Créature

Rencontre.
Aurore rentrait de son travail de nuit, le quartier était calme, les rues vides, pas étonnant vu l’heure très matinale. Elle traversa les ruelles menant à la galerie où se trouvait la boutique de sa demi-soeur.
Elle fut surprise lorsqu’elle tomba sur cet homme qui ouvrait la grille de la galerie. À cette heure-ci, elle ne s’attendait pas à croiser quelqu’un.
Depuis le temps qu’elle empruntait ce chemin, c’était bien la première fois qu’elle le voyait ici.
Pas désagréable à l’oeil, il était habillé plutôt léger avec un débardeur noir un peu lâche, un jeans abîmé et clair qui lui moulait les jambes.
Ses cheveux longs noirs étaient lâchés et retombaient sur ses épaules d’un côté, il devait faire une tête de plus qu’elle. Ses yeux étaient clairs et perçants, et sa peau blanche lui donnait un air livide.
Une sorte de créature divine.
Elle fut quelque peu intimidée lorsqu’il lui tint la porte pour qu’elle puisse passer.

— Vous entrez ?
Demanda t-il, amusé par l’attitude de la jeune femme.

Elle hocha la tête en signe de réponse et passa devant lui maladroitement.
Elle trébucha sur son pied et il la rattrapa de justesse.

— Ça va ?!
Dit-il, prit de court. Sa poigne était forte et il avait juste tendu le bras pour la retenir.

2019.08.10

Galerie

Laine et Lin
La boutique se trouvait dans une galerie parisienne.
La vitrine était propre, la lumière de la verrière éclairait avec parcimonie la façade.
Quelques bustiers de mannequins en tissu étaient devant les vitres avec les tenues récemment finies.
On pouvait apercevoir les différements porte-vêtements au fond de la pièce, et sur le côté.
Pas trop de vêtements ni pas assez. Juste ce qu’il faut.
Les couleurs étaient sobres mais les pièces sophistiquées, les motifs rares sur les tissus étaient discrets.
Le comptoir était en bois, derrière il y avait une autre pièce qui donnait sur l’atelier.
Il y avait un vestiaire plutôt grand avec un miroir au coin.

2019.08.09

Shopping

Il roulait prudemment, elle oublia d’avoir peur et son regard se perdit dans le paysage.
Il jeta un coup d’oeil de temps en temps vers elle, tout en faisant attention à la circulation.
Elle finit par s’endormir, la tête contre la portière, bercée par les roulements de la voiture.

Lorsqu’ils arrivèrent, il dut la réveiller.

— Hé… on est arrivé…
Dit-il, en faisant attention à ne pas la brusquer.

Elle se réveilla doucement et embarrassée, elle s’excusa de s’être endormie.

— Hé, tu as le droit de dormir, il parait que j’ai une conduite qui berce, pas de problème… !

Il était garé dans un parking sous-terrain et ils empruntèrent un ascenseur pour arriver sur son palier.
L’immeuble semblait récent et de la moquette au sol pour étouffait les pas.
Il ouvrit la porte et l’invita à entrer avant lui.
Puis il la claqua derrière lui sans la refermer.
Il déposa ses clés sur une petite étagère dans l’entrée et se mit à l’aise, à commencer par enlever ses chaussures puis son manteau qu’il accrocha sur un crochet.
Elle retira ses petites chaussures qu’elle rangea, alignées, dans un coin de l’entrée.
Elle put observer rapidement l’appartement et voir qu’il était d’une simplicité et d’une propreté.

— Tu n’auras pas grand chose à faire, je suis assez maniaque…
Dit-il en voyant son regard balayer l’appartement de l’entrée.

Elle ne dit rien et attendit.
Il improvisa une visite.

— La cuisine est là, ici c’est le bureau, il y a un canapé dans lequel il m’arrive de dormir lorsque je reçois des invités. Le salon, la salle d’eau et la chambre.
Ce n’est pas grand chose mais cela me suffit. Est-ce que tu veux boire quelque chose ?

Elle refusa poliment.
Il s’installa dans la salle, sur un canapé 3 places, et lui fit signe de venir s’asseoir à côté de lui.

— Bon, je sais que tu es ici contre ta volonté, ce n’est pas la mienne non plus. Tu n’es pas obligé de faire ce que tu fais pour Marianne. Prends ça comme des vacances, si tu le souhaite. Il soupira.
Je peux te laisser mon lit pour la semaine, je vais juste changer les draps pour que tu dormes dans des draps propres.
Il se leva et alla dans la chambre pour prendre des nouveaux draps.
Elle l’arrêta en attrapant la manche de sa chemise.

— Ca ne sera pas la peine, je ne vais pas dormir dans votre lit. Je peux tout aussi bien dormir dans un canapé. Ou si vous le souhaitez, avec vous.
Dit-elle sans aucune arrière pensée.

Il resta figé, en se demandant si elle blaguait.

— Pardon ?
Dit-il en clignant des yeux.

— Est-ce que c’est de l’humour… ?
Demanda t-il pour être sûr.

— Non monsieur. Je dors avec mademoiselle Marianne, elle préfère me savoir à ses côtés. Cela ne me dérange pas de dormir avec une autre personne.

— Non mais c’est pas le problème… je suis un homme, Marianne est une femme.
Un homme ne dort pas avec une femme, voyons ! Est-ce que tu vois le problème… ?Tenta t-il d expliquer.

Elle le regarda en essayant de comprendre ce qu’il disait.

— Non… ?

Il se frotta le coin des yeux avec ses doigts et semblait déjà fatigué de la situation.

— Fais comme tu veux, finit-il par lâcher.

