Jour J

Les jours, les semaines et les mois s’écoulèrent paisiblement.
Ils reprirent leur quotidien qui fut un peu plus romantique qu’avant.
Il arrivait qu’elle le prenne par surprise ou lui saute dessus, pour l’embrasser.
De temps à autres, il l’attrapait par derrière et la serrait dans ses bras.
Leur vie de tous les jours passèrent et les saisons s’écoulèrent.

Le jour arriva où elle tomba enceinte.
Les premiers signes ne furent pas très évocateurs et il crut qu’elle était tombée malade.
Les nausées, la fatigue, cela n’allait pas fort.
Il alla chercher un médecin et lui demanda de l’examiner.
Le verdict le cloua sur place.
Après quelques tests, il affirma que la jeune femme était enceinte et que les symptômes étaient tout à fait normaux.
Elle devait se ménager et se reposer tout en gardant une alimentation équilibrée.
Il laissa une liste de conseils à suivres durant la grossesse et quitta les lieux.
Le laissant avec un sourire figé sur son visage. Il ne cacha pas sa joie et avait du mal à réaliser qu’il allait être père. Elle-même ne réalisait pas la situation.
Malgré ses quelques faiblesses, elle continua à faire ses activités et vivre normalement.
Jusqu’à quelques mois de son terme, le médecin était repassé pour vérifier que tout allait bien.
Elle eut pas mal de difficultés à se déplacer, son ventre était imposant, et elle passa une partie de ses journées assise ou allongée lorsque cela n’allait pas bien.
Elle souhaitait continuer à faire des activités et ne pas être un poids.
Les jours passaient et il était heureux mais inquiet.

Le jour-J arriva, ils étaient préparés et lorsqu’elle perdit les eaux, il sut quoi faire. La table servant de table de travail, avec les précautions et les draps.
Le médecin arriva à temps et les aida pour que tout se déroule bien.
Ce fut deux au lieu d’un enfant qu’ils eurent.
Des jumeaux.
Elle fut épuisée de l’effort mais sourit à la vue des deux têtes qui apparurent, puis de leurs cris.
Il les porta dans ses bras après avoir coupé le cordon ombilical, et pleura de joie.
Il les lui montra.

2016.03.10

Draps

Le lendemain, lorsqu’il se réveilla, ses souvenirs étaient encore parsemés et il était un peu barbouillé.
Au moins il avait retrouvé son état normal.
Lorsqu’il se tourna vers elle, endormie et nue à ses côtés, il ne put s’empêcher de rougir en repensant aux bribes de la nuit passée.
Il la laissa dormir et se leva, s’habilla pour aller se raffraîchir le visage et ses pensées au point d’eau.
Il réfléchissait à ce qu’il pourrait lui dire, s’il devait s’excuser, s’il devait lui dire qu’il était sérieux et qu’il prendrait ses responsabilités.
Il n’arrivait pas à croire qu’il avait franchi le pas. C’était le point de non-retour et il était anxieux de la réponse qu’elle lui donnerait.
Il était conscient qu’il n’était plus tout jeune. Ils devait avoir au moins 20 ans de plus qu’elle et il ne savait pas ce qu’elle pensait réellement de lui.
Il était ainsi au bord de la riviere, accroupi, perdu dans ses pensées, il avait plongé ses mains dans l’eau fraîche du matin et avait aspergé son visage. Ça lui avait remis les idées en place et il était maintenant bien réveillé.
Il se demandait encore s’il regrettait ou non ses actes d’hier soir.

— Qu’est-ce que j’ai fait…

Elle se réveilla doucement et la première chose qu’elle fit, c’est de le chercher dans le lit, de ses mains qu’elle balada dans les draps.
Personne.
Elle ouvrit les yeux et il n’était plus là.
Elle paniqua et imagina le pire des scénarios.
Des questions multiples se bousculèrent dans sa tête.
Elle avait peur de ne pas être à la hauteur, qu’elle ne soit pas assez bien pour lui.
Peut-être qu’il ne la prenait pas au sérieux et qu’il la considèrait encore comme une enfant…
Elle était effrayée à l’idée qu’il ne la voit pas comme une femme et qu’il la rejette.
Elle s’habilla en vitesse avec son peignoir et une énorme cape.
S’il était réellement parti, il ne devait pas être très loin.
Les draps étaient encore tièdes.
Elle savait que le matin était frais et elle se savait frileuse.
Elle remonta la piste jusqu’à la cascade.
Lorsqu’elle vit sa silhouette de loin, elle soupira de soulagement. Elle était rassurée qu’il soit encore dans les parages.
Ils devaient discuter.

