Frères

J’avais 33 ans et je tombais amoureux pour la première fois de ma vie.
C’était une amie de mon frère, il ne la connaissait pas depuis très longtemps mais ils étaient étrangement proches.
Il m’en avait parlé de long et en travers et cela s’entendait dans sa voix qu’il en était amoureux.
Ce soir là, il l’avait emmenée avec lui jusqu’à notre bar préféré.
C’était la première fois que je la rencontrais et que j’ai pu la juger de mes propres yeux.
Un peu épuisée par son week-end, qu’elle avait passé en compagnie de mon frère, elle me sourit et me fit un signe de la main.
Comme il l’avait décrite, elle était rayonnante.
J’ai pu l’approcher et lui adresser quelques mots au cours de la soirée, sans plus.
Je la voyais proche de mon frère, et cela me fit un pincement au coeur, de manière inexpliquée.
Je ne pouvais être jaloux de mon jumeau qui la connaissait depuis plus longtemps que moi, alors que je n’étais qu’un inconnu pour elle.
Et pourtant, elle me plut dès le premier regard, à travers les mots de mon frère, j’en était tombé amoureux.

J’étais moins doux et attentionné que mon frère.
Elle apprit à me connaitre et à me considérer comme une personne différente. Elle sut me différencier rapidement de mon jumeau et je l’en remerciais. Ce qui ne l’empêcha pas d’être aussi familière avec moi qu’avec lui. C’était dans sa nature.

Puis, elle perdit la vue.
Ce fut un choc pour nous deux.
Il savait ce que j’épprouvais pour elle. Il savait que j’avais beaucoup moins de scrupules que lui.
Elle d’habitude enjouée, ne sortait plus et passait son temps enfermée chez elle.
Mon frère s’inquiétait et lui rendait visite de temps à autres.
Jusqu’au jour ou elle fit une tentative de suicide.
Elle lui avait parlé du fait qu’elle ne voulait pas être un poids pour quiconque. Il n’avait pas compris l’ampleur de sa peine.
Heureusement, il arriva à temps.
Elle était allongée sur son lit, immobile, le pot de médicaments dans sa main, une lettre à son chevet.
Il comprit tout de suite.
Il tâta son pouls et appela les urgences.
Il m’appela ensuite, la panique dans sa voix, et je le rejoignis à l’hôpital pour l’épauler. Il était effrondré.
J’étais également mort d’inquiétude mais je me forçais à garder mon sang froid.

Elle était maintenant hors de danger.
Elle resta quelques jours à l’hôpital avant qu’on décide de la prendre sous notre aile, et qu’elle vienne habiter avec nous.

Nous avions un accord.
Mon frère et moi devenions ses tuteurs.
Nous lui fîmes promettre de ne plus jamais faire de tentative de ce genre.

2016.01.20

4 réflexions sur “Frères

  1. james dit :

    je ne devrais pas trouver cela joli, mais c’est le cas. le fait qu’ils deviennent proches, pour s’entraider face a un problème que l’une des personne du groupe rencontre, j’aime bien ça.

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