Il roulait prudemment, elle oublia d’avoir peur et son regard se perdit dans le paysage.
Il jeta un coup d’oeil de temps en temps vers elle, tout en faisant attention à la circulation.
Elle finit par s’endormir, la tête contre la portière, bercée par les roulements de la voiture.
Lorsqu’ils arrivèrent, il dut la réveiller.
— Hé… on est arrivé…
Dit-il, en faisant attention à ne pas la brusquer.
Elle se réveilla doucement et embarrassée, elle s’excusa de s’être endormie.
— Hé, tu as le droit de dormir, il parait que j’ai une conduite qui berce, pas de problème… !
Il était garé dans un parking sous-terrain et ils empruntèrent un ascenseur pour arriver sur son palier.
L’immeuble semblait récent et de la moquette au sol pour étouffait les pas.
Il ouvrit la porte et l’invita à entrer avant lui.
Puis il la claqua derrière lui sans la refermer.
Il déposa ses clés sur une petite étagère dans l’entrée et se mit à l’aise, à commencer par enlever ses chaussures puis son manteau qu’il accrocha sur un crochet.
Elle retira ses petites chaussures qu’elle rangea, alignées, dans un coin de l’entrée.
Elle put observer rapidement l’appartement et voir qu’il était d’une simplicité et d’une propreté.
— Tu n’auras pas grand chose à faire, je suis assez maniaque…
Dit-il en voyant son regard balayer l’appartement de l’entrée.
Elle ne dit rien et attendit.
Il improvisa une visite.
— La cuisine est là, ici c’est le bureau, il y a un canapé dans lequel il m’arrive de dormir lorsque je reçois des invités. Le salon, la salle d’eau et la chambre.
Ce n’est pas grand chose mais cela me suffit. Est-ce que tu veux boire quelque chose ?
Elle refusa poliment.
Il s’installa dans la salle, sur un canapé 3 places, et lui fit signe de venir s’asseoir à côté de lui.
— Bon, je sais que tu es ici contre ta volonté, ce n’est pas la mienne non plus. Tu n’es pas obligé de faire ce que tu fais pour Marianne. Prends ça comme des vacances, si tu le souhaite. Il soupira.
Je peux te laisser mon lit pour la semaine, je vais juste changer les draps pour que tu dormes dans des draps propres.
Il se leva et alla dans la chambre pour prendre des nouveaux draps.
Elle l’arrêta en attrapant la manche de sa chemise.
— Ca ne sera pas la peine, je ne vais pas dormir dans votre lit. Je peux tout aussi bien dormir dans un canapé. Ou si vous le souhaitez, avec vous.
Dit-elle sans aucune arrière pensée.
Il resta figé, en se demandant si elle blaguait.
— Pardon ?
Dit-il en clignant des yeux.
— Est-ce que c’est de l’humour… ?
Demanda t-il pour être sûr.
— Non monsieur. Je dors avec mademoiselle Marianne, elle préfère me savoir à ses côtés. Cela ne me dérange pas de dormir avec une autre personne.
— Non mais c’est pas le problème… je suis un homme, Marianne est une femme.
Un homme ne dort pas avec une femme, voyons ! Est-ce que tu vois le problème… ?Tenta t-il d expliquer.
Elle le regarda en essayant de comprendre ce qu’il disait.
— Non… ?
Il se frotta le coin des yeux avec ses doigts et semblait déjà fatigué de la situation.
— Fais comme tu veux, finit-il par lâcher.
Il se rendit dans la salle de bain pour se changer.
— Est-ce que vous désirez manger quelque chose en particulier ce soir ?
Demanda t-elle alors qu’il était en train de se déshabiller.
Il sursauta.
— Euh, non pas spécialement… je mangerai des restes du frigo, ne t’inquiète pas pour moi. Qu’est-ce qui te ferait envie, toi ?
Demanda t-il, curieux.
— Est-ce que vous avez des allergies ?
Ignora t-elle.
— … Non, pas que je sache.
Dit-il vexé.
*
Après avoir dîné, le repas qu’elle avait préparé avec les restes du frigo était plus que correct. Ils mangèrent tous les deux sur la même table dans la salle.
— Je pourrais faire des courses selon ce que vous apppréciez manger.
Dit-elle.
— Non non, je ramènerai de quoi remplir le frigo demain après mon travail. En parlant de travail, je serai absent une grosse partie de la journée. Tu pourras faire ce que tu veux de ce temps libre.
— Est-ce que je peux venir avec vous ?