Elle s’approcha de lui et voulut l’attaquer par surprise pour le taquiner et à la fois le punir parce qu’il était sorti sans la réveiller.
Il sentit sa présence et esquiva l’attaque fictive.
La faisant perdre son équilibre, elle faillit tomber. Il la rattrapa par le bras.

— À quoi tu joues ?

Il fut surpris qu’elle soit déjà debout.
Lorsqu’il la vit de plus près, il remarqua ses yeux rouges et gonflés.

— Ça va pas… ?
Demanda t-il inquiet.

— Tu as pleuré ?
Ajouta t-il avec surprise.

Après un instant de silence elle se mit à parler.

— Je… J’ai cru que tu étais parti… que tu m’avais laissée toute seule…

Elle eut du mal à parler et se mit à éclater en sanglots. Elle renifla et essuya ses larmes.
C’était plus fort qu’elle.
Il ne put s’empêcher de la serrer dans ses bras. Il n’avait pas l’habitude de la voir aussi désemparée.

— Qu’est-ce que tu racontes… ? Je ne vais nulle part sans toi…

Il la réconforta comme il put.
Elle se calma petit à petit.
Il la porta jusqu’à leur maisonnée.
Elle était sortie qu’avec son peignoir et il sentait qu’elle avait froid et qu’elle frissonnait.
Il la posa dans sur le rebord du lit, et prit la couverture.

— Il faudra vraiment laver les draps… On peut dire que les draps se souviennent de notre nuit…
Dit-il en soulevant la couverture du bout des doigts et fixant les taches ici et là.

Elle rougit.

— En parlant de se souvenir…

Ce fut à son tour d’être gêné.

— À cause de la drogue d’hier… Je ne me souviens pas très bien de… je veux dire… je n’étais pas dans mon état normal… et je me demandais… si je pouvais me racheter et te montrer mes vrais sentiments…

Elle le regarda sans dire un mot.

— Ça peut ne pas être tout de suite.
Se corrigea t-il.

— C’est juste que… je ne suis pas fier de ma performance d’hier… et je souhaiterais que tu me donnes une deuxième chance… de me déclarer officiellement…

Sur ces mots, il s’agenouilla en face d’elle, prenant ses mains dans les siennes et en la regardant dans les yeux.

— Est-ce que tu m’acceptes à tes côtés. En tant qu’homme, en tant que ton compagnon et ton partenaire… ? Je promets de te chérir jusqu’à la fin de mes jours.

Il avait le regard déterminé.

— Je…

Elle le regarda avec surprise et avec gêne. Elle ne s’attendait pas du tout à cela, et ne savait pas comment réagir à cette déclaration.
Bien entendu sa réponse était déjà décidée.
Elle cherchait ses mots.

— Est-ce que tu m’acceptes en tant que femme… ? J’ai toujours peur que tu me prennes encore pour une enfant…
Osa t-elle demander.

— Bien sûr ! Et cela fait un moment que je ne te regarde plus comme une enfant…
Ajouta t-il, comme un aveu.

— J… Je veux… également te chérir jusqu’à la fin de mes jours…

Il se leva à hauteur de son visage et l’embrassa tendrement.
Elle lui rendit le baiser et ils se retrouvèrent tous les deux dans le lit.
Dans la continuité de la veille, il prit les devants et lui montra à quel point ses sentiments étaient sérieux.

2016.03.09

Stelle

Elle dormait là, sur cette stelle depuis plusieurs décennies.
Dans cette grotte à l’entrée cachée par du lierre et une cascade.
La lumière pénétrait par des petits trous et éclairait de manière hétérogène les paroies de la roche mousseuse.
Quelques reflets se dessinaient sur son visage et son corps.
Elle était dans une sorte de robe transparente plissée, par dessus une couche de tissu opaque en coton, très bien conservé.
Comme si le temps s’était arrêté sur son lit de pierre.
Ses cheveux longs bruns ondulés, et ses cils recourbés majestueux.
Elle avait quelques grins de beauté sur son cou et ses bras.

