Aînée

Assise dans sa chambre, à sa table basse, sur son petit coussin.
Elle avait le regard perdu, pensive.
Les cheveux légèrement rassemblés et attachés en arrière, la tête levée, semblant fixer un point sur le mur de la pièce.
Elle aimait être ainsi, méditant, seule, au calme dans son endroit à elle.
De temps en temps, il passait la voir, lui demander si tout allait bien.
Elle lui souriait gentiment.
Lorsqu’il n’avait pas le moral, il savait qu’il pouvait s’imposer quelques minutes, profiter de sa présence et de la sénérité qu’elle dégageait.
Malgré tout, il avait ce privilège, vu qu’ils se connaissaient depuis longtemps, depuis leur enfance.

*

Quelques coups sur la porte.

— Mademoiselle, excusez-moi de vous déranger, nous avons besoin de vous.

Elle savait que sa pause était finie.

— J’arrive.
Répondit-elle avec calme. Sans aucune animosité.

Elle attrapa le long gilet qui était accroché sur le porte-manteau juste à côté de la porte.
C’était la tenue de son poste, un habit porté et passé de générations en générations.
Elle respira profondément une dernière fois avant de franchir cette porte.

Elle analysa les informations d’une grande rapidité. Elle sembla réfléchir pendant quelques minutes, sans rien dire, les personnes autour d’elle attendirent en silence.
Puis elle reprit la parole, avec son calme habituel, un bras appuyé sur la grande table de réunion, et l’autre main en face d’elle, pointant les documents qu’elle avait à sa disposition.
Elle proposait une solution, les yeux rivés sur le bois de la table, puis relevant lentement ses yeux et son visage vers ses interlocuteurs, en attendant sagement leurs remarques et autres commentaires.
Elle avait quelque chose d’adorable, malgré son poste, malgré qu’elle soit la personne la plus importante autour de cette table, elle continuait à se comporter comme une enfant, elle avait gardé son coeur pur et innocent, par moment.
Cela ne l’empêchait pas d’avoir un ton sec lorsqu’elle défendait ses convictions et son point de vue sur certains cas, mais elle était toujours ouverte d’esprit et écoutait et prenait en compte toutes les remarques constructives.
Tous ses prédécesseurs avaient ces qualités, mais chacun avait son caractère et ses manières de faire un peu différentes.

*

Il l’aimait du fond de son coeur depuis leur enfance.
Ils habitaient juste à côté, elle avait une cadette qui paraissait plus mature et plus douée qu’elle mais elle n’avait jamais eu de mépris ou de mots désagréables envers sa soeur. Au contraire, elle était la première à la complimenter.
Cependant elle complexait mais ne le montrait pas en public.
C’est là qu’il la vit, par hasard, en train de pleurer dans un coin loin de chez elle.

— Qu’est-ce que tu fais là… ?
Dit-il avec surprise avant de se rendre compte, lorsqu’elle se retourna, que des larmes coulaient sur sa joue, et que ses yeux étaient rouges.

Elle tenta d’essuyer son visage comme elle le put. Il fut surpris et pensait qu’elle avait mal quelque part, ou qu’on lui avait fait du mal.

— Quelqu’un a été mechant avec toi… ?! Tu peux me le dire, tu sais.

Il avait 5 ans de plus qu’elle et se comportait comme un grand frère.
Cela la fit sourire, et elle lui répondit qu’il en était rien.

— Ne t’inquiète pas, c’est rien.
— T’es en train de pleurer, ce n’est pas rien.
— … Tu me promets de ne rien dire à personne… ?
— Oui, bien sûr.
— Je suis pitoyable, n’est-ce pas ? Je suis l’aînée mais je ne suis pas capable de donner le moindre exemple. J’ai deux mains gauches…

Il fut plus que surpris. C’était la première fois qu’il la voyait aussi fragile. Alors que d’habitude elle prenait les commentaires à son égard avec dérision.

