Clinique

Les cheveux ébouriffés, elle errait sans but dans les ruelles. La tête baissée et les vêtements trempés. Il pleuvait des cordes et elle n’y prêtait pas la moindre attention.
Repensant à ce qu’elle venait de vivre.

Emmenée contre son gré dans une voiture, plusieurs hommes ont profité d’elle et l’ont jetée tel un déchet, par dessus bord, après en avoir fini avec elle.
Elle avait beau crier, la voiture roulait et les hommes avaient fini par la baîllonner.
Lorsqu’elle reprit connaissance, elle était dans une ville inconnue, sans rien, sans aucun moyen de rentrer chez elle.
Elle se sentait souillée et perdue.
Personne n’allait l’aider et elle le savait.

Elle avait faim et prit son courage à deux mains pour trouver un emploi qui la nourrirait et la logerait, en échange de son travail.
Une petite auberge modeste en manque de main d’oeuvre pas chère, sauta sur l’occasion pour l’embaucher.
Elle ne se plaignait guère et elle ne se débrouillait pas mal.
Malgré cela, sa santé se dégradait, la nourriture était maigre mais lui permettait de ne pas rien avoir dans l’estomac.
Elle était plutôt de constitution fragile et les efforts qu’elle fournissait l’épuisaient.

Un jour, étant à bout de force, elle avait de la fièvre mais ignora son mal et continua à travailler. Ses employeurs n’étaient pas méchants mais ils ne se préoccupaient pas spécialement d’elle tant qu’elle ne causait pas de souci.
Elle croisa un client dans les escaliers et elle se sentit faillir.
Des taches apparurent devant ses yeux et son souffle était court. Elle se tint à la rampe, et tenta de reprendre ses esprits.
Le client croisa son regard et remarqua immédiatement qu’elle n’était pas en forme.
Il l’interpella et lui demanda si cela allait.
Elle était en haut des marches tandis qu’il était en train de les monter.
Elle entendit la voix de cet homme, au loin.
Puis plus rien.

Elle chuta en avant. Par chance l’homme avait de bons réflexes et la rattrapa à temps.
Il sentit sa fièvre et prévint les employés qui ne savaient pas quoi faire.
Dépassés par la situation, ils étaient embêtés qu’elle ne puisse plus s’occuper des taches.
Tandis que le client demandait de quoi la soigner, ils lui répondirent qu’ils n’en avaient pas les moyens et que cela ne les concernait pas.
Fou de rage, voyant l’état de la jeune fille dans ses bras, il l’emmena dans sa chambre et fit venir un médecin à ses propres frais.
Cela n’eut pas l’air de les déranger. Tant que cela ne leur faisait pas dépenser plus d’argent, le jeune homme pouvait faire ce qu’il voulait.

Le diagnostic était inquiétant. Elle était sous-nourrie et la fièvre ne descendait pas.
Il fallait l’emmener dans une clinique pour qu’ils puissent la soigner.
Il la porta et l’emmena à la clinique la plus proche, qui se trouvait à plusieurs kilomètres de cette ville, dans une métropole un peu plus grande.
Il paya son dû à l’auberge et embarqua la jeune fille, sous les yeux de ses futurs ex-employeurs qui semblaient comme soulagés et qui n’y voyaient aucun inconvénient.

Elle fut confiée à la clinique.
On la soigna et elle fut bien prise en charge.
Une infirmière s’occupa tout particulièrement d’elle.

— Bonjour. Comment te sens-tu ? Tu reviens de loin, ne t’inquiète pas. Tu es entre de bonnes mains ici. Repose-toi. Tu pourras remercier Mackléo lorsque tu seras sur pieds.

Elle apprit que le client s’appelait Mackleo et qu’elle n’était plus dans la ville de l’auberge.
Sa santé était préoccupante parce qu’elle était enceinte de déjà plusieurs mois et qu’elle devait faire attention à son alimentation et sa santé.

L’infirmière lui proposa de la former au métier si cela l’intéressait.
Elle accepta pour les remercier, de plus que la clinique manquait d’effectifs.

Elle ne vit que rarement Mackléo passer à la clinique en coup de vent. Elle n’eut jamais l’occasion de le remercier.
Il voyait qu’elle était occupée et que certains patients en pinçaient pour elle.

2016.08.03

3 réflexions sur “Clinique

  1. james dit :

    tu dis que les employeurs « n’étaient pas méchants », mais ils sont pas très gentils non plus 🙂
    heureusement que Mackléo a plus d’empathie.

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