Un jour quelqu’un finit par trouver sa cachette et pénétra dans cet endroit presque sacré.
Il savait ce qu’il faisait.
Il connaissait l’endroit et la jeune fille. Il fut à peine surpris de la trouver ici. Il s’approcha d’un pas assuré et l’emporta jusqu’à l’extérieur.

Il l’emmena sur sa monture jusqu’à une demeure dans la montagne.
Elle était bien gardée, des soldats étaient devant l’entrée et d’autres faisaient leur ronde.

Un ange était enchaîné, les bras derrière le dos et les jambes à un boulet. Il était à genoux et semblait exténué.
Quelqu’un passa près de lui et lui injecta une dose d’un liquide inconnu.

— La dose devrait faire effet.
Affirma l’infirmier en herbe.

Ses ailes étaient plus gris sale que blanc.
Le jeune homme entra avec la filette dans ses bras.
L’ange pleura à sa vue.

— Tu confirmes que c’est bien la princesse qui a le grand pouvoir ?
— … Oui…

L’ange semblait lutter pour parler et sanglotait en même temps.

— C’est comme il l’avait décrit. Derrière la cascade et dans une grotte.
Ajouta le jeune homme, portant toujours la dite fille.

— Emmenez-le, ne le tuez pas, on risque d’en avoir encore besoin. Montre-moi cette beauté…
Dit-il en faisant signe à son homme de s’approcher.

Elle était encore endormie et il la porta jusque sur ses genoux.
Elle était légère comme une plume.

— Je veux être le premier qu’elle verra lorsqu’elle ouvrira les yeux.

2016.02.26

Tuteur

Les rayons du soleil se dessinaient dans l’entrée tandis qu’à l’intérieur de cette grotte, un bon feu éclairait chaudement la pièce.
Il préparait la table et le repas lorsqu’elle entra avec un panier plein de légumes, de fruits et un lapin dans les mains.

— Bonne chasse aujourd’hui !

Elle posa ses affaires et l’aida à préparer la suite.

— Je vais aller les rincer dans la rivière.

Un gros chien noir la suivait, et lui sauta dessus.
Il faisait presque sa taille et elle aurait pu lui monter dessus.

— Pas maintenant…
Disait-elle en riant.

Il était joueur.
Pendant ce temps là, il était sorti préparer le lapin.
Il vit la scène et rappela le chien pour la laisser tranquille.
Il obéit immédiatement.

Cela faisait un moment qu’il vivait là et il avait recueilli cette fille alors qu’elle n’était qu’un enfant.

*

Cette soirée-là, elle n’était pas seule. Elle était avec sa soeur jumelle et elles étaient poursuivies par des personnes mal intentionnées.
Il était en ronde et il tomba sur un autre inconnu qui passait également par là. Ils se dévisagèrent, méfiants l’un envers l’autre lorsqu’ils entendirent des cris et des pleurs.
Il se regardèrent une nouvelle fois et se rendirent vers la source des voix.
Une petite fille était tombée à cause des racines et pleurait tandis que sa soeur, qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau, l’aidait à se relever.
Des voix d’hommes graves étaient en train de se rapprocher.
Ils n’hésitèrent pas et portèrent chacun une petite fille sur leur dos et partirent d’où ils venaient.
À un sentier, ils se fixèrent et décidèrent de chacun en garder une et de réussir à s’échapper d’ici vivants.
Ils se séparèrent et il réussit à semer ses poursuivants.
Il tenta de demander à la petite si elle savait des choses mais sans succès. En attendant, il avait une enfant à sa charge.
Elle avait 3 ou 4 ans, pas plus. Avec le temps elle s’habitua à la vie en forêt et oublia ses origines ainsi que sa soeur jumelle.
Il avait tout de même gardé ses vêtements et ce qu’elle avait sur elle à ce moment.
Elle avait maintenant 18 ans et se débrouillait à merveilles.
Son tuteur pouvait en être fier.

