Frères

J’avais 33 ans et je tombais amoureux pour la première fois de ma vie.
C’était une amie de mon frère, il ne la connaissait pas depuis très longtemps mais ils étaient étrangement proches.
Il m’en avait parlé de long et en travers et cela s’entendait dans sa voix qu’il en était amoureux.
Ce soir là, il l’avait emmenée avec lui jusqu’à notre bar préféré.
C’était la première fois que je la rencontrais et que j’ai pu la juger de mes propres yeux.
Un peu épuisée par son week-end, qu’elle avait passé en compagnie de mon frère, elle me sourit et me fit un signe de la main.
Comme il l’avait décrite, elle était rayonnante.
J’ai pu l’approcher et lui adresser quelques mots au cours de la soirée, sans plus.
Je la voyais proche de mon frère, et cela me fit un pincement au coeur, de manière inexpliquée.
Je ne pouvais être jaloux de mon jumeau qui la connaissait depuis plus longtemps que moi, alors que je n’étais qu’un inconnu pour elle.
Et pourtant, elle me plut dès le premier regard, à travers les mots de mon frère, j’en était tombé amoureux.

J’étais moins doux et attentionné que mon frère.
Elle apprit à me connaitre et à me considérer comme une personne différente. Elle sut me différencier rapidement de mon jumeau et je l’en remerciais. Ce qui ne l’empêcha pas d’être aussi familière avec moi qu’avec lui. C’était dans sa nature.

Puis, elle perdit la vue.
Ce fut un choc pour nous deux.
Il savait ce que j’épprouvais pour elle. Il savait que j’avais beaucoup moins de scrupules que lui.
Elle d’habitude enjouée, ne sortait plus et passait son temps enfermée chez elle.
Mon frère s’inquiétait et lui rendait visite de temps à autres.
Jusqu’au jour ou elle fit une tentative de suicide.
Elle lui avait parlé du fait qu’elle ne voulait pas être un poids pour quiconque. Il n’avait pas compris l’ampleur de sa peine.
Heureusement, il arriva à temps.
Elle était allongée sur son lit, immobile, le pot de médicaments dans sa main, une lettre à son chevet.
Il comprit tout de suite.
Il tâta son pouls et appela les urgences.
Il m’appela ensuite, la panique dans sa voix, et je le rejoignis à l’hôpital pour l’épauler. Il était effrondré.
J’étais également mort d’inquiétude mais je me forçais à garder mon sang froid.

Elle était maintenant hors de danger.
Elle resta quelques jours à l’hôpital avant qu’on décide de la prendre sous notre aile, et qu’elle vienne habiter avec nous.

Nous avions un accord.
Mon frère et moi devenions ses tuteurs.
Nous lui fîmes promettre de ne plus jamais faire de tentative de ce genre.

2016.01.20

Double

Assis sur leur canapé.
Elle au milieu.
L’un à sa droite, et l’autre à sa gauche.
Elle avait les yeux fermés et ne semblait pas vouloir les ouvrir.
Elle donnait la main à ses deux amis.
Ils la protégeaient comme la prunelle de leurs yeux.
Ironique, lorsqu’on savait qu’elle était aveugle.
Elle leur accordait entière confiance, et les aimait autant l’un que l’autre.
Ils étaient jumeaux, et malgré sa déficience, elle était capable de les reconnaître sans souci, grâce au toucher et à l’ouïe.
Il avait une voix et un ton plus doux tandis que l’autre était un peu plus discret et moins bavard.

2016.01.15

Malchance

Elle était au mauvais endroit, au mauvais moment.
Elle sentit une douleur vive, elle voulut être sure et toucha, puis regarda sa main.
Du sang. Beaucoup trop de sang.
Elle tituba jusqu’à un mur pour s’y appuyer.

Une silouhette apparut devant elle.
Comme par magie, instantanément.
Il la rattrapa avant qu’elle ne tombe et l’aida à s’adoser.

— Tout ira bien. Tout va bien se passer.

Sa vue se troubla.
Il la rassura, la main posée sur sa joue.

2016.01.07

Bain public

Elle toussa, une fois, puis plusieurs fois.
Elle cracha du sang avant de s’écrouler au sol.
Combien de temps s’était-il écoulé ?
Quelqu’un d’autre entra dans le bain, et vit son corps affalé par terre.
C’était une fille d’une autre classe, une sportive. Elle ressortit aussitôt paniquée et prévint le personnel.