Il se rendit dans la salle de bain pour se changer.

— Est-ce que vous désirez manger quelque chose en particulier ce soir ?
Demanda t-elle alors qu’il était en train de se déshabiller.

Il sursauta.

— Euh, non pas spécialement… je mangerai des restes du frigo, ne t’inquiète pas pour moi. Qu’est-ce qui te ferait envie, toi ?
Demanda t-il, curieux.

— Est-ce que vous avez des allergies ?
Ignora t-elle.

— … Non, pas que je sache.
Dit-il vexé.

*

Après avoir dîné, le repas qu’elle avait préparé avec les restes du frigo était plus que correct. Ils mangèrent tous les deux sur la même table dans la salle.

— Je pourrais faire des courses selon ce que vous apppréciez manger.
Dit-elle.

— Non non, je ramènerai de quoi remplir le frigo demain après mon travail. En parlant de travail, je serai absent une grosse partie de la journée. Tu pourras faire ce que tu veux de ce temps libre.
— Est-ce que je peux venir avec vous ?
— Pardon ? À mon travail ? C’est que ce n’est pas très intéressant… tu es sûre de vouloir m’accompagner… ? Je ne vois pas d’inconvénient mais tu pourrais également te reposer ici. Comme tu veux.

Le premier soir.
Alors qu’il se préparait à aller se coucher, elle avait posé sa valise dans sa chambre, et il ne fut pas au bout de ses surprises lorsqu’elle commença à se déshabiller et qu’elle se retrouva toute nue au pied de son lit.
Elle rangea soigneusement son uniforme et s’apprêta à se glisser sous la couverture.

— Attends ! Tu fais quoi là ?

Il était en pyjama blanc et gris.

— Je me couche… ?

Il lui jeta un de ses T-shirts en détournant son regard, plus que gêné. Sa main sur le visage il bafouilla.

— Tu peux dormir avec moi mais enfile-moi quelque chose… !
— Mademoiselle Marianne ne m-
— Je ne veux pas le savoir !!!
Cria t-il, exaspéré.

Il se jeta sous la couverture et se tourna du côté opposé.

— Bonne nuit !
Lâcha t-il avant de devenir muet comme une tombe jusqu’au lendemain matin.

*

Elle réussissait à anticiper pour l’assister dans sa routine du matin ce qui le surprit au premier abord et les jours qui suivèrent, il s’y habitua et trouva ça plutôt agréable.
Elle n’était pas très bavarde mais il devait reconnaître qu’elle était compétente.
Il fut surpris lorsqu’il découvrit qu’elle avait préparé ses vêtements propres ainsi que sa serviette dans la salle de bain, alors qu’il comptait y aller.
Lorsqu’il se réveilla et que le petit déjeuner était déjà sur la table du salon.
La poussière de la maison avait disparu et le linge était plié et repassé, rangé au bon endroit.
Il ne dit rien mais c’est vrai que cela le sortait un peu de sa routiNe, elle en était l’élément perturbateur.

Elle avait lu une partie de sa bibliothèque pour s’ocuper les premiers jours. Il préférait qu’elle reste ici pour l’instant.

Un soir, il était rentré beaucoup plus tard que d’habitude à cause d’un repas d’affaire et il n’avait pas eu le temps, ni pensé à la prévenir.
Il la retrouva endormie encore habillée sur le canapé tandis que le repas était sous un couvercle, sur la table, préparé.
Il avait un peu bu et le fait de la voir ainsi, il s’en voulut terriblement. Il avait complètement oublié.
Il lui apporta une petite couverture tandis qu’il alla dans la salle de bain se débarbouiller.
Il desserra sa cravatte devant le miroir et se regarda dedans.
Il était décoiffé et rincé.

— T’es vraiment un trou de balle, hein ?!
Se dit-il à lui-même.

Il rangea la nourriture au frigo et alla se coucher.
Le lendemain matin il se doucha et prit le petit déjeuner.
Elle était déjà levée et elle s’excusa.

— Pardonnez-moi de m’être endormie avant votre retour, Duncan…
Dit-elle d’une petite voix et la tête baissée.

Il se contrôla pour ne pas perdre son sang froid.

— … C’est à moi de m’excuser… ! Je ne t’ai pas prévenue et tu n’avais pas à m’attendre aussi longtemps, d’accord ?!

Elle entendait dans sa voix qu’il était agacé et elle baissa sa tête de quelques degrés en plus, comme si elle craignait autre chose.

— … Je suis énervé contre moi-même, ce n’est pas contre toi. Rassure-toi. J’ai agi comme un crétin hier soir, j’aurais dû appeler pour te prévenir de pas m’attendre, ni de me préparer le repas.

— Vous étiez occupé, c’est normal-
— Ne me cherche pas d’excuse, je suis profondément désolé. Bref. Après le petit déjeuner, on sort.
— … « On » ?
— Oui. Je t’avais dit que tu pourrais m’accompagner à mon travail. Mais pas dans ton uniforme. On va aller faire rapidement les magasins.
— Mais-
— C’est moi qui décide. Point.

*

— J’ai pris ma journée, ne t’en fais pas.

Il prit la voiture et l’emmena dans un gigantesque centre commercial.
Il y avait enormément d’enseignes.
Elle eut l’air égaré lorsqu’elle leva les yeux et regarda autour d’elle.
Il lui attrapa la main et l’entraîna avec lui, à l’étage supérieur via l’escalator.
Il ne lui lâcha pas la main comme s’il craignait de la perdre de vue, telle une enfant.
Elle ne réagit pas et ne sembla pas être plus gênée de ce geste. Durant la montée de l’escalator elle en profita pour admirer le lieu. Elle avait rarement l’occasion de sortir et Marianne n’avait pas beucoup de temps pour s’autoriser ce genre de sorties.
Ils furent vite arrivés devant une vitrine éclatante et presque vide. Il poussa la porte d’entrée.