— Ne dis rien à ma soeur s’il-te-plaît. Je ne veux pas qu’elle me voit ainsi… Cela ne lui apporterait rien de plus de savoir que je complexe…

Les larmes avaient recommencé à couler.
Il la prit dans ses bras pour tenter de la conforter.

— Je ne dirais rien à personne. Promis.

Il avait été touché par cette partie de sa personalité, ils gardèrent ça comme leur petit secret. Le lendemain elle agit comme à son habitude, comme si de rien n’était.
C’était depuis ce jour qu’il avait developpé des sentiments à son égard.

Bien entendu, sa soeur était amoureuse de lui. Cela crevait les yeux, et en tant qu’aînée, elle avait toujours protégé sa soeur et fait en sorte qu’elle réussisse. Elle savait qu’elle l’aimait et elle avait rien fait pour se rapprocher de lui, et avait même tenté d’ignorer ses propres sentiments.

Le jour arriva où sa soeur se déclara.
Elle pensait avoir toutes ses chances.
Pourtant, il refusa.

— Je suis désolé, j’éprouve des sentiments pour quelqu’un d’autre…

Elle voulut savoir qui c’était, et il lui avoua.

— Ta grande soeur…

Folle de jalousie, elle s’emporta.

— Qu’est-ce que tu lui trouves ?! C’est une empotée. Je suis beaucoup mieux qu’elle !

Il la giffla.
Elle resta bouche bée, les larmes aux yeux.

— Je le fais parce qu’elle n’osera jamais le faire. Tu devrais avoir honte de penser cela d’elle. Tu ne sais rien de ce qu’elle éprouve.
Je ne lui ai encore rien dit, j’espère que tu ne lui répéteras pas ce que je ressens pour elle.

Il partit sans demander son reste.

*

Après cet évènement, la cadette fit plus attention à son aînée.
Elle s’excusa auprès d’elle d’avoir été aussi égoïste jusque là, sans rien dire des sentiments de leur voisin.
Cela a resserré leurs liens.

Le jour où quelqu’un d’en haut vint chez eux, toute la famille fut surprise d’apprendre que ce n’était pas la plus jeune qui avait été choisie pour être la prochaine personne à reprendre le poste le plus respecté, mais l’aînée.
La petite soeur pleura, son égo en avait pris un coup.
L’aînée ne savait pas comment réagir.

— Vous êtes sûrs que vous ne vous êtes pas trompés de personne… ?
Demanda encore une fois l’aînée.

Elle eut une semaine pour se décider et se préparer pour partir de la maison.
Elle était en âge de reprendre le poste.
Sa famille était fière, et sa cadette également. Peut-être était-ce la première fois qu’elle était aussi fière de sa soeur.
Sa décision était prise dès le premier soir. Pour une fois qu’elle pouvait faire quelque chose pour sa famille, et qu’elle pouvait les rendre tous fier. Elle n’hésita pas une seconde.

*

Lorsqu’il apprit la nouvelle, il crut que son monde s’écroulait. Il ne s’était toujours pas déclaré et il allait peut-être plus jamais la revoir.
Heureusement il était loin d’être mauvais dans son domaine et il put demander à suivre une formation spéciale pour être transféré sur le même lieu de travail qu’elle.
Cela lui demanda du temps mais il réussit.

Le jour où il put enfin entrer dans ce lieu, et qu’il la croisa. Il fit mine d’être surpris.
Elle le félicita, et il dut se retenir de la prendre dans ses bras et de lui avouer ses sentiments devant ses futurs collègues.

Ce milieu n’était pas du tout favorable aux couples, mais il était déjà plus qu’heureux de pouvoir la revoir. Il la redécouvrait sous un nouveau jour.

2016.01.07

Poste

Ses cheveux courts en bataille, ses petites mèches rebelles.
Son visage fin, son regard sévère et ses sourcils froncés.
La monture de ses lunettes rectagulaire et fine lui allait parfaitement.