— Il y a quelqu’un qui n’est pas bien, là !

Le personnel appela son frère qui était dans le bain opposé pour lui dire que sa soeur était mal au point.
La jeune fille aida à rhabiller rapidement l’autre fille qui saignait du nez.
Son frère sortit avec précipitation, en laissant ses deux amis, il se rhabilla également et alla voir l’état de sa soeur.

2016.01.07

Aînée

Assise dans sa chambre, à sa table basse, sur son petit coussin.
Elle avait le regard perdu, pensive.
Les cheveux légèrement rassemblés et attachés en arrière, la tête levée, semblant fixer un point sur le mur de la pièce.
Elle aimait être ainsi, méditant, seule, au calme dans son endroit à elle.
De temps en temps, il passait la voir, lui demander si tout allait bien.
Elle lui souriait gentiment.
Lorsqu’il n’avait pas le moral, il savait qu’il pouvait s’imposer quelques minutes, profiter de sa présence et de la sénérité qu’elle dégageait.
Malgré tout, il avait ce privilège, vu qu’ils se connaissaient depuis longtemps, depuis leur enfance.

*

Quelques coups sur la porte.

— Mademoiselle, excusez-moi de vous déranger, nous avons besoin de vous.

Elle savait que sa pause était finie.

— J’arrive.
Répondit-elle avec calme. Sans aucune animosité.

Elle attrapa le long gilet qui était accroché sur le porte-manteau juste à côté de la porte.
C’était la tenue de son poste, un habit porté et passé de générations en générations.
Elle respira profondément une dernière fois avant de franchir cette porte.

Elle analysa les informations d’une grande rapidité. Elle sembla réfléchir pendant quelques minutes, sans rien dire, les personnes autour d’elle attendirent en silence.
Puis elle reprit la parole, avec son calme habituel, un bras appuyé sur la grande table de réunion, et l’autre main en face d’elle, pointant les documents qu’elle avait à sa disposition.
Elle proposait une solution, les yeux rivés sur le bois de la table, puis relevant lentement ses yeux et son visage vers ses interlocuteurs, en attendant sagement leurs remarques et autres commentaires.
Elle avait quelque chose d’adorable, malgré son poste, malgré qu’elle soit la personne la plus importante autour de cette table, elle continuait à se comporter comme une enfant, elle avait gardé son coeur pur et innocent, par moment.
Cela ne l’empêchait pas d’avoir un ton sec lorsqu’elle défendait ses convictions et son point de vue sur certains cas, mais elle était toujours ouverte d’esprit et écoutait et prenait en compte toutes les remarques constructives.
Tous ses prédécesseurs avaient ces qualités, mais chacun avait son caractère et ses manières de faire un peu différentes.

*

Il l’aimait du fond de son coeur depuis leur enfance.
Ils habitaient juste à côté, elle avait une cadette qui paraissait plus mature et plus douée qu’elle mais elle n’avait jamais eu de mépris ou de mots désagréables envers sa soeur. Au contraire, elle était la première à la complimenter.
Cependant elle complexait mais ne le montrait pas en public.
C’est là qu’il la vit, par hasard, en train de pleurer dans un coin loin de chez elle.

— Qu’est-ce que tu fais là… ?
Dit-il avec surprise avant de se rendre compte, lorsqu’elle se retourna, que des larmes coulaient sur sa joue, et que ses yeux étaient rouges.

Elle tenta d’essuyer son visage comme elle le put. Il fut surpris et pensait qu’elle avait mal quelque part, ou qu’on lui avait fait du mal.

— Quelqu’un a été mechant avec toi… ?! Tu peux me le dire, tu sais.

Il avait 5 ans de plus qu’elle et se comportait comme un grand frère.
Cela la fit sourire, et elle lui répondit qu’il en était rien.

— Ne t’inquiète pas, c’est rien.
— T’es en train de pleurer, ce n’est pas rien.
— … Tu me promets de ne rien dire à personne… ?
— Oui, bien sûr.
— Je suis pitoyable, n’est-ce pas ? Je suis l’aînée mais je ne suis pas capable de donner le moindre exemple. J’ai deux mains gauches…

Il fut plus que surpris. C’était la première fois qu’il la voyait aussi fragile. Alors que d’habitude elle prenait les commentaires à son égard avec dérision.