— Bonjour monsieur, que puis-je faire pour vous ?

Une femme aux cheveux attachés en un chigon et habillée en chemisier à motif discret avec une veste et un pantalon s’adressa à lui. Elle jeta rapidement un coup d’oeil à Annabelle en lui adressant un mouvement de tête pour la saluer.
Il avait lâché enfin sa main et la présenta à la vendeuse.

— Bonjour, je souhaiterai quelque chose de classe et à la fois décontracté pour cette demoiselle, s’il vous plaît. Ça serait pour le travail, et que la tenue soit également adéquate pour la vie de tous les jours.

— Bien, je vous invite à me suivre, je vais la mesurer dans la cabine et vous proposer plusieurs tenues.
Dit-elle en indiquant une pièce au fond, et elle referma le pas.

Il y avait un banc à côté et il s’assit en attendant.
Elle sortit un mètre ruban qu’elle posa autour de sa nuque et qui tombait devant elle, puis ferma les rideaux de la cabine sur elle et la jeune femme.

— Vous devez enlever votre robe pour que je puisse prendre vos mensurations… mademoiselle.
Expliqua t-elle.

Un peu embarrassée, elle s’exécuta.
Elle resta en sous-vêtements et l’employée prit le ruban pour le passer sous ses bras, autour de sa poitrine, ses hanches et la hauteur, tout en notant sur un bout de papier les chiffres.

— Je reviens tout de suite.
Dit-elle en la laissant en sous-vêtements, dans la cabine d’essayage.

Elle revint avec différents cintres et vêtements, qu’elle lui fit essayer.
Les vêtements étant un peu plus grands, elle utilisa des pinces pour voir le résultat final dans le miroir.
La première tenue fut une chemise à rayures bleues claires et blanches verticales, un peu ample et légère, avec une longue robe foncée qui était cintrée à la taille.
Elle ouvrit le rideau lorsque les ajustements furent faits.
L’homme sur le banc avait l’air satisfait.
Il hochait la tête d’approuvement de la tenue.
La jeune fille ne savait pas trop quoi en penser. C’était la première fois qu’elle avait l’occasion d’essayer d’autres vêtements d’aussi bonne facture et jolis.
Le rideau se referma et la petite main la déshabilla pour lui refaire essayer une autre tenue.
Cette fois-ci, c’était un haut en coton piqué clair avec un pantalon paperbag qui remontait à la taille, de couleur marron clair qui avait un petit noeud sur le devant.
Les deux allaient bien avec les ballerines noires qu’elle portait.
Le rideau s’ouvrit à nouveau et il ne dit rien, mais avait l’air surpris de ce style qui lui allait pas trop mal. Il acquiesça d’un autre signe de tête.
Elle la déshabilla de nouveau pour lui faire essayer la troisième tenue. Un haut en manches trois quart, cache-coeur, de couleur sombre avec un pantalon simple mais moulant en jeans qui accentuait ses courbes et ses jambes fines.
Le haut enveloppait parfaitement sa petite taille en laissant dévoiler discrètement sa modeste poitrine.
Le jeans de couleur bleue claire contrastait très bien avec le cache-coeur foncé.

— Ajustez-les moi à la bonne taille pour demain, s’il vous plaît.
— Quelles tenues, monsieur ?
— Toutes.
— Très bien.

Annabelle resta sans voix et voulut contester mais il répondit avant même qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit.

— C’est pour le travail.
Expliqua t-il.

Il secoua sa main comme pour dire à l’employée de vite s’en occuper.
Elle laissa les pinces pour garder la bonne taille pour les retouches et déshabilla de nouveau la cliente pour qu’elle puisse se rhabiller.
Elle ressortit totalement gênée.

— Mais…
Essaya t-elle d’argumenter.

— Il n’y a pas de « mais », j’ai pris ma décision. On s’en va. Merci Hélène, je repasserai régler et chercher la commande demain matin.
Dit-il avant de sortir du magasin.

De retour dans la voiture, sur le chemin jusqu’au parking, ils ne dirent pas un mot.
Elle se contenta de le suivre tête baissée, comme si elle avait été réprimandée.

– Ne fais pas cette tête, tu pourras venir m’assister à mon travail mais tu auras besoin de tenues, pour chaque jour. Tu seras beaucoup plus à l’aise dans ces vêtements.

2019.08.08

Prêt

Prêt provisoire.
Elle entra dans le bureau.
Elle apporta le thé ainsi que quelques biscuits sur un plateau.
Elle déposa la tasse et sa coupelle en face de l’invité, en premier lieu. Tout en se plaçant sur le côté pour ne pas gêner leur conversation. Ses gestes étaient discrets et d’une légèreté. Elle savait se faire oublier.
Elle fit ensuite le tour pour poser la tasse et la coupelle sur le bureau, mais en face de la directrice.
Elle la remercia d’un coup d’oeil.
Des petits biscuits sur une autre assiette furent posés entre eux.

— Tu ne me rends pas souvent visite, qu’est-ce qui t’amène ? Mets-toi à l’aise.
— Pas grand chose, je passais dans le coin et je me demandais comment tu allais. Tu sais bien que je suis pas mal pris avec mon travail… j’aimerai passer plus souvent te voir.

— Exagère pas, non plus.
Elle le coupa net.

