Elle était là, à attendre à la salle de repos.
Elle lui avait tapé dans l’oeil et il sauta sur l’occasion de l’aborder sans personne aux alentours.
Elle sursauta à moitié lorsqu’il s’approcha d’elle pour la saluer.
Tout dans son attitude semblait lui plaire. Sa petite voix discrète, sa gêne et sa timidité, elle ne semblait pas à l’aise.
— Bonsoir…
Répondit-elle, doucement.
Elle lui jeta un regard discret avant de retourner fixer la cafetière en train de préparer sa tasse.
— Tu fais des heures sup’ ?
Demanda t-il pour faire la discussion.
— On peut dire ça.
Répondit-elle, désintéressée.
Sans aucune émotion, elle ne s’intéressait pas aux autres personnes.
Irrité par son attitude, il se montra un peu plus insistant.
— On s’est vu ce midi, je veux t’inviter à diner ce soir après ton travail.
Cela eut l’effet escompté et elle se tourna vers lui avec le regard plein d’incompréhension.
— Je ne pense pas que ce soit possible…
Répondit-elle presque immédiatement.
— Je t’attendrai, on est sur le même bateau.
Dit-il en lui faisant un clin d oeil.
Elle ne semblait pas changer d’avis. Ce qui ne lui plaisait pas.
— Bon, en parlant travail, j’aurais besoin d’un petit coup de main dans la salle des archives, est-ce que tu peux me dépanner quelques minutes… ?
Demanda t-il, suppliant.
Elle hésita puis accepta. C’était pour le travail et elle ne négligeait pas ses tâches.
Il sourit et la remercia. Il lui ouvrit le chemin et elle le suivit jusqu’à un couloir qui menait vers une porte avec l’écriteau : salle des archives.
— C’est ici.
Il ouvrit la porte et l’invita à entrer.
Elle cherchait l’interrupteur de lumière lorsqu’elle entendit la porte claquer derrière elle.Elle se retourna mais il faisait maintenant noir complet et elle heurta quelque chose, ou plutôt quelqu’un qui l’attrapa par la taille.
Elle sentit que quelque chose ne tournait pas rond et se crispa.
Elle sentait les mains se refermer sur son corps et la repousser au fond de la pièce.
Elle tenta de résister et se débattre pour se libérer et rester près de la porte, mais la personne était beaucoup plus forte.
Elle ne connaissait pas la superficie ni ce qu’il y avait dans cette pièce. Elle n’avait aucune envie de s’enfoncer plus loin dans les rayons qu’elle avait aperçu une fraction de seconde.
Sentant qu’elle n’avait aucune chance de repousser la personne, elle réussit tout de même à se dégager en se résignant à aller plus au fond, elle ne voyait rien et s’aidait de ses mains pour deviner l’emplacement des obstacles. Essayant de faire le moins de bruit possible.
Elle n’osa pas parler et continua sa visite en espérant faire le tour et retourner à la porte de sortie.
Elle entendit une voix derrière elle, ce qui lui permettait de savoir à peu près à quelle distance elle était de lui.
— Tu as perdu ta langue ? Viens donc par ici, on va juste jouer un peu ensemble…
Disait-il, amusé par la situation.
Il ne devait pas voir plus qu’elle mais connaissait mieux cette pièce.
Elle n’avait aucune confiance en cet homme. Ces paroles n’inspiraient aucunement confiance. Elle avait été prise au piège.
Elle continua à s’éloigner de lui, du moins elle essaya.
Elle ne voulait pas créer des ennuies à Duncan et tentait de s’en sortir seule.
— Tu avais dit que tu me donnerais un petit coup de main…
Elle sentait ses battements de coeur s’accélérer et des sueurs froides, elle était en danger.
Duncan était dans son bureau, à remplir des documents.
Il releva sa tête un instant, se disant qu’il était étrange qu’Annabelle mette autant de temps pour revenir.
Elle était grande, peut-etre qu’elle était aux toilettes.
Il retourna sur ses papiers, puis quelques minutes après, il se leva.
Finalement, il était inquiet qu’elle ne se soit perdue dans les couloirs.
En effet, en sortant de son bureau, il n’y avait presque plus personne et l’étage était vide.
Pratiquement aucun bruit mis à part celui des machines, dont le distributeur.
Il remarqua la tasse de café pleine dans la cafetière.
Il la prit dans sa main et la tasse était encore tiède.
Jamais elle ne serait partie en laissant la tasse ici, sans une raison valable.
Il essaya de se convaincre qu’elle ne devait pas être loin.
Il voulut passer aux toilettes vérifier si tout allait bien.
