Marianne aimait faire du shopping ou juste du lèche-vitrine.
Annabelle avait fini par s’y habituer, elle l’accompagnait et elles essayaient parfois des tenues pour le plaisir de Marianne.
Elle aimait flâner, se balader dans les galeries marchandes, tenir la main d’Annabelle dans la sienne et profiter de l’instant présent.
Elle était frustrée qu’Annabelle ne désire jamais rien. Elle n’arrivait pas à trouver ce qui lui ferait plaisir.
Elle ne s’exprimait pas sur ses envies, et elle regardait rarement ce qu’il y avait dans les vitrines.
Ce jour-là, Annabelle s’arrêta un court instant devant une bijouterie. Son regard avait été captivé par une montre. Pas n’importe laquelle, mais une automatique avec le mécanisme apparent. Elle avait été intriguée. Ce fut que l’histoire d’une petite minute, son attention avait été attirée.
Marianne remarqua cet intérêt. Il n’était pas dans les habitudes d’Annabelle de s’arrêter, ni de regarder intensément ce qui se trouvait dans les boutiques.
Elle ne fit pas de remarque parce qu’elle savait qu’Annabelle n’était pas honnête avec elle-même lorsqu’il s’agissait de choses pour elle
Elle nota l’emplacement de la boutique et elles continuèrent leur balade.
*
Marianne revint seule quelques jours plus tard et entra dans la bijouterie.
Elle chercha et se rappela quel objet Annabelle avait pu voir. Elle ne perdit pas beaucoup de temps.
Elle remarqua également la montre. C’était une montre simple mais raffinée et elle comprit pourquoi Annabelle avait eu un coup de coeur dessus.
C’était bientôt les un an de leur rencontre et ce présent serait parfait pour marquer cet anniversaire.
Marianne ne regarda pas le prix. C’était celle là et pas une autre. Elle aurait pu se tromper, elle aurait pu douter, mais elle était certaine de son choix. Au pire des cas, elle pourrait la rendre au magasin.
Elle se réjouissait d’avance de la réaction d’Annabelle.
Elle se doutait qu’elle commencerait par bouder, puis peut-être qu’elle l’insulterait, mais gentiment, mais au fond d’elle, Annabelle serait heureuse. Surprise et contente de ce présent.
Elle n’avait pas de montre et c’était un accessoire dont elle pourrait se servir régulièrement et qui l’accompagnerait au quotidien.
*
Le présent était dans une jolie boîte en velours, pas très imposante.
Marianne voulait que tout soit parfait.
C’était le jour J.
Elle ouvrit la boîte pour observer que tout était en ordre. Elle la referma et la rangea sous son oreiller.
Elle avait réfléchit au meilleur moment pour lui faire la surprise, et elle avait choisi le matin.
Ce jour là était tombé un week-end et elles purent faire une grasse matinée bien méritée.
Annabelle était une grosse dormeuse, Marianne un peu moins. Même si depuis qu’elles étaient ensemble, elle avait beaucoup moins d’insomnies, elle était plus sereine et elle pouvait se dire qu’elle baignait dans une bulle de bonheur.
Trop excitée par sa propre surprise et ayant hâte de voir la réaction d’Annabelle, elle se réveilla et ne réussit plus à se rendormir, alors elle observa sa petite poupée assoupie.
Annabelle dormait à poings fermés et elle semblait faire un doux rêve
Apaisée par le tableau qu’elle avait sous ses yeux, elle était sur le point de se rendormir lorsqu’Annabelle sembla se réveiller, elle ouvrit les yeux et elles se retrouvèrent à se regarder mutuellement.
— Bonjour…
Murmura Annabelle, surprise de voir le visage de Marianne aussi près du sien, et en train de l’observer.
Marianne, qui n’osait pas trop déranger le sommeil d’Annabelle, pu enfin se déplacer pour se coller à elle, l’enlacer tendrement pour lui souhaiter un bonjour.
Annabelle était si douce entre ses bras, et elle sentait si bon. C’était un sentiment très agréable et chaleureux.