— Ne dis rien à ma soeur s’il-te-plaît. Je ne veux pas qu’elle me voit ainsi… Cela ne lui apporterait rien de plus de savoir que je complexe…

Les larmes avaient recommencé à couler.
Il la prit dans ses bras pour tenter de la conforter.

— Je ne dirais rien à personne. Promis.

Il avait été touché par cette partie de sa personalité, ils gardèrent ça comme leur petit secret. Le lendemain elle agit comme à son habitude, comme si de rien n’était.
C’était depuis ce jour qu’il avait developpé des sentiments à son égard.

Bien entendu, sa soeur était amoureuse de lui. Cela crevait les yeux, et en tant qu’aînée, elle avait toujours protégé sa soeur et fait en sorte qu’elle réussisse. Elle savait qu’elle l’aimait et elle avait rien fait pour se rapprocher de lui, et avait même tenté d’ignorer ses propres sentiments.

Le jour arriva où sa soeur se déclara.
Elle pensait avoir toutes ses chances.
Pourtant, il refusa.

— Je suis désolé, j’éprouve des sentiments pour quelqu’un d’autre…

Elle voulut savoir qui c’était, et il lui avoua.

— Ta grande soeur…

Folle de jalousie, elle s’emporta.

— Qu’est-ce que tu lui trouves ?! C’est une empotée. Je suis beaucoup mieux qu’elle !

Il la giffla.
Elle resta bouche bée, les larmes aux yeux.

— Je le fais parce qu’elle n’osera jamais le faire. Tu devrais avoir honte de penser cela d’elle. Tu ne sais rien de ce qu’elle éprouve.
Je ne lui ai encore rien dit, j’espère que tu ne lui répéteras pas ce que je ressens pour elle.

Il partit sans demander son reste.

*

Après cet évènement, la cadette fit plus attention à son aînée.
Elle s’excusa auprès d’elle d’avoir été aussi égoïste jusque là, sans rien dire des sentiments de leur voisin.
Cela a resserré leurs liens.

Le jour où quelqu’un d’en haut vint chez eux, toute la famille fut surprise d’apprendre que ce n’était pas la plus jeune qui avait été choisie pour être la prochaine personne à reprendre le poste le plus respecté, mais l’aînée.
La petite soeur pleura, son égo en avait pris un coup.
L’aînée ne savait pas comment réagir.

— Vous êtes sûrs que vous ne vous êtes pas trompés de personne… ?
Demanda encore une fois l’aînée.

Elle eut une semaine pour se décider et se préparer pour partir de la maison.
Elle était en âge de reprendre le poste.
Sa famille était fière, et sa cadette également. Peut-être était-ce la première fois qu’elle était aussi fière de sa soeur.
Sa décision était prise dès le premier soir. Pour une fois qu’elle pouvait faire quelque chose pour sa famille, et qu’elle pouvait les rendre tous fier. Elle n’hésita pas une seconde.

*

Lorsqu’il apprit la nouvelle, il crut que son monde s’écroulait. Il ne s’était toujours pas déclaré et il allait peut-être plus jamais la revoir.
Heureusement il était loin d’être mauvais dans son domaine et il put demander à suivre une formation spéciale pour être transféré sur le même lieu de travail qu’elle.
Cela lui demanda du temps mais il réussit.

Le jour où il put enfin entrer dans ce lieu, et qu’il la croisa. Il fit mine d’être surpris.
Elle le félicita, et il dut se retenir de la prendre dans ses bras et de lui avouer ses sentiments devant ses futurs collègues.

Ce milieu n’était pas du tout favorable aux couples, mais il était déjà plus qu’heureux de pouvoir la revoir. Il la redécouvrait sous un nouveau jour.

2016.01.07

Poste

Ses cheveux courts en bataille, ses petites mèches rebelles.
Son visage fin, son regard sévère et ses sourcils froncés.
La monture de ses lunettes rectagulaire et fine lui allait parfaitement.