Il passa devant la salle des archives qui était fermée.
Les autres bureaux semblaient innocupés également.
Rien aux toilettes.
Il se balada dans les couloirs en se demandant où ce qu’elle pouvait bien être.
Elle réussit a longer les murs et se retrouver non loin de la porte.
Le peu de lumière de l’extérieur pénétrait sur le pourtour de la porte. Elle réfléchit et se dit qu’elle allait trahir sa présence si elle se mettait devant la porte tout de suite.
— Où es-tu cachée… ? On va passer du bon temps ensemble, tu verras.
Il n’était pas très loin, elle l’entendait se rapprocher parce qu’il ne faisait pas spécialement attention et n’hésitait pas à se cogner sur les rayons ou donner des coups de pied dans les cartons qui trainaient.
Elle respira un bon coup et se précipita devant la porte et chercha la poignée pour ouvrir.
Lorsqu’elle enclencha la clanche, la porte ne s’ouvrit pas.
Elle retenta, une seconde fois, puis encore, sans succès.
Elle chercha la serrure de la poignée, sans succès.
Elle entendit les pas se rapprocher d’elle jusqu’à sentir la présence juste derrière elle.
— C’est moi qui ait la clé.
Murmura t-il en posant sa main sur les siennes.
Elle ne bougea plus.
— Tu es une petite joueuse à ce que je vois.
Duncan entendit un bruit puis d’autres dans le couloir et cela l’intrigua dans ce silence.
Il retourna voir et s’arrêta non loin de la salle des archives.
Cherchant d’où pouvait venir le son, il entendit une voix étouffée derrière une porte.
Elle n’osait pas crier, de peur de la réaction.
Il balada ses mains sur ses fesses et ses hanches, puis dans son entre-jambes.
Il la plaqua contre la porte, son corps écrasant le sien.
Elle pouvait sentir son érection contre ses fesses et elle n’arrivait pas à le repousser. Elle était immobilisée.
Des larmes commencèrent à mouiller ses yeux, tout en essayant de chercher un échappatoire à cette situation.
Elle réussit à dégager ses mains pour l’empêcher de la toucher dans son intimité, mais il utilisa une de ses mains pour la plaquer contre la porte, dans un bruit sourd.
— Bouge pas et laisse-toi faire.
Lui dit-il dans l’oreille.
De son autre main, elle essayait de l’empêcher de faire plus.
– A…arrêtez !
Dit-elle, désemparée.
Ignorant ses mots, il plaqua son autre main sur la porte et frottait son sexe sur elle.
— P-pourquoi… ?
Demanda t-elle, en sanglots.
*
Duncan entendit de nouveau les bruits, et devant la salle des archives, il entendit distinctement la voix d’un de ses collègues.
— Bouge pas et laisse-toi faire.
— A…arrêtez !
Il reconnut celle d’Annabelle et il sentit la colère monter en lui.
Il tourna la poignée pour ouvrir la porte. Sans succès.
En entendant la clanche tourner, l’homme se figea.
Il arrêta de bouger et attendit sans faire de bruit.
— OUVREZ TOUT DE SUITE.
La voix de Duncan résonna jusqu’à l’intérieur de la pièce.
L’agresseur relâcha son emprise sur elle et recula pour remettre en vitesse son pantalon.
Annabelle, encore sous le choc, resta devant la porte.
Duncan prit de l’élan et enfonça la porte. Elle s’ouvrit après avoir explosé le loquet.
Annabelle qui était encore derrière, se prit la porte de plein fouet et tomba par terre.
Il sentit qu’il avait percuté quelque chose et alluma immédiatement la lumière pour voir, hébété, son collègue la ceinture et la braguette ouverte, et son assistante au sol.
— Ce n’est pas ce que tu crois-
Dit l’homme.
Duncan, s’avança vers lui et lui donna un énorme coup de poing dans le nez, puis un coup de genou entre ses jambes avant d’ajouter.
— Je n’en ai pas fini avec toi.
L’homme finit plié en deux et le nez en sang.
Duncan s’agenouilla près d’Annabelle qui était sonnée.
— Pardon, comment ça va… ?
Elle reprit rapidement ses esprits et se releva comme si de rien n’était.
Les yeux encore humides, elle sortit de la salle et marcha jusqu’à retourner dans la salle de repos pour récupérer la tasse de café, et alla la poser dans le bureau.
Duncan la suivit, sans un mot.
Après avoir refermé la porte derrière lui, elle se tourna vers lui.
— M.. merci.
Dit-elle la voix tremblante.
Les larmes coulèrent à flots de ses yeux, qu’elle essaya de contrôler et d’arrêter sans y arriver.
