ignoraient depuis combien de temps. Cela refroidirent radicalement leurs ardeurs.
Ils décidèrent de s’éloigner sans faire plus de grabuge.

Marianne sourit à Chloé et salua Vladislaw courtoisement.
Annabelle était en chemin et elle les rejoint juste après.

— Bonsoir, je m’excuse d’être intervenue mais je ne pouvais pas les laisser vous importuner sans rien faire. Enfin, Annabelle ne me l’aurait pas pardonnée, n’est-ce pas ?

Annabelle préféra ignorer cette question qui lui était adressée.

— … Ne vous excusez pas, merci…
— Je m’appelle Marianne, enchantée.

Ils se présentèrent et discutèrent plus longuement au sujet de leur entreprise.

— Impressionnant, vous paraissez si jeune, si je peux me le permettre. Je ne dis pas que vous n’en avez pas les compétences, au contraire. Cela est d’autant plus surprenant.
— Je fais plus jeune que mon réel âge, on me le dit souvent. J’ai la chance d’être bien entourée.
— Cela est une chance considérable. Je ne saurais ce que je ferai sans l’aide d’Annabelle !

Cette dernière donna un coup de coude à Marianne qui fit semblant d’avoir mal.

— Il y a parfois des énergumes de ce genre, je suis vraiment désolée que vous soyez tombés sur eux ce soir. D’après ce que j’ai entendu dire, ce sont des jeunes entrepreneurs qui cherchent

2021.10.28

Maigre [RolePlay]

Ils se baladaient de nuit sur un grand boulevard.
Les lampadaires éclairaient d’une faible lueur et cela leur suffisait.
Chloé était avec Nao et ils profitaient de l’air frais et du calme ambiant.
Leurs pas étaient silencieux et ils se murmuraient quelques mots, ne souhaitant pas perturber le sommeil des humains.
Ils traversèrent la route pour se retrouver dans le parc et puis la forêt.
Il y faisait sombre mais la lueur de la lune éclairait légèrement leur chemin
Chloé ressentit et vit passer une silhouette dans les bois. Elle fit comme si de rien n’était et essaya de localiser la chose. Nao ne semblait pas avoir remarqué la présence subtile d’un intrus, trop concentré par le moment présent, certainement.
Chloé s’était tournée vers lui pour jauger s’il avait remarqué la même chose.
Il ne comprit pas.

Cela s’enchaîna très vite.
Chloé se positionna face à Nao, l’attaque vint de derrière. Elle n’avait pas eu le temps de se retourner pour voir l’ennemi.
Elle poussa Nao de toutes ses forces pour l’éloigner. Il tomba sur ses fesses, au sol.
Elle sentit l’attaque de plein fouet
C’étaient de nombeux pics qui la transpercèrent de tout son corps, de son dos jusqu’à passer au travers de son torse.

Nao la fixait les yeux ébahis, il était trop tard et il était impuissant, désemparé de la voir embrochée par ces pics asserrés qui étaient tintés de son sang.
Elle lui sourit, ne pouvant parler, la douleur avait été vive et intense et elle sentait ses forces la quitter.
Elle voulait lui dire quelque chose, lui dire qu’elle ne regrettait rien et que tout allait bien se passer, peut-être même blaguer dans cette situation.
Les pics se retirèrent d’un coup, comme ils étaient venus, et elle s’écroula au sol.
Du sang s’écoulant de ses plaies et de sa bouche.
Nao était maintenant aux aguets et il vit enfin la présence hostile qui s’adressa à lui.

— Je pensais que vous étiez beaucoup plus coriaces. J’ai bien fait de me cacher et vous prendre par surprise. Je voulais t’avoir en premier mais apparemment, ta protectrice a préféré se sacrifier. Moi qui avait peur de ses pouvoirs… !

Il se mit à rire, le son de sa voix résonna dans la pénombre puis il s’avança dans la lumière de la lune, à travers les branches.

— Qu’as-tu dans le ventre, petit ?
Demanda t-il, après avoir repris son souffle.

Nao était debout et serrait ses poings, il devait rester concentré et ne pas sous-estimer son adversaire. Il avait beau être fier, il n’était pas imprudent et il ne voulait pas laisser le geste de Chloé gâché.
Il fallait finir et descendre cette ordure rapidement pour pouvoir vérifier l’état de Chloé.
Maintenant qu’il savait à quoi ressemblait son pouvoir, il se tenait à distance. Il avait retenu la longueur approximative de sa dernière attaque et il allait rester prudent.
Pour mettre en pratique son hypothèse, il s’avança juste assez pour être à portée et attendit qu’il tente de l’attaquer en premier lieu.

— Qu’est-ce que vous nous voulez ?
Demanda Nao, pour faire la conversation et faire passer le temps.

— Moi ? Pas grand chose. Vous éliminer pour prouver à mes pairs que je vaux quelque chose. Ils sont tellement flippés qu’ils ne tentent jamais rien et préfèrent vous laisser tranquille. Je vais leur démontrer que vous n’êtes rien du tout. J’ai déjà mis K.O. votre supposée boss. C’était vraiment trop facile. Maintenant, à ton tour !

Sur ce, il lança sa main dont les ongles s’allongèrent de manière aiguisée en direction de Nao, qui esquiva aussitôt et sortit son épée pour couper les pics. Il fonça sur son adversaire qui l’avait sous-estimé et ne pensait pas qu’il serait aussi rapide.
Nao lui découpa le corps en deux, puis la tête pour être sûr, puis utilisa sa magie pour le brûler jusqu’à le réduire en cendres.
En attendant que les flammes consument les restes, il retourna auprès de Chloé.

Il se précipita auprès de sa protectrice et n’osa pas la toucher.
Elle ne bougeait plus et baignait dans son sang.
Il espérait qu’il n’était pas trop tard, il pouvait sentir qu’elle n’était pas encore morte mais cela ne tenait à pas grand chose et il avait peur.

— Non… non, pas ça… Chloé… !

Les larmes commençaient à lui monter aux yeux et il essaya de se contrôler. De garder son calme.
Il releva la tête et essaya de ravaler ses larmes.
Il réfléchit à une solution pour gagner du temps.
Il positionna ses mains au dessus du corps de Chloé et utilisa sa magie pour la refroidir, la geler pour ralentir le flux de sang qui s’écoulait d’elle.
Il n’avait pas réussi à trouver une meilleure solution.
Délicatement, prudemment, il essaya de remettre la tête et le corps de Chloé dans le bon sens.
Lors de sa chute, son visage avait été abîmé. Son front et sa joue avaient cogné puis frotté au sol.
Il essaya de la porter à bout de bras et se dépêcha de rentrer.

Lorsqu’il arriva enfin chez eux, Il demanda de l’aide.
Flora n’arrivait pasà croire ce qu’elle voyait, mais réagit au quart de tour.

— Nao… ? Que s’est-il passé… ?
— Flora… aide-moi… Chloé… elle est gravement blessée…

L’émotion était en train de le regagner.
Flora comprit dans les grandes lignes. Elle s’approcha et lui prit le corps de Chloé pour la porter et l’allonger sur le canapé du salon.

— Tu n’as rien ?
Demanda Flora rapidement, sans même lui jeter un regard.

— Non. J’ai refroid la température de son corps pour ralentir la circulation… je ne sais pas qu’est-ce que je dois faire pour l’aider…
Dit-il pour lui expliquer le maximum de détails.

Après que Chloé ait été installée, Flora resta silencieuse un court instant pour l’observer et essayer de prendre les bonnes décisions.
Nao respecta ce silence. Il craignait de subir la colère de Flora, elle qui n’avait jamais perdu son calme en face de lui, et qui prenait souvent les choses à la légère.
Elle s’était tue, elle ne blaguait plus et une expression grave se lisait sur son visage. Elle etait serieuse.

— Va chercher son maître. Il doit savoir si on peut la sauver. Dépêche-toi.
Flora s’exprima froidement et son regard ne quittant pas le corps immobile de Chloé.

Nao ne chercha même pas à discuter. Il ne portait pas le maître de Chloé dans son coeur, mais il comprit qu’il n’y avait pas d’autre moyen et qu’il mettrait son resentiment de côté, si cela pouvait aider et sauver sa bienfaitrice.

— J’y vais.
Dit-il simplement, avant de quitter la pièce et les lieux.

Vladislaw n’était pas loin et regarda la scène à l’écart , n’osant pas s’approcher aux premiers abords. Après le départ de Nao, il vint voir et lorsqu’il vit l’état de Chloé, il se rendit compte de la gravité de la situation.

— Flora…
— Demande à ta copine et a sa famille s’ils peuvent nous aider… Chloé était en bons termes avec eux, j’espère qu’ils se souviennent d’elle…
— J’en suis certain. Je reviens le plus vite possible.

Il posa sa main sur l’épaule de Flora et la serra pour la réconforter.

Lorsque tout le monde fut parti, Flora prit la main de Chloé dans la sienne et la serra.
Elle pouvait maintenant laisser ses émotions s’exprimer. Elle ne voulait pas les montrer, montrer à quel point elle était affectée devant ses pairs.
Si Chloé n’était plus là, elle savait qu’elle devait reprendre les rennes. Ce dont elle était le moins sûr, c’est si Nao et Vladislaw resteraient à ses côtés.
Ce qui les gardait ici, c’était Chloé, leur fidélité envers leur protectrice et créatrice.

— S’il te plaît… ne me laisse pas, ne m’abandonne pas…

Elle posa son front sur le dos de sa main et pria de toutes ses forces qu’elle l’entende.

*

Nao avait fait de son maximum pour arriver au plus vite, sans perdre de temps, il avait foncé dans le bureau du comte, sans même consulter Bréto ni qui que ce soit. Il connaissait le chemin, même s’il venait rarement dans ces lieux.
Il n’eut pas besoin de frapper et même s’il n’en avait pas l’intention, la porte du bureau était déjà ouverte, comme si sa visite était attendue.
Le comte se retourna vers lui, et son regard froid se posa sur l’enveloppe physique si jeune de Nao.

— J’attendais quelqu’un, mais pas à ce que ce soit toi… Nao.
Dit le comte en se rapprochant lentement.

Nao n’osa pas répondre. Il était tétanisé par les yeux du comte qui se posaient sur lui.
D’habitude si arrogant envers ce viel homme, il sentait la température glaciale de son expression. Il avait peur de sa réaction. C’était de sa faute si sa protégée et bien-aimée Chloé était dans cet état.
Et il se doutait qu’il savait.
Inconsciemment, il avait baissé son visage mais il ne s’était pas incliné.
Voyant que Nao n’allait pas répondre tout de suite, le comte enchaîna.

— Pour que tu sois là, c’est qu’il est arrivé quelque chose de grave. Je sens que Chloé est en danger. Explique-moi.
S’exprima t-il de manière neutre et monotone, avec une subtilité dans son timbre.

Il était inquiet et à la fois impatient de savoir ce qui se passait réellement.

— Elle… Chloé… elle a été gravement blessée… je suis venu parce que nous ne savons pas quoi faire pour…
— Emmène-moi auprès d’elle.

La décision du comte fut rapide et succincte
Nao hocha de la tête timidement et montra le chemin du retour.

Le comte regardait la bague sur un de ses doigts.
C’était un anneau simple et sobre mais il jouait avec en le faisant tourner lentement.
Quelque chose le tracassait.
Le métal dans lequel cet objet était forgé n’était pas anodin, il était également enchanté et la température qu’il dégageait aujourd’hui, était anormale.
Ce petit détail l’avait alerté, et le rendait anxieux.
Ce qui le rassurait, c’était de savoir que l’anneau ne s’était pas encore brisé. Il était simplement froid, de plus en plus froid, et ce n’était pas un bon signe.
Il le savait : il était arrivé quelque chose à sa protégée et favorite, mais il ignorait les détails.

*

Le comte observait Chloé.
Flora était restée à la même place et serrait la main de Chloé, comme si elle avait peur qu’elle disparaisse d’un moment à un autre.

— Elle n’est pas en état de boire mon sang. Il faut à tout prix une transfusion.
Dit le comte, sans aucune émotion.

— On a pas ça ici…
Répondit Nao, honteusement.

Vladislaw arriva avec Alexandra et un homme qu’ils n’avaient jamais vu.

— Je suis le médecin de famille.
Se présenta t-il, avant de les écarter pour osculter Chloé.

— Elle est anormalement… froide… ? Je sais que vous êtes des sangs froids mais…
Commença le médecin, en appréhendant qu’on se moque de lui.

— O-oui, c’est normal, c’est parce que je lui ai fait baisser sa température corporelle.
Expliqua Nao, subitement, pour essayer d’apporter des informations pouvant aider à cet examen.

— Je comprends mieux… effectivement, elle a perdu beaucoup de sang, même si votre action a aidé à la maintenir… en vie, si je peux dire… elle est dans un état critique, je ne vais pas vous mentir, elle a besoin de soin d’urgence.
Expliqua le médecin, songeur.

— On le sait. Si c’était pour nous répéter cela, ce n’était vraiment pas la peine de venir !
S’exprima Flora, les larmes aux yeux.

Vladislaw la prit par les épaules pour la calmer.

— Nous avons besoin d’aide… de réponses. Que pouvons-nous faire ?!
Flora essaya de se contenir en prononçant ces mots.

— C’est pour ça que je suis là.
Alexandra s’exprima, elle s’avança et s’interposa pour que le médecin n’ajoute pas d’huile sur le feu.

Le connaissant, il n’avait pas sa langue dans sa poche et n’aurait pas hésité à rabattre le clapet à Flora qui leur manquait de respect.

— Je me présente, je suis Alexandra. Je suis navrée de vous rencontrer dans cette situation. Je suis sure que Chloé aurait souhaité qu’on fasse connaissance dans d’autres circonstances. Je peux faire quelque chose pour elle. Ce n’est pas grand chose et il faudra faire vite pour qu’elle soit prise en charge. Je vais avoir besoin de quelques informations, je vais appeler mon frère pour qu’on nous envoit une ambulance. Faites-moi confiance, ma belle-soeur saura prendre en charge Chloé. Elle sera entre de très bonnes mains.

— Mieux vaut éviter de la déplacer de manière inadéquate. Le brancard sera très utile dans son état.
Acquiesça le médecin.

Flora n’étant pas en état de répondre sans que ses émotions prennent le dessus, ce fut Nao qui s’avança vers Alexandra et lui fournit toutes les informations dont elle avait besoin.
Vladislaw restait auprès de Flora pour la canaliser, tandis que le comte regardait la scène sans pouvoir rien faire.
Le médecin finit d’osculter Chloé et discuta avec Alexandra en apparté.
Il semblait contrarié et Alexandra ne lui laissa pas le choix. Il baissa les bras et la mit en garde.
Même s’ils étaient discrets, l’ouïe des autres personnes dans la pièce, était très développée.

— Je sais à quoi vous pensez.
— Je sais que tu n’approuves pas, mais je suis venue dans ce but. Je sais que je peux l’aider et je lui dois ça. Ce n’est pas grand chose.
— C’est dangereux. Et si…
— Je compte sur toi si jamais j’en fais trop, mais je pense que tu t’inquiètes pour rien. Je ferai attention.

— … Je ne réussirai pas à vous convaincre de toute facon. Vous avez déjà votre plan.
Soupira t-il.

— Oui, j’ai confiance en ces gens. Je ne risque rien.
Affirma Alexandra avant de se tourner vers Chloé.

Elle se positionna, les mains au dessus des plaies de Chloé et ferma les yeux.
Les autres l’observèrent sans rien dire.
Ils savaient qu’elle n’était pas mal attentionnée mais ils restaient perplexe.
Le comte comprit tout de suite.
Il savait que certaines personnes avaient le don de pouvoir guérir d’autres mais c’était un pouvoir à double tranchant, à utiliser dans certains cas et dur à maîtriser. Il ne pensait pas qu’il rencontrerait une telle personne ici.
Au bout de plusieurs minutes, Alexandra rouvrit les yeux et baissa ses bras.
Pendant ce processus, le comte sentit la bague à son doigt changer légèrement de température, le métal était moins froid mais l’était encore.
Alexandra se tourna vers le médecin et lui sourit.
Puis s’adressa aux autres personnes.

— Je ne pourrais pas faire plus… mais je pense que son état devrait être un peu plus stable. Cela nous laisse le temps de la déplacer et pouvoir préparer la transfusion…
Expliqua Alexandra.

Elle faiblit un peu, et le médecin la tint pour la stabiliser.

— Je vous l’avais dit…
— J-je vais bien, merci. Juste un petit vertige…
Répondit-elle pour le rassurer, et se rassurer elle-même.

Elle se ressaisit.
Peu de temps après, on frappa à la porte de derrière et Chrystal arriva avec un brancard.

— Donnez-moi un coup de main, je suis toute seule. J’ai fait au plus vite.
Ordonna t-elle en sortant de la voiture d’ambulance qu’elle avait garé comme on lui avait indiqué.

