Vertige

Elle ressentit un léger vertige, la fatigue peut-être.
Ces derniers temps, elle n’avait pas pris un moment pour se reposer, enchaînant les visites pour Cean, Hélène et Alain, à leurs cours, à passer du temps avec eux en tant que mère. Le travail n’aidant pas, dernièrement les affaires étaient importantes et urgentes.
Elle se massa le coin des yeux, espérant que ce vertige passe, croyant naïvement que les prémices de migraine qu’elle commençait à ressentir, allaient s’estomper.
Lorsqu’elle finit ce geste qu’elle aurait préféré faire durer encore un instant, elle fut comme aveuglée par la lumière naturelle, des taches apparurent sous ses yeux et elle sentit ses pas s’échapper, son équilibre devenir bancal.

Ses élèves se rendirent compte que quelque chose n’allait pas et s’inquiétèrent aussitôt.
Aujourd’hui, c’étaient de jeunes adultes, ils s’échangèrent un regard et conclurent que leur professeur n’allait pas bien.

— Professeure… est-ce que ça va… ?
Demanda une petite voix, se rapprochant d’elle.

Elle tenta de les rassurer, et essaya de reprendre le contrôle de ses jambes pour se stabiliser.
Sans succès, sans avoir eut le temps de répondre, elle se sentit tomber au ralenti et s’échouer sur le sol, plein de sable.

*

Un élève s’agenouilla à ses côtés pour s’assurer de son pouls et de son état, rapidement.

— Appelez l’infirmier et allez chercher Chris.
Dit-il.

On aurait pu croire qu’elle s’était juste endormie si on ne faisait pas attention aux gouttes de sueurs sur son visage.

Chris était également en cours, pour des élèves un peu plus jeunes.
Il avait ses petits avec lui qui adoraient suivre les enseignements et ils s’étaient mis dans un coin pour imiter les plus grands et se tapaient pour s’entraîner.
Cean n’était pas loin non plus. Ils étaient tous les trois trop jeunes pour des cours de ce niveau mais ils se débrouillaient bien pour leur âge.
Il observait Hélène et Alain attentivement, presque un peu jaloux qu’ils soient aussi proches et intimes dans leur fratrie.
Alain remarqua qu’ils étaient en train de mettre leur grand frère de côté, ce qui n’était pas leur intention.
Ils adoraient Cean.
Il s’arrêta, et se dirigea vers lui pour lui faire signe de venir s’entraîner avec eux.
C’était leur petit moment ensemble, et Cean lui sourit, en balayant ses mauvaises pensées. Il n’avait pas de raison de s’inquiéter autant.
Hélène accourut pour prendre par surprise Cean et l’attaquer. Alain s’y mit également pour le déstabiliser.
Il s’écroula avec les jumeaux assis sur lui.

Tout à coup, quelqu’un accourut essouflé et chercha Chris des yeux. Puis se dirigea vers lui pour lui chuchoter quelque chose.
Chris s’arrêta et fit signe à ses élèves d’arrêter ce qu’ils faisaient.

— J’arrive immédiatement.
Dit-il en hochant la tête.

L’autre repartit aussitôt.

— Excusez-moi, j’ai une urgence. Je ne pourrais pas assurer la fin du cours. Vous pouvez continuer à vous entraîner ou rentrer chez vous.

À peine fini, qu’il se dirigea rapidement vers ses enfants.
Laissant les élèves un peu perplexes, s’échangeant des regards d’incompréhension.

— Soyez sages, je reviens aussi vite que possible.
Leur dit-il.

— On peut pas venir avec toi… ?
Demanda Hélène.

— … Vous pouvez mais il faudra pas nous déranger…
Dit il, songeur.

C’est vrai qu’ils étaient concernés.

— Suivez-moi, mais ne faites pas de bêtises ni de bruit.
Ajouta t-il après sa réflexion.

Il jeta un regard à l’aîné pour qu’il l’aide à surveiller les plus jeunes. Il acquiesça.

Le terrain d’entraînement d’Alexandra n’était pas si loin du sien. Ils arrivèrent assez rapidement et il vit l’attroupement autour d’elle. Il s’approcha et la vit au sol.
Il écarta les autres élèves, qui à sa vue, s’éloignèrent d’eux-même.
Les enfants étant un peu plus à l’écart, tentèrent de voir quelque chose à travers les silhouettes humaines, sans succès.
Cean étant un peu plus grand, réussit à entrapercevoir quelqu’un part terre, et en écoutant les chuchotements des élèves, il finit par comprendre. Il prit Hélène et Alain et ils s’éloignèrent un peu plus.