2016.02.24

Duo

J’étais dans mon lit, en sueurs, fiévreux.
Elle avait insisté pour me rendre visite.
Elle s’était mise à genoux à mon chevet et me tenait la main.
Ses cheveux aux doux reflets de la lumière.
Sa main petite et froide dans la mienne.
Elle me regardait avec ses yeux suppliants.
Je savais ce qu’elle allait me demander, et bien qu’au fond de moi je ne veuille pas réaliser son souhait, mon corps ne pouvait mentir et était épuisé de lutter.
Je m’excusais encore une fois de n’avoir pu l’aider.
Elle était inquiète à mon sujet. Cela se voyait dans ses yeux.
Je lui pris le visage dans mon autre main et je m’excusais pour la énième fois.
Je dirigeais ma main vers son oreille puis sa tête.
Je fermais les yeux et lui rendais ses souvenirs.
Je me sentais libéré d’un poids. Sa main serra la mienne puis la relâcha lorsque je finis le transfert.
Elle s’écroula sur les draps à mes côtés.

Un vent chaud soufflait de ses mains, et je ressentais une résistance avec mon crâne. Comme si des vers tentaient de rentrer dans ma tête, je serrais sa main inconsciemment, j’avais peur.
Puis, plus rien. Le flux s’était arrêté. J’ouvrais les yeux et je le regardais en me forçant à sourire. Je me sentis faible et ma tête devint lourde.
Je vis des points blancs et noirs autour de moi puis je m’écroulais sur les draps. Le tissu était frais et rêche sur ma joue.
Je me laissais emporter par le sommeil et fermais les yeux.
Je me réveillais dans mon lit.
Tout était flou et ma mémoire m’était revenue d’un coup.
Ma tête était encore lourde et quelque chose me faisait mal dans ma poitrine. Je me souvenais de la semaine que j’avais vécu et j’angoissais de la proximité que j’ai eu avec les camarades.
Ma respiration s’accéléra lorsque je me rappelai ma relation avec lui.
Je l’aimais. Il était mon sauveur mais également un ami précieux.
Je me levais du lit pour ouvrir la fenêtre et reprendre de l’air.
À ce moment précis la porte s’ouvrit et je le vis.

Je la vis devant la grande fenêtre ouverte, elle était décoiffée et haletante.
Je paniquais instantannément et j’accourais à ses côtés.
Lui prenant le bras et lui demandant ce qu’elle faisait.

Je lui expliquais la situation, mais mon souffle manquait et je ne savais plus comment gérer cette proximité immédiate.
Mes jambes ne supportèrent plus mon poids et je tombais, sur lui.
Il me rattrapa et me porta de nouveau à mon lit.

— Tu as besoin de repos, je vais laisser la fenêtre ouverte et aller te chercher de quoi boire et manger. Ne fais pas de bêtise…

J’étais rassurée qu’il aille beaucoup mieux.

2016.02.24

Mémoire

Sa blessure au front lui faisait mal, comme si elle se rouvrait.
Elle avait l’impression que sa cicatrice la brûlait alors qu’il n’y avait aucune raison.

— C’est bizarre… on dirait comme un dessin… Des feuilles ? C’est rouge vif…

Il avait soulevé ses mèches de cheveux et regardait la cicatrice.

— Ça va aller, ça va passer…
Se rassurait-elle.

*

Il allait de plus en plus mal et je savais que cela était de ma faute.
Il n’avait pas osé me le dire mais ses camarades de classe s’en étaient chargé à sa place. Il avait le pouvoir de contrôler la mémoire, sous certaines conditions. Il n’avait pu s’empêcher de s’introduire dans la mienne pour tenter de m’aider.
Apres être tombé sur la partie sombre de mes souvenirs, il avait voulu me les retirer. Cependant il ne pouvait pas les supprimer, il dut les garder avec lui.
Mes souvenirs étaient trop forts et plus le temps passait, plus ces souvenirs qui étaient miens se mélangeaient avec les siens et lui causaient des soucis…
Ma personnalité avait changé en peu de temps. Je n’étais plus effrayée des gens qui m’entouraient. Mais à quel prix.
Il était maintenant cloué au lit, fiévreux, en train de lutter avec sa propre mémoire.
J’étais à son chevet et j’étais là pour lui demander de me rendre ma mémoire. Que je le remerciais de ce qu’il avait fait pour moi.