Vladislaw et le médecin prirent le brancard tandis que Chrystal était rentrée pour voir Chloé.
Elle salua rapidement les personnes et ne perdit pas de temps.
En très peu de temps, Chloé était installée dans la voiture, le médecin était à l’arrière pour surveiller et Vladislaw était également avec lui.
Alexandra fit signe au comte de monter à l’avant avec Chrystal, et ils formèrent un second groupe avec Nao et Flora.

— Ils vont à l’hôpital, on va les rejoindre juste après. Cela ne sert à rien qu’on soit aussi nombreux dans la voiture.

Flora était restée sans voix, ne sachant pas comment réagir, encore sous le choc de les avoir vu emmener Chloé.
Nao semblait également perdu.
Alexandra les rassura du mieux qu’elle put

— Chloé est entre de très bonnes mains. Chrystal était notre médecin de famille avant de venir vivre ici. Elle est plus que compétente.

Pendant le trajet, puis le temps d’attente jusqu’à arriver sur les lieux. Nao put expliquer à Flora qui était Alexandra.

*

Vladislaw était aux côtés de Chloé.
Dans la voiture il lui prit sa main et la serra dans la sienne. Il avait un rapport différent des autres avec elle.
Flora était protectrice et maternait Chloé, elle l’adorait de tout son coeur et cela se voyait.
Nao admirait Chloé et l’aimait profondément sans réussir à l’exprimer correctement.
Mais Vladislaw, il n’était pas aussi attaché à elle que les deux autres. Sans parler du comte.
Il la respectait et lui était fidèle, il l’appréciait. Il aimait la vie qu’il menait grâce à elle, maintenant.

2021.08.26

Protection [RolePlay]

Ils étaient ensemble, ils marchaient prudemment et elle se positionnait devant pour éclairer.
Elle entendit puis sentit le danger imminent, elle s’était avancée en faisant signe à son partenaire de faire attention en rester derrière elle.
Il sentit également cette odeur particulière du danger.
Lorsqu’elle s’avança un peu plus, en se rapprochant de la source de cette ambiance, elle se positionnait pour le protéger au moindre risqué.
Il sentit tout comme elle cette oppression, d’être observe.
Il faisait sombre et il entrevit quelque chose, un rapide mouvement qu’il aperçut.
Elle était déjà sur ses gardes et s’apprêtait à l’encaisser pour les défendre mais il avait vu quelque chose d’autre, il avait pressenti un danger plus grand.

Il lui attrapa le bras, la chose la plus proche de lui à portée de main, et la tira vers lui, loin derrière lui, pour la dégager et l’éloigner le plus possible.
Il essaya de prendre sa place et se défendre, mais malgré sa rapidité de réaction, le choc fut violent et une explosion suivie de fumée, se produisit au moment de l’impact.

Elle avait été projetée au sol par son partenaire et le champ de l’explosion l’avait emportée encore un peu plus loin.
Sonnée et désorientée, elle se releva, de mauvais poil parce qu’il avait agit de sa propre volonté et qu’elle ne comprenait pas pourquoi il avait pris cette initiative.
Puis elle le vit.
Il était au sol et ne se relevait pas.
La puissance de l’attaque avait été plus forte que ce qu’elle avait prévu et il semblait avoir perdu connaissance.
Le voyant gisant à terre, elle paniqua. Sa colère laissa place à l’inquiétude.
Il ne devrait pas être aussi sonné, au point de ne pas reprendre connaissance.
Elle accourut à ses côtés et elle le souleva dans ses bras.

— Nao… tu m’entends… ? Pourquoi… ?!

Il ne bougeait pas, son corps était inerte.
Des larmes apparurent au coin des yeux de Chloé.
Il n’avait pas l’habitude d’être dans cet état. Il était plutôt robuste, toujours à faire son meilleur, bourré de confiance en soi, il en faisait toujours trop.
Et là, il était plus que faible, en mauvais point.
Elle imagina le pire.
Il ne pouvait pas mourir avant elle. C’était sa création, elle devait partir avant lui, c’était dans l’ordre des choses, pas lui.
Elle ne pouvait pas sentir son pouls de toute manière, elle n’avait aucun indicateur de son état global.

Il eut un spasme presque imperceptible.
Ses paupières tressaillirent et il réussit à les entrouvrir pour voir sa Chloé.
Il sourit timidement, chose qui sembla lui coûter toute son énergie.

— Ne pleurez pas… Je suis heureux d’être dans vos bras…
— Tais-toi… ! Dis pas n’importe quoi… !

Les larmes embuèrent sa vision et coulèrent sur ses joues.
Il était faible, bien trop faible, et il perdit connaissance.

— Nao… Nao ! Reste avec moi… ! Que quelqu’un m’aide… !

Le désespoir était grand dans le coeur de Chloé.
Est-ce qu’il allait mourir ainsi ? Elle ignorait s’il allait survivre mais quelque chose lui disait qu’il n’en avait plus pour longtemps, lui qui était si solide, leur espèce qui devrait être plus résistante que cela.
Quelque chose dans l’explosion avait été d’une grande puissance et l’avait blessé au plus au point.
Ce n’était pas juste, qu’elle ait été protégée. Dans l’ordre naturel des choses, c’était à elle de le protéger et c’était à elle de partir avant lui.
Elle avait trop vécu, c’était elle qui aurait dû prendre cet impact.
Elle ne put empêcher ses larmes de couler à l’idée qu’il disparaisse ainsi.
Elle se ressaisit, essuya ses yeux avec le revers de sa main, et elle porta Nao.
Il devait rester un espoir.

Elle l’emmena directement chez eux, elle l’allongea sur le canapé du salon.
Flora et Vladislaw étaient là, et ils voyaient que Chloé avait pleuré.
Ils se penchèrent sur le corps de Nao et étaient impuissants.
Vladislaw prit les épaules de Chloé pour la réconforter tandis que Flora continuait à observer Nao.
Elle qui adorait le taquiner, elle n’arrivait pas à croire qu’il ne se réveillerait pas, il semblait juste dormir. Profondément.

— On doit pouvoir faire quelque chose, hein… ?
Demanda Flora, la voix tremblotante, elle se contrôlait de ne pas pleurer, ni laisser ses émotions prendre le dessus.

— … Je ne sais pas… je vais appeler Gabriel et Alexandra… je ne sais pas à qui je pourrais demander de l’aide… mon Maître n’a pas plus de ressources que moi…

Chloé s’en alla, laissant ses deux acolytes avec le corps de Nao.
Le téléphone à son oreille, elle eut Gabriel à l’autre bout du fil.

— Oui… Gabriel à l’appareil ?

Il était rare qu’il recoive des appels.

— Je… c’est Chloé à l’appareil… je, excuse-moi de te déranger, j’aurais besoin de conseils…

Elle était hésitante et sa voix fébrile, Gabriel n’avait pas l’habidtude de l’entendre ainsi, il s’inquiéta et ouvrit ses oreilles.

— Dis-moi.
— C’est Nao… il a prit une explosion et ne se réveille pas… je ne sais pas quoi faire, je…
— Ok, calme-toi, laisse-moi quelque secondes, j’en parle à Alexandra.

Il revint plusieurs minutes après et Alexandra prit le relai.

— Bonjour Chloé, c’est Alexandra.
— B-bonjour Alexandra… excuse-moi de-
— Ce n’est rien, c’est au sujet de Nao, c’est ça ? Si c’est urgent, je peux te recommander d’aller à l’hôpital où mon frère travaille. Sa femme devrait pouvoir vous aider.
— Mais… Nao est…
— Je sais, sa femme n’est pas humaine, c’est pour ça que je te suggère d’y aller, ils tiennent l’hôpital qui se trouve dans votre ville. Dis à l’accueil que c’est moi qui vous envoi, demande Alexandre et Chrystal. Je vais les appeler pour les prévenir de votre arrivée. Ils devront pouvoir vous prendre en charge. Je viendrai aussi mais je risque d’arriver plus tard, même si je décolle maintenant.
— D’accord. Je vais à l’hôpital et je demande Alexandre et Chrystal, c’est ça ?
— C’est ça. Ne t’inquiète pas, Nao sera entre de bonnes mains. Chrystal était notre médecin de famille.
— M-merci, merci beaucoup. Je fais ça.
— Je t’en prie, on se voit plus tard. À tout à l’heure Chloé.

Ils raccrochèrent et elle retourna dans la salle pour communiquer les instructions.
Flora se mit à rire, nerveusement

— Je pensais pas qu’emmener Nao à l’hôpital serait aussi comique… qui l’eut cru…

— C’est ce que je me suis dit aussi, lorsqu’elle m’a proposée de l’y emmener…
Sourit Chloé, qui arrivait enfin à avoir un peu d’espoir.

*

Ils arrivèrent aux urgences avec le corps de Nao.
L’employé de l’accueil se leva de son siège en les voyant arriver. Il pensa que Nao était déjà mort en se fiant à la couleur de son teint.
Vladislaw qui était calme, s’exprima en premier et expliqua la situation.

— Bonsoir… notre ami a perdu connaissance et nous souhaiterions voir Chrystal et Alexandre. Nous venons de la part d’Alexandra.

L’employé paniqua. Il n’était pas commun de demander à voir Alexandre et Chrystal, mais il n’osait pas les appeler. Il regarda Nao et les autres. Il avait un frisson dans le dos en les voyant.
Est-ce qu’il devait appeler directement la police si Nao était mort ?
Il se décida à appeler Alexandre qui répondit aussitôt, et avait une voix calme.
Il ne l’avait jamais fait et s’attendait à se faire rouspéter mais ce n’était pas le cas.

— Monsieur, il y a des gens qui vous demandent à l’accueil des urgences…
— Merci, je les attendais, j’arrive immédiatement.

— Veuillez patienter un petit moment, il arrive dans un instant…
Dit l’employé en montrant les sièges vides.

Il avait des doutes sur ces gens mais essaya de ne pas trop les dévisager.
Alexandre est arrivé et Chloé fut surprise de voir à quel point il ressemblait à Alexandra.
Il remercia son employé et orienta Chloé, Vladislaw, Flora et Nao qui était porté dans les bras de Chloé, vers un couloir qui menait à un ascenseur privé.
Il était plus que rare de voir Alexandre recevoir ainsi des personnes et l’employé resta bouche bée devant cette scène.
Dans l’ascenseur, après que les portes se soient fermées, Alexandre s’exprima.

— Bonjour, ne vous inquiétez pas, je vous amène à un étage où nous pourrons parler en toute sécurité.
— M-merci de nous recevoir…

Chloé était un peu intimidée et voyait qu’ils avaient droit à un traitement spécial.

— Je vous en prie, ma soeur me demande rarement ce genre de service, et vous n’êtes pas n’importe qui pour qu’elle m’ait fait cette demande.

Alexandre était calme, sérieux, on ne savait pas trop ce qu’il pensait ou pouvait ressentir. Il était plus imperméable que sa soeur à ce sujet.
L’ascenseur sonna et les portes s’ouvrirent.
Ils les dirigea vers une chambre vide où il fit signe à Chloé d’installer Nao sur le lit.
Une femme aux cheveux blonds brillants frappa à la porte ouverte et s’approcha d’eux en les saluant.

— Bonjour, je m’appelle Chrystal.
— Je vous présente ma femme, elle s’occupera de vous.

Alexandre sortit de la pièce et s’en alla, les laissant seuls avec elle.

— Bonjour… je m’appelle Chloé, voici Vladislaw, Flora… et Nao.
Dit Chloé en désignant le corps de son protégé sur le lit.

— Enchantée. Je vais l’osculter. Vous n’êtes pas humains, n’est-ce pas ?
Demanda Chrystal, sans aucune animosité.

— Non… nous sommes beaucoup plus âgés que notre apparence peut laisser croire.
— Je vois. Je ne dois pas m’inquiéter pour son pouls, j’imagine.
— Effectivement…
— Puis-je demander ce qui s’est passé ?

Chloé raconta les évènements dont elle se souvenait.
Chrystal finit son examen et les rassura.

— Il a l’air encore en vie, mais extrêmement affaibli, son état est stable mais c’est la première fois que j’ai un patient de votre espèce…

— Est-il possible de mettre en place une transfusion… ?
Demanda Chloé, en suppliant presque.

— … Oui, cela devrait être possible…
— Notre énergie passe par le sang. Dans son état, il ne peut pas ingurgiter mon sang pour reprendre ses forces. Par contre, si je peux lui donner de mon sang par transfusion…
— C’est une solution à tester. Quelle quantité faudrait-il ?
— Autant qu’il faut.

— Dis pas n’importe quoi, Chloé !
Flora s’était interposée pour la raisonner.

— Je vais préparer le matériel. Je reviens.

— Merci…
Dit Chloé.

Après le départ de Chrystal, Flora s’exprima.

— Ce n’est pas de ta faute si Nao est dans cet état. Ne prends pas des décisions que tu pourrais regretter ! Tu n’es pas toute seule et tu n’as pas à prendre cette responsabilité. On est là aussi, s’il y a besoin de plus de sang, je suis là et Vlad’ aussi. Alors arrête de te jeter la pierre. Nao t’a protégé en toute âme et conscience. J’aurais probablement fait la même chose.
— Pardon Flora… je me sens tellement coupable…
— Je sais Chloé… mais tu n’as pas à te sentir coupable.

Flora la serra dans ses bras.
Il était rare de voir Chloé aussi dépourvue et faible.
Vladislaw était resté silencieux dans un coin de la pièce. Cela lui faisait mal au coeur de voir Chloé dans cet état mais il ne pouvait pas faire grand chose de plus.
Chrystal revint et Alexandra arriva aussi.
Elle les salua rapidement et s’approcha tout de suite de Chloé pour lui demander comment elle allait.

— Je suis venue aussi vite que j’ai pu, Gabriel a dû rester sur place.
— Pardon, je ne voulais pas te déranger…
— Chut. C’est tout à fait naturel, ne t’en fais pas pour ça. Comment tu vas, toi ?

— Ca va… je te présente Flora et Vladislaw.
Chloé sourit timidement.

— Nous allons tenter une transfusion, Chloé ? Est-ce que tu es prête ?
— Oui.

Elle s’installa et Alexandra se présenta à Vladislaw et Flora.

— Enchantée, je suis Alexandra. Chloé et Nao ont aidé mon époux et ma fille. Merci encore pour l’autre fois.

Vladislaw lui serra la main sans aucune expression et Flora semblait méfiante.
Nao reprit rapidement des couleurs, il devint moins blanc, et la transfusion put être arrêtée avant que Chloé ne se vide de son sang.
Chrystal avait pris soin de ne pas mettre en danger Chloé, Flora regardait ça d’un oeil méfiant et surveillait.
Chloé avait voulut se relever mais cela l’avait affaibli et Flora était à ses côtés, l’aidant à se rallonger.
Alexandra était venue aussi à ses côtés.

— Restez autant qu’il faut, je m’arrange avec mon frère. Prends ton temps Chloé.

Chloé avait sourit et remercié Alexandra et Chrystal.
Nao était tiré d’affaire.

— Son état est beaucoup plus stable, je peux l’affirmer, la chambre vous est réservée, ne vous inquiétez pas.
Chrystal les rassura et s’en alla, avec Alexandra.

Chloé était allongée à côté de Nao, sur un autre lit d’appoint. Vladislaw s’était rapprochée d’elle et l’avait embrassée sur le front.

— Repose-toi, Chloé. On s’occupe du reste avec Flora. Nao devrait se réveiller aussi.
Avait dit Vlad’.

Flora avait été surprise de cette marque d’attention mais ne dit rien, et fit la même chose.

— Elle est toujours comme ça… ?
Demanda Vladislaw, après que Chloé referme ses yeux.

— Tu veux dire, à s’inquiéter pour nous ? Oui.
— J’ai tellement pas l’habitude de la voir perdre pieds comme ça…
— Ca n’arrive pas souvent… ça me rappelle de mauvais souvenirs…
— Ah bon… ? Quels genres ?
— La fois où elle a failli y rester, elle m’avait dit de m’enfuir parce que j’étais encore trop faible pour pouvoir me battre correctement et me défendre.
— Tu m’avais jamais raconté.
— Ca remonte à très longtemps. Nao n’était pas encore là, pour te dire. C’est son maître qui est allé la chercher pour la ramener.
— Son Maître…
— Il est spécial mais une chose est sure, il tient énormement à Chloé.
— Je vois…
— Chloé… elle prend soin de nous mais elle sait pas prendre soin d’elle. C’est pour ça que j’essaye d’être là pour m’occuper d’elle… quand je la vois comme ça pour Nao… je me demande si elle aurait fait la même chose pour moi…
— Arrête Flora. Tu n’as pas à être jalouse de Nao. Chloé, elle nous aime tous et bien sûr qu’elle aurait fait la même chose pour toi.
— Je sais… mais parfois je doute.
— Vous êtes bizarres avec Nao, vous tenez trop à elle. Moi… j’ai compris que c’était pas de l’amour, elle me l’a fait comprendre. Je ressens un attachement et un lien fort avec elle, mais je reste indépendant. Vous, vous l’aimez tellement qu’on dirait que c’est maladif.
— Ahah ! Peut-être bien. On veut prendre soin d’elle, la rendre heureuse.

