Fontaine

Alors qu’elle attendait assise sur le banc, sous l’ombre d’un arbre. Elle entendit un bruit suspect et se releva au quart de tour, se mettant sur la défensive.
Un vieux réflexe.
Une ombre humaine sortit de sa cachette et l’attaqua.
Elle para le premier coup et en profita pour se positionner en face de son adversaire pour pouvoir contrer.
Dans l’action de ses gestes brusques, son chapeau de paille virevolta et se laissa tomber doucement quelques mètres plus loin.
Elle était en talons courts et sa robe blanche tournoyait autour d’elle au fur et à mesure qu’elle se battait.
Sa chevelure collait peu à peu contre sa nuque et son visage couvert de sueur.
Son adversaire portait un masque mais son style de combat en disait déjà trop sur son identité.
En quelques minutes, après leurs échanges, elle le mit à terre et lui retira son masque d’un coup de pied.

Il était coudes à terre, haletant et au moins aussi transpirant qu’elle.

— Très drôle.
Dit-elle, pince sans rire.

— Je vois que tu n’as pas perdu la main…
Répondit-il, le souffle à moitié court.

— Qu’est-ce que me vaut ta visite ?
Dit-elle en relâchant sa garde et retournant chercher son chapeau.

— Avoir de tes nouvelles.

— Tu aurais juste pu passer à ma boutique. Ça m’aurait évité d’être en sueurs par ce temps. Répondit-elle sèchement.

— Tu ne comptes pas revenir aux entraînements ?
Enchaîna t-il, pour entrer dans le vif du sujet.

— Non.
Répondit-elle pour couper court à la conversation, en secouant son chapeau pour enlever le sable.

Son ami était de retour et il avait vu la fin du combat.
Lorsqu’elle remarqua sa présence, elle remit son chapeau sur sa tête et elle tapota sa robe rapidement pour la remettre en place.

— … Tout va bien… ?
Demanda t-il inquiet.

— … Oui. On y va ?

Son timbre de voix s’était adouçit et elle courut à moitié pour le rejoindre.
Laissant sa vieille connaissance au sol.

*

— Tu es sûre que ça va… ? C’était qui… ?
Osa t-il demander.

— Une connaissance… t’inquiète pas, ça va. C’est sa manière de me saluer… ahah…
Se forca t-elle à rire.

Elle était gênée qu’il l’ait vu se battre.

— Ça te dérange si je vais me rafraîchir vite fait… ?
Demanda t-elle pour éviter le sujet et se débarbouiller le visage.

— Non non, vas-y.
Lui sourit-elle. Il lui attrapa le chapeau avant qu’elle s’éloigne.

— Je te le garde, tu seras plus à l’aise.

Elle le remercia et utilisa la fontaine pour se rincer le visage à deux mains.
Elle lui tourna le dos pour prendre un pans de sa robe devant pour s’essuyer le visage.
Puis elle tapa sa robe vers le bas pour la défroisser.

— T’as rien vu, d’accord !?
Lui dit-elle, rouge de honte.

Il s’empêchait de rire.
En voulant lui remettre son chapeau, il arrêta son geste à mi-chemin, au niveau de son visage.

— Je peux ?
Demanda t-il.

Elle ne comprit pas immédiatement sa demande, le regardant dans les yeux, dans l’incompréhension.
Son visage s’approcha du sien, doucement, puis ses lèvres touchèrent les siennes, tendrement.
Le tout, derrière son chapeau, à l’abri des regards indiscrets.

2018.05.14

Gâchis

Il partit chercher quelque chose à grignoter, la laissant sur le banc. Elle semblait égarée, dans ses pensées.
Bien à l’ombre des arbres, une brise légère caressait son visage faisant voler légèrement ses mèches de cheveux et le tissu de sa robe blanche.
Il faisait bon.

Elle entendit des pas sur le sol sablé du parc, se rapprocher, ce qui la fit sortir un instant de sa méditation. Elle releva la tête, son chapeau de paille blanc diminuant son champ de vision.
La personne se rapprocha et lui fit un signe de la main.

— Hey, salut ! Qu’est-ce que tu fais là ?

Elle ne cacha pas sa surprise de le voir ici.
C’était une vieille connaissance.
Il s’assit à côté d’elle.

— Salut, et toi, qu’est-ce que tu fais là ?
Retourna t-elle.