*

Il l’avait récupérée, sous les yeux des gens qui n’étaient pas en mesure de faire quoi que ce soit.
Ils l’avaient regardé faire, ne sachant pas s’ils avaient le droit ou non d’intervenir.
Il la ramena à la maison. Chez leur parents.
Là où sa chambre avait été gardée intacte.
Elle était encore inconsciente.
Ses parents durent attendre qu’il leur explique la situation.
Il portait son petit corps fragile dans ses bras.
Il était hors de question pour lui qu’elle retourne là-bas en sachant que personne ne se souciait de sa santé. De sa vie.
Jamais elle n’aurait mis en danger leur village, il le savait mieux que quiconque.
Vu qu’elle s’était résignée et qu’elle lui avait dit qu’elle ferait de son mieux pour les protéger : lui et ses parents.

— Je suis venue te faire mes adieux. Je vais reprendre le poste. C’est mon droit et mon devoir. C’est la raison pour laquelle je me suis si durement entraînée chaque jour : pouvoir vous protéger. Toi, maman, papa, et tous les gens du village. Si on m’a choisie c’est que j’en suis capable. Je ferai de mon mieux…

Cela lui avait brisé le coeur.
Ce n’était pas comme s’il attendait quoi que ce soit, pas comme si elle allait refuser ce poste pour lui. Il s’attendait à cette réponse, il s’y était préparé, pourtant cela l’avait bouleversé.
Puis elle ajouta :

— De toute facon, tu as été injuste envers moi… Tu savais depuis le début que je n’étais pas ta soeur, alors que moi…
Dit-elle avec un rictus.

Il se jeta sur elle pour l’enlacer.
Il la serrait aussi fort qu’il le pouvait, dans ses bras.
Son visage à moitié dans ses cheveux, il tentait de refluer ses larmes.

— Je suis désolé.
Souffla t-il.

Elle se retrouva à le consoler, elle souriait, elle se moquait de lui gentiment.
Elle lui rendit aussi fort qu’elle le pouvait son étreinte.

— Tu ne vas pas pleurer pour ça… Tu es un grand garcon.
Disait-elle, en lui tapotant le dos.

2015.12.28

Dalle

Ses derniers souvenris remontaient à sa soirée avec Antoine.
Ils s’étaient quittés et elle ne se souvenait plus de rien.
Elle était assise sur le siège de racines et elle n’avait plus la force de se lever. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était assise là mais cela ne presageait rien de bon.
Elle vit des internes essayer de l’approcher mais ils furent repoussés par une force invisible.
Plus le temps passait et plus elle sentait ses forces la quitter.

Il l’attrapa par le tissu de son vêtement et la serra dans ses bras avant de se faire violemment éjecter contre le mur.
Il était également recouvert d’égratinures à force d’essayer de la sauver.
Il dut se briser au moins une ou deux côtes avec le choc, pourtant il ignora sa douleur. Sa joie d’avoir réussi à sauver Ange était incommensurable.
Il retint ses larmes et l’embrassa sur le front avant de s’effondrer en perdant connaissance.

Lorsqu’il se réveilla, il était en salle de soin, il écarta les infirmières qui étaient en train de prendre soin de lui. Il se leva avec ses bandages sur son torse nu et se dirigea vers la porte de sortie.

— Merci, où est Ange ?

Les infirmiers ne comprirent pas sa question et n’osèrent pas répondre, ils s’échangèrent des regards complices.

— Je vais la chercher, dans ce cas.
Dit-il très calmement.

Ils l’en empêchèrent et tentèrent de le dissuader vu qu’il était encore en convalescence, cela ne l’empêcha pas d’avancer de pied ferme et continuer son chemin.
Il remarqua tout de suite l’endroit où il y avait le plus de protection, la sécurité avait été renforcée.
Il écarta tous les supérieurs et vit Ange allongée sur une dalle encore inconsciente. Il vit rouge et s’approcha d’elle en ingnorant tous les gardes.