— S’occuper d’elle parce qu’elle nous a sauvé.
Prononça Nao.

Les regards se tournèrent vers lui.

— Yo. Je fous quoi ici ?

— Il se réveille et tout de suite, il parle mal.
Soupira Flora.

— Tu as fais quoi pour te mettre dans la merde à ce point ?
— Rien… j’ai juste dégagé Chloé pour me manger l’explosion.
— Une explosion… rien que ça.

Il expliqua leur expédition et ils trouvèrent un endroit avec des pièges. C’était dangereux et ils devaient en parler plus sérieusement.

2021.07.16

Rencontre [RolePlay]

Chloé était assise dans un canapé, sa tablette entre les mains, elles semblaient naviguer entre des sites d’informations et sa boîte mail professionnelle.
Les cheveux longs d’un brun profond, attachés grossièrement dans une queue de cheval décontractée, des mèches rebelles se baladaient de part et d’autre de son visage.
Les jambes croisées et concentrée sur sa lecture.
Elle portait une chemise en lin d’un marron neutre et un pantalon porte-feuilles foncé.

Vladislaw était assis à la table, juste à côté, il lisait un livre et était concentré.
Les cheveux raides et mi-longs, châtins foncés et lâchés.

C’était calme.

Flora revint avec Nao et une autre personne.
Une invitée inattendue.
Chloé se doutait qu’il y avait quelque chose d’étrange mais rien de dangereux, elle fut à moitié surprise de voir une nouvelle tête.

La pièce était dans une cave mais l’aménagement avait été fait de manière que ce soit accueillant et agréable. La lumière n’était pas très forte, une aura tamisée mais assez pour voir et lire, était présente.
Ainsi, Aurore put distinguer plus précisement les personnes autour d’elle.
La rousse devant elle avait les cheveux lâchés, ondulés qui s’arrêtaient juste au niveau des épaules.
Elle avait un sourire radieux, ses taches de rousseur lui donnaient un air très chaleureux. Elle portait un T-shirt simple noir et un jeans droit cintré à sa taille.
Sa peau était blanche.

Le jeune garcon asiatique portait un parka et un jeans. Ses cheveux bruns foncés étaient courts jusqu’aux oreilles et il avait une sorte de frange.
Il avait l’air de froncer des sourcils et ne souriait pas du tout. Le regard fuyant et regardant principalement le sol. Son attitude n’était plus du tout la même depuis qu’ils étaient ici.

Chloé releva la tête et les observa arriver.
Flora vint s’installer à côté d’elle tandis que Nao et Aurore restèrent debout en face d’elle.
Nao n’osait pas encore s’exprimer ou cherchait ses mots, de peur d’avoir fait une bêtise.
Elle se leva, et salua l’invitée.

— Bonjour, je m’appelle Chloé. Installe-toi et mets-toi à l’aise, sois la bienvenue.
Commença t-elle, pour ouvrir la conversation.

Elle salua Nao de la tête, et il répondit timidement du même mouvement.
Ils prirent place sur le canapé, Aurore en face de Chloé et des autres.
Elle tremblottait et était intimidée.

*

Aurore s’était installée sur le canapé, en face de Chloé.
C’était une jeune fille qui devait à peine être plus âgée qu’elle-même, les cheveux bruns sombres, très longs et attachés en queue de cheval.
Elle avait une voix rassurante, douce et un visage amical. Elle lui souriait légèrement pour la mettre à l’aise et semblait remarquer le moindre détail.
C’était étrange pour Aurore qu’une fille peut-être plus jeune qu’elle semble si attentionnée et responsable.
C’était le terme. Chloé semblait diriger.
D’une manière très subtile mais Aurore avait remarqué que les autres personnes s’adaptaient en fonction d’elle.
Elle n’avait pas pu s’empêcher de tremblotter. Elle ne savait pas si c’était le froid ou l’émotion, mais elle était encore secouée par les derniers évènements qu’elle avait vécu et s’asseoir enfin l’avait fait redescendre sur terre.

— Flora, est-ce que tu peux nous préparer une boisson chaude, s’il te plait ? Nao… peux-tu apporter un plaid ?

Ils s’excécutèrent même si Flora contesta.

— Et Vlad’ ?!

— Laisse-le tranquille, il lit.
Répondit Chloé tout simplement, sans aucune animosité et Flora ne chercha même pas à argumenter. À croire que c’était juste pour le principe.

Chloé sourit à nouveau à son invitée et s’installa en face.

— Excuse-moi, comment appelles-tu ?
— Au… Aurore…
— Enchantée. Je suis Chloé. Je vois que tu as fait la connaissance de Nao et Flora. Le silencieux là-bas, c’est Vladislaw. Nous ne sommes que quatre ici mais tu n’as rien à craindre de nous.

Nao revint et Chloé lui fit un signe de tête pour qu’il la donne à Aurore. Il obéit, même si le coeur n’y était pas, il la posa sur les épaules de la blonde, qui le remercia après s’être emmitouflée dedans. Et il vint s’asseoir à côté de Chloé.

— Profitons que Flora ne soit pas encore revenue. Nao, peux-tu me raconter ce qu’il se passe… ?

*

Après des explications succinctes, Chloé posa d’autres questions à Aurore.

— Comme Nao te l’a dit, nous sommes ce qui se rapproche des vampires… tu n’as rien à craindre de nous, cependant, je crains que tu nous cache ta véritable identité. Pourquoi es-tu prise pour cible… ?
Demanda Chloé, songeuse.

Entre temps, Flora revint avec les boissons chaudes, du thé, du chocolat chaud, du café. Qu’elle posa sur la table basse et vint également s’asseoir à côté de Chloé.
Aurore était intimidée mais elle devait leur dire.
Elle leur avoua son identité et les circonstances de sa présence ici.

— Je comprends mieux… j’imagine que tu souhaiterais ne pas revoir tes parents mais je crains qu’on n’ait pas le choix… ils vont devoir venir te récupérer ici. C’est le plus sûr.
— Et pour mon cousin… ?
— S’il suffit juste de le prévenir pour qu’il ne s’inquiète pas… je pense que Flora pourra s’en charger. Elle pourra se faire passer pour une amie chez laquelle tu es en ce moment.

— Pas de problème !
S’exclama Flora, qui acceptait sa mission de manière joyeuse.

Chloé pensa intérieurement que cela n’était pas une bonne idée d’envoyer Vladislaw et encore moins Nao, pour rassurer le cousin d’Aurore.

— Je vais m’occuper d’envoyer un message à tes parents.
Rassura Chloé, mais Aurore semblait perdue dans ses pensées.

Aurore s’imaginait tous les scénarios possibles et la confrontation avec ses parents la paniquait.
Qu’allaient-ils penser ? Qu’allaient-ils lui dire alors qu’elle avait techniquement fugué.
Sans parler de ses cheveux. Personne n’était au courant. Qu’allaient être leurs réactions ?

Chloé comprit son état et n’en dit pas plus, elle laissa Aurore le temps nécessaire et voyant qu’elle ne l’écoutait déjà plus, trop prise par ses pensées.

— Laissons passer la nuit, on en rediscutera demain. Nao, est-ce que tu peux prêter ta chambre, s’il te plait ?
— Euh… oui…
— Je te laisse l’accompagner, je pense qu’elle a besoin de repos.

Nao s’excécuta.

*

Aurore resta silencieuse, et s’assit sur le lit puis se laissa tomber sans se déshabiller. Elle enleva tout de même ses chaussures et se recroquevilla sur elle-même, dans la petite couverture qu’elle avait sur ses épaules.
Elle appréhendait terriblement les retrouvailles avec ses parents. Il était trop tôt, elle n’était pas prête. Elle ne savait pas ce qu’elle devait leur dire.
Elle essayait de réfléchir à ses excuses, en fermant les yeux, la fatigue de la journée lui retomba dessus et elle s’endormie.

Nao n’était pas spécialement joyeux de céder sa chambre, il jeta un dernier coup d’oeil derrière lui lorsqu’il ferma la porte.
Il ressentait tout de même un peu de peine pour Aurore, il ne comprenait pas trop pourquoi mais elle avait l’air tellement désemparée et perdue qu’il n’eut pas le coeur à refuser, de plus que Chloé lui avait demandé cette faveur.
Il comptait occuper le canapé pour la nuit lorsqu’il sentit une main sur son épaule.
Chloé lui sourit chaleureusement, comme elle l’avait toujours fait.

— Tu peux dormir avec moi ce soir.
Dit-elle tout simplement.

Le coeur de Nao fit un bond, il ne s’attendait pas à cette proposition, et ne sut pas quoi répondre. Il était resté figé.

— Ah… peut-être que tu préfères pas… je peux comprendre que tu aies passé l’âge… enfin, pas de problème.
Chloé se ravisa, en voyant la non-réaction de Nao, à moitié gênée d’avoir pensé que ça lui ferait plaisir.

— N-non ! Avec plaisir ! C’est juste… ça m’a surpris.
Répondit Nao, précipitemment en voyant que cette occasion allait lui filer entre les doigts.

Il était trop timide pour demander cela de lui-même à Chloé. Il savait qu’elle n’aurait jamais refusé mais il avait cette peur de déranger, de la forcer parce qu’elle lui refusait rarement ses demandes.
Il savait que Flora n’était pas du genre à se gêner et se faufilait régulièrement dans la chambre de Chloé, parfois même sans demander, mais il n’était pas comme cela.
Il la respectait trop. Il l’admirait trop.
Que ce soit elle qui lui propose cela, c’était presque trop beau.

— Ah… j’avais peur de te forcer la main… on a rarement l’occasion de dormir ensemble, alors je me disais que prêter ta chambre à notre invitée était une bonne excuse… j’espère que tu ne m’en veux pas trop…
S’excusa Chloé, un peu embarrassée.

C’était si rare de la voir avec cette expression que Nao en eut le coeur serré.
Si elle savait à quel point cela lui faisait plaisir.
Il avait tellement de mal à exprimer ses émotions, ses sentiments. Il aurait eu envie de lui dire qu’il était prêt à céder sa chambre pour plus longtemps si cela lui permettait de passer plusieurs nuits en compagnie de Chloé, mais il savait que ces mots ne sortiraient pas de sa bouche.

— Au contaire…
Dit-il, cachant sa joie.

— D’accord.
Dit-elle, rassurée que cela ne l’avait pas froissé.

— Je dois aller envoyer un message à ses parents, tu peux m’attendre dans ma chambre, si tu veux. Je fais vite.

Nao acquiesça et la regarda s’éclipser avant de se rendre dans sa chambre.
Le souffle coupé, son coeur battait plus vite et plus fort, devant la porte, il mit un petit moment avant d’appuyer sur la clanche et pénétrer dans cette pièce.
Il avait honte de lui-même. C’était ridicule que cette situation le mette dans cet état.
Il était déjà venu mais qu’il soit cette fois invité par elle, c’était différent.
L’odeur, la décoration, les affaires de Chloé.
Elle lui était tellement précieuse.
Son souffle était plus court, il lâcha un long soupir d’exaspération de sa propre personne.
Cela faisait déjà quelques années qu’ils vivaient ensemble, mais cette passion et cette admiration, non. C’était une forme d’amour et de reconnaissance qu’il avait envers elle. Cela ne s’était pas éteint.

Il s’assit sur le rebord du lit, les mains posées sur la couverture. Le coeur battant encore la chamade.

— Je suis ridicule. Calme-toi, bon sang !
Se dit-il à lui-même.

*

Chloé réfléchit à un message assez neutre à envoyer.

[Votre fille est actuellement sous notre protection, soyez les bienvenus.]

— Ca me semble assez bien… je signe, ils devraient savoir qui nous sommes rien qu’avec ces informations. J’espère…

*

Flora était allée sonner chez le cousin d’Aurore, elle lui avait donné l’adresse et le nom de l’interphone.
Il lui avait ouvert et elle était montée juste devant la porte de l’appartement, qui était restée entreouverte.
Il pensait que c’était Aurore et lorsqu’il vit entrer Flora, il était plus que surpris.

— Bonsoir… excusez-moi, je suis une amie d’Aurore.
— B-bonsoir… ?

Elle ne s’attendait pas à trouver un si bel homme, déjà que l’immeuble dans lequel il habitait était plutôt chic, il avait les cheveux longs fins et lâchés, un simple T-shirt à manches longues et un pantalon de survet confortable. Il ne cacha pas sa surprise lorsqu’il vit que ce n’était pas Aurore.

— Erm… elle m’a fait faire passer le message qu’elle ne se sentait pas très bien, du coup elle est chez moi pour la nuit…
— Est-ce que tout va bien… ?
— Oui oui… problème de filles…
— Ah, d’accord… merci et désolé que vous ayez dû faire le trajet. Elle est têtue de ne pas vouloir utiliser de téléphone…
— Aucun souci, je n’habite pas très loin. Euh… je vais y aller, bonne soirée.

Flora ne pensait pas qu’elle serait aussi intimidée.
Jasper n’eut pas le temps de lui demander quoi que ce soit, qu’elle était déjà partie.

2021.06.07

Moment [RolePlay]

Chloé était de retour et elle le vit tendu sur le lit, assis et perdu à moitié dans ses pensées.
Après s’être apprêtés pour se coucher, tous les deux en tenue de nuit. Il était un peu moins stressé et s’allongea près d’elle. L’invitant à se rapprocher d’elle.

— Ca fait longtemps que nous n’avons pas eu de moment ensemble ainsi.
— O-oui…
— C’était vraiment très généreux de ta part d’aider cette jeune fille.
— Je… je ne pouvais pas la laisser mourir sous mes yeux… j’étais au mauvais endroit et au mauvais moment…
— Ne dis pas ça.
— Je suis désolé de l’avoir amenée ici…
— Ne le sois pas. Au contraire, tu as bien fait. Tu me connais, j’aurais fait la même chose sans hésiter. Puis elle n’a pas l’air d’une simple mortelle. Ton intervention va peut-être nous permettre de nous entourer d’un puissant allié.

Il était gêné. Allongé ainsi à côté de celle qu’il aimait et respectait de tout son coeur.
Il aurait souhaité l’étreindre, il restait muet en ne sachant pas quels mots prononcer. Ni oser formuler son souhait.
De quoi pouvaient-ils parler ? Avait-il des choses intéressantes à lui dire ? À chaque fois son coeur s’emballait et il perdait ses moyens.
Lui qui pensait être plus qu’un adulte depuis le temps, ses émotions lui rappelaien à quel point il ne restait qu’un enfant.

— Ne sois pas si tendu en ma présence. N’hésite pas à me dire ce que tu penses…
Dit Chloé avec une voix douce et rassurante en le voyant lutter intérieurement.

Elle tenait à toutes ses créations et Nao ne faisait pas exception. Son amour était sans faille, et elle était patiente.
L’amour que lui portait Nao était cependant différent.

— Est-ce que j’aurais fait quelque chose qui te déplaît… ? Ou as-tu une demande à me faire… ?
Essaya t-elle de l’aider à formuler sa demande.

— Non, pas du tout ! C’est… je n’ai pas l’habitude de pouvoir dormir avec vous… je suis ému…
— Tu sais que tu n’es pas obligé de me vouvoyer… nous sommes une famille… cette marque de respect n’est pas obligatoire…
— Je… je n’arrive pas à m’y faire. Je vous respecte trop…
— Je… c’est vrai que je continue à faire pareil avec mon maître… je ne peux pas te forcer à ne pas le faire… excuse-moi.
— Ne vous excusez pas…

Ils s’étaient tournés pour se faire face l’un à l’autre.

— Oui… ?
Demanda Chloé.

— Est… ce que… je peux vous serrer dans mes bras… ?

— Bien sûr, avec plaisir.
Répondit-elle à moitié surprise.

Il s’approcha et l’enlaça de ses bras. Et il resserra l’étreinte timidement.
Elle referma ses mains derrière sa tête et lui caressa les cheveux.

— Merci de rester encore à mes côtés…
Murmura t-elle.

— Non… merci aà vous de me garder à vos côtés… un jour… je vous le revaudrai…
— Tu n’as pas besoin de ça. Je suis déjà comblée par ce que tu as accompli jusqu’ici…

Il ne réussit pas à répondre à ses mots. Il enfouit son visage dans son torse et la serra un peu plus fort dans ses bras, ce qui eut pour réaction un petit gloussement de Chloé, qui l’embrassa sur le dessus de sa tête.

*

Même si son coeur ne battait pas, même si la température de sa chair était basse, il ressentait une chaleur douce à son contact et son visage enfouit dans sa poitrine.
C’était une sensation de bien-être.
Et la caresse délicate qu’elle lui adressait sur sa tête et sur ses cheveux le rassurait, parce que cela voulait dire qu’elle ne le repoussait pas.
Il était conscient que ses sentiments étaient d’une autre nature vis à vis d’elle, mais cela le comblait déjà qu’elle ne le rejette pas.
Il profitait de ce moment rare et privilégié qu’il avait la chance de pouvoir partager avec elle, en cet instant précis, il aurait souhaité que le temps s’arêtte pour eux, pour une petite éternité.