— Oh rien, je passais dans le coin… qu’est-ce que tu deviens ? Ça fait longtemps que je ne t’ai pas revu, tu ne viens plus aux entraînements, hein ?
— Rien de spécial, j’ai ouvert une boutique avec mon frère, les journées sont bien remplies.
— Tu bosses pas aujourd hui ?
— Si, mais j’ai négocié une petite pause. J’attends quelqu’un puis j’y retourne.
— Ah. Je vais pas tarder alors…

Il prit une pause puis se lança.

— Tu arrêtes vraiment les entraînements et le combat ?
— Je… oui… ?
— Tu avais un excellent niveau, est-ce que tu ne penses pas que c’est du gâchis ? Qu’est-ce qu’en pense ta mère ?

Elle soupira, reprit sa respiration et lui répondit d’un ton sec.

— Je fais ce que je veux de ma vie, non ? Qu’est-ce que ma mère vient faire là-dedans ?
Si tu es venu jusqu’ici pour me dire ça, tu peux rentrer chez toi. Je n’ai pas à justifier mes choix.

Elle le connaissait depuis assez longtemps pour savoir qu’il n’était pas indifférent à elle, mais elle l’avait toujours évité. Sa question confirma l’impression qu’elle avait de lui.
Elle se leva et était prête à partir quand il se leva également et la rattrapa par le bras.
Elle réagit au quart de tour et lui fit une prise pour le mettre à terre.

Il était gêné et son regard en disait long.

— Excuse-moi… je ne voulais pas te vexer… tu me… manques… je… j’ai toujours eu des sentiments pour toi…

2018.05.14

Boutique

— À tout à l’heure !
Dit-elle avant de sortir de la boutique, en faisant un signe de main à son frère encore à l’intérieur.

Elle portait un chapeau de paille avec un ruban simple et bleu foncé sur la base, une robe blanche semi-longue et légère, ainsi que des petites chaussures d’été à talons bas.
Ses longs cheveux ondulés étaient réunis derrière sa nuque avec un ruban ocre, et quelques mèches rebelles se baladaient de chaque côté de son visage.
Sa couleur de peau légèrement basanée était mise en valeur par la blancheur de sa robe et de ses accesoires.

Le soleil haut éblouissait et la rendait rayonnante.
Elle marchait d’un pas rapide, en se dirigeant vers le parc.
Elle le vit tout de suite, elle n’était pas en retard mais il était déjà là, à l’attendre.
Il se retourna vers elle et lui fit un sourire.
Ses cheveux blonds foncés brillaient subtilement avec les rayons du soleil qui passaient à travers le feuillage de l’arbre sous lequel il était.
Ses lunettes rondes le rajeunissaient et allaient assez bien à son visage.

2018.02.25

Talent

Cela faisait déjà plusieurs semaines qu’elle côtoyait ce jeune homme un peu moins âgé qu’elle.
Elle avait quelques heures de pause devant elle avant de reprendre son travail et elle en profita pour passer ce temps avec lui.
Il l’attendait dans le parc, non loin.
Il lui fit de grands gestes lorsqu’il la vit arriver.
La bonne humeur du garcon la fit esquisser un sourire.
Il l’embrassa sur le front et ils commencèrent leur petite balade en parlant de tout et de rien.
Ils s’arrêtèrent un moment et il proposa d’acheter un petit quelque chose à grignoter.

— Attends-moi, je reviens tout de suite !

Elle le laissa faire. Elle s’assit à un banc et contempla le paysage en attendant. Elle méditait sur cette relation, lorsque quelqu’un se mit devant elle et l’interpela.
C’était une voix qu’elle reconnaissait.

— Regarde ce que t’es devenue ! Tu avais tant de potentiel…

— Si t’es venu juste pour me dire ça, tu peux rentrer chez toi.
Répondit-elle, froidement.

— Tu te rends pas compte que ton talent est gâché à rester ici ?
— Je fais ce que je veux de ma vie, tu ne crois pas ?

Cela commençait à l’agacer.

— Je suis sûr que ta mère est du même avis que moi…
Soupira t-il, comme pour la provoquer.

— Qu’est-ce que ma mère vient faire là-dedans ?! Laisse-moi tranquille, je n’ai pas à te justifier mes choix.