— Pardon ? À mon travail ? C’est que ce n’est pas très intéressant… tu es sûre de vouloir m’accompagner… ? Je ne vois pas d’inconvénient mais tu pourrais également te reposer ici. Comme tu veux.
Le premier soir.
Alors qu’il se préparait à aller se coucher, elle avait posé sa valise dans sa chambre, et il ne fut pas au bout de ses surprises lorsqu’elle commença à se déshabiller et qu’elle se retrouva toute nue au pied de son lit.
Elle rangea soigneusement son uniforme et s’apprêta à se glisser sous la couverture.
— Attends ! Tu fais quoi là ?
Il était en pyjama blanc et gris.
— Je me couche… ?
Il lui jeta un de ses T-shirts en détournant son regard, plus que gêné. Sa main sur le visage il bafouilla.
— Tu peux dormir avec moi mais enfile-moi quelque chose… !
— Mademoiselle Marianne ne m-
— Je ne veux pas le savoir !!!
Cria t-il, exaspéré.
Il se jeta sous la couverture et se tourna du côté opposé.
— Bonne nuit !
Lâcha t-il avant de devenir muet comme une tombe jusqu’au lendemain matin.
*
Elle réussissait à anticiper pour l’assister dans sa routine du matin ce qui le surprit au premier abord et les jours qui suivèrent, il s’y habitua et trouva ça plutôt agréable.
Elle n’était pas très bavarde mais il devait reconnaître qu’elle était compétente.
Il fut surpris lorsqu’il découvrit qu’elle avait préparé ses vêtements propres ainsi que sa serviette dans la salle de bain, alors qu’il comptait y aller.
Lorsqu’il se réveilla et que le petit déjeuner était déjà sur la table du salon.
La poussière de la maison avait disparu et le linge était plié et repassé, rangé au bon endroit.
Il ne dit rien mais c’est vrai que cela le sortait un peu de sa routiNe, elle en était l’élément perturbateur.
Elle avait lu une partie de sa bibliothèque pour s’ocuper les premiers jours. Il préférait qu’elle reste ici pour l’instant.
Un soir, il était rentré beaucoup plus tard que d’habitude à cause d’un repas d’affaire et il n’avait pas eu le temps, ni pensé à la prévenir.
Il la retrouva endormie encore habillée sur le canapé tandis que le repas était sous un couvercle, sur la table, préparé.
Il avait un peu bu et le fait de la voir ainsi, il s’en voulut terriblement. Il avait complètement oublié.
Il lui apporta une petite couverture tandis qu’il alla dans la salle de bain se débarbouiller.
Il desserra sa cravatte devant le miroir et se regarda dedans.
Il était décoiffé et rincé.
— T’es vraiment un trou de balle, hein ?!
Se dit-il à lui-même.
Il rangea la nourriture au frigo et alla se coucher.
Le lendemain matin il se doucha et prit le petit déjeuner.
Elle était déjà levée et elle s’excusa.
— Pardonnez-moi de m’être endormie avant votre retour, Duncan…
Dit-elle d’une petite voix et la tête baissée.
Il se contrôla pour ne pas perdre son sang froid.
— … C’est à moi de m’excuser… ! Je ne t’ai pas prévenue et tu n’avais pas à m’attendre aussi longtemps, d’accord ?!
Elle entendait dans sa voix qu’il était agacé et elle baissa sa tête de quelques degrés en plus, comme si elle craignait autre chose.
— … Je suis énervé contre moi-même, ce n’est pas contre toi. Rassure-toi. J’ai agi comme un crétin hier soir, j’aurais dû appeler pour te prévenir de pas m’attendre, ni de me préparer le repas.
— Vous étiez occupé, c’est normal-
— Ne me cherche pas d’excuse, je suis profondément désolé. Bref. Après le petit déjeuner, on sort.
— … « On » ?
— Oui. Je t’avais dit que tu pourrais m’accompagner à mon travail. Mais pas dans ton uniforme. On va aller faire rapidement les magasins.
— Mais-
— C’est moi qui décide. Point.
*
— J’ai pris ma journée, ne t’en fais pas.
Il prit la voiture et l’emmena dans un gigantesque centre commercial.
Il y avait enormément d’enseignes.
Elle eut l’air égaré lorsqu’elle leva les yeux et regarda autour d’elle.
Il lui attrapa la main et l’entraîna avec lui, à l’étage supérieur via l’escalator.
Il ne lui lâcha pas la main comme s’il craignait de la perdre de vue, telle une enfant.
Elle ne réagit pas et ne sembla pas être plus gênée de ce geste. Durant la montée de l’escalator elle en profita pour admirer le lieu. Elle avait rarement l’occasion de sortir et Marianne n’avait pas beucoup de temps pour s’autoriser ce genre de sorties.