*

Il l’avait récupérée, sous les yeux des gens qui n’étaient pas en mesure de faire quoi que ce soit.
Ils l’avaient regardé faire, ne sachant pas s’ils avaient le droit ou non d’intervenir.
Il la ramena à la maison. Chez leur parents.
Là où sa chambre avait été gardée intacte.
Elle était encore inconsciente.
Ses parents durent attendre qu’il leur explique la situation.
Il portait son petit corps fragile dans ses bras.
Il était hors de question pour lui qu’elle retourne là-bas en sachant que personne ne se souciait de sa santé. De sa vie.
Jamais elle n’aurait mis en danger leur village, il le savait mieux que quiconque.
Vu qu’elle s’était résignée et qu’elle lui avait dit qu’elle ferait de son mieux pour les protéger : lui et ses parents.

— Je suis venue te faire mes adieux. Je vais reprendre le poste. C’est mon droit et mon devoir. C’est la raison pour laquelle je me suis si durement entraînée chaque jour : pouvoir vous protéger. Toi, maman, papa, et tous les gens du village. Si on m’a choisie c’est que j’en suis capable. Je ferai de mon mieux…

Cela lui avait brisé le coeur.
Ce n’était pas comme s’il attendait quoi que ce soit, pas comme si elle allait refuser ce poste pour lui. Il s’attendait à cette réponse, il s’y était préparé, pourtant cela l’avait bouleversé.
Puis elle ajouta :

— De toute facon, tu as été injuste envers moi… Tu savais depuis le début que je n’étais pas ta soeur, alors que moi…
Dit-elle avec un rictus.

Il se jeta sur elle pour l’enlacer.
Il la serrait aussi fort qu’il le pouvait, dans ses bras.
Son visage à moitié dans ses cheveux, il tentait de refluer ses larmes.

— Je suis désolé.
Souffla t-il.

Elle se retrouva à le consoler, elle souriait, elle se moquait de lui gentiment.
Elle lui rendit aussi fort qu’elle le pouvait son étreinte.

— Tu ne vas pas pleurer pour ça… Tu es un grand garcon.
Disait-elle, en lui tapotant le dos.

2015.12.28

Dalle

Ses derniers souvenris remontaient à sa soirée avec Antoine.
Ils s’étaient quittés et elle ne se souvenait plus de rien.
Elle était assise sur le siège de racines et elle n’avait plus la force de se lever. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était assise là mais cela ne presageait rien de bon.
Elle vit des internes essayer de l’approcher mais ils furent repoussés par une force invisible.
Plus le temps passait et plus elle sentait ses forces la quitter.

Il l’attrapa par le tissu de son vêtement et la serra dans ses bras avant de se faire violemment éjecter contre le mur.
Il était également recouvert d’égratinures à force d’essayer de la sauver.
Il dut se briser au moins une ou deux côtes avec le choc, pourtant il ignora sa douleur. Sa joie d’avoir réussi à sauver Ange était incommensurable.
Il retint ses larmes et l’embrassa sur le front avant de s’effondrer en perdant connaissance.

Lorsqu’il se réveilla, il était en salle de soin, il écarta les infirmières qui étaient en train de prendre soin de lui. Il se leva avec ses bandages sur son torse nu et se dirigea vers la porte de sortie.

— Merci, où est Ange ?

Les infirmiers ne comprirent pas sa question et n’osèrent pas répondre, ils s’échangèrent des regards complices.

— Je vais la chercher, dans ce cas.
Dit-il très calmement.

Ils l’en empêchèrent et tentèrent de le dissuader vu qu’il était encore en convalescence, cela ne l’empêcha pas d’avancer de pied ferme et continuer son chemin.
Il remarqua tout de suite l’endroit où il y avait le plus de protection, la sécurité avait été renforcée.
Il écarta tous les supérieurs et vit Ange allongée sur une dalle encore inconsciente. Il vit rouge et s’approcha d’elle en ingnorant tous les gardes.

— Ça ne vous a pas suffit ?! Il est hors de question qu’elle reste une minute de plus ici. J’ai vu que vous étiez tous prêts à la laisser mourir, je ne vous le pardonnerai jamais. Trouvez quelqu’un d’autre !

2015.12.24

Fauteuil roulant

Ange n’était plus en état d’assurer les prochains jours.
Sa rivale dut alors prendre la main jusqu’à ce qu’Ange se rétablisse.
Elle changea tout de suite d’avis, elle avait sous-estimé ce travail.
Quant à Ange, Sylvain et Antoine étaient à ses côtés.
Antoine s’excusa de nombreuses fois mais elle lui avait pardonné.
Elle était heureuse de pouvoir de nouveau être avec eux malgré son travail.
Assise dans son fauteuil roulant, elle n’avait pas encore assez de force pour tenir debout.
Antoine était souvent seul avec elle.
Syvain devait s’occuper de certains points de l’organisation.
Lorsqu’Antoine vit dans quel état de faiblesse elle était.
Cela lui brisa le coeur.

