Duo

J’étais dans mon lit, en sueurs, fiévreux.
Elle avait insisté pour me rendre visite.
Elle s’était mise à genoux à mon chevet et me tenait la main.
Ses cheveux aux doux reflets de la lumière.
Sa main petite et froide dans la mienne.
Elle me regardait avec ses yeux suppliants.
Je savais ce qu’elle allait me demander, et bien qu’au fond de moi je ne veuille pas réaliser son souhait, mon corps ne pouvait mentir et était épuisé de lutter.
Je m’excusais encore une fois de n’avoir pu l’aider.
Elle était inquiète à mon sujet. Cela se voyait dans ses yeux.
Je lui pris le visage dans mon autre main et je m’excusais pour la énième fois.
Je dirigeais ma main vers son oreille puis sa tête.
Je fermais les yeux et lui rendais ses souvenirs.
Je me sentais libéré d’un poids. Sa main serra la mienne puis la relâcha lorsque je finis le transfert.
Elle s’écroula sur les draps à mes côtés.

Un vent chaud soufflait de ses mains, et je ressentais une résistance avec mon crâne. Comme si des vers tentaient de rentrer dans ma tête, je serrais sa main inconsciemment, j’avais peur.
Puis, plus rien. Le flux s’était arrêté. J’ouvrais les yeux et je le regardais en me forçant à sourire. Je me sentis faible et ma tête devint lourde.
Je vis des points blancs et noirs autour de moi puis je m’écroulais sur les draps. Le tissu était frais et rêche sur ma joue.
Je me laissais emporter par le sommeil et fermais les yeux.
Je me réveillais dans mon lit.
Tout était flou et ma mémoire m’était revenue d’un coup.
Ma tête était encore lourde et quelque chose me faisait mal dans ma poitrine. Je me souvenais de la semaine que j’avais vécu et j’angoissais de la proximité que j’ai eu avec les camarades.
Ma respiration s’accéléra lorsque je me rappelai ma relation avec lui.
Je l’aimais. Il était mon sauveur mais également un ami précieux.
Je me levais du lit pour ouvrir la fenêtre et reprendre de l’air.
À ce moment précis la porte s’ouvrit et je le vis.

Je la vis devant la grande fenêtre ouverte, elle était décoiffée et haletante.
Je paniquais instantannément et j’accourais à ses côtés.
Lui prenant le bras et lui demandant ce qu’elle faisait.

Je lui expliquais la situation, mais mon souffle manquait et je ne savais plus comment gérer cette proximité immédiate.
Mes jambes ne supportèrent plus mon poids et je tombais, sur lui.
Il me rattrapa et me porta de nouveau à mon lit.

— Tu as besoin de repos, je vais laisser la fenêtre ouverte et aller te chercher de quoi boire et manger. Ne fais pas de bêtise…

J’étais rassurée qu’il aille beaucoup mieux.

2016.02.24

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