Elle essaya de garder son sang froid.

— C’est l’humain avec qui tu traines, c’est ça ? C’est à cause de lui si tu te voiles la face ?!

La voyant rester impassible, il ne put s’empêcher de s’emporter un peu.

— En quoi cela te regarde ?! T’es pas mon petit ami, à ce que je sache. Je n’ai aucun compte à te rendre ! Maintenant va-t-en.

Elle haussa légèrement le ton et détourna la tête pour couper court à la conversation.

Il en resta muet.
Il l’attrapa par le bras et la força à se lever.
Totalement prise au dépourvu elle ne dit rien et le regarda avec des yeux de poisson, écarquillés.

2018.02.19

Portable

— Mince je vais rater le dernier bus !

Jetant un coup d’oeil rapide à sa montre.
Elle attrapa son manteau et sortit de la boutique en hâte. Elle verrouilla la porte et se mit à courrir.
Elle s’essoufla et s’arrêta quelques secondes.
Elle commençait à regretter de ne rien avoir avalé depuis ce midi, trop absorbée par son travail.
Elle qui était d’habitude sportive, elle commençait à avoir la tête qui tourne.
Elle se dirigea vers un banc mais elle faillit et s’écroula par terre, surestimant ses forces.

Son portable sonna, à plusieurs reprises.
Elle était encore inconsciente et il était tard.
La rue était déserte.

2018.01.11

Vulnérable

Aurore adorait passer du temps à la bibliothèque.
Elle avait réussi à convaincre ses parents de lui laisser faire une carte pour y emprunter des livres. Elle utilisait l’adresse d’Hélène et Alain.
Ils avaient un portail de secours dans leur boutique mais pour ne pas attirer l’attention, ils utiisaient généralement le bus pour retourner chez eux.

Parfois son père trouvait un peu de temps pour l’accompagner et passer du temps avec elle.
Parfois c’était sa mère qui en profitait pour faire un peu de shopping.
Mais le plus souvent c’était Alain ou Hélène qui prenait sur leur temps pour l’accompagner.
Elle n’avait pas le droit de se déplacer seule. Elle était la plus vulnérable aux attaques.

2018.01.11

Frères et soeurs

Azur était très protecteur vis à vis de sa petite soeur Aurore. Ils avaient tous les deux du sang royal puissant et il se souvenait des combats lorsqu’il était plus jeune, qui avaient mis plusieurs fois sa vie, et celle de ses parents en danger.
Sa soeur avait eu la chance d’être mis un peu plus à l’écart, son existence était discrète mais cela n’empêchait pas qu’elle puisse être rapidement en danger.
Aurore adorait son frère, même s’ils n’étaient pas du même monde. Lui, préférait les armes et le combat, et était très sportif. Elle l’admirait parce qu’elle n’était pas capable de faire tout ce qu’il faisait.
Elle était plutôt menue et fragile, préférant bouquiner et passer son temps la tête dans les livres que sur le terrain d’entraînement.
Elle connaissait les bases de la défense, ce qui était déjà pas mal pour quelqu’un de son âge, mais sans plus.

Hélène était la petite soeur d’Azur mais la grande de Aurore.
Élevée avec son frère Alain, à part, comparés aux deux autres blondinets.
Ayant un père différent, ils étaient un peu mis à l’écart, n’étant pas considérés comme des enfants légitimes.
Cependant leur mère prirent leur défense plus d’une fois devant quiconque se moquait d’eux.
Entraînés personnellement par leur père, ils prirent goût au combat et s’amélioraient rapidement grâce à leur complicité fraternelle entre jumeaux.
Ils eurent heureusement moins d’atteinte à leur vie, n’étant qu’à moitié de sang royal, les ennemis s’intéressèrent moins à leur valeur.
Ils se démarquèrent par leurs compétences et les gens reconnurent leur vraie valeur rapidement.
Ils se passionnèrent de la couture et du stylisme et conservèrent le combat comme un loisir.
Ils étaient très proches d’Azur et s’entraînaient souvent avec lui.

Aurore étant la petite dernière, elle se retrouva un peu seule lorsque ses aînés vivèrent leur futur et prirent leur envol.
Azur se fiança avec une mignonne employée du château, ils eurent la bénédiction des parents.
Quant à Hélène et Alain, ils ouvrirent leur boutique dans le monde des humains et passaient beaucoup de temps à travailler.