Assise dans son fauteuil roulant.
Elle continuait à sourire, ses cheveux longs fins et lisses retombaient ondulés sur ses genoux. Ses mains qui dépassaient de son pull à capuche étaient maigres. Elle avait la peau sur les os.
Après cet évènement, elle reprenait peu à peu des couleurs.
Elle avait été très affaiblie mais elle continuait à prendre la vie du bon côté.

Il s’en voulait terriblement.

Pendant ce temps, la jeune fille qui désirait plus que tout être doyenne, la remplaçait.
Son employée qui maitrîsait la vérite des âmes s’occupait de superviser et de la surveiller.
La jeune fille d’abord enthousiaste finit par déchanter au bout d’une journée de travail.
Elle était épuisée, elle ne supportait pas d’entendre des centaines de voix différentes en provenance des racines, ni le fait de se faire absorber son énergie vitale.
Elle tint environ une semaine en se forçant et en repoussant ses limites.
Elle changea d’avis sur Ange et finit, à contre-coeur, par accepter sa défaite et s’excusa.
L’employée lui fit comprendre ce qu’elle lui avait fait endurer en la bloquant sur ce siège durant plus d’une journée, sans pause.

2015.12.17

Pot aux roses

Son énergie avait été trop absorbée.
Personne ne savait quoi faire pour arrêter cela.
Cela faisait plusieurs jours qu’elle était là et qu’elle ne pouvait s’extirper de son siège.
Les cheveux blancs se faisaient de plus en plus nombreux.
Elle n’avait pas mangé.
Tous les gens qui s’approchaient d’elle étaient repoussés par une force invisible.
Personne ne l’appréciait assez pour insister malgré leur conscience professionnelle.
La température diminuait peu à peu et certains pensaient même à essayer de la tuer ou la laisser mourir pour choisir un autre remplaçant.
Le camp des gens qui trouvait innaceptable de la laisser mourir, décida de prévenir sa famille pour tenter de la sauver.
Sylvain insista pour aller la voir, ses parents restèrent chez eux en réfléchissant à la situation et regrettant de l’avoir poussée à suivre sa carrière toute tracée.
L’état physique d’Ange l’inquiétait au plus au point.

— Je sais mieux que quiconque qu’elle ne se serait jamais mise dans cette situation. Elle voulait protéger la population et elle était prête à tout sacrifier. Il faut que je la sauve…

Il fonça vers elle, le bouclier le repoussa, il recommença à plusieurs reprises et à différents endroits.
Le personnel commença à s’approcher et l’observer.

— Si j’avais su que vous prendrez soin d’elle de cette manière, je ne l’aurais jamais laissée partir. C’est de cette manière que vous aidez votre doyenne ?

Ces paroles avaient eu un impact sur les personnes qui doutaient d’Ange.
Plusieurs personnes pensaient qu’elle se vengeait, les rumeurs avaient circulé sur les sentiments qu’elle ne pourrait jamais partager avec Sylvain.
Il apporta les informations manquantes et se força à avancer vers elle.
Il était égratigné mais il continuait.
Il réussi enfin à l’atteindre, il l’attrapa par la taille, l’onde de choc les emporta tous les deux.
Il la serra dans ses bras.
Il se cogna contre un mur mais elle était sauve.
Le mur était sur le point de s’effondrer sur eux mais heureusement, certains employés vinrent l’aider.
Elle était inconsciente et affaiblie mais sa main serrait fort le vêtement de Sylvain.
Il resta s’occuper d’elle et en profita pour enquéter.
Quelqu’un avait dû manigancer cette situation.
Une équipe fut désignée pour prendre soin d’elle.
Il décida de prendre en main une partie de la hiérarchie, il venait de sauver la doyenne et son statut équivalait à son bras droit.
Il congédia tous les employés qui doutaient d’elle, ainsi que ceux qui n’avaient rien tenté pour l’aider.
Il ne restait plus grand monde.
Elle était adorée de son vivant, quelque chose clochait.