2021.05.16

Avertissement [RolePlay]

— Maître, je suis rentrée.

Elle s’annonça à son bureau.
Elle toqua à la porte et entra sans attendre de réponse de sa part. Depuis les nombreuses décennies de service, elle avait ce privilège. Elle faisait partie de son cercle le plus proche, même plus proche que son propre majordome qui était son plus ancien fidèle.
Elle savait qu’elle pouvait s’autoriser certains écarts.
Et c’est ce pourquoi elle était sa favorite.
Elle sourit et s’inclina gracieusement alors qu’il était encore de dos. Il n’avait pas besoin de se retourner pour deviner son expression et son action.

Il souriait aussi, intérieurement.
Il s’était mis à attendre impatiemment son retour régulier. Ce qui le faisait sortir de sa routine.
Il avait besoin d’elle pour son moral mais aussi pour certaines tâches. Il lui arrivait parfois d’être débordé et il ne pouvait confier certaines actions qu’à elle ou des personnes de confiance qui étaient que trop peu nombreuses à ses côtés. Si seulement elles n’étaient pas occupées à d’autres tâches tout au moins aussi importantes.
Il huma l’air et s’approcha enfin d’elle pour l’observer.
Elle portait une robe qu’il n’avait pas l’habitude de voir. Une coupe contemporaine de là où elle vivait et il balada son regard sur cette forme et ce tissu inédit à ses yeux avant de poser ses pupilles sur son visage.
Il était très proche d’elle, presque trop proche. Il l’effleurait sans la toucher, il attrapa quelques mèches rebelles qui s’étaient échappées de son chignon tressé qui cachait sa longue chevelure.

— Est-ce que ma tenue vous plait, cher maître ?
Sourit-elle, satisfaite d’elle-même.

C’était une robe longue et sombre qui contrastait avec la blancheur surnaturelle de sa peau, qu’on pouvait apprécier dans la lumière de ce bureau.
Le tissu était léger, fluide et un peu plus ample au niveau des manches mais le tout était élegant.
Le bas retombait juste au niveau des pieds.
Il était intrigué qu’une tenue comme celle-ci soit considérée comme un habit alors que la matière et la coupe aurait laissé penser à un vêtement de nuit.
Puis elle amenait avec elle l’odeur de la ville. Une odeur différente d’ici. Une odeur riche en différents materiaux de construction, de la pollution, de parfums en tout genre, de chlore. Et ce nétait qu’une liste exhaustive.
Elle prenait soin à toujours porter une tenue différente lorsqu’elle venait lui rendre visite.
Il n’arrivait pas à savoir si c’était par pure coquetterie ou pour lui faire plaisir en lui apportant une brise de nouveauté. Ou peut-être bien les deux. Dans les deux cas. Son entreprise marchait assez bien pour qu’elle puisse s’offrir cette petite lubie.

— Ce n’est pas mal, en effet…
— Vous m’en voyez ravie. Cependant je crains que je ne vais devoir me changer pour accomplir mes tâches de manière officielle.

Il la dévorait des yeux mais il ne tenta rien de déplacé.
Même si l’envie était forte, il y avait une tension palpable entre les deux personnages.
Elle s’inclina une nouvelle fois et confia son sac à dos à son interlocteur, comme à son habitude.
Il contenait ses affaires personnelles qu’elle n’aurait pas pu laisser dans sa chambre de bonne, des effectifs précieux et d’une grande valeur comme son téléphone et un carnet de notes.
Il y avait également dans une sacoche en tissu qui contenait ses sous-vêtements de rechange, mais ces derniers étaient moins importants. Elle rentrait avec le stricte nécessaire.
Il accepta le sac et le posa dans un tiroir de son bureau qu’il referma aussitôt. Après qu’elle y est extirpé son téléphone qu’elle garda auprès d’elle.
Au cas où, on cherchait à la contacter pour une urgence.

— Puis-je savoir les tâches que j’aurais à effectuer ? Je pense m’y atteler sans perdre une minute, dès que je serai présentable.

Il lui tendit une feuille, où y était annoté les nombreuses missions.

— Cela m’aiderait grandement si tu peux te charger en partie de cela… bien entendu, dans la mesure du possible.

Elle lui jeta un regard de défi, l’air de lui demander s’il la sous-estimait mais il ne se prit pas à son jeu.
Il ne voulait pas trop lui en demander non plus.
Il savait qu’il devait déjà être reconnaissant qu’elle rentre le voir et l’aider aussi souvent. Rien ne l’obligeait de revenir jusqu’ici alors qu’elle avait pris son envol en choisissant sa propre voie et en s’entourant de ses propres « protégés ».
Il lui lança plutôt un regard désolé, qui ne passa pas inaperçu.
Elle baissa ses épaules légèrement et le rassura.

— Je ferai ce qui est en mon pouvoir pour vous satisfaire, maître.

Elle inclina son visage de manière très subtile, et reprit son air sérieux. Elle était sincère.
Elle retourna dans sa chambre pour changer de tenue, laissant sur le cintre la robe qu’elle portait auparavant.
Satisfaite, elle vérifia encore une fois si la tenue qu’elle portait était bien mise, et elle y rangea son téléphone portable dans la poche de la jupe.
Elle avait demandé à ce qu’on lui ajoute une poche de la taille de son téléphone au niveau des plis et cela avait été fait avec soin.
Elle reprit la feuille des tâches, le relut et analysa par lesquelles elle devait commencer.
Tout d’abord, elle devait saluer Bréto et lui demander si certaines de ces tâches avaient été déjà effectuées, puis si d’autres avaient été ajoutées sans que le maître ne soit encore au courant.
Elle ne l’avait pas encore croisé depuis qu’elle était arrivée, même s’ils avaient mutuellement senti leur présence au moment où elle avait pénétré la demeure.
Leur relation d’antant n’était pas à nier et ils avaient gardé une certaine sympathie l’un pour l’autre même si cela n’avait pas été plus loin, pour différentes raisons.
Ils s’étaient aimés et c’était tout ce qu’il y avait à savoir. Certains employés se doutaient de cette relation ou faisaient juste circuler des rumeurs sans savoir ce qu’il en était réellement. Ils étaient discrets.
D’autres aimaient imaginer qu’il se passait encore quelque chose entre ces deux personnages vraiment uniques en leur genre, fantasmer sans y croire.
Ce n’étaient que des suppositions et ils en étaient conscients et s’amusaient à laisser courir ces rumeurs.
Après tout, cela ne faisait de mal à personne, et ils en jouaient parfois parce qu’ils savaient qu’ils étaient observés, qu’on écoutait le moindre de leurs échanges pour confirmer ou écarter les hypothèses.
Alors elle se dirigea vers Bréto. Elle savait exactement où il était grâce à son odeur qu’elle connaissait plus que bien.
Il la sentit arriver et il ne feinta même pas la surprise.
Ils s’inclinèrent en même temps pour se saluer.

— Chloé.
— Bréto.

Il était en train de donner des ordres à d’autres petites mains, lorsqu’elle arriva vers lui.
Elle attendit patiemment qu’il ait fini.
Elle lui devait un certain respect, du moins en public, parce qu’il était techniquement son supérieur dans la hiérarchie des employés, même si son statut de favorite l’octroyait un statut au dessus.
Elle savait se tenir et quand reconnaitre son statut, elle n’avait rien à gagner à piétiner Bréto, après tout.

— Vous avez fait bon voyage ?
— Oui, merci de vous en enquérir. Veuillez me pardonner, je vais aller droit au but, le maître m’a confiée cette liste et j’aurai besoin de votre avis avant de commencer. D’après ses dires, il est possible que je ne puisse pas tout accomplir aujourd’hui… vous savez que notre but commun est de le satisfaire… puis-je vous demander de m’accorder quelques précieuses minutes de votre temps… ?

Il écouta ses paroles et il sourit. Il appréciait son professionnalisme. Elle avait fait du chemin depuis son arrivée et il était fier de ce qu’elle était devenue aujourd’hui. Quel dommage qu’elle ait préféré quitter le domaine, se disait-il intérieurement.

— Bien entendu. Laissez-moi y jeter un oeil. Si vous permettez ?

Il s’approcha d’elle et tendit sa main pour attraper le papier. Il se positionna près d’elle pour qu’elle puisse lire en même temps que lui, lorsqu’il pointa quelques lignes.
Il pouvait ainsi profiter de son odeur particulière et elle joua le jeu en se rapprochant également de lui, se penchant un peu plus pour lire.
Les autres employés les regardaient, et certains attendaient qu’ils aient fini pour recevoir la suite des ordres du majordome.

— Je vois que le maître a rédigé ici les dernières urgences. Je n’ai pas d’autres commentaires à faire. Je m’en vais bientôt dans la partie de cette mission pour un autre sujet.

Il acquiesça et pointa du doigt une ligne en particulier.

— Je pense que je peux me charger de ce que le maître désire sans aucun problème. Cela devrait vous enlever une écharde du pied.
Il lui sourit.

— Je lui ferai mon rapport en même temps que pour le reste. Soyez sans crainte.
— Merci infiniment. Sur ce… au plaisir de converser bientôt avec vous, lorsque nous aurons moins de pain sur le plancher.

Elle s’inclina rapidement et s’en alla sans demander son reste. Elle était pressée. Il ne lui en tint pas rigueur mais regarda sa silhouette s’éloigner un court instant avant de retourner à ses petites mains.
Elle regroupa les actions par secteur et elle s’enquit des différentes situations, tout en guidant les tâches qui devaient être réalisées.
Dans certains cas c’était à elle de dialoguer avec certains invités spéciaux voire dangereux sans les froisser et il savait qu’elle était qualifiée pour cette tâche ou corvée.
Il avait moins la patience de traiter avec ces derniers et Bréto était trop intimidant pour faire une bonne impression.

*

— Bonsoir…
Dit-elle en s’inclinant.

Il était déjà le début de la nuit, le temps s’était écoulé si vite.

— Oh, quelle charmante surprise…
Il se retourna alors qu’il était assis oisivement dans un divan.

Il lui fit signe d’approcher.

— Vous me flattez… que puis-je faire pour vous satisfaire, cher invité ? Avez-vous des requêtes ?

Elle ne tourna pas autour du pot et elle essaya d’écourter son moment avec cet étrange personnage. Parfois elle ne comprenait pas pourquoi son maître acceptait d’offrir l’hospitalité à certaines personnes.
C’est ce qu’elle se disait jusqu’à ce qu’elle se rappelle de sa propre arrivée et de sa générosité envers sa petite personne.
Il l’observa à la lumière du foyer qui crépitait et se redressa.

— Eh bien. Vous êtes une délicieuse créature, à croquer.

À ces mots il découvrit ses dents beaucoup trop aiguisées et nombreuses.
Pas étonnant que personne n’ose venir lui parler.
Elle attendit qu’il daigné aborder sa question, patiemment, sans lui montrer une once de peur.
Voyant qu’elle n’était pas intimidée, il adapta son attitude et reprit un comportement à peu près normal.
Du moins, il la laissa croire, et il se leva nonchalamment pour se mettre à son niveau et s’avança vers elle, se rapprocha dangereusement.
Elle ne recula pas, et attendit patiemment.
Son attitude commençait un peu à l’agacer. N’avait-elle pas peur qu’il la blesse ?
Alors il la poussa, avec force et vitesse, tout en la soulevant par le cou et la plaqua contre le mur.
Etonnemment le bruit fut étouffé. Il s’arrêta à quelques centimètres avant que son dos ne touche la surface dure.
Elle ne réagit pas plus.
Elle n’était pas encore blessée, juste secouée.
Elle fut surprise mais elle ne réagit pas.
Il cherchait à la pousser à réagir, il s’amusait de savoir qu’elles étaient ses limites et son sourire malicieux était plus que révélateur.
Il passa sa main entre ses cuisses, soulevant le drapé de sa robe et elle ouvrit sa bouche.

— Je ne vous conseille pas de continuer.
Sa voix était neutre.

C’était un avertissement et il le savait mais il était trop imbue de lui même pour craindre quoi que ce soit. Jusqu’ici, il n’avait pas posé sa main sur d’autres serviteurs, mais celle-ci était particulière, il le sentait.
Elle avait une prestance et elle imposait quelque chose qu’il n’arrivait pas à définir avec des mots.
Cela l’arrêta un seconde, curieux il demanda.

— Ah bon… ? Qu’est-ce que je risque ?
Dit-il en penchant légèrement sa tête, comme pour s’étirer.

— Je doute que mon maître apprécie.
Sa voix était détachée, comme si ses actions ne la concernaient pas alors qu’il avait sa main contre sa chair. Elle ne frissonnait même pas.

Sa peau était lisse, douce et fraîche.
Il réfléchit un instant.
Que risquait-il s’il s’attirait les foudres du comte, après tout ? Il ne serait plus le bienvenue ici.
Et cela pourrait être un inconvénient parce que jusqu’ici, il était bien reçu et on ne lui avait rien demandé.
Peut-être que s’il commettait une erreur, cela leur serait bénéfique de ne plus l’accueillir de cette manière.
Effectivement, il n’avait qu’à y perdre.
Est-ce que cette servante vallait le prix de son désir ?
Il ne savait pas à quel point le maître des lieux tenait à elle, et s’il le savait, il ignorait s’il serait de taille à se battre pour défendre sa vie.
Pour l’instant, ses manières étaient questionnables mais il n’avait pas encore commis l’irréparable.
Il pesa le pour et le contre et finit par relâcher sa proie, en reculant d’un petit pas et l’observant, immobile mais gracieuse, comme si de rien n’était.
Elle lui sourit.

— Si vous en avez fini avec ma personne. Je vous prierai de ne pas intimider le reste du personnel.

Elle s’inclina et baissa légèrement la tête mais ses yeux se posèrent un instant sur son visage pour en observer son expression.
Il la vit.
Il vit le danger dans son regard.
Elle était docile jusqu’à présent mais son comportement et son aura laissa deviner qu’elle était dangereuse. Cela lui glaça le sang.
Elle se serait peut-être laissée faire mais au moindre ordre de son maître, elle aurait pu lui ôter la vie.
Il ne dit rien et elle se retira, disparaissant dans l’ombre de la pièce jusqu’à ne plus laisser aucune trace de présence.
Il put reprendre sa respiration.
Ses lèvres formèrent un sourire crispé et il se jeta assis sur le divan. Soulagé d’avoir pris la bonne décision.

*

[Mauvais choix] La vie se devait d’être vécue pour les désirs et il laissa sa soif de chair le guider. Ignorant l’avertissement plutôt clair de la servante.
Il remonta sa main et utilisa même son autre main pour dégager les épaules de la femme devant lui.
Il appuya son corps contre le sien et son visage s’était enfoui dans la nuque de sa proie. Il humait et léchait la parcelle de sa peau à cet endroit découvert.
Quel délice, cela confirmait sa supposition.
Il ne se posa pas plus de questions. Emporté par sa fougue, il se débarassa de son pantalon et il retira la culotte de la servante qui ne broncha pas.
Elle ne fit aucun bruit ni aucun mouvement.
Ce qui n’eut pas l’air de le déranger.
Au moins, elle ne criait pas, se dit-il.
Et il la pénétra, tout en la caressant.

— Avez-vous fini ?
Demanda t-elle, alors qu’il venait de jouir en elle.

Ce qui le surprit.
Sa voix était aussi neutre qu’au départ.
Il venait de faire son affaire et il était encore essoufflé de son effort. Contrairement à elle. Maintenant que son désir s’était consummé, il pouvait faire un peu plus attention à ses expressions.
Elle semblait légèrement ennuyée ou exaspérée.
Il ne lui répondit pas tout de suite et elle ne le pressa pas. C’était une bonne servante.
Il finit par se retirer et se rhabiller, la laissant décoiffée et sa robe froissée et salie.
Un sein était visible et son chignon n’était plus qu’une tresse défaite qui lui arrivait jusqu’à la taille.
Malgré son apparence débraillée, elle arborait une expression neutre et elle lui sourit comme si de rien n’était.
Un sourire qui lui fit froid dans le dos.

— C’est bon. Tu peux partir.
Dit-il enfin, en lui faisant un signe de la main pour qu’elle débarrasse le plancher.

— Si tel sont vos derniers mots…
Prononça t-elle.

Et il ne se doutait pas de la portée de ces paroles.
De l’autre côté de la porte.
Elle put lâcher un soupir d’exaspèrement.
Elle essaya de remettre rapidement les manches de sa tenue sur ses épaules, cachant sa poitrine modeste.
Elle avait remis sa culotte maintenant souillée et elle sentait encore la substance qui était en train de couler sur le long de sa cuisse intérieure.