— Ça ne vous a pas suffit ?! Il est hors de question qu’elle reste une minute de plus ici. J’ai vu que vous étiez tous prêts à la laisser mourir, je ne vous le pardonnerai jamais. Trouvez quelqu’un d’autre !

2015.12.24

Fauteuil roulant

Ange n’était plus en état d’assurer les prochains jours.
Sa rivale dut alors prendre la main jusqu’à ce qu’Ange se rétablisse.
Elle changea tout de suite d’avis, elle avait sous-estimé ce travail.
Quant à Ange, Sylvain et Antoine étaient à ses côtés.
Antoine s’excusa de nombreuses fois mais elle lui avait pardonné.
Elle était heureuse de pouvoir de nouveau être avec eux malgré son travail.
Assise dans son fauteuil roulant, elle n’avait pas encore assez de force pour tenir debout.
Antoine était souvent seul avec elle.
Syvain devait s’occuper de certains points de l’organisation.
Lorsqu’Antoine vit dans quel état de faiblesse elle était.
Cela lui brisa le coeur.

Assise dans son fauteuil roulant.
Elle continuait à sourire, ses cheveux longs fins et lisses retombaient ondulés sur ses genoux. Ses mains qui dépassaient de son pull à capuche étaient maigres. Elle avait la peau sur les os.
Après cet évènement, elle reprenait peu à peu des couleurs.
Elle avait été très affaiblie mais elle continuait à prendre la vie du bon côté.

Il s’en voulait terriblement.

Pendant ce temps, la jeune fille qui désirait plus que tout être doyenne, la remplaçait.
Son employée qui maitrîsait la vérite des âmes s’occupait de superviser et de la surveiller.
La jeune fille d’abord enthousiaste finit par déchanter au bout d’une journée de travail.
Elle était épuisée, elle ne supportait pas d’entendre des centaines de voix différentes en provenance des racines, ni le fait de se faire absorber son énergie vitale.
Elle tint environ une semaine en se forçant et en repoussant ses limites.
Elle changea d’avis sur Ange et finit, à contre-coeur, par accepter sa défaite et s’excusa.
L’employée lui fit comprendre ce qu’elle lui avait fait endurer en la bloquant sur ce siège durant plus d’une journée, sans pause.

2015.12.17

Pot aux roses

Son énergie avait été trop absorbée.
Personne ne savait quoi faire pour arrêter cela.
Cela faisait plusieurs jours qu’elle était là et qu’elle ne pouvait s’extirper de son siège.
Les cheveux blancs se faisaient de plus en plus nombreux.
Elle n’avait pas mangé.
Tous les gens qui s’approchaient d’elle étaient repoussés par une force invisible.
Personne ne l’appréciait assez pour insister malgré leur conscience professionnelle.
La température diminuait peu à peu et certains pensaient même à essayer de la tuer ou la laisser mourir pour choisir un autre remplaçant.
Le camp des gens qui trouvait innaceptable de la laisser mourir, décida de prévenir sa famille pour tenter de la sauver.
Sylvain insista pour aller la voir, ses parents restèrent chez eux en réfléchissant à la situation et regrettant de l’avoir poussée à suivre sa carrière toute tracée.
L’état physique d’Ange l’inquiétait au plus au point.

— Je sais mieux que quiconque qu’elle ne se serait jamais mise dans cette situation. Elle voulait protéger la population et elle était prête à tout sacrifier. Il faut que je la sauve…

Il fonça vers elle, le bouclier le repoussa, il recommença à plusieurs reprises et à différents endroits.
Le personnel commença à s’approcher et l’observer.

— Si j’avais su que vous prendrez soin d’elle de cette manière, je ne l’aurais jamais laissée partir. C’est de cette manière que vous aidez votre doyenne ?