— C’est la stricte vérité, j’ai bien compris que nos trains de vie n’étaient pas compatibles… toujours aussi dure avec ton vieil ami, hein ?
Dit-il en esquissant un sourire triste.

— Quoi de neuf, cher viel ami ?
Elle posa sa question avec beaucoup de tendresse, ils devaient se connaître depuis longue date.

— Pas grand chose, les affaires… et toujours le vide dans ma vie sentimentale. J’ai tellement de mal à trouver quelqu’un avec qui je me sens bien… puis regarde-moi, je commence à me faire vieux. Je me sens si seul. Et toi, tu ne te sens pas seule ? On est un peu pareil tous les deux, des solitaires…

— Comment ça ? Tu as tout pour plaire !
S’exclama t-elle outrée.

— À vrai dire, j’ai pu me sentir un peu seule mais de toute manière, je n’ai pas de place pour quelqu’un dans ma vie. C’est la triste réalité. Mais je le vis beaucoup mieux maintenant, si tu veux savoir.

— Je sais bien que j’ai enchaîné les conquêtes plus jeune, mais je recherche une relation sérieuse et saine… pas quelqu’un qui en aurait après mes biens matériels.
Repondit-il las.

Assis sur son fauteuil les jambes croisées, et une main sur l’accoudoir.

— Tu n’es pas venu jusque ici pour te plaindre, n’est-ce pas ?

— Pour te voir, aussi.
Dit-il d’un large sourire qui accentuait ses rides aux coins des lèvres.

— Arrête ton char, sur le champ.
Dit-elle de sa voix autoritaire.

— Dis-moi ce qui a changé pour toi, pour que tu le vives mieux ?
Demanda t-il plus sérieusement.

Elle semblait songeuse, se caressant le menton.

Elle était sur le point de se retirer lorsque la directrice lui fit signe de rester avec sa main.

— Que penses-tu d’elle ?
Dit-elle en la désignant.

Il se retourna comme s’il découvrait sa présence.
Elle était debout contre le mur, près de la porte, le plateau entre ses bras. Elle semblait aussi surprise que lui des paroles de la directrice.

Son uniforme était une robe longue noire et sobre avec un simple tablier blanc par dessus. Un col claudine blanc habillait son cou et elle avait les cheveux courts, quelques mèches réunies en arrière pour ne pas lui gêner la vue.

— Qu’est-ce que tu veux dire ?
Dit-il perplexe.

— Je veux bien te la prêter une semaine. Elle te rendra moins malheureux pendant au moins cette courte période. Ça te fera du bien.

Après qu’elle se rendit compte de ses mots, elle se corrigea.

— Interdiction de la toucher, qu’on soit clair, je t’offre son service pour que tu sois moins déprimé et tu me la rends après. C’est compris ? Si jamais il lui arrive quoi que ce soit. Tu auras affaire avec moi !
— Mais… tu veux que j’en fasse quoi… ? Je comprends pas.

Il avait l’air perdu.
La jeune femme avait l’air également perdue et ne comprenait pas cette situation où elle était considérée comme un objet.

— Elle va s’occuper de ton chez toi, tu verras, tu auras rien à faire. Si tu as besoin de quelque chose en particulier elle s’en chargera. Par contre si tu abuses d’elle, je peux t’assurer que je t’émascule. Je te fais cette fleur parce que tu es mon ami, sache que je ne prête pas ma petite Annabelle à n’importe qui. Je vois bien que tu es déprimé en ce moment…

Elle fit signe à sa protégée d’avancer et de venir la voir.
Elle se pencha vers son employée pour écouter ce qu’elle avait à dire.

— Ne t’inquiète pas, je te récupèrerai à la fin de la semaine prochaine. Je tiens beaucoup trop à toi pour te céder. Je te fais confiance pour t’occuper de mon ami comme pour moi.

Elle la renvoya d’un geste.

— Prépare ta valise avec le stricte minimum et attends-nous dans l’entrée. Tu pars maintenant.

Elle s’exécuta sur le champ sans demander son reste.

— T’es sérieuse là ?
Dit son ami dès qu’Annabelle quitta la pièce.

— Oui, vraiment, je pense que tu en as plus besoin que moi en ce moment. Je sais qu’on ne se voit pas souvent mais je vois bien que tu es pas bien là. Et si jamais tu n’es pas satisfait de ses services, hésite pas à m’en faire part. Les retours sont toujours bons à prendre.
Sourit-elle.

— Tu me mets dans l’embarras, tu le sais ça ?…
Dit-il gêné.

— Je te garantis que c’est mon meilleur élément, elle est très compétente même s’il lui manque encore un peu d’expérience. Prends-en soin. J’insiste là dessus.
Bon, si tu as fini de broyer du noir, je te raccompagne jusqu’en bas ? Je ne voudrais pas la faire attendre. Elle a dû se dépêcher pour ne pas qu’on l’attende.

Pendant qu’il se levait pour remettre sa veste et prendre la porte, elle continua à lui donner des consignes.

— Je pense qu’elle te le demandera mais n’hésite pas à lui expliquer comment tu veux que les choses soient faites chez toi.

La sentant un peu frileuse à laisser Annabelle partir, il se moqua d’elle.

— Tu sais, tu peux encore changer d’avis et me laisser rentrer seul.
Dit-il d’un sourire narquois.

— Non, ma décision est prise, ça lui fera de l’expérience et ce n’est qu’une petite semaine.
Dit-elle pour se convaincre elle-même.

Il rit à gorge déployée.

— Ça crève les yeux que tu tiens à elle. C’est trop chou. Je pensais pas que tu t’attacherais à une employée de la sorte.