Il était transpirant, dans son lit. Je lui tenais la main et lui parlais gentiment.
Je l’embrassais une dernière fois et le suppliait de me rendre ma mémoire. Je voulais me souvenir de tout.
Il s’excusa d’avoir sous-estimé mes souvenirs et me rendit immédiatement ce qui était mien.
Je m’évanouis sur le champs. Heureusement j’étais sur le lit et on avait l’impression que je dormais a poings fermés à côté de lui.

2016.02.24

Terre

Il l’attaqua sans se retenir. À chaque coup sa magie parait les attaques et la protégeait d’un mur éphémère en terre.
Elle ne contrôlait rien et était apeurée. C’était bien la première fois qu’elle se battait de la sorte.
Une autre personne rejoignit le combat et voulut l’acculer pour connaître ses limites en matière de défense.
Il s’acharna sur elle en la prenant par surprise.
Elle se retourna, prise au dépourvu, et des racines sortirent de terre.
Elle fut entourée d’une coquille en terre et les racines attrapèrent le garcon qui avait tenté de l’attaquer par derrière.

Il intervint.

— Ça suffit.

Il écarta les adversaires et s’approcha d’elle lentement.
Elle s’était recroquevillée sur elle-même et était apeurée de son propre pouvoir.
Il lui parla d’un voix rassurante et sa coquille se brisa petit à petit.

— Ça va aller, je suis là.

Dès qu’elle le vit et le reconnut, elle se sentit rassurée.
Les racines reposèrent le garçon qu’elles avaient attrapé et retournèrent sous terre.
La barrière de terre s’effrita et se tassa à ses côtés.
Il s’approcha d’elle et lui tendit sa main.
Elle sauta dans ses bras, les larmes aux yeux.
Elle n’avait pas conscience de toute cette magie.

2016.02.23

Cheval

Le corps inerte, en plein milieu de la forêt.
Elle avait perdu connaissance.
Elle semblait juste endormie, enveloppée dans les feuilles mortes et les racines de manière improbable.
Lorsque quelqu’un sembla s’approcher en chevauchant un cheval, les racines la libérèrent, la laissant juste recouverte de quelques feuillles mortes et de terre.
Le cheval s’arrêta à quelques mètres de là, forçant son cavalier à descendre et regarder aux alentours ce qu’il y avait.
L’animal ne bougea pas et le jeune homme resta sur ses gardes et explora les alentours.
Il vit le corps de la jeune fille et crut aux premiers abords qu’elle était morte.
Il s’approcha et lui toucha le pouls. Elle était vivante mais sa peau était glacée et les battements de son coeur étaient faibles.
Il retira les feuilles mortes et la prit dans ses bras.
Il retira sa cape et l’enveloppa dedans.
Il remonta sur son cheval en faisant attention à ce qu’elle soit bien installée dans ses bras, et il retourna précipitamment d’où il venait.

2016.02.22

Vente

Elle avait été vendue par sa propre mère.
Elle l’avait emmenée dans une ruelle sombre ou elle avait rendez-vous avec un homme étrange.
Sa mère lui avait demandée de le suivre et que tout irait bien.
L’homme lui donna un sac remplit de pièces, à priori, en échange. Et ils se quittèrent.
Il attendit que sa mère parte pour s’approcher de la fillette.
Il leva sa main et ouvrit un portail vers un autre monde.
Ils s’engouffrèrent dedans.
Ils étaient maintenant dans un tout autre endroit.
C’était une chambre bien décorée et meublée.
Il lui expliqua à peine les choses. Il retira sa cape et sa capuche et demanda à la jeune fille de se mettre à l’aise.
Elle n’osa pas faire ce qu’il disait.
Il soupira et l’ordonna de se déshabiller et d’aller dans la salle de bain juste à côté. Le ton était froid et imposant. Elle tremblait.
Il avait les cheveux longs et noirs, le regard dur. Il soupira une nouvelle fois et d’un pas lourd, il s’approcha d’elle et la déshabilla de force, avant de la pousser jusqu’à la salle de bain.

— Qu’est-ce que tu comprends pas ?