Ne sachant pas vers quoi se diriger, n’ayant pas de projet pour son avenir, elle essayait de lire et apprendre plus de choses sur le monde humain.

2018.01.08

Métissé

Le teint mi-clair mi-foncé.
Sa mère étant blanche et son père métissé, sans surprise.
Les cheveux bruns foncés, épais longs, et légèrement ondulés.
Elle avait l’habitude de les attacher en queue de cheval ou en chignon lorsqu’elle travaillait.
Ou d’une pince, elle regroupait sa tignasse derrière sa tête.
Elle était simple, la tête souvent dans les nuages, perdue dans ses pensées elle réfléchissait à différents projets.
Habillée de vêtements confortables et simples, mais bien ceintrés qui lui donnaient un air sophistiqué dans sa simplicité.

Contrairement à sa demi-soeur, Aurore, qui avec la peau claire et des beaux cheveux blonds et fins, avait un air de poupée. Elle s’habillait de vêtements légers et bien assortis.

2018.01.08

Demande

Au début, les gens parlèrent beaucoup de cette relation à trois, puis ils s’y habituèrent.
Nous dormions à trois désormais.
Azur accepta la nouvelle comme s’il avait un nouveau papa, mais en réalite cela ne changea pas grand chose. Chris était déjà très présent dans notre vie et était juste devenu plus qu’un oncle.

Chris et moi apprirent à nous connaître plus intimement. Il restait toujours aussi respectueux envers Gabriel.
J’étais comblée.

Un jour, alors que nous étions dans le lit tous les trois, à parler de tout et de rien.
Il demanda timidement.

— Est-ce que je peux formuler une demande un peu égoïste… ?

— Laquelle ?
Demandais-je.

— Surtout dis-moi si cela te dérange, d’accord ? Si tu refuses je respecterai ta décision.

— Dis-moi.
Répondis-je curieuse.

— Je… je souhaiterais bien avoir un enfant… tu crois que c’est possible… ?

Gabriel, comme d’habitude, n’était pas surpris et soupira avant de me laisser répondre.

— Je… je ne pense pas… que ce soit une demande égoïste, Chris.

— Arrête de me jeter des regards, Alexandra. Tu connais déjà ma réponse. Si c’est ce que tu désires également, je n’ai aucune objection. Je prendrai soin de toi pendant comme après la grossesse, même si cet enfant n’est pas biologiquement le mien.
Dit-il exaspéré.

— Si Gabriel dit ça… Bien sûr que je veux bien porter un enfant de toi, Chris.
Dis-je en esquissant un sourire.

Je regardais Chris dans les yeux.

— Merci Gabriel !
Dit Chris, émut.

— Tss, ne me remercie pas, j’y suis pour rien moi, remercie plutôt Alexandra. C’est de son utérus dont il est question…

Azur avait 4 ans lorsque je donnais naissance à des jumeaux magnifiques. On les appela Jeanne et Jean.
Ils avaient mes yeux marrons et mes cheveux un peu bouclés, mais la couleur noire de jais de Chris.
La grossesse fut compliquée mais rien d’insurmontable et tout le monde était en bonne santé.

Quelques années plus tard. Azur avait maintenant 8 ans et les jumeaux 4 ans à leur tour, lorsque Gabriel me demanda si j’étais d’accord pour porter un second enfant de lui.
La grossesse d’Azur avait été particulièrement compliquée et il en était conscient, mais j’avais également envie d’un deuxième enfant avec Gabriel, peut-être pour équilibrer la balance.
Gabriel était un peu envieux des deux moutons noirs de Chris et je voulais également lui faire plaisir.
Ainsi nous eûmes une petite fille qu’on appela Aurore.
Elle avait des bouclettes blondes et les yeux vairons.

*

Azur avait grandit et continuait d’apprécier les cours de self-défense et de combat. Il décida de devenir professeur.