Annabelle se blottit entre ses bras et se lova comme un chaton contre sa mère.
C’était le meilleur réveil qu’elle puisse imaginer.
Elles profitaient ainsi du weekend, de passer du temps ensemble sans se presser.
— Tu sais quel jour on est… ?
Demanda Marianne, avec un large sourire.
— Samedi… ?
Répondit Annabelle, qui se demandait si elle avait oublié quelque chose.
— Oui… et… cela fait un an que tu es à mes côtés…
— Un an… déjà… ?
S’étonna Annabelle.
Elle n’avait pas noté cette date qui avait chamboule sa vie.
Marianne tendit sa main pour récupérer le cadeau sur lequel elle était allongée.
Annabelle se figea.
C’était une boîte, mais pas n’importe quelle boîte.
Elle était en velours et elle savait d’expérience que ces boîtes contenaient des bijoux.
Elle eut le coeur qui s’arrêta un instant.
Est-ce que Marianne allait la demander en mariage… ? Elle se souvenait qu’elle lui avait déjà parlé de ce sujet rapidement, presque comme une blague, et elle ne l’avait pas prise au sérieux.
Elle n’arrivait pas à croire que Marianne voulait officialiser leur relation.
Marianne vit sa réaction et souriait plus que nécessaire.
Elle voulait la surprendre et c’était réussi, elle avait tout de même une petite appréhension sur son avis. Allait-elle apprécier ? Beaucoup ? Un peu ? Pas du tout ?
Elle lui donna la boîte et la laissa l’ouvrir.
Annabelle bloquait.
Elle voyait le sourire de Marianne, l’excitation qui s’en dégageait. Mais elle appréhendait.
Comment devait-elle réagir si c’était une bague… ? Elle n’était pas prête, elle ne se sentait pas digne.
Elle ne pouvait pas faire languir Marianne plus longtemps, elle inspira un grand coup, et elle ouvrit délicatement cette boîte à la texture douce.
Elle fut plus que surprise.
Elle resta fixe, à regarder sans croire ce qu’elle voyait à l’intérieur.
Elle se souvenait de cette montre. Elle l’avait vue juste un instant. Comment et pourquoi. Comment Marianne avait su ? Pourquoi avait-elle fait ça ? C’était trop beau, c’était trop.
Elle ne pouvait détourner son regard de l’objet. Il était encore plus beau entre ses mains, sans la vitrine qui les séparait.
Elle hésita. Elle douta. Etait-ce vraiment pour elle ? Marianne avait peut-être acheté cette montre pour elle, et elle lui montrait juste. Ca ne pouvait qu’être que ça. C’était juste une coïncidence que ce soit la même que celle qu’elle avait vu il y a quelques semaines dans les magasins.
— C’est… magnifique.
Dit-elle, en la refermant et la rendant à Marianne
Et là, ce fut l’incompréhension.
— Tu… tu ne l’aimes pas… ?
— Si… mais… c’est pour toi, n’est-ce pas ?
— Non, Annabelle. C’est pour toi…
Marianne ouvrit la boîte à nouveau pour en sortir la montre et la mettre au poignet d’Annabelle.
— Mais… Marianne…
— Est-ce qu’elle te plaît… ?
— C’est… c’est trop beau pour moi. Je peux pas accepter-
— Si. Si elle te plaît, c’est parfait. Sinon on peut retourner en boutique pour que tu choisisses le modèle qu’il te plait.
— Non non… elle est parfaite…
Annabelle était émue.
Le toucher froid du métal de la montre contre sa peau lui fit un frisson, puis elle n’arrivait pas à quitter du regard ce présent.
— Mais… je n’ai rien prévu pour toi, Marianne-
Réalisa t-elle, avec horreur.
Marianne l’embrassa tendrement sur le front.
— Le plus beau des cadeaux, c’est que tu sois à mes côtés… et que tu acceptes mon présent.
Annabelle se blottit à nouveau dans ses bras.
Elle était gâtée.
2022.02.06