Ils furent vite arrivés devant une vitrine éclatante et presque vide. Il poussa la porte d’entrée.
— Bonjour monsieur, que puis-je faire pour vous ?
Une femme aux cheveux attachés en un chigon et habillée en chemisier à motif discret avec une veste et un pantalon s’adressa à lui. Elle jeta rapidement un coup d’oeil à Annabelle en lui adressant un mouvement de tête pour la saluer.
Il avait lâché enfin sa main et la présenta à la vendeuse.
— Bonjour, je souhaiterai quelque chose de classe et à la fois décontracté pour cette demoiselle, s’il vous plaît. Ça serait pour le travail, et que la tenue soit également adéquate pour la vie de tous les jours.
— Bien, je vous invite à me suivre, je vais la mesurer dans la cabine et vous proposer plusieurs tenues.
Dit-elle en indiquant une pièce au fond, et elle referma le pas.
Il y avait un banc à côté et il s’assit en attendant.
Elle sortit un mètre ruban qu’elle posa autour de sa nuque et qui tombait devant elle, puis ferma les rideaux de la cabine sur elle et la jeune femme.
— Vous devez enlever votre robe pour que je puisse prendre vos mensurations… mademoiselle.
Expliqua t-elle.
Un peu embarrassée, elle s’exécuta.
Elle resta en sous-vêtements et l’employée prit le ruban pour le passer sous ses bras, autour de sa poitrine, ses hanches et la hauteur, tout en notant sur un bout de papier les chiffres.
— Je reviens tout de suite.
Dit-elle en la laissant en sous-vêtements, dans la cabine d’essayage.
Elle revint avec différents cintres et vêtements, qu’elle lui fit essayer.
Les vêtements étant un peu plus grands, elle utilisa des pinces pour voir le résultat final dans le miroir.
La première tenue fut une chemise à rayures bleues claires et blanches verticales, un peu ample et légère, avec une longue robe foncée qui était cintrée à la taille.
Elle ouvrit le rideau lorsque les ajustements furent faits.
L’homme sur le banc avait l’air satisfait.
Il hochait la tête d’approuvement de la tenue.
La jeune fille ne savait pas trop quoi en penser. C’était la première fois qu’elle avait l’occasion d’essayer d’autres vêtements d’aussi bonne facture et jolis.
Le rideau se referma et la petite main la déshabilla pour lui refaire essayer une autre tenue.
Cette fois-ci, c’était un haut en coton piqué clair avec un pantalon paperbag qui remontait à la taille, de couleur marron clair qui avait un petit noeud sur le devant.
Les deux allaient bien avec les ballerines noires qu’elle portait.
Le rideau s’ouvrit à nouveau et il ne dit rien, mais avait l’air surpris de ce style qui lui allait pas trop mal. Il acquiesça d’un autre signe de tête.
Elle la déshabilla de nouveau pour lui faire essayer la troisième tenue. Un haut en manches trois quart, cache-coeur, de couleur sombre avec un pantalon simple mais moulant en jeans qui accentuait ses courbes et ses jambes fines.
Le haut enveloppait parfaitement sa petite taille en laissant dévoiler discrètement sa modeste poitrine.
Le jeans de couleur bleue claire contrastait très bien avec le cache-coeur foncé.
— Ajustez-les moi à la bonne taille pour demain, s’il vous plaît.
— Quelles tenues, monsieur ?
— Toutes.
— Très bien.
Annabelle resta sans voix et voulut contester mais il répondit avant même qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit.
— C’est pour le travail.
Expliqua t-il.
Il secoua sa main comme pour dire à l’employée de vite s’en occuper.
Elle laissa les pinces pour garder la bonne taille pour les retouches et déshabilla de nouveau la cliente pour qu’elle puisse se rhabiller.
Elle ressortit totalement gênée.
— Mais…
Essaya t-elle d’argumenter.
— Il n’y a pas de « mais », j’ai pris ma décision. On s’en va. Merci Hélène, je repasserai régler et chercher la commande demain matin.
Dit-il avant de sortir du magasin.
De retour dans la voiture, sur le chemin jusqu’au parking, ils ne dirent pas un mot.
Elle se contenta de le suivre tête baissée, comme si elle avait été réprimandée.
– Ne fais pas cette tête, tu pourras venir m’assister à mon travail mais tu auras besoin de tenues, pour chaque jour. Tu seras beaucoup plus à l’aise dans ces vêtements.
2019.08.08