— Moi non plus, ok ?! Allez, oust, j’ai encore du travail après.
Dit-elle pour couper court à la conversation et à sa gêne.

Et elle le poussa jusqu’à la sortie.
Arrivés en bas, en effet Annabelle était déjà prête, elle attendait au comptoir d’accueil en discutant.

— Tu crois que mademoiselle à quelque chose à me reprocher… ?
Demanda t-elle à l’hôte d’accueil.

— Mais non, tu te fais des idées. Tu reviens dans une semaine n’est-ce pas ? Ça va vite passer tu verras. Ça se trouve c’est qu’un test. Tu n’as jamais servi quelqu’un d’autre, non ?

— C’est vrai…
— Tu vois, alors ne pense pas à n’importe quoi.
Dit-il pour la rassurer.

Ils virent mademoiselle et son invité descendre de l’escalier et avancer jusqu’à eux.

— Excuse-nous de t’avoir fait attendre, Annabelle.
Dit-elle tout de suite.

— Bon, je vous laisse, tu me la ramènes la semaine prochaine, à l’heure qui t’arrange.
Dit-elle en s’adressant à son ami.

— Compris, je t’enverrai un message, dès que je saurais mon emploi du temps. Je sais pas si je dois te remercier, Marianne…

— Je t’en prie, Duncan. Tout le plaisir est pour moi. Prends soin de toi. Merci d’avoir pris la peine de passer me voir.
Dit-elle en leur faisant au revoir de la main.

Duncan sortit sans se retourner et Annabelle le suivit sans un bruit avec sa petite valise à la main.
En arrivant sur le parking, il s’arrêta et se tourna vers la jeune femme qui avait l’air tout aussi perdu que lui.
Elle s’arrêta net et attendit un ordre.
Il soupira et marcha jusqu’à sa voiture.
C’était une voiture plutôt modeste mais bien entretenue propre.
Après avoir ouvert le coffre pour qu’elle puisse poser sa valise.
Il l’invita à s’assoir sur le siège passager, à ses côtés.
Enfin tous les deux dans la voiture et les portières fermées, il se mit à parler.

— Bon. D’abord tu peux m’appeler Duncan. Pas de « monsieur » ça me fait sentir vieux et je n’aime pas ça. Et toi, c’est Annabelle, c’est ça ?
Demanda t-il un peu tendu.

Elle ne put s’empêcher de rire. D’un petit rire discret qu’elle cacha avec son poing serré.
Il la regarda les joues un peu rose de gêne.

— C’est que vous avez l’air plus stressé que moi.
Dit-elle, en riant.

— Je n’y peux rien ! C’est ma première fois, d’accord !?

Elle trouva qu’il y avait quelque chose qui lui rappelait sa Marianne. Et elle fut moins angoissée.

— Moi aussi, c’est la première fois que je vais servir quelqu’un qui n’est pas Marianne.
Expliqua t-elle.

— Tout va bien se passer, tu n’as qu’à faire tout comme si j’étais elle.
Dit-il pour la rassurer.

Il y avait quelque chose de doux dans son regard.

— Est-ce que ca implique que je dorme avec vous ?
Demanda t-elle innocemment.

— P-pardon ?! Quel genre de relation as-tu avec Marianne ?!
S’écria t-il.

Heureusement que les vitres de la portière étaient fermées.
Annabelle riait de plus belle.

— Tu te moques de moi, c’est ça… ?
Demanda t-il sur ses gardes.

— Absolument pas, je n’oserai pas Mons-… Duncan.
Se corrigea t-elle.

— Bon, on va rouler…

Cela faisait un moment qu’ils étaient en train de discuter sur le parking.

2019.07.31

Entretien

Cet établissement était prestigieux.
N’importe qui ne pouvait pas y travailler en tant qu’employé.
Pourtant, elle avait pris son courage à deux mains pour quitter son travail et repartir de zéro.
Elle voulait faire partie de cet endroit, c’était comme un rêve d’enfant.
Elle portait une chemise claire aux manches longues et une longue jupe de couleur plus foncée, tout aussi simple.
Ses cheveux courts et fraichement lavés, elle voulait faire bonne figure.
Elle avait un petit cartable en bandoulière dans lequel elle avait ses documents pour l’entretien.
Ses mains étaient moites.

L’hôte d’accueil la reçut et lui indiqua le bureau de la directrice.
Elle put apercevoir quelques employés.
Le lieu était d’un simple contemporain et très bien entretenue. C’était la moindre des choses pour un tel endroit.
Les étoiles plein les yeux, de l’élégance des uniformes que les employés portaient aux détails de décoration.
Cela lui fit presque oublier le stress qu’elle ressentait.
La directrice était plutôt jeune, la petite trentaine.
Les cheveux rejoint en un chignon, un costume qui lui allait comme un gant. Une petite chemise rouge bordeau avec des boutons nacrés, cintrée dans un pantalon bleu marine, orné d’une petite ceinture très simple en corde, à la taille, de la même couleur que ses boutons.
Les manches étaient légèrement remontées et elle invita l’arrivante à s’assoir.

— Détends-toi, on va regarder ensemble ton dossier et tes motivations.
Lui dit-elle avec un sourire chaleureux.

Elle s’installa et sortit le porte-document qui regroupait tous les papiers nécessaires.
La directrice fut quelque peu surprise de la tenue de ce porte-document. Les feuilles étaient rangées dans l’ordre de la liste demandée.
Tout le monde ne présentait pas ainsi leurs papiers.
Elle ne s’assit pas tout de suite, elle s’appuya sur son bureau d’une de ses fesses, et elle feuilleta minutieusement chaque information.