— Je crois que je vais être bonne pour tout mettre à laver…

Elle pouvait laisser cours à son humeur lorsqu’elle était seule.
Il fallait maintenant qu’elle fasse son rapport, et elle espérait du fond de son coeur que personne d’autre n’avait été victime de cet invité bien imprudent.
C’était la règle ici. Tant qu’on ne commettait pas d’action répréhensible, il n’y avait pas d’action prise pour mettre un invité hors d’état de nuir.
En agissant ainsi avec un témoin, il signait peut-être son arrêt de mort.
Elle n’eut pas le temps d’aller se laver ni de se changer. Il fallait qu’elle aille faire son rapport au maître, pour qu’il puisse agir en conséquence où lui ordonner une action.

Bréto avait senti ce qui s’était passé mais ne pouvait pas agir sans l’ordre officiel du maître.
Il n’était qu’un majordome.
Ses sentiments et son respect pour Chloé l’aurait fait étriper cet homme, cependant elle avait eu raison de le laisser se mettre en porte à faux.
C’était une preuve de son comportement.
Mais sa rage bouillonnait et il serra son poing assez fort pour que les marques saignent dans sa paume, lorsqu’il la croisa dans les couloirs, sur le chemin du bureau du maître.

Elle lui sourit de manière professionnelle. Débraillée comme elle l’était.
Des marques de crocs sur la chair de son cou.
Elle ne fit pas de remarques et lui non plus, et elle continua son chemin.
Elle jouait un rôle nécessaire.
N’importe qui aurait pu l’accuser de menteuse, et qui aurait accordé une quelconque importance aux paroles d’une servante ?
Elle ne s’était pas lavée et elle constituait un preuve indéniable.
Elle frappa à la porte et entra dans le bureau.
Le comte sentit l’odeur et se doutait de quelque chose, mais lorsqu’il la vit, son coeur se resserra dans sa poitrine et il apparut devant elle, en colère.
En colère contre lui-même d’avoir imposé ce rôle à sa protégée, et contre cet énergumène qui n’allait pas rester longtemps dans son domaine.
Il avait un mauvais pressentiment lorsqu’il était arrivé mais il ne pouvait rien faire tant qu’il n’avait pas mal agi. Il jouait avec son autorité et profitait de son hospitalité. Il savait que s’il retournait ses propres règles contre lui, il porterait le mauvais rôle et cela pouvait porter préjudice au domaine. Alors il ne pouvait qu’attendre.
Chloé était toute désignée mais il souffrait de la voir ainsi.

— Maître, je viens faire mon rapport.
— … Ma précieuse Chloé… comment a t-il pu…

Sa voix tremblait et il n’osait pas la toucher, de peur de la briser. Alors que rien en elle ne laissait penser qu’elle était affectée par ce qu’elle venait de vivre.

— Je vous confirme que cet invité a-
— N’en dis pas plus. Tu es recouverte de preuves. Il ne pourra nier et j’emporte une partie de lui avec moi. Excuse-moi…

Il leva sa robe délicatement pour récupérer avec le bout de ses doigts le reste de liquide seminal qu’il y avait encore à l’intérieur d’elle.
Contrairement à auparavant, elle réagit et eut un petit spasme.
Le contact de sa peau sur la sienne lui donnait toujours cette sensation de courant électrique qui lui parcourait le corps.
Elle se contrôla pour ne pas broncher.
Il s’approcha d’elle pour que son visage puisse s’enfouir dans ses larges épaules, et la stabiliser.
Son geste l’avait surprise.

— Je t’en demande toujours trop…
Murmura t-il.

— … Ce n’est rien, je vous assure.
Répondit-elle, décontenancée mais rassurée de sa présence si proche.

Son contact même léger.
Mais ses mots la touchaient au fond de son être et elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Qu’elle réprima aussitôt.

— Attends-moi, je reviens tout de suite.
Dit-il avant de sortir de son bureau. La laissant seule.

Elle reprit sa respiration.
Bréto ne tarda pas à frapper à la porte et entrer la rejoindre.
Il la serra dans ses bras aussitôt la porte refermée.
Il connaissait son histoire et il était affecté par ce qui venait de se passer.

— Ca va, Bréto, je t’assure. Ne t’inquiète pas comme ça… tu vas me briser les côtes si tu continues…

Ce fut elle qui dut le rassurer et le consoler.
Il s’agenouilla à cause de sa différence de taille et il la regarda dans les yeux, compatissant.

— Je… tu es sûre ? Je…
Il n’arrivait pas à trouver les mots mais elle lui sourit chaleureusement, ce qui était étrange vu à quoi elle ressemblait.

— Oui. Ne t’en fais pas, vraiment. Tu devrais peut-être aller voir comment le maître s’en sort… je suis un peu inquiète mais il m’a demandée d’attendre ici…. puis s’il a finit, peut-être qu’il aura besoin de toi.
— Je sais. Je comptais le suivre mais j’avais besoin de passer te voir avant.

Il ferma les yeux et se releva.

— Je vais y aller alors…
— Oui. Tu me raconteras ?

Il lui sourit et sortit du bureau.

*

Le comte arriva devant la suite de l’invité et il frappa quand même avant d’entrer.

— Bonsoir cher comte.
Dit-il, allongé dans le divan.

— Bonsoir. La moindre des choses serait de montrer un minimum de respect pour votre hôte.
Dit-il, la voix neutre mais avec une certaine force, qui fit se redresser l’homme désinvolte.

Il se leva et vint le saluer avec une révérence, qui était peut-être trop exagérée.
Le comte ne releva pas.

— Que me vaut votre présence, monsieur le comte ? D’habitude je ne reçois la visite que de vos serviteurs.
— Justement, je viens vous parler d’une de mes servantes que vous avez… violé.
— Je ne vois pas de quoi vous parlez. Je ne fais qu’offrir du bon tempsà ces belles fleurs.
— Peut-être que c’est le cas avec d’autres de mes employées mais l’une d’entre elles n’était pas du même avis.
— Cela m’étonnerait que j’eusse bafoué son consentement. Avez-vous la moindre preuve ?

Il tendit ses doigts qui étaient encore imprégnés de son sperme et il utilisa la magie pour le soumettre.
Il se retrouva à genoux. Plié en deux par une faiblesse extrême.

— Qu’avez-vous à dire pour me convaincre ?
— Attendez, je peux tout vous expliquer. Elle m’a séduite-

À son mensonge, sa gorge brûla et il mit ses mains à son cou comme si cela pouvait soulager ce mal.

— J’ai peut-être omis de vous dire que les mensonges se retournent contre vous. Vous disiez ? Ma servante vous a séduit… ? Cela peut arriver et si cela était vrai, je n’aurais pas à intervenir…
— Non… arrêtez… je ne savais pas qu’elle était sous vos ordres directs…

Il se mit à tousser et cracher du sang, ainsi que saigner du nez.

— Vous êtes certain ? Ne vous a t-elle pas mis en garde… ?

Il regardait le corps se tortiller de douleur comme si c’était un ver de terre. Le fluide rouge était en train de tinter le tapis mais c’était le dernier de ses soucis.

— Si… si… je… je suis désolé… pardonnez-moi…

Sa voix était rauque, tel un dernier souffle. La douleur devait être un tel supplice que cela lui avait coupé l’envie de mentir.
Contrairement à ce qu’il pouvait penser, cela n’arrêta pas son martyre, mais sa peine ne s’intensifia pas, ce qui était déjà une bénédiction pour lui.
Ils se réjouissait trop vite.

— Ce n’est pas à moi que tu dois des excuses. Misérable être que tu es…
Dit-il avec mépris.

À cet instant, une sensation d’épines vint lui transpercer le gland de son membre reproducteur, puis des aiguilles invisibles remontèrent dans son urètre pour se loger dans ses testicules.
Il hurla.
Ses cris résonnèrent dans cette pièce.
Il essuya ses doigts dans un mouchoir fin et le jeta sur son interlocuteur.
Et le comte quitta la pièce, laissant le corps recroquevillé sur lui-même hurler jusqu’à sa mort lente et douloureuse.
Bréto était dehors et l’attendait dans le couloir.

— Débarrasse-moi de ça, lorsqu’il aura finit de bouger. Fais-en ce que tu veux. Qu’il se fasse dévorer, peu m’importe.
Dit-il à son majordome qui acquiesça sans un mot.

Il s’inclina et attendit devant la porte, réfléchissant à une utilité du futur tas de chair qu’il aurait à disposition.
Le maître retourna aussi vite que possible à son bureau.

— Pourquoi pas. On peut s’en occuper.
Répondit une servante, parmi d’autres, en face de Bréto.

— Dans ce cas, je vous le laisse, faites-en ce que vous souhaitez tant qu’il ne reste plus rien et que la pièce soit nettoyée après votre passage.
— Très bien.

*

— Le pauvre. On avait quand même eut du bon temps avec lui…
— Quel idiot de s’en être pris à Chloé.
— On ne lui suffisait plus ?
— Trop gourmand. Il n’a pas su s’arrêter.
— Il s’est attaqué à un trop gros poisson.
— On en fait quoi, du coup ?
— On peut en profiter encore une dernière fois, avant de faire le ménage…

Elles sourirent et s’amusèrent toutes les trois avec son corps avant de le dévorer littéralement jusqu’à ronger ses os.

*

Il passa par la petite chambre de Chloé et récupéra sa robe sous son bras et retourna à son bureau.

— Je t’ai fait attendre…

Elle devina que c’était lui. Il n’avait pas frappé pour entrer dans son propre bureau.
Il alla récupérer le sac dans son tiroir.

— Je n’ai pas encore eu l’occasion de faire mon compte rendu-

Elle s’inclina et se tenait prête à lui faire son rapport mais il l’arrêta d’un geste.

— Tout d’abord, je ne peux pas te laisser dans cet état. Je t’ai rapporté ta robe pour que tu puisses te changer pendant que ton uniforme soit nettoyé. Ma suite est à ta disposition. Tu pourras me raconter le reste après. Cela peut attendre.

D’un pas pressé, il emporta ses affaires et l’invita à le suivre.
Les yeux écarquillés, elle accepta et le suivit sans trop avoir de choix.

— Permettez-moi de porter mes affaires… quelle servante je fais si c’est à mon maître de faire une telle tâche…

Elle posa sa main sur sa robe et ainsi sur son bras et le regarda dans les yeux sans sourciller. Elle savait être convaicante et surtout, elle n’avait pas tort.
Il lui tendit ses effectifs et ouvrit la marche.
Elle avait sa démarche gracieuse habituelle et sa prestance malgré l’état de sa coiffure et des marques sur son corps ainsi que son uniforme mais personne n’osa faire de remarque en sa présence et encore moins en celle du maître.
Le peu de personnel qu’ils croisèrent leur fit une révérence respectueuse comme à l’accoutumée.
Il se rendait dans sa chambre privée et personne n’aurait osé le déranger sauf urgence ou nécessité de premier ordre. Sa journée ou plutôt soirée était enfin terminée après tant de péripéties. Il avait droit à son moment de repos.

Arrivés à destination, dans la salle de bain.
Elle accrocha ses affaires et il s’approcha d’elle pour mieux l’observer.
Son regard et ses doigts frolant son visage à sa nuque.
Il n’osait toujours pas la toucher malgré leur attirance mutuelle.
Elle baissa les yeux, honteuse. Elle était souillée. Elle se mordilla les lèvres et il le remarqua.
Il attrapa son menton entre ses doigts et le releva pour qu’elle le regarde dans les yeux.

— Tu n’as pas à te blâmer. Laisse-moi t’aider à te nettoyer pour me faire pardonner l’affront qu’on t’a fait subir…

C’était à son tour d’afficher une expression maussade, coupable.

— Je suis prête à tout subir pour vous, maître.
— Ne dis pas ça… tu ne mérites pas de subir quoi que ce soit.

Elle s’apprêtait à rétorquer autre chose mais il l’en en empêcha en posant ses lèvres sur les siennes, la surprenant et elle ferma ses paupières pour savourer cet instant. Elle était faible lorsqu’il la traitait ainsi et il le savait.
Il trichait.
Il fit glisser avec ses mains les manches de sa robe et le tissu tout entier jusqu’à ce qu’elle finisse sans rien au milieu de la pièce.
Il fit couler l’eau dans la baignoire et la dirigea vers la cabine de douche.
Il failli oublier de lui-même se déshabiller.
Il la lava avec douceur et délicatesse, dans les moindres recoins, s’arrêtant sur les endroits ou elle avait été touchée. Elle se laissa faire. Il prenait soin d’elle. C’était assez rare pour le signaler.
Lorsqu’il eut fini, ce fut à elle de lui proposer de le laver.
Ils se glissèrent ensuite dans la baignoire. Lui d’abord puis elle qui se retrouva entre ses bras et ses jambes.
Ils étaient presque à l’étroit.
Il passa ses doigts entre les siens.

— Tu peux me délivrer ton rapport, maintenant…
Dit-il détendu, jouant avec sa main.

Alors elle se détendit aussi. Et lui raconta la conclusion de ses missions de manière informelle. Pour finir avec l’invité.
Ce qui rejetta un froid dans la baignoire. Ou peut-être était-ce dû au temps déjà passé dedans.

— Hm… d’ailleurs… quelle a été l’issue de…
Demanda t-elle curieuse.

Il soupira et finit par lui répondre.

— Il a été confronté à ses mensonges… puis Bréto s’est occupé du reste.
— Ah… quel genre de mensonges… ?
— Il a dit que tu l’avais séduite.

Elle se retourna aussitôt vers lui, l’air outré et légèrement rose.

— Et… vous l’avez cru ?
— Bien entendu. Une aussi belle créature que tu es…

Il sourit, taquin.
Ce qui eut l’effet qu’elle se mette à bouder.
Elle cacha son visage à moitié dans l’eau et s’apprêtait ensuite à sortir de sa marinade.
Il lui attrapa le bras.

— Ne te vexe pas. Je plaisantais. Bien sûr qu’il mentait. J’avais déjà jeté un sort sur lui avant qu’il puisse raconter sa version des faits.

Elle se retourna vers lui encore un peu boudeuse.
Il la regardait d’un air suppliant de lui pardonner.
Elle força un sourire rapide.

— Je vais finir par me dissoudre si je continue à rester dans cette baignoire.

Et elle s’en extirpa pour se sécher et porter sa robe sombre et longue aux manches fluides.
Elle sentit son regard sur elle.

— Je ne vais pas avoir le choix…

Il se releva également et vida la baignoire tout en se séchant et se rhabillant d’une simple chemise bouffante et d’un pantalon.
Il n’avait pas à remettre sa tenue complète.
Elle vérifia que tout était en ordre dans la pièce avant d’en sortir avec ses affaires.
Son uniforme sale était déjà dans un bac à linge sale qui serait relevé par des employés plus tard.
Elle lui jeta un dernier regard et se rendit dans la chambre du maître.

*

— Je suis plutôt ravi de pouvoir profiter à nouveau de cette tenue sur toi.
Dit-il en sortant de la salle d’eau et en l’observant d’un air satisfait.

Elle s’inclina en faisant une révérence avec un large sourire.
Il fut à côté d’elle en un instant et passa ses mains sur le tissu et ses formes.
Elle releva son visage pour pouvoir l’observer.
Elle était ensorcelée par ses gestes et son aura.
En un mouvement il l’attrapa par dessous ses genoux et la porta jusqu’à dans son lit. L’allongeant sur le dos et lui la surplombant.
Il était pris d’une pulsion mais il ne voulait pas brûler les étapes.

Dans les bras l’un de l’autre, dans le lit sous les draps.
Il lâcha un soupir de soulagement et de bien-être.
Il était heureux qu’elle soit rentrée.

Le lendemain, elle était assise devant la coiffeuse et il l’aida à brosser sa chevelure, soigneusement.

— Mon séjour ici est déjà terminé, je dois rentrer.
Annonca t-elle.

— Je vois…
Il ne cacha pas sa tristesse.

— Sauf si vous avez d’autres tâches à me confier, maintenant ?
— Non… tu as traité toutes mes urgences. Merci à toi. Reviens quand tu veux.
— Je ne peux rien vous promettre mais j’essaierai de revenir lorsque mon emploi du temps le permettra.

— Je comprends… est-ce que tes protégés prennent bien soin de toi ?
Demanda t-il réellement inquiet.

— Ils sont grands, vous savez. Mais oui, ne vous en faites pas. Si je ne pouvais pas leur faire confiance, je ne serai pas ici aussi souvent.

— D’accord…
Répondit-il, songeur.

— Si nous prenons quelques jours de repos, il est possible que nous rentrons tous pour vous rendre visite.
— Ah. Je sais qu’ils ne me portent pas tous dans leur coeur…

— … Vous dîtes tous cela !
Soupira t-elle.

— À la limite, Flora a l’air d’être la plus sympathique à mon égard mais Nao… je sens clairement de l’hostilité dans son aura. Quant à Vladislaw… c’est juste qu’on ne se connait pas assez, je dirais… ?
— Je peux en discuter avec Nao, mais comment lui en vouloir… ? Vous vouliez le tuer à l’époque !
— C’est de l’histoire ancienne, je vois bien qu’il n’est plus un danger pour toi.
— Peut-être serait-il sage de le lui rappeler, vous-même. Qu’en pensez vous ?
— … Bien, j’y songerai.

