Abandon

Partie terminée.
Elle s’abandonna à cette maison.
Elle savait qu’elle n’aurait plus aucune décision sur sa vie et c’est ce qu’elle recherchait.
Elle en avait marre de cette vie.

— Lorsque votre décision sera prise, vous devez amener ces documents sur la liste, et signer ce papier. Lisez-le bien avant de signer.
Lui avait dit la personne de l’accueil.

Elle était entrée dans cet établissement après une grosse pluie et elle avait été trempée jusqu’aux os.
Plus rien ne lui importait dans sa vie.
Elle avait alors vu un panneau publicitaire.

Marre de la vie que vous menez ?
Venez vous abandonner à CimVie !
Votre vie ne sera pas vaine !

Elle n’hésita pas longtemps.
Lorsqu’elle revint, tout était signé et la directrice de l’établissement la reçue.
Elle lui rappela les conditions et elle fut amenée à sa chambre, en attendant la suite des instructions.
Elle signait sa mort socialement.
Elle disparaissait du système.
Quelqu’un arriva pour lui donner un vêtement qui ressemblait à un uniforme et lui expliqua les règles qui s’appliquaient ici.
À partir de ce jour, elle n’avait plus de prénom.
Plus le droit de décision de sa personne.
Ses vêtements actuels devaient être enlevés et donnés. Ils seraient débarrassés et elle ne les reverrait pas jusqu’à nouvel ordre.
Les sous-vêtements étaient fournis par l’établissement.
Le planning indiquait qu’elle aurait des tâches à faire selon les jours.
Le reste du temps c’était quartier libre.

Mama vendait aux enchères les humains.
Le traffic était plutôt lucratif.
Elle se chargeait de gérer l’entretient de l’établissement, la marchandise devait être bien traitée.
Sur un fichier, il y avait une photo de profil, l’année de naissance, la taille et le poids. Le stricte minimum.

Certaines marchandises partaient moins bien mais en général les profils tournaient beaucoup, la population n’était jamais la même.

Les acheteurs avaient leur motivation, parfois c’était pour de la revente d’organes, parfois de l’esclavagisme, des partenaires sexuelles, et dans de meilleurs cas, juste pour leur tenir compagnie.
L’humain était difficile à comprendre et dans certains mauvais cas, la marchandise se donnait la mort peu de temps après sa vente.
Mama déclinait toute responsabilité. Les papiers signés étaient en sa faveur.
Au moment de la vente, la responsabilité revenait à l’acheteur.

2019.07.26

3 réflexions sur “Abandon

  1. james dit :

    Tes écrits me fascinent.
    J’explique : l’idée de base de ne plus avoir à s’assumer, redevenir un enfant en quelque sorte, j’imagine que beaucoup de gens ont cette idée. En tout cas perso j’y ai déjà pensé (surtout quand je dois remplir ma déclaration d’impôts).
    Mais tu parviens à aller au delà, et imaginer un univers, avec une entreprise dont c’est la spécialité. Il y’a aussi des règles pour abandonner sa condition, un protocole, des conditions. Il y’a même un slogan.
    J’trouve ça génial que t’arrives à extrapoler des trucs là où je ne vois pas l’intérêt d’y penser davantage.

    • En vrai, j’ai un peu honte parce que j’ai mis mes idées en vracs, j’ai pas encore trouvé quelque chose d’assez construit et satisfaisant pour que ce soit cohérent.
      C’était une infrastructure qui me trottait dans la tête depuis plusieurs années, puis je me suis dit qu’il fallait que je le note pour pas oublier, et si jamais je peux l’améliorer pour en faire quelque chose…

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