— Je me suis également un peu renseignée à ton sujet.

Les informations correspondent au premier abord.

— Décris-moi tes motivations.
Demanda t-elle intéressée.

— … J’ai une énorme admiration pour le service que délivre cet établissement, je souhaiterais apporter ma pierre à l’édifice, voire consacrer ma vie à cette maison qui correspond à mes valeurs.

L’angoisse qui la paralysait s’est rapidement envolée lorsqu’elle commença à parler de sa passion.
La directrice réprima un éclat de rire et pouffa.

— Pardon, c’est plutôt intéressant, mais il faudra faire ses preuves. Si cela te convient, je peux d’abord te proposer un essai de deux semaines pour voir.

2019.07.27

Achat

Vente effectuée.
Il l’emmena chez lui.
Il habitait dans un petit appartement mais relativement propre et bien rangé.
Il était un peu gênée.

— Ça fait longtemps que je n’ai pas reçu de personnes chez moi… fais pas attention au bazar…

Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu’elle était chez lui.
Elle s’occupait de ses tâches ménagères et lisait sa collection de livres dans ses étagères.
Elle n’avait pas le droit de sortir et s’occupait comme elle le pouvait.
Elle avait été achetée pour lui tenir compagnie.
Le soir même de son achat, il la jeta sur son lit et tomba sur elle, les bras pour soutenir son poids et le visage à quelques centimètres du sien. Il la regarda et s’arrêta. Il semblait lutter avec lui-même.

— … Je ne peux pas… excuse-moi, je sais que je t’ai achetée pour avoir des relations sexuelles avec toi, mais c’est au dessus de mes forces de te l’imposer.

Il se releva et sortit de la chambre.

— Tu peux dormir ici ce soir, je vais dormir dans le canapé.

La laissant sur le lit, le regard dans le vide.
Il réfléchit la nuit et le lendemain matin, elle était réveillée de bonne heure, comme à ses habitudes.
Elle en profita pour mieux observer les lieux et jeta quelques regards dans le salon.
Il se réveilla et passa la voir.
Elle s’assit sur le lit après l’avoir fait.

— Tu es réveillée depuis longtemps… ?
Demanda t-il gêné.

— Désolé, je suis pas du tout du matin.
Dit-il en se grattant la barbe.

— Tu dois avoir faim, on petit-déjeune ?
Invita t-il.

Elle se leva et le suivit.

— Oublie ce que je t’ai dit hier soir. Tu seras mon humain de compagnie, d’accord ?

Il y avait réfléchi toute la nuit.

— Je suis un peu solitaire et j’ai besoin d’une présence, discuter de temps en temps.
On va commencer comme ça.
Dit-il comme à lui-même.

Après tout, il l’avait achetée.

2019.07.27

Abandon

Partie terminée.
Elle s’abandonna à cette maison.
Elle savait qu’elle n’aurait plus aucune décision sur sa vie et c’est ce qu’elle recherchait.
Elle en avait marre de cette vie.

— Lorsque votre décision sera prise, vous devez amener ces documents sur la liste, et signer ce papier. Lisez-le bien avant de signer.
Lui avait dit la personne de l’accueil.

Elle était entrée dans cet établissement après une grosse pluie et elle avait été trempée jusqu’aux os.
Plus rien ne lui importait dans sa vie.
Elle avait alors vu un panneau publicitaire.

Marre de la vie que vous menez ?
Venez vous abandonner à CimVie !
Votre vie ne sera pas vaine !

Elle n’hésita pas longtemps.
Lorsqu’elle revint, tout était signé et la directrice de l’établissement la reçue.
Elle lui rappela les conditions et elle fut amenée à sa chambre, en attendant la suite des instructions.
Elle signait sa mort socialement.
Elle disparaissait du système.
Quelqu’un arriva pour lui donner un vêtement qui ressemblait à un uniforme et lui expliqua les règles qui s’appliquaient ici.
À partir de ce jour, elle n’avait plus de prénom.
Plus le droit de décision de sa personne.
Ses vêtements actuels devaient être enlevés et donnés. Ils seraient débarrassés et elle ne les reverrait pas jusqu’à nouvel ordre.
Les sous-vêtements étaient fournis par l’établissement.
Le planning indiquait qu’elle aurait des tâches à faire selon les jours.
Le reste du temps c’était quartier libre.

Mama vendait aux enchères les humains.
Le traffic était plutôt lucratif.
Elle se chargeait de gérer l’entretient de l’établissement, la marchandise devait être bien traitée.
Sur un fichier, il y avait une photo de profil, l’année de naissance, la taille et le poids. Le stricte minimum.

Certaines marchandises partaient moins bien mais en général les profils tournaient beaucoup, la population n’était jamais la même.

Les acheteurs avaient leur motivation, parfois c’était pour de la revente d’organes, parfois de l’esclavagisme, des partenaires sexuelles, et dans de meilleurs cas, juste pour leur tenir compagnie.
L’humain était difficile à comprendre et dans certains mauvais cas, la marchandise se donnait la mort peu de temps après sa vente.
Mama déclinait toute responsabilité. Les papiers signés étaient en sa faveur.
Au moment de la vente, la responsabilité revenait à l’acheteur.

2019.07.26

Compagnie

Vente d’humains.
Il existait une petite boutique où il était possible d’acheter un humain de compagnie.

Qu’on soit homme, femme ou transgenre, il était possible de venir abandonner son statut et toute responsabilité.
On était alors nourri, logé mais on ne touchait aucune somme d’argent.