— Je… j’aimerais qu’ils vous apprécie à votre juste valeur. Pas simplement parce que vous êtes mon maître.
Dit-elle d’un souffle, tel un souhait qu’elle ne répètera pas. Elle s’en alla.

Elle croisa Bréto dans les couloirs.
Elle s’inclina et ils se saluèrent rapidement.

— Vous partez déjà ?
— Oui, on m’attend ailleurs.
— Je vois. Prenez soin de vous.

— Merci, vous aussi. J’espère que nous aurons plus de temps à nous consacrer la prochaine fois.
Sourit-elle, désolée qu’elle n’ait pu lui libérer un moment durant son séjour.

Il accepta ses mots sans rien ajouter et regarda sa silhouette élégante s’éloigner.

2021.02.24

Second [RolePlay]

Le second qu’elle recueillit fut un enfant.

C’était une nuit et elle était en voyage avec Flora.
Elles parcouraient le monde et elle avait sentit sa présence. Son aura était de plus en plus proche et elles étaient sur leur garde.
Cela faisait au moins une dizaine d’années que Flora était maintenant aux côtés de Chloé, sans s’ennuyer et sans que son attachement ne faillisse.
Et elles le virent.

Ce n’était qu’un enfant, un adolescent.
Il était dans une ruelle sombre en train de se sustenter d’un corps, mais ce qui les frappa après son apparence. Ce furent ses larmes.
Chloé fut interpellée et Flora fut surprise. Elle se tint sur ses gardes et elle sut tout de suite ce qui traverserait l’esprit de Chloé.

— Chloé !
Chuchota t-elle, pour l’avertir de ne rien tenter de dangereux.

La derniere fois qu’elle avait fait une erreur qui lui avait coûté presque son existence, était loin derrière mais la douleur et la crainte étaient encore encrées dans Flora.

— Je sais, je ferai attention. Je compte sur toi.
Elle esquissa un petit sourire à l’intention de Flora, pour la taquiner mais elle savait qu’elle ne devait pas prendre ce danger à la légère.

Flora leva les yeux au ciel et resta aux aguets, la main sur son arme, à dégainer si besoin.

— Bonsoir… est-ce que tout va bien… ?
Demanda Chloé, en s’approchant tout en restant à distance.

Elle cherchait à sonder si la personne était consciente et dôté d’intelligence.

— …

Il réagit au son de sa voix et il s’arrêta d’apporter la chair à sa bouche, les larmes aux yeux, des grosses gouttes s’écoulant sur ses joues et s’écrasant au sol.
Chloé avait posé une question idiote, mais elle ne savait pas comment commencer un dialogue de manière familiere avec quelqu’un de la même race qu’elle. Surtout si elle ne savait pas s’il était hostile.

— Comment t’appelles-tu ? Tu es perdu ?
— Je… Nao… ai-aidez moi… je…

Sa voix était perdue dans ses sanglots.

— Nao… c’est ça ? Que fais-tu ici… ?

Elle avait une réponse, ce qui était une bonne nouvelle, et si ce n’était pas de la comédie, il demandait de l’aide.
Lorsqu’elle se rapprocha encore un peu plus, elle vit à quel point il était jeune. C’était un crime à ses yeux d’infliger ça à une personne aussi jeune. Un adolescent ?
C’était un jeune garçon, ses cheveux étaient longs, recouvrant à moitié son visage, sous cette pluie fine, ils avaient collé sur sa peau, et ses vêtements étaient déchirés, abîmés. Elle ne savait pas depuis combien de temps il vivait comme ça, ni comment il vivait, mais il avait l’air d’être en détresse.
Ses traits étaient fins et sa peau légèrement jaune, d’origine asiatique ?
Elle continua à l’analyser tout en se rapprochant avec précaution.

— J’ai… je… si soif… faim… j’arrive pas à calmer… c’est mal ce que je fais, hein… ? Pourquoi je fais ça… ? Pourquoi… ?!

Sa voix cassée brisa le coeur de Chloé.

— Tu… sais depuis combien de temps, tu es dans cet état… ?
— Des jours…. des semaines… ? Je ne sais plus… est-ce que c’est un cauchemar… ?

— Ce n’est malheureusement pas un cauchemar… est-ce que je peux m’approcher… ?
Demanda t-elle, en jetant un regard à Flora pour lui signifier de rester sur ses gardes mais qu’elle soit la seule à avancer.

Nao acquiesça et laissa Chloé s’agenouiller à côté de lui. Sans aucune animosité.

— Tu peux… me tuer ? C’est trop dur…
— Je peux… mais je peux aussi te donner une seconde chance. Je suis comme toi.
— Comme moi… ?
— Oui. Seulement… la personne qui t’a fait ça… n’a pas fini le travail. Je peux t’aider. Qu’en penses-tu ?
— J’aurais plus soif… ? Ma gorge… elle me brûle…
— La sensation sera atténuée mais elle ne disparaîtra pas complètement… est-ce que tu veux essayer… ? Est-ce que tu veux vivre… ?
— D’accord… si ça peut me soulager… juste un peu… mais… je n’ai pas d’argent.
— Je ne te demande rien. Fais-moi confiance et fais-toi confiance. Si ta volonté est assez forte, tu t’en sortiras.
— … D’accord… je dois faire quoi… ?
— Laisse-toi faire. Je vais finir le travail. Détends-toi.

Elle s’approcha alors jusqu’à le prendre par les épaules, elle le serra dans ses bras, et elle plongea ses canines dans la chair de son cou.
Il se laissa faire. Et étrangement, il se sentit soulagé. La douleur dans son cou fut vive mais elle disparut presque aussitôt et il se sentit envahi d’une émotion étrange. Une sorte de plénitude. Il savait ce qu’elle faisait. Elle buvait son sang et pourtant, il n’avait pas peur. Elle lui inspirait confiance. Et même si elle lui avait mentit. Sa soif brûlante s’était estompée. Peut-être qu’elle était en train de le tuer ? Il ne s’en souciait guère.
Puis elle s’arrêta. Elle se retira et l’aida à se maintenir assis.

— Ca va… ? Comment te sens-tu… ?
— Mieux… mais fatigué… ?
— Je vais te demander de faire quelque chose. Surtout écoute-moi bien. Tu vas devoir boire mon sang. Mais. T’arrêter quand je vais te le dire. Compris… ?
— … Il se passe quoi si je ne m’arrête pas… ?
— Je meurs.
— Je… je ne peux pas. C’est trop risqué… !
— Fais-toi confiance, et fais-moi confiance.
— Mais… je ne veux pas te tuer… !
— Tu ne me tueras pas. Tu vas t’arrêter à temps. Je te le dirai. Tu peux t’arrêter avant, si tu en ressens l’envie.
— D’accord… je vais essayer… je…
— Bien. Approche, et plante tes canines ici.

Et il obéit, sans trop savoir ce qu’il faisait, et il sentit la fragrance et le goût exquis de son sang, de son essence. Envahir sa bouche, son palais, il était enivré, cela le surprit. C’était trop bon, peut-être la meilleure chose qu’il ait pu goûter dans sa vie.
Sa soif était étanchée, c’était trop agréable.
Il buvait et aspirait à grandes gorgées, il n’entendit presque pas la voix de Chloé.

— Doucement… doucement…
Di-elle dans un gémissement.

Se faire boire le sang était toujours très spécial.
Et sa voix, sa supplication, le fit revenir à la raison. Il ralentit la cadence. Lentement. Sa soif était longtemps étanchée et le fait de boire plus était juste plus satisfaisant, de la pure gourmandise, puis… il se dit qu’il devait arrêter. Il ne devait pas la tuer.
Elle le sentit lutter parce qu’il s’arrêtait un instant avsnt de reprendre une gorgée.
Elle le laissa faire, elle le laissa apprendre.
Il devait gérer ses pulsions et elle savait qu’il lui restait encore un peu de marge avant que cela ne soit critique pour elle.

Il continuait à lutter intérieurement, il ne savait plus si c’était trop tard mais il devait s’arrêter, alors que c’était un délice, alors que tout son corps le poussait à continuer. Il s’arrêtait puis il avalait une petite gorgée pour palier à son désir, puis il s’arrêtait à nouveau.
Et au bout de plusieurs longues minutes. Il réussit à complètement s’arrêter. Il se retira.

Pendant ce temps, Flora était inquiète, plus qu’inquiète. Cela lui faisait quelque chose de voir un autre individu s’abreuver de Chloé. Elle ne put s’empêcher de penser à sa propre première fois. Elle se rendit compte à quel point Chloé lui fit confiance et à quel point c’était une situation dangereuse pour elle.
Elle attendait le signal de Chloé.
Si jamais cela devenait hors de contrôle, elle savait ce qu’elle devait faire. Eliminer le nouveau né.
Flora était à par précaution. Chloé aurait pu s’en charger seule mais Flora insistait pour venir.
Les fois précédentes, Chloé s’était faite agresser avant même qu’elle ne propose de boire son sang. Et une rare fois, à cette étape précise, quelqu’un n’avait pas eu assez de volonté pour s’arêter et Chloé l’avait repoussé avant même d’atteindre la limite. Elle avait sentit qu’il ne s’arrêterait pas.
Et elle avait détruit le nouveau né avant même que Flora n’intervienne.
Mais cela rassurait Flora d’être là. Parce qu’elle avait peur d’une infime erreur de jugement. Elle avait trop peur de la perdre.

Chloé était affaiblie mais cela allait encore.
La tête encore un peu dans les vapes, d’avoir été vidée de tout ce sang. Elle vérifia que les trous dans son cou s’étaient refermés.

— Je… pardon… je suis…
— Bravo. Tu t’es arrêté juste avant la limite. Sans que je ne te le dise… ce n’est vraiment pas mal.
— Mais je…
— C’était très bien. Bienvenue parmi nous. Je vais avoir beaucoup de choses à t’apprendre à partir de maintenant.

Flora les rejoignit et il sursauta presque. Il avait sentit sa présence mais jusque là, elle était restée à distance. Elle s’était rapprochée très rapidement et sans un bruit.

— Je te présente Flora. Tu peux la considérer comme une grande soeur. Je m’appelle Chloé.
— Chloé ! Est-ce que ça va… ? Tu es pâle !

— Comme d’habitude, tu veux dire ?
Blagua t-elle.

— Sérieusement.
Flora fit les gros yeux et jeta un regard rapide à Nao, le saluant mais son attention était sur Chloé.

Comme en réponse aux questions silencieuses de Nao.

— Je suis la plus vieille, et Flora est plus jeune. En terme d’années d’existence. Maintenant, c’est toi le plus jeune, Nao.
Sourit-elle, en l’accueillant parmi elles.

C’était si étrange. Elle était si amicale avec lui. Alors qu’ils se connaissaient à peine.
Même si Flora restait méfiante, il voyait l’amour qu’elle avait pour Chloé, et il était observateur, envieux de cette relation.

— Flora, arrête de me couver, je vais très bien…
Dit Chloe en se dégageant de sa partenaire un peu trop collante.

— Mais tu as perdu beaucoup de sang !
— Il m’en reste assez pour t’en coller une si tu ne me lâches pas !

Son ton était un peu plus sec, ce qui laissa Flora boudeuse.

— Pardon Nao, Flora s’inquiète toujours un peu trop à mon sujet. N’hésite pas à poser les questions qui te traversent l’esprit. On va devoir nettoyer ce… dépotoir avant de rentrer. Et… mets mon manteau en attendant qu’on te trouve des vêtements en bons états.

Chloé retira sans hésiter son manteau unisexe qu’elle posa sur les épaules de Nao, encore interloqué par ce qui se passait autour de lui. Muet, il accepta tout ce qu’elle lui dit. Sa voix était envoutante et il avait envie de lui obéir.

— Tu as eu de la chance que personne ne t’ait signalé… tu aurais pu finir dans un hôpital ou pire… heureusement nous t’avons trouvé avant !

Flora était déjà en train de rassembler et détruire les éléments fâcheux. Elle eut un mouvement de recul lorsqu’elle vit les cadavres à moitié en décomposition.
Elle eut presque un haut le coeur, puis elle passa outre.
Elle continua de le regarder de travers. Elle restait méfiante. Elle craignait qu’il n’arrive plus à se contrôler et qu’il cède à ses pulsions. Qu’il finisse par se retourner contre Chloé.

Nao était mal à l’aise mais ne se laissait pas non plus faire. Il avait son caractère et il semblerait qu’il était arrogant parce qu’il soutint le regard de Flora, et eut envie de lui dire le fond de sa pensée.
Chloé remarqua leur cinéma et intervint.

— N’en veux pas à Flora. Elle reste sur ses gardes parce qu’elle craint que tu perdes l’esprit et que tu te décides à m’attaquer.
Expliqua t-elle, tout en s’approchant de lui pour lui montrer qu’elle avait confiance.

— Je sais me contrôler. Moi.
Répondit-il, défiant du regard Flora qui ne répondit même pas à son attaque. Elle soupira et finit de nettoyer les lieux.

— Heureuse de l’apprendre.
Ce fut Chloé qui s’exprima et qui lui tendit sa main en souriant. Elle était très amicale.

Il portait le manteau de Chloé qui était légèrement trop grand mais qui tenait chaud, et qui recouvrait les lambeaux qui lui servaient de vêtements.

— Nous sommes les plus proches en terme de morphologie… tu aurais flotté dans le manteau de Flora… supporte ça encore un petit moment…

— Il… il est très bien ce manteau…
Répondit-il, un peu gêné d’avouer qu’il appréciait ce manteau.

Chloé lui sourit encore une fois et eut l’air satisfaite.

— Contente qu’il te plaise. Ne t’en fais pas pour moi, nous ne ressentons pas le froid, ni le chaud. C’est vraiment juste pour le style.
Dit-elle en haussant des épaules, un sourire au coin des lèvres.

Ce qui n’empêcha pas Flora de lui déposer son propre manteau sur ses épaules.
Il était comme dans un rêve, tout lui semblait si irréel.

Lorsqu’il vit le portail qui le transporta dans un endroit différent, lorsqu’il rencontra les différentes personnes et surtout, lorsqu’il vit le domaine où ils se rendaient. Il en tomba des nues et il se dit qu’il était en train de rêver, depuis un bon moment.
Il attendait de se réveiller.
Dans le doute, il resta docile.
Il rencontra Bréto, qui l’accueillit un peu surpris, mais avec beaucoup de tact et surtout une prestance qu’il lui envia. Il était imposant mais surtout, il pouvait deviner à quel point il était compétent dans son rôle et c’était quelque chose qu’il appréciait.
Ses manières et la manière dont il se tenait était impeccable.

— Si jamais tu as des questions, n’hésite pas à lui en poser. Tu as peut-être déjà remarqué mais il est comme nous. Ah. Et la prochaine personne que tu devrais rencontrer… ne devrait pas tarder à se montrer.
Expliqua Chloé.

Il ne se fit pas attendre et les accueillit avec intérêt.

— Que nous amenez-vous ajourd’hui, les filles ? Une nouvelle recrue… ?
— On parlait justement de toi, Frekio. Je te présente Nao. Il va rester avec nous un moment. Nao, Frekio. Tu devrais le croiser assez souvent, il flâne souvent dans les couloirs du château.

Il fut pour cette fois, beaucoup plus farouche qu’avec Bréto. Il n’arrivait pas à le sentir, ce Frekio. Il était beaucoup trop à son aise. Il y avait quelque chose en lui qui ne lui plaisait pas. Il semblait tirer au flanc et Nao avait horreur de cette médiocrité. Il n’avait aucune manière ni aucune tenue.
Chloé écourta les présentations parce qu’elle était pressée.

— Prochaine étape, on doit aller voir dame Erinya. Elle va s’en occuper de ta tenue…

Ils pressèrent le pas jusqu’à la grande domestique, au moins aussi importante que Bréto.
Elle était gracieuse et Nao resta muet et paralysé par tant de beauté et l’aura qu’elle dégageait.
Elle se retourna vers Chloé, et il put deviner son sourire caché sous le voile au son de sa voix.

— Ma chère Chloé. Bon retour parmi nous, que puis-je faire pour toi ? Je vois que tu nous as amenés une nouvelle tête…
— Bonjour Erinya. Merci pour tes mots, j’aurai besoin de ton aide pour habiller ce jeune homme, notre nouveau poulain.

Il avait été présenté comme un nouveau membre de leur groupe. Et la dame qui gérait les tisseuses l’intimidait. Alors il resta sans bouger, sur le petit piédestal qu’elle lui indiqua, et les petites mains de ses employées venèrent le mesurer et amener des toiles et des étoffes pour voir comment cela rendait sur lui. Elle examina les différentes possibilités, ce qui prit assez de temps, avant que les couturières confectionnent sa tenue sur mesure.

— Je dois aller m’annoncer chez le maître. Rejoignez-moi lorsque cela sera fini.

Chloé s’adressa à Flora et croisa le regard de Nao pour le rassurer, et s’en alla. Le laissant avec Flora et la horde de servantes et la Dame en chef de ce petit monde.
Il se retrouva vite dans une chemise de satin marron et un pantalon crème. Et un ruban pour regrouper ses longs cheveux.