Ces paroles avaient eu un impact sur les personnes qui doutaient d’Ange.
Plusieurs personnes pensaient qu’elle se vengeait, les rumeurs avaient circulé sur les sentiments qu’elle ne pourrait jamais partager avec Sylvain.
Il apporta les informations manquantes et se força à avancer vers elle.
Il était égratigné mais il continuait.
Il réussi enfin à l’atteindre, il l’attrapa par la taille, l’onde de choc les emporta tous les deux.
Il la serra dans ses bras.
Il se cogna contre un mur mais elle était sauve.
Le mur était sur le point de s’effondrer sur eux mais heureusement, certains employés vinrent l’aider.
Elle était inconsciente et affaiblie mais sa main serrait fort le vêtement de Sylvain.
Il resta s’occuper d’elle et en profita pour enquéter.
Quelqu’un avait dû manigancer cette situation.
Une équipe fut désignée pour prendre soin d’elle.
Il décida de prendre en main une partie de la hiérarchie, il venait de sauver la doyenne et son statut équivalait à son bras droit.
Il congédia tous les employés qui doutaient d’elle, ainsi que ceux qui n’avaient rien tenté pour l’aider.
Il ne restait plus grand monde.
Elle était adorée de son vivant, quelque chose clochait.

Une élève de troisième année major de sa promotion devait prendre le poste et était morte de jalousie.
C’est elle qui monta le scénario.
Elle avait réussi à embobiner Antoine et le faire croire qu’il pourrait la récupérer si elle prennait sa place.
Il accepta.
Il profita de sa confiance et la drogua et la laissa sur le siège sans vraiment comprendre la gravité de son acte.
Les racines avaient repéré la drogue dans son corps et par moyen de défense, cela activa le bouclier. Personne ne pouvait plus la sauver.
Le temps qu’elle émerge, elle était déjà presque vidée de son énergie.
Elle n’avait plus la force ni de parler, ni de bouger.
Elle allait se vider de toute son essence et mourir sur ce siège.
Elle voyait les gens essayer de l’aider mais elle ne pouvait rien faire.

Lorsqu’elle se réveilla, Sylvain était à ses côtés et elle était rassurée.
Elle savait qu’il l’avait sauvée mais ses souvenirs étaient flous.

— Repose-toi.

Il décida d’engager des personnes de confiance et proposa à sa meilleure amie de rejoindre le personnel.
Lorsqu’il proposa à Antoine en lui expliquant la situation, sa réaction fut étrange.
Il décida d’enquéter plus.
Il le prit en filature, et il découvrit le pot aux roses.

Elle soupira et décida de le tuer vu que son plan n’avait pas fonctionné.
Sylvain intervint au bon moment et la mis hors état de nuire.
Il l’emmena pour la juger.
Le bras droit de l’ancienne doyenne s’avança vers elle et lui expliqua pourquoi elle n’avait pas été choisie.
Son coeur était impur.
Son esprit n’était pas assez fort pour endosser ce rôle.
Elle posa sa main sur son front et utilisa un sort pour qu’elle comprenne.
Elle versa des larmes lorsqu’elle comprit son erreur.

2015.12.16

Aura

Il se rendit compte du changement de climat comme tout le monde, il ne put s’empêcher de penser à Ange. Malgré ces quelques années sans elle.
Sa famille ainsi qu’Antoine étaient affectés par son absence mais faisaient comme si de rien n’était.
En rentrant chez lui, comme à son habitude, il y avait étrangement de la visite.
C’était un interne de la doyenne.
Il venait d’expliquer à sa mere l’état critique d’Ange.
Sylvain insista pour aller la voir. Il était mort d’inquiétude et en même temps, il profita de cette occasion pour la revoir. Il voulait simplement la serrer dans ses bras.

— Je savais qu’on n’aurait jamais dû la forcer à endosser ce poste… Sanglotait sa mère, dans les bras de son père.