*

Elle arriva en soirée, il devait être 23 heures passées mais cela ne faisait rien. La boutique était ouverte 24h/24.
Un peu intimidée, même si elle était préparée depuis plusieurs semaines, elle observa les lieux.
Ça ressemblait à un hôtel de plusieurs étages. Le bâtiment extérieur n’était pas glauque ou sale, mais plutôt bien entretenu et la décoration simple mais contemporaine. Le lieu était plutôt accueillant.
Elle avait les documents nécessaires et angoissait d’avoir oublié un ou plusieurs papiers nécessaires à son abandon.
Il existait un site internet sur lequel il était possible de se renseigner au préalable des différentes démarches.
Qu’on désire s’abandonner ou que l’on souhaite acquérir.
Quelqu’un était à l’accueil et attendait patiemment qu’elle s’avance au guichet pour l’aborder.

— Bonsoir…
— Bonsoir.

La personne n’était pas spécialement chaleureuse.

— Je… suis venue déposer une candidature…

Elle posa son porte-document sur le bar.

— Je vais regarder si tous les papiers sont là…
Dit-il en ramassant la liasse et en vérifiant chaque élément.

Après quelques minutes qui lui semblèrent interminables, il lui sourit.

— C’est tout bon, je vais prévenir ma collègue qui se chargera de vous faire passer un entretien.

Il lui rendit le dossier et appuya sur le bouton d’un appareil téléphonique.

— Vous pouvez aller au premier étage, ça sera sur votre gauche.

Il lui indiqua l’escalier derrière lui, sur sa droite.
Elle le remercia timidement et monta les marches.
Arrivée au premier étage, elle vit la porte sur sa gauche entrouverte. Elle vérifia qu’il n’y avait pas de doute sur le lieu et s’engouffra dans la pièce.
Une charmante dame était assise à son bureau et l’attendait.
Elle l’invita à s’asseoir d’un sourire bienveillant.
Il y avait une moquette au sol qui étouffait ses pas, et la chaise était particulièrement confortable.

— Bonsoir. Quel est votre nom ?

— Coralie…
Répondit-elle en déposant ses papiers sur la table.

— Merci Coralie. Je vais étudier votre dossier. Je ne vais pas vous questionner sur votre passé, ou vos raisons ici, rassurez-vous.
Nous demandons un bilan sanguin pour être sûr que vous ne soyez pas porteur d’un virus dangereux pour la clientelle. Ça m’a l’air bon.
Votre carte d’identité et votre carte vitale serviront à garder une trace de votre identité. Nous vérifions également que vous n’avez aucune dette, évidemment.
Vos justificatifs de fermeture de compte bancaire… très bien. Vous pouvez garder votre argent liquide si vous le souhaitez. C’est votre bien. Tout me semble en ordre.

Elle rangea les documents dans un autre dossier sur lequel elle commença à écrire d’autres informations.

— Je dois vous expliquer certaines choses avant. Tout d’abord, votre identité n’est plus ce qu’elle est ici. Est-ce que vous désirez changer de prénom ?

— Non, ça ira…
Répondit-elle.

— Dans ce cas, on gardera Coralie. Nous ne faisons pas payer de frais de dossier, mais il y a d autres conditions.
Vous vivrez ici, dans une chambre individuelle. Vous travaillerez pour nous en tant qu’aide ménagère, techniquement. Les tâches sont partagées entre les différents occupants, selon un planning qui change régulièrement. Ménage, cuisine, etc.
Je garderai vos papiers.
Si vous avez besoin de quelque chose, passez par Paul ou moi-même. Selon votre demande on pourra ou non y consentir.
Lorsque quelqu’un voudra vous adopter. Je vous expliquerai les règles à suivre.
Jusque là, voici les papiers à signer pour faire partie de la famille.
Elle signa après avoir lu les documents.

Quelqu’un vint la chercher et l’emmena visiter les lieux.
Le bâtiment était sur plusieurs étages.
On lui expliqua que toutes les chambres n’étaient pas occupées et que les occupants pouvaient rester plus ou moins longtemps selon les périodes.
C’était un jeune homme tout à fait charmant qui lui fit la visite. Pas très grand, à peu près comme elle. Elle se demanda ce qui lui avait donné envie d’abandonner sa condition.

— Les douches sont communes, c’est au sous-sol. Les toilettes, il y en a à chaque étage. Est-ce que Mama t’as expliqué d’autres règles ? Hmm… genre celle qui interdit les relations sexuelles entres les occupants. Nous sommes la propriété de Mama. Voici ta chambre. Je vais devoir te mesurer.

Il referma la porte derrière lui et sortit un mètre ruban de sa poche.
Ainsi qu’un bout de papier et un crayon.

— Ne t’inquiète pas, je suis digne de confiance, Mama ne m’aurait pas demandé de faire ça sinon. Par contre il va falloir te déshabiller.
Dit-il calmement.

Elle s’exécuta sans rechigner.

*

Temps d’adaptation.
Cela faisait maintenant plusieurs semaines qu’elle était arrivée dans cet endroit.
Elle avait pris ses marques, ses petites habitudes et elle s’était habituée à une certaine routine.
Elle se levait le matin assez tôt, elle se préparait.
Toilette matinale, brossage de dents, coiffure appropriée, un peu d’eau sur le visage et elle enfilait l’uniforme qu’on lui avait fournie à son arrivée.
Sa petite chambre avait le stricte nécessaire. Un lit une place, une petite armoire qui contenaient quelques affaires et changes, un miroir tout en longueur. Une petite corbeille.
Les chambres n’étaient pas vérouillées et il existait une certaine confiance entre les occupants. Même si cela n’était pas le cas, il y avait une surveillance permanente et les murs n’avaient pas que des oreilles.
Cela faisait partie du règlement qu’on signait à l’arrivée.
Tout manquement à ces règles, pouvait aboutir sur l’expulsion immédiate, et Mama n’y allait pas de main morte.