Quant à Jeanne et Jean, ils étaient tous les deux bons en éducation physique mais avaient un tout autre hobby et une idée de carrière.
Ils avaient grandi ensemble et étaient très fusionnels, s’aidant mutuellement à accumuler de l’expérience. Ils s’intéressèrent tous les deux au dessin, en apportant des critiques constructives chacun leur tour, ils progressèrent très rapidement.
Puis ils s’orientèrent vers le métier de styliste et designer textile. Jeanne savait ce qu’elle aimait voir sur Jean et réciproquement. Ils étaient complémentaires.
Lorsqu’ils furent en âge et assez matures pour formuler leur voeux de travailler et d’avoir leur propre boutique, Alexandra les soutint ainsi que Chris.
Elle en toucha deux mots à Gabriel qui accepta avec plaisir de participer au financement du magasin.
Ils avaient 22 ans lorsque la boutique vit le jour.
J&J. Un magnifique logo sobre et sophistiqué.
Ils insistèrent pour rembourser le prix de leur commerce et considérèrent la participation de Gabriel comme un emprunt à très longue durée.
Chris culpabilisait de ne pas pouvoir les aider en finançant le projet de ses enfants.

2017.12.27

Rincer

Alors que Chris et moi, nous nous regardions dans le blanc des yeux, je sentis l’étreinte de Gabriel se resserer autour de moi.
Il était réveillé et il se rapprocha de moi, et il enfouit son visage dans ma chevelure ondulée.
Il grogna. Je ressentais son inquiétude. Il avait peur que je ne l’aime plus ou moins, après tout ça.
Que je le laisse.
Sa réaction me fit sourire et je lui rendis son étreinte et je me retournais vers lui.
Ses yeux étaient emplis d’une peur. Peur que je m’éloigne de lui. Et de questions.
Je le serrais dans mes bras pour le rassurer que mes sentiments à son égard restaient inchangés.
Chris souleva sa couverture pour regarder dessous.
Il etait nu comme un ver et nous également.

— Je… veux pas vous déranger mais… est-ce que je peux me laver… ?
Demanda t-il gêné.

Cela nous sortit de notre torpeur et Gabriel sourit enfin.

— Oui, bien sûr. Il y a une salle de bain juste là, si ça ne te dérange pas, on va également prendre une douche…

Il sortit de la couverture et m’attrapa pour me porter jusque dans la salle d’eau.

— Qu’est-ce que tu fais ?!
Lui demandais je.

— Je sais que tu ne vas pas oser venir te laver avec nous, alors je t’embarque.

Chris nous suivit, observant la scène de loin.
On avait une douche à l’italienne ainsi qu’une baignoire.
Gabriel me posa et fit couler de l’eau par le pommeau pour se mouiller.
Il fit signe à Chris d’entrer et de ne pas se gêner.

— Ne fais pas le timide, tu as l’habitude de me voir nu et Alexandra, tu l’as vue hier…

Il avait raison mais je ne pouvais pas m’empêcher d’être gênée.
Chris était vraiment bien fait, je n’avais pas beaucoup eu l’occasion de le voir torse nu, et encore moins entièrement nu.
Il s’approcha de nous, embarrassé mais essayant de passer outre sa gêne.
Je fis mine de ne pas m’en soucier non plus et je commençais à me savonner.
En voulant me tourner pour ranger le savon à sa place, je fis un faux mouvement et mon pied glissa.
Chris était en face de moi et eut le bon réflexe de me rattraper avant ma chute.
J’étais savonneuse et glissante, il dut me tenir par les hanches pour me stabiliser.
Gabriel s’inquiéta d’abord puis se moqua de nous, de la position dans laquelle on se trouvait.
Chris n’osant pas me regarder dans les yeux, et moi, dans ses bras, la poitrine appuyée contre son torse et sentant son érection contre mon bas ventre.

— J-je suis désolé !
Bégaya t-il.

Gabriel attrapa le pommeau de douche et nous arrosa tous les deux.

— Bon les tourtereaux, dépêchez-vous de vous laver, on va être en retard !
Dit-il agacé et un peu jaloux.

Il m’attrapa par le poignet et me rinça de haut en bas. Laissant Chris reprendre ses esprits et s’activer pour se nettoyer également.
Gabriel m’aida à me sécher les cheveux et je l’aidais également à lui sécher le bas du dos.
Je jetais des coups d’oeil à Chris et je m’approchai de lui pour l’aider également à se sécher.
Ses cheveux longs noirs mouillés étaient collés contre sa peau, ils formaient des petites ondulations que je trouvais particulièrement belles.
Gabriel avait des cheveux mi longs qui s’arrêtaient au dessus des épaules, en comparaison.