Une élève de troisième année major de sa promotion devait prendre le poste et était morte de jalousie.
C’est elle qui monta le scénario.
Elle avait réussi à embobiner Antoine et le faire croire qu’il pourrait la récupérer si elle prennait sa place.
Il accepta.
Il profita de sa confiance et la drogua et la laissa sur le siège sans vraiment comprendre la gravité de son acte.
Les racines avaient repéré la drogue dans son corps et par moyen de défense, cela activa le bouclier. Personne ne pouvait plus la sauver.
Le temps qu’elle émerge, elle était déjà presque vidée de son énergie.
Elle n’avait plus la force ni de parler, ni de bouger.
Elle allait se vider de toute son essence et mourir sur ce siège.
Elle voyait les gens essayer de l’aider mais elle ne pouvait rien faire.

Lorsqu’elle se réveilla, Sylvain était à ses côtés et elle était rassurée.
Elle savait qu’il l’avait sauvée mais ses souvenirs étaient flous.

— Repose-toi.

Il décida d’engager des personnes de confiance et proposa à sa meilleure amie de rejoindre le personnel.
Lorsqu’il proposa à Antoine en lui expliquant la situation, sa réaction fut étrange.
Il décida d’enquéter plus.
Il le prit en filature, et il découvrit le pot aux roses.

Elle soupira et décida de le tuer vu que son plan n’avait pas fonctionné.
Sylvain intervint au bon moment et la mis hors état de nuire.
Il l’emmena pour la juger.
Le bras droit de l’ancienne doyenne s’avança vers elle et lui expliqua pourquoi elle n’avait pas été choisie.
Son coeur était impur.
Son esprit n’était pas assez fort pour endosser ce rôle.
Elle posa sa main sur son front et utilisa un sort pour qu’elle comprenne.
Elle versa des larmes lorsqu’elle comprit son erreur.

2015.12.16

Aura

Il se rendit compte du changement de climat comme tout le monde, il ne put s’empêcher de penser à Ange. Malgré ces quelques années sans elle.
Sa famille ainsi qu’Antoine étaient affectés par son absence mais faisaient comme si de rien n’était.
En rentrant chez lui, comme à son habitude, il y avait étrangement de la visite.
C’était un interne de la doyenne.
Il venait d’expliquer à sa mere l’état critique d’Ange.
Sylvain insista pour aller la voir. Il était mort d’inquiétude et en même temps, il profita de cette occasion pour la revoir. Il voulait simplement la serrer dans ses bras.

— Je savais qu’on n’aurait jamais dû la forcer à endosser ce poste… Sanglotait sa mère, dans les bras de son père.

Sylvain repartit avec l’invité.
Ils arrivèrent dans l’immense bâtisse, rarement accessible aux externes.

Il la vit sur son fauteuil, elle était encore jeune et pourtant ses cheveux étaient déjà parsemés de mèches blanches.
Elle avait terriblement maigri alors qu’elle était déjà mince auparavant.
Son regard était vide, elle semblait presque avoir perdu la vue.
L’interne lui fit un rapide résumé des évènements, il semblait assez désespéré.
Il ne comprenait pas pourquoi elle avait sombré à ce point, elle avait pourtant accepté de prendre la relève.

Il lutta pour l’approcher, elle était protégée par sa propre aura, elle était méfiante et ne semblait pas le reconnaître.
Les racines de son siège commencèrent à bouger et à se déplacer en direction de Sylvain.
Il les évita et continua sa progression.
Son aura était glaciale.
Il devait la libérer, lui ouvrir les yeux.
Il arriva à sa hauteur, il l’appela par son prénom à de nombreuses reprises.
Ses yeux reprirent peu à peu de la couleur.
Elle se réveilla de sa torpeur.
Elle reconnut Sylvain et ne comprenait pas ce qui se passait.
Elle s’écroula de fatigue, au sol, en tombant devant son siège.
Il accourut pour la rattraper dans ses bras.
Il vérifia son pouls, faible mais présent.
Sa force vitale avait été ponctionnée par l’arbre.
Quelque chose n’allait pas.

Sylvain avait réussi à la sauver cette fois.
Les internes n’étaient pas formés pour ce genre de problème et Ange était encore trop jeune. Elle ne disposait pas de l’expérience nécessaire.

2015.12.16