— Si vous devez aller voir le maître, il faut que tu sois présentable, jeune homme.

*

Chloé était arrivée au bureau et elle entra après avoir frappé.

— Vous ne revenez pas seules.
Dit-il, d’un ton détaché.

— C’est exact.

Elle avait une voix plutot enjouée.
Elle s’inclina et lui expliqua la situation et les différents évènements depuis qu’elles étaient parties.

— … Il est un tout petit jeune, cependant… mais il a l’air de bien contrôler et gérer son nouvel état-
— Jeune comment ?
— … Je ne lui ai pas demandé, mais c’est un adolescent… 13-14 ans… ?
— Pardon ?!

Elle avait maintenant toute son intention. Il venait de se retourner aussitôt vers elle et il ne semblait pas de bonne humeur.

— As-tu perdu la tête ?!
Son ton commençait à monter et elle ne comprit pas le problème.

— Ne fais pas mine de ne pas savoir où je veux en venir, Chloé ! C’est incensé ! Un si jeune nouveau-né ne peut être stable ! C’est un danger ! Déjà pour toi, c’était déjà un âge limite, tu étais presque trop jeune pour avoir la maturité et la force d’esprit… !

— Flora est là, et je sais me défendre ! Si jamais ça tourne mal, je sais réagir, pas besoin de s’alarmer autant…
Se défendait-elle comme elle pouvait sans monter dans les enchères de voix.

— Souviens-toi de ta dernière erreur.
— C’est différent. Cette fois-ci, il n’était pas réticent.
— Il est beaucoup trop jeune. Je ne vais pas te laisser courir ce risque. Je vais m’en occuper moi-même.
— Comment ça ?!
— Je vais devoir détruire ta création. Tu ne me laisses pas le choix.

— C’est hors de question !
Elle éleva la voix, hors d’elle.

— Tu te mets en danger ! Tu ne te rends pas compte ?! Il risque de perdre la tête dans les prochains jours et de se retourner contre toi. Son imaturité va l’entrainer et il sera hors de contrôle. Tu ne sais pas à quel point les jeunes peuvent être vivaces… même Flora ne pourra pas t’aider s’il décide de s’en prendre à toi.
Il essayait de la raisonner mais elle n’était pas du même avis.

Nao et Flora n’étaient pas encore arrivés qu’ils entendaient déjà des bribes de la conversation.

« Devoir détruire ta création »

Il avait tout entendu et Flora aussi. Elle se tourna vers lui et lui lança un regard désolé. Un sourire gêné, elle ne savait pas quoi lui dire.
Ils étaient maintenant en face de la porte et n’osaient pas entrer, tant que leurs arguments n’étaient pas taris.

— J’ai confiance. Si jamais je sens qu’il perd pieds. Alors ça sera de mon ressort et j’y mettrai fin sans hésiter. Je t’interdis de toucher un seul cheveux de Nao.

Elle lui tint tête et prononça ses paroles sans hausser plus le ton de sa voix.
Ils étaient tellement pris dans leur échange qu’ils n’eut pas le temps de remarquer qu’ils étaient enfin arrivés. Ce fut le comte qui réagit en premier lorsqu’ils finirent d’argumenter.

— Entrez.

Il ouvrit la porte d’un seul geste. Chloé se rendit compte que Nao avait entendu cette conversation, et se sentit mal pour lui.
Flora s’inclina avec politesse et Nao ne broncha pas.
Il était en face d’un viel homme, décrépit, qui avait une certaine aura, mais semblait tellement fatigué par le temps et terne qu’il ne ressentit aucun respect à son égard. De plus que cet homme semblait vouloir sa mort. Ce comte qui était censé être le maître de Chloé, le sous-estimait et cela l’avait mis en rogne.
Comment pouvait-il être si certain qu’il ne serait pas à la hauteur ?

— Nao, voici le comte. C’est le seigneur de ces lieux.
Présenta Chloé.

— Nao… Quel âge as-tu ?
— … 15 ans.
— Je sais que tu as entendu ce que j’ai dit à ton sujet. Je n’ai rien à cacher. Même si Chloé ici te fait confiance, ce n’est pas mon cas. Elle est sous ma protection. Et je ne reculerai devant rien pour la mettre en sécurité.

Il avait dit ces mots en le regardant de haut et son aura était devenue lourde et menaçante.
Chloé serait intervenue si Nao n’avait pas réagit aussitôt, en rétorquant.

—Je ne sais pas qui t’es, papi, mais je ne suis pas n’importe quel gamin, et je vais te prouver que je sais me contrôler. C’est pas parce que toi t’as réussi à te gérer parce que t’étais vieux que ça doit être le cas de tout le monde.
Répondit-il, en soutenant son regard.

— Intéressant… ce garnement sait parler, mais ne connait pas l’étiquette ici. Très bien, je te prends au mot. Sache qu’à la moindre faille de ton esprit, je serai là pour te rappeler ton arrogance. Morveux.
— T’as un problème, le vieux ? Tu te prends pour qui !?

Il le provoquait.
C’était la première fois qu’on lui manquait de respect aussi ouvertement, et Flora était en train de compter les points et à la fois craignait sa réaction. Elle savait que le comte n’avait pas usurpé son titre et qu’il pouvait être effrayant. Le froid parcourut son dos en prévoyant sa réaction.
Le comte leva sa main pour l’abattre sur Nao quand Chloé intervint et lui attrapa le poignet pour l’arrêter.
Ils se regardèrent dans le blanc des yeux, il était surpris et semblait chercher un support dans les yeux se sa protégée, mais elle ne lui dit rien. Elle le regarda de manière neutre et se tourna ensuite vers Nao qui était en train de jubiler.
Elle lui donna une claque qui résonna dans le bureau.

— Je ne sais pas quel genre de vie tu avais avant, mais ici, il y a des règles. Et pour commencer, tu dois le respect au comte. Nous sommes sur son domaine. Même si vos avis divergent.
Chloé expliqua cela sans broncher.

Nao posa sa main sur sa joue et ne sut pas comme y réagir. Il resta bouche bée et ne dit rien.
C’était peut-être la première fois qu’il recevait une giffle pour ce qu’il pouvait dire, jamais personne n’avait osé lui en donner une.
Le comte, surprit, finit par sourire et Chloé se tourna vers lui, sans aucune expression particulière.

— Et… Nao a raison. Vous ne savez pas s’il en sera capable, alors laissez-lui une chance.

Il leva ses mains pour signifier qu’il s’avouait vaincu et elle sortit accompagnée de ses protégés.

Flora était restée estomaquée que Chloé ait pu intervenir et de la manière dont elle avait tenue tête au comte. Elle qui pensait, à tort, que Chloé était entièrement dévouée à son maître, eu un petit air satisfait sur son visage, que Chloé n’était pas juste une servante qui obéissait sans discuter au comte.
Et Nao, elle était si surprise que ce garçon n’ait pas froid aux yeux à ce point.
Elle ne put s’empêcher de pouffer de rire une fois la porte franchie.

Chloé afficha un large sourire et Nao ne savait toujours pas comment réagir.

— Allons dans notre chambre. Nous devons discuter.
Dit-elle en regardant Nao dans les yeux.

Pas un air sévère, juste avec assez de fermeté et de compassion.

— « Papi » ? Sérieusement ?
Répéta Flora, encore en train d’en rire aux larmes.

Nao resta silencieux.

— Tu ne te rends pas compte à quel point personne ne s’est adressé à lui de cette manière…
Chloé expliqua.

— C’est le maître des lieux, c’est mon maître, il a énormement de pouvoir… comment expliquer ça… enfin bon, ça ne lui fera pas de mal de descendre de son piédestal de temps en temps. Tu n’as pas ta langue dans ta poche, à ce que je vois…

Elle lui sourit et il rougit.
Elle lui avait fait confiance et surtout, elle croyait en lui, elle avait dit de sa propre bouche qu’elle le protègerait, et ça lui avait fait quelque chose au fond de lui.

— J’ai jamais osé l’appeler comme ça.
Continuait de pouffer Flora.

Elle lui donna une tape dans le dos et ils se rendirent dans la chambre.
Elle était toujours aussi petite, avec le lit une place rudimentaire. Le cadre était resté le même mais le matelas et le sommier avait fini par être changé aux cours des décennies.

— Tu pourras occuper cette chambre pendant ton séjour ici. Je serai dans les quartiers du maître et Flora devrait pouvoit s’arranger avec…elle va s’arranger.

— Oui oui…
Expédia t-elle sans entrer dans les détails.

— Ah… merci…
— Repose-toi bien, évite de sortir tout seul… nous viendrons te voir demain matin.

Et elles s’en allèrent en le laissant seul.
Il s’asseya puis s’allongea dos sur le lit, scrutant le plafond.
Perdu dans ses pensées.
Ce n’était vraiment pas qu’un rêve ? Qu’allait-il devenir ?
Sa famille. Il se souvenait de sa famille, qui devaient être morts d’inquiétude à son sujet. Il ne faisait pas spécialement partie d’une famille très aisée mais il avait soif d’apprendre, il voulait réussir et ses parents l’avaient encouragé dans tout ce qu’il entreprenait.
Pourquoi, et comment avait il pu finir ainsi.
Il se souvenait de ce qui s’était passé.
Il s’était pris la tête avec un adulte, avec qui il argumentait et il savait qu’il avait raison, il ne se souvenait plus exactement de quel débat il s’agissait, mais il soutenait son avis et à un moment, l’individu en face de lui le menaça. Et il n’eut pas peur, il le mit au défi de faire quoi que ce soit.
C’est à ce moment que tout changea pour lui.
Il se souvint que quelque chose bondit sur lui, quelqu’un, certainement cet individu. Et il l’attrapa, l’immobilisa avec beaucoup de force et quelque chose s’enfonça dans sa gorge. Et puis, le vide.
Lorsqu’il reprit connaissance, il était en train de déchiqueter de la viande fraîche. Une odeur horrible se dégageait de l’endroit où il se trouvait. Et il avait fui.
Il avait pris peur. Il était recouvert de sang, de chair, et il s’était réfugié dans l’ombre de ruelles en évitant les regards. Il avait pu se voir dans le reflet d’une glace et il s’était fait peur. Une vision d’horreur.
Il ne ressemblait plus à celui qu’il était. Il était sale, décoiffé et il ressemblait à un monstre.
Il n’eut même pas l’idée de retourner chez lui. Il ne pouvait pas prendre le risque que ses parents le voient ainsi. Que diraient-ils ?
Alors il se cachait dehors. Avec cette soif incontrôlable et grandissante dans sa gorge. C’était une douleur insoutenable qui s’apaisait lorsqu’il apportait à sa bouche cette substance et texture indéfinisable. Au fond de lui il savait ce que c’était.
Et il mourrait un peu plus à chaque fois qu’il avalait cette chair humaine. Il ne se souvenait plus comment ni pourquoi il avait attaqué un humain. Etait-ce même humain ? Il ne savait plus, il ne savait pas. Il préférait ne pas savoir.
Alors, ne voulant pas réitérer cette abomination. Il avait garde le cadavre à ses côtés, et dès que la soif était trop présente, il en ingérait un bout. Il se rationnait ainsi. Sans savoir ce qu’il allait devenir, ni s’il allait enfin se réveiller de ce cauchemar.

Puis une jeune femme arriva et lui tendit sa main.
Une main salvatrice.
Qui était-elle ? Pourquoi l’avait-elle aidé ? Quel était son but ?
Pourquoi l’avait-elle amené ici ?
Qui étaient tous ces gens ? Etait-ce réel ?
Elle l’avait même protégé, et donné une gifle. Il posa sa main sur sa joue en se remémorant cette scène.
Toutes ces questions dans sa tête, il finit par s’endormir dans cette position et ne se réveilla que lorsqu’il entendit les coups sur la porte. Qui le réveilla en sursaut et il ne comprit pas tout de suite que c’était bien sur sa porte de chambre qu’on frappait.
On n’attendit pas qu’il se lève.

Flora entra sur ses gardes et le dévisagea, jaugeant s’il était encore maître de ses gestes.

— Bien dormi… ?
Demanda t-elle, en haussant un sourcil et balayant la chambre des yeux.

— Oui… je crois ?
Chloé entra et la porte se referma derrière elles.

Il eut l’impression d’être pris au piège.
Et il eut droit à toutes les explications et les réponses à ses questions.

— Excuse-nous, on avait des choses à régler hier puis je pense que tu avais besoin d’un peu de temps seul avant qu’on ne te dise tout ce que tu dois savoir.
— Aucun problème… effectivement, ça m’a fait du bien d’avoir un peu de temps tout seul…

Flora restait méfiante et semblait être là qu’en tant que garde du corps. Il la regarda sans trop s’attarder dessus et ses yeux revinrent vers la brune qui était particulièrement familière avec lui.

— Tout d’abord, je vais me représenter, je m’appelle Chloé. Voici Flora, qui est ton aînée.
— Salut…
— Moi, c’est Nao…
— J ai rencontré le comte il y a peut-être 200 ans ? Je ne me souviens plus du temps exact, mais cela fait un moment que je suis arrivée ici, il m’a accueillie à cette époque et m’a sauvée en m’offrant cette seconde chance. Je ne fais pas mon âge parce que notre corps cesse de vieillir à partir du moment où on passe de l’autre côté… ma nouvelle vie a commencé quand j’avais 19 ans. Je ne compte plus depuis combien de temps j’ai cet âge…
— Chloé m’a sauvée lorsque j’avais 23 ans. J’étais en train de mourir dans une ruelle à cause d’une bagarre qui a mal tourné… et elle m’a offert cette seconde chance. Ca doit faire bientôt 20 ans que je suis et que je reste à ses côtés.
— Ca veut dire que je ne vais pas grandir… ? Pas du tout ?…
— Non, effectivement. Tu as l’air asiatique… ? Tu peux peut-être prétendre être plus âgé mais ton corps ne se développera pas plus, je suis désolée…
— Pas grave… c’était juste une question comme ça… sinon, je suis censé faire quoi maintenant… ? Je ne peux pas retourner chez mes parents… ?
— Non… tu ne vieilliras pas et cela paraîtrait trop louche pour que tu encours le risque, donc il faut faire le deuil de ta vie passée.. une nouvelle s’écrit aujourd hui.
— Ouaip, je sais que c’est dur, j’étais en plein dans mes études lorsque ça m’est arrivée… j’ai dû tout laisser derrière moi, mais ne t’en fais pas, ça va aller. D’autres horizons s’offrent à toi.
— Ok… mais vous attendez quoi de moi… ? Je dois faire quoi maintenant… ? Je dois vous obéir… ?
— Oh. Non. Rien. En fait, nous allons te garder sous notre surveillance encore quelques temps parce que le comte est méfiant et au cas où tu perds pieds et la raison. Sinon, nous allons aussi te former et t’expliquer les enjeux de notre race dont tu fais maintenant aussi partie.
— Notre race… ?
— Oui. Nous sommes dotés d’une conscience. C’est un don, ou une chance. Moi, toi, Flora, le comte ou même Bréto, mais toutes les personnes de notre race ne le sont pas. Certains ne font que suivre leur désirs et leur instinct pour tuer et détruire tout autour d’eux. Si jamais tu devenais comme eux, nous serions obligés de te détruire… mais ne t’en fais pas, tu as l’air de bien t’en sortir jusque là.
— Je vois… super rassurant…

— C’est pour ça que je suis là. Je suis en renfort si jamais t’aurais envie de dévorer Chloé.
Flora leva sa main.

Chloé lui jeta un regard noir.

— Nous avons quelques bases à t’enseigner pour t’en sortir dans ce nouveau monde et ensuite, tu pourras, si tu le souhaites, t’en aller et vivre ta vie en respectant ces règles. Mis à part ces règles à respecter, nous ne te forcerons pas à nous obéir.
— Ou si tu veux, tu peux aussi rester avec nous. Chloé ne le dit jamais aussi clairement parce qu’elle ne veut pas qu’on lui soit reconnaissant, mais moi je le suis et je reste avec elle. Aussi parce que c est toujours amusant et on ne s’ennuie pas. P’tre que tu préfères rester ici sous les ordres du comte. Vous aviez l’air de bien vous entendre….
— Jamais !

Cette pique de Flora détendit un peu l’atmosphère.

— Rien ne t’oblige à me suivre. Mes objectifs sont principalement personnels. Je traque notre race et je détruis les individus dangereux si j’en croise. Et si jamais je peux, je cherche à sauver des humains en leur offrant cette seconde chance…
— On est beaucoup encore… ?
— … Comme tu peux le voir, le taux de succès est assez faible. Je n’ai pas réussi à sortir d’autres que toi et Flora pour l’instant…
— Comment ça se fait ?!
— Cela ne dépend pas entièrement de moi… et si cela parait simple pour toi de ne pas succomber à tes instincts. Ce n’est pas le cas de beaucoup. Ils devenaient incontrôlables et cherchaient à m’attaquer ou attaquer Flora…

Chloé était sincèrement peinée de raconter cela et elle baissa la tête, n’osant pas le regarder dans les yeux.