— Qu’est-ce que tu fais ?!
S’énerva Hélène.

— Tenez-vous tranquille, je vais vous expliquer.
Dit-il calmement.

Alain était plus posé et s’était déjà calmé, sa soeur s’excitant assez pour deux.

— C’est maman.
Dit-il, tout simplement.

— Comment ça ?

Hélène n’avait pas la langue dans sa poche.

— Ils disent que maman est tombée, qu’elle s’est évanouie…

Il essayait de garder son calme mais l’émotion était dure à contrôler. Il était inquiet.

— Ça veut dire quoi évanouie… ?
Demanda Hélène, regardant ses deux frères.

— Elle a perdu connaissance et… je l’ai vu allongée par terre…
Dit Cean, la voix et les mains un peu tremblantes.

Il n’avait que 7 ans.
Alain s’approcha de lui pour lui tenir la manche et le rassurer, sans trop savoir quoi dire.

— Elle ira bien, hein… ? Papa est avec elle maintenant.
Dit Hélène, essayant de rassurer tout le monde, elle y compris.

Pendant ce temps, Chris était auprès d’Alexandra. Il tâta son pouls également et remercia l’élève qui était resté à ses côtés. Cela semblait être le capitaine du groupe, du moins il en avait l’étoffe. Il lui demanda son prénom et s’occupa d’Alexandra.

— ‘Xandra ? Est-ce que tu m’entends ? Je vais te porter jusqu’à l’infirmerie.

Il la souleva presque sans aucun effort et les élèves s’écartèrent pour les laisser passer.

— Je te laisse gérer la suite, merci.
S’adressa t-il au capitaine.

Il acquiesça et interpela ses camarades pour recentrer l’attention.

— Compte tenu de la situation, nous allons continuer l’entraînement tous ensemble. Reprenons les exercices qu’on a vu au début du cours.

Il frappa dans ses mains et les autres élèves se regroupèrent autour de lui.

— Chris m’a désigné pour assurer la fin du cours. Si certains ne sont pas d’accord, ils peuvent partir.
Expliqua t-il.

La plupart étaient d’accord avec cette décision.
Chris chercha des yeux les enfants.
Ils le virent aussi et accoururent vers lui, les visages déconfits, voyant leur mère dans ses bras.
Il leur sourit.

— Ne vous inquiétez pas, on va emmener maman à l’infirmerie, tout va bien se passer.

Les petits ravalèrent leur larmes et suivirent.
Ils croisèrent l’infirmier sur le chemin. Éssouflé.

— Excusez-moi, j avais une urgence à régler-

— Aucun problème, on se dirigeait vers l’infirmerie. C’est possible ?
Demanda Chris, pour être sûr.

Il hocha la tête et retourna sur ses pas.
La porte se trouvait qu’à quelques mètres.

Ils l’installèrent dans un lit vide, se trouvant en retrait et avec des rideaux de séparation.
Prenant soin de retirer ses chaussures et chaussettes.
Les enfants s’agglutinèrent aussitôt autour d’elle.

— Les enfants… il va falloir laisser maman un peu tranquille maintenant.
Expliqua Chris, comprenant leur inquiétude.

— Elle fait dodo, maman ?
Demanda Alain.

— On peut dire ça comme ça.
Répondit l’infirmier.

Il s’approcha pour prendre à son tour le pouls sur le poignet. Il toucha du revers de sa main le front.
Il toucha également de deux doigts dans le cou.

— Juste de la fatigue. Du repos et ça devrait aller mieux. Je vais faire une prise de sang pour m’assurer que tout va bien.

Chris dut se faire violence pour sortir avec les enfants.

2020.01.07

3 réflexions sur “Vertige

  1. james dit :

    « Cean, Hélène et Alain » ce sont les enfants d’Alexandra ? C’est plus Jeanne, Jean et Azur comme dans Demande, ou je mélange des trucs ?

    • Tu mélanges rien, c’est moi qui ai tout changé en cours de route, ouais.
      C’est le risque quand on s’attarde sur la même histoire mais sur des années…
      C’est bien ça, ce sont les enfants d’Alexandra.

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