— Je peux te prêter des vêtements propres mais tu risques de flotter un peu dedans… hm, les chemises devraient t’aller sans trop choquer. J’ai un pantalon et une ceinture. Tiens, attrape ce boxer.

Il lui sortit tout ça et les lui posa sur le lit.
Tandis que je cherchais des vêtements à porter dans mon armoire. Une chemisette avec un jeans slim et un petit cardigan devraient suffir.
Je me retournais et Chris était dans les vêtements de Gabriel, un peu ample pour sa carrure mais cela lui donnait un charme fou. La ceinture centrait un peu le tout. Il avait l’air d’un pirate.
Je ne pouvais m’empêcher de le fixer et d’essayer de mettre le doigt sur ce qui m’attirait le plus chez lui. Si c’était parce que les vêtements étaient à Gabriel ou autre chose.
Lorsqu’il s’en rendit compte, Chris rougit instantanément.

— Qu- quoi ? J’ai l’air bizarre… ?
Demanda t-il.

Gabriel qui avait également fini de s’habiller, se retourna vers lui et resta sans mot pendant un moment.

— Au contraire… ça a l’air de t’aller mieux qu’à moi, vu comment Alexandra te dévore des yeux.
Dit-il songeur.

— G-Gabriel !!!
Criais-je, mise à découvert.

Je rangeais rapidement la pièce, en ramassant les vêtements qui traînaient et en les mettant dans le bac à linge sale. En faisant grossièrement le lit.

— On a un peu de temps pour discuter.
Dit Gabriel pour casser le silence.

Chris et moi tournions la tête vers lui.

— Ce qui s’est passé hier… je ne pense pas que nous devions faire comme si de rien n’était. Qu’en penses-tu Chris ?
— Je… s’il faut, je peux partir d’ici et mener ma vie ailleurs.
— Ce n’est pas ce qu’Alexandra souhaite, je me trompe ?

Gabriel se tourna vers moi.
Je hochais de la tête pour répondre à sa question.
Je ne savais pas comment réagir ni quelle attitude adopter vis à vis de cette situation.

— Qu’est-ce que tu voudrais, Chris ?
Demanda Gabriel.

— Je… j’aimerais continuer à être aux côtés d’Alexandra… mais après ce qu’on a fait hier soir… mes sentiments sont encore plus fort qu’auparavant… vis à vis de toi, je ne sais pas comment trouver une entente…

— C’est de ça dont je voulais parler. La polygamie existe et je ne suis pas contre, tant que cela rende Alexandra heureuse, et que nous jouons cartes sur table.

Gabriel se positionna derrière moi et m’enlaça.

— Je ne peux pas nier que je suis jaloux, mais tant que je suis au courant de ce qu’il se passe et que ce soit consenti et réciproque pour vous, ça me va. Il faudra juste expliquer la situation à Azur, à part ça cela ne regarde personne d’autre.

Il fit une pause.

— Disons que c’est comme si vous commenciez une relation. Prenez votre temps. Il n’y a pas d’engagement, si jamais vos sentiments diffèrent, il n’y a pas de mal à retourner à la situation d’avant. Je sais que ca ne sera pas pareil mais mieux vaut essayer que de regretter de n’avoir rien tenté, n’est ce pas ? J’ai l’impression d’être le papa qui autorise sa fille à sortir avec un garçon…
Soupira t-il.

— Je crois que ça me convient comme vision.
Dit Chris, sûr de lui.

— Je… veux bien essayer…
Répondis-je timidement.

— Je vois bien que tu n’es pas indifférente à Chris, Alexandra… je préfère que tu suives cette expérience que de te perdre parce que tu voudras me quitter.

— Mais ! Gabriel ! Ça ne m’est même pas venu à l’idée !
M’emportais-je.

— Je sais… mais je ne veux pas prendre ce risque. Ni celui de te voir malheureuse parce que Chris disparaîtrait de ta vie. Tu ne t’en rends peut-être pas compte, mais cela t’affecterait plus que tu ne le penses…
Dit-il en me carressant la tête, et en resserrant son étreinte.

Chris nous écoutait religieusement et ses paroles le touchèrent beaucoup. Son coeur se resserra en entendant ces mots et je le vis serrer son poing.

Cette situation difficile, nous réussîmes à nous en sortir.

2017.12.18