— Quoiqu’il en soit ! On a plein de choses à t’apprendre !
Flora reprit la parole pour casser cette ambiance maussade.

— Exactement. Déjà, nous allons te faire un tour des lieux. Puis nous t’expliquerons la suite du programme de ta formation.
— Ma formation… ?
— Tu vas devoir apprendre à te battre et te défendre. Il existe la magie et l’art du combat, mais ça, on verra plus en détails plus tard.

Après avoir monté les marches de l’aile de l’horloge et arriver dans la tour de la bibliothèque.

— Sache que j’ai dû monter ces marches lorsque j’étais encore humaine.
Raconta Chloé, avec un sourire forcé sur ses lèvres.

Arrivés devant Homa, elle le présenta.

— Je te présente Homa, le gardien de cette magnifique bibliothèque. Il possède beaucoup de connaissances dans les arcanes et il peut t’enseigner quelques bases pour commencer. Il a des méthodes un peu… à lui, mais si cela ne te convient pas, tu peux toujours demander au comte… personnellement, j’ai appris aux côtés de mon maître.
— Enchanté, Homa… ça sera très bien. Hors de question de servir d’élève à l’autre…

Il s’inclina et marmona la seconde partie.
Ce fut avec surprise qu’il eut beaucoup de facilités et qu’il comprit tout de suite comment pratiquer la magie.

— Impressionnant… je veux dire… j’ai mis plusieurs semaines si ce n’est des mois avant de réussir ça.
S’écria Chloé, interloquée devant son don en magie.

Elle avait commencé à lui montrer quelques sorts et tester ses aptitudes avant qu’Homa ne le prenne sous son aile, et elle était vraiment surprise.

— Ah bon… ? Peut-être parce que j’ai une bonne professeure…
Répondit-il, avec beaucoup de facilité, et rougissant à peine sur le compliment qu’il venait de faire.

Il était heureux qu’elle soit si impressionnée et qu’elle parle en bien de ce qu’il arrivait à faire. C’était si étrange pour lui, de vouloir attirer son attention.
Etait-il amoureux ? Elle était plus âgée que lui, du moins en apparence, et il ne comprenait pas pourquoi il ressentait ces sentiments étranges en lui.
Il était comme sur un petit nuage douillet à ses côtés.
Elle l’encourageait et le fit tester d’autres sorts, pour connaître ses limites.
Son esprit n’était plus aussi concentré qu’au départ et le sort suivant qu’il tenta d’invoquer, prit beaucoup trop d’ampleur. Une étincelle qui devenait boule de feu, la taille augmenta de trop et lorsqu’elle l’interpela pour arrêter, il était déjà trop tard, elle s’échappa et était sur le point d’exploser sur eux.
Elle intervint, une chance que son élément de prédilection soit la glace, elle fit apparaître une sphère de glace autour de son sort pour le contenir, et la referma doucement, tout en augmentant les couches de givre. De magnifiques motifs étaient apparus tout autour, et il admirait ce qu’elle faisait tandit qu’elle tentait d’annuler son sort devenu hors de contrôle.
La boule explosa et fit fondre le sort de Chloé dans quelques éclaboussures d’eau qui les recouvrirent.

— Je… par-pardon…

— Ce n’est rien, tu es en plein apprentissage, mais tu dois rester concentré et faire attention. La magie est dangereuse lorsqu’elle n’est pas bien utilisée. Garde toujours cela en tête. Si tu peux éviter de brûler tous les précieux ouvrages ici… ça serait dommage… et il n’y a pas qu’Homa qui en serait attristé. Si tu vois ce que je veux dire.
Elle le rassura sans le gronder, mais le prévint.

Flora regardait la scène de loin, en essayant d’utiliser un peu de magie à son niveau.
Elle n’avait jamais vraiment réussi à être douée dans ce domaine. Elle faisait apparaître quelques sorts mineurs dans une de ses mains en changeant leurs éléments, pour faire passer le temps.
Elle préférait nettement plus les combats d’armes.
Une pointe de jalousie apparut en elle lorsqu’elle vit avec quelle aisance le petit Nao réussit à faire apparaître des sorts simples et même, presque de niveau intermédiaire.
Elle faillit intervenir lorsqu’elle vit qu’il perdait le contrôle mais Chloé réagit beaucoup plus rapidement.

— Homa, il semblerait que son élément prédominant soit le feu… je te préviens si jamais tu ne veux pas que l’aile entière parte en fumée…

Une grimace apparut sur son visage, accentuant ses rides, et ils s’en allèrent.

— Puisqu’on est un peu mouillé… autant aller dans la salle d’eau, et nous nettoyer. On a qu’à aller proposer à Frekio de nous rejoindre. Comme ça tu seras moins gêné d’y aller avec nous. Les bains sont mixtes…
Ajouta Chloé.

Nao devint rouge pivoine, à l’idée de voir sa protectrice nue.
Et aussi à l’idée qu’elle puisse le voir nu…
Flora pouffa dans son coin qui eut pour effet de le rendre un peu plus pourpre.

— Allons-y alors.

Chloé utilisa un petit sort de feu pour les réchauffer et sécher les petites goutelettes d’eau.
Elle lui sourit encore.

— Ce n’est pas grand chose, je sais contrôler tous les éléments mais j’ai apparemment plus d’affinité avec la glace. Mes sorts sont un peu plus puissant dans cet élément. Tu trouveras aussi tes marques assez rapidement.
Expliqua t-elle, sous ses yeux ébahis.

— Ce n’est pas à la portée de tout le monde d’avoir un don en magie. Garde les pieds sur terre.
Ajouta Flora sur le chemin, un peu vexée.

— Ca veut dire… que tu ne sais pas… ?
Demanda t-il surpris.

— Si… mais vraiment des petits sorts basiques… pas ce dont tu es capable…
— Ah… je ne pensais pas… je croyais…
— Qu’on était tous surpuissant ? Non. On a nos préférences et nos talents accrus dans certains domaines.

2021.02.20

Convalescence [RolePlay]

Elle avait été déshabillée, nettoyée, rhabillée d’une robe de nuit ample et confortable. Pansée.
Depuis son retour au domaine, elle se souvenait d’avoir perdu connaissance. Elle avait entendu les voix, lointaines, et à la fois proches d’elle.

— Chloé !

La voix de son maître. Rauque, pleine d’émotions. Elle en avait eu le coeur brisée.
Puis des ordres qu’il donna à ses domestiques. Elle avait perdu le fil.
Elle avait mal. Elle sentait son énergie faiblir.

Il l’avait portée, d’un geste, ses bras puissants l’avaient soulevée et elle était contre son torse alors qu’il la maintenait par dessous ses genoux. Elle ne bougeait plus, un filet d’air léger s’échappait de ses narines et de sa bouche.
Il avait ralenti l’hémorragie en utilisant la magie de glace sur sa plaie. Il devait faire attention à ne pas créer d’engelures et il se précipita jusqu’à sa chambre.
Il la déposa délicatement sur son lit, en ne se préoccupant pas du sang qui allait tacher les draps, et les servantes étaient déjà à sa porte. Attendant son aval pour qu’elles puissent intervenir sur sa protégée.
Il resta aux côtés de Chloé durant tout le processus, il voulait être là si jamais il y avait une complication. Il n’était pas serein.
Les servantes avaient été efficaces et rapides. Elles étaient spéciales.

Chloe s’était retrouvée rapidement nue, et elles avaient utilisé leur magie pour la nettoyer de la tête jusqu’aux orteils sans devoir passer par la salle de bain.
Elles avaient fait extrêmement attention à ce qu’elle ne bouge pas beaucoup voire pas du tout. Puis le comte leur avait apporté de quoi la rhabiller après qu’elles aient appliqué un baume et un bandage tout autour du torse de la blessée.
Quand elles eurent fini, elles s’en allèrent sans demander leur reste, les laissant dans leur intimité.
Il s’approcha d’elle, et voulut la forcer à boire de son sang à nouveau, mais elle avait déjà refuse d’en boire plus. Elle était maintenant hors danger, il ne lui fallait que du temps pour que sa blessure se referme.
La lame qui avait transpersé son tronc, avait touché des organes vitaux, et effleuré le coeur.
Elle avait eu beaucoup de chance.
Il décida d’attendre qu’elle se réveille pour lui proposer à nouveau de s’abreuver.
Il l’embrassa sur le front et l’installa sous la couverture avant de s’en aller.
Il devait se changer les idées.

— Est-ce que…

Bréto avait intercepté les servantes spéciales et elles lui avaient épargné sa salive.
Lui jetant un regard compatissant, elles lui révélèrent l’état de Chloé.

— Elle se repose.
— Elle est tirée d’affaire.

Et elles continuèrent leur chemin sans s’arrêter à peine.
Bréto put reprendre sa respiration. Il était soulagé.
Cela nourrit encore plus les rumeurs qui circulaient sur eux, mais à ce moment précis, c’était le moindre de ses soucis.

*

Elle se réveilla doucement. La douleur s’était estompée et elle reconnaissait cette odeur et le lieu dans lequel elle se trouvait.
Elle essaya de se relever.

— Ne bouge pas ou je t’achève moi-même.

Elle se figea.
C’était le comte qu’elle n’avait pas vu, et qui la dévisageait de l’autre bout de la pièce.
Il se rapprocha et vint la voir.
Elle resta au fond du lit sans oser bouger.

— Nous allons avoir une longue discussion…
Ajouta t-il avec de l’animosité dans sa voix.

Elle eut froid dans le dos et n’osa pas parler tout de suite. Elle savait qu’elle était en tort mais pour de nombreuses raisons

— Est-ce que tu sais combien de jours tu as dormi ? Je vais te le dire : 3 jours ! 3 jours et 3 nuits ! Sais-tu combien nous étions inquiets ?! J’étais inquiet !
Sa voix était forte, dure, et elle vibrait.

— Je… je suis désolée…
Murmura t-elle, sans pouvoir croiser son regard.

— Tu peux l’être ! Que s’est-il passé ?!
— Je… j’ai commis une erreur… je pensais… qu’il… que je pouvais le raisonner… je l’ai sous-estimé… Pardon…
— Demande pardon à Flora. Elle s’est sentie coupable durant toute ton absence. Elle a même pensé que je lui en voulais…

Sa voix s’était stabilisée et était redevenue plus douce, aux oreilles de Chloé. Elle ne sut pas quoi répondre et elle se mordit les lèvres.

— Ne fais pas cette tête… tu peux pas savoir à quel point je suis soulagé que tu te sois enfin réveillée… as-tu soif… ? Abreuve-toi de mon sang, tu dois reprendre des forces.
— Maître…
— Il n y a pas de maître, c’est un ordre. Cela te permettra d’être plus rapidement sur pieds. Tout le monde t’attends.

Il s’approcha d’elle, et se pencha sur l’oreiller et tendit son cou pour qu’elle puisse y enfoncer ses crocs.

Elle était réticente mais il avait raison.
Elle prendrait rien qu’une gorgée pour le geste.
Elle but et avala ce liquide si particulier, si délicieux et enivrant.

— Toujours aussi têtue, à ce que je vois…
Elle avait bu qu’une infime gorgée et s’était arrêtée.

— Je sais que tu n’aimes pas boire mon sang… mais ça devrait suffire… soit…

Il la surplombait encore et leurs regards étaient plongés l’un dans l’autre.

— Je t’interdis de bouger. Même après avoir bu mon sang. Et je t’interdis de te remettre en danger de la sorte. Est-ce que c’est clair ?! De toute façon j’en connais une autre qui va veiller à ce que tu prennes plus soin de ton existence !

Il continuait à la sermoner, Chloé ne bronchant pas.
Elle finit par détourner le regard.

— Je… suis vraiment désolée…
Ajouta t-elle, la boule au ventre. Elle savait qu’elle avait fait une grave erreur. Et vu l’état de colère de son maître, elle devinait ce qu’il avait dû endurer pendant qu’elle était encore inconsciente.

Il soupira.

— Je sais… moi aussi je suis désolé de n’avoir pas deviné à quel point cette mission était dangereuse. J’aurais dû t’y accompagner. Mais cela ne sert à rien de ressasser le passé. Ce qui compte c’est que tu sois encore là. Repose-toi. Prends-le temps de te reposer. Je ne vais rien dire pour l’instant sinon j’en connais une qui va se précipiter ici et ne plus me laisser tranquille. Puis je pense qu’elle apprécierait la surprise que tu lui rendes visite quand tu iras mieux. Elle est tous les jours en train de s’entraîner depuis… elle va finir par mourir d’épuisement si elle continue comme ça.

Il réussit à lui arracher un sourire timide.

— J’imagine que ma tenue…
— Je te prêterai une de mes tenues en attendant, si besoin. Sinon ton uniforme est toujours là, à disposition.
— Merci… Merci de m’avoir ramenée…

Et il l’enlaça comme il put, sans la serrer trop fort.

— La dernière fois où j’ai eu si peur de te perdre… c’était le jour de ta création… tu te souviens ?

Bien sûr qu’elle s’en souvenait.
Elle lui répondit d’un simple sourire.

— Bréto est également passé te voir. Plusieurs fois.
— Je vois… je vais devoir m’excuser auprès de lui, aussi…

Au bout de quelques jours supplémentaires, le comte l’autorisa à sortir du lit et elle avait presque entièrement guéri de ses blessures.
Elle enfila des vêtements trop amples pour elle, ceux de son maître, une ceinture pour tout maintenir en place, et elle quitta cette pièce.
Elle n’était pas en tenue de travail, juste en tenue confortable pour se balader dans les couloirs du château.
Et elle sut où se diriger d’abord. Elle devait faire la surprise à Flora qui devait être morte d’inquiétude.
Elle entendit et reconnut sa voix s’élever du terrain d’entraînement, et elle la vit.

Elle était concentrée et elle ne regardait pas autour d’elle, puis après ces enchaînements de mouvements, elle se laissa tomber sur le sol, épuisée.
Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était en train de s’exercer, mais cela devait être de trop.

Chloé s’approcha lentement, discrètement et se pencha sur Flora, pour la saluer d’un sourire.
Flora eut le coeur qui bondit dans sa poitrine, de joie et elle passa ses bras autour du cou de Chloé pour l’enlacer, l’entraînant avec elle au sol.

— Chloé !!!
— Oh, Flora. Doucement, je suis encore en concalescence d’après le maître…
— Ah. Oui c’est vrai. Pardon… je…
— C’est moi qui devrait m’excuser… désolée de t’avoir causé autant de souci…

Flora ne dit rien et se frotta contre Chloé comme un animal content de retrouver sa maîtresse.

— Je t’ai tant manqué que ça… ? Est-ce que tu as bien pris soin de toi durant mon absence… ? Est-ce que tu ne passerais pas trop de temps sur le terrain… ?
— Oui… oui et oui… ?

— Flora…
Répondit Chloé avec un petit ton de réprimande.

— Hé les filles, faites ça en privé ! C’est indécent de le faire dans un endroit public !
Frekio les lnterpella de l’autre bout du terrain et se rapprocha d’elles.

Elle se regardèrent et sourirent puis se relevèrent.
Flora en première puis elle aida Chloé.

— Ca fait plaisir de te revoir Chloé. C’était juste cette fois… j’ai bien cru…

— Moi aussi… Flora n’a pas fait trop de bêtises pendant que je dormais ?
Répondit Chloé en changeant de sujet.

— Hé ! Je ne suis pas une enfant non plus ! Et pourquoi ça serait Frekio qui me fliquerait ?!
— Ca va…

Frekio afficha un sourire narquois et se défendit sans trop de conviction pendant que Flora l’assénait de coups gentillets.

— Je vois que vous vous entendez toujours aussi bien… Je vais aller saluer Bréto également… on m’a dit qu’il était inquiet pour mon état.
Dit-elle attendrie.

— C’est peu de le dire.
Dit Frekio.

Il garda Flora près de lui, et lui jeta un regard qui voulait dire : laisse-la aller le voir seule.
Elle n’insista pas.

Il était dans sa chambre et c’était tant mieux, pour cette fois.
Elle frappa et il ouvrit aussitôt.

— Bréto…
— Chloé…

Elle entra et la porte se referma derrière elle sans attendre et il la serra dans ses bras.
Une douce et tendre étreinte.

— Je suis désolée… de t’avoir tant inquiété…
— Ce n’est rien, tout ce qui compte c’est que tu sois encore là maintenant…

Elle se laissa étreindre encore quelques minutes et elle profita de ce moment à deux. Elle avait du mal à se remémorer de quand datait leur dernier moment ensemble.

— Tes blessures… comment ça va ?
— Bien. J’avais surtout une grande plaie ici… mais elle est en train de se résorber. Je ne pensais pas qu’il m’aurait fallu autant de temps, dans ce corps… mais apparemment j’étais vraiment pas loin de…

— Ici… ?
Il posa sa grande paume sur son torse, curieux.

— Oui… par là…
Elle attrapa ses mains dans les siennes et elle le dirigea à l’endroit exact.

2021.01.26