Il se déshabilla également et la força à se laver sous la douche italienne.
Il la toucha et en profita pour la violer.
Elle avait beau crier et pleurer, il ne la ménagea pas.
Il la sécha et l’allongea dans son lit.

— Tu commences demain. Tu as intérêt à être prête.

Et il quitta la pièce sur ces mots, après avoir récupéré ses vêtements et sa cape.

Il tenait une sorte de maison close où les filles étaient jeunes et désirables. Ses filles avaient un tableau de compétition selon les clients qu’elles arrivaient à attirer. La plupart avait déjà subi ce traitement de bienvenue. Elles s’étaient habituées à leurs routines et jouissaient des biens mis à leur disposition selon leurs performances.
Les clients adoraient offrir des cadeaux.
Lui, il était le patron de ce petit havre de plaisir pour les perverts.
Tant que sa marchandise n’était pas abîmée, il était content de ses bénéfices.

Cependant, sa nouvelle recrue avait beau être mignonne, elle ne se pliait pas à ses règles et résistait malgré plusieurs mois de conditionnement.
Elle faisait la morte lorsque les clients la choisissait, elle ne faisait rien pour se mettre en valeur, malgré les cadeaux et autres présents et produits de luxe qu’on pouvait lui mettre à disposition. Elle ignorait tout ça. Elle ne pleurait plus et avait décidé de jeter ses sentiments.
Elle avait un très mauvais caractère. Cela attira encore plus de clients obsédés par le défi de la faire réagir.
Le boss alla lui rendre visite plusieurs fois pour essayer de la comprendre. C’était la première fois qu’il avait affaire à ce genre de personnalité butée.
Il tenta de lui expliquer qu’elle était populaire. Qu’il ne s’y attendait pas mais qu’il était plutôt content du résultat.

Cela attisa la jalousie des autres filles, et l’une d’entres elle décida d’aller lui rendre visite et de lui abîmer le visage avec une paire de ciseaux.
Les chambres étaient surveillées par des caméras 24h/24 et il vit la scène.
Il se déplaca en personne pour donner une leçon à cette fille, avant qu’elle n’abîme son produit.
Il décida alors de garder sa poule aux oeufs d’or pour lui tout seul.

Elle tenta à plusieurs reprises d’en finir avec sa vie.
Il l’avait attachée à des sangles sur son propre lit, mais cela ne suffisait pas. Elle trouvait de nouvelles idées à chaque reprise.
Il était à la fois intrigué et épuisé de devoir faire attention à chaque instant.
Cela lui brisa le coeur mais il décida de la vendre aux enchères avant qu’elle ne meure par suicide. Il récupèrerait au moins les bénéfices.

Lors de la transaction, elle était enchaînée et les prix montèrent rapidement. Tout le monde était au courant de son histoire et n’étaient pas indifférents à son caractère et sa beauté mystérieuse.
Elle fut emmenée dans une voiture avec son nouveau maître qui avait l’air d’être encore plus dérangé que le précédent.
Elle tenta de s’enfuir et elle tomba au sol, se cognant la tête contre une pierre.
Son nouveau propriétaire s’énerva.

— Je viens de l’acheter et elle s’abîme déjà le visage ?! Cela ne va pas se passer comme ça.

Il l’attrapa par les cheveux et la soigna avec sa magie.
Elle entendit une voix dans sa tête.

— Es-tu prête à accepter ton pouvoir ?
— Pardon ?
— Acceptes-tu de nous donner ton sang en échange de ce pouvoir ?
— Faites ce que vous voulez, je m’en fiche…
— Nous prendrons ta réponse comme un oui. Le pacte sera scellé et tu disposeras de ce pouvoir. Nous sommes heureux de t’accueuillir parmi nous.

Sa haine envers les gens qui lui avaient fait subir tout ça était immense.
Elle sentit son énergie la quitter et elle perdit connaissance.
Des racines l’enveloppèrent et la soulevèrent au niveau des arbres.
L’homme paniqua et s’écarta. Le sol trembla et la terre se déroba sous ses pieds pour enfin l’engloutir et l’ensevelir vivant, lui et sa voiture et son chauffeur.
L’affaire ne fit pas de vagues.
Elle fut reposée sans connaissance en plein milieu de nulle part, seulement des racines pour la recouvrir et la réchauffer.