Sylvain repartit avec l’invité.
Ils arrivèrent dans l’immense bâtisse, rarement accessible aux externes.

Il la vit sur son fauteuil, elle était encore jeune et pourtant ses cheveux étaient déjà parsemés de mèches blanches.
Elle avait terriblement maigri alors qu’elle était déjà mince auparavant.
Son regard était vide, elle semblait presque avoir perdu la vue.
L’interne lui fit un rapide résumé des évènements, il semblait assez désespéré.
Il ne comprenait pas pourquoi elle avait sombré à ce point, elle avait pourtant accepté de prendre la relève.

Il lutta pour l’approcher, elle était protégée par sa propre aura, elle était méfiante et ne semblait pas le reconnaître.
Les racines de son siège commencèrent à bouger et à se déplacer en direction de Sylvain.
Il les évita et continua sa progression.
Son aura était glaciale.
Il devait la libérer, lui ouvrir les yeux.
Il arriva à sa hauteur, il l’appela par son prénom à de nombreuses reprises.
Ses yeux reprirent peu à peu de la couleur.
Elle se réveilla de sa torpeur.
Elle reconnut Sylvain et ne comprenait pas ce qui se passait.
Elle s’écroula de fatigue, au sol, en tombant devant son siège.
Il accourut pour la rattraper dans ses bras.
Il vérifia son pouls, faible mais présent.
Sa force vitale avait été ponctionnée par l’arbre.
Quelque chose n’allait pas.

Sylvain avait réussi à la sauver cette fois.
Les internes n’étaient pas formés pour ce genre de problème et Ange était encore trop jeune. Elle ne disposait pas de l’expérience nécessaire.

2015.12.16

Climat

Assise dans son fauteuil, les yeux dans le vide.
Elle accomplissait son rôle à un détail près.
Son état d’âme avait un impact sur l’écosysteme de leur village.
La température avait brutalement chuté et il neigeait maintenant.
L’hiver n’était pas supposé arriver aussi tôt, le vent était gelé et fort.
Malgré le fait que leur village était toujours maintenu dans les airs, ce détail était embêtant.
Cela faisait plusieurs années que tout se déroulait à merveilles.
Cependant la tristesse enfouie au fond de son coeur reprit le dessus pour l’envahir.
Elle avait sombré, emportant le système dont elle était victime avec elle.
Oubliant de prendre soin de sa santé et ignorant ses limites, elle était restée trop longtemps sur son siège, les racines ponctionnant trop de magie et avaient fini par briser son équilibre interne.
La faute était également sur le personnal qui n’avait pas su détecter les signes avant-coureurs.
Ils la retrouvèrent à moitié consciente, affalée. Ses cheveux avaient blanchi à certains endroits.
On aurait dit qu’elle s’était endormie sur l’accoudoir.
Sa suivante essaya de réagir et la réveiller pour qu’elle se lève et arrête le danger.
Sans succès, au moment où elle voulut s’approcher et la toucher, un air froid la repoussa.
Elle l’appela.
Ange entendit sa voix et sortit de sa torpeur.
On aurait pu croire que ce n’était qu’une mauvaise passe mais son coeur était resté brisé.
Inconsciemment elle diminua son alimentation, elle dormait moins bien et son corps devint de plus en plus froid.
Tout le personnel finit par s’en inquiéter lorsque et seulement quand le climat changea brusquement.
Mais il était déjà trop tard.

2015.12.15

Siège racine

Assise dans un fauteuil en vieux bois, on aurait dit des racines en forme de siège.
La doyenne est une femme pas très vieille en apparence mais la fatigue et l’épuisement qui apparaissait sur son visage et sa peau lui donnaient facilement 20 ans de plus.
Les cheveux longs ondulés, emmêlés, les cernes et la peau frippée.