La voyant dans cet état, il s’avança vers elle pour la serrer dans ses bras et la réconforter comme il pouvait.
— Je… je suis désolé. Je suis tellement désolé.
Elle éclata en sanglots. Elle avait eu tellement peur.
— Est-ce qu’il t’a…
Demanda t-il, timidement.
Après qu’elle ait pu se calmer.
Elle hocha négativement la tête, en essuyant ses larmes. Il soupira de soulagement.
Il sortit son téléphone et composa un numéro.
— Ça va aller.
Dit-elle souriante, encore tremblante.
Il posa son long et lourd manteau sur ses épaules et l’asseya dans un fanteuil avant de sortir pour passer son coup de fil. Il avait un contact dans la police et signala l’agression.
Lorsqu’il retourna dans son bureau, elle était encore tremblante mais gardait sa consistance en persistant à dire qu’elle allait bien.
Il vint se poser devant elle et s’agenouilla, pour prendre ses mains dans les siennes, en la regardant dans les yeux.
— On va rentrer, on a bien avancé aujourd’hui grâce à toi. Je comprendrais si tu ne souhaites plus m’accompagner demain, tu as besoin de repos…
Elle déclina sa proposition, et elle insista pour continuer à l’aider.
— C’est mon rôle de vous assister dans votre travail. Je ferai plus attention à l’avenir…
Dit-elle, en essayant de retrouver son sang froid et son professionnalisme.
— Ce n’est pas à toi de faire plus attention, mais aux gens de son espèce à ne pas se comporter ainsi… !
Dit-il un peu énervé.
— On en rediscutera demain. Tu as besoin de repos…
Ajouta t-il en se calmant.
Il pouvait sentir les tremblements dans sa main et cela lui brisait le coeur d’avoir sa part de responsabilité dans ce traumatisme.
Il referma la porte de son bureau.
Ils descendirent dans le parking, son manteau toujours sur les épaules d’Annabelle.
Arrivés à quelques mètres de la voiture, ils virent une silhouette, en s’approchant ils reconnurent le collègue harceleur qui semblait les attendre.
En les voyant arriver, il sortit quelque chose de sa veste qu’il pointa sur Duncan.
Elle sentait le danger et par réflexe, elle marcha un peu plus vite pour s’interposer et se mettre juste devant lui.
On entendit un coup de feu, puis un deuxième.
Il avait posé le flingue sur sa tempe pour le second tir et son corps tomba au sol dans un bruit sourd puis une flaque rouge commença à s’étendre au pied de la voiture de Duncan, qui restait encore deconnecté de la réalité.
— Annabelle… ? Tu n’as rien ?
Demanda t-il.
N’entendant pas de réponse, il se déplaça devant elle.
Elle avait une tache rubis sombre sur ses vêtements qui ne faisait que s’étaler et les imbiber de plus en plus.
Elle baissa la tête pour constater l’état de ses vêtement et de son corps, comme si elle n’y croyait pas, elle toucha de ses doigts qui se tintèrent de ce rouge bien vif.
Duncan observait également, encore plus choqué de la tournure des évènements.
Son regard allait du visage d’Annabelle et de son torse maintenant rouge.
— Je… ne me sens pas très bien…
Dit-elle avant de s’écrouler sur lui.
Il la rattrapa et l’allongea un peu plus loin.
Il repositionna le manteau sur son corps pour qu’elle ne perde pas trop de sa chaleur et appela immédiatement une ambulance et la police dans la foulée.
Il continua à lui parler pour qu’elle reste éveillée.
— Qu’est-ce qui t’as pris ?!
— J’aurais fait pareil… pour mademoiselle Marianne…
Repondit-elle avec mal.
— En parlant d’elle, elle va m’étriper…
Elle avait les yeux fermés et elle entendit sa voix s’éloigner et de plus en plus étouffée.
Comme si elle s’enfonçait dans la pénombre d’un rêve.
Elle entendit les bruits autour d’elle comme si elle était spectatrice de son propre corps.
Elle pouvait deviner la présence des gens arriver, lui parler et la porter sur un brancard.
— Monsieur, éloignez-vous, laissez-nous faire notre travail…
Expliquaient les ambulanciers, en soupirant.
Il s’éloigna à contre-coeur et les policiers arrivés sur le terrain ne tardèrent pas à lui poser des questions.
Il se renseigna sur l’adresse de l’hôpital et dut laisser sa voiture sur le parking pendant que les policiers et inspecteurs analysaient les moindres preuves de la scène. Il put enfin partir et prit sa respiration pour appeler et prévenir Marianne.
2019.08.22