Quelques jours plus tard, un cavalier passait par là avec ses camarades, et ils s’arrêtèrent non loin, pour se reposer et faire leur ronde.
Ils remarquèrent des racines étranges et c’est là qu’ils virent la jeune fille à moitié ensevelie sous la terre et les racines.
Ils la tirèrent de là et l’enveloppèrent dans leur cape.
Elle avait le pouls faible et ils décidèrent de la ramener à leur école.

— Tu seras notre protégée tant que tu nous donneras ton énergie.
— Je ne comprends pas.
— Nous t’avons choisie.
— Pourquoi moi ?

2016.02.21

Cheville

Elle était en train de courir, elle le poursuivait, tandis qu’il lui montrait la voie.
Il s’essouflait et il finit par trébucher et se foula la cheville.
Elle l’entendit jurer.

— Il fallait que ça arrive maintenant… !

Elle voulut l’aider et s’accroupit à ses côtés pour le soutenir et le relever.

— Ne te soucie pas de moi et cours, va t-en !
Lui cria t-il.

Il lui sourit et ajouta.
— Ça va aller pour moi, de toute facon je ne peux plus marcher et je ne ferai que te ralentir…

Elle ne pouvait pas se résoudre à le laisser.
Elle se retourna pour jeter un regard derrière eux, et elle le vit, le patron des lieux, une arme à feu dans la main, la pointant droit sur son employé, qui était de dos.
Elle se plaça rapidement entre eux et déploya ses ailes, les refermant sur celui qui était à terre.
Il ne comprit pas immédiatement la situation.
Elle entendit les coups de feu, suivis d’une douleur au niveau de ses ailes. Quelques unes des balles venaient de lui transpercer les ailes et son dos.
Elle le relâcha, en prenant sur elle-même.
Il semblait aller bien, mis à part la tache rouge en train de s’étendre au niveau de ses côtes.
Une des nombreuses balles avait réussi à passer à travers son bouclier et s’était logée dans le dos de l’homme.
Malheureusement il n’était pas de la même constitution qu’elle. Ce n’était qu’un humain fragile.
Elle ne savait pas quoi faire pour l’aider et des larmes commencèrent à brouiller sa vue et coulaient sur sa joue.

Il apparut là, elle reconnut tout de suite sa silouhette.
Il s’approcha d’elle sans dire un mot et elle leva ses yeux.
Il la vit pleurer et cela lui fit un pincement au coeur. Plus que la vue de l’humain dans ses bras.
Il comprit sa demande et fit signe à ses hommes d’emmener l’humain et de s’en occuper.
Elle resta assise par terre, les larmes aux yeux, épuisée.
Il s’approcha d’elle et s’accroupit, il voulait la prendre dans ses bras.
Elle lui rendit son étreinte puis il sentit le poids de son amie sur lui. Elle ne répondait plus.
Lorsqu’il l’examina de plus près, il se rendit compte qu’elle avait plusieurs balles dans son corps, le sang qui s’écoulait et sortait de son corps s’évaporait immédiatement dès lors qu’il touchait l’herbe et la terre.
Il paniqua et la porta dans ses bras et donna l’ordre de rentrer dès que leur tâche serait terminée.
Ses hommes s’étaient occupés de nettoyer toute trace de leur passage.

Elle se réveilla dans la chambre de son compagnon.
Elle avait encore une légère douleur dans le dos et les ailes, mais rien d’insupportable.
Elle voulut tout de suite se lever mais la porte s’ouvrit et il la forca à se recoucher.
Il colla son front sur le sien et l’embrassa.
Ses longs cheveux noirs, légèrement réunis en arrière et attachés par un discret ruban.
Elle, ses cheveux blonds aux pointes bouclées, décoiffés. Elle lui rendit son baiser.

— Merci…
— Chut. Repose-toi encore un peu.

Il était rassuré et heureux de la retrouver et cela s’entendait légèrement dans sa voix.

— Et l’humain… ?
Osa t-elle demander.

— … Il était vraiment mal en point… On a essayé de le sauver mais on a dû le passer en forme d’ange… avec l’accord de l’ancêtre.

2016.01.25