Elle avait peur.
La doyenne lui dit d’approcher.
Elle lui expliqua qu’elle avait ce rôle depuis plusieurs dizaines d’années mais qu’elle avait épuisé toutes ses capacités et qu’elle était à la recherche d’un successeur.
Son rôle était de protéger leur système mais cela utilise de l’énergie magique.
Il ne lui en reste que pour les quelques années à venir et elle se doit de confier son poste à quelqu’un qui en a les compétences puis ensuite tester si elle a le mental.

2015.12.13

Salle d’eau [R-18]

Elle s’était entraînée tard comme d’habitude.
Il ne restait plus grand monde dans la cour et il faisait pratiquement nuit. Elle était transpirante et épuisée de cette journée, elle commença à ranger ses affaires et se dirigea tranquillement vers chez elle.
Elle croisa Jean et Antoine qui s’entraînaient également à quelques mètres d’elle, ils étaient transpirants et leurs muscles brillaient à la lueur du jour. Elle ne put s’empêcher de les trouver beaux et de rougir.
Ils la remarquèrent et s’arrêtèrent dans leur effort et décidèrent également de rentrer chez eux.
Ils s’échangèrent un regard et lui firent signe d’approcher.
Elle passa les saluer et ils proposèrent d’utiliser la salle d’eau pour ne pas rentrer transpirants à la maison.
Ils profiteraient également du fait qu’il n’y avait personne à cette heure-ci pour pouvoir prendre leur temps.
Elle ne connaissait pas la fameuse salle d’eau et ils lui proposèrent de lui montrer au moins, pour qu’elle sache pour les prochaines fois.
Elle les suivit.
C’était une salle de douches privée.
Le bâtiment était désert.
Lorsqu’elle se retourna pour constater qu’il y avait vraiment personne, Antoine prit les devants et enlaça Ange, en lui tenant le menton et l’embrassa. Jean porta ses affaires et les déplaça à l’intérieur de la salle.
Antoine la guida jusqu’à la douche, pendant que Jean refermait discrètement la porte pour s’enfermer tous les trois à l’intérieur.
Antoine continua à l’embrasser tout en la déshabillant.
Lorsqu’elle finit toute nue, Jean prit le relais tandis qu’Antoine se déshabillait à son tour tout en réunissant les vêtements dans un endroit sec.
Jean rejoignit Ange qui était toute rouge. Il était aussi nu qu’elle.
Il l’emmena dans une cabine de douche et alluma le jet pour qu’ils puissent se rincer. Il la caressa, l’embrassa et lui fit l’amour avec passion.
Antoine, après avoir fini de se mettre nu à son tour, rejoignit Jean et Ange dans la cabine. Jean se retira et prit Ange dans ses bras pendant qu’Antoine entrait à son tour en elle.
Ils lui donnèrent du plaisir à tour de rôle jusqu’à épuisement, sans rien demander en retour.
Puis ils la lavèrent et la rhabillèrent avec amour et la raccompagnèrent chez elle, sans que son frère ne se doute de rien.

2015.11.23

Poison et hôpital

Elle l’avait accompagné comme il l’avait souhaité.
Il ne pensait pas que cela tournerait mal.
Ils se firent inviter dans une salle privée pour discuter de choses sérieuses et au calme.
Elle se fit entraîner dans cette réunion.
Elle était habillée d’une très belle robe luxueuse qui mettait ses formes en valeur, et surtout ses clavicules et ses épaules à la peau blanche.
Les gens de cette haute société ne désiraient qu’une chose, que l’homme qu’elle accompagnait, tombe. Pour qu’ils puissent récuperer son business. Elle resta à ses côtés et ils s’assirent.
Quelqu’un amena des apéritifs, il y avait un verre d’alcool qui lui était destiné.
Il savait qu’il était dangereux de boire à cette table. Le poison était une pratique courante. Il accepta le verre et le posa devant lui, sans aucune intention d’y tremper ses lèvres.
Sa compagne était tendue. Elle n’était pas dans son élément.
Elle resta cependant très calme et silencieuse.
Sa beauté muette attirait le regard des invités.
Les mains posées sur ses jambes, son regard tombant et ses longs cils qui accentuaient ses yeux.
Elle avait une peau aussi claire que de la porcelaine.
Il était assez fier de sa fleur.
Elle avait deviné le contenu de la coupe.
Au milieu de la soirée, alors que les personnes n’attendaient que ça, elle décida de faire le premier pas et attrapa innocemment le verre de son « maître » et vida le contenu dans sa gorge.
Les propriétaires la fixèrent les yeux ronds, ne s’attendant pas du tout à ce geste, furent surpris.
Son ami, lui-même, fut étonné et ne sut comment réagir.
Elle reposa le verre vide comme si de rien n’était puis repris sa pose.