Ainsi prête, elle descendait l’escalier pour se rendre à la cantine, ils prenaient leur petit déjeuner et devaient se rendre à la salle de travail.
Il y avait une salle avec des vitres teintées qui permettaient aux visiteurs de ne pas être vus.
L’espace était particulièrement grand, il y avait des bibliothèques, des étagères contenant de quoi se distraire comme du papier, des crayons, de faire des activités manuelles.
Il pouvait y avoir des jeux de société.
Des portes coulissantes en bois donnaient accès à l’extérieur sur un petit jardin que les occupants entretenaient à leur guise. Il y avait quelques arbres mais surtout un espace potager.

Elle se posait soit pour lire un livre, soit pour suivre les instructions d’un livre d’origami sur une feuille qu’elle pliait soigneusement.
C’était reposant de ne devoir penser à rien.
D’autres personnes autour d’elle étaient allongées dans l’herbe à l’ombre, pour profiter de l’air frais.
Une autre faisait un puzzle sur une table plus loin.

Un homme vint visiter.
Il s’adressa à l’accueil qui avait été tenue au courant de sa visite. Il fallait s’inscrire au préalable et prendre un rendez-vous.
Il monta au bureau de Mama et elle discuta longuement avec lui pour lui expliquer comment ça marchait, ou lui rappeler certains points. Et l’interrogea sur sa venue et son objectif.
La raison majoritaire c’était pour avoir de la compagnie.
Il arrivait que certains rares cas cherchaient un esclave, une chose, une poupée.
Mama insistait sur la vérité de la motivation.
Selon le cas, elle s’occupait d’orienter vers le bon profil.
Le tarif n’était pas exactement le même.
Il y avait une base et selon les options que l’acheteur désirait avoir, le prix augmentait.
L’homme était bien habillé et semblait triste et fatigué.
Il lui expliqua la situation et Mama l’accompagna visiter les lieux.
Il semblait chercher de la compagnie, homme, femme, il n’avait pas spécialement de préférence.
Profil célibataire, sans enfants.
Derrière la vitre tintée, Mama lui présenta les différentes personnes disponibles.
Son regard s’arrêta un peu plus longtemps sur la jeune fille qui pliait du papier.
Mama le vit et parla plus en détails de son profil.
L’âge, le caractère, ses mensurations.
L’homme se tut et Mama continua.
Elle l’invita à lui parler de vive voix pour juger directement.
Il y avait une salle à l’écart, il y avait une petite vitre tintée derrière un tableau, et des trous d’aération qui pouvaient laisser entendre la conversation.
Mama les laissa tous les deux dans la pièce. Il y avait une table ronde et deux chaises plutôt confortables.
Une bouteille d’eau fraîche et deux verres.
La jeune femme s’assit et semblait gênée.
L’homme d’âge mûr, s’assit et prit la bouteille d’eau pour remplir les deux verres.

— Bonjour. Mama a insisté pour que je te rencontre. Comment t’appelles-tu ?
— Coralie…

2019.07.26

Dernière

Elle avait eu son premier enfant relativement jeune.
Ce fut compliqué de cacher sa grossesse, et son corps eut du mal à supporter les flux de magie puissants.
Gabriel avait pris d’énormes précautions pour la protéger ainsi que Chris.
Elle passa le plus de temps possible avec Cean lorsqu’il naquit. Elle assurait ses fonctions mais faisait en sorte de pouvoir passer du temps avec lui, à jouer comme à lui inculquer les bonnes manières et le respect des autres.
Lorsque chris put avouer ses sentiments, elle eut des jumeaux. La grossesse fut compliquée mais pour d’autres raisons.
Gabriel fut très respectueux et accepta cela sans trop de difficulté, mais était extrêmement inquiet.
L’éducation des jumeaux Hélène et Alain fut un peu différente de celle de Cean mais toutefois similaire.
Elle fit en sorte qu’ils puissent accéder aux mêmes privilèges que leur demi-frère aîné.
Quelques années passèrent et Gabriel lui fit part du souhait d’un second enfant, elle accepta de plein gré.
Cette dernière grossesse fut moins difficile physiquement mais elle dut se ménager pour ne pas accoucher prématurément. Gabriel et Chris veillèrent sur elle ainsi que leurs enfants pour ne pas se faire surprendre par une attaque.
Alexandra dut accepter de se reposer et passa cette grossesse presque entièrement alitée.
Ses enfants lui rendirent visite souvent pour lui tenir compagnie.

2019.07.24

Lit

Il se réveilla en sursaut, quelqu’un était dans son lit, et lui avait posé un tissu sur la bouche pour l’empêcher de faire le moindre bruit.
L’inconnu était sur lui.

— Chut. Tu ne dois pas rester ici.

Il ne comprenait pas la situation. Il avait toujours vécu ici, avec ses parents, quel danger pouvait-il encourir ?
Voyant le regard interrogateur mêlé à la peur, l’inconnu expliqua.

— Tu vas devoir me suivre, de gré ou de force. Tes parents risquent d’être en danger si tu restes avec eux. Tu as dû remarquer des changements étranges dans ton corps… n’est-ce pas… ? Les informations circulent vite. Très vite.

Il marqua une pause.

— On a très peu de temps avant qu’ils n’arrivent. Je t’expliquerai en détails plus tard.

2019.07.19