Elle commença à se sentir mal, le poison faisait effet dans son corps, elle sentait la chaleur monter en elle et dans ses joues.
Elle avait la tête dans un nuage et les alentours étaient flous.
Elle devint de plus en plus rose, plus rouge.
Il lui toucha la main puis le front et l’utilisa comme excuse pour se retirer et rentrer chez eux.
Le poison faisait effet mais sa constitution permettait de ralentir de manière très minime les effets. Ce poison était censé tuer la personne en lui faisant perdre connaissance de manière rapide.
Il dit qu’elle était fatiguée de cette soirée comme prétexte pour s’extirper de cette situation.
Elle ne tenait presque plus debout, elle luttait pour marcher droit.
Il lui tenait le bras, et ils essayaient d’être naturels.
Lorsqu’ils sortirent du bâtiment, il passa son bras sous ses jambes et la porta jusqu’à leur voiture.
Elle s’endormit sur le siège, il dut l’installer du côté passager et attacher sa ceinture. Sa température montait et elle avait perdu connaissance.

Il ne pouvait rien faire de plus.
Elle était allongée sur son lit, encore toute habillée.
C’était un ange et elle ne pouvait pas mourir de cette manière.
Elle allait juste mettre plusieurs jours à se remettre de ce poison.

*

Elle avait été agressée. Battue, violée, violentée, mais elle était encore vivante. Ils avaient voulu lui extirper un renseignement qu’elle ignorait ou qu’elle refusait de leur donner.
Elle était à sang et la personne qu’elle voulait couvrir n’était pas là pour la soutenir. Elle riat d’elle-même avant de perdre connaissance.
Ils la jetèrent dans la rue, et un passant découvrit son corps et appela une ambulance.
Quel comble, alors qu’elle était elle-même infirmière. Elle ne gagnait pas bien sa vie et n’avait pas assez pour rembourser ses soins. Lorsqu’elle se réveilla, incapable de bouger et sous anti-douleurs, elle souhaita sa propre mort.
Quelqu’un ou quelque chose lui rendit visite la nuit.
Ce n’était en aucun cas son sauveur.
Elle guettait quelque chose.
Pourquoi elle ?
Clouée au lit, l’ombre s’approcha d’elle et mis plusieurs jours avant de se décider et de la tuer.
Elle eut pitié d’elle ou alors elle voulut juste la faire mourir le plus lentement possible.
Elle planta sa faux dans son abdomen et la retira pour qu’elle se vide de son sang. Elle l’étrangla juste assez pour qu’elle continue à vivre.
C’est là qu’il intervint, il tua l’ombre d’un seul coup et vérifia qu’il n’y avait plus rien aux alentours.
Il débrancha les machines et vérifia si elle était encore en vie.
Elle reconnu sa corpulence.
Il était pressé ou paniqué.

— Je suis désolé…
Murmura t-il, à plusieurs reprises.

Elle le supplia de la tuer, mais il n’en fit rien.
Il approcha son visage de sa nuque et lui murmura de lui pardonner.
Elle était en sang et souffrait.

2015.11.21